Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 85 : II Retour

2277 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 04:55

           CHAPITRE II : RETOUR

 

           Hans Friedrich se réveilla après quelques heures de sommeil. Ces quelques heures lui avaient fait du bien. Il ne sentait plus de douleur. Par contre, il ressentait comme une gêne au niveau de son genou gauche et de son dos. Les médicomages lui avaient dit avant de lui donner la potion de sommeil, il boiterait toute sa vie. Mais au moins, il était vivant. Il sentit une masse rayonnante de chaleur contre lui. La petite Frida était allongée, dormant encore. Elle avait refusé de s’éloigner du jeune homme et à la demande de celui-ci, les médicomages la laissèrent dormir avec lui. Hans posa une main affective sur ses cheveux blonds soyeux. Maintenant, il s’occupera d’elle toute sa vie. Il l’avait promis à sa mère avant qu’elle ne meurt. Mais pourrait-il lui rendre le sourire un jour ? Un sourire qu’il n’avait encore jamais vu.

           La fillette remua légèrement et ouvrit les yeux. Elle avait de beaux yeux tristes, vairons. Elle ne sourit pas, se contentant de regarder le jeune homme.

« Tu vas bien ? demanda t-il.

-Je crois, répondit faiblement Frida. »

Un médicomage entra, suivit de Thomas. Le docteur sourit en les voyants réveillés.

« Comment vous sentez-vous ? questionna t-il.

-Mieux, répondit Hans. Je suis prêt à rentrer chez… »

Hans s’arrêta. Chez lui, il n’y avait plus personne. Ses parents et sa petite sœur étaient morts, tués par Kylian Névris. Où irait-il ? Où emmènerait-il Frida ?

« Votre professeur m’a convaincu de vous laisser sortir, dit le médicomage. Même si je préfèrerais vous garder en observation encore quelques jours. Je me range de son avis quand il dit que maintenant, la meilleure médecine pour vous est la présence de vos proches.

-Mais… commença Hans.

-Hermione est d’accord pour t’accueillir chez elle, expliqua Thomas. A vrai dire, je n’ai même pas eu besoin de lui demander. Quand je lui ais dit que tu étais vivant et que tu étais ici, elle a tout de suite dit qu’elle allait te préparer une chambre. Par contre, j’ai oublié de lui parlé de cette petite. Mais la connaissant, elle sera contente de l’accueillir aussi.

-Et Laura ?

-Elle est chez elle. Le professeur Tréveune a été d’accord pour qu’elle rentre le temps que cette histoire se termine. Je ne te le cacherais pas, elle a pleuré et a eu peur. J’ai essayé de lui faire penser à autre chose en lui confiant Marion. »

           Hans se releva dans son lit. Il se tourna vers le médicomage.

« Quand puis-je partir docteur ? demanda t-il sans détour.

-Il y a quelques papiers à signer et après ça ira. Une infirmière va vous les apporter.

-J’ai fait un détour à Beauxbâtons pour récupérer des affaires propres, dit Thomas. Il a fallut que je le justifie devant tes camarades de chambrée. La nouvelle de ta libération a dû faire le tour de l’Académie dans le quart d’heure qu’a suivi malgré l’heure tardive ! »

Le médicomage sortit. Hans fit un brin de toilette et s’habilla. Il remarqua avec plaisir qu’il y arrivait sans aucune aide. L’infirmière apporta les documents. Hans s’empressa de les signer sans prendre le temps de les lire en détail. Il remarqua que Thomas aussi dut signer quelques pages.

« Tu n’es majeur que demain, dit-il en surprenant son regard. Donc il faut la signature d’un adulte pour te permettre de sortir. Jusqu’à demain, je suis responsable de toi.

-Et concernant la tutelle de Frida ? questionna Hans.

-J’en ai parlé au professeur Tréveune qui a pas mal de relation au Ministère. Demain, un représentant du Département d’Enregistrement Citoyen viendra te faire signer ce qu’il faut. Ils auraient dû garder Frida avec eux jusqu’à demain mais ils ont « oublié » de venir la chercher j’ai l’impression.

