Le Temps de la Nuit

Chapitre 5 : Les monstres sont nôtres

4960 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 08:35

Hey ! Me revoilà pour un chapitre 5 :) Je voudrais remercier PinkOfDream pour ton commentaire qui m'a fait vraiment plaisir ! ça fait du bien de recevoir un retour (un retour très agréable, en plus de ça) :3

Je vous souhaite une bonne lecture !

 

Jérôme se réveilla difficilement, le cerveau embrumé et les sens incertains. La tête dodelinante, il se demandait pourquoi il était debout, alors que ses derniers souvenirs le renvoyaient assis à la table dans la salle commune d'Arkham. Puis le fou, son étonnement, la fumée sortie de ses entrailles et la façon qu'ils ont tous eu de s'étouffer et de s'écrouler sur les tables ou sur le sol. Il tenta de ramener sa main à son visage, mais ne pu la soulever. Il était sanglé contre il ne savait trop quoi qui l'empêchait de se mouvoir. Les autres étaient là aussi, dans le même état de confusion.

- Où est-ce qu'on nous a emmenés ? Demanda Greenwood dubitatif.

- En tout cas, on est plus à Arkham, répondit Jérôme. Y a déjà un gros mieux... ajouta-t-il, glacial.

Un homme entra au même moment, accompagné de Tabitha.

- Bienvenue, tout le monde, dit-il avec un léger sourire en coin. Je m'appelle Théo Galavan, et voici ma sœur, Tabitha.

Greenwood, Aaron et Arnold s'exclamèrent en voyant la sœur de Théo habillée tout en latex noir. Jérôme se contenta de l'observer férocement, comme un prédateur jugerait sa proie.

Théo tenta de calmer le monde :

- Du calme, je comprends que vous soyez, disons, un peu étonnés, effrayés, voire un peu sonnés, mais rassurez vous, car aujourd'hui n'est que le premier jour du brillant avenir qui s'ouvre à vous tous, si vous le voulez.

- T'es qui toi ? Demanda Barbara en adoptant un air indifférent.

- La grande question, c'est... qui est-ce que vous êtes vous ? Répondit Galavan.

Les regards posés sur lui se sentirent tout à coup plus intéressés.

- Le monde ne voit en vous que des criminels dérangés, moi je vois beaucoup de talent.

Jérôme sourit immédiatement en entendant le mot « talent ».

- Je vois le charisme, reprit Galavan. Et la puissance. Oui, je vois la puissance.

- Ouaiiis, je suis d'accord avec toi mon pote, intervint Jérôme sans se sentir gêné une seconde, c'est incroyable, c'est exactement moi que t'as décrit, le reste de cette bande de clowns j'en sais trop rien, mais en tout cas ça me parle ce que tu dis.

Les regards se tournèrent vers lui, ne semblant pas être d'accord avec les dires du jeune homme.

- Jérôme, silence ! Coupa Sionis. Nous vous écoutons, dit-il à l'intention de Galavan.

Ce dernier le remercia du regard.

- Imaginez, un groupe de criminels extraordinaires, des gens dans votre genre, qui auraient été choisi pour leurs aptitudes uniques, et qui travailleraient ensemble, en équipe. Imaginez la synergie, imaginez l'impact. Gotham toute entière tremblerait devant vous...

- Ouaiiiis, tout ça, ça à l'air fabuleux, coupa Barbara dont le sarcasme n'était pas caché, sauf que je suis pas une criminelle extraordinaire, moi j'ai juste... elle parut réfléchir quelques instants. Quelques soucis, finit-elle.

- Tu as la férocité, répondit immédiatement Galavan, la beauté, et le désir, c'est tout ce qui compte. Rejoins-moi, Barbara, dit-il en lui soulevant le menton du bout du doigt, et tout ce dont tu rêves en ce monde sera à toi.

- Théo ! Interpella Sionis en le voyant se rapprocher trop près de Barbara à son goût. C'est bien votre nom, hein ? Théo, je crois que vous vous emballez un peu, là. Pour commencer, ne posez pas vos sales pattes sur elle, ensuite cette espèce d'équipe de choc dont vous parlez, je ne suis pas intéressé. Je ne suis aux ordres de personne. Je vous souhaite quand même bonne chance, c'est très intéressant comme idée.

