Please notice me, Dedenne-sempaï!

Chapitre 4 : Chapitre 4 ou comment devenir une star malgré soi

4891 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 15:20

Cher Dedenne tout puissant,

J'espère que tu me pardonneras, un instant, j'ai perdu de mon courage et de ma foi en la tâche divine que tu m'as confier. La mission est dure, tu n'en doutes pas, et ce ne sera sûrement pas la dernière fois que je perdrais motivation dans mon combat. Je penses que j'ai manquer de discernement, nos alliés sont plus proches qu'on ne pourrait le croire, et malgré quelques rencontres que j'aurais préféré éviter avec de désagréables individus, je peux me réjouir d'avoir pu récemment mesurer l'amitié qui me liait à mes pokémons, qui m'ont aidés lors de cette mauvaise passe. Souhaites-moi bonne chance, aujourd'hui encore, je doutes que ma journée sera facile.

Je me suis levée assez tôt pour pouvoir découvrir la capitale en touriste. Mes lunettes de soleils sur le nez, Millie sur mon épaule, j'arborais mon plus beau sourire aux grandes avenues d'Illumis et glissais gracieusement sur mes rollers en me dirigeant vers les petites rues commerçantes que je rêvais de découvrir. A peine avais-je repéré un magasin de vêtement d'une célèbre marque de luxe que je me faisais arrêter par un ouvrier.

« Excusez-moi jeune homme, mais avec la coupure de courant, tout est bloqué. »

Je regardais les Lumosiens aller et venir malgré le barrage et lui demandais, tout en baissant mes lunettes.

« Are you fucking kiding me ? Excusez-moi, manant, mais savez-vous à qui vous avez affaire ? »

Il me répondit d'un air suspicieux en pointant du doigt quelque chose derrière moi.

« Lui ? »

Sans comprendre, je me retournais sur la grande rue, et ce que j'y vis me laissa sans voix.Sur un grand écran surplombant l'avenue, en haut d'un immeuble gigantesque, tournaient en boucles les images de ma rencontre avec Dexio, la veille. Des photos, et le témoignage surréaliste d'une passante.

« Que Arceus nous gardes, c'était horrible ! Devant tout le monde, un dresseur en agressa un autre physiquement, à coup de rollers. Il semblait très agressif, et l'a menacé de continuer si on ne le laissait pas tranquille ! »

Apparaissait sur l'écran une vidéo de moi assénant à Dexio la fameuse menace : T'en as pas assez ?

Mon dieu mais je parlais de sa tendance à me suivre, pas du coup de rollers. Je n'avais même pas fait exprès ! 

C'était au tour de Violette, la championne de Neuvartault, de passer à l'écran, et de raconter avec des sanglots dans la voix comment je lui ais volé le badge de son arène en l'insultant de tous les noms. Devant ces images, je ne pus que me mordre la lèvre inférieur en maudissant la personne qui as pu faire ce reportage.

Rapidement, je retournais au centre pokémon pour changer de couvre-chef, ayant acheté un bonnet dans la ville précédente, et repartais sans détour vers le laboratoire de Platane en vissant mes lunettes de soleil sur mon visage. Je serais bien passé chez le coiffeur voisin pour qu'il me rende méconnaissable, mais il n'aurait pas tôt fait de découvrir ma véritable identité d'infirmière Joëlle à la vue de mes longs cheveux roses et j'aurais été renvoyé à Neuvartault vite fait, bien fait. C'est pas possible, il ne doit vraiment rien se passer à Kalos pour qu'ils puissent faire la une sur des querelles de dresseurs de pokémons. N'avaient-t-ils pas de groupes terroristes comme la team rocket ici ? Quoi qu'il en soit, je ne m'attendais pas à devenir célèbre de cette manière.

C'est en catimini que je me rendais à nouveau au laboratoire du professeur Platane. Je saluais tous les employés qui me reconnaissèrent bien vite et ne me sourièrent plus de la même manière que la veille. Une fois au second étage, c'est dans un bureau bien décoré que le scientifique aux airs d'ailleurs m'acceuillat.

