Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 16 : II François Garde

4420 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 05:52

CHAPITRE II : FRANÇOIS GARDE

 

Pierrick et Jonas entrèrent dans le bureau du chef du Département des Chasseurs. L’homme assis derrière le bureau avait la soixantaine. Il lui manquait le bras gauche, signe d’une vie mouvementée. Il s’appelait Charles Maldieu. Assis sur des sièges devant le bureau, quatre, individus se tournèrent vers les nouveaux arrivant. Le regard sournois et le visage maigre presque squelettique, Yves Dakus toisa Pierrick avec haine. A sa droite se trouvait une femme d’une quarantaine d’année, Suzanne Janis, chef de la section S. Elle garda une attitude neutre. A ses côtés siégeait un homme au visage couvert de cicatrices et dont le bras gauche avait été remplacé par une prothèse en métal. Sa partie avant-bras pouvait prendre, au choix, la forme d’une lame effilée ou d’un bouclier. Il s’agissait de Georges Nide, le chef de la section AI. Il sourit à Pierrick et Jonas qu’il connaissait bien pour les avoir former au combat lorsqu’ils entrèrent aux Chasseurs. Le dernier arborait des cheveux blancs et un bouc grisonnant. Il posa son regard intelligent sur les deux membres de la section S avant de se tourner vers Maldieu. C’était Luc Fabre, le chef de la section IRIA.

           Pierrick et Jonas s’installèrent dans les deux derniers fauteuils. Ils remarquèrent alors qu’un dernier individu se tenait debout à côté de Dakus. Un homme blond au visage émacié faisant ressortir ses yeux bleus. Il lança à Pierrick un regard si haineux qu’on pouvait y sentir son envi de l’attaquer. Il s’appelait Albert Chergnieux et était officier à la Police Magique. Son tempérament violent et arrogant en fit un des hommes préférés de Dakus.

           Maldieu prit la parole :

« Maintenant que nous sommes au complet, nous vous écoutons Dakus.

-Les premières constatations faites par l’officier Chergnieux sont que le professeur Guillaume Sazeau est mort frappé par un sortilège Avada Kedavra, exposa Dakus. Il n’y avait aucun indice sur le lieu du crime. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il faisait face à son assassin et n’a pas eu l’occasion ou l’envi d’utiliser sa baguette. Le dernier sortilège qu’il a produit avec était un simple Accio. On a fouillé dans ses appartements mais quelqu’un y était passé avant nous. Le ou les assassins cherchaient quelque chose. Nous ignorons s’ils l’ont trouvé. Mais nous, nous avons trouvé quelque chose. Ce morceau de parchemin, vierge au premier regard. En appliquant un sortilège de révélation, quelques phrases y apparaissent : « Si vous lisez ça c’est que je suis mort ou disparu. Il est là. Il est le mal. Je ne sais pas ce qu’il veut mais rien ne l’arrêtera. Un non-marqué. Si vous croisez sa route, fuyez. » Il semble que le parchemin ait une deuxième partie mais elle est protégée par un charme plus puissant.

-Il parle d’un non-marqué, dit Maldieu. Ces mangemorts n’ayant pas reçu la marque des Ténèbres pour pouvoir passer inaperçu. Cette affaire dépend donc du Département des Chasseurs. Vous êtes d’accord, n’est-ce pas Dakus ?

-Sinon je ne serais pas venu. Je pense que mes hommes sont tout à fait capables de s’en charger mais je suis obligé de vous laisser la main. Je vous laisse le rapport d’enquête et le parchemin. »

           Sans rien ajouter, Dakus et Chergnieux sortirent du bureau. Un silence suspicieux s’installa. Seul Maldieu osa le briser.

« Etrange, n’est-ce pas ?

-Depuis quand ce bouffeur de cadavre est-il si respectueux des juridictions ? fit Janis.

-Ça cache sûrement quelque chose. Mais nous n’avons pas le temps de nous en charger pour le moment. Le plus urgent est de découvrir ce qui se trame à Beauxbâtons. Ce non-marqué travaille peut-être pour Malgéus. S’il recherche quelque chose, il nous faut savoir quoi et l’empêcher de le récupérer coûte que coûte. »

Maldieu jeta un regard sur le parchemin sur lequel s’alignaient les six phrases. Son attention s’arrêta sur la troisième.