- J'avoue que je suis extrêmement déçu, dit Galavan en regardant le millionnaire.

- Oh, dit-il en s'humectant les lèvres, je comprends oui. Vous voulez une récompense, pour nous avoir fait évader d'Arkham, je suis un homme généreux. Je vous offre un million de dollars, c'est bien non ? Je peux vous les transférer dès aujourd'hui, dès que je serais relâché.

Galavan le regardait, en se demandant s'il ne l'avait pas confondu avec un enfant qui méritait une sucette pour avoir rangé sa chambre. Il fronça très légèrement les sourcils, restant calme et courtois.

- Ça n'a rien à voir avec l'argent, dit-il lentement, dire que je nourrissais de si grands espoirs pour vous. Je n'avais pas du tout anticipé ce genre de jalousie, ça empoisonne beaucoup de relations.

Un homme armé et Tabitha s'avancèrent au même moment.

- Vous devez nous quitter, dit Galavan. Tabitha va s'occuper de vous.

Il fut détaché, il se redressa, digne et s'avança vers Barbara.

- Mademoiselle Kean vient avec moi.

- Oh, je doute qu'elle ait envie de vous suivre, là où vous allez.

Tabitha souleva son lasso dans les airs et enroula la gorge de Sionis avec pour le tirer violemment sur le sol, sous les yeux des autres évadés. Elle se pencha au dessus de lui et le poignarda une seule fois, ce qui suffit à lui retirer son dernier souffle. Le sang gicla sur Greenwood et Aaron qui se trouvaient juste devant. Greenwood adopta un rictus suffisant, laissant découvrir ses dents salies par le sang immaculé.

- Quelqu'un d'autre veut s'en aller ? Demanda Galavan, une pointe d'ironie dans la voix.

Chacun comprenait désormais qu'il n'avait pas d'autre choix que de rester.

- Je crois que... nous sommes tous d'accord, répondit Jérôme.

Greenwood et Arnold confirmèrent en remuant la tête. Barbara eut un sourire en coin.

- Parfait ! S'exclama Galavan en élevant ses mains, satisfait.

Les hommes armés se déplacèrent et détachèrent les garçons, Tabitha défit les liens de Barbara.

- Très bien, alors nous avons pensé à un intitulé parlant et percutant pour votre petit groupe de criminels. Que pensez-vous des « Maniax » ?

Ils se regardèrent et chacun acquiesça.

- Les garçons, dit-il à l'intention de Jérôme, Greenwood, Aaron et Arnold, je veux que vous sortiez en ville et que vous fassiez ce qu'il faut pour que Gotham sache qui vous êtes. Semez une première vague de terreur sur cette ville, afin qu'elle retienne votre nom à tous et qu'elle ne l'oublie surtout pas. Vous avez carte blanche.

Jérôme regarda Galavan alors qu'un sourire sournois étirait ses lèvres.

- Je crois que j'ai une bonne idée, dit-il.

En le voyant ainsi, Galavan ne pu que sourire à son tour.

- Et moi, je fais quoi ? Demanda Barbara.

Galavan s'approcha d'elle, et prit son menton tendrement.

- J'aurais besoin de toi plus tard, mais ne t'inquiète pas, bientôt tu feras des merveilles. Pour l'instant, Tabitha va prendre soin de toi.

Barbara se tourna vers elle, et Tabitha lui fit un clin d’œil discret.

***

Cat rejoignait Annie dans le vieil immeuble qu'elle avait investit. La féline avait réussit à immiscer Annie de plus ou moins loin, dans ses combines avec le Pingouin. Il n'y avait pas grand chose à faire pour l'instant. Oswald Coppelbot était ambitieux, mais il savait faire les choses dans l'ordre. Jusque là tout lui avait à peu près réussi.

- Six cinglés se sont échappés d'Arkham, lança-t-elle à Annie en arrivant.

