Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 4 : IV Investigations

3100 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 04:20

CHAPITRE IV : INVESTIGATIONS

 

Pierrick et Jonas rentrèrent au ministère. Dés qu’ils arrivèrent, ils se rendirent dans le bureau de Suzanne Janis. Franck Vinol s’y trouvait déjà. Pierrick et Jonas commencèrent par faire leur rapport sur l’opération. Pierrick insista particulièrement sur la conversation qu’il avait pu écouter entre Névris et Malgéus. Janis réfléchit quelques secondes. La situation avait l’air d’être grave. Elle devait en référer tout de suite à Maldieu mais sachant exactement ce qu’il allait ordonner, elle prit les devant.

« Nous devons découvrir au plus vite quel grimoire est chargé de retrouver Névris. Vinol, cette enquête va être classé prioritaire. Obtenez tout ce que vous pouvez des mangemorts capturés et le plus vite possible. Il faut envoyer une équipe d’investigation à la ferme au cas où ils auraient laissé des indices. Donnez les résultats de vos découvertes en priorité à Chaldo et Marus.

-Compris, acquiesça Franck.

-Je vais m’arranger avec Fabre pour que vous fassiez totalement équipe avec eux. Quand à vous, enquêtez. Allez voir vos indics, fouinez dans les milieux malfamés et les bas-fonds de notre monde. Si Malgéus veut ce grimoire, ça ne me dit rien qui vaille.

-Je m’y met tout de suite, dit Pierrick en se dirigeant vers la porte.

-Reposez-vous tout de même avant. Je veux que vous soyez à 100% de vos capacités. Il est plus que probable qu’il y aura un combat voir plusieurs. »

           Pierrick n’avait pas envi de dormir. Il était tard, mais cela ne changeait rien. Les milieux de la magie noire vivaient surtout la nuit. Jonas rentra chez lui. Parcourir les ruelles sombres et sales pouvait attendre. Il préféra rejoindre sa femme qui devait déjà dormir à point fermé. Franck ne comptait pas rentré ni se reposer. Personne ne l’attendait. Les mangemorts valides avaient été ramenés à la section IRIA. Ils étaient en état de choc et fatigué aussi bien physiquement que moralement. Franck savait que sous ses conditions, les interrogatoires s’en trouvaient facilités.

 

           Franck commença par aller dans son bureau. Il fit un brin de toilette, bu un café pour se maintenir éveillé et mangea un sandwich. Un autre agent lui apporta un dossier. Tout en mâchouillant le pain tartiné de pâté, Franck étudiait méthodiquement le dossier. C’était tous les renseignements que possédait le département des Chasseurs concernant les mangemorts arrêtés. La plupart étaient jeune, pas plus de vingt-cinq ans. Un seul les dépassait, un sorcier âgé de bientôt quarante ans, Hervé Zifon. Franck était satisfait de cette arrestation. Zifon était recherché depuis plus de vingt ans. Il s’était rendu célèbre en commettant son premier meurtre alors qu’il n’avait pas encore quitté les bancs de l’école. A quinze ans, il avait assassiné son professeur de défense contre les forces du mal. Zifon ne fut jamais jugé pour ce meurtre, étant mineur, malgré le fait qu’il ne démontra aucun regret et même qu’il s’en disait fier. Il fut simplement renvoyé de Beauxbâtons. Ses parents n’eurent plus de nouvelles de lui ensuite, mis à part ses exploits sanglants qui défrayaient la chronique. Il avait rejoint les mangemorts. Son dossier comportait une analyse psychiatrique de l’époque. Le médicomage n’avait pas pu « lire » son esprit par la légilimancie et avait donc dû se baser sur des interprétations extérieures :

« Le jeune Hervé Zifon est atteint d’une psychopathologie chronique. Elle se traduit par une soif de violence et de sang hors du commun. Son sens du jugement est si altéré qu’il considère le meurtre des plus faible que lui comme normal et même comme un amusement. Hervé Zifon doit être placé en section psychiatrique de haute sécurité sans possibilité de toucher une baguette de sa vie. »

           Ainsi, Hervé Zifon était un bon occlumens, un sorcier capable de résister à la légilimancie. Franck eut un sourire en y pensant. Il n’avait recours que rarement à la légilimancie. Il pouvait peut-être utiliser le véritaserum mais les recherches sur la potion n’étaient pas terminées et les derniers tests avaient donné des résultats peu probants. Il préférait faire craquer l’esprit par d’autres moyens. Seulement la, le temps manquait. Il fallait faire vite. Demain matin, Zifon devait s’être mis à table. Franck réfléchissait déjà à la tactique qu’il allait devoir utiliser. Il dut arrêter ses réflexions quand quelqu’un frappa à sa porte.