« Il est le mal, lut-il. Qu’a-t-il voulu dire par là ? »

Personne ne répondit. Tous étaient aussi perturbés que lui par les étranges phrases.

« La meilleure solution est une enquête de l’intérieur, dit-il. Suzanne, un de vos hommes va s’infiltrer parmi le personnel de Beauxbâtons.

-A quel poste ? demanda Janis.

-Professeur.

-La place de défense contre les forces du mal est vacante maintenant.

-Non, un remplaçant a été trouvé assez rapidement. Trop, peut-être. Il faut qu’on en apprenne plus sur ce nouveau prof. Luc, c’est votre travail. Fouillez dans sa vie. Je veux tout savoir.

-Ce sera fait, acquiesça le chef de la section IRIA.

-Et analysé en priorité ce parchemin. Nous devons savoir ce qu’il cache encore. Suzanne, votre homme devra particulièrement faire attention à ce nouveau prof. Qui allez-vous envoyer ? »

           Suzanne Janis tourna son attention vers les deux hommes de la section S assis dans le bureau. En les faisant venir dans son bureau, Maldieu lui forçait un peu la main. Elle les jaugea du regard. Jonas Marus serait le plus indiqué pour ce rôle, connaissant déjà Beauxbâtons pour y avoir suivi ses études de sorcellerie. Mais le problème c’était que, justement, plusieurs professeurs le connaissaient et savaient certainement qu’il était devenu chasseur. Hors, on ne pouvait écarter l’hypothèse que le meurtrier soit l’un d’eux. Il fallait quelqu’un de totalement inconnu à Beauxbâtons. Son choix se porta donc naturellement sur Pierrick Chaldo. Il avait fait ses études à l’Institut Céleste en Chine et n’avait jamais mis les pieds dans l’académie française de sorcellerie.

           « Chaldo, annonça Janis. Mais je ne vois pas comment il va faire pour intégrer l’équipe pédagogique.

-Je m’occupe de ce détail personnellement. J’espère juste que vous vous y connaissez en Histoire ? Georges, en combien de temps tes équipes peuvent intervenir sur Beauxbâtons actuellement ?

-L’académie est protégée par un champ anti-transplanage, rappela Nide. Le mieux serait de cacher des équipes dans les villages sorciers avoisinants. Mais ce ne serait pas top du point de vu discrétion. En partant d’ici, il faut compter au moins un quart d’heure, dix minutes en forçant.

-Je vois. Vous serez seul durant un quart d’heure en cas de problème, Chaldo.

-Ça ira, fit le Corbeau. Quand dois-je partir pour Beauxbâtons ?

-Sitôt que j’aurais réglé votre infiltration. Allez vous documenter sur Beauxbâtons. »

 

           Pierrick rejoignit Chun dans les bureaux de la section S. Il lui expliqua la situation. Elle fut déçu de na pas dîner avec lui ce soir mais se consola en se disant qu’elle pouvait l’aider dans sa documentation sur Beauxbâtons. Depuis qu’elle avait découvert l’existence du monde des Sorciers, Chun voulait ardemment apprendre à le connaître dans ses moindres détails. Ils mangeraient des sandwichs tout en étudiant.

           La soirée ne fut pas réellement amusante mais intéressante. Chun apprit que l’Académie de Magie Beauxbâtons avait été fondées autour de l’année 1300, lorsque le besoin d’apprendre aux sorciers à contrôler parfaitement leurs pouvoirs se fit sentir pour paraître discret devant l’apparition des premiers bûchers de l’inquisition. A défaut, l’école leur apprenait à se défendre s’ils se faisaient attraper. Elle enseignait, cette année, à environ 500 élèves. Inspiré du modèle anglais de Hogwart pour les matières et le cursus en sept ans, elle était unique du point de vu des diplômes et de son organisation interne. Il n’y avait pas de diplôme de cinquième année. Les élèves passaient une partie de leurs épreuves durant la sixième année, c’était le cas de l’Histoire, les soins aux créatures magiques, l’astronomie, la divination, l’étude des Moldus et l’étude des runes. Les autres matières étaient sanctionnées par un examen en dernière année. A la tête de l’équipe professorale se trouvait un directeur secondé par un sous-directeur assurant également la fonction de professeur. Contrairement à Hogwart qui était divisé en quatre maisons (Slytherin, Gryffindor, Ravenclaw et Hupplepuff) pour répartir les élèves, Beauxbâtons se contentait de séparer par ages pour les classes (plus des groupes formés au hasard) et par sexe pour les dortoirs. Les élèves étaient quand même logés dans des chambres n’excédant pas quatre places.