- Je me demande si ce ne serait pas plus logique que ce soit les habitants de Gotham qui soient enfermés dans ce genre d'endroit : c'est protégé, y a des gardiens, trois repas gratuits. Et pas de tueurs en série ou je ne sais quoi encore pour venir nous inquiéter, du moment qu'ils restent tous dehors.

Cat secoua la tête.

- Et qu'est-ce que tu ferais de ta liberté ?

Annie se contenta de lever les épaules et ne répondit pas.

- Et ils sont où maintenant, ces cinglés ?

- Aucune trace pour l'instant, répondit Cat. J'en connaissais une : Barbara Kean. Elle était sympa. J'ai squatté chez elle pendant un temps, elle avait une douche chaude. Folle amoureuse de James Gordon. Elle a fini par tuer ses parents, récita la féline, et par perdre définitivement son amant dans la foulée.

- Wouw, super ambiance, ironisa Annie. Et les autres ?

- J'ai pas eu le temps de tout voir, mais violeurs, tueurs, cannibales, même un millionnaire. Un peu de tout, une super salade composée.

- Nous dormirons mieux cette nuit !

- Le Pingouin veut qu'on aille récupérer un truc dans une usine désaffectée.

- Pourquoi toujours des endroits sordides, répugnants, et supers inquiétants ? Se plaignit Annie en grimaçant. On pourrait pas plutôt aller à la piscine ? Ou dans un parc avec pleins de fleurs et des petites abeilles qui viendraient butiner tendrement leur pollen ?

- Et pourquoi pas directement au département de police, tiens ? C'est vrai qu'ils sont a-do-ra-bles là-bas ! Pourquoi n'y avons-nous pas pensé plus tôt ? J'en parlerai à Pingouin, il devrait apprécier l'idée.

- Il fricote bien avec un flic, répliqua-t-elle.

- Un flic. Pas avec le GCPD.

Annie fit rouler ses yeux.

- Et qu'est-ce qu'on doit récupérer ?

- En plus de coopérer avec le GCPD, Le Pingouin a prit le temps de me dire ce qu'il fallait récupérer, répondit Cat sarcastique. C'est pas pour tout de suite de toute façon.

- Il va bientôt faire nuit, et je meurs de faim, dit Annie en se levant, je vais aller faire un tour en ville.

- Je retourne chez Pingouin, ça va sûrement bouger par là-bas, avec ce qu'il se passe en ville.

 

Gotham était lentement dévorée par la nuit et Cat était repartie chez Pingouin. Une barre de céréale à la main, Annie regardait les informations défiler sur la télévision derrière la vitrine du magasin. Les images du « flash spécial » apparurent, et les corps de sept personnes éclatés sur le sol furent montrés à tous les habitants de la ville. Sur leurs vêtements étaient inscrits en rouge une lettre sur chacun d'entre eux : « M, A, N, I, A, X ! » Annie retint une expression de dégoût devant ce spectacle, et un représentant de la police prit la parole, inutilement pour Annie qui n'entendait pas. L'image répugnante resta en haut à droite, avec pour légende « Les Maniax sont en ville ». La police accusait vraisemblablement les six malades échappés d'Arkham. Les visages de Barbara Kean, Jérôme Valeska, Robert Greenwood, Arnold Topkins, Richard Sionis et Aaron Helzinger défilèrent sur l'écran. Annie ne reconnu que celui de Jérôme, qu'elle avait vu quelques temps auparavant. Les autres ne lui disaient rien. Elle avait seulement entendu parler de Sionis depuis sa chambre, puisqu'il tenait une grande entreprise. Les autres visages n'étaient pas plus rassurants.

Barbara était une belle femme, mais quelque chose gênait dans son regard, une ombre semblait traverser ses pupilles. Jérôme était grinçant. Robert était une concentration de tout ce qui pouvait être malsain et abject dans le monde. Arnold ressemblait à un enfant grandit trop vite, les cheveux plaqués sur le crâne, les yeux sortant des orbites, les sourcils trop fins. Le regarder devenait difficile. Richard était un personnage hautain, les pommettes saillantes, les yeux bleus et profonds. Aaron était une masse. Seulement une masse. Annie se demandait bien ce que pouvait dire le journaliste sur ces psychopathes échappés d'un asile normalement protégé. Et surtout, qu'est-ce qu'ils voulaient. Ils avaient monté leur petite bande de potes, terrorisé les gens de toute la ville en moins d'une heure, et ils ne devaient certainement pas passer leurs journées à s'entraîner à la gratte.

