Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 8 : VIII Piège

2718 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 03:06

CHAPITRE VIII : PIEGE

 

Suzanne Janis fut convoquée d’urgence dans le bureau de Maldieu. Lorsqu’elle entra, un autre homme était présent également. Sa vue suffit à donner la nausée à la chef de la section S : Yves Dakus, le chef de la police magique.

« Vous m’avez appelée monsieur, dit-elle.

-Il y a une demi-heure environ, l’agent Pierrick Chaldo a tué cinq mangemorts et assommé un sixième qui menaçait sa tante, expliqua Maldieu.

-Et alors ? C’est son travail de combattre les mangemorts.

-Prévenue, la police magique y a envoyé une équipe dirigée par l’officier Chergnieux. »

Un sourcil de Janis se souleva légèrement. Elle n’ignorait rien de la haine que Chergnieux vouait à Chaldo depuis que celui-ci avait été préféré à lui dans la section S. Chergnieux quitta les Chasseurs et devint officier dans la police magique.

« D’après ce qu’ils disent, Chaldo était accompagné d’une moldue, continua le chef des Chasseurs. Chergnieux a voulu l’emmener pour vérifier qu’elle était autorisée à être en contact avec notre monde. Mais Chaldo s’y est violement opposé et s’est enfui avec la moldue. Avez-vous une explication ? »

Elle devait en trouver une. Elle savait que Chaldo ne ferait rien contre la loi si ce n’était pas nécessaire. Dakus parut satisfait du silence de Janis. Ce bouffeur de cadavre, elle voulait le voir se noyer dans sa propre merde ! Elle savait que Maldieu soutiendrait la version qu’elle livrerait quelle qu’elle soit.

« Avez-vous un portrait de cette moldue ? fit-elle. »

Dakus sortit une boule de cristal de sa poche. La boule s’illumina légèrement et le visage de Chun apparut, flottant au dessus.

« Voici une image former à partir des souvenirs de l’officier Chergnieux, dit-il. »

Janis la reconnut immédiatement, c’était la policière moldue qui était présente lors de la mort de Bascœur. Elle était censée avoir subi un sortilège d’amnésie. Serait-il possible que Chaldo lui est épargné sa mémoire pour une quelconque raison ? Elle verrait ça plus tard. Elle savait ce qu’elle devait dire.

« Cette femme est bien une moldue, avoua t-elle. Et elle n’a pas encore d’autorisation car je n’ai pas eu le temps de finaliser le formulaire.

-Et puis-je connaître la raison d’une telle demande par la chef de la section S ? demanda Dakus.

-Elle est officier de police. Nous enquêtions sur les meurtres des libraires qui ont été perpétrés par des mangemorts à la solde de Malgéus. Elle aussi. Elle avait des renseignements et nous avons pensé, Chaldo et moi, qu’il était inutile de lui fouiller l’esprit par la légilimancie et d’ensuite lui effacer la mémoire. Coopérer en bonne entente était une solution bien plus agréable pour elle comme pour nous. De plus, ainsi nous nous faisions une alliée utile pour d’éventuelles futures enquêtes qui nécessiteraient une bonne connaissance du monde des moldus. Nous lui avons avoué l’existence de notre monde. Nous en avons le droit.

-Vous devez en faire la demande avant.

-Le temps pressait. Je vous amènerais le formulaire dans une heure.

-Pourquoi Chaldo ne l’a-t-il pas dit à Chergnieux ?

-Car Chergnieux est un imbécile qui agit avant de réfléchir. Il lui aurait effacer la mémoire avant même de la ramener au ministère. Et puis je suppose qu’ils sont sur une piste qu’ils doivent suivre absolument.

-Vous supposez ?

-Je ne suis pas constamment sur le dos de mes hommes. Je leur fais confiance. »

           Dakus ne parut pas croire une seule seconde au récit de Janis. Il se tourna vers Maldieu.

« Maldieu, vous n’allez pas croire à ces conneries ?

