Une Clef, Deux Portes, Trois Vies

Chapitre 12 : Lorsqu'en famille on se déteste.

3294 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 28/06/2017 11:13

Il était face à moi, avec sa mallette pour seule compagnie.


« Salut, ça fait combien d'années déjà ? Ma voix était mal assurée mais froide, mes yeux le parcouraient de haut en bas, je le méprisais tellement, mes pupilles se resserrèrent pourtant je restais figée sur place.


- Ça c'est de l’accueil ! J'ai l'impression de t'avoir enfermé dans une cave pendant cent ans ! (Tout chez lui sonnait faux, de sa coiffure commerciale à ses dents bien alignées, c'était l’archétype du milliardaire qui avait bien vieillit avec ses trente femmes.)


- Deux ans qu'on se débrouille tout seul, tu crois que c'est normal de devoir commencer à tout faire soit même à notre age ? Et il n'a pas fallu compter sur toi pour nous apprendre quoi que ce soit, non !


Voilà qu'il levait les yeux au ciel et qu'il croisait les bras.Toujours rester calme devant les idiots, toujours.


- Ha tout de suite, je vous est laissé de l'argent, c'est pas dramatique, je m'occupais même de la paperasse par courrier. (Il souffla comme lacé par cette conversation, je serrais les dents, rester calme mon cul !)


- A quatorze ans, connard. (J'étais énervée mais je ne criais pas, je parlais fort.)


- Et regarde où vous en êtes ! Depuis vos dix ans vous êtes capable de vous débrouiller ! 


- Mais tu n'avais pas le droit ! (Je sentais des larmes de colères brutes me monter aux yeux mais elle ne coulerons pas.)


- On s'en fout, calme toi. Monsieur, rentrez et Sakura, viens. (Mikuo se tenait juste derrière moi mais il était or de question que je me retourne.)


- Ha bah oui bah bien ! Tu vas le laisser s'en sortir comme ça toi aussi ? 


Je serrai les poings, mes longs ongles rentrèrent dans ma peau jusqu'à la base, ça faisait horriblement mal mais m'aidait à contenir ma fureur et mes larmes. Je fixai le sol, c'était clairement injuste. Je relevai la tête, Mikuo était maintenant à coté de moi penchant sa tête sur le coté pour regarder mon visage et mes expressions, sa main s'approcha de mon épaule mais je me décalai juste à temps pour ne pas qu'elle me touche. Il se renfrogna.


- Nous en avions déjà parlé. Je pensais que c'était clair, nous n'aurions rien gagner à ce qu'il reste, il ne faisait rien pour nous déjà de base.


- C'est pas l'important ! Vous avez décidé d’être tous con aujourd'hui ?! Kaoru, dis quelque chose !


Je me tournai du coté de la cuisine mais il ne sortit pas.


- Sakura, je comprends que tu sois énervée mais c'est pas le moment de parler de ça, il va partir dans, aller on va dire deux-trois jours, j'étais plus perturbé par le fait que les profs persistent à vouloir le rendez-vous même après ce qui s'est passé. (Mon traître de frère détournait la conversation mais il haïssait notre père autant que moi contrairement à Mikuo qui, lui, ne le considérait que comme une connaissance, un invité, ou un larbin de sa société. Point de vu que nous partagions. J’inspirai fortement et mes larmes disparurent.)


- Ce qui s'est passé ? Mon père haussa les sourcils visiblement surpris.


- Je me suis faites tapée par le prof de philosophie. Tellement que je suis tombée dans les pommes et me suis réveillée à l’hôpital. Répondis-je, il ne fallait surtout pas que Kaoru fasse de gaffes.


- Eh bien, voilà qui est surprenant, il est toujours en vie ?


Il sourit comme si il venait de faire une blague, lol, c'était trop drôle. L'ambiance devint lourde d'un seul coup comme si nous étions coupable de quelque chose... et c’était le cas ! Je m’apprêtais à répondre mais Kaoru me devança.


- Je l'ai beaucoup frappé. Mais il est vivant. Répondit Kaoru, seigneur j'aimais son cerveau troué mais avec des parties encore intactes.


- Pour le procès... Commença mon père


- On verra ça quand il sera sorti de l’hôpital. Le coupais-je, il parlait de ça comme si c'était une liste de course, en même temps il devait en avoir beaucoup, des procès aux cul. Il acquiesça, regarda autour de lui et s'étira.


- Je vais monter mes affaires, où est la chambre d'ami ? Il prit machinalement sa mallette dont la taille indiquait qu'il ne resterait pas longtemps.


- Elle est au sous sol. (Pour toi en tout cas.)


