L'Ecrin des illusions

Chapitre 9 : Un parfum de secrets

3022 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 13/01/2024 14:22

Hazel se réveilla dans le bureau du professeur Jekyll. Elle s'appuya sur les accoudoirs du fauteuil et parvint à se redresser. Ses trois amis se tenaient à ses côtés, inquiets. Jekyll lui tendit un morceau de chocolat d'une main tremblante.

- Miss Evans, je suis vraiment désolée.

La jeune sorcière, encore nauséeuse, le refusa. Elle avait mal au cœur et l'odeur pestilentielle régnant dans la pièce ne faisait qu'accroître son malaise.

- Miss Evans, murmura à nouveau Jekyll d'une voix intimidée en déposant le chocolat, je vous prie d'accepter mes excuses.

- Que s'est-il passé ? demanda la jeune fille en portant la main à son front brûlant de fièvre.

- Il arrive parfois que les Epouvantards nous en dévoilent beaucoup sur nos peurs les plus intimes ... bien plus que nous le souhaiterions.

Jekyll tapota le bureau de la pointe de sa baguette et fit apparaître une tasse de chocolat chaud. Hazel tenta de repousser la boisson, mais Sofia s'en saisit et lui plaça d'autorité dans les mains.

- Tu devrais boire quelque chose, tu n'as pas vraiment l'air dans ton assiette.


Sofia prit place sur l'accoudoir et lui caressa les cheveux pour apaiser les tremblements agitant son corps. Hazel but une gorgée et garda la tasse entre ses doigts. Le contact de la porcelaine chaude contre sa peau la rassura. Son regard se posa sur le tableau, représentant un charmant petit cottage, accroché derrière le professeur Jekyll. L'étrange odeur paraissait émaner de ce coin. La sorcière surprit son regard.

- Jolie maison, n'est-il pas ? C'est la mienne. Ce tableau me permet d'y retourner de temps en temps.

Hazel se tourna vers ses amis : Jonathan retenait sa respiration avec difficulté, Charlie avait le teint verdâtre et Sofia paraissait sur le point de s'évanouir. Elle n'était pas la seule à être incommodée par cette mauvaise odeur.

Phallus impudicus ou Satyre puant, déclara alors Jekyll. Mon jardin est envahi par ces répugnants champignons et l'odeur se répand jusque dans mon bureau. Je n'arrive pas à m'en débarrasser !

- C'est assez ... répugnant, avoua Sofia.

- Je ne vous le fais pas dire Miss Mirwani ! Je devrais peut-être faire appel aux connaissances du professeur Chourave.

Hazel déposa la tasse sur le bureau.

- Je crois que nous devrions vous laisser, professeur. Je me sens mieux.

- Vous êtes sûre, Miss Evans ?


La jeune sorcière esquissa un piètre sourire et acquiesça d'un petit signe de tête. Elle n'était pas au mieux de sa forme, mais elle désirait quitter le bureau nauséabond au plus vite. Peut-être qu'un bon jus de citrouille lui permettrait de se remettre d'aplomb. Soutenue par Sofia et Charlie, Hazel se leva avec peine. Jekyll les raccompagna à la porte de sa salle de classe.

- Miss Evans, chuchota-t-elle en lui frôlant le dos d'une caresse, veuillez de nouveau, accepter toutes mes excuses. Soyez assurée que plus aucune créature ne viendra tourmenter vos souvenirs dans mon cours.


Elle ferma la porte, abandonnant le quatuor dans le couloir désert. Jonathan se rapprocha de son amie.

- Hazel ? Tu ne veux pas aller à l'infirmerie ?

- Ne vous inquiétez pas, le dîner me fera le plus grand bien !


Cette journée aurait pu s'achever par un bon repas et une nuit de sommeil réparatrice, mais le malicieux destin en avait décidé autrement. Au détour d'un couloir, Hazel et ses amis tombèrent nez à nez avec Wilde et un petit groupe de Serpentard.

- Fais voir, Wilde !

Misty aperçut les Gryffondor et s'empressa de donner un coup de coude à son ami d'enfance. Celui-ci se tourna vers eux, la mine menaçante et la main gauche tendue vers eux. Au creux de sa paume, se trouvait le cadavre d'une souris.

- Laissez-nous passer, grogna Charlie, peu enclin à être aimable.


Les Serpentard firent bloc autour de Seren, empêchant toute tentative de fuite. Jonathan bredouilla quelques mots de menace, s'attirant les moqueries de Misty. Elle se planta face à lui, les mains campées sur ses hanches rebondies, le dominant de toute sa hauteur et sa force.

- Un problème, Clopin-Clopant ?


