Etoiles et chaos

Chapitre 9 : Chapitre huit

2365 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:01

TITRE : Etoiles & Chaos

AUTEUR : Ardell

DISCLAIMER : Les personnages et l'univers de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada. Seul le personnage de Cinnamon est à moi.

CHAPITRE HUIT

Maison du Bélier

Ce n'était pas normal.

Mû venait à peine de revêtir sa Cloth que ce constat s'imposa à lui comme une évidence. Le problème, c'est qu'il était incapable de dire ce qui le gênait tant. La protection le recouvrait à la perfection, comme à l'ordinaire. Passant les doigts sur son avant-bras, le Chevalier put sentir la pulsation familière, preuve que l'armure était en parfait état.

Dans ce cas, pourquoi cette désagréable impression que quelque chose n'allait pas, mais alors pas du tout ?

Mû décida d'examiner son habit sacré plus attentivement et lui ordonna de quitter son corps. Il tourna ensuite autour du totem, scrutant avec attention le métal doré. En vain. Non seulement, il ne remarqua aucun problème, mais du Bélier d'Or émanait la douce lueur habituelle.

Quelques minutes plus tard, Mû soupira. Il avait dû se faire des idées...

Il ferma les yeux et appela son armure à lui.

Chemin des Douze Maisons

— Non sérieusement, Shun, tu ne devrais pas te laisser marcher sur les pieds comme ça...

— Fiche-lui la paix, Seiya, intervint Hyoga.

— Mais quoi, c'est vrai ! C'est pas parce que Cinnamon est une civile que ça lui donne le droit de l'insulter.

En pleine montée des marches, les quatre Saints de Bronze étaient plongés dans une discussion animée. Andromède secoua la tête et tenta d'expliquer son point de vue :

— Le fait qu'elle ne soit pas Chevalier n'est pas la seule raison pour laquelle je refuse de me fâcher avec elle. C'est vrai, elle nous a manifesté de l'hostilité, cependant je n'ai jamais décelé en elle de véritable... méchanceté. On dirait plutôt qu'elle est sur la défensive. Et n'oublie pas qu'elle nous a présenté ses excuses. Tout le monde a droit à une seconde chance.

— De toute façon, on ne risque rien à essayer, ajouta Shiriyu alors qu'ils arrivaient devant la Maison du Cancer.

Il s'arrêtèrent en distinguant une silhouette sur le seuil. Quelques instants plus tard, Cinnamon apparut sous le soleil matinal.

Toute ébouriffée et le regard embué de sommeil comme si elle sortait du lit, la jeune fille avait changé sa tunique pour une chemise sombre à manches courtes qui lui arrivait à mi-cuisses, une chemise d'homme. En revanche, elle portait le même pantalon bordeaux. Elle se frotta les yeux d'une main et sourit.

— Bonjour.

Ce fut comme un signal. Soulagés, les Bronzes lui répondirent :

— Salut, dit Seiya.

— Bonjour Cinnamon, sourit Shun.

— Cinnamon, la salua Shiriyu.

Hyoga se contenta d'un signe de tête

Ce fut Seiya qui parla pour ses frères.

— On se demandait si tu voulais venir avec nous à Rodorio.

— Rodorio ? Désolée mais je n'ai pas le droit de quitter le Sanctuaire.

Les quatre garçons échangèrent un coup d'oeil avant de comprendre ce qu'elle voulait dire.

— Cinnamon... Saga n'est plus là. Personne ne t'empêchera d'aller où tu veux, lui rappela Shiriyu.

— Oh. Je... j'ai tellement l'habitude, expliqua-t-elle en portant la main à son front.

— Est-ce que ça va ? s'inquiéta Shun.

— Oui. Ce n'est rien, j'ai un peu mal à la tête, c'est tout.

— Justement, ça te ferait du bien de prendre un peu l'air, plaida Seiya. Tu ne vas quand même pas rester enfermée, heu... ici !

Et de regarder ostensiblement la Maison derrière la jeune fille.

— Pourquoi vous voulez que je vienne avec vous ? demanda-t-elle. Je n'ai pas été très gentille...