-Et pourquoi ? fit doucement Maldieu.

-Vous n’étiez même pas au courant.

-J’ai beaucoup de travail. Bien de trop pour ne pas perdre mon temps en surveillant le moindre faits et gestes des membres des Chasseurs. C’est pour ça qu’il y a des chefs de section. Si tout ce que vous nous reprochez est de prendre du retard avec la paperasse pour agir efficacement, je vous demanderai de partir Dakus. J’ai encore beaucoup de travail. »

Dakus parut avoir avalé sa langue et un verre d’extrait de jus de bulbobu.

« Mes hommes retrouveront Chaldo et je me ferai un plaisir de l’interroger moi-même, dit-il. Ainsi que cette policière moldue.

-Dakus, arrêta Maldieu d’une voix qui avait perdu toute douceur. Si vous poursuivez un chasseur alors qu’il ne fait que son devoir, j’en appellerais au ministre. Et si vous continuez à essayez de vous insinuer dans nos enquêtes, je m’en prendrais personnellement et physiquement à vous.

-Vous ne me faites pas peur.

-Peut-être, mais vous non plus. Vous n’avez aucune raison légale de poursuivre Pierrick Chaldo. Laissez-le ou j’en appelle à la Haute Cour de Justice. »

Dakus craignait que Maldieu le menace de le traîner devant la Haute Cour. Devant elle, l’autorité et l’influence du ministre cessait, la cour étant indépendante du pouvoir ministériel.

« Maudite soit la séparation des pouvoirs ! pensa Dakus. »

De plus, la Haute Cour s’était toujours rangée du côté des Chasseurs. Ces vieux sorciers étaient trop idéalistes à son goût. Il n’avait donc pas le choix.

« Très bien, fit-il. Cachez-vous derrière ces vieux croulants. Mais je vous rappelle que vous devez coopérer avec mon service. Ordre du ministre.

-C’est vrai, acquiesça Maldieu. Je vous enverrais un rapport. Oh, et libérez la tante de Chaldo, elle a des relations. La porte est là. »

           Sans rien ajouter, Dakus sortit. Janis se tourna vers Maldieu.

« Bien joué, dit-il. Votre mensonge était parfait. Maintenant dîtes moi la vérité.

-Je vous la dirai si je la connaissais. J’ignore totalement pourquoi Chaldo a agi ainsi. Mais cette moldue est bien policière et elle a assisté à la mort de Bascœur.

-C’était un des moldus présents ?

-Oui. J’ai pourtant vu Chaldo lui appliquer un sortilège d’amnésie.

-Nous savons tout les deux que Chaldo est un expert en sortilèges informulés. Il arrive même à lancer des sortilèges impardonnables sans incanter. Nous verrons cela plus tard. Mais je suis sûr qu’il avait une bonne raison d’agir ainsi. Maintenant, excusez-moi mais j’ai beaucoup de travail. N’oubliez pas le formulaire. »

           Janis sortit et appela Jonas dans son bureau. Elle lui expliqua la situation. Ce dernier était abasourdi. Il ignorait pourquoi Pierrick faisait ça. Il ne pouvait que le chercher mais Janis lui interdit.

« Il reviendra bientôt et nous donnera des explications. Continuez à chercher ce que veut Malgéus. C’est la priorité. »

           Jonas se dirigea vers la section IRIA. Il entra dans le bureau de Franck qu’il trouva assoupi. Il le réveilla.

« Ça va ? fit Jonas.

-J’ai passé la nuit a interrogé les mangemorts. Comme je le pensais, aucun n’est au courant. Le seul qui doit savoir quelque chose est Zifon. Et il n’a rien avoué. A part qu’il hait Névris.

-Tu as essayé la légilimancie ?

-Inutile. A quinze ans déjà, c’était un puissant occlumens. Il faut le faire craquer psychologiquement. Mais il est solide. Même la torture ne marcherait pas.