           L’homme qui entra était un sorcier au regard intelligent et aux cheveux blancs. Il arborait un bouc entretenu grisonnant. Il s’appelait Luc Fabre et était le chef de la section IRIA. Son passé n’est pas très connu. Certaines rumeurs disaient qu’il avait été agent à la section S et qu’après un accident impliquant le ministre français de la magie de l’époque il fut muté à la IRIA. Mais la plupart disaient qu’il avait fait toute sa carrière à la IRIA. Il était très intelligent, c’était sûr. Fabre appréciait beaucoup Franck qu’il considérait comme son meilleur homme.

           Fabre jeta un coup d’œil au dossier qu’étudiait Franck. Il s’attarda particulièrement sur le feuillet concernant Hervé Zifon.

« Je me souviens de ce meurtre à Beauxbâtons, dit-il. Bien sûr, à l’époque, ce fut la police magique qui interrogea Zifon. Il n’était pas encore mangemort. Il s’amusait. Lorsque les flics lui demandaient pourquoi il avait fait ça, il se mettait à rire. Demandant : « pourquoi pas ? ». C’est un sacré morceau. Tu comptes t’y attaquer ?

-Je pense que les autres ne savent rien d’important concernant le grimoire que recherche Malgéus. Ils sont trop jeunes. Malgéus ne se servait d’eux que comme petits soldats. Alors que Zifon, ça fait presque vingt-cinq ans qu’il suit Malgéus.

-Oui, c’est ce que je pense aussi. Tu vas y passer la nuit ?

-Il nous faut ces infos. Si Malgéus veut ce grimoire, ce n’est sûrement pas pour le remettre au ministère ensuite.

-Tu sais déjà que tu dois remettre ses infos en priorité à Chaldo et Marus. Maldieu va faire le maximum pour garder Dakus et ses hommes hors de l’affaire. Je te laisse travaillé. Bonne chance.

-Merci. »

 

           Pierrick marchait sans peur des ténèbres dans une ruelle sale. Il connaissait bien ce quartier. C’était un de ces bas quartiers où il ne fallait mieux pas être seul, à moins d’être suicidaire ou de n’avoir rien à perdre. Pierrick était de ceux la, il n’avait plus rien à perdre. Ici, les voyous moldus ou sorciers se croisaient et faisaient même des affaires ensemble. Le ministère, bien qu’au courant de cet état de fait, ne tentait rien pour changer ça. Au lieu de faire son travail, la police magique préférait marcher sur les plates bandes des chasseurs. Pour beaucoup de chasseurs, c’était le seul point positif de la politique anti-mage noire de Riliam. La plupart des informateurs résidant ou vagabondant dans ces quartiers pourris.

           Il n’y avait pas grand monde dans la ruelle. Quelques individus gisaient dans des coins encore plus sombres, entrain de décuver, une bouteille vide à côté d’eux. Certains sirotaient des breuvages aux couleurs diverses. D’autres discutaient à voix basses, s’échangeaient des objets ou de l’argent avec des airs de conspirateurs à l’affût. Pierrick ne leur lança pas un regard. Il s’arrêta devant la porte d’un bâtiment miteux encastré. Aucune lumière ne brillait derrière les fenêtres que l’on devinait calfeutrés. Il frappa à la porte deux fois, attendit quelques secondes et frappa de nouveau trois fois, il attendit de nouveau et frappa un ultime coup contre le bois. Une petite lucarne grillagée s’ouvrit à la hauteur de son visage. L’homme qui le regardait à travers la lucarne avait le crâne rasé et le cou large. Une boucle en forme de pentagramme lui perçait le lobe de l’oreille gauche. Il posa sur Pierrick des yeux, plutôt petits pour sa corpulence, avec un air suspicieux.

« C’est pourquoi ? demanda t-il d’une voix grave.

