HUNGER GAMES : LA VICTOIRE DE MAGS

Chapitre 5

1718 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 23:38

Bercée par la chaleur du sac, je m'endors rapidement après cette longue journée. J'ai l'impression de m'être seulement endormie lorsqu'un coup de canon me réveille en sursaut. Sonnée par ce réveil brutal, j'aggripe machinalement mon épieu et me redresse vivement. Un autre mort. Ça pouvait être Hank, et alors ? Profitant de ce moment de conscience, je scrute les horizons, éclairée par le halo du sac de couchage qui faiblit. Rien. Que de la rocaille, du sable et de la poussière qui virevolte. Pourtant en plissant les yeux, il me semble apercevoir un brin de lumière. J'attends quelques minutes que mes yeux s'habituent à l'obscurité, et je vois effectivement un feu brûler au loin. Un tribut, inconscient des signaux qu'il envoit à ses adversaires. Autant en profiter et récupérer peut-être du matériel intéressant. Je rassemble l'ensemble de mes affaires dans mon sac et abandonne celui du garçon du 5, le vert fluo. Trop flashy si je veux avoir celui là par surprise.

Je décide de procéder avec prudence, en faisant des pauses derrière des rochers toutes les cinq secondes. Au fur et à mesure de mon approche, je sens l'odeur du feu et entend une voix, féminine. Je ne suis plus qu'à 10 mètres lorsque j'entend une deuxième, au ton bien plus grave. Merde, c'était pas prévu qu'ils soient deux. J'analyse rapidement la situation dans ma tête. Mes armes se résument à mon épieu et le petit couteau de chasse, ainsi que l'effet de surprise. Pas terrible. Je risque un coup d'oeil derrière le rocher et tente de discerner les numéros sur leurs vestes. Malheureusement, ils les ont tout deux retirées. Je distingue juste la face droite du garçon. Les yeux marrons et les joues saillantes. Une blessure récente au front semble indiquer qu'il s'est battu. Il doit taper dans les 16 ou 17 ans.

- Je sais mais hors de question de retourner dans la forêt, c'était trop chaud là-bas, dit-il à la fille.

- Où qu'on aille il faut qu'on trouve de l'eau gros nigaud. Et à part la forêt, je vois pas, rétorque-t-elle du tac au tac. 

J'essaie de me remémorer les districts encore complets. Les carrières, évidemment, mais ce ne sont sûrement pas eux. J'aurais reconnut leurs voix. Ensuite c'était elle et Hank, le district 4. Puis il lui avait semblé que tout les districts avaient perdus au moins un de leur tribut. Sauf un apparement, ou bien c'était une alliance incongrue. Ils s'étaient battus visiblement. Le garçon avait l'air mal en point.

Il fallait prendre une décision, et vite. Ou elle attaquait, ou elle fuyait.

- Est-ce que tu crois qu'on aura droit à des sponsors, s'enquit la fille, en regardant le ciel. Non parce qu'on s'est battus avec d'autres quand même ! Et c'est pas ça que vous voulez ?!

- Arrête, t'es conne ou quoi, grommella le garçon.

Pourtant, dans la seconde, un bruit retentit au dessus de nos têtes. Un petit bip régulier. Un sponsor. C'est une blague ? Je risque un autre regard.

- Ah bah quand même ! fanfaronna-t-elle. 

Elle s'empara de la boîte métallique qui était accrochée à un mini parachute. J'ai un mauvais pressentiment. La fille ouvrit la boîte avec précipitation.

- Aloooors, qu'est-ce qu'on a... Attends c'est une blague ?

- Y'a quoi ? demande le garçon.

- Ben rien juste un morceau de papier, annonce-t-elle, dubitative.

Mes yeux s'écarquillent et je commence à reculer, le sac sur mon dos. Trop de temps, j'ai pris trop de temps à réfléchir. Je recule doucement, grinçant des dents au bruit que mes semelles produisent. Aussitôt lut, la fille jette le papier à terre et plonge son regard dans ma direction, attrapant ce qui ressemble à un trident au sol. Le garçon, mis en alerte par sa compagne, fais de même avec son épée. Tout deux se lèvent doucement et avancent vers moi. Ils ne m'ont pas encore vus, mais ça ne va pas tarder. Je continue de reculer pour me dissimuler derrière un rocher. J'ai l'impression de ne faire que ça depuis le début des jeux : me cacher derrière un gros rocher en espérant que ça passe. Je les entend encore s'approcher.

