Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 11 : XI Yann Firvel

2534 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 11:18

CHAPITRE XI : YANN FIRVEL

 

Jonas et Franck rentrèrent au ministère. Ils allèrent voir immédiatement Janis. Elle écouta attentivement leur rapport et les emmena dans le bureau de Maldieu. Ce dernier écouta également.

« Les langues-de-plomb, dit-il. Je vais demander au ministre de leur ordonner de coopérer. Mais Riliam n’a pas trop apprécié que je minimise le rôle de Dakus. Je vais aussi lui parler des exactions de la police magique. Beau travail. »

Maldieu se leva et sortit suivi de Janis et des deux autres chasseurs. Sitôt dans le couloir du ministère, ils furent plaqués contre le mur par une force invisible. Des hommes tout de noir vêtus s’avançaient vers eux, baguettes à la main. L’un d’eux toisaient les chasseurs du regard de ses yeux violets.

« Kylian Névris, souffla Maldieu.

-Maldieu, c’est un plaisir de vous revoir, dit le mangemort aux yeux violets. Suzanne, tu es resplendissante.

-Et toi t’as l’air d’un fantôme, dit-elle.

-Je vois que tu n’as pas changé, toujours aussi prompt à lancer des vérités.

-Tu ne devrais pas rester ici Névris, reprit Maldieu. Tu sais très bien où tu es, mes hommes vont t’arrêter.

-Vos hommes sont trop occupés à nous chercher dans tous le pays. Le plan de mon maître a fonctionné comme prévu. Vous avez réussi à faire parler cet imbécile de Zifon. Au fait où est-il ? Déjà à Fortran.

-Déjà ni vivant ni mort, et tu vas le rejoindre. Peut-être que si tu as de la chance, tu seras uniquement mort.

-Que d’espoir ? Maintenant excusez-moi mais je dois appeler mon maître et chercher un vieux livre. Prenez leurs baguettes et leurs armes. Et enfermez les. Surveillez-les jusqu’à mon retour. S’ils arrivent à s’enfuir, tuez-les. »

 

           Chun et Pierrick parlait de tout et de rien. Le dîner avait été détendu et délicieux. Il s’éveillait à des sentiments qu’il n’avait pas ressenti depuis des années. Au point de croire qu’il ne pourrait jamais plus les ressentir. Mais parfois, Pierrick semblait penser à autre chose. Chun le voyait bien.

« Vous pensez à vos amis, dit-elle.

-Ils se demandent où je suis. C’est ce que disait la lettre. Mais ils se débrouillent très bien sans moi. Le message disait également qu’ils savent ce que Malgéus recherche.

-Ils savent ce que c’est, lança une voix. Mais Malgéus, lui, sait où le trouver. »

Pierrick se leva rapidement, s’interposant entre Chun et le nouveau venu, sa baguette menaçante. L’homme qui se tenait devant eux était à près du même age, des cheveux châtain et des yeux marrons. Il leva doucement les mains pour montrer qu’il n’était pas armé tout en arborant un léger sourire. il était habillé de façon moldue tout à fait normal.

« Qui êtes-vous ? demanda Pierrick. Comment êtes-vous entré ?

-Je m’appelle Yann Firvel. Pourriez-vous baisser votre baguette monsieur Chaldo ?

-Vous savez qui je suis ?

-Pierrick Chaldo, membre de la section S des Chasseurs, surnommé le Corbeau pour plusieurs raisons dont le fait que vous soyez un animagus.

-Et vous vous travaillez pour qui ?

-Cela n’a aucune importance. Je viens juste vous dire que le ministère français de la magie est attaqué.

-Quoi ?

-Le Grimoire de Malchauzen que recherche Malgéus est semble t-il au département secret, du moins c’est ce qu’il pense. C’est tout à fait possible en fait. Avec l’opération lancée dans toute la France pour tenter de retrouver les mangemorts, le ministère est vide de tout chasseurs et policiers. Névris y est et Malgéus y sera bientôt.

-Qui me dit que ce ne sont pas des salades ?

-Rien, à part que vous devez sentir que je ne suis pas entrain de vous mentir.

-Pourquoi vous croirais-je ? Je ne vous connais pas. Vous apparaissez et me dîtes tout ça. C’est peut-être un piège.

-Peut-être. Mais si c’est vrai, allez-vous laisser Malgéus s’emparer d’un grimoire qui pourrait faire de lui le maître des deux mondes ? Car le monde des moldus est loin d’être à l’abri. Et qui sait ? Certains de vos amis sont peut-être en danger actuellement.

-Il n’y a que des peut-être.

-Pierrick, et s’il disait vrai, dit Chun. Il faudrait y aller, au moins pour vérifier.