-Je cherche un ronflack cornu, répondit simplement Pierrick.

-Il n’y en a pas ici.

-Alors un joufflu. »

Le chauve regarda attentivement derrière Pierrick avant de refermer la lucarne. Plusieurs verrous cliquetèrent et la porte tourna sur ses gonds. Comme sa tête le laissait penser, le portier était baraqué. Dans sa ceinture, était accroché toute une collection de couteaux et de lames de formes diverses ainsi que sa baguette. Il sortit sa tête massive dans la ruelle pour en scruter le moindre recoin. Il finit par s’effacer pour laisser entrer Pierrick et refermer la porte derrière lui.

           Le bâtiment abritait un bar au décor sombre. Les clients assis sur des canapés de cuir rouges buvaient diverses boissons en discutant. Certains riaient, visiblement là pour passer une bonne soirée, d’autres avaient plutôt l’air de préparer un quelconque mauvais coup, se tenant à l’écart et lançant régulièrement des œillades autour d’eux. Certains clients avisèrent Pierrick quand il entra, le jaugeant du regard. Quelques uns semblaient le connaître de vu ou plus car ils se mirent à chuchoter sans le quitter des yeux. Pierrick alla s’accouder au bar. Le barman ne lui demanda rien et lui apporta un verre remplit d’un liquide verdâtre. Pierrick but lentement son verre, écoutant la musique lascive sur laquelle dansaient plusieurs jeunes filles habillées légèrement, mises en valeur par une lumière tamisée irréelle.

           Le barman qui s’était absenté une minute revint. Il chuchota quelque chose à Pierrick. Ce dernier finit son verre d’un trait sec et se faufila dans un couloir noir passant à côté du bar. Il poussa une porte et entra dans un bureau où la lumière jurait avec la pénombre du reste du bar. Une femme d’une cinquantaine d’année à la ample chevelure rousse ondulant dans son dos était assise derrière un bureau. Malgré son âge, elle conservait quelque chose d’attirant. Elle étudiait attentivement une pile de papiers ressemblant à des factures. Elle leva deux yeux noisette vers le jeune homme qui refermait la porte. Elle lui adressa un léger sourire de circonstance.

« Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? quémanda t-elle.

-Qu’est-ce que recherche Malgéus ?

-Je ne sais pas. J’ignorais même qu’il cherchait quelque chose. Il n’est pas vraiment un client régulier. Mais il pourrait, il ne serait pas vraiment inquiété ici.

-Sais-tu où il est ?

-Non plus, il ne m’a pas laissé son adresse.

-Et Névris ?

-Il paraît qu’il traîne du côté de Strasbourg. Mais je n’ai pas plus de précision.

-Et sur d’autres activités des mangemorts ?

-Les trafics habituels. A part ça rien. Qu’est-ce qui se passe ?

-Je suis venu pour le savoir justement. Si tu ne sais rien, je vais chercher ailleurs.

-Un jour, tu devrais venir pour autre chose que le travail. Passe une bonne nuit. Inutile de payer ton verre, je te l’offre.

-Merci. Envoi moi un hibou si tu as des infos.

-Je n’y manquerais pas. A la prochaine. »

 

           Franck entra seul dans la salle d’interrogatoire. Hervé Zifon le toisa du regard dés qu’il entra avec des yeux où se mêlaient mépris et amusement. Zifon était assis dans un siège de bois. Des entraves lui retenaient solidement les poignets et les chevilles. Franck s’assit juste en face de lui. Et alors qu’il avait soigneusement évité son regard jusqu’à maintenant, il le fixa soudainement et ne le lâcha plus. Il décida de garder le silence durant tout le temps qu’il faudrait. Et comme il l’avait prévu, Zifon brisa ce silence. Il le sous-estimait. Franck savait qu’il devait se servir de cet excès de confiance.

« Alors comme ça c’est un petit jeunot qu’on m’envoi ? fit Zifon. On se fout de ma gueule !

-Je m’appelle Franck Vinol.

-Je me fous totalement de qui tu es.

-Je sais. C’est juste la procédure légale. J’irai droit au but : qu’est-ce que cherche Malgéus ? »

Zifon le regarda avec étonnement. Il ne cherchait pas à le contourner, il fonçait en plein dedans ! Très bien. C’est comme ça que le mangemort préférait jouer.

