L'Héritage des Ombres : Le Souffle de la Résistance

Chapitre 7 : Tensions

7870 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/05/2024 22:59

Arianna se tenait devant son bureau, les mains à plat sur la surface de bois, le dos tendu comme un arc prêt à être décoché. Son dos était tourné à la porte qui s'ouvrit avec une discrétion presque théâtrale. Elle n'avait pas besoin de se retourner pour savoir qui entrait. Le parfum boisé qui flottait dans l'air, l'écho d'une présence qu'elle connaissait trop bien, tout lui disait que c'était lui.


"Ezio," murmura-t-elle, et chaque syllabe était aussi tranchante que l'acier d'une lame.


"Je ne pouvais pas attendre davantage. Nous devons parler," répondit Ezio. Le bruit sourd de la porte qui se fermait derrière lui semblait sceller la pièce dans une bulle d'intensité.


"Parler? Tu as décidé de partager notre mariage au monde entier, et maintenant tu veux parler?" Arianna se tourna lentement vers lui. Ses yeux étaient deux flammes ardentes, brûlant dans la pénombre de la pièce éclairée à la chandelle.


"Tu ne crois pas que c'est le temps pour la vérité?" demanda Ezio, ses propres yeux fixant ceux d'Arianna comme s'il tentait de plonger dans les abysses de son âme.


"La vérité?" Arianna rit, un rire sans joie, acide comme du vinaigre. "Ou serait-ce plutôt ton besoin irrépressible de reprendre le contrôle, de modeler la vérité à ta propre convenance?"


Ezio ressentit l’attaque verbale comme une gifle. "Tu penses vraiment que j'ai fait cela pour moi? Pour le contrôle?" Sa voix se durcit, chaque mot pesant dans l'air comme un bloc de marbre.


"Et pourquoi pas?" répliqua Arianna, ses lèvres se tordant dans un sourire qui n'atteignait pas ses yeux. "Après tout, c'est toi qui a brisé notre secret devant tout le monde, sans même un regard dans ma direction."


"Je l'ai fait pour l'Ordre. Pour nous," Ezio avança d'un pas, diminuant la distance entre eux comme pour souligner la gravité de ses mots. "Il était temps que ces ombres soient dissipées."


Arianna ria nerveusement, un rire teinté d'amertume et de défense. "Peut-être que pour toi, révéler notre mariage était un acte de bravoure. Pour moi, c'était une ligne de démarcation. J'ai deux enfants dont la sécurité dépend de cette discrétion, une résistance qui pourrait s'effondrer sous le poids de cette vérité."


"Je ne dis pas que ce sera facile," admit Ezio, ses yeux plongeant dans ceux d'Arianna, cherchant un indice, une brèche dans le mur qu'elle avait érigé. "Mais ne méritons-nous pas tous la vérité? Nos enfants, la résistance, nous-mêmes?"


"La vérité à quel prix, Ezio?" Le feu dans ses yeux semblait brûler encore plus fort, chaque mot qu'elle prononçait imbu d'un mélange toxique d'amour et de méfiance. "Tu débarques après toutes ces années et tu chamboules tout.” Arianna eut un rire amer. "Ne te méprends pas, Ezio. On ne peut pas simplement gommer les années de souffrance et d'absence comme on efface un dessin."


"C'est vrai," admit Ezio, le timbre de sa voix plus grave, presque comme un murmure. "Je ne peux pas changer le passé, mais je suis ici, maintenant, prêt à prendre ma place, à corriger mes erreurs. Ne méritons-nous pas tous une seconde chance?"


"Au risque de quoi ?" Elle se rapprocha de lui, ses yeux plongeant dans les siens comme s'ils pouvaient y lire la vérité. "De briser encore une fois ma confiance, notre famille? Tu sais ce que j'ai enduré pour bâtir cette vie, pour garder Isabella et Frédérico à l'abri du monde cruel que nous connaissons. Je ne peux pas me permettre de les exposer à une autre déception."


"Je comprends tes craintes," dit-il en touchant doucement sa joue, comme s'il pouvait y capter une larme encore non versée. "Je sais que je n'ai pas le droit de te demander de me faire confiance, pas après tout ce qui s'est passé. Mais je suis prêt à lutter pour cette confiance, chaque jour, si tu me le permets."


Arianna détourna le regard, visiblement touchée, mais toujours incertaine. "Je ne sais pas si je peux rouvrir cette porte, Ezio. J'ai appris à verrouiller mes sentiments pour toi, pour me protéger."


"Et si je te dis que je suis prêt à attendre, à être patient, à être l'homme que tu mérites? Que je me battrai pour être le père que nos enfants méritent?" Il fit une pause, les yeux emplis d'une détermination renouvelée. "Je t'aime, Arianna, et cela n'a jamais changé. Je suis prêt à le prouver, peu importe le temps qu'il faudra."


À ces mots, Arianna sentit son monde basculer. 'Je t'aime.' Trois mots si simples, mais lourds de conséquences. Elle cligna des yeux, comme si elle cherchait à dissiper une illusion. Sa gorge se serra; une partie d'elle voulait croire en ces mots, alors que tout en elle criait de se protéger.


"Aimer? Après tout ce temps?" Sa voix était faible, presque un murmure. "Tu penses que ces mots vont effacer des années d'abandon et de souffrances? Ce n'est pas si simple, Ezio."


"Je sais que ce n'est pas simple." Ezio avança, le désespoir et la sincérité mêlés dans son regard. "Je ne te demande pas de m'accepter de nouveau dans ta vie du jour au lendemain. Je te demande de me laisser te montrer que je suis sérieux. Que je suis changé."


Ses yeux plongèrent dans les siens, et Arianna sentit sa résolution vaciller. Ce regard était celui de l'homme qu'elle avait aimé, l'homme pour qui elle aurait tout abandonné, tout risqué. L'homme qui l'avait brisée.