« Joëlle ! Content de te revoir, jeune fille. »

Surprise, je l'apostrophais, l'index sur les lèvres :

« Pas si fort ! On pourrait vous entendre !

-Ne t'inquiètes pas, tout est insonorisé ici. J'ai cru comprendre que tu faisais le buzz dis-moi.-Ne m'en parlez pas. » Soupirais-je. « C'est du délire, j'ai l'impression qu'on ne parle plus que de moi. Et je ne l'ai pas frappé en plus ! C'est lui qui…

-Je sais déjà. »

Je haussais un sourcil. Ça sentait le déjà vu. Comment cet homme pouvait en savoir autant sur ce que je faisais ?

« Professeur Platane, comment avez-vous su que je suis une fille ? Je pensais mon déguisement parfait.

-Oh ce n'est pas la seule chose que je sais de toi. Joëlle, infirmière Joëlle de dix-neuf ans affectée à Céladopole puis mutée avec sa mère, Joëlle, à Neuvartault il y a six mois…

-Mais, que…

-Tu ne pensais tout de même pas que je confierais mon matériel de recherche à n'importe quelle inconnue ! J'ai fait quelques recherches sur toi. » annonçait-il en riant.

L'angoisse me saisit. J'avais complètement oubliée qui se portait garant de notre équipe de dresseur et qui nous avait fournis matériel électronique et pokémons. Je me retrouvais face à un homme ayant pouvoir de décision sur mon avenir en tant que dresseuse, qui savait ma situation délicate, aussi bien médiatique que familiale, puisqu'une infirmière ne peut normalement pas se présenter en tant que dresseur, mais il devait savoir aussi ce que j'avais fait de son fameux matériel de recherche. L'un détruit en petit morceau dans ses locaux, l'autre, le pokémon donné au départ, tout simplement relâché dans la nature. Je me mordais la lèvre, prête à entendre la sentence, quand l'homme ajoutais sur un ton plus doux.« C'est bon, détends toi. Je ne te renverrais pas à Kanto. A une condition néanmoins…

-Laquelle ? » Demandais-je innocemment, prête à tout pour pouvoir continuer.

« Je vais te le dire, mais accueillons d'abord tes petits amis. »

Je me retournais et voyais entrer dans la pièce Sannah et Serena. Je n'avais pas revu les jeunes filles depuis l'entrée à Neuvartault. Nullement fatiguées du voyage, elles semblaient toutes deux guillerettes, et contente de me revoir.

« Joël ! » S'écria Sannah en me prenant la main. « Que je suis contente de te revoir ! Tu m'avais manqué !

-Ahah Sannah ! Toujours la même n'est-ce pas, toi aussi, tu m'as terriblement manqué. Je remercie le ciel de nous avoir réuni ensemble aujourd'hui, ça faisait si longtemps... » Lui déclarais-je solennellement, une pointe de cynisme dans la voix.

« Joël, puisque tout le monde est arrivé, j'aimerais que tu engages un combat contre moi. Si tu gagnes, tu pourras obtenir ce que tu voulais. » Platane me lança un regard de défi en découvrant ses pokéballs. La petite jeune fille à qui je parlais lâcha mes mains pour les porter à son visage dans un geste de stupéfaction :

« Un combat ?! Dans le labo ?! 

-Tiens toi derrière moi Sannah, ça promet d'être intéressant. » lui dit Serena en me volant la vedette au passage.

« Comme vous le souhaitez, Platane. » Répondis-je sur le même ton en envoyant Millie sur le terrain.

