Etoiles et chaos

Chapitre 8 : Chapitre six

2174 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 22/05/2015 12:02

TITRE : Étoiles & Chaos

AUTEUR : Ardell

DISCLAIMER : Les personnages et l'univers de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada. Seul le personnage de Cinnamon est à moi.

CHAPITRE SIX

Le soleil était haut dans le ciel quand Ikki quitta la Maison de la Vierge. Arrivé sur un palier, il s'arrêta et jeta un regard sur les habitations en bois des défunts Chevaliers d'Argent et des disciples, en contrebas. Pourtant il ne les voyait pas vraiment. Il avait encore en tête la discussion qu'il venait d'avoir avec Shaka. En fait, le Saint d'Or ne lui avait pas appris grand-chose. Rien dont il ne se doutât, de toute façon.

Shaka avait admis n'avoir aucune certitude à ce sujet puisque Cinnamon ne lui en avait jamais parlé, seulement de fortes présomptions. Cependant Ikki n'était pas loin d'adhérer à cette théorie, tant elle paraissait l'explication idéale au comportement de la jeune fille. Cette colère et cette haine dirigées contre le monde entier ne pouvaient dénoter qu'une immense souffrance intérieure. C'était une rancoeur que Phénix connaissait bien pour l'avoir lui-même ressentie avant de retrouver ses frères.

Mais si l'hypothèse de Shaka se révélait exacte, la conduite de Cinnamon le matin même devenait totalement incohérente. Voyons, on ne réagit pas ainsi lorsque... Sauf si c'était une question de survie. Cette fille devait être encore plus perturbée qu'il ne l'avait imaginé. A supposer que le Chevalier de la Vierge ait vu juste, il ne savait pas tout, il y avait forcément quelque chose de plus. Que s'était-il donc passé durant ces huit mois que l'adolescente avait passés au Sanctuaire, sous la coupe d'un schizophrène mégalomane ? Que lui était-il arrivé pour que l'un de ses systèmes de défense consiste à se couper de toute émotion négative si elle se sentait menacée ?

Ce n'était pas le plus important. A partir de ce que lui avait dit Shaka et de l'attitude de Cinnamon un peu plus tôt, Ikki avait développé sa propre idée. Et celle-ci n'était pas vraiment pour lui plaire.

— Si j'ai raison, alors... murmura-t-il en distinguant les silhouettes des autres Bronzes.

Alors cela signifiait que l'un d'entre eux avait commis une énorme erreur.

Maison du Bélier

— C'est ce que je pensais.

Mû se redressa et considéra d'un air ennuyé les cinq armures qui reposaient sur le sol de son Temple. Un oeil non averti n'aurait décelé que de grossières déchirures sur les protections, mais pour le Chevalier celles-ci étaient surtout recouvertes de micro-fissures. Invisibles et néanmoins présentes, elles dessinaient sur les habits sacrés des toiles d'araignées traîtresses pour quiconque les revêtirait.

Le Bélier proféra un juron en Atlante et regarda aussitôt autour de lui. Un soupir de soulagement lui échappa lorsqu'il constata qu'il était vraiment seul. Les enfants, c'est bien connu, ont une fâcheuse tendance à répéter tout et n'importe quoi. De plus, Mû espérait bien enseigner autre chose à son apprenti que ce genre de... manifestation de mauvaise humeur qui ne seiyait certainement pas à un Saint d'Athéna...

Mû soupira et posa la main sur l'armure du Dragon.

— Oui, je sais, dit-il d'une voix douce.

Comme s'il n'y avait pas eu assez de morts et de sacrifices. Le tribut que les protections réclamaient, il le leur aurait volontiers donné lui-même seulement...

Son visage s'éclaira. Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ? Il n'ignorait pas à quel point ses frères d'armes regrettaient ce qui s'était passé, et comme ils auraient aimé racheter leur conduite sous les ordres d'un usurpateur. Le fait d'avoir été abusés ne changeait rien à leur impression d'avoir failli. Or, Mû venait de découvrir un moyen très simple de réparer les erreurs commises, tout en remerciant les cinq véritables champions d'Athéna.

Il devait contacter les autres Chevaliers d'Or sans attendre.

Le Grand Escalier

Elle en rencontra personne sur le Grand Escalier et c'était tant mieux, elle n'avait vraiment pas envie de parler à qui que ce soit. Ses oreilles résonnaient encore des paroles dégoulinantes de bons sentiments de cette Saori Kido. Une telle sollicitude lui avait donné envie de vomir. Pourtant elle était restée bien sage, ne disant que des banalités et jouant les idiotes quand la "princesse" avait abordé le ou plutôt les sujets qui fâchent. Si elle commençait à admettre une chose, il ne leur faudrait pas longtemps pour tout découvrir, et c'était hors de question. Il fallait qu'elle la ferme, qu'elle se débrouille... maintenant qu'elle était toute seule.

"Je te couvrirai. Personne n'en saura rien, même pas lui. Il serait tellement déçu. Et si les autres l'apprenaient... Tu ne voudrais pas te faire lyncher, pas vrai ?"