"Et si tu échoues?" Elle ravala ses larmes, ses mots à peine audibles. "Est-ce que tu comprends ce que ça signifie, de risquer de tout détruire une fois de plus? Pour moi, pour nos enfants?"


"Je comprends, et je suis prêt à en assumer toutes les conséquences," dit-il doucement, se rapprochant pour prendre sa main. "Je ferai tout ce qu'il faut pour être l'homme que tu peux aimer sans crainte."


La tension était palpable, chaque mot, chaque geste, chargé d'années de douleurs et de désirs refoulés. Arianna sentait ses défenses s'effriter, mais elle se battait pour les maintenir, terrorisée à l'idée de la chute qui pourrait suivre.


"Ezio, tu me demandes de prendre un risque énorme. Je ne sais pas si je suis prête."


Il serra sa main, la regardant profondément, comme s'il cherchait à atteindre son âme à travers ses yeux. "Et si je te promets de prendre ce risque avec toi? Pas seulement aujourd'hui, mais chaque jour à venir."


Elle le regarda, hésitante, déchirée entre la femme qui avait juré de ne plus jamais être vulnérable et la jeune fille qui était tombée amoureuse de lui il y a tant d'années. Et alors, presque imperceptiblement, elle sentit une fissure dans le mur autour de son cœur. Ce n'était pas une ouverture, pas encore, mais c'était un début.


"Peut-être," murmura-t-elle, "peut-être que nous avons tous deux des choses à prouver."


Un sourire doux et tremblant apparut sur les lèvres d'Ezio. "Alors prouvons-le ensemble, Arianna. Pour nous, pour notre famille, pour l'Ordre."


C'était un début, fragile et incertain, mais un début quand même. En cet instant, c'était tout ce qui comptait.


-


Arianna pénétra dans la bibliothèque où Machiavelli, sous la lumière tamisée d'une chandelle, paraissait absorbé dans ses écrits. Les murs étaient couverts de livres et de parchemins, un reflet du labyrinthe intellectuel qu'était l'homme devant elle. Mais dès qu'elle fit un pas dans la pièce, il leva les yeux, et le masque du penseur imperturbable se fendit un instant. Ses yeux scrutèrent les siens, discernant les ombres qui y dansaient.


"Arianna. Tu sembles troublée. Est-ce à cause de la nomination d'Ezio comme Mentor?" demanda-t-il, en posant délicatement sa plume sur le bureau, comme s'il pesait chacun de ses mots avant de les lancer dans l'air tendu entre eux.


Elle inspira profondément, sentant l'odeur du parchemin et de l'encre mélangée à celle du vieux bois de la pièce. "C'est plus compliqué que ça, Niccolò. Mon cœur et mon esprit sont en conflit, et chaque décision que je prends semble me mener à un autre dilemme. Mais puisque tu abordes ce sujet... Qui est derrière cette décision? Qui a décidé de mettre Ezio à la tête de l'Ordre?"


Machiavelli posa sa plume à côté d'une bouteille d'encre et se tourna complètement vers elle. Ses yeux étaient ceux d'un homme qui avait vu trop de choses, trop de réalités dures, pour y voir autre chose que la vérité nue. "C'était une décision du Conseil. Plusieurs voix ont parlé, et un consensus a été atteint. Mais pour être entièrement honnête avec toi, Arianna, j'ai été le catalyseur de cette proposition. C'est moi qui ai suggéré que ce rôle soit attribué à Ezio."


Les mots de Machiavelli suspendirent le temps, si bien que chaque tic-tac de l'horloge semblait un écho de ses propres pensées tourbillonnantes. Elle regarda l'homme devant elle, essayant de comprendre son jeu, ses intentions. Elle avait tant lutté pour maintenir sa vie en équilibre, et voici que cet homme, un ami, avait jeté une pierre dans l'eau calme de son existence.


"Tu as joué un rôle dans cette décision en sachant ce que cela pourrait me coûter, ce que cela pourrait coûter à mes enfants," dit-elle, ses mots teintés d'une amertume contenue. "Pourquoi, Niccolò? Pourquoi ajouter cette complexité à une vie déjà si compliquée?"


Il lui était difficile de lire le visage de Machiavelli, toujours si maîtrisé, mais elle crut y voir une lueur de regret. Ou peut-être était-ce de la compréhension? Dans tous les cas, elle savait qu'elle venait d'ouvrir une porte à des conversations et des conflits bien plus vastes que ceux qu'elle avait envisagés.


"Parce que l'Ordre a besoin d'une direction forte. Et toi et Ezio ensemble, vous êtes cette force," dit Machiavelli, se levant de son siège pour se rapprocher d'elle. Sa démarche était lente mais délibérée, chaque pas résonnant dans la pièce silencieuse comme un jugement non prononcé.


"Tu dis cela comme si notre relation personnelle était une condition sine qua non pour le bien de l'Ordre," répliqua Arianna, ses mots trahissant une nuance de colère qu'elle ne pouvait tout à fait dissimuler.


Machiavelli posa ses mains sur le bureau, les épaules tendues. "N'est-ce pas le cas ? Depuis ta fuite, l'Ordre a souffert. Tu es un élément clé, Arianna, et sans toi, Ezio n'est pas aussi efficace qu'il pourrait l'être."


"Ton argument prend en compte des faits, des stratégies, des effets sur l'Ordre, Niccolò," dit Arianna, ses yeux maintenant embués mais déterminés. "Mais qu'en est-il de mon propre bonheur? Est-ce que tout cela signifie que je devrais simplement abandonner ma propre vie, mon propre amour pour le bien de cette cause?"


Machiavelli sembla surpris, puis après un moment, il acquiesça légèrement. "Tu parles du comte Pâris, je suppose."


"Oui," elle répondit, presque un murmure. "Je l'aime, Niccolò. Que fais-je de cela si je suis destinée à être le ciment qui doit lier Ezio à l'Ordre? Dois-je tout simplement faire comme si de rien n'était et redevenir sa femme?"