           Les élèves avaient accès à une bibliothèque comptant parmi les plus côtés du monde magique. Différents clubs permettaient aux élèves de pratiquer diverses activités en dehors des cours. Les plus appréciés étaient le club de duel, celui de Bavboules, de sortilèges, de divination et bien sûr de Quidditch, le sport des sorciers. Pour être exact, il y avait huit équipes de quidditch à Beauxbâtons. Les élèves les plus âgés de chaque club de quidditch en assuraient la gestion. Les capitaines s’occupaient de l’entraînement. Les équipes s’affrontaient dans un championnat étalé sur toute l’année. Les équipes se nommaient :

  • Les Golem Rocheux, arborant des uniformes marron.
  • Les Aigles d’Argent, en blanc.
  • Les Vautours Ecarlates, en rouge.
  • Les Dragons de Fer, en gris bleu.
  • Les Sagittaires d’Or, en jaune.
  • Les Anges des Ténèbres, en noir.
  • Les Fées d’Emeraude, en vert. La seule équipe cent pour cent féminine.
  • Les Eclairs Azurés, en bleu royal.

Depuis maintenant dix ans, le titre de champion de Beauxbâtons était gardé férocement par les Anges des Ténèbres.

           Beauxbâtons était également connu pour son club de danse. Chaque année, pour le bal donné lors de la cérémonie de fin d’études des septièmes années (mais où tous les élèves sont conviés) le club donnait une représentation du spectacle qu’ils avaient répété toute l’année.

           « Tu n’y es jamais allé ? demanda Chun.

-J’ai fait toute mes études à l’Institut Céleste en Chine. Lorsque j’ai été rapatrié en France, je n’avais pas fini ma dernière année mais je n’étais pas en état pour les continuer. Ils me l’ont proposé mais j’ai refusé. A cette époque, tout ce que je voulais c’était me battre. J’ai donc présenté ma candidature aux Chasseurs. Ils m’ont dit que je n’aurais que peu de chance vu que je n’avais pas fini mes études. J’ai tout de même réussi. »

Ce que Pierrick ne disait pas mais que Chun savait tout de même après avoir discuté avec Georges Nide, c’était qu’il avait réussi les tests avec les meilleurs résultats enregistrés depuis près de quatre siècles.

 

           Charles Maldieu, malgré l’heure tardive, travaillait encore dans son bureau. Sa secrétaire était déjà partie depuis longtemps. Il n’avait pas besoin d’elle ce soir. Travailler. Il était plutôt entrain d’attendre. Il regardait distraitement le feu ronfler dans la cheminée.

« Un feu en cette saison ? lança quelqu’un en entrant sans frapper.

-Les soirées sont encore fraîches, répondit Maldieu sans se tourner vers son visiteur.

-Dis surtout que tu es toujours aussi frileux.

-Je l’avoue. »

Maldieu se leva et vint serrer la main d’un homme d’à peu près le même âge avec de longs cheveux noirs.

« Heureux de te revoir François, fit Maldieu.

-De même Charles.

-Assis-toi. Tu veux quelque chose à boire ?

-Du thé s’il te plait. »

Maldieu agita sa baguette et un plateau portant une théière et deux tasses ainsi qu’une petite assiette de biscuits vint se poser sur le bureau.

« Ça faisait longtemps que je n’étais pas revenu, dit François. Je suppose que tu ne m’as pas fait venir pour parler du bon vieux temps. C’est par rapport au meurtre de Guillaume Sazeau, n’est-ce pas ?

