Une petite et mauvaise surprise

Chapitre 1 : Soyez la bienvenue, dame Garuda.

Chapitre final

11919 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 30/08/2017 20:36

                 DEFI DE JUILLET-AOUT


                   THEME :



             


                   DEFI DE JUILLET-AOUT


                                                      THEME : poisson d’avril.


                                 CHAPITRE 1 : UNE PETITE ET MAUVAISE SURPRISE.




Le ciel était bleu et une douce chaleur se propageait déjà en ce premier jour du mois d'avril. L'hiver avait dû céder sa place au printemps, et cela se remarquait par ces belles fleurs printanières dont les giroflées à fleurs rouges et violettes, les lys ainsi que des forsythias qui inondaient les routes. Les rues étaient bordées par une foule des gens empressée qui se bousculaient les uns contre les autres sans s'excuser. Il n'était pas étonnant de rencontrer une telle masse de gens à cette heure, dans les rues habituellement calme de Vouliagmeni. En fin des semaines, ce qui était le cas, le quartier était très animé, accueillant de nombreuses familles venues y faire leurs courses. En plus, des nombreux cafés et restaurants parsemaient les petites rues de ce quartier résidentiel d’Athènes, le rendant très bruyant.   


Parmi cette horde des personnes se trouvait une jeune femme qui essayait tant bien que mal de se créer un passage sans se faire cogner, tâche qui lui semblait un peu difficile. Elle avançait rapidement et tenait entre ses mains deux sacs en plastiques roses. Soudainement, elle sentit son sac à main vibrer de l'intérieur mais malheureusement, elle était dans l'impossibilité de l'atteindre, ses bras étant chargés des courses. Elle soupira de lassitude et de fatigue avant de reporter son regard améthyste sur la route encombrée par des piétons agités.


Arrivée dans son appartement, la jeune femme déposa ses courses sur la table et se dirigea vers le frigo pour y ressortir une canette qu'elle décapsula avant de boire d'un seul coup. Elle hotta ses bottes et son manteau puis s'allongea mollement sur le divan. Elle se redressa brusquement en entendant la sonnerie de son téléphone dans son sac, grognant quelques jurons, puis se leva lentement vers la table. Elle y ressortit le téléphone mais son expression changea subitement d’agacement en surprise en voyant le nom qui s’affichait, avant de décrocher rapidement.


- Bébé je... Commença-t-elle avant de se faire interrompre par une voix masculine.


- Où est-ce que tu es? Demanda froidement la voix sans lui laisser le temps de terminer sa phrase.

- A la maison, répondit-elle d'une petite voix.

-N'as-tu pas vu tous mes appels manqués? Continua- t-elle sur le même ton.

-Euh... Non. Je ne savais pas que tu m'appelais, désolée mon amour, s'excusa- t-elle.

-Séléné tu te fous de moi? S’énerva- t-il.

- Bien sûr que non Julian ce n'est pas ça, essaya la jeune fille de s'expliquer nerveusement tout en enroulant machinalement ses longues mèches ivoire sur son doigt.

- Je suis de retour, annonça- t-il d'un ton placide. On doit parler, termina- t-il avant de raccrocher sans laisser le temps à la jeune femme d'en placer une.

Séléné était très surprise. Julian ne lui avait jamais parlé de la sorte, on aurait dit qu’il était irrité. Et puis le ton qu'il avait employé pour annoncer son retour ne présageait rien de bon. Il le connaissait suffisamment bien pour savoir qu'un mal rongeait l'esprit de son petit ami. Il lui avait demandé de se rendre chez lui mais il semblait oublier un petit détail : Il habitait dans la ville de Thessalonique et la jeune fille, à Athènes. Sans compter que c’était déjà Dimanche et que le lendemain, Séléné devrait se rendre dans la matinée au tribunal pour remettre certains dossiers très importants au juge Rhadamanthe Garuda. En effet, la jeune femme étudiait le droit et elle était déjà en dernière année. Elle effectuait un dernier stage au parquet près la cour d’appel avant d’obtenir son diplôme de licence en droit pénal et ainsi, rejoindre l’univers juridique. Son grand frère, Minos Garuda, l’avait recommandée à l’un de ses connaissances, le procureur Rune Balrog, auprès duquel elle effectuait le dit stage.


Mais le jeune armateur ne pouvait le comprendre. Etant le PDG d’une grande compagnie maritime de renommé mondial, le Shining Thalassa, il était maitre de lui-même et n’avait d’ordre à ne recevoir de personne ; contrairement à la jeune femme qui devait supporter à longueur des journées, l’humeur massacrante du procureur.

Malheureusement, elle n’avait pas d’autres choix que de se rendre à Thessalonique et tant pis pour le dossier de Rhadamanthe, elle le lui rendrait à son retour. Elle prit quand-même la résolution de les prévenir de son voyage improvisé mais elle avait peur de le leur annoncer directement. Ils réagiraient mal s’ils apprenaient qu’elle avait pris quelques jours de congé alors qu’elle était en plein stage. Une autre personne leur annoncerait la nouvelle et elle savait déjà à qui elle allait s’adresser. 

Elle reprit son téléphone et composa le numéro de son cousin Eaque, également juge d’instruction travaillant avec le procureur Rune. Elle attendit quelques secondes avant qu’il ne décroche l’appel.

-Bonjour Séléné, comment tu vas ?

-Très bien cousin et toi ?

-Ça semble aller. Quoi de neuf ?

-Hum… Rien de spécial. Eaque, pourrais-tu me rendre un petit service ?

-Tout ce que tu voudras.

-Julian est déjà de retour et il désire me voir… aujourd’hui. Le procureur Balrog m’avait chargé de remettre un dossier « très important » à Rhadamanthe mais je n’ai pas pu passer à la maison, j’avais tellement de choses à régler chez moi. Je comptais m’y rendre ce soir mais l’appel de Julian a bouleversé mon programme et je ne peux pas annuler ce rendez-vous, tu le connais, il le prendrait très mal. D’un autre coté il y a le procureur et mon frère, si je ne lui rends pas le dossier, je risque d’avoir des gros ennuis. Tu comprends ?

-Parfaitement, et que comptes-tu faire ?

-je vais te laisser les documents que tu devras rapporter à Rhadamanthe, tu les trouveras posés sur la table de la salle à manger. Tu préviendras par la même occasion le procureur et mes frères de mon déplacement, je ne serai de retour que demain dans la soirée. Tu peux le faire pour moi ?

- Pour récupérer le dossier, il n’y a aucun problème. Tes frères…   ça pourrait passer mais… Rune… Hum. Tu m’en demandes un peu trop, Séléné…

-S’il te plait Eaque rends moi ce service, je t’en serai éternellement reconnaissante. S’il te plait, s’il te plait, s’il te plait…

-Hum… C’est d’accord. Je leur dirai…

-Merci cousin, tu me sauves la vie !!!

-Je t’en prie… Fais attention à toi.

-Promis ! A plus et encore merci Eaque, tu es un ange !

-A ton service, cousine !

-Au revoir.


La jeune femme regarda sa montre, treize heures trente. Le train en direction de Thessalonique ne quittait la gare qu’à dix-huit heures, ce qui lui laissait un peu de temps de se préparer. Elle se rendormit sur le divan mais avant cela, elle réglait son réveil à quinze moins le quart, ce qui ne lui donnait qu’une heure de repos. Elle devait encore faire sa valise mais elle le ferait plus tard. Séléné avait vraiment hâte de revoir son petit ami malgré le sentiment d’inquiétude qui l’habitait depuis son appel. Il ne s’était pas revu depuis plus de trois mois et maintenant qu’il était de retour, elle ne pouvait pas profiter calmement de lui.