— C'est oublié, s'empressa de répondre Shun. Ça nous ferait vraiment plaisir que tu nous accompagnes.

Cinnamon soupira.

— Bon, d'accord. Vous me laissez cinq minutes ?

Sans attendre leur réponse, elle disparut dans la pénombre du Temple.

Elle était revenue peu de temps après, vêtue de la même façon. Elle s'était lissé les cheveux mais quelques mèches rebelles continuaient de boucler sur ses épaules. Le résultat lui conférait un air mi-sage mi-négligé. Les Chevaliers de Bronze l'avaient entourée, par politesse et pour éviter qu'elle se sente exclue. Aussitôt, elle s'était écartée d'eux, prétextant qu'une telle proximité la mettait mal à l'aise. Elle s'était tenue légèrement à l'écart tout le long du chemin à Rodorio.

A la limite du Domaine Sacré, elle s'était arrêtée net, comme stoppée par une barrière invisible. Pendant un moment assez long, elle avait hésité, visiblement inquiète. Les coups d'oeil qu'elle avait alors jetés alentour étaient si craintifs que les Bronzes s'étaient presque attendus à voir une ombre menaçante fondre sur elle. "Ils lui ont bien fait la leçon" avait songé Shiriyu. Toutefois, la jeune fille était parvenue à vaincre cet automatisme.

A présent ils déambulaient dans la rue principale du village, entre les maisonnettes de pierre patinée par les ans et baignées de soleil. Une nuée d'enfants s'approcha des Chevaliers, leurs grands yeux brillants d'admiration pour ces êtres de légende. Cinnamon, quant à elle, se tenait toujours un peu à l'écart, ne parlant que lorsqu'on lui adressait la parole. Si elle demeurait distante, au moins ne manifestait-elle aucune agressivité.

Soudain, un homme s'avança vers eux, ou plutôt vers l'adolescente.

— Mademoiselle Cinnamon, c'est bien vous ? s'enquit-il. Je suis content de vous voir.

Aussitôt, les regards des jeunes Saints convergèrent vers elle.

— Vous vous connaissez ? demanda Seiya.

L'inconnu et Cinnamon répondirent en même temps :

— Bien sûr.

— Non.

La jeune fille s'éloigna mais resta à portée de vue. Un instant décontenancé par sa réaction, l'homme se tourna vers les Bronzes.

— Elle accompagnait le Grand Pope au cours d'une de ses visites, il y a quelques mois, expliqua-t-il. Ma femme était malade et Son Altesse a accepté de la soigner. J'avoue qu'au début, je n'ai pas remarqué mademoiselle Cinnamon : elle se cachait derrière lui. Sur le moment, j'ai pensé à un gosse qui s'accroche aux jupes de sa mère tellement elle avait l'air timide... Le Pope lui a parlé et elle est restée dehors pendant qu'il m'accompagnait chez moi.

Intéressés, les garçons le pressèrent de continuer son récit.

— Quand on est sortis, mes enfants s'étaient regroupés autour d'elle. Elle avait pris le plus petit sur ses genoux et leur racontait une histoire d'une manière si vivante qu'ils l'écoutaient bouche bée.

— Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.

Assise en tailleur contre un mur, l'adolescente lançait des petits cailloux devant elle sans viser personne en particulier. Incité par son auditoire, l'homme poursuivit :

— Après avoir soigné ma femme, le Grand Pope a également béni mes enfants tout en leur faisant des recommandations. Puis la procession est retournée au Sanctuaire.

— Vous dites que Cinnamon avait tendance à rester près du Pope, nota Shiriyu. Est-ce qu'elle semblait avoir peur de lui ?

L'homme secoua la tête :

— Peur ? Oh non, au contraire. Ce que j'ai lu dans le regard qu'elle posait sur lui, ce n'était pas de la crainte mais de l'adoration. Au moins.

Quelques minutes plus tard.

— Alors comme ça, tu n'as jamais quitté le Sanctuaire depuis ton arrivée ici...

