Les Cendres du Phénix

Chapitre 1

2717 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 26/01/2017 11:23

Titre : Les Cendres du Phénix

Période : 5 BBY (Empire Galactique, Star Wars Rebels)

Canonicité : Canon (ou presque)

Genre : Enquête, Action

Public : Tout public

Personnages Principaux : Gurney Malacore (création originale), Mon Mothma, Bail Organa, Leia, Palpatine, Tarkin, Dark Vador

Nombre de chapitres : 20 ou plus

Résumé : Sur Coruscant, le coeur du pouvoir galactique, une poignée de sénateurs menée par Bail Organa tente de percer les projets secrets de Palpatine. Mais le Grand Moff Tarkin ne l'entend pas de cette oreille, quitte à faire fit de la légalité. D'autant que l'Empereur continue son démantèlement méthodique du Sénat, dernier vestige de la démocratie.


***


Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine…

 

Quatorze années viennent de s’écouler depuis l’avènement de l’Empire Galactique plus puissant que jamais. Les Jedi ne sont plus, et rien ne semble en mesure de contester la suprématie de l’Empereur Palpatine.

Seuls quelques soulèvements sporadiques et désordonnés ainsi que les dernières voix de l’opposition au Sénat menées par Bail Organa et Mon Mothma viennent troubler la politique impériale mise en œuvre par le Grand Moff Tarkin. Mais ce dernier est bien décidé à user de tous les moyens pour tuer dans l’œuf toute tentative de résistance.

 

Profondément enraciné dans le tissu urbain prolifique de la ville-planète Coruscant, capitale de l’Empire au coeur de la Galaxie, l’imposant complexe architectural du Palais Impérial dominait le quartier et ses environs telle une montagne massive de verre et de permabéton prête à engloutir quiconque d’assez aventureux pour s’en approcher de trop près.

Pourtant, en cet après-midi ordinaire, semblable à un grain de poussière flottant dans l’air, une navette protocolaire T-4a de classe lambda avait mis le cap sur le centre névralgique de l’Empire Galactique.

Développée par Sienar Fleet Systems, cet engin, relativement rudimentaire dans sa production de série, était avant tout un large conteneur aménagé pour transporter une vingtaine de passagers, auquel était adjoint un cockpit de pilotage et une propulsion supraluminique. Sur la base de ces seuls attributs, ce vaisseau spatial n’aurait jamais atteint une telle notoriété dans les rangs de l’Armée, et encore moins au sein de la population en général. C’étaient évidemment ses trois ailerons déployés en forme de Y inversé qui constituaient la signature esthétique de l’appareil, lui conférant cette allure légère, voire frêle, si particulière.

La navette ralentissait à mesure qu’elle s’approchait d’une plate-forme d’atterrissage aux abords du Palais Impérial. Une fois positionnée à la verticale, elle se posa silencieusement tout en réalisant un demi-cercle sur elle-même afin de se présenter dos au Palais. Des vérins s’actionnèrent avec un son étouffé puis la rampe d'accès s'abaissa et laissa apparaître un haut gradé de l’Armée Impériale.

Il descendit de l'engin avec flegme, ignorant presque les gardes impériaux vêtus de longues robes écarlates qui venaient de s’aligner de part et d’autre. Posant les pieds au sol, il marqua une pause, leva la tête et jeta un œil sur le Palais Impérial qui se dressait si haut qu’il semblait transpercer le ciel. L’officier ne put s’empêcher de se souvenir qu’il y a un peu plus d’une décennie de cela, c’était encore le temple du défunt Ordre Jedi.

De ce temple, il ne restait que peu de chose si ce n’est les tours périphériques qu’on distinguait à peine, noyées parmi tant d’autres ajoutées depuis. Les lignes sobres, claires et humbles de jadis avaient été effacées, démolies, pour laisser place à un amas grouillant quasi organique de lignes fractales luttant les unes contre les autres pour atteindre le sommet de la pyramide. Un beau symbole de ce nouvel ordre galactique, se dit-il. Puis il réajusta le col de son uniforme vert-kaki taillé au millimètre avant de s’enfoncer dans les entrailles du Palais.

