Nous voulions simplement être des héros...

Chapitre 6 : Les aveux de Dexylo

2251 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/09/2016 21:31

Un Nosféralto succomba au Choc Mental d'Ashton, mais elle demeurait en fâcheuse posture. Si les militaires avaient cessé de lui tirer dessus, préférant sans doute la capturer vivante, ils avaient libéré tous leurs pokémon, et ils en possédaient une quantité conséquente.

Elle ne pourrait jamais venir à bout de tous, elle en avait conscience. Elle était plus forte que ces créatures, sans le moindre doute, mais leur supériorité numérique leur offrait l'avantage sur elle. À force de lancer des attaques et d'encaisser toutes celles qu'elle subissait, de ne pouvoir les esquiver en même temps, elle s'épuisait.

Elle repoussa avec Psyko un Excelangue qui fonçait sur elle. Cette capacité nécessitait une telle concentration qu'elle ne vit pas un Farfuret cracher dans sa direction une salve d'Éclats Glace. Contre toute attente, ils ne l'atteignirent pas. Ils furent neutralisés avant de la toucher par un Pistolet à O.

- Raph ? s'étonna Ashton, tout en usant de Feuillemagik contre un Rhinocorne. N'étais-tu pas censé suivre Zaiyad et les autres ?

Le Carabaffe la rejoignit au pas de course et se plaça à côté d'elle, prêt à riposter derechef. Avec Tour Rapide, il repoussa un Léopardus, avant d'informer sa partenaire, un rictus aux lèvres :

- Je n'avais pas l'intention de laisser princesse Ashton ramasser toute la gloire encore une fois, si tu vois ce que je veux dire, alors j'ai fait demi-tour.

- Je pense plutôt que tu m'apprécies plus que tu ne veux l'admettre. Je ne t'en demande pourtant pas tant, répondit-elle avec un sourire narquois, avant de faire entendre sa Voix Enjôleuse.

Raphaël détourna précipitamment le regard, gêné, et ramena son attention sur le combat qu'ils étaient en train de livrer. Son regard fut attiré par l'un des soldats, tandis qu'il se baissait pour échapper au Lance-Flamme d'un Magmar. Celui-ci tenait entre ses mains gantées un objet qui ne lui inspirait rien de bon.

- Ashton, du gaz soporifique ! alerta-t-il.

- Vu ! Je m'en occupe.

Immédiatement, elle les entoura tous deux d'une Rune Protect, destinée à les préserver d'effets néfastes, tel que le sommeil. Cela fonctionna, puisque la fumée qui se propagea autour d'eux n'alourdit même pas leurs paupières. En revanche, un brouillard dense s'abattit sur ce secteur de la forêt.

- Il faut en profiter ! Filons !

- Quoi ? s'étonna Raphaël. Tu abandonnes un combat ?

- Nous ne pourrons pas neutraliser tous ces pokémon et, même si nous y parvenions, il resterait toujours les armes à feu. Nous ne pouvons pas courir ce risque. Rentrons au repaire retrouver les autres, ainsi que Dexylo. Nous réfléchirons là-bas à un moyen d'arranger la situation.

L'orgueil d'Ashton lui permettait rarement de tenir un discours aussi sensé, ainsi qu'elle l'avait démontré en se jetant dans la gueule du Grahyéna lorsqu'elle était revenue ici seule, en dépit des risques que cela représentait. Raphaël ne lui fit pas répéter ses instructions et, ensemble, ils prirent la fuite avant que la fumée ne s'estompe.

***

- Vous l'avez ramené ici ? s'exclama Duncan, les yeux exorbités par la terreur, tandis que Zaiyad et Boulard étendaient Dexylo sur le sol de leur salle d'entraînement. Et où sont Ashton et Raph ?

- Elle est restée sur place et il a choisi de l'imiter, indiqua Vanille. Elle a voulu que l'on conduise l'extraterrestre à l'abri pendant qu'elle faisait diversion. Quel retournement de situation inattendue ! Je me demande bien ce qui la pousse à agir ainsi.