Elle n’arrivait pas à trouver le sommeil, trop anxieuse à l’idée de le revoir. Pour faire passer le temps, elle prit la décision de se préparer quelque chose à manger. Elle se dirigea vers la cuisine qui communiquait directement avec le salon. La salle de séjour était vaste, meublée seulement d’une table basse en verre et de trois canapés en cuir garnis des coussins multicolores. Les murs étaient peints en bleu clair avec quelques dessins floraux. La pièce était illuminée par trois lustres suspendus au plafond qui, contrairement aux murs, étaient d’une couleur crème. Derrière les sofas se trouvait une table large et six chaises en bois vernis qui faisaient office d’une salle à manger. Lorsqu’on se tenait devant la porte d’entrée, on apercevait deux autres portes se faisaient face, l’une était juste à côté de la salle à manger et l’autre en face d’elle. La porte auprès de la salle à manger menait à la cuisine et celle lui faisant face, conduisait vers la chambre à coucher. Tout comme les autres pièces de cette maison, la chambre était vaste. Un grand lit était placé au centre, à côté duquel se tenaient une commode, une coiffeuse et une basse table entourée de deux fauteuils. La salle de bain, accompagnée d’un dressing-room étaient connectés à la chambre. C’est Minos qui lui avait acheté cet appartement à l’occasion de son dix-huitième anniversaire.


La jeune femme entra dans la cuisine et mit la casserole au feu. Elle savait déjà ce qu’elle allait préparer : un bon riz au lait pour lui remonter la morale. Il y avait tout ce qu’il lui fallait : le riz, du lait entier, du sucre et quelques épices. La recette était ultra simple : faire chauffer le lait avec les épices, puis y ajouter du sucre et le riz. Ensuite mélanger le tout durant toute la cuisson qui ne prenait que quarante-cinq petites minutes. C’était sa grand-mère qui lui avait appris cette recette et peut être qu’elle allait en faire pour Julian, il en raffolait. La jeune femme laissa échapper un soupir de découragement. Elle qui voulait se changer les idées, c’était raté. Elle voulait croire que cet appel urgent n’avait rien avoir avec leur relation mais si tel était le cas, pourquoi l’avait-il parlée si durement ? Oui, c’est vrai qu’il avait un petit peu raison : elle n’avait pas répondu à ses appels mais ce n’était pas une raison pour lui parler de la sorte. Penser à cette discussion lui coupa tout appétit, elle n’avait plus du tout envie d’avaler quoi que ce soit. 


 

Elle ressortit au salon et prit son téléphone. Elle composa un numéro et attendit patiemment que la personne décroche, chose qu’elle fit après quelques secondes.


« Qu’y a-t-il ? » Entendit-elle de l’autre bout du combinée.


Pourquoi l’avait-il appelé déjà ? Elle l’ignorait. D’habitude, la voix de Julian avait la vertu de la rassurer dans ces genres de moment, mais là, elle avait l’impression que c’était l’inverse ; Elle était encore plus stressée qu’avant.


« Je ne me le répèterai plus, Séléné. Pourquoi m’as-tu appelé ? », Lui demanda-t-il d’un ton visiblement agacé.

-Dois-je nécessairement avoir une raison de t’appeler, d’autant plus qu’on a fait plusieurs jours sans se parler ?

- …


Julian ne lui répondit pas, attendant toujours une réponse à sa question. Il était très énervé et faisait de son mieux pour ne pas lui lancer ses quatre vérités, par amour et par respect. Durant son absence, il avait placé des espions pour surveiller les faits et gestes de la jeune femme mais ce qu’ils avaient découverts ne lui plaisaient guère.

 

Séléné était une jeune femme vraiment belle. Elle avait un corps plantureux avec des formes plus qu’avantageuses. Mais Il ne pouvait supporter que d’autres yeux se posent sur sa belle immaculée. Seul lui avait le droit de poser sa main sur cette peau aussi blanche que la neige et douce que le miel. Il était le seul à toucher ses longues mèches blanches. Comme il voudrait qu’elle soit près d’elle pour n’observer que la couleur unique de ses yeux. Il haïssait l’idée qu’un autre put gouter à la douceur de ses fines lèvres. Une colère noire le saisit lorsqu’il repensa aux informations lui fournies par son espion : « Dame Garuda semble entretenir une relation très ambiguë avec un certain Kanon Gémenos, son ex petit ami. »


 - … Alors tu en dis quoi ? Lui demanda la jeune femme.


Il n’avait pas du tout porté attention à ce qu’elle lui disait, trop plongé dans ses obscures pensées. Il ne savait pas de quoi elle lui parlait et n’avait aucunement envie de le connaitre.


-A tout à l’heure, maugréa-t-il avant de raccrocher brusquement, ne lui laissant pas le temps de répliquer.



Séléné était choquée, qu’avait-elle dit de mal pour qu’il lui raccroche au nez, se demanda-t-elle tristement. Elle lui expliquait simplement que cette rencontre imprévue tombait très mal en raison de son stage, il aurait été mieux que ça soit lui qui fasse le déplacement. Mais à la place d’une réponse, elle ne reçut qu’un rejet. Une chose était sûre, ce rendez-vous lui réservait bien des surprises, tant agréables que désagréables.





La jeune femme avait presque finie de se préparer, il ne lui restait plus qu’à choisir quelle tenue emporter ou laisser. Elle ne voulait pas s’encombrer en apportant un tas de vêtements, elle n’allait pas non plus en vacance. De plus, elle avait déjà toute une garde-robe pleine à craquer chez Julian. Alors elle ne voyait pas pourquoi elle devrait alourdir sa valise en y fourrant beaucoup de vêtements. Mais le seul problème résidait au niveau du choix : devrait-elle prendre cette belle robe bleue de nuit ou bien laisser ces beaux escarpins rouges ? Sans oublier ce foulard en soie qui lui avait été offert par Julian lors de leur dernier voyage en Dubaï.



Elle devait être à la gare il y a plus d’une heure mais impossible d’être à temps lorsqu’on s’appelle Séléné. Il était déjà dix-sept trente et le train quittait la gare de Vouliagmeni dans plus au moins trente minutes, ce qui lui laissait peu de temps pour atteindre la gare sans compter les embouteillages. A cette heure-ci, il ne restait plus que le dernier train de la ligne dix et si la jeune femme le ratait, elle serait alors obligée d’attendre jusqu’à vingt-deux heures pour prendre le dernier train de la ligne trente mais la jeune femme ne pouvait pas attendre aussi longtemps. Un autre choix s’offrait à elle : prendre un taxi jusqu’à Glyfada et à partir de là, monter dans le train en direction de Thessalonique mais cette ligne posait un petit problème. La ligne vingt qui partait de Glyfada à Thessalonique ne passait pas dans le quartier d’Egnatia où résidait Julian, comme pour les deux autres lignes précitées (Ligne dix et ligne trente) mais ne se limitait qu’à celui d’Elpidos qui était à cinq kilomètres d’Egnatia. Ça serait vraiment une perte de temps inutile en empruntant le train de la ligne vingt. 

Ayant déjà acheté son ticket pour le train de dix-huit, elle n’avait pas d’autre choix que d’arriver à temps pour ne pas le rater. Pour ce faire elle devait d’abord commencer par faire un choix entre sa robe, ses escarpins et son foulard. Après mûre réflexion, elle décida de n’amener que son foulard qu’elle enroula autour de son cou, remettant sa robe et ses escarpins au dressing. La jeune femme espérait secrètement qu’en voyant ce joli foulard, son amant se remémorerait tous les beaux souvenirs qu’ils avaient partagés à Dubaï et peut-être que cela apaiserait sa colère.


Séléné se mira une dernière fois avant de quitter sa maison tout en n’oubliant pas de laisser les dossiers sur la table, Eaque passerait les prendre comme ils s’étaient convenus. La jeune femme était habillée d’une longue robe de couleur argent qui épousait parfaitement ses formes. Elle avait détaché ses longs cheveux blancs et ceux-ci se mouvaient doucement dans l’air. Son doux visage n’avait que pour maquillage un rouge à lèvres qui rendait ces dernières très appétissantes et une ombre à paupière noire, contrastant avec la blancheur de sa peau.