Machiavelli plongea son regard dans les yeux d'Arianna, captant toute la complexité des émotions qui y tourbillonnaient. "Je comprends que tu aimes Pâris, et que tu as trouvé en lui une certaine paix. Mais tu sais aussi que cette relation repose sur un mensonge. Pâris ne sait pas tout, Arianna, il ne connaît pas l'étendue de ce qui te lie à Ezio, ni à l'Ordre."


"Qu'essayes-tu de dire?" Les mots d'Arianna étaient tranchants, sa défense se levant comme un bouclier.


"Je dis que je vois en toi et en Ezio un potentiel immense. Pas seulement pour l'Ordre, mais pour changer le monde. Les Borgia ne seront pas vaincus si nous sommes divisés. Nous avons besoin de leaders forts, de personnes qui partagent une vision, un but, et surtout, une compréhension mutuelle."


"Tu parles comme si nous étions des pièces sur un échiquier, Niccolò. Ce ne sont pas seulement des stratégies, ce sont nos vies. Ezio m'a trahi une fois. Et si cela se reproduit? Et si je me brise définitivement cette fois-ci?"


Il marqua une pause, conscient du poids de sa prochaine déclaration. "Tu as toujours été plus forte que tu ne le penses, Arianna. Si tu t'étais brisée si facilement, tu ne serais pas ici aujourd'hui. Quant à Ezio, il a changé, tout comme toi. Mais ce qui n'a pas changé, c'est la puissance de ce que vous pourriez accomplir ensemble."


Arianna sentit ses murs intérieurs trembler, mais elle n'était pas prête à les laisser s'effondrer. "J'ai trop perdu à cause de lui, Niccolò. Trop souffert. J'ai peur de ce qui pourrait se passer si..."


"La peur," interrompit Machiavelli doucement, "est le véritable ennemi ici. Non pas les Borgia, non pas les conflits internes de l'Ordre. La peur de ce que vous pourriez perdre vous empêche de voir ce que vous pourriez gagner."


Elle leva les yeux vers lui, les larmes aux bords de ses paupières. "Et si ce n'est pas suffisant? Et si tout ce que nous gagnons ne vaut pas ce que nous perdons en chemin?"


Machiavelli se leva et s'approcha d'elle, posant une main sur son épaule. "Alors, au moins, vous aurez combattu pour quelque chose qui en vaut la peine. Vous aurez pris le risque au lieu de vous cacher derrière vos peurs et vos doutes. Arianna, c'est une guerre que nous menons, en dehors et en nous-mêmes. Et dans chaque guerre, il y a des sacrifices. La question est de savoir pour quoi, ou pour qui, nous sommes prêts à les faire."


Les mots de Machiavelli, bien qu'implacables, trouvèrent une fissure dans les défenses d'Arianna. Une fissure si petite, si fragile, mais qui laissait passer une lumière qu'elle pensait avoir éteinte depuis longtemps. Et pour la première fois, elle se demanda si elle avait peut-être tort de laisser ses peurs la guider.


Mais même cette petite fissure était un début. Et tout début porte en lui la promesse d'un nouveau chemin, aussi difficile soit-il.


-


Ezio se trouvait dans l'atelier de Leonardo, entouré des esquisses, des inventions et des œuvres d'art en cours qui composaient le monde du génie. Leonardo, assis à son bureau, observa son ami. L'expression d'Ezio était sombre, comme un ciel sans étoiles.

Ezio tourna lentement son regard vers Leonardo, fixant l'esquisse d'un engin volant que son ami avait posé sur une table en bois usée. "Tu rêves toujours de voler, Leonardo. Des ailes pour franchir les cieux. Et pourtant, aujourd'hui, tout ce que je ressens, c'est le poids des chaînes qui me retiennent au sol."


Leonardo abaissa son pinceau, marquant une pause dans son travail, et se leva. "Tu parles comme un homme en conflit. Je suppose qu'Arianna est au cœur de cette tourmente."


Ezio s'assit, croisant les mains devant lui. "Tu me connais trop bien. J'ai fait une annonce publique de notre mariage lors de ma nomination, croyant naïvement que ce serait un signe de mon engagement envers elle. Au lieu de ça, elle a vu cela comme une trahison, comme si je l'enfermais dans une cage pour que tous puisse voir."


Leonardo planta son regard perçant dans celui d'Ezio, comme s'il pouvait y lire chaque cicatrice émotionnelle qui y était gravée. "Tu t'aventures sur un terrain miné, mon ami. L'amour est une chose fragile, et la liberté une autre tout aussi précieuse. As-tu cherché à comprendre ce que ressentait Arianna?" demanda Leonardo, le regard perçant.


Ezio se sentit presque nu sous l'examen de son ami. "Je l'ai essayé, Leonardo, j'ai vraiment essayé. Mais la distance entre nous s'est creusée si profondément que chaque tentative pour la combler semble presque futile. Je vois sa défiance, son manque de foi en moi, et cela me lacère l'âme. Savoir qu'elle a trouvé du réconfort ailleurs... c'est presque insupportable."


Leonardo prit une pause pour peser ses mots. "Et cette révélation de ton mariage avec elle, lors de ta nomination comme Mentor, tu l'as faite en considérant ses sentiments ou les tiens?"


Ezio se sentit soudain très fatigué. "Je pensais à nous deux, ou du moins, c'est ce que je croyais. Je voulais montrer mon engagement envers elle, mais je n'avais pas réalisé que cela pouvait ressembler à une usurpation de sa liberté."


"Ah, Ezio, même les meilleures intentions peuvent mener à des catastrophes si on ne prend pas le temps de réfléchir aux conséquences pour les autres," dit Leonardo, sa voix douce mais remplie de gravité.


"Je le sais, et je le regrette amèrement," soupira Ezio. "Mais quand je lui ai parlé, quand j'ai vu cette fissure dans sa défense, j'ai senti... de l'espoir. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai senti que peut-être, juste peut-être, il y avait une chance pour nous."


