Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 83 : XVI Le Nom de la Mort

1715 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 04:59

           CHAPITRE XVI : LE NOM DE LA MORT

 

           Dés que Franck Vinol était revenu au Département des Chasseurs après avoir déposé Jonas à Gardevie, il était reparti avec les hommes de la section AI. Thomas était resté également à Gardevie, les médicomages s’étaient mis tout de suite au travail pour soigner Hans Friedrich et la petite Frida. Comme à son habitude, Georges Nide menait ses hommes. Il n’était pas seul, Suzanne Janis était également venu ainsi que Charles Maldieu. Ils découvrirent le champ de bataille. Bien qu’ayant déjà vu ce décor, Franck eut de nouveau un haut le cœur. Les hommes de la AI se positionnèrent pour sécuriser le périmètre. Même s’il n’y avait plus de danger. Franck indiqua la direction où il avait laissé Julie Arak stupéfixée. Un groupe s’y dirigea immédiatement.

           Un autre tableau attira l’attention des chasseurs. Avachi contre le mur du manoir, le cadavre blanc de Malgéus gisait comme une poupée de chiffons de mauvais goût. Devant lui, assis dans l’herbe, tenant ses genoux dans ses bras comme un enfant triste, Pierrick Chaldo ne détachait pas ses yeux du corps. Il ne se retourna même pas quand il entendit les pas des gens s’approchant dans son dos.

« Pierrick, fit Franck. »

Il allait s’avancer vers son ami quand Maldieu tendit le bras pour lui interdire.

« Chaldo, dit le directeur du Département des Chasseurs. Vous avez éliminé Malgéus.

-Il n’était rien, murmura Chaldo. Rien. Mais il savait. Et je voulais savoir. Maintenant, je sais. Et lui est mort. Il n’était rien.

-Ne dîtes pas ça. C’est un grand jour pour nous. Vous vous êtes débarrassé d’un des pires ennemis de la communauté magique française. Et des Moldus aussi. Vous avez accompli quelque chose de grand Chaldo.

-Ne m’appelez pas comme ça. Vous savez que je ne suis pas Pierrick Chaldo. Pierrick Chaldo n’était qu’une illusion. Il n’a jamais existé.

-Je ne vois pas comment vous appeler.

-Pourquoi pas par le nom que vous m’aviez donné à ma naissance ? »

Pierrick se releva doucement. Il se tourna vers Maldieu. Son regard était si inexpressif qu’un cadavre semblait plus vivant que lui en cet instant.

« Pourquoi ne pas m’appeler Gladius ? »

Maldieu resta immobile. C’était ce qu’il redoutait. Il savait.

« Je comprend ce que vous devez ressentir Chaldo, dit-il.

-Non, je ne crois pas, fit Chaldo.

-Faîtes ce qu’il vous semble juste. Je ne me défendrais pas. Allez-y Chaldo. Mais ce que nous avons fait, nous l’avons fait pour le bien de tous. Vous devez comprendre ça Chaldo. »

Pierrick sauta sur Maldieu, le plaquant au sol. Georges Nide, Franck et Suzanne Janis voulurent intervenir mais d’un geste d’une baguette sortit d’on ne sait où, Pierrick les immobilisa sans même leur lancer un regard. Les yeux noirs de Chaldo plongeaient dans ceux de Maldieu.

« Pour le bien de tous ! hurla Chaldo. Vous avez fait de ma vie un mensonge ! Vous m’avez donné l’illusion d’être vivant ! Alors que je suis mort depuis toujours ! Je suis la Mort ! Je ne suis qu’une arme ! Une épée ! Gladius !

-Tue-moi Gladius, dit calmement Maldieu. J’attends ma mort depuis maintenant quinze ans. Après tout, je suis un des Gardiens de l’Epée. Nous tous, nous avons vendu notre âme en commençant ce projet. Nous méritons tous de mourir de ta main. Alors tue-moi Gladius. »

           Pierrick pointa sa baguette sur le visage de Maldieu. Il voulait le tuer, lui faire payer toutes ces années de perdu, toutes ces années de mensonge. Mais des flashs lui montrèrent des visages souriant, des instants chaleureux. Parmi ces visages, il reconnut Françoise et Gilles Chaldo, mais aussi Antoine Faros et son fils Julien, une femme aux cheveux auburn dont il se souvenait maintenant du nom, Mélina Sarla. Il reconnut aussi François Garde et Charles Maldieu, il avait encore ses deux bras. Mais il ne parvenait toujours pas à voir le visage de cet homme en noir. Et pourtant, il devinait un sourire sur son visage. Des éclats de rire résonnèrent.

           Pierrick se releva d’un coup, gardant sa baguette pointé sur le directeur.

« Vous êtes pitoyable, dit Chaldo. Vous ne méritez même pas que je m’abaisse à vous tuer.

-Que vas-tu faire ? demanda Maldieu.

