L'Enfer n'est pas un lieu pour toi

There and Back – Wolfgang Gartner

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           Scott, Stiles, Malia et tous les autres étaient encore au lycée, à constater les dégâts causés par la Bête lors du match de crosse de la veille. Liam restait à l’écart avec Hayden.

           - J’aurais dû le comprendre depuis longtemps, lâcha le jeune homme. C’est mon meilleur ami, j’aurais dû remarquer au moins une chose qui ne collait pas…

           - Liam, on va le retrouver, tenta de le rassurer Hayden. Je te promets qu’il ne lui arrivera rien.

           Stiles s’agita, son téléphone à la main. Hayden se leva.

           - Eh, tout va bien ?

           - Non !, s’exclama-t-il. Ça fait des heures que j’essaye d’appeler Lydia mais elle n’a répondu à rien, ça sonne dans le vide...

           - Elle est peut-être encore avec Argent et Gérard ?

           - Ils doivent être dans leur bunker ou je sais pas où, j’ai essayé de les appeler aussi ! Je… Je vais aller la chercher.

           Kira rejoignit Stiles d’un pas rapide. D’un signe de tête, Scott invita les autres à le suivre en direction de la bibliothèque.

           - Ah, démarre ! Saleté de caisse !, s’énerva violemment Stiles sur son volant.

           Kira restait silencieuse sur le siège passager. Son comportement avait beaucoup déçu Scott durant le match et elle s’en voulait de l’avoir empêché d’aider les autres. Stiles quant à lui était très anxieux à propos de Lydia. Elle, qui était toujours au courant de tout et toujours prête à aider, ne répondait plus et ça le rendait malade.

           La Jeep déboula devant chez Lydia. Sa voiture était chez elle, mais tous les volets étaient clos. Stiles sortit en furie et tonna à la porte en l’appelant. Comme elle ne répondait pas, il tenta d’enfoncer la porte.

           - Stiles, tu vas te blesser !

           Kira l’écarta de la porte et sortit une clé. En quelques secondes la porte était grande ouverte. Stiles se précipita à l’intérieur, entra dans toutes les pièces, jusqu’à la trouver assise sur son lit. Là, il vit qu’elle pleurait, alors il la prit dans ses bras. Cela ne rassura pas Lydia et ne combla en rien l’énorme trou qui grossissait dans son cœur. Ce vide immense lui donnait envie de tout abandonner.

           - Qu’est-ce qu’il se passe ?, demanda Kira en entrant. Pourquoi elle pleure ?

           - Je sais pas, elle me répond pas, gémit Stiles. Lydia ! Lydia, tu m’entends ?

           - On dirait qu’elle est là depuis des heures, constata Kira. Il faut la descendre, je suis persuadée qu’elle n’a rien bu ni mangé. Stiles, aide-la.

           Il s’exécuta et faillit même la porter tellement il la voyait faible. Lydia réalisa qui était avec elle quand elle arriva dans sa cuisine.

           - Qu’est-ce que vous faites ici… Vous devriez être avec Scott.

           - Tu as ignoré tous mes appels, s’énerva Stiles.

           Elle tourna son regard triste vers lui.

           - Tu m’as appelée ?, dit-elle d’une voix triste.

           Kira ouvrit le frigo et en sortit tout un tas de nourriture, tandis que Stiles tentait de la faire s’expliquer. Elle finit par lâcher que Parrish était venu la voir pour lui dire qu’il quittait Beacon Hills ; ce qu’il s’était passé après, elle n’en avait aucun souvenir. Elle fut même surprise d’apprendre l’heure qu’il était. Lydia mangea et reprit quelques forces, tandis qu’elle écoutait Stiles raconter le match de crosse.

           - Mason a remarqué que toutes les attaques de la Bête on eut lieu dans un endroit disposant d'une antenne, par laquelle les Docteurs ont vraisemblablement transmis leurs ordres. Et le match caritatif de crosse devait être retransmit à la télévision…

           - Avec des antennes ?, l’interrompit Lydia avec une voix d’enfant triste.

