Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 71 : IV Premier Interrogatoire

2796 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 05:03

           CHAPITRE IV : PREMIER INTERROGATOIRE

 

           Hans Friedrich était assis dans un coin de la cave qui lui servait de prison. Il ignorait depuis combien de temps il se trouvait enfermé ici. Il ignorait durant combien de temps il avait dormi depuis son enlèvement par Malgéus. Depuis qu’il s’était réveillé, il entendait des hurlements de souffrance terrible venant d’au dessus. Quelqu’un était manifestement torturé. A chaque cri, la petite fille qui était blotti contre lui était secouée de tremblement nerveux. Elle s’appelait Frida. Hans l’avait découverte en se réveillant. Elle était morte de peur mais il réussit à la rassurer un peu. Depuis, elle ne voulait plus le lâcher. Hans comprenait qu’elle devait trouver sa présence rassurante. D’ailleurs, lui aussi avait besoin de sentir la chaleur de la fillette contre lui. La veille, il avait appris que ses parents et sa petite sœur de six ans avaient été tués par les mangemorts. Pierrick Chaldo ne lui a pas précisé, mais il se doutait qu’ils avaient été torturés avant.

           Les hurlements cessèrent. Hans perçut un bruit de pas s’approchant, descendant visiblement un escalier. Certains pas étaient incertains, comme-ci un des individus trébuchait. Un cliquetis fit sursauter Frida qui serra d’autant plus Hans de ses bras menus. La lourde porte s’ouvrit. Un mangemort, sa baguette au bout luminescent à la main s’avança. Il toisa Hans d’un sourire vicieux. Derrière lui entra un autre mage noir supportant une femme qui se laissait aller totalement. Son visage exprimait une souffrance lasse. Sans le moindre ménagement, il la jeta sur le sol. Il désigna Hans du doigt.

« Tout à l’heure, c’est ton tour. »

Les deux mangemorts ricanèrent en sortant. Une fois que le cliquetis de la serrure indiquant le verrouillage se fit entendre, Frida se détacha de Hans en se précipitant auprès de la femme gisante sur le sol.

« Maman, souffla t-elle. »

Hans vint à son tour. Avec précaution il souleva la femme et vint la positionner plus confortablement en se servant de sacs rempli de il ne savait quoi.

           Frida se blottit contre sa mère, mais celle-ci réagit à peine à la présence de sa fille. Elle ouvrit tout de même légèrement les yeux. Mais même ça avait l’air d’être pour elle un effort surhumain. Elle leva une main pour la poser sur la tête de sa fille d’un geste affectueux. Hans entreprit de l’examiner. Il remarqua des marques de brûlures sur ses bras et ses jambes. Son visage était tuméfié. Il n’osa pas aller plus avant dans son examen, n’ayant de toute façon aucun moyen de la soulager. Elle tourna difficilement les yeux vers lui.

« Qui êtes-vous ? questionna t-elle faiblement.

-Je m’appelle Hans Friedrich. Je suis comme vous, prisonnier des mangemorts.

-Ah, c’est vous qu’ils ont amené tout à l’heure. Je vous ai vu passer devant moi. Ils venaient de commencer à me torturer.

-Comment vous appelez-vous ?

-Elsa Tiller. Et voici ma fille Frida.

-Pourquoi vous ont-ils enlevé ?

-Mes ancêtres étaient des druides. Ils pensent que je connais leurs secrets. Mais je ne sais rien. C’est une histoire qui remonte à plus de deux milles ans. Vous aussi vous êtes un descendant des druides ?

-Oui. Ils ont même tenté de m’enlever à Beauxbâtons. Ils ont assassiné toute ma famille. Mes parents, ma petite sœur.

-Je suis désolé. Mon mari aussi a été tué. J’espère juste, qu’ils ne vont pas s’en prendre à Frida maintenant. Mais je suis trop faible pour la protéger.

-Ne vous en faites pas, je serais le prochain.

-Vous n’avez pas peur ?

-Si. Mais je ne dois pas leur livrer ce qu’ils veulent savoir. Trop de vies en dépendent.

-Vous êtes quelqu’un de bien Hans.

-Reposez-vous Madame Tiller. Vous en avez besoin.

-Appelez-moi Elsa. »

           Elsa ferma les yeux et posa sa tête sur celle de sa fille. Celle-ci serrait sa mère tout en regardant Hans. Puis, elle aussi ferma les yeux et s’endormit. Hans regarda la mère et la fille dormir durant quelques minutes avant de lui-même essayé de se reposer. Il aurait besoin de toutes ses forces pour résister au sort que lui avait promis les mangemorts.

 

           Franck Vinol et Jonas Marus faisaient semblant de rechercher des informations pouvant mener à Malgéus. En faite, ils cherchaient surtout à démasquer l’espion des mangemorts infiltré parmi les Chasseurs. Mais ils savaient qu’en le découvrant, ils pourraient sûrement localiser la planque des mages noirs. Mais la tâche s’annonçait compliquée. Déjà, ils devaient enquêter dans la discrétion la plus absolue, ne pouvant faire confiance à personne. Si l’espion soupçonnait leur objectif réel, il ferait profil bas et serait encore moins décelable.