-Oui. Que peux-tu me dire à ce sujet ?

-Pas grand-chose. Il avait l’air plus nerveux que d’habitude ces derniers temps mais rien d’extraordinaire. On approche de la période des examens et les élèves nous pressent de questions.

-Comment était-il habituellement ?

-Assez méthodique et assez secret. On ne savait rien de sa vie privée à part qu’il était célibataire.

-Et dans l’école ?

-Peut-être une recrudescence du marché noir des objets maléfiques et des objets contre-maléfiques ainsi que des potions en tout genre. Mais en cette période c’est toujours la même chanson. Tout est bon pour réussir et empêcher les autres de réussir.

-Et sur le remplaçant de Sazeau ?

-Je ne l’ai vu que quand Tréveune nous l’a présenté. Je n’ais pas pu vraiment le cerner. Je dois avouer que trouver un professeur si vite après la mort douteuse de Sazeau a éveillé quelques soupçons. Que vas-tu faire ?

-Je vais avoir besoin de ton concours. Un homme de la section S va infiltrer Beauxbâtons pour enquêter. Personne ne doit être au courant, professeurs et élèves.

-Je suis moi aussi un professeur.

-Je te fais confiance. On se connaît depuis cinquante ans et on a fait équipe la moitié de ce temps ici. Tu restes un chasseur avant d’être un prof d’Histoire.

-Que veux-tu que je fasse ?

-Que tu partes en voyage pour une raison importante et que tu laisses ta place à notre agent.

-En pleine période de préparation d’examen ?

-La sécurité des élèves en dépend et tu le sais bien. Un professeur est mort. Qui sait si le prochain ne sera pas un élève. Te connaissant, tu as déjà dû y penser.

-Tu es sûr de ton agent.

-C’est notre meilleur homme. Tu as dû déjà en entendre parler.

-Celui qu’on surnomme le Corbeau. J’avais cru comprendre qu’il n’était pas fait pour ce genre de mission. Trop sombre et trop direct.

-Avant oui. Mais depuis quelques mois, il a changé. Il est moins sombre et je pense qu’il est tout à fait capable de remplir cette mission.

-Quelques mois ? Depuis que Malgéus est venu au Département Secret.

-Cette information est secrète. Mais ça ne m’étonne pas que tu le saches.

-Quel est son vrai nom ? Je ne le connais que sous son surnom.

-Pierrick Chaldo.

-Quoi ? »

Le visage de François devint livide. Il transperça les yeux de Maldieu de son regard. Des souvenirs explosèrent dans sa tête. Des visages et des paroles.

« Il a survécu ! fit François. Je croyais que les Chaldo avaient été tués en Chine !

-Pierrick a survécu, avoua Maldieu. Il a été rapatrié. Et il a tout de suite émis le souhait d’entrer dans les Chasseurs.

-Est-ce qu’il sait ?

-Non. Mais il est fort. Plus que lui peut-être.

-Pourquoi ne m’as-tu rien dit ?

-Tu as changé de vie.

-Comme tu l’as dit : je suis un chasseur avant d’être un prof. Tu aurais dû me le dire.

-Tu m’aurais empêché de l’engager.

-Bien sûr. Tu te rends compte des risques que tu prends.

-C’est justement pour les éviter que j’ai fais ça.

-Je n’ais jamais compris tes choix. Mais je dois reconnaître qu’ils ont été tous bons. Jusqu’à maintenant.

-Donc tu me suis ?

-Oui. Je veux qu’on arrête ce meurtrier. Comme tu l’as dit : les élèves sont en danger. Je vais arranger le coup avec Tréveune.

-Il faudra aussi que tu rencontres Chaldo.

-Je reviens dans la journée. »

           François se leva et se dirigea vers la porte. Au moment de l’ouvrir, il s’arrêta.

« Au fait, il paraîtra plus discret s’il est accompagné, ajouta t-il. As-tu une chasseuse qui pourrait passer pour sa compagne ?