- Toi ! gronda Willy en pointant un doigt menaçant en direction du Deoxys. Avoue tout sur le champ, sinon...

La flamme de sa queue gagna en intensité, d'une façon qu'il voulait menaçante, mais lorsque Dexylo se redressa, il s'empressa de reculer d'un bond avec une grimace de dégoût. Il se tenait également à nette distance du Luxray et du Goinfrex, qui avaient soutenu la créature jusque-là.

L'extraterrestre, de sa voix lente et monocorde, entreprit de leur rapporter les propos qu'il avait déjà tenus face à Ashton. Si, à l'instar de la Gardevoir, ils se contentèrent de l'observer d'abord avec défiance, celle-ci se mua, au fil de son récit, en stupéfaction. Il conclut :

- Il faut que je retourne le plus vite possible sur ma planète, c'est une question de vie ou de mort.

- Comment ça ? interrogea Duncan, les sourcils froncés.

- Lorsque les Noraxiens, chez qui je me rendais, s'apercevront que je n'arrive pas, ils avertiront immédiatement le roi et la reine de Deoxys, mes parents, qui se lanceront à ma recherche. S'ils découvrent que l'astéroïde à bord duquel je voyageais s'est écrasé sur Terre, ils envisageront le pire scénario.

- Autrement dit ? s'enquit Zaiyad, qui redoutait déjà la réponse.

- Ils enverront une armada pour me retrouver et n'hésiteront pas à mettre votre monde à feu et à sang jusqu'à y parvenir.

Un bruit sourd les fit sursauter. Dexylo n'avait pas achevé sa phrase que Boulard basculait déjà vers l'arrière pour s'évanouir. Willy, qui claquait des dents, guère plus rassuré, fut heureux de s'éloigner encore plus de l'extraterrestre pour aller chercher une baie, avec l'arôme de laquelle il espérait ramener son ami à lui.

- Non, non, non ! gémit Vanille en effectuant instinctivement quelques loopings dans les airs. Ils ne peuvent pas faire ça. Il y a toujours moyen de discuter et de s'apercevoir que tout ceci est une affreuse méprise.

- Discuter ? répliqua Dexylo avec cynisme. C'est ce que j'ai essayé de faire avec ces hommes qui s'en sont pris à ma météorite. Ils ne m'ont pas écouté, pas plus que mon peuple ne le fera s'il me croie en danger.

- En fait, vous êtes des barbares, commenta Willy.

Le courage qu'il lui avait fallu pour prononcer cette phrase s'envola sitôt que l'extraterrestre eut tourné son visage vers lui. À présent qu'il avait recouvré des forces, il avait repris son apparence normale, la première qu'ils lui avaient vue, avant qu'ils ne les attaquent.

- Si tel était le cas, je laisserais la garde du roi envahir votre planète et la détruire, au lieu de vouloir rentrer chez moi par tous les moyens. Qui plus est, je pense que je pourrais en dire autant des Terriens.

Ce fut autour de Zaiyad d'être tenté de rétorquer, mais il n'en eut pas l'occasion. Duncan secoua la tête, les épaules voutées, pour indiquer que le Deoxys n'avait pas tort. Après tout, c'étaient des humains qui s'en étaient pris, quelques années plus tôt. Même si toute l'espèce n'était pas à considérer de manière identique, certains individus demeuraient méprisables.

- En quoi pouvons-nous t'être utiles ? questionna le jeune homme.

Alors que Dexylo était sur le point de lui répondre, la porte en fer située à l'extrémité de la salle d'entraînement s'ouvrit pour laisser apparaître Ashton et Raphaël. Ils étaient tous deux essoufflés, ce qui n'avait rien d'étonnant, puisqu'ils avaient couru à perdre haleine durant tout le trajet.