           Tout ce qu’ils se savaient sur l’espion, c’était qu’il avait su pour Friedrich puis pour la famille Tiller. Hors, au moment où Pierrick Chaldo avait fait le rapprochement entre la rune trouvée entre les mains des mangemorts et celle qu’il avait vu dans la chambre de Hans Friedrich à Beauxbâtons, les seules personnes présentes étaient Franck Vinol, Jonas Marus et Charles Maldieu. Etait-ce le directeur du Département des Chasseurs l’espion ? Possible, mais ce dernier n’était pas au courant du contenu de la liste faite par Franck en comparant les noms des familles ayant immigrées d’Allemagne vers la France durant les années cinquante et celle de la liste des familles suspectées d’être des descendants des druides germains par le gouvernement magique allemand. D’ailleurs, les seuls au courant du contenu étaient Franck et Jonas. Il fallait chercher ailleurs. L’espion devait utiliser un autre stratagème pour avoir accès à ses informations. La question étant : lequel ?

           « Ça fait bizarre, dit Jonas.

-Quoi ? demanda Franck.

-Rechercher un espion au sein même des Chasseurs. Je doute de tout le monde, j’observe les moindres faits et gestes pour y déceler quelque chose qui me dirait qu’untel ou untel est l’espion. Alors qu’hier encore, je faisais confiance à tout le monde. Comment a-t-on pu en arriver la ?

-Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est que si nous trouvons l’espion, nous pourrons trouver Hans Friedrich, ainsi qu’Elsa et Frida Tiller. Vivants, je l’espère.

-Moi aussi. Ma sœur m’a dit que Hans Friedrich était un de ses meilleurs élèves. De plus, d’après la bibliothécaire de Beauxbâtons, il vient souvent potasser les livres traitant de l’Histoire antique de la Magie et des Runes anciennes. Si ça se trouve, il sait qu’il est descendant des druides et il connait peut-être même le rituel que veut Malgéus.

-Des nouvelles de Pierrick ?

-Non. Mais tu le connais, il peut disparaître un bon moment. Il doit être entrain de chercher quelque part.

-Bon. En attendant, je ne sais pas par quoi commencer. Tu as une idée ?

-J’ai récupéré des copies de tous les dossiers du personnel des Chasseurs. Ça ne nous apprendra peut-être pas grand-chose mais ce sera un début.

-On ne peut pas faire ça à la vu de tous. Et en plus, je dois seconder Florence pour un interrogatoire.

-Les copies sont chez moi. J’ai aussi du boulot ici. On le fera ce soir.

-Je sens qu’on ne va pas beaucoup dormir. Ma femme va me tuer. Avec sa grossesse, je ne te raconte pas ses sautes d’humeur. Enfin, je vais lui dire d’aller chez ses parents quelques jours.

-Quand je t’entends, ça ne me donne pas envi de me marier un jour.

-Ce n’est pas tous les jours roses. Mais il y a des moments de bonheur. Le jour où elle m’a appris qu’elle était enceinte, j’étais le plus heureux. Tu te souviens ?

-Oh oui. T’as payé le champagne à tout le service. Et après d’autres ont payé leur tournée. Certains sont rentrés sur les genoux. »

           Ils se mirent à rire à ce souvenir. Quelqu’un s’approcha en souriant. C’était une belle métisse africaine. Ses cheveux tombaient en de multiples tresses.

« Et bien ça rigole ici ! fit Florence Nana. De quoi vous parliez ?

-On se souvenait du jour où Jonas à annoncer que sa femme était enceinte, dit Franck.

-Qu’est-ce qu’on a bu ce jour là ! se souvint la métisse. Je suis désolé de couper court mais on doit se mettre au travail Jonas.

-Laisse-moi juste cinq minutes, le temps d’appeler ma femme pour lui dire de ne pas m’attendre.

-OK. Salle d’interrogatoire numéro quatre.

-A tout de suite. »

La métisse sortit. Franck et Jonas l’observèrent s’éloigner, comme-ci ils s’attendaient à voir apparaître la marque des ténèbres sur un de ses bras.

« Observe-la bien, fit Franck. Elle fait parti des suspects, comme tout le monde.

-Je sais. »

           Quelques minutes plus tard, Jonas rejoignit Florence à la salle d’interrogatoire numéro quatre. Elle attendait dedans. Lorsqu’il entra, le mangemort le regarda avec suspicion. Il était plutôt jeune, environ vingt-cinq ans. Il avait la peau bronzé qui jurait avec ses yeux saphir. Ses cheveux étaient châtain foncés.

« Tu as déjà commencé ? demanda Jonas.

-Juste les présentations d’usage, dit Florence. Je vais te refaire un topo sur notre ami du jour. Voici Joachim Guernec. Né à Nantes le 12 mai 1958. Mère moldue, coiffeuse, et père sorcier, commerçant tenant une animalerie. A Beauxbâtons, il était connu pour faire parti d’une bande dont plusieurs membres sont devenus mangemorts. Il possède un nombre quasi-incalculable d’heures de retenu pour brimades et insultes à des enfants de moldus. Bien qu’étant lui-même sang-mêlé. A disparu juste après sa sortie de l’Académie où il a eu des notes moyennes. Sa mère est morte quelque temps après, elle a fait une dépression et s’est suicidée. Son père est actuellement en cure pour dépression chronique. Tout ça à cause de monsieur. Concernant sa carrière de mage noir. Il est suspecté de plusieurs meurtres et actes de violence à l’encontre des communautés magique et non-magique. La liste serait trop longue rien que pour les faits avérés.