- Au rez-de-chaussez, je vais te montrer. Sakura, monte dans ta chambre. » M'ordonna Mikuo, dans sa tête ça devait être la panique, de l'extérieur je ressemblais à un fauve qui attendait une faiblesse pour attaquer, ce qui était vrai.


Je ne répondis même pas, il n'avait pas à me le dire deux fois, après les moments de merde que nous avions passé c'était impossible de s'en remettre aussi vite et en plus l'autre incapable qui débarquait ! J'allais me calmer dans ma chambre, la tête la première à ça oui ! Mes pieds sur le bois étaient lourds mais rapides, la porte claqua furieusement derrière moi, je m'écroulai sur le lit et décidai de faire une sieste. Les draps étaient froids quand je me coulais dedans. Je fermais les yeux et somnolais, c'était l'usure qui aurait raison de moi. Ou moi qui aurait raison de l'usure.


He bah enfin, pas trop tôt, je n'ai pas beaucoup de temps alors on va faire vite, il va bientôt falloir préparer... et ton frère qui débarque ! Tu veux pas dormir plus de trois heures ? Je suis super occupé en ce moment... en plus l'autre jour...


On secoua doucement mon bras, j'imaginai alors que c'était Mikuo, j'ouvrai les yeux sans trop de difficulté étant donné mon comatage et le machin qui me parlait. C'était déjà la quatre ou cinquième fois, je commençais à prendre le pli, mais il changeait, deux fois il était moins sympathique, plus sérieux et sa voix était différente, donc il y en avait deux, que me veulent-ils ? Préparation, temps compté... C'était flippant au début je pensais que c'était une hallucination due à la fatigue ou d'autres choses. Je me hissais sur les coudes pour voir Mikuo assit au bord de mon lit, attendant tranquillement que je réveille entièrement.


« Coucou.


Je me frottai les yeux, la sieste m'avait plus fatiguée que je ne l'étais à la base. Le visage de mon frère disposait de son air naturel mais ses traits étaient plus tirés et cernés qu'avant. Un mélange d'inquiétude et d'anxiété flottaient à l'intérieur de ses yeux reptiliens.


- Alors on abandonne déjà ? La fatigue est la plus forte de tes ennemies faut croire. Il se força à sourire, ceci dévoila ses blanches canines pointues, il s'avança, me frotta les cheveux comme si j'étais une enfant.


- J'entends des gens qui me parle dans mon sommeil. Ses yeux s'élargirent, il sembla me prêter une plus grande attention, ce n'était pas le moment pour de telles révélations mais je ne voyais pas comment le dire autrement.


- C'est très étonnant venant d'une fille avec des pouvoirs magiques.


Ça faisait très magical Dorémie.


- C'est tout ? Tu n’appelles pas l'église pour un exorciste ?


- Mah ! Pépéronie ! J'ai déjà essayé et ils ont appelé, mais pour moi. Dit-il en prenant son accent racisto-Italien à refaire.


- Alors, pourquoi t'es con ? Je tapai sur mes jambes à travers la couverture pour signifier que j'étais très bien réveillée.


- C'est délicat comme question, je veux juste qu'on parle, et te dire que si tu ne n'arrives pas à le supporter, ne te prends pas la tête, monte dans ta chambre avant d'exploser, littéralement.


N'importe qui remarquerait une personne qui prend autant des pincettes.


- Pourquoi tu me mets en tord devant lui ? Je peux lui reprocher son absence, il le sait, je suis toujours en colère, mais toi tu ne dis rien, tu ne fais rien. Il prit une inspiration en se massant les jambes.


- Je te l'ai dit à maintes reprises, tu ne peux pas confronter un homme comme lui, il ne se rend même pas compte que ce qu'il a fait est quelque chose de mal, il nous a élevé du mieux qu'il a pu.


Il prononçait ces quelques phrases avec lassitude, comme un sujet vu et revu, haussant les épaules à maints intervalles. Je disposais actuellement d'une famille de gens blasés.


- Mais tu te rends compte de ce que tu dis ! Mon cri déforma ma voix sous l'effet du supplice de mes cordes vocales et de l'émotion qui me submergeait. Me rendant compte de mon état je supprimai ces sentiments qui altéraient mon jugement.


- Personne n'a le pouvoir de le confronter. Tu te débats pour rien. Qu'attends-tu de lui ? (Il avait tellement raison et j’étais tellement frustrée.)