Hazel sentit l'angoisse l'étreindre à nouveau. Elle n'avait aucune envie de discuter avec les Serpentard et n'avait qu'une hâte : regagner le dortoir pour se reposer et oublier cette fin de journée. Elle s'avança d'un pas tremblant vers Seren, les Serpentard resserrèrent les rangs.


Elle se saisit tant bien que mal de sa baguette et la pointa vers eux.

- Dégagez, dit-elle au bord de la nausée.


Seren, encouragé par les rires de ses camarades, souffla sur la souris. Celle-ci, à la grande stupeur des Gryffondor, s'anima et s'élança sur le front de Hazel. La jeune sorcière tenta de s'en débarrasser mais ne réussit qu'à trébucher et à s'affaler par terre. Son coude droit heurta violemment le sol, lui arrachant un petit cri de douleur. La souris ressuscitée en profita pour se glisser le long de son bras et se faufiler sous une porte.


- Que comptes-tu faire, Evans ? s'enquit Seren d'une ton goguenard en s'accroupissant face à elle. Tu tiens à peine sur tes guibolles !


Hazel, les doigts pris de faiblesse, abaissa sa baguette ; saisie de crampe, elle sentit son estomac se soulever et, pliée en deux, rendit le peu de chocolat bu sur les souliers vernis de Seren Wilde. Les Serpentard, à l'exception de leur meneur, éclatèrent de rire et se mirent à imiter des bruits de vomissement.


Charlie et Sofia s'élancèrent vers leur amie :

- Hazel !

- Alors Evans, on a peur d'une petite souris ? lança Rain Stoker entre deux rires hystériques.

La réplique de Seren surprit tout le monde :

- La ferme, Rain.

Il se pencha vers Hazel dont les yeux étaient mi-clos. Il écouta sa respiration haletante, examina son visage blême et ses lèvres transies de froid.

- Tu devrais voir Pomfresh, je sais ressusciter les petits animaux, mais pas encore les êtres humains.


Hazel ouvrit les yeux avec peine et voulut répliquer qu'elle n'avait pas besoin de sa sollicitude, quand un nouveau spasme s'empara d'elle. Un léger filet de sang coulait le long de ses lèvres. Elle porta la main à sa poitrine agitée par des palpitations incontrôlables. Cette fois-ci, aucun Serpentard ne rit ou ne fit de commentaire.


- Misty, ordonna Seren d'une voix sourde. Va chercher Rogue ou un autre prof'.

La jeune Serpentarde , accompagnée d'un camarade, s'exécuta sans rechigner. Sans plus de cérémonie, Wilde aida Hazel à se relever ; cette dernière, trop faible, ne tenta même pas de le repousser. Il la jucha avec adresse sur son dos.

- Si tu lui fais le moindre mal ... commença Sofia d'un ton menaçant.

Le Serpentard se contenta de les fusiller d'un regard méprisant.

- Laisse-moi faire Mirwani, si vous ne voulez pas que Rusard vous oblige à récurer le vomi d'Evans à la petite cuillère.


Sofia ramassa la baguette de son amie et les Serpentard s'écartèrent pour laisser passer Seren, chargé de son fardeau. Charlie et Jonathan l'encadraient, bien décidés à le garder à l'œil. Hazel sentit les mains du Serpentard recouvrir les siennes. Elle fut surprise de les trouver chaudes et réconfortantes, alors qu'elle se les imaginait froides et humides, comme les écailles d'un serpent. Elle appuya sa tête contre l'épaule de Wilde et sombra dans l'inconscience.


♠♠♠


Elle se réveilla à l'infirmerie quasiment vide et entourée de ses amis. Dans le lit face à elle, Nymphadora Tonks se reposait. Elle avait la jambe droite entourée de bandages et somnolait, sans doute sous l'effet d'une potion donnée par Mrs. Pomfresh. La petite sorcière replète vint vers elle et examina ses pupilles.

- C'est mieux, beaucoup mieux ... Je vais simplement vous garder ici pour cette nuit.

Elle se retourna vers le trio.

- Vous avez le droit de rester pendant dix minutes, le temps que j'examine Miss Tonks. Parlez doucement à votre amie.


La petite sorcière retourna au chevet de la Poufsouffle, laissant le quatuor en paix. Hazel se dressa sur ses coudes. Sofia et Charlie prirent place chacun sur un bord du lit, Jonathan s'installa sur la chaise. Charlie parla le premier, racontant à Hazel que Seren Wilde l'avait transportée jusqu'ici et qu'il s'était ensuite éclipsé. Pomfresh était dans tous ses états, ne comprenant pas la réaction de Hazel, puis McGonagall et Rogue étaient arrivés et le professeur de potions était intervenu en faisant boire à leur amie, le contenu d'une petite fiole.

- Selon Rogue, acheva Sofia, tu as fait une crise de panique.

- L'Epouvantard a sans doute réveillé une peur secrète, intervint Jonathan.