Un taxi l’attendait devant la maison et dès qu’elle fut à l’intérieur, celui-ci s’en alla à toute vitesse. Heureusement qu’il n’y avait pas trop d’embouteillage, la jeune femme était vraiment en retard. Après quinze minutes, le taxi la déposa devant la gare. Le train n’était pas encore parti mais ce n’était qu’une question de quelques minutes. Elle y prit place et cinq minutes plus tard, ils quittaient la gare.



Il était vingt-heures lorsque le train s’arrêta dans la gare de Thessalonique, dans le quartier d’Egnatia. Le voyage avait duré une heure trente et pendant tout ce temps, la jeune femme s’était préparée mentalement à le revoir. Elle s’était rassurée que tout allait bien se passer, qu’elle n’avait pas à s’en faire puisqu’elle n’avait pas à se reprocher quelque chose. Mais lorsqu’elle sortit du train et qu’elle sentit un vent froid fouetter son visage, elle perdit toute son assurance. Elle s’était attendue à recevoir ses appels pour lui tenir compagnie durant tout le trajet, comme il le faisait à chaque fois qu’elle était en route pour lui rendre visite. La seule fois qu’il l’avait appelée, c’était pour lui demander quand est-ce qu’elle arriverait. Le seul point positif dans tout ça, c’est qu’il semblait impatient de la revoir.


Elle prit un autre taxi et après vingt minutes de route, celui-ci la déposait devant la villa de son petit ami. Le cœur battant, elle l’appelait pour lui prévenir qu’elle se trouvait déjà devant sa résidence. Dix secondes après, un garde vint lui ouvrir le portail. C’était la toute première fois que son amant ne venait pas la chercher à la gare, d’ailleurs elle ne prenait que très rarement le train. Souvent, il lui envoyait son jet privé pour venir la chercher, mais ce jour-là fut l’exception qui confirma la règle.


Une servante vint lui porter sa valise et lui prévint que Julian l’attendait à l’intérieur. Réunissant tout son courage, la jeune femme la suivit d’un pas léger, essayant tant bien que mal de retarder le moment fatidique. Elle était très anxieuse et ne pouvait contrôler les faibles tremblements de son corps. Si la servante s’était retourné pour lui jeter un coup d’œil, elle aurait lâché un cri d’horreur en voyant la pâleur de sa peau. Mais honnêtement, à part peut-être ses tremblotements, elle n’aurait rien remarqué : La jeune femme était naturellement pâle.


-Dame Séléné Garuda, annonça la servante avant de s’éclipser.


Séléné sortit brusquement de ses pensées à l’entente de son nom. Elle se trouvait maintenant dans l’immense salon richement décoré et meublé de son amant. Celui-ci était assis sur un fauteuil doré et tenait entre ses mains un gros livre qu’il feuilletait de temps en autre. Il leva ses yeux bleus sur sa petite amie, la détailla un instant puis se remit aussitôt à sa lecture qui lui semblait beaucoup plus passionnante.


-Bonsoir… Murmura la jeune femme sans attendre une réponse de sa part. Elle savait déjà qu’il ne lui prêterait pas attention jusqu’à ce qu’il ait terminé ce qu’il faisait.


Elle s’assit sur le sofa et attendit patiemment que le jeune homme en face de lui reporte son attention sur elle. Elle ne voulait pas le provoquer ni lui reprocher son indifférence. Julian était gentil, romantique, attentionné et un vrai gentleman mais toutes ces qualités pouvaient disparaitre en un claquement de doigt lorsqu’il s’énervait. Il devenait alors très violent et presque cruel. Séléné ne voulait pas se rappeler leur dernière dispute qui remontait à l’été dernier ; Il lui avait paru méconnaissable tellement sa colère fut grande. La gifle qu’il lui avait infligée l’avait envoyée valser plusieurs pas en arrière et son dos avait fini par heurter violemment sa garde-robe. Jusqu’aujourd’hui encore, la douleur n’avait pas complétement disparu et elle ne voulait pas en rajouter une autre.       


 -Tu… Tu… Voulait me voir… Je suis là… Balbutia-t-elle tout en triturant machinalement ses doigts. Elle voulait engager la discussion pour rompre ce silence qui devenait trop pesant.


-Donne-moi ton téléphone, lui ordonna-t-il avant de se lever.


Il avait fermé l’ouvrage et maintenant il la fixait avec un regard impassible. Séléné l’aurait trouvé trop beau à cet instant si son cœur n’était pas aussi serré. Il était très grand et ce t-shirt moulant épousait ses formes, faisant ressortir ses incroyables abdo. Le plus attirant chez lui, c’était ses longs cheveux bleu clair qui ondulaient sensuellement sur son dos mais ce n’était pas le moment de fantasmer sur lui. Il venait de lui donner un ordre et la jeune femme n’avait pas d’autres choix que de le lui remettre, mais elle hésitait un peu. Julian était de nature très jaloux et qui sait ce qu’il pouvait interpréter en voyant les conversations qu’elle entretenait avec d’autres hommes. Elle n’avait pas non plus l’habitude de supprimer ses messages mais peu importe ce qu’il pouvait penser, il était mal placé pour lui faire des reproches à ce sujet. Non pas qu’elle doute de son amour mais la jeune fille avait souvent l’impression qu’il le trompait avec d’autres femmes.


Une fois alors qu’il prenait bain, la jeune fille en avait profité pour regarder ses messages et ce qu’elle avait trouvé ne lui avait pas du tout plu. Maintenant qu’elle y repensait, ça la mettait en rogne de voir que les mêmes surnoms affectueux qu’il était censé employer juste pour elle, il les utilisait également pour qualifier d’autres femmes, tels que chérie, ma douce, et pire, bébé.


-Je ne vois pas pourquoi je te donnerai mon téléphone, c’est privé, répliqua-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine pour marquer son refus.

-Je ne blague pas Séléné et s’il te plait ne me pousse pas à bout, nous risquons de le regretter.

-Moi non plus je ne blague pas Julian et tu te doutes bien que je n’ai pas fait tout ce chemin pour plaisanter avec toi.


La tension était très tendue entre les deux amoureux. Séléné s’était également levée et maintenant ils se faisaient face. Mais en voyant ses poings serrés, elle comprit qu’il était très en colère et se retenait pour ne pas la laisser éclater. Elle se rassit, prit son téléphone et le déposa à la table, avant de reporter son regard sur un point invisible. Elle aurait bien voulu lui demander de lui remettre également son téléphone, pour qu’elle vérifie ses messages de la même manière qu’il était en train de le faire avec les siens, mais s’abstint pour ne pas compliquer davantage les choses.


-Je ne te poserai qu’une seule petite question et mieux vaut pour toi que tu me répondes correctement, déclara-t-il après avoir inspecté de fond en comble tous mes messages.

-Je t’écoute.

-Qui est cet homme avec qui tu flirtes ces derniers temps ?


De quel homme il parle ? Se demanda Séléné. Pourquoi s’imaginait-il qu’elle le trompait ? Elle en était incapable, pensa-t-elle. Et puis il n’avait pas l’air de blaguer, il était sérieux. Bien que très jaloux, ce dernier ne le manifestait que très rarement. On croirait même qu’il s’en fichait que sa petite amie se fasse draguer par d’autres hommes, ce qui était totalement faux. Il savait juste cacher son jeu et ne voulait pas paraitre collant aux yeux de Séléné. Mais la jeune femme avait oublié de prendre en compte ce célèbre proverbe : « il faut se méfier des apparences calmes ». Maintenant, elle devait faire face à cette jalousie longtemps contenue.


-De quel homme tu parles ?

-Ils sont plusieurs alors.

-De quoi tu me parles ?


Séléné était très anxieuse, non pas qu’elle sache de quoi il lui parlait, mais parce qu’il lui mettait trop de pression. Rien que son regard foudroyant lui foutait les jetons, alors comment croirait-il à son innocence, si elle devait trembler comme une feuille ?