Les pokémons qu'envoya le professeur me semblaient plutôt familiers, j'en avais déjà vu dans ma région. Un Carapuce, un Salamèche et un Bulbizarre. Mon Dedenne se chargea sans mal de les mettre littéralement au tapis en seulement quelques minutes et une seule attaque, ce qui eu le résultat de me faire reprendre toute ma confiance en moi et de desservir grandement à la réputation du professeur, qui dû s'avouer vaincu et me proposa un de ses trois pokémons, en plus de ma liberté qui resta sous silence face aux autres. C'est en souvenir de ce combat historique que je choisissais en toute solennité un Carapuce mâle de niveau 10, Pressé de nature et assez entêté, renommé Carpette.

« Joël, je dois admettre que tu es un dresseur qui sort de l'ordinaire » déclara-t-il devant Sannah, Serena, Tierno et Trovato qui venaient d'arriver, mais surtout tout mon orgueil.

S'ensuivit un discours que je n'entendis pas vraiment, trop fière et occupée à jouer des épaules et à féliciter Millie. A peine compris-je que ça parlais de méga-évolution. J'avais vu un article là-dessus dans une revue genre « Science et pokémon junior » (la version pas-junior est trop compliquée pour moi) dans l'avion qui me menait à Kalos. Une découverte scientifique sans importance, tous les mois avaient leur lots de nouvelles évolutions à des pokémons existants. Je ne l'avais même pas lu, et avais préférer donner mon attention à un dossier spécial sur le top 10 des gadgets de dresseurs inutiles trouvables à Illumis.

Le professeur nous confia la mission de se renseigner pour lui sur les méga-évolution, notamment en faisant un crochet par Fort-Vanitas. Je redistribuais mentalement cette tâche à Trovato, mais j'y passerais tout de même, puisque la carte est construite de telle sorte que pour obtenir tous les badges, je n'ai pas d'autres chemins possibles. Serena, toute émue de ce beau discours, délivra sa pensée sans rapport à haute voix :

« Être différente, je sens que c'est cela qui fait toute ma valeur. »

Mais t'es complètement à côté de la plaque ma pauvre…

 

* * *

Peu enthousiasmée par mon expérience de la veille, j'entreprenais mon petit footing dans les escaliers en espérant courir assez vite pour qu'on me laisses partir sans m'éterniser en retrouvailles émouvantes avec mes collègues. Un visage familier croisé au rez-de-chaussée me rappela brutalement ma situation difficile de nouvelle star du monde people et me donna des raisons supplémentaires de me carapater discrètement. C'était sans compter sur l'aide de Serena qui m'appela en hurlant, alertant Sina, l'amie de Dexio que j'avais prétendument frappé, et un inconnu à la barbe rousse de ma présence :

« Cher voisin ! Restez donc ici ! Faut qu'on se parles ! 

-C'EST PAS MOI ! J'ai rien fait, Laissez-moi tranquille! »

Hurlais-je en retour sans m'arrêter de courir. La jeune fille qui n'avait même pas l'air de se fiche de moi me poursuivit jusque dans la rue, où je tentais d'enfiler mes rollers pour la fuir plus facilement, jusqu'à Fort Vanitas s'il le faut. Je croisais Tierno dans la ruelle à ce moment ci, et bien que je le suppliais du regard, il me poussa sur la grande rue avec un clin d’œil complice :

« Je n'ai rien vu, rien entendu !

-Mais c'est pas ce que tu croiiiiis... 

-Je t'ai eu ! » Criais Serena qui m'avait choppé par le bras. A partir de là, ce n'était plus très difficile pour elle de me traîner sur mes roulettes jusqu'à un café, sans que je ne comprennes pourquoi.

*

Le café soleil était un mignon petit établissement à un carrefour, tout près du laboratoire du professeur (et heureusement, ça m'aura éviter de me faire ridiculiser sur tout un quartier, un rutilant jeune homme sur rollers comme moi se faisant traîner par la manche par une frêle jeune fille) qui semblait faire table pleine. Plus que ça, un petit attroupement semblait s'être formé près de l'entrée.

« Flûte, c'était encore vide il y à une demi heure... » Soupira Serena en me relâchant.