-Je ne sais pas. »

Pierrick disparut en un claquement de fouet. Aussitôt, les immobilisés purent de nouveau bouger. Maldieu se releva. Il soupira. Il avait vraiment cru sa dernière heure arrivé. Il y était préparé depuis des années et pourtant, il se sentait rassuré. Bien qu’il se doutait qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps. Quelque chose n’allait pas, ou plutôt, quelque chose manquait. Janis s’approcha.

« Nous n’avons pas le temps pour les questions Suzanne, arrêta Maldieu. Il faut identifier ces corps. Nous devons savoir si des fidèles de Malgéus connus manquent à l’appel. Mettez vos hommes dessus pour épauler la IRIA. Georges, faite ramener Julie Arak au Ministère. Nous allons l’interroger avant de la remettre à la Justice.

-Voila mes hommes, dit Georges. Que c’est-il passé ? questionna t-il envoyant qu’il revenait sans la prisonnière.

-Elle n’était plus là, répondit le chef d’équipe. Il n’y avait pas non-plus la carcasse du scorpion géant décrite par Vinol. Pourtant, il y en a bien la marque sur le sol.

-Je n’ai pas dû y aller assez fort pour la stupéfixer et elle se sera réveillée, dit Vinol.

-Retournez à la sécurisation, ordonna Georges Nide. Je vais inspecter le dispositif, ajouta t-il à l’adresse de Maldieu. »

           Franck se tourna vers Maldieu. Il voulait lui demander des explications sur Pierrick. Mais Maldieu le devança.

« Je voudrais que vous alliez dans mon bureau où se trouve mademoiselle Yang-Li et que vous la rameniez chez elle, ordonna t-il. Elle y sera mieux pour se reposer. Ensuite, allez-vous reposer également. Vous avez fait plus que ce qu’on attendait de vous.

-Chez elle, c’est chez eux, chuchota Franck en se retournant. »

Franck disparut en transplanant.

           Janis s’approcha de Maldieu qui regardait le cadavre de Malgéus.

« C’est fini pour lui, dit-elle.

-Pour lui oui. Pour nous, pas encore.

-Allez-vous m’expliquer ce qui vous lie à Chaldo ? C’est quoi Gladius ?

-Je suis désolé ma chère, mais ceci ne regarde que lui et les Gardiens de l’Epée. J’espère que jamais vous ne saurez ce que nous avons fait. Car alors, je perdrais le peu de respect que vous devez avoir encore pour moi. »

Janis ne répondit rien, se contentant de s’éloigner.

           Maldieu resta seul. Qu’allait-il se passer maintenant ? Cette question l’obsédait. Mais il haussa les épaules en se disant que quoiqu’il arrive, cela viendrait sûrement vite. Au final, le temps serait son seul juge. Comme pour tous. Il n’était qu’un homme comme les autres. Un homme ayant commis des erreurs inexcusables…

 

           « Malgéus doit être mort à l’heure qu’il est. »

Kylian Névris se trouvait dans un bureau sombre seulement éclairé par quelques lampes à huile faiblarde.

« Votre plan s’est déroulé à la perfection, maître, continua t-il. Même Pierrick Chaldo ne doit plus être une menace maintenant.

-Ce Gladius a été ma plus grossière erreur, fit une voix grave et calme. Maldieu et Faros ont réussi à mettre leur projet à exécution sans que je ne remarque rien.

-Vous avez réparé votre erreur. Les Gardiens de l’Epée sont trop vieux et trop peu nombreux pour être une menace. Si vous me le demandez, je les éliminerai.

-Bientôt je pense. Attendons qu’ils viennent à nous. Car ils viendront. »

 

           Franck déposa Chun sur son lit. Il rabattit le drap sur elle pour qu’elle n’attrape pas froid. Il regarda son visage dans la pénombre. Elle n’avait pas l’air paisible. De quoi pouvait-elle bien rêver après les paroles de Pierrick ? Franck se demandait où son ami avait bien pu aller. Reviendrait-il ?

           Franck regarda un instant dehors avant de tirer le rideau. Il crut voir la silhouette volatile d’un oiseau noir. Mais il n’en était pas sûr. Ce devait être le manque de sommeil qui lui jouait des tours. Il tira le rideau et sortit de la chambre. Chun remua un peu en murmurant un mot, un nom :

« Pierrick. »

Une larme coula d’entre ses paupières closes. Sans lui, sa vie n’existait pas. Sans lui, plus rien n’avait de sens. Où était-il ? Où était le Corbeau qui lui avait volé son cœur ?

 

 

 

FIN

 

 

Une Âme dans les Ténèbres. Un Espoir qui s’effondre. Un Avenir incertain. Un combat dans l’Ombre.

Prochainement :

LE

CORBEAU

 

LIVRE VI

 

Au-delà du Crépuscule

 

 

 

 

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