- Tout de même, Sirius Black, chuchota Sofia, ce n'est pas rien ...

- Je ne suis pas certain que ce soit Sirius Black, grommela Charlie.

Il se pencha et s'assurant que Pomfresh ne les entendait pas, reprit sur le ton de la confidence :

- Ça ressemblait à Sirius Black, mais ce n'était pas Sirius Black. On aurait dit un type aussi sanguinaire que lui !

- Tu en es sûr ? s'enquit Hazel. Je sais qui est Black, mais je ne l'ai jamais rencontré ... Bill m'a dit qu'il avait commis des actes abominables ...

- C'est un sale type ! Il a trahi son meilleur ami et a massacré des Moldus. C'était un fidèle de Tu-Sais-Qui. Il pourrit depuis à Azkaban, mais je suis sûr que ce n'est pas ce Black-là. J'ai déjà vu sa tronche dans notre album de famille. Remarque, tous les Black se ressemblent un peu ...

- Ils sont nombreux ?

Sofia toussota et fit un discret petit signe de tête vers le lit voisin.

- La tante de Tonks, une vraie dingue, en est une également ... une vraie famille de sangs purs, baignant dans la magie noire depuis des lustres, sauf la mère de Tonks... et la tienne, s'empressa-t-elle d'ajouter.

- C'est ce que je disais, reprit Charlie, la forme prise par ton Epouvantard pourrait aussi bien être Sirius, que Bellatrix avec une perruque ou un tout autre Black !

- Si je trouve son identité, peut-être que je découvrirais pourquoi, cette personne me hante, chuchota Hazel.

- Exactement ! s'écria Charlie, tu peux même compter sur nous pour t'aider à résoudre ce mystère !

- En attendant de mener l'enquête, fit une Sofia bien plus raisonnable, tu as intérêt à te reposer.


À cet instant, un craquement se fit entendre. Le quatuor se retourna vers le lit occupé par Nymphadora Tonks. D'un sort bien exécuté, Mrs. Pomfresh venait de lui reconsolider l'os du bras. Hazel écarquilla les yeux de stupeur, plus qu'étonnée par ce prodige ! Ce qui valut un regard amusé de Charlie.

- La magie permet de réparer beaucoup de choses. Ma grand-mère a même réussi à se faire rétrécir les dents ! Mais j'y pense, Jonathan, pourquoi tu ne demandes pas à Pomfresh de regarder ta jambe ?

Le jeune sorcier jeta un triste regard à sa béquille avant de redresser la tête.

- Elle ne peut rien faire pour moi Charlie, c'est génétique.

- Génétique ? répéta Charlie avec perplexité, ça veut dire quoi ?


Jonathan leur expliqua alors que peu de temps avant de recevoir la visite de McGonagall, il avait appris, suite à une longue errance médicale, qu'il souffrait d'une maladie aux effets irréversibles et qui le conduirait, à terme, à la paralysie. Ce verdict l'avait désespéré, lui qui aimait tant le sport. Quelques jours plus tard, la directrice de Gryffondor était apparue sur le seuil de la porte des Harker pour leur apprendre l'existence du monde de la magie.


- J'ai enfin compris pourquoi il se passait des trucs bizarres autour de moi. J'ai demandé à McGonagall si la magie pouvait me guérir, mais elle a répondu que la magie ne guérissait pas tous les maux. J'étais en colère et je lui ai répondu que ça ne servait donc à rien que j'aille à Poudlard. J'ai finalement renoncé à Eton pour venir ici ...

- Eton ? demanda Sofia.

- C'est une école de Moldus prestigieuse. Mes parents ne roulent pas sur l'or, mais je comptais décrocher une bourse à mes treize ans pour y entrer. Tant pis, je me contenterai d'être le meilleur des sorciers !

Il tapota sa jambe de sa béquille.

- Qui sait, je deviendrais peut-être un grand médecin sorcier.

- Un médecin !? C'est des charlatans ! Non, mon pote, tu seras un sacré bon guérisseur, déclara Charlie d'une voix forte en lui donnant une accolade amicale.

Mrs. Pomfresh se retourna vers eux, le teint rouge de colère.

- Veuillez vous taire ! Vous n'êtes pas aux Trois Balais ici, mais dans une infirmerie !


Le quatuor s'excusa en pouffant de rire et baissa d'un ton. Ils échangèrent à nouveau sur des banalités, avant que Mrs.Pomfresh ne vienne sonner la fin de leur entretien. Elle invita les trois Gryffondor à laisser leur amie et à revenir le lendemain. Hazel les remercia à nouveau et leur souhaita une bonne nuit avant de s'allonger dans son lit. Mrs.Pomfresh, quant à elle, fouillait dans son armoire à pharmacie.