Les pires scénarios étaient en train de se dessiner pour Gotham, et tout le monde le sentait bien. L'hostilité de la nuit refroidit la jeune fille qui s'en retournait. Elle passa une main dans ses cheveux. L'enveloppe nocturne n'était pas seule à noircir Gotham ce soir-là, les Maniax avaient eux aussi lâché leurs démons sur la ville.

***

Galavan avait prit le maire entre ses griffes acérées, et avaient réussi à obtenir ce qu'il désirait. Galavan se sentait puissant, superbe, il grignotait la ville petit à petit, doucement, tendrement. Il devenait le maître de Gotham. Il était fier de lui, fier de ses monstres, fier de son génie et de ses plans. En voyant la médiatisation de l'événement qu'avaient improvisé ses nouveaux criminels, Théo Galavan fut enchanté. Ils avaient réussi leur coup avec majestuosité. Les Maniax étaient désormais dans les esprits de tout le monde, dans tous les habitants, dans tous les agents du GCPD. La ville était désormais admirative, l'angoisse l'empêchait de respirer, le suspens la tenait en haleine. Il était temps pour eux de devenir de talentueux acteurs. Tabitha et Barbara étaient devenues proches, et cette dernière était impatiente. Elle était prête à tout pour prendre sa revanche sur l'homme qui lui avait volé sa vie. Et il comptait bien utiliser cet atout. Jérôme quant-à lui était prêt à tout pour être le premier, le meilleur. Et il l'avait prouvé, stupidement, alors qu'il se disputait avec Greenwood pour un sabre. Galavan avait prit son revolver et avait placé une seule balle à l'intérieur. Il l'avait mit au milieu des deux.

- Qui veut la place de chef ? Demanda-t-il pour les encourager.

- Les femmes d'abord, répondit Jérôme en observant Greenwood d'un regard lointain et dénué de toute empathie.

Greenwood s'empara de l'arme et tira une première fois sans que rien ne sorte du canon. Satisfait, il la tendit à Jérôme, qui était cependant déçu que l'arme ne l'aie pas terminé une fois pour toute.

- Hey Greenwood, commença-t-il avec assurance, c'est quoi le secret d'une bonne comédie ?

Il enclencha la gâchette, mais l'arme resta muette.

- Le timing. Et la définition du courage ?

Une seconde fois, le déclic se fit entendre, mais le silence régna. Voyant qu'il déjouait les règles, Greenwood perdit le sourire.

- L'élégance, même sous pression. Et c'est qui le patron ?

Un sourire apparut sur son visage glacial, et il tira une troisième fois sur la gâchette sans que l'arme ne daigne lui cracher la mort.

- C'est moi le patron.

Greenwood ne put que se résoudre à laisser Jérôme prendre les règles des Maniax, autrement, il aurait dut se tirer la balle dans le crâne.

Théo Galavan était satisfait de Jérôme. Ce jeune homme lui promettait un grand avenir. C'était exactement le genre de leader que nécessitait son organisation. Et la prochaine étape qu'il prévoyait pour eux, était la seconde entrée frappante des Maniax. Voler un camion citerne remplit d'essence n'avait pas été difficile. Et le reste devrait être une partie de plaisir pour les monstres sans sensibilité qu'ils étaient. La mise en scène avait été commanditée par Galavan lui même : ses petits protégés portaient des vêtements à sangles, utilisés pour maîtriser les malades mentaux. Ainsi, tout le monde pourrait les reconnaître. Ils allaient attaquer un bus de jeunes pom-poms girls. Jérôme menait la danse, à la perfection. Les jeunes femmes furent toutes attachées, et son enjouement ne perdait rien de son excitation. Il se sentait comme un enfant dans des montagnes russes. Jusqu'au moment où, alors que l'essence poisseux dégoulinait sur tous les corps et se déversait dans le bus, le briquet n'émit aucune flamme qui aurait permis au bus de se transformer en un magnifique brasier. Il n'eut pas le temps d'utiliser celui d'Arnold, que les alarmes de voitures de police retentirent dans leurs dos.