-Je vois, sourit Hans. Je remercierai le professeur Tréveune quand je le verrai. Merci à vous aussi professeur.

-En dehors de l’Académie, appelle-moi Thomas. Allons-y. »

 

           Thomas effectua le transplanage. Ils apparurent devant une belle maison aux murs blancs. Hans la reconnut aussitôt. C’était la maison d’Hermione Jiraud et de sa fille Laura. Il avait tant envi de la revoir qu’il aurait bien couru jusqu’à la porte. Mais l’état de sa jambe et Frida toujours collée à lui le lui interdisaient. Il suivit Thomas en boitant sur les pierres menant au perron. Thomas frappa à la porte. Il y eut un grand cri et un bruit de pas précipités. La porte s’ouvrit à la volée. La jeune fille qui se tenait dans l’embrasure était âgée de seize ans, c’était une belle brune aux yeux bleus. Ses cheveux étaient légèrement en bataille, sûrement dû à la course effrénée qu’elle venait de faire.

           Laura resta figée durant quelques secondes. Elle fixait Hans d’un regard où se lisait la joie de le revoir. Quelques larmes coulèrent malgré tout. Hans lui sourit. Elle était toujours aussi belle.

« J’ai raté quelque chose ? fit-il en ouvrant les bras. »

Laura se jeta dans l’ouverture. Ils restèrent ainsi un long moment. Derrière Laura, Hermione observait la scène en rayonnant. Marion était à côté d’elle. Thomas lui sourit. La fille-fantôme parvint à esquisser un très léger sourire.

           Laura ne voulait plus lâcher Hans. Il lui avait tellement manquée. Elle en était sûre plus que jamais, il était l’Amour de sa vie. Elle sentit autre chose serré contre son homme. A regret, Laura se sépara légèrement de Hans pour pouvoir regarder. Se cachant derrière Hans, Frida regardait avec peur Laura. La jeune fille interrogea son petit ami du regard.

« Elle s’appelle Frida, expliqua Hans. Et maintenant, je vais m’occuper d’elle. Je l’ai promis à sa mère. »

Laura aurait voulu en savoir plus, mais pour le moment, cette explication lui suffisait. Elle avait l’air importante pour Hans. Elle était maintenant importante pour Laura. Elle s’accroupit pour se mettre à la hauteur de la fillette.

« Bonjour Frida, fit-elle en souriant. Je m’appelle Laura. Tu veux manger des crêpes ou du gâteau avec un bon bol de chocolat chaud. »

La fillette serra un peu plus le vêtement de Hans. Laura continua de sourire. Elle tendit une main vers la fillette. La fillette resta sans bouger un petit moment. Puis elle tendit à son tour sa main et la glissa dans celle de Laura. Elle sortit de derrière Hans mais ne lâcha le vêtement qu’au dernier moment. Laura se releva sans lâcher la main de la fillette et la guida dans la maison.

           « Voici ma mère Hermione, présenta Laura.

-Bonjour Frida, sourit Hermione.

-Et voici Marion, elle est un peu étrange, mais c’est une amie. »

Laura sentit la main de Frida la serrer plus fort. L’apparence pâle, les cheveux en batailles et surtout les yeux blancs de Marion ne devait pas la rassurer. La fille-fantôme se contenta de la regarder passer devant elle sans extérioriser la moindre émotion.

           Laura emmena Frida jusqu’à la cuisine. Hermione lui servit un bol de chocolat chaud et lui donna une part de cake anglais fait maison. La fillette mangea timidement. Hans s’était installé sur une chaise voisine et Laura était de l’autre côté de la fillette. En voyant ce tableau, Thomas ne put s’empêcher de penser à une petite famille.

« Il lui faudrait quand même quelques vêtements, dit-il. Cette blouse d’hôpital n’est pas très belle. »

Frida portait effectivement la blouse que lui avait donnée une infirmière en remplacement de ses vêtements sales et déchirés.

« Maman, tu as gardé mes vieux vêtements ? questionna Laura.

-Oui, répondit Hermione. Je m’étais dit qu’ils pourraient être utiles un jour. Ils sont dans une malle dans la buanderie.