-Il est fatigué ?

-Il n’a pas dormi de la nuit.

-Donc on peut peut-être en profiter ?

-Comment ?

-En lui faisant croire qu’un de ses compagnons a avoué.

-Il sait très bien qu’aucun n’est au courant.

-Et si…

-Quoi ? »

           Franck entra dans la salle où était retenue Hervé Zifon. Ce dernier paraissait fatigué. Le papier signé du ministre commuant sa peine en prison à vie était toujours devant lui. Zifon n’avait cessé de se répéter que s’était un faux. Mais au fil des heures, se certitude s’effilochait. Qu’allait encore lui dire le chasseur ?

« Monsieur Zifon, désolé mais nous manquons de salle d’interrogatoire et donc vous allez devoir la partager, dit-il. Rassurez-vous, c’est quelqu’un que vous appréciez. Il vient juste d’être arrêté et j’ai l’impression qu’il est encore dans les vapes. Faîtes le entrer et attachez-le. »

Zifon ne le crut pas au début. Mais c’était devant lui. La peau blafarde, les yeux violets, Kylian Névris était prisonnier des Chasseurs. Ce fantôme de pacotille s’était laissé prendre. Les chasseurs qui l’avaient amené sortirent dés qu’il fut attaché à côté de Zifon. Une fois la porte fermée, Franck s’assit face aux deux mangemorts.

           « Tu t’es laissé avoir, grogna Zifon.

-C’est bien à toi de dire ça, répliqua Névris. Toi qui t’estimes le plus fidèle à la cause de notre maître, tu ne t’es pas encore échappé.

-Je n’ai pas de leçon à recevoir de toi. As-tu rempli ta mission ?

-Ce n’est pas à toi que je dois obéissance. Je n’ai pas à te le dire.

-Donc tu as échoué, lamentablement.

-Monsieur Névris, dit Franck. Je veux savoir qu’elles sont les plans de Malgéus concernant ce grimoire.

-Comment savent-ils pour le grimoire ? lança Névris violement. Tu leur as dit ! Espèce de traître.

-Non, je n’ai rien dit ! se défendit Zifon. Je ne sais pas de qui ils détiennent cette info.

-Tu es le seul prisonnier à être au courant ! Quand le maître saura que tu l’as trahi, tu souffriras plus que tu ne l’as jamais imaginé !

-Je n’ai rien dit !

-Et c’est quoi ce papier alors ? »

Névris désignait le document portant la signature de Erwan Riliam.

« C’est un piège ! s’exclama Zifon. Ce document est faux ! Il a essayé de me piéger avec mais je n’ai rien dit.

-Je ne te crois pas. J’ai toujours eu des doutes sur toi. Tu es du genre à tout faire pour sauver ta misérable vie. Tu n’es rien qu’un pion pour le maître. Tu étais utile mais maintenant que tu l’as trahi et qu’ils savent pour le grimoire, tu vas devenir un jouet.

-Monsieur Névris, reprit Franck. Les renseignements que nous avons récupérés sont importants mais pas assez. Ce document ne porte pas de nom. Si vous nous dîtes ce que projette Malgéus, c’est vous qui en bénéficierez. Vous êtes aussi condamné à recevoir le baiser du détraqueur. Vous avez tout à y gagner.

-C’est à celui qui donne la meilleure info, fit Névris. Je vois. C’est vrai que maintenant que je suis coincé, autant que j’essaye de sauver ma peau.

-C’EST TOI LE TRAÎTRE ! hurla Zifon.

-Tu me casses les oreilles. Tu leur as bien dit pour le grimoire pour sauver ton âme. Pourquoi je ne le ferai pas moi. En plus, ainsi c’est toi qui perdras ton âme. C’est un bonus non négligeable.

-Je n’ai rien dit ! Je n’ai rien dit sur le grimoire de Malchauzen ! »

Névris tourna la tête vers Zifon, un sourire satisfait se dessinant sur ses lèvres.