« Euh ouais. Pourquoi tu voulais me voir en fait ? » En dehors du fait de vouloir passer du temps avec mes beaux yeux bien sûr.

« Ah oui ! Je voulais te demander si tu pourrais… OH ARCEUS MAIS C'EST DIANTHÉA !!! » hurla-elle sans finir sa phrase avant de se ruer à l'intérieur du café. C'était à mon tour de soupirer, il y avait bien trop de personnages secondaires dans cette aventure, mon biographe aura bien du travail une fois que j'en aurais terminé.

À l'intérieur j'eus la surprise de retrouver l'homme roux qui parlait avec Sina plus tôt en train de converser avec une pimbêche aux cheveux violets et au teint beaucoup trop clair et lisse pour être naturel. Pour ce que j'en entendais, ils semblaient converser en langage soutenu à propos de la carrière de cette dernière, et je crus distinguer quelques remarques plutôt sexistes de la part du barbu, un truc du style ''vous vous devez d'être belle.'' 

« Serena, tu m'expliques qui c'est ? » chuchotais-je à l'oreille de la blondasse.

« Joël, vous êtes sérieux ? A gauche c'est Dianthéa, une actrice mondialement connue qui…

- Oulà » l'interrompis-je. « Le vouvoiement, t'arrêtes tout de suite, j'ai l'impression d'être ton père. Ensuite, jamais entendu parler de cette grognasse, elle a jouer dans quoi ? »

Sûrement choquée de ma réponse, Serena resta bouche bée, et n'osa plus rien répondre. Je la laissais donc dans son mutisme et essayait de m'incruster dans la foule pour mieux entendre la discussion. C'est dingue ce qu'ils sont susceptibles à Kalos, quand ça concerne leurs petites vedettes locales ou leurs traditions archaïques…

En poussant tout le monde pour apparaître au premier rang, j'attirais l'attention du grand rouquin qui me fit signe d'avancer, visiblement enthousiaste de me voir.

« Joël ! Approches, approches, le professeur m'a parler de toi ! »

Heureuse de me faire intégrer dans un cercle prestigieux, je m'avançais le menton haut et tendait la main à l'homme pour l'inviter à me saluer avec toute la politesse qu'il me doit.

« Enchanté de vous rencontré, monsieur… ?

-Ahahah ! Tu ne me reconnais donc pas ? Lysandre, le créateur de l'holokit que je dois te remplacer, fondateur des laboratoires Lysandre, et ami de longue date avec le professeur ! »

Non, je situe pas, mais il à l'air influent.

« Oui, bien sûr ! Suis-je bête, un homme tel que vous, on en croises pas tous les jours ! » Ironisais-je avant d'ajouter, en m'adressant notamment à l'actrice dans un clin d’œil.

« Je crois que je n'ai plus besoin de me présenter, Joël, nouveau dresseur, j'aspire à devenir maître pokémon, avec un peu de chances ! Il paraît que je suis talentueux.

- Je n'en doutes pas ! » Me répondit Lysandre dans un grand sourire rieur.

« Pour les scandales, peut-être. » conclut Dianthéa.

Un murmure parcourra la pièce. Mes exploits au journal télévisés n'étaient pas passés inaperçus, mais il fallait un peu de temps à la foule pour me reconnaître derrière mon incroyable déguisement.

D'abord quelque peu déstabilisé par autant d'animosité de la part de gens que je ne connaissaient même pas, je décidais de voir les choses avec humour. Après tout, je n'étais fautif de rien.

« Exactement. J'ai toujours rêvé de faire comme vous, Dianthéa, la couverture des magazines… Même pas besoin d'attendre mes vingt ans ! Ça vous fait quoi de vieillir ? »

Le grand Lysandre éclata d'un rire gras.