- Je ne comprends pas ... Plus une seule potion pour un sommeil sans rêves ou de philtre de paix ... J'étais pourtant sûre d'avoir rempli ma réserve ...

Elle se tourna vers Hazel et tenta de la rassurer par un sourire.

- Essayez de vous reposer un peu, Ms. Evans. Je vais demander au professeur Rogue s'il ne lui reste pas une ou deux potions dans ses tiroirs.


Mrs. Pomfresh s'éclipsa sur la pointe des pieds, laissant ses deux convalescentes tranquilles. Bercée par les ronflements de Tonks, Hazel se recroquevilla sur elle-même et ferma les yeux. Quelques instants plus tard, elle s'éveilla et distingua des silhouettes bien connues dans la salle à présent plongée dans la pénombre. Elle retint son souffle et surprit la suite d'une conversation qui semblait bien animée.

- Voilà qui ne fait que confirmer mes doutes sur vos capacités, Hydra , déclara Rogue.

- Je me suis déjà excusée ! chuchota une Jekyll d'une voix entrecoupée de sanglots.

- Hydra, Severus, soupira McGonagall, évitons toute dispute. Hydra, je dois avouer que je suis d'accord avec Severus, il serait préférable d'éviter tout Epouvantard à Miss Evans.

- Vous ... vous aussi, vous mettez en doute mon enseignement, Minerva ? hoqueta Jekyll en se mouchant avec force. Je reconnais avoir fait une erreur ...

- Non, bien sûr que non ! tempéra la pauvre McGonagall, décontenancée par les larmes de sa ravissante collègue, jamais je ne me permettrai d'émettre la moindre critique à l'encontre de la pédagogie d'un autre professeur !

- Ce que Minerva essaye de vous faire comprendre, triple buse, c'est que vous devez éviter de confronter Evans à certains souvenirs.

- Pourquoi donc ? demanda Jekyll d'un ton douceâtre, cette fois-ci, dépourvu de larmes.


Hazel tendit l'oreille ; à l'instar de sa jeune professeure, elle aussi, désirait en savoir davantage sur cette peur enfouie en elle et qui l'avait laissée dans cet état de faiblesse extrême.

- Certains élèves peuvent avoir du mal à canaliser leurs émotions face à ce type de créatures, expliqua alors Pomfresh. Des élèves sont encore traumatisés par la terrible période que nous avons traversée. Évitons de voir surgir des Epouvantards ayant l'apparence de Vous-Savez-Qui ou d'un Mangemort, tous les quatre matins.

- Très bien, fit Jekyll d'un ton teinté d'amusement. Je me contenterai dorénavant de goules, de lutins et d'étudier les caractéristiques des vampires ou des loups-garous. Gardons certains secrets inaudibles et indicibles bien cachés, n'est-ce pas, Severus ?

Son collègue se contenta d'un grognement agacé. Hazel entendit Jekyll adresser ses salutations au petit groupe avant de sortir.


- Minerva, Severus, je vous assure que Miss Evans est entre de bonnes mains. Une bonne nuit de sommeil et tout rentrera dans l'ordre.

- Je vous fais confiance, Pompom ... Severus, que faites-vous !?

Voyant le maître des potions s'approcher de son lit, Hazel ferma les yeux, feignant le sommeil. Elle sentit son regard peser sur elle, comme s'il désirait pénétrer son esprit. Il la contempla longuement, avant de s'écarter. Elle l'entendit poser une petite fiole sur la table de chevet jouxtant le lit.

- Assurez-vous qu'elle en prenne trois gouttes dès son réveil. J'ai ajouté un ingrédient très spécial à ce philtre de paix.

- Merci, Severus. Je lui administrai également une potion de sommeil sans rêves quand elle se réveillera. Je veux lui épargner d'éventuels cauchemars.

Rogue se pencha alors vers la jeune Gryffondor. Il approcha sa main de sa joue, elle sentit une légère odeur de noisette lui chatouiller les narines.

- Je sais que vous ne dormez pas, Miss Evans, mais je vous conseille très fortement de vous reposer. À propos, je pense que cela vous réconfortera...


Il chuchota un sort au creux de son oreille et elle sentit un poids se presser contre son flanc. Elle tendit la main et reconnut la fourrure synthétique et râpeuse de « la Chose ». Elle ouvrit les yeux, entoura sa vieille peluche de ses bras et la pressa contre sa poitrine. Rogue se redressa et sans un mot, sans attendre le moindre remerciement, quitta l'infirmerie en compagnie de McGonagall. Épuisée par sa rencontre avec l'Epouvantard et tous ces mystères, rassurée par la présence de sa peluche et apaisée par la potion que Pomfresh lui fit ingurgiter quelques minutes plus tard, Hazel put enfin plonger dans un sommeil dépouillé de rêves et de cauchemars.


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