-Tu aimes jouer les innocentes ? Eh bien je vais t’aider. Je veux reformuler ma question pour que tu puisses bien comprendre. Ça te va ? Lui souffla-t-il au creux de l’oreille.


Elle sursauta et frémit non pas de désir mais de peur. Elle ne l’avait même pas vu se glisser à ses côtés, tellement son esprit était tourmenté par ses accusations.


-Pourquoi est-ce que tu trembles autant ? Je te fais aussi si peur que ça ? Continua-t-il sur le même ton, tout en mordillant sensuellement son oreille gauche, lui arrachant un petit cri.


-Non… S’il te plait arrête ça, ce n’est pas drôle…


La jeune femme s’était brusquement et mit quelque distance entre eux. Cette douce torture mais dangereuse finirait par la faire craquer, il était beaucoup plus fort qu’elle.


-Pourquoi tu t’enfuis ? Tu adores pourtant lorsque l’autre con de Kanon le fait.

-Quoi ? D’où est-ce que tu sors ça ? Comment oses-tu prétendre que je te trompe avec Kanon ?


Séléné était stupéfaite mais en même temps blessée dans son amour propre, Julian n’avait aucunement confiance en elle. Elle croyait qu’il la connaissait suffisamment bien pour savoir que jamais elle ne le trahirait, mais celui-ci doutait encore d’elle. Séléné était une fille joyeuse et entretenait des très bonnes relations avec ses amis et collègues. C’est vrai qu’elle était souvent draguée et harcelée par la gente masculine. Elle avait conscience de l’effet qu’elle produisait aux hommes mais en aucun moment, en aucun jour elle n’avait eu l’idée de tromper Julian.


-Je t’ai toujours demandé de te méfier de moi ; En maintes reprises je n’ai cessé de te rappeler de faire très attention à tout ce que tu posais comme acte. Un jour je suis allé un peu plus loin dans mes avertissements : je t’ai dit que malgré la distance qui nous séparait, je surveillais tous tes actes. Si tu avais été un peu plus intelligente, tu aurais sûrement compris qu’il ne s’agissait pas d’une plaisanterie.


-Tu… Tu… Me fait surveiller ?


Elle n’arrivait pas à en croire ses oreilles : non seulement il n’avait aucune confiance en elle, mais en plus il avait eu l’audace de l’espionner. Elle se sentait trahi et violée dans son intimité. Mais si ce qu’il disait vrai, cela voulait dire que…


-Maintenant que tout est mis au clair, pourrais-tu me dire ou plutôt m’expliquer ce qui t’a poussée à me poignarder dans le dos ? Lui demanda-t-il.


-C’est au contraire moi qui me sens trahi Julian… Comment as-tu pu…


-Séléné… La fin justifie les moyens et je n’ai pas à m’expliquer devant toi. Tu as cru être la plus maligne de nous deux, mais tu as oublié que de nous deux, c’est moi qui suis l’homme et non le contraire.


La jeune femme se laissa tomber lourdement sur son siège, elle croyait rêver tellement tout la dépassait. Elle ferma ses yeux pendant un instant et les rouvrit avant de reporter son attention sur Julian. Il ne paraissait pas énervé ou offensé, au contraire il était très calme et presqu’amusé de la situation, et c’est ce qui l’effrayait le plus chez lui. Elle savait qu’il n’avait pas encore terminé, non ça ne faisait que commencer. Lorsqu’il était dans cet état, plus rien ne pouvait le résonner et c’était justement ça qu’elle craignait : ne pas être en mesure de lui faire comprendre qu’elle ne l’avait jamais trompé avec qui que ce soit. 

     

-Je ne sais pas ce qu’on a pu te dire mais crois-moi Julian, je te jure sur la tête de mes pauvres parents que je ne t’ai jamais trompé avec Kanon. Je vais tout t’avouer ce soir, je ne vais plus rien te cacher mais s’il te plait tu dois me croire…


-Je peux juste te promettre une chose : je suis bien disposé à t’écouter même si cela doit s’agir des mensonges. Mais n’oublie pas une chose, je sais toute la vérité alors il vaudrait mieux pour toi que tu ne me mentes pas. Tu peux y aller.


Elle ne savait pas par où commencer encore moins quoi lui dire, il y avait tant de choses à lui raconter. Sans compter qu’elle devait faire très attention dans ses dires, une seule parole pouvait l’incriminer.


-Je connais Kanon depuis que je suis…

-Epargne-moi la genèse de votre soit disant amitié, va droit au but.

-Je suis sortie avec lui dans le passé, lâcha-t-elle subitement.

-ça devient intéressent… Murmura-t-il dans un sourire.

-On a fait cinq ans ensemble, puis on a rompu, continua-t-elle en s’efforçant de ne pas pleurer.


Elle n’avait jamais imaginé qu’elle lui dévoilerait une telle vérité, encore moins dans pareille circonstance. Kanon avait été son premier petit ami et son premier amour, sa première fois. Elle avait vraiment aimé cet homme qui représentait presque tout pour elle, il avait occupé une place très importante dans son cœur déjà fragilisé par la mort de ses parents. Malheureusement, elle ne dérogea pas à la règle : « la première fois n’a pas toujours été la bonne », n’étant qu’un simple trophée, une collection parmi tant d’autres. Trop naïve pour le remarquer à temps, elle en fut convaincue que lorsqu’elle le surprit dans les bras d’une autre femme beaucoup plus vieille qu’elle. Elle venait de totaliser vingt ans lorsque cet incident se produisit.


Elle en fut pendant longtemps affectée, même après avoir fait la rencontre de son amant.  Ce qui lui avait plu le plus chez Julian, ce n’était pas son argent encore moins sa beauté mais plutôt sa ressemblance avec son ex. Kanon avait à peu près la même taille que Julian, si ce n’est plus ; Ils avaient également la même couleur de cheveux et des yeux mais à la différence de ceux de Julian qui étaient bleu ciel, les cheveux ainsi que les yeux de Kanon avaient la couleur bleu marine. Mais il valait mieux ne pas le lui révéler au risque d’empirer les choses.


Elle avait rencontré Julian au cours d’une réception que ce dernier fit faire à l’occasion de l’inauguration d’un nouveau paquebot. Elle y était partie, accompagnée de son frère Minos et c’est ce dernier qui la présenta à Julian. Il était très beau habillé de son uniforme blanc des marins qui se mariait très bien avec la couleur bleu ciel de ses cheveux et de ses yeux. Malgré sa grande beauté, la jeune femme trouvait que celle-ci ne pouvait égaler celle de Kanon mais elle décida quand-même de garder contact avec lui, « on ne sait jamais », avait-elle dit en lui donnant son numéro téléphonique.


Elle haïssait Kanon, c’était sûr mais d’un autre côté, elle continuait toujours à l’aimer. Lorsque Julian lui avait déclaré sa flamme, elle lui avait clairement fait comprendre qu’elle n’était pas prête à s’engager de nouveau dans une relation amoureuse, la première l’ayant anéantie. Il n’avait pas trop insisté, lui disant seulement qu’il attendrait jusqu’à ce qu’elle soit complètement remise de cette déception. Puis il s’était retiré mais ils avaient gardé contact. Julian se comportait en vrai gentleman avec elle, chose que Kanon n’avait jamais fait alors qu’elle était sa petite amie. Julian lui envoyait souvent des bouquets des fleurs et venait lui rendre visite tous les week-ends ; Ils allaient souvent diner au restaurant et une fois, il vint tenir compagnie à la jeune femme dans un cours que cette dernière qualifiait d’ultra ennuyant. Dans peu de temps, elle s’était attachée à lui au point qu’ils devinrent meilleurs amis. Un jour (à peu près une année après leur première rencontre), il l’invita chez lui et passèrent la nuit ensemble, scellant ainsi leur amour.


