Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 105 : XXII Tout simplement...

2588 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 20:05

           CHAPITRE XXII : TOUT SIMPLEMENT…

 

           Etait-ce un tremblement de terre ? Une vibration malsaine avait parcouru l’échine des combattants, quelque soient leurs camps. Et lorsqu’enfin le séisme cessa, les combats ne reprirent pas. Les ennemis étaient tous comme hébétés.

           Albert Chergnieux se trouvait face au dernier bastion des mages noirs sur sa route avant d’atteindre le bureau ministériel. Il finit par reprendre ses esprits et ordonna de neutraliser l’ennemi. Les éclairs de stupéfixion fusèrent en tous sens. Les chasseurs sécurisèrent la zone.

« Où va-t-on maintenant monsieur ? demanda un chasseur.

-On va filer un coup de main à Chaldo, répondit Chergnieux. S’il est encore vivant.

-L’ascenseur ! indiqua un autre. »

Les lumières de l’ascenseur indiquaient que quelqu’un descendait du bureau ministériel. Les chasseurs se mirent en position, prêts à réagir à toutes menaces. L’ascenseur stoppa à leur étage en sonnant. Les portes s’ouvrirent.

« Bordel ! s’écria Chergnieux. »

Pierrick Chaldo était assis sur le sol de la cabine. Son sang formait une flaque autour de lui. Chergnieux fut le premier à se porter près de lui.

« Infirmier ! appela Chergnieux. »

L’infirmier du groupe 1 arriva et examina la plaie. Il sortit sa baguette et incanta.

« Il faut l’emmener à Gardevie, dit-il. Je n’arrive pas à refermer la plaie.

-Que t’est-il arrivé pour te retrouver dans cet état ? questionna Chergnieux alors qu’il faisait léviter Chaldo et que l’infirmier effectuait un pansement compressif sur la blessure. Que prépare Janus ?

-Janus est mort, souffla Pierrick.

-Bien joué, sourit le chef de la section AI. »

           L’annonce de la mort de Janus fit le tour du Ministère rapidement. La majorité des fidèles du mage noir se rendirent en apprenant la nouvelle. D’autres durent être neutralisés. Il fallut une heure pour que le Ministère français de la Magie soit sécurisé. Les cellules du Département des Chasseurs et celles de la Police Magique furent totalement remplies.

           Malgré ses blessures, Suzanne Janis revint vite au Ministère. Elle fut reçue par Albert Chergnieux et Luc Fabre.

« Quelle est la situation ? questionna t-elle.

-Tout est sécurisé, informa Chergnieux. Tous les fidèles de Janus ont été neutralisés. C’est un peu surpeuplé dans les cellules mais ça ira.

-Pour les morts et les blessés ?

-Les blessés les plus graves ont déjà été amenés à Gardevie, raconta Fabre. Le champ anti-transplanage a été dissipé ce qui a facilité leur évacuation. Les blessés plus légers sont en cours d’évacuation. Certains sont soignés sur place, ceux n’ayant eu que des blessures sans gravité. Pour les morts, les corps sont entrain d’être rassemblés. Je ferai le compte. Suzanne, Georges est mort. »

Suzanne Janis ne démontra pas de surprise mais la tristesse se lisait dans ses yeux. Le vétéran des chefs de section mais également un ami fidèle et précieux avait péri.

« Et Janus ? demanda t-elle refusant de se laisser gagner par l’émotion pour le moment.

-Chaldo l’a tué, dit Chergnieux. Il me l’a dit. Il est revenu assez salement blessé et a été tout de suite emmené à Gardevie.

-Ainsi, il est bien revenu. Il faut décider qui va parler au Conseil Ministériel. Je l’ais déjà fait appeler.

-Il faut que ce soit toi Suzanne, fit Luc Fabre. En tant que directrice du Département des Chasseurs. Charles voulait te voir à cette place et je pense qu’en effet, tu es la plus qualifiée pour ça.

-Je suis d’accord, acquiesça Chergnieux.

-Alors il me faut choisir quelqu’un pour diriger la section S. Même provisoirement.

-Je suppose que tu as déjà ton idée, fit Luc.

-Je pensais à Jonas Marus. Albert, envoyez quelqu’un le chercher à Gardevie, il y a emmené le professeur Zimong.

-Tout de suite, s’exécuta Chergnieux. »

 

           Pierrick n’avait pas perdu connaissance. Les médicomages avaient refermé sa blessure mais une horrible cicatrice marquait maintenant sa chair. Il profitait de la quiétude de sa chambre, écoutant le silence. Il se sentait serein. Il se rendait compte qu’il avait survécu au pire ennemi qu’il n’avait jamais croisé.

           Quelqu’un frappa doucement à la porte et entra. C’était Thomas. Il était accompagné de Jonas et Franck. Thomas était encore pâle et s’assit sur une chaise. Les quatre amis se sourirent.