-Je crois que je peux trouver celle qu’il nous faut. A tout à l’heure. »

 

           Pierrick arriva au ministère. Il voulait être prêt pour sa mission. Il avait dit à Chun qu’il lui écrirait. Ils ne se reverraient pas avant la fin de la mission. Elle pouvait durer jusqu’aux vacances d’été.

           Il pourrait ainsi faire le point en même temps. Il savait que Chun attendait qu’il exprime ses sentiments envers elle. Mais lui-même ignorait qu’elle était leurs véritables natures. Il appréciait la jeune femme. Elle était plus qu’une simple amie. Mais ce qu’il ressentait, était-ce dû à sa ressemblance avec Su ? Il devait y réfléchir. Il savait qu’il avait le temps, Chun était patiente. Il aurait aimé dîner avec elle la veille. Mais il avait une mission. Elle le comprenait. Ce qu’il ne comprenait pas c’était qu’elle était là, assise sur la chaise devant son bureau.

           « Que fais-tu là ? demanda t-il.

-Bonjour, sourit-elle visiblement heureuse de son air surpris.

-Excuse-moi, bonjour. Pourquoi es-tu venu ?

-Je pensais que tu pouvais me le dire. J’ai reçu un hibou ce matin. Bonjour le réveil, il a fallut que je nettoie les plumes qu’il a laissés dans ma chambre ! Enfin, la lettre disait qu’il fallait que je vienne. Que c’était important. Une fois ma chambre propre, j’ai sauté dans ma voiture.

-Qui t’as envoyé ce hibou ?

-Maldieu.

-Maldieu ? Pourquoi a-t-il fait ça ?

-Chaldo, mademoiselle Yang-Li, appela Suzanne Janis. Venez. »

           Pierrick et Chun suivirent la chef de la section S jusqu’au bureau de Maldieu. Ce dernier les accueillit de son habituel sourire amusé. On aurait pu croire qu’il pouvait rire de tout.

« Bonjour Chaldo, fit-il. Mademoiselle Yang-Li, c’est toujours une joie de vous voir. J’espère que je ne vous ais pas réveillé.

-Et bien si en faite, dit Chun.

-J’en suis désolé. Mais il fallait que vous veniez.

-Pourquoi ? demanda Pierrick.

-Je vais vous expliquez mais avant nous devons encore attendre quelqu’un. »

On frappa à la porte, Maldieu invita à entrer. C’était sa secrétaire.

« Monsieur Garde est arrivé, annonça t-elle.

-Faîtes le entrer s’il vous plait. »

L’homme qui était venu tard la veille entra, ses longs cheveux de jais attachés en une queue de cheval descendant entre ses omoplates. Janis parut surprise.

« Monsieur Garde ! fit-elle.

-Bonjour Suzanne, je vois que tu es toujours aussi belle, dit Garde. Mais tu as toujours ce sérieux au fond des yeux. C’est bien. J’ai été heureux d’apprendre que tu avais été nommée à la tête de la section S.

-Tu m’accorderas que j’ai fait le meilleur choix, lança Maldieu.

-Comme toujours. »

           Pierrick avait déjà entendu parler de lui. François Garde, ancien chasseur de la section S. Il était parmi les meilleurs. Au temps où il faisait équipe avec Maldieu, il mit des dizaines de mangemorts derrière les barreaux de Fortran, la prison française des sorciers. Il a formé Suzanne Janis lors de son entrée dans la section S. Mais au bout de vingt-cinq ans de carrière, alors qu’il était un des prétendants au poste de chef de la section spéciale, il décida de mettre un terme à sa carrière. Personne n’a jamais su pourquoi. Sauf peut-être son ami Charles Maldieu.

           Pierrick eut l’impression que Garde le regardait avec insistance. Sûrement un vieux réflexe du temps où il était un chasseur. Lui-même le faisait sans s’en rendre compte : toujours évaluer ceux qui nous entourent.

« Je crois comprendre pourquoi vous êtes là, continua Janis. J’avais oublié que vous vous étiez reconverti dans l’enseignement. Vous êtes professeur d’Histoire à Beauxbâtons, n’est-ce pas ?