Il y a dix mois Kanon réapparut dans sa vie, lui demandant de lui pardonner pour tout le mal qu’il lui avait causé dans le passé. Il voulait qu’ils se remettent ensemble et repartir sur une bonne base. Sa demande rencontra un rejet accompagné de quelques insultes de la part de la jeune femme. Néanmoins elle décida de conserver leur amitié au nom de leur ancien amour, ce qui parut plaire à ce dernier. Ensuite elle le présenta à Julian, non pas entant qu’ex, mais plutôt comme un ami de longue date. Mais ce qu’elle ignorait, c’était que cet ami était venu dans l’unique but de la reconquérir et ce n’était pas le riche armateur qui allait l’en empêcher. Julian était à Thessalonique et Séléné à Athènes, la distance allait jouer à sa faveur, se convainquit-il avant de passer à l’action.


Il commençait par venir diner chez elle régulièrement, fait qui parut normal aux yeux de Séléné puisqu’il n’y avait rien d’autre que de l’amitié entre eux. Il lui envoyait souvent des cadeaux et des fleurs, il l’amenait aussi au cinéma ou dans des restaurants chics. Si devant Séléné ces petits gestes d’attention lui paraissaient normaux, ce n’était pas le cas avec Julian qui commençait à remettre en question leur amitié mais ne dit rien à sa petite amie. Il décida de les mettre sous surveillance. Il voulait croire que c’était juste sa jalousie qui lui jouait un mauvais tour mais il ne pouvait s’empêcher de croire que sa petite amie lui cachait quelque chose au sujet de ce Kanon. Il en était venu à la soupçonner d’entretenir une relation amoureuse avec ce dernier mais il espérait se tromper sur son compte. Ses doutes furent confirmés lorsque l’un de ses hommes lui rapporta que Kanon était en réalité l’ex de sa petite amie.


Il ne savait pas comment interpréter cette révélation mais décida quand-même de la confirmer. Il prétexta un voyage d’affaire en Angleterre pour quelques mois, mettant ainsi son piège en place. Il savait que les deux souris allaient profiter de son déplacement pour sortir de leur cachette et venir grignoter le gros morceau de fromage qui leur avait été déposé devant leur trou. Mais ce qu’Ils ignoraient, c’est que le méchant chat noir s’était juste caché derrière la table, patientant que ses deux cibles mordent à l’hameçon avant de les attraper dans ses griffes pointues.


Comme il l’avait prévu, Kanon profita de son déplacement pour finaliser son plan. Il était venu rendre visite à Séléné comme il en avait l’habitude depuis un certain temps et celle-ci fit commander des pizzas, n’ayant pas le temps de préparer le diner. Après avoir suivi un film à l’eau de rose, il rassembla son courage et dévoila à la jeune femme ses véritables intentions. Mais avant qu’elle ne rétorque quoi que soit, il vint capturer ses lèvres et au même moment, le livreur de pizza, qui n’était personne d’autre qu’un des espions de Julian, fit son entrée. La jeune femme se dégagea rapidement de son emprise et voulu lui demander ce qui l’avait pris mais elle fut stoppée par le regard gêné du livreur. Elle le paya avant de le renvoyer et ce dernier, qui les avait discrètement pris en photo en train de s’embrasser, fit son rapport à Julian. Se conforma aux images qu’il avait reçu et au rapport lui fait, il conclut que sa petite amie le trompait avec son ex. Toutes les preuves rassemblées contre elle, il la fit venir pour l’interroger sur leur véracité et peut-être entendre sa version des faits.


Il attendait qu’elle lui dise toute la vérité, il voulait l’entendre de sa propre bouche même si sa décision avait déjà été prise: il allait mettre fin à leur relation. Mais il lui réservait, à la fin, une grande surprise dont elle s’en souviendrait toute sa vie.

-J’avoue que j’ai eu tort de t’avoir caché une chose si importante mais essaye de me comprendre, j’avais très peur qu’en la découvrant…

-Pourtant tu n’avais pas eu peur lorsque tu m’as trompé, l’interrompt-il d’un ton cynique.

-Jamais je ne t’ai trompé Julian, mon amour crois-moi je n’aime que toi et personne d’autre.

-Ne me fais pas rire Séléné. Tu ne vas pas non plus me faire croire que ce baiser n’était qu’un accident ?!

-Il m’a embrassé de force ! Répliqua-t-elle les larmes aux yeux. Je ne m’attendais pas à ce qu’il… Qu’il m’embrasse, j’étais vraiment étonnée. Cela ne lui ressemblait pas et puis je ne le considère que comme un ami, rien de plus. Lorsqu’il m’est réapparu, il m’a avoué qu’il avait toujours des sentiments pour moi et qu’il souhaitait qu’on retourne ensemble mais j’ai refusé. Je lui ai clairement fait comprendre qu’il ne représentait plus rien à mes yeux et que j’étais déjà engagée dans une relation sérieuse. Il s’est découragé mais a tenu quand-même que l’on reste des amis, demande que j’ai acceptée. Mais maintenant je me rends compte que j’ai fait une grave erreur, je croyais qu’il avait changé mais non. Il est resté le même type pervers et immoral dont je suis tombée amoureuse à l’époque.  

 

-Je ne sais pas ce qui est à plaindre chez toi : ta naïveté ou ta stupidité. Naïve car tu as cru que ce don juan ne voulait que de ton amitié et stupide, puisque tu n’as pas cru nécessaire de me mettre au courant de toute cette affaire bien avant, sous prétexte que t’avais peur. 

-J’ignorais quelle serait ta réaction en découvrant cette histoire.

-Dis-moi alors qui fait le plus confiance à l’autre, de nous deux ?


-…


Séléné ne put lui répondre, réalisant soudainement sa bêtise. Il était évident que Julian était un homme très jaloux et imprévisible. Mais il ne restait pas moins son petit ami à qui elle devait avoir confiance et non pas lui faire des petites cachoteries. Si elle lui avait tout révélé de sa relation avec Kanon, il n’y aurait jamais eu des malentendus entre eux. Ça lui aurait évité de remettre en question sa fidélité et c’était certain qu’il aurait arrêté Kanon avant qu’il n’aille trop loin.

-Après tout ce qui s’est passé, je crois que je ne pourrai plus jamais te refaire confiance.

 -Tu n’as le droit de me dire ça Julian. Contrairement à toi, je ne passe pas mon temps à envoyer des messages…

-Nous y voilà enfin ! S’exclama-t-il en se levant avant de faire des va-et-vient. Je suis sûr que tu voudrais savoir à qui j’envoie tous ces messages mielleux et remplis des sous-entendus. Mais ne t’en fais pas, je te dirai toute la vérité puisque je suis un homme sincère et honnête, contrairement à d’autres.

-Si tu le dis…

-La vérité c’est que… Tu n’es pas la seule femme dans ma vie… Je te trompe, Séléné, déclara-t-il avec un petit sourire au coin.


Séléné ouvrit grandement les yeux devant son aveu. Elle ne pouvait pas croire que ces mots venaient de Julian, elle n’arrivait pas à croire qu’il soit sérieux. Comment aurait-elle pu le prendre au sérieux alors qu’il avait l’air de s’amuser ?


-Tu… Tu blagues… N’est-ce pas ?


-Malheureusement non. Depuis un certain temps, je suis attiré par d’autres femmes et il m’est arrivé quelques fois d’en inviter quelques-unes. Je ne sais pas pourquoi mais c’est plus fort que moi…


Séléné avait l’impression qu’elle nageait dans un délire. Julian était un homme honnête qui n’avait nullement peur de dire la vérité, c’était comme une sorte de vertu en lui et c’est ce qui effrayait la jeune femme. Maintenant qu’elle y repensait, celui-ci lui disait souvent, en souriant, qu’il rencontrait un tas de femmes aussi belles qu’elle et qu’un jour, il serait tenté de coucher avec certaines d’entre elles. Elle lui jetait alors un regard noir et le menaçait de le castrer s’il osait mettre son plan en exécution. Ils éclataient de rire et l’embrassait langoureusement, lui promettant amour et fidélité. Comment aurait-elle pu penser qu’il était sérieux alors qu’il ne faisait juste que la taquiner ?