 

***

 

C'était une vaste pièce, pratiquement vide, où même les rayons de lumière hésitaient à traverser les épais vitraux à l'armature en toile d'araignée. Au beau milieu, un vieil homme était assis sur un imposant siège en duracier aussi sombre que le basalte de Mustafar et aussi froid que la glace d'Orto Plutonia. Son visage était à demi dissimulé par la capuche de son ample robe noire. D'une voix chevrotante et nasillarde, il parlait à un hologramme.

« Sénateur Organa, j'envisage prochainement de restructurer le Sénat. »

« Restructurer le Sénat ?... Vous voulez dire, réduire le nombre de sénateurs je présume. L'affaiblir une fois de plus. Comme si lui avoir retiré ses principales prérogatives n'était pas suffisant. »

Bail Organa s'efforçait de maintenir un ton égal. Il était conscient néanmoins que ses paroles étaient à la limite du tolérable envers l'Empereur, même de la part d’un sénateur, ou plutôt surtout de la part d’un sénateur.

Il était loin le temps où le Sénat était le haut lieu des décisions politiques, où se votaient les lois régissant la Galaxie. Depuis l'avènement de l'Empire, le Sénat n'était devenu qu'une vulgaire chambre d'enregistrement des décisions de l'Empereur, tout au mieux un organe consultatif et une tribune pour les rares sénateurs critiques envers la politique impériale.

« Au contraire, moins de sénateurs permettront à cette vénérable institution d'être plus réactive, plus efficace », glissa l'Empereur Palpatine. « De plus, je vous assure que vous ne serez pas concerné par cette restructuration, cher Sénateur... à condition bien sûr de soutenir cette décision devant vos pairs. »

« Mais cela serait une trahison envers les autres sénateurs et les peuples qu'ils représentent ! » Bail faisait de son mieux pour garder son calme même si intérieurement son sang bouillait. Lui qui avait assisté à la chute de la République et n'avait compris que bien trop tard les manigances de Palpatine. Il avait même personnellement contribué malgré lui à ce que ce modeste Sénateur de Naboo à ses débuts devienne Chancelier Suprême et finalement Empereur autoproclamé.

Palpatine n'écoutait que d'une oreille ce qui n'était pour lui que jérémiades. Il fit un signe discret de la main. Ses serviteurs acquiescèrent de la tête et laissèrent son visiteur du jour entrer dans la pièce.

« Il est impossible de satisfaire tout le monde », dit Palpatine. « Vous êtes un politicien chevronné... Vous le savez mieux que quiconque. Il faut simplement savoir peser le pour et le contre, et bien entrevoir les conséquences de ses choix... Je vous laisse y réfléchir, Sénateur Organa. Je suis certain que vous vous rangerez du bon côté. »

Palpatine appuya sur un des nombreux boutons dont était muni son trône et mit fin à la communication holographique avec un petit rictus de satisfaction. Ses yeux injectés de sang pétillaient tels ceux d'un enfant en dépit des profonds sillons sur son visage qui trahissaient plus que de raison un âge biologique avancé. Depuis qu'il était devenu Empereur, ce genre d'opposition verbale était devenu si rare qu'il s'en délectait. Un bref instant, il éprouva même une pointe de sympathie pour Bail Organa, aussi étrange que cela lui parût. Après tout, les Sith se devaient de réserver leur haine aux Jedi, les autres n'étant que simples marionnettes. Si Organa avait accepté de se joindre à lui lorsqu'il était devenu Empereur, il en aurait peut-être fait son bras droit.

L'officier qui avait demandé audience à l'Empereur avait attendu patiemment la fin de la conversation entre Palpatine et Organa. Il s'agenouilla conformément à l'étiquette impériale, puis se releva.

« Majesté, permettez-moi de douter de la loyauté à votre égard de ce Bail Organa. »

Le Grand Moff Wilhuff Tarkin, quinquagénaire grisonnant aux traits longilignes et anguleux et aux yeux bleus acier, était devenu au fil de sa carrière militaire et politique l'une des personnes les plus puissantes de l'univers connu. Très tôt, Palpatine avait suivi l'ascension de cet officier prometteur, brillant et ambitieux, pour en faire la clé de voûte de son administration.