-Je ne sais plus si je veux me battre contre les mangemorts. Avant je faisais ça pour Su, mes parents et mes amis que l’existence des mangemorts a tués. Mais maintenant, je ne ressens plus de haine ou de peine.

-Il existe beaucoup de raisons de se battre, fit Firvel. Pour quelqu’un, pour la gloire, pour l’argent, pour soi. Vous n’avez pas besoin de ça. Vous êtes le genre d’homme à se battre parce qu’il sait qu’il le faut. Si des gens comme vous n’existaient pas, qui préserverait se monde.

-Vous devez vous battre car ce monde a besoin de votre protection, reprit Chun. Enfin, ces mondes. J’ai compris beaucoup de choses depuis que je vous ai rencontré. Il faut se battre pour préserver ce à quoi l’on tient. Vous avez des amis qui comptent sur vous. Et vous m’avez. Mon monde aussi a besoin de vous. »

Firvel se tourna vers une fenêtre. Dehors, la neige tombait à gros flocons.

« Lorsque Su est morte, mon monde s’est effondré. J’ai bien cru que jamais je ne remonterai la pente. Jusqu’au jour où je vous ai rencontré. Pas parce que vous lui ressemblez, parce que je sens qu’avec vous je peux vivre ma vie. Tout simplement. C’est tout ce que je veux. Mais vous avez raison, si je ne combats pas, qui le fera ? Je vais y aller. Après tout, c’est ça ma vie. Je vous dépose chez vous et j’y vais.

-Non, je viens avec vous.

-Je ne pourrais pas vous protéger. »

Chun approcha de Pierrick et l’embrassa. Surpris par ce contact si chaleureux, Pierrick s’abandonna sur ses lèvres aussi douce que de la soie. Ce baiser referma ses dernières blessures. Il n’oublierait jamais Su mais il devait réapprendre et continuer à vivre. C’est ce qu’elle aurait voulu.

« C’est à mon tour de te protéger, souria t-elle. »

           Pierrick chercha Firvel dans toute la maison mais ce dernier avait disparu aussi mystérieusement qu’il était apparu. Pierrick avait une drôle d’impression, il le reverrait sûrement un jour. Peut-être.

 

           Pierrick, accompagnée de Chun, transplana chez lui. La jeune femme fut attristée de découvrir le décor gris et sombre dans lequel il vivait. Mais elle se dit que cela correspondait à son état d’esprit jusqu’à maintenant. Elle serait avec lui dorénavant. Elle se promit de mettre de la couleur dans sa vie.

           Pierrick enfila sa tenue de combat noire et autorisant une grande liberté de mouvement. Elle ressemblait beaucoup à une tenue de ninja ou plutôt à celle des Ye Xing Ke[1]. Chun avait entendu parler par son père de ces guerriers de l’ombre qui ont donné naissance au ninja japonais lorsque certains d’entre eux émigrèrent de Chine. Des guerriers rusés, impitoyables, pour qui la mission passait avant le reste. Elle savait qu’elle ne devait pas s’inquiéter pour Pierrick, la mission qu’il s’était donné était de sauver tout le monde. Pour parfaire l’illusion, Pierrick mit en travers dans son dos son épée droite chinoise. Elle était dotée d’une lame bien plus courte que les moyenâgeuses épées occidentale mais possédait tout de même deux tranchants redoutables. La poignée n’autorisait la prise de l’arme qu’avec une seule main mais sa légèreté faisait que c’était suffisant. La garde ouvragée restait malgré tout assez simple. Ce n’était pas un objet de décoration, c’était une arme de guerre.

           Pierrick sortit une longue boîte de sous son lit. Elle contenait trois baguettes magiques. Une triste nostalgie voila ses yeux un instant. Ces baguettes étaient celles de ses parents et de Su. Il prit celle de la jeune fille dont le cœur l’avait toujours accompagné. Il s’en rendait compte maintenant. Il la glissa sous sa tenue. Toujours avoir une arme de réserve. C’était une des premières choses que lui avait appris Georges Nide.

           Il était prêt. Chun voulait récupérer quelque chose à son bureau avant d’y aller. Pierrick serait là mais elle devait être capable de se protéger seule. Ils transplanèrent près du 36 quai des Orfèvres, le quartier général de la crim’. Chun n’eut qu’à montrer sa carte de police pour pouvoir entrer accompagné de Pierrick qui camoufla son épée sous un ample manteau. A cette heure tardive, les bureaux étaient vides et sombres. Mais le bureau qu’elle partageait avec Jacques Mareau était encore illuminé. Que faisait Jacques encore ici à cette heure ? Elle demanda à Pierrick de l’attendre dans le couloir.