C'est d'un ton moqueur que Seiya venait de s'adresser à Cinnamon pendant qu'ils regagnaient tous le Domaine Sacré. Marchant un peu à l'écart comme à son habitude, la jeune fille répondit doucement et sans même lever la tête :

— Jamais sans être accompagnée.

— Parce que ce n'était pas la seule fois ?

Comprenant qu'elle avait parlé d'une voix assez haute pour être entendue, Cinnamon s'arrêta et regarda le Chevalier Pégase. Puis elle avança à nouveau sur le sentier qui serpentait entre les rochers.

— Si, dit-elle très vite.

Les Bronzes se jetèrent un coup d'oeil mais préférèrent ne pas insister. L'adolescente paraissait singulièrement calme depuis qu'ils avaient été la chercher le matin même, et ils ne voulaient pas risquer de la mettre en colère s'il y avait moyen de l'éviter.

Comment auraient-ils pu savoir qu'elle était tout simplement trop épuisée pour cela ?

— En tout cas, il faudra qu'on y retourne. Vous avez vu la façon dont ces enfants nous regardaient ?

— La prochaine fois, pense à te munir de papier et d'un crayon. Comme ça, tu pourras signer des autographes.

— Oh ça va, Hyoga. Ça n'avait pas l'air de te déranger quand cette jolie fille t'a souri ! Comment s'appelait...

Cinnamon tomba sur les genoux. Aussitôt, Shun s'approcha d'elle mais elle leva une main pour lui signifier de rester loin d'elle.

— J'ai trébuché, c'est tout, expliqua-t-elle.

— Laisse-moi au moins t'aider.

Elle secoua la tête et se remit debout toute seule. Elle demeura ensuite immobile pendant quelques secondes.

— On peut y aller, maintenant ? fit-elle enfin.

Tout semblait en effet aller bien. Rassurés, les garçons reprirent leur discussion, tout en gardant sur Cinnamon une attention discrète.

L'adolescente les écoutait sans participer. Elle avait vraiment craint de ne pouvoir se relever. Durant un instant, elle avait perdu toute visibilité de l'oeil gauche. Juste avant que ses jambes ne se dérobent sous elle.

Maison du Bélier

En arrivant dans la salle principale, Milo dut se faire une raison. Étant le dernier arrivé, il ne serait sans doute pas le premier servi. En effet, Aldébaran et Aiolia se trouvaient déjà là, attendant le Saint du Bélier. Le Scorpion nota aussitôt que, tout comme lui, aucun ne portait sa Cloth.

— Ne me dites pas que, vous aussi, vous avez besoin d'une petite réparation !

— On ne te le dit pas, répondit Aldébaran.

— Je n'ai pas besoin d'une réparation, assura Aiolia, seulement d'une petite remise à niveau. Mon armure a subi une... légère baisse de régime.

— Tu es sûr que ce n'est pas à toi qu'il faut un remontant ? Ta cosmo-énergie me paraît assez faible... Et d'ailleurs, pourquoi es-tu venu sans ta protection ?

— Milo, je te signale que toi aussi tu es tout nu ! intervint Aldébaran.

— Oui, bon... Il nous manque à tous quelque chose. Puisqu'aucun de nous n'a son armure, j'en conclus que nous avons le même problème.

— Ça dépend, c'est quoi ton problème ?

— Je préfère en parler à Mû, si cela ne te fait rien, Aiolia.

Les minutes suivantes s'écoulèrent dans un silence gêné. Les regards se posaient n'importe où, sauf sur le voisin, sous-entendant ainsi que les raisons de leur présence en ces lieux n'étaient pas aussi simples.

Enfin Mû arriva.

Son apparition fit l'effet d'une bombe.

— Hein ? miaula le félin.

— Quoi ? s'étrangla l'arthropode.

Le Taureau fit preuve d'un peu plus de vocabulaire :

— Est-ce que c'est une plaisanterie ?

— Crois-moi, j'aurais préféré que ce soit le cas.

Mû avait répondu d'un ton légèrement irrité. Ce que les autres ne remarquèrent pas, incapables qu'ils étaient de détacher leurs yeux stupéfaits de leur frère d'armes.

Le Chevalier du Bélier était revêtu de l'armure des Poissons.

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