- Le message disait quoi, souffla le garçon.

- "Tribut droit devant".

Je blêmit. On ne pouvait être plus clair. Je tâtonne le sol et saisit une pierre. C'est ma dernière chance. Encore quelques pas et ils sont sur moi. Je vise à gauche et lance la pierre à ras du sol quelques mètres plus loin. Ils sursautent tout deux au bruit et se retourne vivement vers l'origine. Maintenant. J'empoigne fermement mon épieu et m'élance en beuglant. La fille lâche un petit cri de surprise et je vise sa poitrine. Lui est plus rapide et la pousse violemment sur le côté pour lui éviter une mort certaine. Elle s'écroule plus loin. Mon épieu ne trouve que le vide et je suis campé devant lui. La fille lâche un grognement de douleur et se masse le crâne, apparement abasourdie. Le garçon fonce vers moi et je vois son épée se rapprocher dangereusement. Je roule sur le côté et me redresse péniblement.

Il est beaucoup plus imposant que je ne l'imaginais. Ses muscles tressaillent et il charge de nouveau vers moi. Je suis encore à terre les jambes en feu après avoir essayé d'être discrète. Je m'avoue vaincue et ferme les yeux. Trois, deux, un... Je me redresse, empoignant mon épieu à deux mains et pousse mes bras vers l'avant, dans une dernière tentative. Celui-ci rencontre le torse du garçon dans un bruit sinistre. Les yeux écarquillés de surprise, il regarde mon arme à demi-enfoncée dans son corps, l'épée toujours au dessus de sa tête. Après une seconde de stupéfaction, il tombe en avant, s'embrochant encore plus. Je reçoit une éclaboussure de son sang sur mes jambes.

Sidérée par mon action, je reste éberluée devant ce corps. J'entend les gémissements de la fille un peu plus loin.

- Putain... Caleb ? Caleb ? bredouilla-t-elle.

Le coup de canon tonne. J'ai tué ce tribut. Je n'en revient pas. Je me relève doucement et aggripe mon couteau dans ma poche. Autant finir ce qu'on a commencé. La fille est juste là, toujours à terre, se massant le crâne. Elle a du sang sur sa main et n'a apparement rien remarqué de la scène. Ses cheveux roux lui tombent dans les yeux. Ses yeux bleus clairs contrastent avec l'obscurité ambiante. Elle est jolie.

- Caleb ? Ma tête, bordel mais qu'est-ce qui t'as pris ?

Je suis en face d'elle et vérifie qu'elle n'a aucune armes. Sur ce, je m'accroupis et la regarde. Elle lève la tête et ses yeux traduisent une terreur soudaine.

- Oh non..., bredouille-t-elle.

- Si. Désolé que ça se passe comme ça. Quel district ? je la questionne.

- Neuf, répond-t-elle, trop abasourdie pour faire quoi que ce soit d'autre.

- Je suis désolé pour toi et ton ami. Mais tu connais les règles. 

Je m'exprime d'un ton ferme pour ne pas laisser transparaître mon desespoir. Comme pour associer geste à la parole, je pose la pointe de mon couteau sur son coeur.

- Tes derniers mots ? dis-je, refoulant des larmes.

Elle garde le silence, les lèvres pincées. Je la regarde droit dans les yeux et lit de la tristesse et de la haine. J'enfonce  brusquement le couteau. Sa bouche échappe un petit "oh!" et elle s'écroule. Deuxième coup de canon. Je retire mon arme, enfoncée jusqu'à la garde.  Et je pleure en silence. Les larmes coulent sur mes joues chaudes. Je nettoie mon couteau, cachant mon visage derrière mes cheveux. Ils ne doivent pas voir ce moment de faiblesse. Ce que je viens de faire est bon pour les sponsors. Une jeune fille élimine un district à elle seule. N'empêche. Je récupère mon sac, et trouve quelques provisions au campement de ces tributs. Empaquetant le tout, je m'en vais. 

Le ciel s'éclaircit. Je marche toujours dans la même direction qu'à mon arrivée. Loin du campement. Loin des tributs que j'ai tués. Loin du district 9 que j'ai décimé.

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