« Si, tu viens de le faire. »

Franck sortit sa baguette et d’un moulinet fit disparaître les liens qui tenaient Névris. Le mangemort blafard se leva. Toisant Zifon du regard en sortant sa baguette. Il tapota sa baguette sur sa tête.

« Finite incantatum. »

Le visage de Névris s’effaça laissant place à celui de Jonas. Zifon n’en croyait pas ses yeux. Il s’était fait avoir comme un imbécile.

« On a ce qu’on voulait, dit Franck. Il va maintenant être envoyé à Fortran pour y recevoir son châtiment.

-Attendez, supplia Zifon. Je vous ais dit ce que cherchais mon maître. Je peux donc avoir ma peine commuer en prison à vie.

-Il a fallut que l’on ruse pour ça, dit Jonas. Si vous nous aviez tout dit de votre plein gré, alors oui.

-Attends Jonas, arrêta Franck. On sait quel grimoire recherche Malgéus mais reste à savoir ce qu’il compte en faire. Qu’avez-vous à nous dire à ce sujet, monsieur Zifon ? »

Zifon blêmit. Il ne savait pas. Il ne savait rien de plus. Malgéus et Névris faisaient tout pour ne pas qu’il soit au courant. Cela l’énervait et maintenant, ça allait lui coûter l’âme.

« Vous ne savez pas, dit Franck. Malgré tout je pense que vous auriez pu en bénéficier. Si ça n’avait pas été un faux. »

D’un geste Franck mit le feu au document, réduisant tout espoir du mangemort en cendre.

« Le Sanglier se montrer magnanime ! s’exclama t-il. Faut pas rêver non plus. Vous allez perdre votre âme. Après tout vos crimes, c’est tout ce que vous méritez. »

Franck suivit Jonas vers la sortie. Avant de refermer la porte, il se tourna une dernière fois vers le mangemort, lui adressant un sourire satisfait.

« Une dernière chose. Vous êtes sang-pur, et vous vous êtes fait avoir par un fils de moldus. Comme quoi votre soi-disant supériorité, c’est que de la connerie. »

           Jonas et Franck allèrent immédiatement dans le bureau de Suzanne Janis.

« Nous savons ce que recherche Malgéus, annonça Franck. Il s’agit du Grimoire de Malchauzen. Il ne nous reste plus qu’à découvrir de quoi traite ce grimoire.

-Bon travail, félicita Janis. Continuez vos recherches, agent Vinol. Il nous faut ces infos au plus vite.

-Je m’y met immédiatement, dit-il en sortant.

-Marus, nous n’avons toujours aucune nouvelle de Chaldo.

-Je ne m’inquiète pas pour lui. Il doit enquêter quelque part. Vous savez qu’il a l’habitude de ne pas donner de nouvelles pendant plusieurs jours s’il le faut.

-Mais la, il a embarqué une moldue dans l’affaire. Ça ne me plait pas.

-Il reviendra bientôt. Mais il doit connaître nos dernières découvertes. Je vais lui envoyer un hibou en espérant qu’il le trouvera.

-CROAAA ! »

Janis et Jonas se tournèrent vers la fenêtre ouverte. Un corbeau noir se tenait sur le rebord.

« Bran, fit Jonas. Lui il retrouvera Pierrick sans aucun problème. C’est lui qui portera le message.

-A croire qu’il savait qu’on aurait besoin de lui. Cet oiseau est étrange.

-Certaines choses ne peuvent s’expliquer. Je vous emprunte votre plume et un bout de parchemin. »

           Jonas griffonna rapidement quelques mots sur le parchemin. Il le roula et le tendit au corbeau. Ce dernier l’arracha presque des mains du chasseur et s’envola immédiatement.

« Quel lien peut lier cet oiseau à Pierrick ? fit Janis.

-Je crois que nous ne le saurons jamais. Même Pierrick ne doit pas le savoir. C’est ainsi. »

 

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