- Ne bougez pas les garçons, ils ne tirerons pas sur le bus, ordonna Jérôme en prenant son arme à deux mains.

Les policiers tirèrent une première fois, mais Gordon les arrêta immédiatement. Il ne fallait surtout pas blesser des civils. Jérome envoya Greenwood et Aaron au camion pour le démarrer. Il les suivit peu après, s'amusant une dernière fois avec le tuyau d'essence. Arnold abandonna ses tentatives pour essayer d'allumer le feu et rejoignit le camion. Jérôme attrapa le briquet qu'il tenait, le jeta en direction du bus, et les flammes apparurent sous les yeux émerveillés d'Arnold. Accroupit derrière la portière de sa voiture pour éviter les balles, Gordon comprit qu'ils abandonnaient leurs positions. Il se relevait immédiatement, et vit le feu se propager rapidement. Il s'élança immédiatement, laissant les malades s'enfuir, et monta dans le bus pour l'éloigner des flammes.

Le camion citerne fonçait, poursuivit par des voitures de polices. Accroché sur le bord du camion, Jérôme riait aux éclats en voyant la police les poursuivre au loin. Le camion était trop voyant, il fallait qu’ils s’en débarrassent rapidement, et qu'ils se fondent dans Gotham. Avec ces vêtements, ce ne serait pas facile, mais rien n'était impossible pour les Maniax. Jérôme ordonna à Greenwood de s'arrêter dans un endroit isolé, pourtant au cœur même de Gotham. Sûrement était-ce le repère de dealers et de drogués. Ils abandonnèrent le camion et s'en éloignèrent le plus rapidement possible. Il se trouvait là une vieille usine désaffectée, qu'ils pourraient traverser sans attirer l'attention.

***

 

- Sérieusement, Cat, le Pingouin, le Pingouin, blah-blah-blah, ça commence à faire, tu trouves pas ?

- Ow, ow, tout doux Ann, à Gotham on monte pas tout seul. Et j'ai besoin du Pingouin. En plus il a une douche chaude à volonté. Alors sincèrement... gravir les échelons, je veux bien, mais pas en me croyant toute puissante. On va voir ce qu'il veut qu'on fasse, on va le faire, gagner du pognon et son estime, ça ira bien.

- On pourrait pas plutôt aller squatter chez ton pote tuné ? Le château, la belle vie, tout ça.

- Bruce ? Devina-t-elle. Tu sais, si j'ai accepté de t'aider, c'est pas pour que tu me proposes des idées stupides. Je suis pas du genre à demander de l'aide à un riche dans son genre. Si t'en a autant marre de la rue, fallait...

- Fallait pas que je quitte mon appartement miteux, je sais, souffla-t-elle.

Annie se sentait bien avec Cat. Elle ne savait pas comment elles avaient fait pour se rapprocher, mais elles s'entendaient bien. Annie était plus vieille que Cat, mais ça ne se voyait pas. Elle pouvait sûrement la considérer comme une amie. Aux premiers abords, elle pouvait être froide et distante. Mais Cat avait de la compassion et c'est cela qui changeait la donne.

- T'as sûrement raison, finit-elle par céder.

- Non, j'ai raison.

Annie effaça un sourire. Elles marchaient en direction du repère du Pingouin, quand elles entendirent des sirènes résonner, assez proches. Cat se tourna immédiatement, et vit un camion rouge, sur lequel se penchait un garçon habillé en blanc qui ne lui disait rien de bon. Elle réagit immédiatement, et attrapa Annie par le bras pour l'emporter avec elle.

- On s'arrache !

Annie ne prit pas le temps d'analyser la situation, et suivit Cat dans sa course. Le camion s'arrêta derrière elles. Annie jeta un coup d’œil furtif, et aperçu les occupants en sortir pour courir à leur tour.

Cat s'élança et attrapa un escalier en hauteur, pour s'y hisser.