           - Oui. C’était sûr que la Bête allait venir. Avec Scott, on a pensé que, si le coach Finstock reprenait son job, il pourrait faire annuler le match, mais cet abruti n’a pas déclaré forfait comme c’était prévu... ! Et mon père a aussi refusé d’annuler le match, il a juste envoyé une trentaine d’agents pour – il marqua les guillemets avec ses doigts – « surveiller ». On a réussi à gagner un peu de temps pour que Malia mette HS les camions émetteurs des journalistes, mais ça n’a pas suffi. Ensuite, euh… Liam était blessé donc on s’est occupé de lui alors que Scott est parti se battre avec la Bête dans la bibliothèque…

           Lydia perdit le fil quelques instants.

           - … s’est rendu compte que Mason est la forme humaine de la Bête. Et là Corey est apparu et a l’a fait disparaître !

           - Mason ? C’est lui la Bête ?, répéta Lydia.

           - Oui, mais tu ne peux rien faire pour aider dans ton état, la sermonna Kira. Scott et les autres sont en train de les chercher dans le lycée. On les rejoindra quand tu seras en meilleur forme.

           Kira rejoignit Stiles dans le salon des Martin.

           - Elle s’est couchée. Je repasserai la voir dans la nuit, pour m’assurer que tout va bien.

           Le jeune homme hocha la tête. Il y eut un long moment de silence.

           - J’arrive pas à croire que Parrish soit parti, lâcha Stiles. On a trop besoin de lui pour ça… Mon père va devenir fou quand il va l’apprendre.

           - Scott aussi. Il plaçait tant d’espoir en lui, surtout depuis qu'on sait qu’il est la seule solution pour libérer Mason de la Bête. Maintenant, il va falloir se débrouiller autrement.

           - Oui. Et toi, qu’est-ce que tu comptes faire ? Je veux dire, une fois qu’on aura tué la Bête ?

           La fille marqua un temps d’arrêt ; elle réfléchit.

           - Je crois que je vais rejoindre les Skinwalkers.

           - Tu… sais ce que ça signifie.

           Elle hocha la tête, les yeux rivés sur le sol.

           - Oui. Ça veut dire que je ne reviendrai pas, plus jamais. Ce n’est pas une décision que je prends à la légère, j’en connais les conséquences. Pour moi… Pour Scott.

           - Il va être…, commença-t-il avant d’être coupé.

           - Ne dit rien, s’il-te-plait.

           Stiles, gêné, baissa la tête. Soudain, un cri venu de l’étage résonna jusque dans leurs os. Paniqués, ils se jetèrent vers l’escalier. Ça venait de la chambre de Lydia.

           - Lydia !, cria Stiles. Lydia !

           Il se précipita sur la porte et l’ouvrit, mais Kira le retint d’entrer. Il tenta de se débattre, mais elle le repoussa et referma la porte.

           - Chut, tais-toi, dit-elle à voix basse. Reste derrière moi.

           Très doucement, elle rouvrit la porte et vint s’agenouiller devant son amie. Celle-ci avait le regard braqué sur le mur devant elle. Ce qui faisait le plus peur chez elle était son regard vide et surtout, ses yeux blancs. Elle semblait possédée ; en tous cas elle n’était pas elle-même. Sa tête pivota vers Kira, qui sursauta et plaqua une main sur sa bouche. D’une voix rauque et grave, Lydia commença à parler.

           - Ça arrive toutes les nuits. Je sais pas ce qui les déclenche, mais chaque nuit, à un moment donné, je me lève et je pars. Quand je reviens, je retrouve mes vêtements brûlés et tâchés de sang. Si je ne savais pas certaines choses, je croirais que je suis somnambule.

           - On dirait… On dirait ce qu’a dit Parrish au père d’Allison ! Elle semble comme... possédée par son esprit, chuchota Kira, incapable de bouger.