-Et bien ! Déjà un sacré CV !

-Vous devez être fier d’un tel parcours ! ironisa Florence. Le résultat étant que vous êtes déjà condamné à recevoir le baiser du détraqueur.

-Je ne vous dirai rien bande de cloportes, insulta Guernec. Vous êtes déjà morts.

-C’est gentil de nous prévenir. Passons tout de suite au vif du sujet. Où est Malgéus ?

-Je ne vous dirai rien.

-Vous vous répétez. Mais si ça se trouve, vous l’ignorez. Malgéus n’est pas connu pour faire confiance à ses fidèles esclaves. Surtout que connaissant son sens de la prudence il a dû protéger sa planque avec divers enchantements, comme l’Incartus et le Fidelitas. Mais vous deviez bien transplaner près d’une ville ou d’un lieu nommé.

-Et vous me croyez assez vénale pour vous donner ce genre d’information.

-Pour l’instant nous en sommes aux questions. C’est la procédure, pour voir si les petits mangemorts ont des remords et essayent de racheter leur âme en livrant leur maître.

-Qu’est-ce que vous voulez que ça nous fasse ? Votre ministre a bien annoncé qu’il ne négocierait pas de remise de peine pour nous et que nous étions tous condamnés au baiser du détraqueur. »

           Guernec disait vrai. Jonas maudit intérieurement le jour où Erwan Riliam avait annoncé cette directive judiciaire dans les journaux sorciers. C’était le jour même de sa nomination au poste de Ministre de la Magie. Cette décision fut saluée par le peuple. Mais pour les Chasseurs, cela signifiait qu’ils ne pourraient plus utiliser le marchandage comme moyen d’obtenir des informations. Leur travail s’en trouva durci même si certains crurent tout de même à leur promesse de commutation de peine. L’idée de perdre son âme et de devenir un cadavre vivant restait peu appréciée. Quelques uns gardaient tout de même l’espoir de pouvoir être tout simplement enfermé à vie à Fortran, la prison française des Sorciers.

           L’interrogatoire n’était pas le point fort de Jonas Marus. Il était avant tout un homme d’action. C’est pourquoi il avait choisi d’entrer dans les Chasseurs en passant par la section AI dix ans auparavant. Il avait mis cinq ans avant d’oser tenter les tests de la section S. Mais pour Florence Nana, c’était comme une seconde nature de fouiller dans l’esprit des gens, de leur faire avouer ce qu’ils ne souhaitaient pas dire. Elle était presque démoniaque quand elle s’y mettait. Et pourtant, en dehors de ces séances de questionnement et de piégeage psychologiques, elle était d’une nature plutôt sympathique et légèrement délurée.

           Le visage de Florence s’étira en un sourire que Jonas avait vu plusieurs fois déjà chez elle par le passé dans des situations similaires. Mais avec les soupçons pesant sur les membres du Département des Chasseurs, ce sourire prenait une toute autre signification pour Jonas. Il n’oubliait pas qu’elle pouvait être l’espionne.

« Parlons alors des projets de Malgéus, continua t-elle. Que veut-il exactement ?

-Il veut renvoyer les sang-de-bourbe à leur place, répondit hargneusement Guernec. A notre service pour que nous soyons les maîtres du monde.

-Vous êtes vous-même un sang-mêlé.

-Certainement pas. Cette sale moldue n’était pas ma mère.

-Et pourtant, d’après le certificat de naissance délivré par Gardevie, c’est bien Jocelyne Guernec qui vous a mis au monde.

-C’est un faux ! Mon père n’aurait jamais forniqué avec une sale moldue !

-Votre père aimait votre mère. C’est pour ça qu’il l’a épousée.

-Elle l’a ensorcelé !

-Pour faire ça, il faut être sorcière. Hors, elle ne l’était pas.

-Dîtes ce que vous voulez. Cela ne changera rien. »

           Florence n’insista pas et sortit, suivie de Jonas. Ce dernier lui lança un regard interrogateur.

« Il ne nous dira rien pour le moment, dit-elle. Il faut attendre, le laisser mariner.

-Nous n’avons pas vraiment le temps, rappela Jonas. Malgéus est sûrement entrain de torturé ses prisonniers.

-Je sais, mais si nous nous précipitons trop, il ne tombera pas dans le piège que je suis entrain de lui tendre et nous n’aurons rien.

-Et la Légilimancie ? Nous pourrions nous en servir.

-C’est un procédé qui ne permet pas d’avoir des renseignements assez précis. Et il nous faut un maximum de précision. Ne t’en fais pas. Nous aurons ce que nous cherchons. »

Florence laissa Jonas planté là et se dirigea vers la salle de repos.

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