Ses yeux verts

Chapitre 43 : Chapitre quarante-troisième - La princesse de sang-mêlée

2018 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 03:17

Assise à sa fenêtre, Ingrid pousse un soupir en observant le ciel alors que le mois de juillet qui s'entame lui donne le goût mortel de la culpabilité. Si la jeune femme ne regrette pas d'avoir agi avant Rogue, elle déplore de ne pas avoir trouvé un moyen d'éviter tout cela.  Même si d'après ce qu'elle a appris, la mort de Dumbledore était inévitable, la sorcière aurait aimé que les choses se passent autrement. Elle aime à croire qu'un destin n'est pas scellé, or les évènements lui ont montré le contraire. La bleu et bronze a encore du mal à s'en remettre. Chez ses parents, les Williamson, la jeune femme a l'impression de devenir folle lorsqu'ils lui racontent, chaque soir, des nouvelles du ministère. Des nouvelles qui ne sont à vrai dire pas toujours très encourageantes. Du côté de ses amis, la rousse reçoit quelques visites et des lettres auxquelles elle répond mais au fond, elle voudrait ne voir personne. Enfin, ce n'est pas tout à fait vrai, elle voudrait voir une personne. Qui lui a promis une lettre et n'en a rien fait. Dont elle n'a pas de nouvelles depuis de 30 Juin, depuis dix jours. C'est long dix jours pour un cœur amoureux, pour une femme qui s'inquiète. Vraiment très long, mais elle suppose qu'il a beaucoup à faire. Alors comme chaque jour, finissant par quitter sa fenêtre, Ingrid écrit des lettres.

 

Toute à son écriture, la rousse sursaute en entendant un plop dans son dos, accompagné d'une odeur fraîche, une odeur légèrement mentholée qu'elle sent dans l'amortentia. La sienne. Déglutissant, l'étudiante se redresse, se retourne, le voit enfin. Immobile, la voilà qui l'observe et lui fait de même. Il remarque son air fatigué, les quelques kilos qu'elle a de nouveau perdu, ainsi que le reflet morne de son regard vert. De son côté, la rouquine remarque ce teint plus pâle que d'ordinaire et une nouvelle plaie dans son cou, encore fraîche. Tout deux se regardent et aucun ne parle, alors que la tension grimpe. Ils ont tant de choses à se dire et si peu de temps pour le faire. Ingrid le dévisage, avec cette impression qu'elle va éclater en sanglots. D'ailleurs, une larme glisse le long de sa joue, simplement de le voir vivant devant elle. Ils devraient parler, c'est même nécessaire, après la mort surprenante de Dumbledore. Non pas que ce soit une véritable surprise en soit, tous deux le sachant condamné, mais la façon dont cela s'est produit... Ils ne peuvent taire ce sujet brûlant et pourtant c'est ce qu'ils font, restant silencieusement là cinq minutes durant à simplement se regarder, se calmer, prendre conscience que l'autre va bien. Ils le savaient déjà mais le constater de ses yeux est bien plus rassurant.

 

Seulement ça ne peut plus durer. Ingrid a besoin de le sentir près d'elle, de sentir ses bras protecteurs autour de son corps, ses lèvres sur les siennes. La jeune femme a ce besoin de sentir qu'il l'aime, que ce qu'elle a fait, pour lui, ne les a pas détruits. Car la sorcière a peur qu'il prenne encore mal son implication dans le décès de Dumbledore. De fait c'est elle, qui fait le premier pas, le rejoignant en quelques secondes pour se jeter entre ses bras et y laisser couler quelques larmes d'un soulagement qui n'est plus retenu. Elle a eu si peur de le perdre et le voilà de retour, qui ne la repousse pas malgré son geste. Ingrid l'a fait pour lui après tout, l'a-t-il compris ? La bleu et bronze a beau être jeune elle sait ce qu'elle veux. Et c'est lui qui est l'objet de ses ambitions, de ses désirs. Elle ne le laissera pas se briser.

 

Leurs lèvres se rencontrent, chastement pendant quelques secondes et puis le baiser devient plus fiévreux, presque furieux, empressé. Le baiser des gens qui n'ont pas le temps, des gens qui ont peur de laisser passer leur chance. C'est un baiser douloureux pour l'un et l'autre, qui exprime la peur qu'ils ont eue de se perdre, celle qu'ils éprouvent encore à l'approche des jours sombres. Et c'est cette peur du lendemain, ou de l'absence de lendemain, qui leur fait perdre la tête. Alors que le baiser devient un peu plus empressé encore, Severus s'arrête un instant, pour prendre le temps de la regarder. Et Ingrid réduit la distance entre eux d'un geste vif et assuré, pour l'embrasser de nouveau alors que ses mains entreprennent de défaire un à un les boutons de la tenue de son partenaire. Son empressement est immanquable, presque touchant, à sa manière. Si jusque là elle ne se sentait pas de sauter le pas, la rouquine est maintenant en mesure de passer à l'acte. Après tout, sans se sentir prête autrefois, la sorcière le désire depuis un long moment. Peut-être est-ce la peur, ou peut-être est-ce l'ordre naturel des choses, l'évolution normale de sa relation qui lui dicte que le moment est venu de sauter le pas, ou c'est simplement ce désir latent qu'elle ressent depuis plusieurs semaines. Toujours est-il que la jeune femme souhaite en devenir véritablement une, entre les bras de celui qu'elle aime. Il semble un peu surpris et la sorcière de serdaigle lui accorde un fin sourire avant de l'embrasser encore.