- A-t-il été sage ? questionna la Gardevoir en désignant la créature spatiale d'un mouvement du menton.

- Si on peut dire... maugréa Zaiyad. Tu arrives apparemment au bon moment. Son Altesse allait nous expliquer comment nous pourrions l'aider à regagner sa planète afin de nous épargner l'offensive d'une armée extraterrestre.

- Quoi ? s'écria Ashton. Tu n'as pas mentionné ça, tout à l'heure.

- Ils ne vous feront aucun mal si vous me renvoyez d'où je viens. C'est pour ça que le plus important, c'est de me permettre de rentrer chez moi. Il n'y a pas un instant à perdre.

- D'accord, mais tu ne nous dis toujours pas comment nous sommes censés nous y prendre pour te reconduire là-haut, souligna Willy en pointant le plafond du doigt.

- Pourquoi pas en volant ? suggéra Vanille avec enthousiasme. Ce serait amusant de battre des ailes jusqu'aux étoiles.

- Impossible, surtout, l'interrompit Zaiyad. En altitude, l'oxygène se raréfie, jusqu'à disparaître. Tu suffoquerais.

- Il est inutile d'élaborer des théories aussi complexes, informa Dexylo. La solution est plus simple qu'il n'y parait. Tout ce dont j'ai besoin, c'est de la météorite, et d'un peu d'énergie organique.

Le silence s'abattit sur la pièce tandis que Boulard, qui venait enfin de rouvrir les yeux, ouvrit la gueule pour engloutir la baie agitée par Willy au-dessus de sa tête en une seule bouchée. Se pourléchant les babines, il se redressa péniblement, à cause de sa lourde masse.

- Qu'est-ce que tu appelles de l'énergie organique ? demanda Zaiyad.

- Tout peut convenir. L'électricité, la chaleur, la force psychique... La météorite l'emmagasine et, après, il ne me reste plus qu'à puiser dedans pour la contrôler, à l'aide de mes propres pouvoirs.

- C'est tout ? Juste ça ? s'étonna Raphaël, qui s'attendait à quelque chose d'autrement plus extraordinaire.

- Oui, juste ça. Alors ? Êtes-vous prêt à m'aider ?

Tous les regards convergèrent immédiatement vers Zaiyad, qui lui-même se tourna vers Duncan, afin qu'il prenne une décision. L'humain s'accorda quelques secondes de réflexion, avant de déclarer :

- Ça ne me semble pas être une mission particulièrement complexe, si on fait abstraction des militaires et des scientifiques rassemblés dans cette zone. Il s'agit du seul obstacle auquel vous allez être confrontés.

- Établissons un plan, dans ce cas, suggéra le Luxray. Je propose que l'on se scinde en deux groupes. L'un ira avec Dexylo recharger l'énergie de l'astéroïde, pendant que l'autre se chargera de faire diversion.

- J'ai déjà combattu les soldats tout à l'heure, souligna Ashton, je peux recommencer. Ils sont nombreux, cependant. Même à trois, je ne suis pas certaine que ça suffise. Il vaut mieux que tu t'occupes de la météorite avec Willy, et que tu laisses les autres m'accompagner.

Cette fois, ce fut sur le Deoxys que Zaiyad ramena son attention, pour lui demander si le Chimpenfeu et lui seraient suffisants. L'extraterrestre répondit par un hochement de tête affirmatif.

- Dans ce cas, je crois que...

Duncan n'eut pas le temps d'achever sa phrase. Un bruit assourdissant se fit entendre et les murs du repaire souterrain se mirent à trembler avec violence, exactement comme ils l'avaient fait au moment où la météorite s'était écrasée au sud-est de Voilaroc. Vanille, qui s'était posée à côté de Zaiyad, battit immédiatement des ailes.

- Q-Que se p-passe-t-il ? bégaya Boulard, sur le point de tourner de l'oeil une seconde fois.

- Ça, ça ne présage rien de bon... déclara Raphaël.

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