Leonardo sourit alors, un sourire empli de chaleur et d'empathie. "Alors tu as ta réponse, Ezio. Si tu ressens même un éclat d'espoir, tu dois te battre. La bataille pour l'amour et pour la confiance d'Arianna sera difficile, mais s'il y a même une chance, une petite chance qu'elle baisse son bouclier, tu te dois d'essayer."


Ezio se sentit animé par les paroles de Leonardo. "Oui, tu as raison. Je ne vais pas abandonner. Je vais me battre pour elle, pour nous, et pour cette famille que nous avons bâtie. Et peut-être, avec le temps et les efforts, elle pourra à nouveau voir en moi l'homme qu'elle aimait autrefois."


"Je l'espère de tout cœur, Ezio. La vie est trop courte pour être remplie de regrets," conclut Leonardo, retournant à son esquisse d'engin volant, mais cette fois avec un air un peu plus serein, comme si, à travers l'exploration des cœurs brisés et des chances renouvelées de son ami, il avait lui-même trouvé une certaine paix.


Ezio se leva, se sentant un peu plus léger. "Merci, Leonardo. Pour tout."


Leonardo le regarda, une expression de bienveillance sincère illuminant son visage. "C'est ça, l'amitié, Ezio. On s'aide mutuellement à voler, même quand on se sent enchaîné au sol."


Avec ces mots, Ezio quitta le bureau, son esprit tourbillonnant de plans, de possibilités et, plus précieux encore, d'espoir.


-


La révélation du mariage entre Ezio et Arianna agit comme une mèche allumée dans la poudrière du QG des Assassins. Un mélange d'excitation, de confusion et d'étonnement remplissait l'air, chaque membre de l'ordre essayant de déchiffrer cette nouvelle dynamique inattendue. Les murs, généralement silencieux, étaient maintenant le théâtre de conversations à voix basse, de murmures échangés entre les apprentis et les membres de plus haut rang.


"Je ne peux pas y croire. Ezio Auditore, marié? Et à Arianna, de surcroît?" s'exclama un apprenti, les yeux grands ouverts d'étonnement, pendant qu'il affûtait sa lame.


"Je ne sais pas ce qui les a poussés à garder ce secret, mais ils ont toujours été comme du feu et de la glace, ces deux-là," marmonna un autre apprenti, un air pensif sur son visage. Il observa les deux Assassins légendaires rassembler leurs armes et équipements, chacun absorbé dans sa propre préparation, mais étonnamment synchronisés dans leurs mouvements.


Un autre apprenti, qui avait assisté à quelques-unes de leurs interactions, se pencha et rétorqua en souriant, "Oui, mais tu sais ce qu'on dit : les contraires s'attirent. Et puis, c'est souvent dans l'adversité que naissent les relations les plus fortes."


Pendant ce temps, dans un coin du QG, les vétérans de l'ordre se tenaient à l'écart, observant les deux amants présumés avec un mélange de curiosité et de respect. "Cela pourrait être une force pour nous," suggéra l'un, un homme à la barbe grisonnante. "Ou cela pourrait les distraire de la mission plus vaste. Seul le temps nous le dira."


Les murmures et les spéculations étaient incessants, chacun y allant de son propre avis sur la possibilité d'un rapprochement entre Arianna et Ezio. Le couple déchu était devenu le sujet de discussion principal, une distraction bienvenue des rigueurs de l'entraînement et des menaces constantes qui pesaient sur leur organisation.


Parmi les apprentis, certains étaient fascinés par l'idée d'un amour réconcilié, d'autres étaient plus cyniques, s'inquiétant que les tensions personnelles entre les deux leaders puissent affecter leur cause collective.


Isabella et Frédérico, eux, faisaient face à leur propre tourbillon d'émotions et de questions parmi leurs amis. "Alors comme ça, le grand Ezio Auditore est ton père ?" demanda un apprenti à Frédérico, un sourire admiratif éclairant son visage. "Tu vas devenir aussi fort que lui ?"


Frédérico sourit, gêné. Il ne savait pas encore ce qu'il ressentait à propos d'Ezio, mais il était déterminé à en apprendre davantage sur cet homme qui était à la fois une légende vivante et un étranger pour lui. Il avait hâte de le voir à l'œuvre, peut-être même de s'entraîner avec lui, espérant trouver dans cette relation naissante des réponses à des questions qu'il n'avait jamais su poser.


Isabella, d'un autre côté, était plus réservée. Elle avait toujours vu sa mère comme la figure inébranlable de leur famille, et l'arrivée soudaine d'Ezio dans leur vie avait ébranlé ce pilier. Ses amis l'interrogeaient avec curiosité, mais elle évitait de répondre, se murant dans un silence protecteur. Elle ne pouvait s'empêcher de regarder Ezio avec méfiance, se demandant quel rôle il allait jouer dans leur vie désormais.


Alors que Frédérico cherchait activement des opportunités pour se rapprocher d'Ezio, Isabella, elle, gardait ses distances, ne sachant pas encore si elle pouvait ou voulait le considérer comme son père. Les tensions familiales étaient palpables, tout comme l'étaient celles de la résistance toute entière.


Dans ce microcosme d'alliances complexes, de loyautés en conflit et de destins incertains, chaque décision, chaque interaction, même la plus minime, prenait un poids immense. Et alors que chaque individu s'adaptait à cette nouvelle dynamique, le futur restait une toile vierge, attendant d'être écrit par les actions et les choix de chacun.


Ezio et Arianna, en revanche, semblaient indifférents aux ondes de choc qu'ils avaient créées. Ils étaient trop focalisés sur la mission qui les attendait. Les dangers potentiels, les enjeux incroyablement élevés - tout cela requérait une concentration totale. Les armures ajustées et les lames aiguisées, ils partagèrent un dernier regard avant de quitter le QG.