« Je t'aime bien petit ! Tiens, voilà ton holokit, j'espère que nous nous retrouverons bientôt sur les routes ! »

Et il partit, suivit de l'actrice vexée qui n'avait pas su répondre, et de toute leur troupe de fans. Serena partit les rejoindre, après m'avoir jeté dans un regard de fureur :

« Nous serons rivaux à présent, Joël. Et je ne me laisserais pas marcher sur les pieds par un homme de ton espèce.

-C'est ça, oublie pas de demander ton autographe, petite bourgeoise. »

 

* * *

 

A peine je sortais du café, après avoir goûter avec Fabulette une excellente spécialité locale, que je recevais un message de Tierno sur mon Holokit tout neuf, m'invitant à le rejoindre sur la route 5. Mon rythme cardiaque s’accéléra soudainement à la lecture du message. Avait-il quelque chose de particulier à me dire ? Était-ce… Un rendez-vous ?

Oulà Joëlle tu te calmes, c'est peut-être un message groupé envoyé à toute la bande, ce n'est sûrement pas une invitation à un rendez-vous galant…

C'est tout de même avec une joie palpable que je m'engageais sur le chemin de la route 5, et quittais la capitale, où je retournerais très prochainement de toute façon. Carpatte sortit de sa pokéball, j'étais bien décidée à l'entraîner en paix, sans de nouvelles personnes pour venir me déranger dans ma quête qui se fera maintenant, j'en suis sûr, sans encombre.

« Bonjour monsieur ! Connaissez-vous les O-Aura ? »

Un homme en costume extravagant m'arrêtait à sortie de la ville

« Euh non, et à vrai dire, je m'en fous.

-Vous avez tord ! Tenez, savez-vous tout ce que vous pouvez faire éclore un œuf plus rapidement avec les O-Aura ?

-Purée mais j'en ai rien à carrer de tes auras à la con, fous-les toi dans le... »

Avant que je n'ai eu le temps de réellement m'énerver sur lui, je sentis une patte me saisir par la veste. Derrière moi, un pokémon inconnu me fit glisser furtivement jusqu'à la sortie, sans laisser à l'homme continuer son discours. Je me jurais d'enlever dés que possible ces rollers qui permettait même à un pokémon de me manipuler à sa guise.

Une fois à l'entrée de la route 5, la créature me relâcha. Je le regardais plus attentivement. C'était une bête humanoïde, bleu, avec un petit air canin au vues de ses longues oreilles tombantes et son long nez. Je lui caressais la tête pour le remercier de son aide, et il se mit à tourner autour de moi, gai comme un pinson. Il était mignon, ce pokémon, avec ses petites manies.

Une blonde en roller avec un pokémon similaire sortie de nul part freina juste devant moi. Elle était tout aussi adorable que son pokémon, un grand sourire sur le visage, à peu près mon âge. Et puis, toutes les deux en roller, elle avait l'air de bien s'en servir, et il y avait un skateparc juste à côté… Je l'imaginais déjà devenir mon amie, m'apprendre quelques tours, rire avec moi jusqu'au coucher du soleil, nous tenir chaud sous la même couverture en rentrant chez nous le soir, toutes suantes de nos efforts mutuels...

« Hey, Lucario, tu étais là ! Merci, j'ai cru l'avoir perdu ! Tu as la côte on dirait !»

Je lui tendais une main, sincèrement contente de pouvoir la rencontrer :

« Ahah, tu crois ? Merci ! Mais tout le plaisir est pour moi ! Je m'appelle Joël, et toi ? »

Silence. Je relevais la tête, sans comprendre, son rictus s'était figé.

« Tu n'es pas le gars qui passait à la télé ce matin ? Le voleur de badges ?

-Hein ? Non, il y a un malentendu…

-Lucario, reviens, on rentres à la maison.

-Mais attends ! »

Trop tard. Le joli sourire de l'inconnue avait fondu comme neige au soleil, me laissant seule avec un profond sentiment de malaise, et Carpette, visiblement un peu triste pour moi.

Il n'est pas heure à se morfondre. Me disais-je. J'ai une mission.