-Tu viens Frida. Frida ? »

La fillette s’était mise à pleurer. Elle se mit en boule sur la chaise et se serra contre Hans. Le jeune homme l’entoura de ses bras.

« Maman, sanglota t-elle. »

Laura comprit, c’était ce mot qui avait réveillé sa tristesse. Elle entoura à son tour la fillette de ses bras.

« Excuse-moi Frida, chuchota t-elle. Je ne voulais pas te faire de peine. »

           Thomas regarda la scène quelques secondes. Frida avait perdu sa famille. Tout comme Hans. Mais elle comme lui avaient trouvés une nouvelle famille. Avec Laura, ils formeraient une famille.

           Thomas ne pouvait pas rester. Il devait retrouver Pierrick. Il n’avait pas encore dit un mot à ce sujet qu’il sentit une main légère se poser sur la sienne. Il se tourna et tomba sur les yeux de nacre de Marion.

« Tu vas repartir, souffla t-elle.

-Il le faut, dit-il. J’ai promis à une amie de retrouver Pierrick.

-Fais attention, il n’est plus celui que tu as connu.

-Peut-être, mais je le ramènerai quoiqu’il en coûte.

-Reviens-nous vite. »

Thomas sourit et déposa un baiser sur la joue de Marion.

« Vous ne restez pas dîner ? demanda Hermione en le voyant dire au revoir.

-Je dois y aller, s’excusa t-il. Je dois retrouver un ami.

-Fais attention à toi, fit Laura en venant embrasser son frère.

-Occupe-toi bien d’eux. »

           Le soir tombait déjà. Cette journée avait été faite de joies et de peines. Thomas se demanda par où commencer. Où étais-tu Pierrick ? Puis une idée lui vint. Quelqu’un aurait sûrement un moyen de le retrouver.

 

           Franck Vinol fut tout de même vaincu par la fatigue. En attendant que Jonas reçoive l’autorisation de quitter Gardevie, il rentra chez lui se coucher. Il avait raconté à son ami la scène dont il avait été témoin. Mais il n’avait pas plus compris que lui. Quel passé reliait Pierrick Chaldo et Charles Maldieu ? Le directeur du Département des Chasseurs avait-il commis un acte impardonnable ? Un acte qui impliquait Pierrick ? Un acte qui concernait directement le passé de Pierrick ?

           Franck avait beau retourné la situation dans tout les sens, se répéter le moindre mot échangé entre le directeur du Département des Chasseurs Charles Maldieu et le Corbeau Pierrick Chaldo, il ne comprenait rien. Maldieu avait parlé de « Gardiens de l’Epée ». Qui cela pouvaient-ils être ? Quel rapport avec Pierrick ? Cette question revenait sans cesse : quel rapport avec Pierrick ? Et pourquoi Maldieu l’avait-il appelé « Gladius » ? « Gladius ». Ce mot signifiait « épée » en latin. De nouveau, la question revint : quel rapport avec Pierrick ?

           Franck ne voyait que deux personnes pour répondre à ses interrogations : Pierrick Chaldo et Charles Maldieu. Pierrick avait disparu. Et forcer Maldieu à répondre à leurs questions ne serait pas chose aisé. Et pourtant, il le faudrait sûrement.

           Jonas vint sonner à sa porte alors que la nuit était tombée. Vu l’heure tardive, il ne devait pas avoir eu l’autorisation de sortie. Devinant ce à quoi pensait son ami, il le devança :

« Je me suis barré de l’hosto. Ils voulaient me garder jusqu’à demain.

-Je vois. Et ta femme ?

-Je pense que je me ferai juste tuer quand je rentrerai après qu’on ait régler cette affaire. J’ai apprécié de travailler avec toi.

-Moi aussi. Si on se mettait au travail au lieu de plaisanter.

-Par quoi on commence ? C’est toi le cerveau de l’équipe.

-Je pensais déjà aller voir Chun. Elle n’avait vraiment pas l’air bien tout à l’heure. Et puis, je pense qu’il va falloir demander des explications à Maldieu.

-Un programme comme je les aime : simple et complexe ! »

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