           Jacques Mareau n’avait pas été si inquiet depuis des années. Chun était comme sa fille. Elle n’avait pas donné de nouvelles depuis la veille au matin où elle avait appelé pour prévenir qu’elle ne se sentait pas bien. Depuis, plus rien. Il était allé voir chez elle mais elle n’y était pas. Ses parents n’en savaient pas plus. Ce n’était pas habituel. Elle donnait toujours des nouvelles, même lors de ses vacances. Ils étaient plus que des coéquipiers l’un pour l’autre. Il se disait qu’il allait repasser chez elle. Et la porte s’ouvrit.

           Jacques se dressa d’un coup. Il accourut à la porte et prit la jeune femme dans ses bras sans rien dire. Ressentant pour lui la même affection, elle passa ses bras autour de son cou pour le rassurer. Jacques relâcha son étreinte, regardant la femme souriante qu’il avait devant lui.

« Où étais-tu passé ? Je me suis fait un sang d’encre.

-Désolé, il n’y avait pas le téléphone.

-C’est pas grave mais ne me refais pas un coup comme ça. Je suis trop vieux pour ça.

-Allons, tu es encore un jeune homme.

-Un jeune homme qui approche de la retraite.

-Je n’ai pas le temps de rester. Je suis juste venu chercher quelque chose. Tu devrais rentrer. On se verra demain.

-Tu me caches quelque chose.

-Non, qu’est-ce qui te fais croire ça ?

-Je te connais. Qu’est-ce qui se passe ? Tu as des problèmes ?

-Je…Je ne peux rien te dire.

-Tu peux tout me dire.

-Non, malheureusement. Je n’ai pas le temps d’avoir ce genre de discussion avec toi. »

Chun se dirigea vers son bureau et ouvrit le tiroir fermé à clé dans lequel se trouvaient son mathurin et ses munitions. Elle vérifia que son arme était chargée et mit une boîte de cartouches dans sa poche.

« Qu’est ce qui se passe ? demanda Jacques plus intensément. Pourquoi as-tu besoin de ton arme ?

-Je ne peux rien te dire. Fais moi confiance, c’est tout.

-Tu es bizarre depuis que ce soi-disant informateur n’est pas venu au rendez-vous. J’avais l’impression que tu savais pourquoi on s’était évanoui dans cette rue. Et maintenant je te trouve changé. Tu ne m’as jamais rien caché. Pourquoi commences-tu aujourd’hui ? »

Chun n’osait pas le regarder. Elle voulait tout lui dire mais elle savait qu’il ne comprendrait pas. De toute façon, elle n’en avait pas le droit. Trop de vies dépendaient de ce secret, tout un monde. Voir deux.

« Il faut que j’y aille, dit-elle. »

           Elle se dirigea d’un pas rapide vers la porte du bureau mais le quinquagénaire l’attrapa par le bras. Il l’obligea à lui faire face.

« Pourquoi as-tu besoin de ton arme ? demanda t-il en haussant le ton. Quelqu’un te menace ? Tu dois régler des comptes ?

-Lâche moi !

-Pas temps que tu ne m’auras pas dit dans quoi tu t’es fourré !

-Je ne peux pas !

-Dis-le moi ! hurla t-il.

-NON ! »

La porte s’ouvrit à la volé. Pierrick, attiré par les cris, avait surgi dans le bureau. Jacques n’eut pas le temps de se tourner vers lui qu’un éclair de stupéfixion le frappa. Le policier tomba lourdement sur le plancher.

           Chun respirait profondément pour retrouver son calme. Elle regarda Jacques avec effroi puis tourna un visage inquiet vers le sorcier.

« Est-ce qu’il est… ?

-Il est juste évanoui, la rassura Pierrick. Il se réveillera d’ici une heure ou deux sans aucune séquelle. Mais il se souviendra que tu es venu prendre ton arme.

-Je ne l’ai jamais vu comme ça.

-Je crois qu’il a réagi ainsi parce qu’il tient beaucoup à toi. Ne lui en veut pas. C’est un homme de confiance, il me semble. Je pense même que tu pourrais tout lui dire sur le monde des sorciers.

-Non, il se ferait trop de souci de savoir que je suis maintenant liée à ce monde. Il est comme beaucoup de gens, l’inconnu lui fait peur. Peux-tu lui effacer la mémoire ?

-Si c’est ce que tu souhaites.

-Oui. Peut-être un jour je lui dirais, mais moi-même je ne comprends pas tout. Je ne veux pas l’inquiéter plus. »

Pierrick s’approcha de Jacques. Il tendit sa baguette vers le policier.

« Oubliette. »

Un éclair blanc surgit du bout de sa baguette et fut comme absorbé par la tête du policier.


[1] Littéralement « marcheur de la nuit ». Ancêtre chinois des ninja japonais.

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