- Cat ! Appela Annie, je sais pas faire ça !

Selina mit du temps à avant de comprendre, habituée à sauver sa peau à chaque fois qu'il était nécessaire.

- Cat ! Appela une nouvelle fois Annie, paniquée.

- Saute !

Mais les autres étaient déjà là. Annie recula jusqu'à un mur.

- Casse toi ! On se rejoint chez Pingouin ! Cria-t-elle une dernière fois à Cat, renonçant à une toute autre tentative de fuite.

- Tu vas pas t'en sortir toute seule !

Immobile sur ses jambes pliées, Cat ne s'en alla pas immédiatement. Annie s'éloigna d'elle en courant, s'enfonçant dans l'usine désaffectée. Elle entendit des pas se précipiter derrière elle, accompagnés de rires et comprit qu'ils la suivaient en courant.

- Attrape-la, Arnold !

La peur lui piqua les yeux et la gorge, elle n'y prit pas garde et força sur ses jambes pour accélérer sa course. Mais au même moment, un bras entoura brusquement sa taille. Elle cria à moitié, surprise, et sentit un corps derrière elle, qui la maintenait fermement. Elle se débattit tant qu'elle le pu, ne voulant rien céder.

- Bien joué, Arnold !

Elle mordit le poignet de son agresseur, se décolla de lui, mais percuta un autre corps, plus épais cette fois-ci. Elle se tourna et croisa le sourire affamé de Greenwood. Ils entendirent les voitures de police déraper sur le sol glissant. Jérôme attrapa Annie par sa veste, et cria à l'intention des policiers qui venaient de se poster derrière leurs portières :

- Nous avons un otage !

Il montra sa tête aux policiers qui eurent pour premier réflexe de tirer. Jérôme se baissa immédiatement.

- J'ai dis : nous avons un otage !

Il se cacha avec les autres, tenant toujours Annie fermement.

- Ces gens-là n'ont plus le sens des civilités, dit-il à son intention.

Un sourire monstrueux se dessina sur son visage, et c'est à cet instant qu'Annie le reconnu. Elle afficha une expression de surprise que le jeune homme ne manqua pas de relever. Les Maniax traînèrent Annie plus loin dans l'usine.

- Qu'est-ce qu'on fait ? Demanda Greenwood impatient.

Agacé, Jérôme fit une grimace laissant parler son ennui.

- On s'enfuit, Greenwood, ça ne se voit pas ?

Un excès de colère passa sur le visage du cannibale qui se retint, se pliant aux règles malgré tout. Et les règles, c'est Jérôme qui les menaient, à son grand désarroi. Profitant de l'échange, Annie se défit de l'emprise de Jérôme et sauta sur une barre de fer qui traînait par là. En la voyant, Jérôme eut un sourire moqueur.

- Joue pas à ça avec nous, Beauté.

Postée sur ses jambes, elle ne répondit pas, sentant une sueur froide lui chatouiller lentement la colonne vertébrale.

- Laisse-moi m'occuper d'elle, dit Greenwood, le regard menaçant. Je n'en ferais qu'une bouchée.

- Approche que je te fasse bouffer tes dents, répondit Annie en essayant de contrôler sa respiration pour cacher sa panique.

- Personne ne va bouffer personne, dit avec un faux ton de sagesse Jérôme. Pour l'instant on va la garder, et après, peut-être, on s'en débarrassera.

Il s'approcha d'elle pour lui saisir le bras une nouvelle fois, mais Annie envoya la barre dans le ventre de Jérôme qui se plia sous la douleur. Sa seule réaction fut de rire, puis de se redresser. Annie voulut le frapper à nouveau, mais il arrêta son arme de fortune d'une main forte, et la jeta au sol. Il gifla la jeune femme sans ménagement, la faisant tomber à terre. Il se baissa proche de son oreille :

- Je crois que tu n'aurais jamais du faire ça, Beauté.

Elle tourna ses yeux vers lui, posée sur ses coudes, et se contenta d'effacer le sang qui coulait sur le coin de sa bouche du bout des doigts, comme s'il était empoisonné.

 

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