Ce regard était lourd de sens, rappelant des années de lutte partagée, de secrets enfouis et de sentiments compliqués. Ce n'était pas seulement une mission qu'ils s'apprêtaient à accomplir, mais aussi un test pour eux-mêmes et pour l'ordre auquel ils avaient tous deux consacré leur vie.


-


La nuit était tombée sur Rome, et la seule lumière qui perçait les ténèbres provenait des torches des gardes qui patrouillaient autour du fort Borgia. C'était une mission d'infiltration à haut risque, une mission que seuls les meilleurs assassins pouvaient espérer accomplir. Et il n'y avait pas de meilleurs assassins que Ezio Auditore et Arianna Valentini.


Ils étaient tapies dans l'obscurité, surveillant les mouvements des gardes. Ezio jeta un coup d'œil à Arianna, essayant de lire son visage. Le masque d'assassin professionnel qu'elle portait était impeccable, mais il savait qu'il y avait plus que cela.


"C'est le moment," murmura-t-elle, indiquant un garde qui venait de s'éloigner de leur point d'entrée.


En parfaite synchronisation, ils se mirent en mouvement, esquivant les faisceaux de lumière des torches, montant silencieusement le mur du fort. Leur complicité sur le terrain était palpable, comme si leur passé commun avait fusionné en une compréhension mutuelle des mouvements de l'autre.


Une fois à l'intérieur, ils naviguèrent à travers un labyrinthe de couloirs jusqu'à une porte en fer verrouillée. Arianna sortit une série de pics à cheveux modifiés et commença à travailler sur la serrure. Ezio se tenait derrière elle, couvrant leur arrière tout en la regardant faire. Son habileté l'émerveillait toujours.


"Je me demande comment nous en sommes arrivés là," dit-il doucement, sa voix brisant le silence électrique entre eux.


"Nous avons une mission, Ezio. Ce n'est pas le moment," répondit-elle, sa voix neutre, mais ses mains tremblaient légèrement.


La porte s'ouvrit avec un léger déclic. Ils entrèrent, récupérèrent rapidement les documents contenant des informations sur les mouvements des troupes Borgia et firent demi-tour. Chaque seconde comptait.


Alors qu'Ezio et Arianna marchaient en silence dans le couloir étroit, un craquement sourd résonna soudainement derrière eux. Ils se tournèrent à l'unisson pour voir plusieurs gardes Borgia surgir de l'ombre, l'acier de leurs épées luisant à la faible lumière des torches. Ils étaient découverts, encerclés. Le visage d'Ezio se crispa, tandis qu'Arianna serrait la mâchoire. Ils étaient pris au piège, mais ni l'un ni l'autre ne montrait la moindre trace de peur.


Sans un mot ni un signe, Ezio et Arianna dégainèrent leurs armes en parfaite synchronisation. La tension était presque palpable; il semblait que l'air même se contractait autour d'eux. Leurs mouvements étaient incroyablement coordonnés. Chaque coup porté par Ezio était complété par une esquive ou une contre-attaque d'Arianna, comme si leurs esprits et leurs corps ne faisaient qu'un.


Ils se battaient dos à dos, leurs lames dansant dans l'air en une série de mouvements si fluides et naturels qu'ils semblaient presque chorégraphiés. Arianna trancha la gorge d'un garde tandis qu'Ezio en parait un autre, avant de le finir d'un coup sec de sa lame secrète.


Malgré le chaos du combat, une connexion silencieuse s'établissait entre eux. Au milieu de la mêlée, Ezio était presque hypnotisé par sa grâce et sa puissance, la manière dont elle se mouvait comme un feu follet mortel. Ses coups étaient assénés avec une précision brutale, le résultat de décennies de formation et d'expérience.


Mais ce qui frappa Ezio le plus durement était l'émotion que cette vision éveillait en lui. C'était une vague complexe de respect, de mélancolie et d'un désir renouvelé. La femme qu'elle était devenue lui coupait le souffle, et pas seulement en tant que guerrière. Le regard qu'il portait sur elle était empreint d'une passion refoulée, une passion qui avait été mise en sourdine mais jamais étouffée.


Leurs regards se croisèrent, un moment qui ne dura qu'une fraction de seconde, mais qui semblait durer une éternité. Dans ce simple échange, un torrent d'émotions non dites jaillit entre eux, déterrant des souvenirs et des désirs longtemps enfouis. Dans les yeux de Ezio, Arianna vit un éclat de désir pur, son intensité coupant à travers les années de distance et de malentendus. 


Elle en fut déstabilisée, secouée. Ce regard remuait des émotions qu'elle croyait enterrées à jamais, des sensations et des sentiments qu'elle avait délibérément mis de côté pour survivre dans ce monde de luttes et de complots. C'était comme si les murs de défense qu'elle avait laborieusement érigés autour de son cœur commençaient à se fissurer, laissant s'infiltrer une lumière qu'elle n'avait pas vue depuis des années.


Presque instinctivement, ils se remirent au combat, achevant les derniers gardes Borgia qui menaçaient leur mission. Leurs lames dansaient dans une symphonie mortelle, jusqu'à ce que le silence reprenne ses droits, les corps de leurs ennemis gisant à leurs pieds. Et pourtant, la tension électrique qui pendait entre eux restait palpable, indéniable.


Ezio le sentait. Il vit cette ombre de trouble glisser sur le visage d'Arianna, cette réaction viscérale à ce qu'ils venaient de partager.


Après avoir vaincu les derniers gardes Borgia, Ezio et Arianna se frayèrent un chemin hors de la forteresse, leurs pas silencieux sur les dalles de pierre. Une fois à l'extérieur, ils escaladèrent avec agilité les murs, retrouvant bientôt la liberté des toits de Rome. Ils coururent côte à côte, sautant de tuile en tuile, une course en parallèle qui semblait suspendre le temps.