-Alors, quand tu me disais que… que tu… Balbutia-t-elle en le fixant de ses yeux mouillés par ses larmes.

-Quand on n’est pas en mesure de conserver un trésor et qu’on ignore sa valeur, un autre peut facilement vous le ravir et le garder pour soi, dit-on.

-Parce qu’en plus c’est de ma faute ?! S’indigna-t-elle avant de se lever pour lui faire face. Tu sous-entends que c’est à cause de moi que tu pars voir ailleurs, c’est bien cela ?

-Exactement dame Garuda, tu es la seule à condamner dans toute cette histoire. Lorsque j’ai découvert ton lien avec ce salopard de Kanon, j’ai directement conclu que tu me trompais avec ce dernier. Pour apaiser ma colère et soigner ma douleur, je n’ai pas eu d’autre choix que de rechercher le réconfort auprès d’une autre femme mais une seule ne suffisait pas. J’ai donc dû en trouver d’autres et cela m’a un peu soulagé. Mets-toi un peu à ma place : tu vis une relation amoureuse à distance mais quelques temps après, tu apprends que ton amante profite de votre distance pour flirter avec son ex petit ami, tu ferais quoi ?

Prenons un exemple : Je te présente à Saori comme étant une amie tout en omettant délibérément de te dire qu’elle est mon ex. Quelques jours plus tard, tu découvres que je t’ai menti sur ma relation avec Saori et d’après les rumeurs, on se serait remis ensemble. Tu vérifies et exactement, tout semble indiquer que je me suis remis avec elle. Quelle serait ta réaction ?

-Je viendrai te demander des explications et non pas chercher à me venger en couchant avec le premier venu !

-Pourquoi ne pas simplement te dire toute la vérité dès le départ ? En te cachant une telle chose, on suppose que je ne voulais pas que tu me soupçonnes de te trahir avec Saori, n’est-ce pas ?


Elle se rassit lentement, ne sachant pas quoi lui répondre pour sa défense. Tout ce qu’il avait dit n’était pas totalement faux, il y avait une part de vérité. Elle n’aurait jamais dû lui cacher le fait que Kanon soit son ex, cela n’avait fait qu’empirer les choses mais cela ne justifiais pas ses infidélités. Il aurait dû lui demander des explications au lieu de faire des conclusions hâtives, c’était la moindre de chose à faire.


-Pourquoi… Pourquoi ne pas m’avoir dit… Enfin laisse tomber. C’est tellement blessant ce que tu m’as fait… Je… Pourquoi… A moi ?


La jeune femme trouvait son agir très ignoble et presqu’inhumain. Lui révéler sans sourciller qu’il avait des maitresses était très cruel et humiliant. Il ne devrait pas lui dire toutes ces choses blessantes, juste par respect pour elle et ses sentiments. Peu importe ce qu’elle avait pu lui faire, lui annoncer ouvertement qu’elle était cocue l’avait vraiment offensée. Le pire, c’est qu’il semblait tirer une grande satisfaction de sa peine et ne se gênait pas pour manifester. Cela se voyait par le rictus qu’il arborait depuis qu’il lui avait fait son aveu.


-Si tu voulais rompre avec moi dès le départ, tu aurais pu me le dire simplement au lieu de m’humilier comme tu viens de le faire.

-Je ne pouvais quand-même pas garder un tel secret pour moi seul, tu avais le droit d’être mise au courant, tu le mérites. Alors dis-moi ce que j’ai fait de mal, ma tendre Séléné?

-Je préfère mettre fin à cette discussion, j’ai assez perdu mon temps. En fait, j’ai gaspillé quatre longues années de ma vie à côté d’un homme qui n’en valait même pas la peine. Comme je me sens si stupide !

-Oh pour ça tu n’as pas à t’en faire. Je vais te dédommager pour ces quatre années perdues à cause de moi. C’est pourquoi, j’ai pris l’engagement de te donner un chèque en blanc dans lequel tu pourras mentionner la somme de ton choix : dix millions, cent millions, un milliard d’Euro, etc., peu m’importe. Je t’offre également mon prestigieux palais qui se trouve dans la ville de Lamia ainsi que deux navires de ton choix. Je reviens vers toi dans quelques minutes, je vais prendre les papiers de ta nouvelle propriété ainsi que le chèque en blanc, déclara-t-il avant de disparaitre.


Il réapparut cinq minutes plus tard, tenant entre ses mains une boite en or massif. Il en ressortit une grande enveloppe grise et le fameux chèque en blanc, les déposa sur la table et attendit patiemment que Séléné s’en saisisse. Cette dernière avait les yeux rivés sur la table et semblait plongée dans ses pensées. Après deux minutes de réflexion, elle prit les « cadeaux » et se mit à les observer.


-J’espère pour toi que… Tu as conservé le double de ces documents mais si tel n’est pas le cas… Tant pis pour toi. Tu devras alors reproduire un duplicata car voici ma réponse, lui dit-elle.


Elle se releva et s’approcha de lui jusqu’à atteindre son niveau. Elle prit les papiers et les coupa en milles morceau avant de les lui jeter au visage.


-Je crois que tu as deviné ma réponse, Julian. Je n’ai nullement besoin de ton argent, encore moins de tes biens puisque je n’en manque pas. Tout ce que je voulais, c’était ton amour, rien que ton amour. Tu as cru que j’en avais derrière ta richesse… Tu m’as prise pour une matérialiste. Ce que tu viens de me faire maintenant est plus humiliant que tes infidélités. C’est la plus grande insulte que tu ne m’aies jamais faite et ça, je ne pourrai te le pardonner.       


-Ce geste est très noble de ta part mais tellement irréfléchie ! Tu viens de déchirer un chèque en blanc, tu t’en rends compte Séléné ? Ce n’est plus de la fierté mais plutôt de l’inconscience.

-Comment j’ai pu tomber amoureuse d’un… salaud comme toi ? Je n’arrive pas à croire que… que tu es mon Julian ! Tu… Tu n’es plus la personne que je connaissais, tu m’es totalement étrangère.


Pour toute réponse, il sourit et retourna s’installer confortablement sur son fauteuil. Il reprit sa lecture où il l’avait interrompue et se mit à fredonner un chant. Elle ne comprenait plus ce qui se passait. Depuis le début de leur conversation, il paraissait détendu et amusé par la situation qui pourtant, n’avait rien de distrayant.


-Je suis toujours Julian Solo et je le resterai, ma très chère Séléné Garuda. Tu ne cesses de te lamenter que je ne te connais pas assez, que je t’ai offensée, et patati et patata. Mais je ne te poserai juste qu’une seule petite question, Séléné : est-ce que toi, tu me connais ?


- Bien sûr que non. Si j’avais su dès le départ quel type d’homme tu es, je ne t’aurai jamais laissé m’approcher. Comment est-ce que tu peux rester aussi calme et souriant comme si tout ceci n’était qu’un simple jeu ? Mais sais-tu au moins ce que je ressens en ce moment ? Tu…


-Qu’est-ce qui te blesse le plus dans mon attitude ? Est-ce mon manque de confiance en toi ou le fait que je t’ai avoué mon infidélité qui te met dans cet état ? Est-ce peut-être le fait que je t’ai prise pour une matérialiste qui te chagrine ?


-Tous tes agissements m’ont profondément blessés, ajouté à cela ton insensibilité devant ma douleur. Tu aurais pu au moins faire semblant de comprendre ma souffrance mais au contraire, tu t’en contrefiches et en plus tu as l’air de te divertir. Même un homme dépourvu de tout état d’âme ne réagirait pas de la sorte.