« La loyauté oui, c'est souhaitable, mais l'obéissance de ce sénateur et des autres me suffira... pour le moment. »

« Nous devrions simplement dissoudre ce Sénat », poursuivit Tarkin. « Après tout, ce n'est qu'une relique encombrante du passé. Nous pourrions amplement nous en dispenser. Le corps des Moffs que vous avez eu la sagesse de constituer est autrement plus efficace dans l'administration de l'Empire que ce ramassis de parasites complotant dans votre dos. »

« Patience, cher ami. Rien ne presse. Nous avons encore besoin du soutien de la population. Et qu'on le veuille ou non, le Sénat est hélas encore une pièce essentielle de ce soutien. Votre doctrine, Grand Moff Tarkin, n'a pas encore les moyens de ses ambitions, ce qui est regrettable... À moins que vous n'ayez fait des progrès significatifs en ce sens. »

« Les chantiers navals tournent à plein régime. La conscription a été rendue obligatoire dans tous les systèmes. Toutes les ressources que l'Empire a à sa disposition sont mobilisées pour la mise en œuvre de la doctrine. Soyez-en assurée, Votre Majesté ». Tarkin inclina la tête avec déférence.

La doctrine Tarkin élaborée un an après la proclamation de l'Empire et également connue sous le nom de la Doctrine de la Peur avait un objectif de dissuasion avant d'être un dispositif de répression. Néanmoins, afin d'ôter toute envie de contestation de la part de rebelles ou de dissidents, elle nécessitait une puissance militaire démesurée que l'Empire n'avait pas encore atteinte.

« Des résultats Grand Moff Tarkin... Je veux des résultats. »

 

***

 

« Cher Baron, je crois que vous avez perdu », dit une petite femme, la quarantaine, la voix empreinte de satisfaction. Silya Shessaun, anciennement sénatrice du temps de la République avait conservé un côté pétillant non dénué de charme.

Devant elle, au milieu d'une pièce largement éclairée, sur un plateau circulaire à damier, une créature holographique rougeâtre, la Limace K'lor se déplaça d'une case à proximité d'une autre, le Faucheux de Kintan. Celui-ci était un bipède à l'aspect massif, à la peau claire et dont les deux bras étaient placés de chaque côté d'une tête disproportionnée. La Limace s'approcha du Faucheux et commença à le découper à l'aide de ses deux membres antérieurs en forme de lame de rasoir pendant que la victime holographique hurlait dans un simulacre d'agonie.

« Impossible ! Ce coup n'était pas réglementaire. » Le Baron Papanoida désabusé protesta à travers sa barbe blanche au point d'en faire tomber sa haute coiffe cylindrique qui le grandissait d'une dizaine de centimètres lorsqu'elle était ajustée convenablement. « Votre Limace K'lor n'aurait pas dû être en mesure d'attaquer ! »

Ce Pantorien, une espèce humanoïde à la peau bleu pastel, portait un uniforme d'un pourpre sombre muni de quelques décorations, des bottes et des gants en cuir noir, rappelant son statut tant politique que militaire de gouverneur de la lune de Pantora.

« Absolument réglementaire. Je vous rappelle que j'ai déjà remporté le tournoi d'holochess de Kashyyyk », répondit Silya Shessaun tout sourire. « Et les Wookies sont meilleurs perdants que vous », ajouta-t-elle en se mettant à rire.

Un large morceau d'étoffe recouvrait la tête de Silya, retombait sur ses épaules et descendait jusqu'au niveau inférieur de sa poitrine. Sa longue robe était assortie en un camaïeu de bleus faisant resortir sa chevelure blonde et lisse, ses yeux clairs et son visage lunaire.

Papanoida inspecta une dernière fois le plateau de dejarik en fronçant les sourcils puis l'éteignit en soupirant. C'est alors qu'un homme entra dans la pièce. Il était relativement grand, à la carrure affirmée. Sa peau était légèrement basanée. Brun, le front dégagé, il arborait un bouc discret au menton. Il semblait préoccupé à en voir les traits de son visage, mais sa tenue composée d'un long manteau noir soyeux richement tressé et brodé parvenait à maintenir l'illusion d'un homme sûr de lui.