« Tu crois vraiment que je sui assez con pour te le dire ? Maître Malgéus me fait confiance, je ne le trahirais pas.

-Je vais devoir vous arracher cette information.

-Et comment comptes-tu t-y prendre ? Par la torture ?

-C’est pas mon genre. Sauf en dernier recours. Vous allez me le dire car vous êtes condamné à recevoir dix-sept fois le baiser du détraqueur. Et que j’ai ici une lettre du ministre lui-même commuant votre peine en prison à perpétuité si vous collaborer. »

Zifon regarda Franck avec un air sérieux. Mais rapidement, un sourire amusé se dessina et un rire guttural résonna dans la pièce.

« Le Sanglier ! Me gracier ! Ha ! Ha ! Ha ! Arrête ! J’ai mal au ventre !

-C’est pourtant vrai. Voyez sa signature. »

Franck désigna l’autographe en bas de page précédé de la mention : « Erwan Riliam, Ministre de la Magie ».

« C’est un faux ! Je ne suis pas bête !

-Je n’ai jamais dit que je vous prenais pour un idiot.

-Il me pardonnerait tous mes meurtres ?

-Non, aucun. Mais vous ne perdrez pas votre âme. Vous ne vous transformerez pas en cadavre vivant. Vous serez juste un prisonnier de haute sécurité comme un autre.

-Je n’y resterais pas longtemps. Mon maître va me délivrer.

-Je ne crois pas que vous soyez si important pour lui.

-Je lui suis fidèle depuis vingt-cinq ans. Aucun autre ne peut lui être plus fidèle.

-Et Kylian Névris ? »

Un rictus déforma le visage de Zifon.

« Ce fantôme ! Il n’est rien. Il se croit important mais le maître se sert de lui jusqu’au moment où il n’en aura plus besoin et s’en débarrassera. Le maître sait que JE suis son plus fidèle serviteur. Je ne te dirai rien et quand il viendra me chercher, il me récompensera et toi, tu mourras.

-Je ne compte pas mourir. Mais si vous refusez de collaborer, vous allez recevoir un châtiment pire que la mort.

-Mon maître va me délivrer.

-Pour l’instant je ne le vois nulle part. Et si je n’ai pas d’information de votre part à midi, vous serez emmenez à Fortran pour y recevoir le baiser du détraqueur.

-Tu crois vraiment pouvoir me faire avouer de cette manière ? Tu es pathétique. Ton offre sent le traquenard à plein nez. Je ne me laisserais pas berné. »

Franck se laissa aller sur sa chaise.

« Vous savez ce que je pense ? dit-il. Je pense que vous ne savez rien. Vous essayez juste de gagner du temps. Vous ne savez pas ce que cherche Malgéus. Vous n’êtes rien d’autre qu’un tas de bidoche pour lui, qu’un pion sacrifiable. Et c’est ce qu’ils a fait, il vous a sacrifié.

-Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! ria Zifon à gorge déployée. Moi ! Ne rien savoir ! Je te l’ai dit ! Je suis son plus fidèle serviteur ! Je suis au courant de tous ses projets !

-Si vous êtes son plus fidèle serviteur, il doit vous confier des tâches importantes ?

-Bien sûr.

-Alors pourquoi est-ce Névris qui est chargé de trouver ce que convoite Malgéus ? »

Zifon cessa brusquement de rire. La remarque l’avait piqué au vif. Oui, ce n’était pas lui que son maître avait désigné pour une mission qu’il estimait si vitale. Il était jaloux de Névris. Ce fantôme dont le passé demeurait un mystère pour tous les mangemorts. Zifon en particulier ne lui faisait pas confiance et même, le haïssait. Il était arrivé du jour au lendemain sans que personne ne sache d’où, et comment il fût si vite devenu le bras droit du maître. S’il n’était pas aussi proche du maître, il l’aurait déjà éliminé depuis longtemps.

           Franck se leva. Il posa le formulaire portant la signature d’Erwan Riliam juste devant Zifon, de sorte qu’il puisse l’étudier à loisir. L’agent de la section IRIA ouvrit la porte.

« Je vais voir si vos amis sont plus bavard que vous, dit-il. Si vous voulez me parler, appelez. »

Zifon resta silencieux, regardant le chasseur sortir.

 

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