Je décide de marcher jusqu'au manoir car j'ai besoin de prendre l'air et de me vider la tête, après toutes ces révélations. Je commence à marcher quand je vois Loan s'approcher de moi, avec son sourire de tomber.
Il me fait son grand sourire de tombeur. Loan a l'air d'être un peu imbu de sa personne. Mais je ne le connais pas encore vraiment. Peut-être que c'est un mec sympa, finalement ! Il me retourne mon sourire avec un air arrogant, comme si ma réaction le confortait dans son idée d'être irrésistible.
Il me lance son sourire charmeur une fois de plus. Je me demande s'il essaie toujours de draguer toutes les filles qui passent sous son nez. Je n'ai vraiment pas envie d'être sa nouvelle conquête parmi tout un tas d'autres filles. J'ai envie d'une relation un peu plus sérieuse.
Il semble déçu par ma réaction mais retrouver vite son sourire bright.
Son insistance commence sérieusement à m'agacer. Personne ne lui dit jamais non ou quoi ?
A l'annonce du nom "Bartholy", Loan fait un pas en arrière. Ses yeux s'agrandissent. Il semble totalement surpris. Peu à peu il se met à froncer les sourcils. (Quoi encore ?)
Lui aussi il a un problème avec les Bartholy ? Ca semble être à la mode, à Mystery Spell !
Sans lui laisser le temps de répondre, je me mets à courir dans la rue, n'ayant pas très envie qu'il me retienne davantage. Décidément, les Bartholy ne font vraiment pas l'unanimité !
Le lendemain, je décide de profiter de mon temps libre pour enquêter sur la famille Bartholy. Après avoir fait le tour du manoir (ça m'a pris un temps fou!), j'ai pu remarquer qu'il n'y a que deux miroirs dans toute la maison. L'un dans ma chambre, l'autre dans la salle de bain qu'ils m'ont réservée. Un simple choix décoratif ou une précaution en vue de mon emménagement ici ? Il faut avouer que je vois peut-être des indices là où il n'y en a pas... Lorie est dans sa chambre. Je crie son nom et lui demande de me rejoindre dans la salle à manger. Je l'entends marmonner un moment, dire qu'elle ne viendra pas, ronchonner encore et encore... Mais finalement sa curiosité a raison d'elle et je la vois descendre les marches. Evidemment elle fait la tête.
Je lui montre un magnifique gâteau rose bonbon, avec des petites fleurs en décoration tout autour. Le faire m'a pris un temps fou mais je suis plutôt contente du résultat. N'importe quel enfant normal n'aurait qu'une envie : le dévorer. J'observe la réaction de la petite fille avec attention. Elle regarde le gâteau, visiblement surprise, puis retrouve sa moue habituelle.
Elle s'apprête à partir mais je lui attrape la main. Je suis surprise par sa peau glacée, aussi froide que la neige.
Encore une fois, son regard oscille entre le gâteau et moi. Et là, a ma grande surprise, elle se met à pleurer. De grosses larmes ruissellent sur ses petites joues de poupée.
Mince mais qu'est ce qui lui prend ? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Ses pleurs attirent l'attention de Nicolae, son grand frère, qui débarque paniqué dans la salle à manger.
Il s'approche de sa petit sœur et la prend dans ses bras.
La petite fille renifle et me montre brusquement du doigt.
Nicolae, si mesuré habituellement, écarquille les yeux à la vue de l'énorme gâteau qui trône sur la grande table de la salle à manger. Il reprend rapidement son air détaché.
Sans un mot de plus il prend sa petite sœur dans ses bras et quitte la pièce. Un condition physique qui explique qu'en deux semaines Lorie n'a absolument rien avalé ? (Il me prend pour une idiote ou quoi?) Je me rends compte qu'une confrontation ne servirait à rien. Les frères Bartholy ne feraient que tout nier en bloc, trouvant pleins d'excuses à leur comportement bizarre. Je sais désormais que le mot "normal" ne fait pas partie du vocabulaire de cette famille.
J'ai moi-même des pouvoirs étranges, que je n'ai jamais su maîtriser, et je peux sentir que le surnaturel s'entremêle à la vie des Bartholy comme à la mienne. Je ais devoir me méfier d'eux. Ce sont peut-être des vampire mais, pour l'instant, je suis encore bien vivante. Ils ne doivent pas être si méchants que ça ! Mais c'est juste qu'on ne sait jamais, après tout ils m'ont peut-être embauchée pour leur servir de futur casse-croûte !
Alors que je remonte dans ma chambre, je croise Peter dans l'escalier. Je me remémore son comportement en cours de mythologie également très suspect.
Peter m'observe, sans rien dire. Son regard si particulier se perd dans le mien et j'en oublie un moment ma question. Il me répond avec désinvolture.
Peter est peut-être un vampire, mais je sens au fond de moi qu'il est différent de ses frères. Cette différence m'attire, me donne envie d'en savoir plus, de la découvrir. Sans pouvoir m'en empêcher, mes pensées m'échappent.
Il hausse les sourcils, visiblement surpris, par ce que je viens de dire.
Ses yeux verts se mettent à briller. Il me semble décontenancé, comme si mon intérêt lui paraissait totalement incongru.
Peter plante son regard dans le mien, et je n'arrive plus détacher mes yeux de ses prunelles magnétique. Il approche lentement son visage au mien, comme pour me provoquer.
Sa voix est suave, douce, lancinante... Il est face à moi, je l'entends comme s'il venait de murmurer à mon oreille. Son visage angélique, à quelques centimètres du mien, me fait perdre mes moyens. J'aimerais bien que lui, il me croque ! Il m'observe un moment, et je sens son odeur boisée, si masculine, envelopper mes sens. Après m'avoir lancé un regard froid, il me tourne le dos et commence à s'éloigner.
Sur ces paroles énigmatiques et inquiétantes il m'abandonne dans l'escalier, me laissant seule et complétement bouleversée.
Comme un automate je me dirige vers ma chambre, confuse. (L'apparence angélique et introvertie du beau Peter cacherait-t-elle en réalité un être torturé ?) Je me couche dans mon lit, en boule sous ma couverture, complétement perdue, les paroles du jeune homme passant en boucle dans ma tête. Suis-je à la hauteur de ce qui m'attend ici ? Ressaisis toi Agathe, quoi qu'il arrive je saurai faire face. Mais qu'est ce qui m'attend au juste ?