- Qu'il ressente l'abandon que nous avons senti pendant deux ans ! Mais c'est bon j'ai compris ce n'est pas aujourd'hui qu'il aura des remords mais j'arrive pas à oublier, il doit regretter. »


A contre cœur je lui donnais un semblant de raison. Mikuo me donna quelques mots d'encouragement, de modérations et me dit que le poulet fermier avait finit de cuir. Au moment où il quitta la chambre je pensais au nombre de fois où j'aurais craqué, j'aurais craqué si je n'avais pas eu de frères et j'aurais craquée si je ne les avais pas écouté. Après quelques secondes de réflexions je me levai, pour affronter les jours qui viendraient, je ne savais pas ce que voulaient ces voix dans ma tête mais je m'en foutais, ce qui se passait ailleurs était le dernier de mes soucis. Je descendis.


De tout le repas père ne dit rien, je ne voyais pas ce qu'il pourrait japper de toutes façons. Qu'il constate donc la vie qu'il s'était refusé d'avoir pour son travail. Il n'avait pas sa place et ne l'aurait plus jamais. Nous finîmes et nous levâmes de table je pris les assiettes pour les mettre au lave vaisselle, Kaoru débarrassa le reste et Mikuo passa l'éponge, père lui, se connecta avec sa tablette pour une réunion. Mikuo me fit signe d’arrêter de fliquer mon père à chaque mouvement et m'informa que nous allions sortir en ville sans l'autre charogne. Lorsque nous passâmes la porte je me sentis revivre, le vent frai passa dans mes cheveux, ne semblant jamais avoir été si apaisant. Je ne pouvais m’empêcher de remarquer à quel point l'air était lourd dans la maison et que ce changement de lieu était le bien venu. Nous décidâmes de marcher jusqu'au centre et d'aller à un bar, Mikuo avait invité Tyki et Allen. C'étaient des gens calmes qui n'allaient pas mettre le feu au poudre, exactement ce dont on avait besoin en ce moment. Dix minutes de marche plus tard nous nous retrouvions devant le bar, je partis chercher les garçons mais lorsque je demandais à un serveur, il m’annonça qu'ils n'étaient pas encore arrivés et nous installa sur la terrasse à l'ombre. Il ne fallut pas longtemps à Allen pour nous rejoindre. Ses cheveux blancs commençaient à être trop long, autant cette coupe allait bien à Dante, autant sur Allen ça faisait ''petit enfant qui fuyait le coiffeur''. Ses yeux étaient bleus mais d'une couleur moins arctique que ceux de Dante et Vergil. La génétique était un marché noir curieux dont tu pouvais tout demander mais sans rien choisir. Allen prit la chaise la plus proche et la ramena à notre table pour y prendre place.


« Vous avez commandé ? Il était tout sourire, visiblement content de nous voir. Ça m'avait manqué.


- Non on vous attendait. Adossé nonchalamment sur le dossier de la chaise, on s'attendait presque à ce que Kaoru pose les pieds sur la table.


- Mince, j'ai fait aussi vite que j'ai pu, Tyki n'est pas là ? Il balaya d'un regard les alentours.


- On a tout notre temps tu n'avais pas à te presser. Une parole relativement surprenante venant de mon frère morfal.


- Tyki n'arrivera jamais avant toi, c'est presque un éternel retardataire. Un bon vivant qui prend son temps (Ou un flemmard redoublé d'un glandeur). Dis-je poliment.


- Enfin pas trop non plus, tu insinues quoi ? Je vie très bien. Tu vas voir quand il va arriver et avoir pour seule excuse ''Les nobles ne sont jamais en retard, ce sont les autres qui sont en avance.'' Tout ça parce qu'il a voulu resté en caleçon aujourd'hui. Vous n'étiez pas en cours ce matin ? On pouvait reconnaître qu'il le connaissait bien assez. Voir un peu trop.


- Non ma convalescence date d'hier c'est un peu tôt pour reprendre l'école aujourd'hui, demain je viens par contre.


- Demain y a pas cours. Me reprit moqueusement Allen.


- Putain, j'allais venir pour rien. Je pris alors conscience de l'horreur de se lever tôt le matin pour aller dans un établissement de torture, volontairement.


- Ne te force pas trop quand même. Ça a du te faire un choc, si tu avais été dans l’hôpital où il y a eu un attentat, tu serais morte. (Il sembla vraiment inquiet, si il savait...)


- Non, si on regarde mon heure de sortie de l’hôpital et de celle de l’attentat, je suis sortie une heure avant à peu près. 


- C'est flippant quand même, ça s'est joué à peu de choses. 


- Je n'aime pas trop ce sujet. Comment a été l’ambiance au bahut après que je sois partie ?