-Tout à fait, confirma Garde. C’est ma place que ton agent va occuper. C’est vous, n’est-ce pas ? Pierrick Chaldo ? Celui qu’on appelle le Corbeau. »

Pierrick avait la sensation qu’il n’avait pas eu besoin de poser la question pour le deviner.

« Et vous êtes, mademoiselle ?

-Chun Yang-Li. Mais je ne comprends toujours pas pourquoi je suis là.

-Vous allez participer à la mission voyons. Vous ne l’avez pas compris ?

-Comment ça ? questionna immédiatement Pierrick en se tournant vers Maldieu. C’est impossible ! Elle ne peut pas et vous le savez bien monsieur.

-Qu’est-ce que cela signifie Charles ? Encore un de tes tours ?

-Quelle manque de foi ! s’offusqua faussement Maldieu.

-Venant de toi je m’attends à tout. Pourquoi cet agent ne pourrait pas y participer ?

-Euh, souffla Chun. Parce que je ne suis pas une chasseuse.

-Il serait même juste de dire qu’elle n’est même pas une sorcière, ajouta Janis.

-Une moldue ! s’exclama Garde. Tu veux impliquer une moldue dans cette affaire. C’est bien trop dangereux. Elle risquerait sa vie inutilement.

-Mademoiselle Yang-Li est policière, elle sait se défendre.

-Elle sait se défendre contre des criminelles moldus, pas contre des mangemorts !

-Tu sais aussi bien que moi que les mangemorts considèrent les moldus comme des moins que rien. L’assassin ne se souciera pas d’elle, il la pensera insignifiante. Ainsi, elle verra des choses que le coupable essayera de cacher aux yeux des sorciers.

-Encore un de tes plans sur le fil.

-As-tu eu à te plaindre de mes plans par le passé ?

-Oui, une fois.

-C’était différent.

-C’est vrai. Et ce tromper une fois en vingt-cinq ans, c’est très peu. Je vais encore te suivre cette fois-ci. Mais je ne suis pas sûr que ton agent soit d’accord. Et cette jeune femme doit décider d’elle-même.

-Je ne veux pas qu’elle vienne, lança Pierrick sans attendre. C’est bien trop dangereux. On ne sait rien de l’ennemi en présence. Il y a au minimum un mangemort, et c’est déjà trop.

-Mademoiselle Yang-Li, fit Maldieu. A vous de choisir. Nous avons besoin de vous. Et je sais que vous voulez toujours en apprendre plus sur notre monde. L’Académie Beauxbâtons est le lieu idéal pour en apprendre beaucoup. »

           Chun réfléchit. Oui, elle voulait apprendre tout ce qu’il y avait à savoir sur le monde des sorciers. C’était l’occasion. Et peu importe le danger, elle savait que Pierrick serait là pour la protéger. Elle croisa le regard de Pierrick. Ce dernier savait avant même qu’elle n’ouvre la bouche quelle était sa réponse.

« J’accepte. Mais j’ai mon travail.

-On se charge de ça, assura Maldieu. J’ai déjà envoyé Marus et Vinol s’en charger.

-Vous saviez que j’allais accepter !?

-Disons que la probabilité était forte. Passons aux choses sérieuses. François.

-J’ai arrangé le coup avec Tréveune, exposa Garde. Il n’était pas très chaud pour me laisser partir à moins de trois mois des exams mais je ne lui ais pas laissé le choix. Je lui ais dit que je lui envoyais un remplaçant. Il vous attend lundi à la première heure. Je vous ais amené mes notes. »

Garde tendit à Pierrick un énorme classeur qui devait peser au moins quinze kilos.

« Ça ce sont les cours. Et voici les dossiers des élèves et ceux des professeurs, je les ais copié cette nuit au secrétariat de la direction. Elles pourront peut-être vous aider.

-Cinq cents élèves a passé en revu ça va pas être de tout repos, fit Janis.

-Alors il faut s’y mettre sans tarder, ordonna Maldieu. François, explique à mademoiselle Yang-Li et à Chaldo comment ça se passe à Beauxbâtons. Ensuite lancez-vous dans l’étude des dossiers. »

 

 

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