Ce n'est qu'arrivés sur un toit isolé, avec une vue imprenable sur la Ville Éternelle, qu'ils ralentirent, tous deux conscients de l'espace qui les séparait malgré leur proximité physique. L'ambiance était tendue, chargée d'un désir inexprimé et de souvenirs remontant à la surface.


Ezio se tourna vers Arianna, l'observant sous le clair de lune. "Ça me rappelle Florence, tu te souviens?" dit-il, sa voix douce, imprégnée de nostalgie.


Arianna le regarda, surprise par l'émotion brute qu'elle voyait dans ses yeux. La mention de Florence déclencha en elle une cascade de souvenirs: leur jeunesse insouciante, leur amour naissant, les toits qu'ils arpentaient ensemble en riant. "Oui, je me souviens," répondit-elle, sa voix tremblante. "Comment pourrais-je oublier?"


Ezio s'approcha, diminuant l'espace entre eux, jusqu'à ce que seulement quelques centimètres les séparent. Le regard fixé sur Arianna, il avança lentement sa main vers le côté de son visage. Elle sentit un frisson la traverser, chaque cellule de son corps électrifiée par la proximité et l'intensité du moment.


"Certaines choses ne changent pas, Arianna," murmura-t-il, sa voix un murmure bas qui semblait vouloir combler les années de silence entre eux. "Certaines choses restent gravées en nous, peu importe le temps qui passe."


Le temps sembla s'arrêter, tous deux pris dans un vortex d'émotions contradictoires. Arianna sentit son cœur battre à tout rompre, comme s'il cherchait à échapper à sa poitrine. La main d'Ezio était à présent si près de sa peau qu'elle pouvait sentir la chaleur qui en émanait. Dans ses yeux, elle vit tout ce qu'ils avaient été, tout ce qu'ils auraient pu être. Un désir profond et ardent, un feu qu'elle avait cru éteint, brûlait maintenant plus fort que jamais.


Mais alors que la main d'Ezio effleura presque sa joue, elle fit un pas en arrière, esquivant son toucher. Le geste était minime, mais il portait le poids de toutes leurs années de séparation, toutes les blessures non cicatrisées.


Ezio retira sa main, son visage impassible, mais dans ses yeux, Arianna put voir un éclat de quelque chose de complexe, peut-être de la déception, peut-être de la compréhension.


Les secondes qui suivirent pesaient lourd, chacun conscient de la barrière invisible mais puissante qu'ils avaient construite entre eux. Le désir était là, indéniable, mais il y avait aussi des années d'histoire, des erreurs, des choix qui ne pouvaient pas être ignorés.


"C'est un long chemin jusqu'au quartier général," dit finalement Arianna, sa voix teintée d'une émotion qu'elle ne pouvait pas complètement cacher. "Nous ferions mieux de continuer."


Ezio acquiesça silencieusement, et ils se remirent en mouvement, sautant de toit en toit. Mais quelque chose avait changé. Ils étaient deux guerriers, deux âmes liées par le destin, mais séparées par des années de choix et de conséquences. Et alors qu'ils s'éloignaient dans la nuit romaine, chacun était hanté par ce qui aurait pu se passer, par ce qui avait été perdu, et par ce qui restait indéfini entre eux.


-


Le comte Paris attendait patiemment dans l’ombre des appartements d’Arianna au dernier étage du quartier général des Assassins, une coupe de vin à la main. Il était immergé dans ses pensées, le verre de vin presque oublié entre ses doigts. Le silence de la pièce était ponctué seulement par le crépitement du feu dans la cheminée, mais pour lui, c'était comme si une bataille faisait rage. Il avait du mal à réprimer les émotions tumultueuses qui le tourmentaient depuis sa découverte du mariage précédent d'Arianna avec Ezio Auditore.


Il s'était douté, bien sûr. Les regards partagés, l'énergie palpable entre eux — tout cela ne pouvait pas être simplement une coïncidence. Et pourtant, quand la vérité avait été révélée, il s'était senti trahi, comme s'il était un personnage secondaire dans la grande saga de leur vie.


La colère avait été son premier réflexe, une montée de fierté blessée et de jalousie. Mais Paris était un homme de réflexion, et il avait rapidement pesé les options devant lui. Son époque était remplie de mariages de convenance, de liaisons secrètes et d'amours illégitimes. Était-ce si différent ? Pourrait-il vraiment blâmer Arianna pour un passé qu'elle ne pouvait pas changer ?


Le visage d'Ezio lui revint à l'esprit, le durcissement de ses yeux, son air possessif quand il posait le regard sur Arianna. Paris se ressaisit. Peu importe ce que cet homme représentait dans le passé d'Arianna, il ne permettrait pas qu'il gâche leur futur. Leur relation avait peut-être été ébranlée par des secrets et des silences, mais il était déterminé à la reconstruire, pierre par pierre si nécessaire.


Il posa sa coupe sur la table en bois ornée d'objets d'art et se leva, marchant vers la fenêtre. De là, il pouvait voir une partie de Rome, la ville qui avait été le théâtre de tant d'intrigues, de passions et de conflits. Rome, tout comme son amour pour Arianna, était complexe et imparfaite, mais c'était précisément pour cela qu'il en était épris.


Arianna était à lui. Il avait lutté pour gagner sa confiance, pour partager sa vie, et il ne laisserait pas cette ombre du passé, aussi séduisante soit-elle, emporter ce qu'il avait si durement acquis. Le passé était le passé, mais l'avenir lui appartenait, et il serait prêt à se battre pour le garder.


Quand Arianna fit son entrée, il l'observa avec un sourire sincère et des yeux pleins d'admiration. "Te voilà, enfin," dit-il. "J'ai entendu dire que la mission était un succès."


Arianna lui rendit son sourire. "Oui, c'est fait. Les gardes Borgia ne seront plus un problème. Du moins, pour le moment."


Paris s'approcha d'elle, passant délicatement sa main sur sa joue avant de l'embrasser tendrement. "Je suis soulagé de te voir saine et sauve, Arianna."