 Séléné baissa la tête pour lui cacher ses larmes. Elle n’arrivait toujours pas à croire que cet homme assis tout juste en face d’elle était son amant : il lui était méconnaissable. Son Julian ne lui dirait jamais de telles horreurs, elle en était sûre. C’est vrai qu’il était irascible et perdait souvent le contrôle de ses actes mais il ne lui ferait jamais de mal, il en était juste incapable, enfin c’est ce qu’elle croyait jusqu’à maintenant. Elle ne comprenait toujours pas ce qui lui était arrivé pour qu’il la traite comme une moins que rien, pire, une salope. Elle se remémora toutes les paroles blessantes qu’il avait prononcées en son encontre, sa proposition plus qu’humiliante et son sourire mesquin contrastant avec son regard vide. Elle n’aurait jamais pensé employer ce nom un jour pour qualifier Julian : un monstre.


Elle essuya ses larmes et redressa sa tête mais fut surprise de le voir aussi près d’elle. En effet, pendant que la jeune femme était plongée dans ses réflexions, Julian s’était calmement approché d’elle jusqu’à atteindre son niveau. Il était resté dans cette position pendant au moins dix minutes sans prononcer un mot, contemplant calmement ses mèches ternes ; Celles-ci avaient perdu de leur éclat malgré la forte lumière que déversaient les lustres. Lorsque Séléné releva sa tête, il put enfin admirer la beauté de ses yeux qui, en dépit de sa mélancolie, n’avaient rien perdu de leur magnificence : c’était la première chose qui l’avait attiré chez elle.


-Tu as mal, n’est-ce pas ? Mais vois-tu, j’ai dix fois plus mal que toi. J’ai mal parce que tu m’as menti sur ta relation avec Kanon, j’ai mal parce que tu ne m’as jamais fait confiance. Mon cœur se brise dès que mes yeux rencontrent cette image où un autre homme est en train de t’embrasser ; Tu ne peux pas imaginer la peur que j’ai éprouvée à l’idée que Kanon ne te ravisse à moi. Mais par-dessus tout, je me sens tellement triste d’avoir organisé cette mascarade pour découvrir la vérité, et pour te faire comprendre combien tes agissements m’ont blessé, lui avoua-t-il tristement.


-Au moins tu sais maintenant ce que ça fait de se sentir trahi par la personne que l’on aime, ajouta-t-il.


-Tu veux… Ce n’était qu’une… qu’une blague ? Balbutia la jeune femme en réalisant enfin ce qui venait de se passer.


Il est vrai que Julian la suspectait de lui cacher quelque chose, raison pour laquelle il avait engagé des espions pour la surveiller. Ceux-ci lui rapportèrent qu’effectivement la jeune femme lui avait menti car en réalité, celui qu’elle lui avait présenté comme étant son ami n’était qu’en fait son ex. De plus, leur relation était ambiguë dans la mesure où ils agissaient comme le ferait deux amants : Ils étaient très proche (Dans le vrai sens du terme), ils allaient souvent diner dans des restaurants luxueux, il lui offrait des cadeaux, il venait souvent diner chez elle, etc. Cette découverte l’avait mis en rogne et avait décidé de rompre avec la jeune femme mais il se reprit rapidement. S’il voulait rompre avec elle, il le ferait sans aucun mal mais avant, il devait les prendre les mains dans le sac. Ainsi, il n’aurait pas trop à se justifier devant qui que ce soit. Connaissant l’esprit un peu trop juridique de la femme (quoi de plus normal, elle faisait le droit), s’il ne devait se baser que sur des simples spéculations, celle-ci renverserait la situation à son avantage et irait même à se faire passer pour une victime de sa jalousie maladive. Puisque l’actor incumbit probatio (La charge de la preuve incombe à la personne qui allègue les faits), c’était à lui que revenait la charge de prouver l’infidélité de Séléné.


Il commençait par organiser son voyage pour leur laisser le champ libre (En réalité, il n’a jamais bougé de Thessalonique. C’est pour cette raison qu’il ne l’appelait pas au risque qu’elle comprenne la supercherie). Mais juste en rappel, Séléné ne vivait pas dans la même ville que Julian. Alors qu’est-ce que ce canular pouvait bien changer de leur situation ? La réponse était pourtant simple : il avait perdu toute raison. Le plus surprenant c’est que cela avait fonctionné (simple coïncidence) parce qu’au bout de quelques jours après son soit disant voyage d’affaire, le don juan (C’est ainsi qu’il surnommait sa rivale) avait passé à l’acte. Après que le livreur les ait photographiés, celui-ci était resté les espionner et malheureusement ou heureusement, il avait enregistré toute leur conversation. Le lui rapportant, Julian comprit alors que sa petite amie ne lui avait jamais trompé avec l’autre con (autre surnom) qui essayait juste de la reconquérir. Il avait été soulagé mais toujours énervé et vexé qu’elle ne lui ait rien dit sur sa relation avec Kanon.             


C’est pour cette raison qu’il avait décidé de lui faire une petite et mauvaise surprise, et il savait déjà quand cela aurait eu lieu : quoi de mieux que lui faire une bonne blague le premier avril, la journée internationale du mensonge autorisé. Cette mise en scène avait une triple mission : primo, lui faire dévoiler la vérité qu’elle lui avait longtemps caché ; secundo, la punir pour ses mensonges qui ont failli briser leur relation si parfaite et tertio, il voulait s’amuser un peu avec elle (c’était le premier avril quand même).


-Je dois avouer que je me suis un peu amusé mais te voir dans cet état de détresse m’a beaucoup ému. Puisses-tu me pardonner pour toutes les atrocités que j’ai eu à prononcer, je ne voulais pas te blesser…


Au contraire il voulait la blesser puisqu’elle l’avait aussi blessé mais il ne lui avouerait pas une telle chose, il cherchait à se faire pardonner et non à aggraver sa situation.


- Je crois que c'est déjà trop tard, Julian...


Bien que cela ne fut qu'une blague, la douleur que ressentait la jeune femme était bien réelle. Elle avait l'impression que tous ces aveux n'avaient rien d'une mise en scène. Séléné reconnut que Julian était un excellent comédien, il avait très bien joué son rôle du début a la fin. Elle avait vraiment eu peur... Elle en avait encore des frissons.


-Je voulais savoir si tu me faisais totalement confiance. Mais je suis très déçu de constater que tu as cru à mes mensonges. Si tu me connaissais assez, comme tu n’as pas arrêté de me le répéter durant toute la soirée, tu saurais que jamais je ne pourrai trahir ta confiance. Je préférerais rompre avec toi que de te tromper. Je sais ce que ça fait de se sentir cocu, et je ne voudrai pas que tu ressentes la même chose. Je ne suis pas un monstre, contrairement à ce que tu as pensé.


-Je vais te faire la même blague sans rien modifier de ton petit scenario. Reviens me voir juste après et on pourra calmement discuter sur la confiance autour d’une tasse de café bien fumante, lança-t-elle d’un ton cinglant. D’accord ?


-Ca ne sera plus drôle, je crois.


-Très bien...


Elle se mit debout, pris sa valise avant de se diriger vers la sortie. Elle n'arrivait pas à croire que Julian lui ait fait une chose pareille. C'est vrai qu'elle s'était mal comporté, mais elle ne méritait pas qu'on lui fasse une blague aussi mauvaise. Elle se remémora tout ce qu'il lui avait lancé à la figure, et elle se sentit bouillonner de rage. Bien que cela ne soit pas vrai, ses paroles l'avaient profondément blessée et jamais, elle ne pourrait l'oublier.


-Où vas-tu? Entendit-elle derrière elle. 


-Quelle question! Je rentre chez moi, ça ne se voit pas?


Puisqu'il avait terminé avec sa mise en scène, elle n'avait plus rien à faire chez lui. Il était Déjà vingt-deux heures et il ne restait plus que le dernier train de la ligne trente. Avec un peu de chance, elle arriverait à temps pour ne pas le rater.


-Tu es sérieuse ?


-Ecoutes Julian... Je n'ai pas la force de me disputer avec toi, encore moins l'envie de te parler. Tu as eu ce que tu voulais.... Mes félicitations. Me voir souffrir t'as fait tellement du bien.... Je suis heureuse pour toi. Mais vois-tu, on ne peux pas s'amuser avec les sentiments des autres sous prétexte que c'est une blague. Julian... Tu ne peux pas jouer avec mes émotions... Je suis tellement...