Carpette se joint volontiers à l'entraînement, avec Fabulette, Charlotte et Millie. Son niveau était encore faible, mais il faisait de son mieux pour rattraper son retard lors des combats de dresseurs. Nous attrapions très vite dans les hautes herbes un nouveau compagnon, un grand chien incarnant parfaitement le charme pompeux de Kalos. Je le baptisais d'un prénom lui seyant à merveille : Bernadette. D'après sa fiche pokédex, niveau 8, prudent de nature et persévérant.

Puis, le coeur battant, je retrouvais Tierno plus loin sur la route. Il était bien sûr accompagné de Trovato, comme toujours, et mes maigres espoirs de rendez-vous s'éteignirent définitivement. Je lui faisais une petite poigne timide.

« Je suis content de voir que tu vas bien, mec. La journée a pas dû être facile pour toi.

-Non, j’imagine que tu es au courant, avec la télé…

-En même temps t'as de la chance, j'aimerais bien avoir une fille comme Serena pour me courir après ! » s’exclama-il sans comprendre la fin de ma phrase. Trovato, exaspéré, vint lui rappeler :

« Tu sais, Tierno, ce matin à Illumis, sur les télés.

-De quoi ? Ce matin, je n'ai rien remarqué de particulier, mis à part le rythme endiablé auquel tourne Illumis tôt le matin ! C'était exaltant, tous ces accords, ces arpèges !! »

Le jeune garçon leva les yeux au ciel et abandonna toute nouvelle tentative. Je lisais dans son regard qu'ils devaient se fréquenter depuis le début de l'aventure, et que ce ne devait pas être facile tous les jours. Le spectacle était amusant, et j'étais plutôt contente de savoir que, pour le moment, il n'avait pas de mauvaises idées sur moi. Comme si une idée lui revenait, il se frappa dans la paume :

« Enfin bref ! Joël, je te défie ! Je veux voir quel flow se dégage de ton équipe !

-Euh, si tu veux. » Répondis-je en haussant les épaules.

On s'écartait de quelques pas et lancèrent nos pokémons sans plus de cérémonies. Tierno envoya sur le terrain un pokémon un peu bizarre, que je n'avais encore jamais croisé. Écrapince, une sorte de mix entre un Drabby et un Paras, à mon humble avis. Mon choix à moi était tout trouvé.

« Dedenne  ! »

 

*

 

Comme d'habitude avec Millie, le combat se termina en moins d'une petite minute. Tierno avait tout enregistré sur un petit appareil, et semblait content.

« Joël, je n'avais encore jamais vu ce pokémon, mais sa petite taille lui permet de produire des sons très intéressant en glissant sur le sol. Avec tous ces crépitements éléctriques, c'est irrésistible ! Merci ! »

Je riais de bon coeur avec Trovato de l'excentricité de notre ami.

« De rien Tierno ! Contente d'avoir pu t'aider ! Euh, content, je veux dire. »

Je vis le visage de Tierno tiquer une seconde.

Merde.

Il ne fit pourtant aucun commentaire. J'embrayais sur un autre sujet :

« Tierno, est-ce que c'est pour récupérer des sons que tu as décidé de partir sur les routes ?

-Oui, mais pas que. » Me répondit-il. « Je suis comme tout le monde, curieux de voir le monde qui m'entoure, tout simplement. J'imagines que c'est ton cas aussi. »

Trovato, que je n'avais pas souvent entendu prendre la parole, intervint :

« Ne mets pas tout le monde dans le même panier. Dès que j'aurais rempli le pokédex, j'ai bien l'intention de retourner à Illumis. La vie de bohème ne me convient vraiment pas. »

L'échange était intéressant. Les deux se tournèrent ensuite vers moi pour me poser la question silencieuse que je devinais. Je les aimais bien ces gars là. C'est le regard empli de détermination que je leur répondais fièrement, en rappelant Millie avec moi :

« Je veux devenir maître de la ligue. »

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