- Hello, vous êtes déjà là ? Pour une fois je pensais arriver dans les premiers. Vous avez commandé ? Tyki m'embrassa sur la joue et salua mes frères avant de se poser à coté d'Allen.


- Non, mais de toutes façons tu es en retard alors tu ne risquais pas d’être premier. Lui assèna ce dernier.


- Une star n'arrive jamais en retard ce sont les autres qui sont en avance. De plus je me dois de faire une entrée remarquable ! Je ne m'attendais pas du tout à cette réplique dis donc.


- Il n'y avait pas d'entré et ce n'était pas remarquable. » Sourit Allen de toutes ses dents.


Tyki rit ironiquement à son tour, son visage blasé habituel et ses yeux noirs constamment malicieux regardaient Allen, sa main s'approcha doucement du visage de ce dernier et lui tira l'oreille. Un cris de fillette se fit entendre, visiblement, il ne s'y attendait pas. Allen essaya de se lever mais il fut coupé dans son élan, les doigts du brun restant fermement accrochés à son lobe. Ils attiraient l'attention des clients, mais qu'importe, pour moi, ils changeaient l'air et la rendaient plus agréable. Après des centaines de supplications Allen fut libéré et lorsque tout sembla redevenir calme, une serveuse que je n'avais jamais vu avant se présenta et nous commandâmes, des boissons sans alcool bien sûr. Nos amis ayant compris que notre père était un sujet tabou, parlèrent d'autre chose. Malgré le léger froid, quelques glaçons avaient été glissé dans nos commandes. Comme je le sentais venir, Allen glissa les petits amis froids de son orangina sous le col de Tyki, je n'aurais jamais osé faire un truc pareille ! Nous passâmes l'après midi à flâner en ville regardant les magasins, les vitrines, et allant au cinéma voir le nouveau Marvel. Je conclue la journée avec beaucoup de chute sur pavé, un peu de nouvelles robes et entièrement fun. Même si je dus traîner Kaoru pour lui acheter de nouveaux manteaux et deux pyjamas, avec pour but qu'il arrête de se balader nu comme un vers devant la voisine. Cette phrase était bizarre, je le conçois, mais c'était déjà arrivé. Au final, à dix-neuf heure, nous nous séparâmes pour rentrer. Et là, la terrible réalité émergeait de mes pires appréhensions, j'avais passé la moitié de la journée à oublier le malheur de voir et revoir un inconnu, acteur de mes pires jours. Mon cœur se serra, je stressais et traînais les pieds sur le chemin du retour pour retarder l'échéance. La lumière indiquait qu'il était bien dans notre maison. Lorsque Kaoru poussa la porte, le son de la télévision se fit entendre, il était allongé là où était notre place il y a moins de douze heures de cela, mais quelle importance ? Comme anesthésiés, nous n'avions plus peur de le perdre, ça avait beau être sa faute il s'y complaisait. Il nous parla vaguement de lundi, qu'il avait rendez-vous à dix-huit heure avec nos prof d'anglais et d'histoire et que ça le soûlait. On lui faisait perdre son temps et il râlait beaucoup trop en les imaginant se plaindre et insister pour que je continue dans des études supérieurs. Je ne prêtai guère attention à ce qu'il dit ensuite, ramassant mes affaires, livres, ordinateur, DS, chargeurs. Kaoru se dirigeait vers la cuisine pour prendre des gâteaux apéros qui nous serviraient de dîner, Mikuo donna à notre père, le numéro d'un chinois qui livrait à domicile. Nous montâmes dans la chambre du bleu qui était, il faut dire, cent fois plus rangé que la mienne, sur l'ordinateur je lançais un film dont le téléchargement venait tout juste de se terminer. Allongés sur le lit, Kaoru et moi étions absorbés par le thriller remplit de suspenses et de tensions, une seule lumière allumée, permettait à Mikuo de terminer mon livre. Je commençait à être fatiguée lorsque le film se termina, il était à peine vingt-deux heure. Je me levai et annonçai que j'allais me coucher. Kaoru décida de rester dans la chambre de Mikuo car ils n'étaient pas encore crevés.


Je m'enroulai dans mes couvertures, la fenêtre était restée ouverte ce matin donc la chaleur avait disparu. Je récupérai ma peluche cheval que je blottis dans mes bras, elle était douce, blanche, portait mon odeur et me rappelait mon enfance. Après de faibles moment de lutte contre Morphée, je m'endormis, sans oublier que les voix dans ma tête allaient revenir. Des sentiments contraires s'éveillaient en moi, j'étais à la fois effrayée et pressée de savoir ce qu'elles me voulaient.








23h59 ….................... 0 h











Jours ______________ -09


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