L'après-midi était déjà bien avancé lorsqu'elle avait enfin pu quitter le palais. Elle s'était dépêchée de traverser le parvis. Peine perdue, le souvenir de ce qui s'y était déroulé six mois plus tôt s'était imposé à elle, lui faisant détourner la tête. Les Chevaliers d'Or s'étaient bien gardés de parler de ça. A moins qu'ils ne l'aient tout simplement oublié. Après tout, aucun d'entre eux n'avaient alors daigné quitter sa précieuse demeure, jugeant probablement qu'elle l'avait mérité et que cela ne valait pas le déplacement.

"Non, c'est faux. Lui il est venu..."

Cette pensée lui avait arraché un pauvre sourire et, à présent, elle descendait les marches sans tout à fait savoir où aller. Se trouver un coin tranquille pour y pleurer tout son soûl, et tant pis si on la traitait de pleurnicheuse ! Elle avait tant de fois interdit à ses larmes de couler, même quand c'était la réaction la plus élémentaire...

En pénétrant dans une certaine Maison elle sentit, comme à chaque fois, son coeur battre plus rapidement, témoin de la sourde angoisse qui s'était emparé d'elle. Soudain elle sursauta et fit volte-face, le souffle coupé. Il lui fallut plusieurs minutes pour admettre que le Temple était bel et bien désert. Trop désert, d'ailleurs. Ce qui ne l'empêcha pas de continuer son chemin en baissant la tête, tant elle avait l'impression d'être observée.

Dans la Maison suivante, la tristesse se mêla à la peur. Elle la traversa rapidement, la gorge serrée. Nul maléfice ne lui dissimula la sortie. Elle aurait préféré que ce soit le cas.

Une fois à l'extérieur, elle s'arrêta. Elle n'avait encore croisé aucun Saint d'Or, ne devaient-ils pas se trouver chez eux ? Un mauvais pressentiment s'insinua en elle, et elle reprit la descente, cette fois en courant. Le premier Temple. C'était là que ça se passait. Elle ignorait quoi, cependant elle était sûre d'une chose.

Elle n'aimait pas, mais alors pas du tout ça.

Maison du Bélier

Emus plus qu'ils n'auraient su le dire, les cinq jeune garçons virent leurs aînés se placer chacun devant une armure de Bronze et s'entailler le poignet. Le fluide vital s'écoula sur les protections, les abreuvant de vie pendant qu'un halo doré illuminait le tableau. L'élite de la Chevalerie d'Athéna était prête à se sacrifier pour ces adolescents en qui elle avait reconnu les véritables défenseurs d'Athéna. Désormais, il faudrait compter avec tous les Saints.

Tout à la solennité de la scène, les Chevaliers ne remarquèrent pas qu'ils n'étaient pas seuls.

Dissimulée par un pilier, indétectable même pour un cosmos doré, elle avait suivi toute la scène. Ses doigts se crispèrent sur la pierre, faisant blanchir les jointures, cependant qu'elle blêmissait à vue d'œil. De bleu-mauve son regard passa au violet foncé, s'obscurcissant au point de virer au noir d'encre. Un tremblement discret mais incoercible parcourait son corps et elle serrait les dents si fort qu'elle aurait pu se les briser.

Comment osaient-ils faire cela ? Pourquoi aidaient-ils ces renégats ?

"Kyko ne serait pas content s'il apprenait ça."

Et quand Kyko était mécontent, cela pouvait faire très mal. Elle était bien placée pour le savoir...

Alors que sa colère montait crescendo, un signal d'alarme résonna dans son esprit. Quelque chose se brisa en elle et son âme s'évanouit, tandis que ses iris s'éclaircissaient jusqu'à reprendre leur teinte d'azur et d'améthyste.

Elle fit quelques pas dans la salle, dévoilant sa présence.

— Cinnamon ? J'ignorais que tu étais là, dit Mû. Est-ce que tout va bien ?

— Tout va très bien, répondit-elle d'une voix atone.

Et, quelque part dans cet endroit dépourvu de lumière et de vie, Cinnamon se met à hurler.

— C'est un sacré spectacle, hein ? fit Seiya. Je ne sais pas… je ne crois pas que je pourrais un jour les remercier de ce qu'ils sont en train de faire…

Un long cri aigu de souffrance et de fureur, qui ne trouble pourtant aucunement les seuls habitants de ce lieu désolé.

— N'exagère pas, protesta Milo. C'est la moindre des choses que nous puissions faire pour ceux qui ont sauvé Athéna.

— Mais ce n'est peut-être pas la peine de risquer vos vies…

Aldébaran éclata de rire.

— Entendu, Andromède ! On te promet de ne pas trop présumer de nos forces.

Elle est tombée sur les genoux, tête inclinée et paupières closes. Brusquement ressurgit le souvenir de cette nuit qu'elle a préféré occulter. La réminiscence de cet instant précis où elle a pu décider, imposant sans même s'en rendre compte sa volonté à l'un des hommes les plus puissants qui existent. Il était temps de remercier les Chevaliers d'Or pour leur accueil.

"Je vais leur montrer ce que je suis vraiment capable de faire."

Aiolia fronça les sourcils.

— Shaka ?

Tous se tournèrent vers le Gardien de la sixième Maison.

Les yeux grands ouverts du Saint de la Vierge étaient braqués sur la jeune fille, reflétant son inquiétude. De toutes les personnes présentes, Mû fut le seul à réellement comprendre le malaise de son frère d'armes.

Dans le regard comme dans l'esprit de Cinnamon ne se lisait que le vide.

Un vide effrayant.

"Je vais leur faire… un cadeau."

 

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