« Ah Bail ! Vous voilà enfin », s'exclama Papanoida, trop heureux de pouvoir penser à autre chose que sa bien piteuse défaite face à Silya. « Nous avions cru que l'Empereur vous avait dévoré par hologramme interposé. »

Bail s’appuya contre un mur, comme pour reprendre des forces. « Vous ne croyez pas si bien dire. »

Les deux invités, inquiets pour leur hôte, se levèrent dans sa direction.

« Et bien, que s'est-il passé ? » interrogea Silya.

« Allons en terrasse voulez-vous, j'ai besoin de prendre l'air. » Bail Organa fit un signe de la main en direction de la terrasse donnant sur les montagnes verdoyantes d'Aldera, la capitale d'Aldérande. « Vous prendrez bien du thé à base de ruica avec moi, n'est-ce pas ? »

« Avec plaisir », répondit Papanoida. « Cela fait une éternité que je n'ai pas dégusté cette spécialité de votre monde. Voilà qui requinquera peut-être mes articulations. »

Une fois assis à une large table d'une des terrasses du Palais Royal, baignée d’un soleil à peine couchant, Bail Organa alluma son databloc qui projeta un long texte portant tout en bas la signature de l'Empereur.

« Comment ça ? Mais c'est un scandale ! » s'emporta Papanoida. « Palpatine veut réduire le nombre de sénateurs de moitié ?! »

« D'une certaine façon, c'était à prévoir », dit Silya pendant que deux servantes apportaient le thé de ruica à la terrasse. « D'un point de vue pratique, le Sénat n'existe plus. »

« On croirait entendre Mon Mothma, chère Sénatrice », dit Bail se grattant le front.

« Ex-sénatrice », rectifia Silya. Elle souleva sa tasse de thé pour en boire une gorgée. Il était encore tout chaud. « C'est l'occasion de sortir de l’ambiguïté, Vice-Roi. On ne peut plus se contenter de hocher de la tête aux décisions de ce despote. Avons-nous perdu toute dignité ? »

« Vous savez très bien que c'est faux ! » La provocation de Silya avait fait son effet sur Bail. Alors qu'il était presque abattu après sa conversation avec l'Empereur, le voilà qui avait repris une attitude plus combative. « Nous ne nous contentons pas de hocher de la tête. Nous résistons. Pour le moment, ce sont des petits riens. Mais en les ajoutant les uns aux autres, notre organisation grandit. »

« Au point de défier l'Empire ? » demanda Papanoida.

« Pas frontalement, pas encore. Mais il existe des endroits dans la Galaxie où des personnes se lèvent pour dire à l'Empire qu'il n'est pas le bienvenu. Notre rôle ici est d'unir tous ces gens. Quand ce sera le cas, alors nous pourrons sortir de l’ambiguïté. Mais avant cela, il nous faudra être patients. Il faudra garder espoir. »

« Comment ne pas tomber amoureuse après un tel discours ? »

Une voix douce et chaleureuse se fit entendre dans le dos de Bail. Celui-ci se retourna. Une très jolie femme à la démarche altière s'approcha du groupe assis à la terrasse. Toute de rouge vêtue, sa coiffure formait une sorte de couronne tressée à laquelle était fixée un long voile qui lui tombait jusqu’aux mollets. Ses lèvres pulpeuses attiraient les regards tout autant que ses yeux délicats en forme d'amande. C'était la Reine Breha Organa d'Aldérande, épouse de Bail.

« Chérie, te voilà. Je t'épargne les présentations, tu connais déjà nos invités. » Bail caressa la main de sa chère et tendre et leva la tête. « Moi qui croyais que tu devais présider le Grand Symposium sur l’Éducation en ce moment même. »

« Disons que je souhaite profiter du peu de temps que j'ai avec mon mari avant qu'il ne reparte pour Coruscant. N'ai-je pas raison ? »

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