 

"- Tu es certaine que... c'est ce que tu veux ?" interroge Rogue un peu décontenancé.

"- Parfaitement."

 

Merlin, ce n'est pas dans les habitudes du sorcier que d'être le premier. Habitué à fréquenter les catins, ou les mangemortes, avoir entre ses bras une fille innocente le perturbe quelque peu, la peur se mêle à son désir. La crainte de ne pas s'y prendre correctement, de faire mal à sa partenaire... Pourtant, l'homme l'allonge sur le lit aux draps bleus de cette chambre aux  murs blancs parsemés de quelques miroirs et décors, aux rideaux couleur du ciel, aux meubles en bois d'acacia. Après quelques instants à la regarder, l'admirer, il entreprend de la déshabiller en jetant un sort d'insonorisation et de verrouillage, juste au cas où et le regard vert se perd dans le regard noir. Ingrid adresse un sourire à son partenaire, lui volant quelques baisers avant que ce dernier ne glisse ses lèvres dans le cou de la bleu et bronze. Avec une lenteur calculée, l'homme déshabille Ingrid, lui offrant au passage quelques effleurements faisant frissonner la rouquine. Puis le regard appréciateur du potionniste caresse le corps de sa partenaire encore couverte de ses sous-vêtements aux couleurs de la maison serpentard, un détail qui amuse le sorcier et fait rougir la serdaigle, légèrement. Elle est belle, vraiment, et l'homme la détaille du regard. Là, son grain de beauté, ici une petite cicatrice. Une chute de vélo étant enfant ? Peut-être. Qu'importe, à ses yeux elle est parfaite. Après l'avoir laissé la regarder quelques instants, la sorcière entreprend de le réduire au même niveau vestimentaire qu'elle-même, un doux sourire aux lèvres.

 

La main de Severus glissant sur elle fait frissonner la sorcière alors que son partenaire ne semble oublier aucun centimètre carré de la peau qui lui est accessible. Rapidement pourtant, il en demande plus et dévêtit tout à fait la jeune femme pour la détailler du regard, avant de lui donner l'occasion de finir de le dévêtir également, ce qu'elle fait. Et Ingrid a l'impression de défaillir, ou de devenir folle, en sentant cette peau chaude contre la sienne, ce corps brûlant propageant le feu en elle. Ils n'ont pas besoin de plus, pendant un moment, laissant seulement leurs mains se découvrir l'un et l'autre, prendre leurs repères. Patiemment, le sorcier passe une main sur un sein de la sorcière, sur son ventre, entre ses cuisses. Et la rousse frissonne, soupire, gémit sous ses attentions dont il la comble avec douceur. Enfin,  après un temps passé ainsi à apprendre les moindres détails du corps de l'autre, Severus regarde sa douce avec un peu plus d'insistance, de désir dans le regard. Il la questionne ainsi, sans un mot, se contentant d'un consentement par un signe de tête de sa compagne.

 

Un sourire léger se dessine sur les lèvres du professeur, comme s'il espérait la détendre un peu alors qu'elle affiche un petit air crispé pour sa part. Une seconde, il pense à en rester là, ce serait suffisant pour cette fois, pour ne pas la brusquer. Mais sa partenaire elle-même le coince de ses jambes et lui adresse un sourire. Non, elle ne souhaite pas cesser maintenant. Ingrid le veux. Et elle le veux tout de suite. Par peur, c'est vrai c'est un peu ça. La sorcière ressent un désir fou de lui appartenir avant la fin, un besoin désespéré d'être à lui. Au fond, il ressent la même nécessité de s'enivrer de sa présence, du parfum floral de ses cheveux, du goût sucré de sa peau qu'il embrasse alors qu'il la fait sienne, enfin. Sa princesse de sang-mêlé. En quelques secondes la jeune femme s'adapte à lui, se fait appréciatrice et gémissante de ce qui lui arrive. Ingrid cherche à lui donner du plaisir aussi, tâtonnant un peu, cherchant à découvrir les zones de plus grande sensibilité, lui caressant le buste, le dos, chaque parcelle de peau qu'elle peut atteindre.

 

La tête sur le torse de son partenaire, la jeune femme soupire, cherchant à reprendre son souffle et retrouver une fréquence de battements cardiaques normale...   retrouver ses esprits en quelque sorte alors qu'elle nage encore dans les délices, nue contre son partenaire, repue de lui, pour le moment. Et la sorcière rit en cachant son visage contre le buste du potionniste, ne tardant pas à s'endormir entre ses bras comme ce dernier caresse ses cheveux, songeant qu'il lui parlera un peu plus tard.

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