Elle se retourna pour lui faire face et c'est là qu'il vit son visage: il etait inondé des larmes. Julian realisa combien ses agissement avaient blessé sa petite amie. Tout ce qu'il désirait, c'était lui faire comprendre que son manque de confiance en lui ainsi que ses mensonges avaient failli détruire leur relation. Il ignorait qu'elle le prendrait aussi mal, et qu'elle se sentirait offensé.


-Je suis vraiment désolé Séléné... Je ne voulais pas te faire du mal...


-Tes regrets ne vont rien changer de la situation, déclara-t-elle avant de lui tourner le dos. Si tu crois que je vais te pardonner aussi facilement, alors tu te fourres le doigt dans l'oeil jusqu'au coude!


-Séléné...


-Bonne soirée!


Elle mit fin à la discussion puis se dirigea promptement vers la sortie mais avant d'atteindre la porte d'entrée, elle fut saisie par Julian qui la tira vers lui avant de la serrer contre son torse, de sorte qu'elle ne pouvait faire aucun mouvement.


-Lâche-moi Julian! Lui ordonna-telle tout en se débattant pour se libérer de son emprise.


-Si je te laisse tu vas t'en aller.


-Je ne veux pas rester une minute de plus dans cette maison ! Julian Lâche-moi je te dis!!!


-Il n'en est pas question...


-Je te déteste!!! Lui cria-t-elle avant d'éclater en larmes.


Elle relâchait enfin toute la pression qu'elle avait accumulée. Tout ce qu'elle avait vécu l'avait complètement épuisée, tant physiquement que psychologiquement. Elle se sentit soudainement faible, et ses jambes faillirent céder mais Julian la soutint. Il la porta telle une princesse et se dirigea vers sa chambre.


-Tu... Tu... M'amène dans ta chambre ? L'interrogea-t-elle d'une voix faible.


-Oui... Tu dois te reposer...


-Repose-moi sur le canapé !


-Le canapé n'est pas très confortable comparé au lit qui...


-Julian... Repose-moi sur le canapé... Siffla-t-elle d'une voix menaçante.


N'ayant pas trop de choix, il fit ce qu'elle lui avait ordonné de peur de l'énerver encore plus. Elle s'assit confortablement sur le sofa mais n'adressa aucun mot à son petit ami. Celui-ci vint d'ailleurs s'accroupir juste devant elle mais Séléné fit semblant de ne pas le remarquer et se mit à fixer longuement sa valise.


-Tu ne vas quand-même m'éviter pour le restant de ta vie...!

-Hum...

-...

-...


Julian soupira en voyant la mine renfrognée de son amante. Il devait réparer son erreur s'il voulait que Séléné lui reparle un jour, mais cette dernière ne l'aidait pas vraiment. Il s'était excusé plusieurs fois, malheureusement elle ne voulait toujours pas le pardonner. Qu'est-ce qu'elle voulait de plus? Qu'il se jette à ses pieds pour implorer son pardon ou qu'il se fasse humilier pour lui faire plaisir? Comment ai-je pu perdre le controle de la situation? Se demanda-t-il en soupirant pour une seconde fois.


-Si ma présence t'ennuie tant que ca, tu n'as qu'à t'en aller. Rien ne te retiens ici... Maugrea-t-elle.


-Allons nous reposer Séléné. Nous continueront cette discussion demain.


-Désolée de te dire ça mais cette nuit, tu dormiras SANS moi. Ton lit te tiendra compagnie... Comme il l'a toujours fait lorsque je ne suis pas là.


-On a fait trois mois sans faire l'amour et maintenant que tu es là... Tu me demandes de me passer de toi?


-Tu aurais dû y penser avant de me faire cette mauvaise blague!


Séléné voulait lui faire payer pour avoir mis en place sa mauvaise blague. Il avait osé la blesser, alors elle le ferai également souffrir. Elle avait décidé qu'elle dormirait au salon et le lendemain, elle prendrait le premier train en direction d'Athènes. Cela lui servirait de leçon la prochaine fois.


-Que dois-je faire pour que tu me pardonnes?!


-Tellement de choses... Murmura-t - elle en prenant un air faussement dépité.


-Comme quoi?


-Hum... Laisse-moi réfléchir un instant.


Julian regretta de lui avoir posé la question. Ce sourire mesquin qu'elle affichait n'annonçait généralement rien de bon. Il espérait juste qu'elle ne lui demanderai pas de faire une chose humiliante... Il l'espérait bien.


-Ah j'ai trouvé ! Tu dois me... Chanter une berceuse!!!


Au moins, il aurait essayé. De toute manière, il n'avait pas trop le choix. C'était ça ou dormir seul. C'est effrayant le pouvoir que les femmes détiennent sur les hommes. Grâce à ça, elles peuvent les manipuler à leur guise et les pousser à faire tout ce qu'elles désirent. Les femmes sont vraiment dangereuses, réalisa Julian en fixant son amante qui lui souriait d'une drôle de manière.


-Si tu le désires! Hum.... Fit-il avant de se mettre à chanter d'une voix rocailleuse.


-Frère Jacques, Frère Jacques

Dormez-vous? Dormez-vous ?

Sonnez les matines, sonnez les matines

Ding, ding ,dong...


-...


-...


-Ah ah ah ah ah ah ah ah, se plia-t-elle de rire. Elle riait tellement fort qu'elle faillit s'étouffer. Toute sa colère avait soudainement disparu.


-Tu... Tu... Es... Tellement nul! Ah ah ah ah!!! Reprit-elle mais se stoppa en voyant le regard mauvais que lui lançait Julian.


-Okay j'arrête... Murmura-t-elle en essuyant ses larmes qui s'étaient mises à couler à force de rire.


Julian était très doué en musique mais ne savait pas chanter. Il maîtrisait à la perfection presque tous les instruments musicaux, seule sa voix lui faisait défaut. Séléné savait parfaitement qu'il n'aimait pas trop chanter. Elle voulait juste savoir s'il aurait accepté de mettre sa fierté de côté en acceptant de chanter. Décidément, Julian était prêt à tout pour se faire pardonner.


-Je te pardonnes mais ne me refais plus jamais une telle chose...


-Je te le promets...


-Mais sérieux! Au début, je n’arrivais pas à te croire, je pensais que tu… tu plaisantais mais j’ai vite changé d’avis en voyant ton air décomplexé : je lisais aucune tristesse dans tes yeux, il y avait seulement de la satisfaction. J’en ai déduis que tu m’avais trompé pour te venger de moi et cela m’a vraiment fait très mal.


-Excuse-moi, murmura-t-il, avant de saisir ses douces mains chaudes et d’y poser un tendre baiser. Plus jamais tu ne revivras une telle expérience, tu peux en être sûre…


-Ne t’en fais pas... Je t'ai déjà pardonné mais cela ne veut pas dire que j'ai tout oublié !


En réalité elle brulait d’envie de lui demander à qui elle envoyait ses messages. Puisqu’il ne la trompait pas, à qui pouvait-il bien écrire ces genres des textos ? Devinant à peu près ses pensées par sa mine devenue soudainement soucieuse, il vint s‘assoir à ses côtés (il avait des crampes à force de rester accroupi pendant plusieurs minutes). Elle posa sa tête sur son torse et ferma un instant ses yeux, savourant la présence de son amant dont les battements du cœur résonnaient comme une agréable berceuse à ses oreilles.


-Ces femmes ne représentent rien à mes yeux, ce ne sont que, pour la plupart, mes associées. Pour te le prouver, demain, je te les présenterai afin que…


-Ce n’est pas la peine, lui murmura-t-elle. Tu m’aimes et c’est le plus important, Julian Solo.


-Tu es un amour, Séléné Garuda, déclara-t-il en la serrant très fort dans ses bras.


-Oui je sais… Sourit-elle en répondant à son étreinte.



                                                        FIN.    






 

  


      



    


 


 





      


         


       


 


 




              


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