           - Mais je ne vais pas errer dehors comme un somnambule : j’ai un but précis. Je cherche quelque-chose. C’est pour cette raison que vous devez me suivre. J’ai besoin de savoir où je vais et ce que je fais. Si des gens sont blessés à cause de moi… si je tue des gens… je dois le savoir.

           - Lydia ?, l’appela Stiles. Est-ce que je peux parler à la fille que je connais ?

           - Stiles !, chuchote l’asiatique. Laisse-la parler.

           - Quand je me réveillerai la nuit, quand ça recommencera, je veux que vous me suiviez. Et s’il le faut, je veux que vous m’arrêtiez, déclara Lydia avec force.

           Sans prévenir, elle s’effondra sur Kira, qui laissa échapper un cri de surprise.

           - Il faut qu’on prévienne Scott.

           - Ouais Stiles ? Vous avez retrouvé Lydia ?, demanda Scott à son ami, au téléphone. Comment elle va ?

           - Elle est pas super, là. Parrish lui a dit qu’il s’en allait, qu’il se barrait de Beacon Hills.

           - Quoi ?, s’exclama Scott, à la fois surpris et en colère. Mais… C’était notre seul espoir de vaincre la Bête !

           - Ouais, bah je crois qu’il va falloir trouver un nouveau plan. Parce que là on est bien dans la merde !

           - Mais lequel ?

           - Ah ça je sais pas mon vieux. Vous avez retrouvé Mason ?

           - Non, on le cherche toujours. On a fait le tour du lycée mais on a trouvé personne… J’ai un mauvais pressentiment. Peut-être que… qu’il a été pris par les Médecins de l’Horreur.

           - Pour lui, j'espère pas. Oh, Scott, je crois que Lydia voudrait te parler.

           Scott marqua une pause, le temps de donner quelques instructions aux autres.

           - Salut Scott, fit une voix féminine au téléphone.

           - Lydia. Tu nous as fait peur. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

           - Je… Stiles te racontera. Tu disais qu’il vous fallait un nouveau plan ?

           - Tu n’es pas en état pour venir nous aider.

           - … Je ne viens pas. Il faut que je parte. Que je convainque Parrish de revenir, si ce n’est pas trop tard.

           - On est dans une impasse : sans le Hellhound on ne fait pas le poids contre la Bête ! Alors si tu pouvais le retrouver, tu nous sauverais. Argent nous a rejoint, il dit qu’il a un plan lui aussi.

           - Oui, je sais. Il a parlé à Gérard et il lui a expliqué qu'une Banshee peut tuer la Bête, il veut m’utiliser pour parler à Mason – le vrai Mason. Mais selon la légende, la Bête du Gévaudan a été tuée grâce à une lance, une lance que les Médecins détiennent. Il faudra absolument la trouver, sinon son esprit trouvera un autre hôte. Mason s’en sortira.

           - Ton plan est trop simple Lydia. Tu ne peux pas partir, on a besoin d’une Banshee. Je refuse de te laisser partir.

           - Scott, je t’en prie, laisse-moi partir et suis mon plan, je te promets qu’il va fonctionner.

           - Ce n’est pas aussi simple. Si tu pars, comment veux-tu qu'on fasse revenir Mason ?

           - J'y ai pensé, et j'ai une solution : je vais m'enregistrer, comme l'a fait Valack. Je vais m'adresser à Mason et lui demander de sortir du corps de la Bête, et vous pourrez utiliser mon cri quand vous le trouverez.

           Lydia se tût un moment. Scott cru même qu’elle avait raccroché.

           - D’accord. Mais après, qu'est-ce que tu vas faire ?

           - Je vais chercher Parrish. Il faut que je le retrouve.

           - Alors... Tu t'en vas ?

           - Je te promets que je reviendrai. Pour la meute.

           L'Alpha soupira avant de répéter, comme un écho :

           - Pour la meute.