Elle sourit, appréciant le doux contact et l'odeur apaisante du parfum de Paris. Il avait été un pilier constant dans sa vie ces derniers temps, un refuge contre les tempêtes qu'elle avait dû affronter. Leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau, plus passionnément cette fois-ci, et pendant un moment, tous les soucis d'Arianna semblaient s'évaporer.

Arianna s'écarta légèrement, le regard plongé dans les yeux de Paris. "Je dois te dire quelque chose," commença-t-elle, hésitante. "À propos d'Ezio et moi."


Le comte la regarda attentivement, semblant anticiper ce qu'elle allait dire. "Je suis déjà au courant, Arianna."


Son visage afficha un mélange d'étonnement et de soulagement. "Tu l'es ? Et cela ne te dérange pas ?"


Paris secoua doucement la tête. "Les ombres du passé sont ce qu'elles sont — des ombres. Tu es avec moi maintenant, et c'est tout ce qui compte."


Arianna sentit une bouffée de gratitude la submerger. Elle passa ses bras autour du cou de Paris et l'embrassa de nouveau, cette fois avec une nouvelle ferveur, comme si elle voulait imprimer ce moment dans sa mémoire, le rendre éternel.


"Je t'aime, Arianna," murmura Paris, son souffle chaud effleurant son oreille, sa voix tremblante d'une émotion brutale et sincère. "Rien de ce qui s'est passé avant, ni ce qui arrivera ensuite, ne changera cela."


Dans cette déclaration, Arianna sentit une onde de soulagement la traverser. Une trêve dans la guerre constante entre son cœur et son esprit. Elle se blottit plus étroitement contre lui, les contours de son visage s'enfouissant dans le creux de son cou. "Il y aura toujours des secrets et des ombres, Paris," dit-elle en fermant les yeux, "mais c'est la lumière qu'on trouve l'un dans l'autre qui compte vraiment."


Comme pour sceller cet accord tacite, Paris posa ses lèvres sur les siennes, dans un baiser chargé de désir et d'acceptation mutuelle. Ses mains, qui s'étaient posées sur sa taille, glissèrent vers le lacet de son corset, le dénouant avec une lenteur calculée qui amplifiait le désir entre eux.


Mais alors que chaque mouvement les rapprochait d'une intimité qu'ils n'avaient ni le temps ni l'espace d'explorer pleinement ces derniers temps, la porte s'ouvrit avec un fracas. Et Ezio était là, son ombre s'étendant à travers la pièce comme une tempête soudaine.


La tension devint électrique, un éclair en plein jour. Arianna se raidit, ses mains trouvant rapidement les pans de son corset, essayant de rétablir une sorte de décence. Ezio, les yeux passant rapidement de Paris à elle, semblait incarner le froid glacial. "Je ne savais pas que j'interrompais quelque chose," dit-il, chaque syllabe sculptée dans la glace.


Paris, dont les mains s'étaient figées en plein mouvement, se tourna pour faire face à Ezio. Ses yeux se plissèrent, non pas en colère, mais en évaluation. "Auditore," dit-il, sa voix tout aussi froide, mais teintée d'un respect guindé. "Si vous étiez aussi compétent pour frapper à la porte que vous l'êtes avec une lame, peut-être n'en serions-nous pas là."


Pour une fraction de seconde, les deux hommes se fixèrent. Deux forces de la nature, chacune avec ses propres rôles, responsabilités et, maintenant, rivalités. Et coincée entre eux, Arianna sentit la pression, comme si elle se tenait sur une corde raide tendue entre deux falaises.


Elle prit une profonde inspiration, coupant à travers la tension comme une lame à travers la soie. "Nous discuterons de la mission dans mon bureau. Dans cinq minutes," ordonna-t-elle, regardant Ezio. Puis, se tournant vers Paris, elle ajouta, "Je te retrouverai plus tard."


Ezio hocha la tête, presque imperceptiblement, et quitta la pièce, mais pas sans lancer un dernier regard qui laissait peu de place à l'interprétation. Paris, quant à lui, soupira, regardant Arianna comme si mesurant le poids des mots non dits et des actes interrompus.


Alors qu'Ezio quittait la pièce, son regard s'accrocha une dernière fois à celui de Paris. C'était un regard qui disait clairement que cette affaire n'était pas terminée, que les lignes avaient été tracées. Paris le sentit, une sensation désagréable, comme une ombre qui s'étirait à travers la pièce.


Une fois la porte refermée, Arianna laissa échapper un soupir, son regard se posant sur Paris. "Je suis désolée pour cette intrusion. Où en étions-nous?"


Paris s'approcha d'elle, son regard adouci mais ses pensées toujours agitées. "Oublions cela pour l'instant, Arianna. Ce qui importe, c'est nous."


Il l'embrassa tendrement, et pendant un moment, les complications de leur vie semblaient lointaines, étouffées par la douceur de leurs lèvres unies. Mais sous la surface, les tensions non résolues demeuraient, des fils ténus tissés dans la trame complexe de leurs vies.


-


Arianna franchit le seuil du bureau d'Ezio, son estomac tellement noué qu'elle avait l'impression de porter un poids invisible. La tension dans l'air était palpable, comme une vapeur épaisse qui s'infiltrait dans les moindres recoins de la pièce. Des années s'étaient écoulées depuis qu'elle avait ressenti quelque chose d'aussi lourd, aussi chargé d'émotion.


Devant elle, Ezio se tenait de dos, contemplant une vaste carte de Rome étalée sur son bureau. Des pions en bois et des marqueurs de couleur y étaient placés, symbolisant les zones d'influence des différents clans, des Templiers aux Assassins. La guerre silencieuse qui se déroulait dans les rues et les palais de la ville était là, réduite à un jeu de plateau inanimé.


Lorsqu'il se retourna pour la regarder, ses yeux sombres rencontrèrent les siens. Une complexité d'émotions tourbillonnait dans son regard. Des émotions qu'aucun d'eux n'était prêt à aborder, du moins pas en cet instant, pas dans cet espace.