« Tu es vraiment en béton, dit Thomas. Tu as perdu plus de sang que moi et tu ne t’es même pas évanoui.

-Tu te ramollis à Beauxbâtons mon vieux, fit Pierrick.

-Tu crois que je vais pouvoir demander quelques jours de vacances exceptionnels au professeur Tréveune ?

-Je pense. Que voulais-tu me dire à propos de Chun tout à l’heure ?

-Elle t’attend. Elle est chez ta tante.

-Merci. Je lui dois des excuses et des explications.

-Elle est au courant pour le projet Gladius, renseigna Jonas. Nous sommes allés voir Maldieu et l’avons forcé à tout nous raconter.

-Je vois. »

           De nouveau, quelqu’un frappa à la porte. C’était un homme de la section AI.

« Monsieur Marus, dit-il. Madame Janis vous demande au Ministère.

-Elle a dit pourquoi ? demanda Jonas.

-Elle veut rassembler tous les chefs de section.

-J’arrive. »

Le chasseur sortit.

« Moi, chef de section, fit Jonas.

-Je trouve qu’elle a fait un bon choix, sourit Thomas.

-Je trouve aussi, acquiesça Pierrick. Vas-y, tu as encore du boulot. Au fait chef, je vais prendre quelques vacances.

-Tu reviens à peine de voyage, plaisanta Jonas. Je verrai ce que je peux faire. »

           Thomas et Pierrick discutèrent quelques minutes jusqu’à ce que quelqu’un frappe… à la fenêtre. Thomas alla ouvrir et un pygargue entra. Il prit la forme de Yan Firvel.

« Tu as l’air de t’en être sorti sans casse, dit Pierrick.

-Ça va, confirma Yann. Mais maintenant, ce n’est qu’une question de minutes ou d’heures avant que mes chefs ne sachent que j’étais présent au Ministère pour la bataille. Ils ont un espion au Ministère et mes balles font des dégâts reconnaissables.

-Et que comptes-tu faire ?

-Je me doutais bien qu’un jour il faudrait que je disparaisse. Tout est déjà prêt. Cette fois-ci, je ne sais pas si nous nous reverrons un jour. Enfin, je voulais juste vous dire au revoir. »

Yann serra la main de Franck puis celle de Thomas.

« Fais attention à toi, dit le professeur.

-Toi aussi, répondit Yann. Ils viendront peut-être chercher Marion un jour.

-Je ne les laisserais pas me la prendre. »

           Yann vint jusqu’à Pierrick. Les deux hommes se serrèrent la main également.

« Si tu as besoin de quelque chose, n’hésite pas, dit le Corbeau.

-Merci, remercia Yann. Prends soin de toi et de Chun.

-Je ferai de mon mieux, mon ami. »

Yann se dirigea vers la fenêtre, l’ouvrit et partit en se transformant en oiseau.

 

           Quelques heures plus tard, Thomas transplana devant la maison de la famille Jiraud. Il n’eut pas le temps de rejoindre la porte d’entrée que déjà, celle-ci s’ouvrait. Laura se jeta dans les bras de son frère, lui arrachant une grimace douloureuse qu’elle ne remarqua pas. Ils ne se dirent rien. Ils n’avaient rien besoin de se dire. Ils restèrent ainsi quelques minutes. Puis, Laura consentit à desserrer son étreinte. Hans, tenant la main à Frida, en profita pour venir serrer la main du professeur. Thomas sentit quelqu’un tirer sur sa robe. Il baissa les yeux et découvrit Frida. Il se baissa pour se mettre à la hauteur de la petite fille. La fillette se blottit contre lui, lâchant la main de Hans.

           Derrière Hans se tenait Hermione qui souriait de la scène et à côté d’elle, Marion n’osait même pas bouger. Thomas lui sourit. Il rendit Frida à Hans et se dirigea vers la jeune fille.

« Je suis revenu, dit-il. »

Marion n’attendit pas une seconde de plus pour venir l’embrasser. Elle était si heureuse de le revoir vivant qu’elle n’avait pas trouvé d’autre moyen de l’exprimer.

 

           « Notre agent au Ministère de la Magie nous a confirmé la mort de plusieurs mages noirs de Janus par balle.

-Alors ce que nous redoutions s’est révélé exact : Firvel nous a trahis. Mais depuis quand ?

-On peut considérer depuis son premier contact direct avec Corbeau. Il n’a jamais été un élément très intègre.

-Il connait trop de choses sur nous. Donnons l’ordre à White Ghost de l’éliminer.

-Nous n’avons plus contact avec elle depuis des jours. En temps normal, il n’y aurait rien d’inquiétant mais quelque chose me dit que nous l’avons perdue aussi.

-Que proposez-vous ?