"Alors, je suppose que tu voulais me voir par rapport aux documents?" lança Arianna, s'efforçant de garder sa voix aussi neutre que possible. Elle tenait à se concentrer sur leur mission, à ne pas laisser les événements récents brouiller la ligne entre leur travail et leur vie personnelle.


"Oui, j'ai réussi à en décoder certains, mais..." La voix d'Ezio se brisa un instant, comme s'il pesait le poids de chaque mot qu'il était sur le point de dire. "Il semble que nos ennemis se renforcent. Ils sont de plus en plus méfiants."


Leur regard se croisa à nouveau, et Arianna sentit comme une décharge électrique. Le poids de ce qui venait de se passer entre eux — la scène d'intimité qu'Ezio avait interrompue entre elle et Paris — flottait dans l'air, presque palpable.


"Plus méfiants ou plus avisés?" rétorqua Arianna, sa voix restant stable, mais ses mots soigneusement choisis étaient lourds d'implication. Elle parlait autant de leur situation personnelle que de la menace grandissante des Templiers.


Il y eut un moment de silence, tellement dense qu'il semblait que même l'air refusait de circuler. "La prudence s'impose, Arianna, nous ne pouvons nous laisser distraire," dit Ezio finalement. Sa voix était douce comme un murmure de vent à travers les arbres, mais tranchante comme une lame d'Assassin, rappelant à Arianna le rôle qu'il jouait en tant que Mentor. Un rappel subtil, mais puissant, qu'il était le leader ici, que sa parole avait du poids.


Arianna saisit l'allusion mais choisit de ne pas y répondre, concentrant son attention sur les documents étalés sur la table devant eux. Des parchemins remplis de codes, de signes ésotériques et d'annotations. C'était un écran de fumée, une façon de détourner le regard du gouffre qui s'ouvrait entre eux, mais elle était nécessaire.


Ezio la dévisageait, son regard sombre alourdi par le poids de la scène qu'il venait de surprendre. L'image d'Arianna, son sourire radieux, la douceur de sa peau et les lacets de son corset dénoués. Et, bien sûr, l'homme qui avait le privilège de l'embrasser, de la toucher. Une colère sourde montait en lui, enflant comme une vague prête à se briser contre la falaise de sa retenue.


Arianna le sentit. Elle ne pouvait pas l'éviter; la tension était une présence palpable dans la pièce, et elle montait en flèche à chaque seconde.


Alors Ezio s'approcha d'elle, ses pas délibérés mais légers, comme s'il marchait sur une corde raide. Il se pencha au-dessus de la table, ses yeux toujours verrouillés sur les siens. Leurs mains étaient si proches que Arianna pouvait sentir la chaleur qui s'en dégageait. Lorsqu'il effleura sa main pour prendre un des documents, la tension atteignit son paroxysme.


C'était comme si une étincelle avait été allumée, une étincelle qui menaçait de mettre le feu à toute la poudrière d'émotions contenues, de non-dits et de tensions qui s'étaient accumulés entre eux pendant tant d'années.


Dans cet instant, il n'y avait pas de documents, pas de Templiers, pas de mission. Il n'y avait qu'eux, deux âmes liées par un amour ancien, des obligations présentes et un avenir incertain. Les échos de leur passé, les complications de leur présent et les inconnues de leur futur étaient tous là, à cet instant, dans cette simple effleurement de leurs mains.


Mais alors qu'Ezio s'apprêtait à rompre le silence, un symbole particulier sur un des documents captiva l'attention d'Arianna. C'était quelque chose qu'elle avait déjà vu, un signe qui évoquait clairement un Fragment d'Eden. Les Templiers étaient à sa recherche. Tellement absorbée par cette découverte cruciale, elle ne remarqua pas le regard d'Ezio qui se posa sur les marques de baisers qui tachaient son cou.


Son cœur s'accéléra brusquement. La responsabilité écrasante de ces artefacts anciens et de leur pouvoir incommensurable lui était bien trop familière.


"Ezio," murmura-t-elle, pointant du doigt le symbole sur le document. Ce simple mot semblait contenir des années de sentiments non dits, mais dans cet instant, il servit à ramener Ezio à la réalité. Les enjeux de la mission reprirent le dessus. Tous deux se penchèrent sur les documents, échangeant des idées, confrontant des théories, jusqu'à ce qu'Ezio mette un point final à leur discussion.


"Alors, nous sommes d'accord," dit-il, son regard plongeant dans le sien comme s'il cherchait à déchiffrer un mystère qui le hantait depuis des années. "Nous devons trouver ce fragment avant qu'ils ne le fassent."


"Oui, nous le devons," répondit Arianna, forçant son regard à quitter celui d'Ezio. Chaque fibre de son être voulait plonger dans les profondeurs de ses yeux sombres, mais elle savait que ce n'était ni le lieu ni le moment.


"Ezio, nous devons être prudents. Personne d'autre que nous ne doit être au courant," ajouta-t-elle, les mots s'échappant de sa bouche avant qu'elle ne puisse les retenir. Un avertissement non seulement pour la mission, mais peut-être pour leur relation complexe et fragile.


Il la regarda, et pendant un instant fugace, il n'y avait ni Mentor ni résistante, ni amants ni ennemis. Juste Ezio et Arianna, liés par un passé qu'ils ne pouvaient ni changer ni oublier.


"Je le serai, si tu l'es," répondit-il, sa voix douce mais déterminée.


Elle lui lança un dernier regard, un mélange d'espoir et de crainte, avant de quitter la pièce. Son cœur était lourd, principalement du fardeau du devoir. Et bien qu'elle ne s'en rendît pas encore compte, cet instant marqua également Ezio, dont le cœur portait non seulement le poids du devoir mais également l'ombre persistante d'un amour qui refusait obstinément de mourir.

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