-Firvel est malin mais prévisible. Il refera surface. Nous n’avons plus qu’à attendre. Et alors, nous agirons.

-J’espère pour vous. Votre prochaine erreur sera la dernière. »

 

           Pierrick avait décidé de se rendre d’abord en Sibérie. Il avait expliqué la situation à Massil et Degard. Andrei fut laissé à sa famille mais sa mère demanda à ce que Pierrick vienne le chercher lorsque le temps sera venu pour lui de commencer ses études à Beauxbâtons. Le garçon semblait avoir dit à sa mère qu’elle pouvait avoir confiance en le Corbeau.

           A son retour en France, Pierrick se matérialisa directement devant la porte du bar de sa tante. Tom lui ouvrit aussitôt.

« Te voila enfin, dit Emilie Chaldo. Tu sais que tu es attendu ?

-Oui, fit Pierrick. Je te remercie d’avoir veillé sur Chun.

-Ça m’a fait plaisir. Elle est en haut. Je vais vous préparer un petit-déjeuner. Descendez quand vous voulez. »

           Pierrick monta lentement l’étage. Il ignorait comment Chun le recevrait. Elle était en droit de le rejeter. Il était conscient de lui avoir fait beaucoup de mal en disparaissant et surtout pour ce qu’il lui avait dit. Et en plus, elle savait ce qu’il était à l’origine. L’accepterait-elle en sachant qu’il pouvait aussi bien ne pas être nommé « humain » ?

           Combien de temps resta t-il debout devant la porte sans oser bouger ? Peu importe. Il se rendait compte que ce qu’il lui faisait le plus peur n’était pas de combattre un ennemi à la puissance inimaginable mais simplement d’être rejeté par celle qu’il aimait.

« Pourquoi n’entres-tu pas ? lui murmura une douce voix dans sa tête.

-J’ai peur, pensa t-il. Elle a le droit de me rejeter.

-Tu l’aimes ?

-Oui. Autant que je t’aimais Su. Je donnerais ma vie pour elle.

-Alors tu n’as pas à avoir peur. Car je suis sûre qu’elle t’aime autant que moi je t’ai toujours aimé. Même la mort n’a pas fait taire mes sentiments pour toi. Et je suis heureuse de voir que tu as trouvé quelqu’un comme Chun. Je veillerais toujours sur toi par delà ce monde. Mais toi, tu dois veiller sur quelqu’un dans ce monde. »

Pierrick sourit.

« Au revoir Su, pensa t-il.

-Au revoir mon amour, soupira Su dans un dernier murmure. »

Pierrick crut sentir les lèvres de Su lui effleurer les siennes un fugace instant. Et si tout cela n’avait été qu’un rêve ? Peu importe.

           Pierrick se décida enfin. Il frappa à la porte. La voix de Chun s’éleva de l’autre côté. Jamais aucune porte ne lui avait semblé si épaisse. Il avait encore peur mais il ne reculerait pas. Enfin il savait ce qu’était le courage. Il posa sa main sur la poignée et l’actionna.

           Chun était assise sur le lit, les draps lui couvrant les jambes. Elle resta figée un moment en découvrant Pierrick dans l’embrasure de la porte. Un silence s’installa.

« Bonjour, osa-t-elle finalement dire.

-Bonjour, répondit-il. »

Un nouveau silence. Puis Chun se décida.

« Entre, invita t-elle. Viens t’asseoir là. »

Pierrick referma la porte et vint près d’elle.

« Je suis désolé, finit-il par dire au bout d’un moment. Je t’ai dit des choses horribles.

-Ce n’est pas grave, assura t-elle. Je sais pourquoi. Tu étais troublé et je le comprends.

-J’ai été faible.

-Non, tu as été humain.

-Je ne sais même pas encore si j’ai le droit d’être qualifié ainsi. »

Chun l’entoura de ses bras.

« Je t’aime Pierrick. C’est tout ce que j’ai besoin de savoir pour dire que tu es humain.

-Moi aussi je t’aime. »

Pierrick prit Chun à son tour dans ses bras et l’embrassa. Il se rendit compte à quel point la douceur de ses lèvres lui avait manqué.

« J’ai besoin de toi près de moi, dit-elle après leur long baiser. Ou plutôt, nous avons besoin de toi. »

Pierrick plongea ses yeux dans ceux de Chun. Il resto coi un moment. Et sans comprendre réellement, ses yeux descendirent jusqu’au ventre de la jeune femme. Précautionneusement, il y posa sa main. Et sans l’enlever il replongea dans les yeux de nouveau pétillant de vie de Chun. Il sourit comme jamais et l’embrassa de nouveau.

           Il l’avait. La preuve de son Humanité grandissait sereinement dans le ventre de celle qu’il aimait. Jamais plus il ne douterait. Finalement, c’était si simple. Il allait vivre. Tout simplement…

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