Nuits de pleines lunes

Chapitre 2 : Une nuit tragique

3443 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/08/2018 05:06

Royaume-Uni, banlieue de Londres


Après s'être résignée au début de sa cinquième année de son lycée, Veronika se contentait d'évacuer toute sa frustration en jouant un peu de la guitare dans sa chambre. Elle s'amusait à composer des chansons et à les jouer. C'était pour elle, le moment d'exprimer ce qu'elle ressentait au fond de son cœur, car elle est une fille qui cache ses sentiments pour ne pas déplaire aux autres. Alors qu'elle faisait ses accords sur sa guitare, quelqu'un cogna soudainement à sa porte et offusqua son univers.

— Oui, entrez, accepta la jeune fille tout étonnée d'entendre sa porte de chambre résonner ainsi. La porte s'ouvrit tranquillement comme si la personne derrière celle-ci se sentait gênée d'y entrer. C'était Amanda, sa mère, qui semblait vouloir lui confier quelque chose d'important vu qu'elle n'avait pas dit un mot depuis son entrée. Elle vint s'asseoir tout près de sa fille après avoir fermé délicatement la porte derrière elle, et ce, encore une fois dans un silence presque inquiétant.

— Chérie, je sais que je devrais attendre ton anniversaire avant de te le donner, mais je crois que c'est le meilleur moment pour le faire. Chuchota-t-elle en lui présentant une petite boîte blanche ressemblant à celle que l'on trouve dans les bijouteries.

— Je ne comprends pas maman. Ma fête n'est que demain. Qu'est-ce qui t'a mis cette idée en tête? Demanda Véronika par curiosité.

— Disons que c'est pour moi une façon de m'excuser de ne pas pouvoir être là demain, quand tu célébreras ton anniversaire. Avoua Amanda, l'air désolé vu qu'elle allait la quitter pour le centre-ville de Londres où elle allait célébrer son anniversaire de mariage. Une année sur deux, les parents de Veronika fêtaient leur mariage et quittaient leur fille unique pour savourer aisément leur amour au cœur de la ville. Disons que c'était pour compenser le fait que leur nuit de noces s'était passée aux urgences. Amanda était alors enceinte de huit mois et elle avait perdu ses eaux alors que la cérémonie de mariage se terminait par un doux baiser les déclarant mari et femme. Veronika avait décidé de surgir de son cocon au moment le plus inopportun. Au bout du compte, leurs anniversaires se coordonnaient parfaitement. Il fallut donc faire des compromis. Heureusement, tout le monde vivait bien avec cela. En repensant bien à toute cette aventure, Amanda conclut en disant Veronika:

— Oui, mais, j'aurais quand même voulu être là. Elle lui tendit le boîtier et Véronika se décida enfin à l'accepter en prenant le temps de la remercier. La jeune fille ouvrit la petite boîte blanche et y découvrit un collier en argent suspendu d'un quart de lune orné de pierres blanchâtres. Elle le trouva absolument magnifique. Satisfaite de sa tâche, sa mère l'embrassa sur Veronika avant de la quitter afin de poursuivre la préparation du souper et le tout dans un calme inouï. Quant à Veronika, elle l'admira pendant un long moment. Sa guitare n'avait plus son attention, elle était accrochée au bijou. Elle le contempla devant son miroir une fois à son cou. Ses rêveries furent interrompues par l'appel de sa mère qui l'attendait pour le souper.

Quand elle eut descendu l'escalier, Veronika remarrqua son père, Dominic, qui était en train de discuter avec sa femme tout en lui tenant la main. Veronika alla s'asseoir à côté de son père qu'elle admirait beaucoup pour sa prestance et sa grandeur. Il savait jouer du violon, de la guitare et de l'accordéon. Il avait d'ailleurs transmis sa passion pour la musique à sa fille. Il lui avait offert sa guitare à l'âge de douze ans et depuis, elle Veronika ne s’en était jamais réellement séparée.

—       Alors, tu joues toujours de la guitare à ce que je peux constater. Dis son père en relâchant la douce main d'Amanda. Véronika se contenta de répondre d'un signe de tête en ajoutant : 

—       C'est mon père qui m'a inspiré. Ces mots avaient su amener un sourire aux lèvres de son père, puis chez sa mère. Elle avait le sentiment d'être comblée de bonheur et rien ni personne ne pourrait gâcher ce moment si joyeux. Le fait d’être avec sa famille était une chose qui comptait beaucoup à ses yeux. Le restant de la soirée se passa paisiblement et Véronika se coucha vers 22 h.

Le réveille-matin la réveilla en sursautant le lendemain pour le lycée. Elle avait fait un étrange rêve la nuit dernière, mais elle ne s'en soucia guère, ce n'était qu'un rêve après tout. De toute façon, il n'était pas question qu'elle se rendorme, l'école l'attendait Veronika ouvrit ses yeux afin d'y voir plus clair en se levant tranquillement de son lit. Après avoir trouvé l'équilibre sur ses pieds, elle se dirigea vers son rideau de fenêtre afin de l'ouvrir pour laisser le soleil entrer dans sa chambre. En s'orientant vers sa porte de chambre, elle passa devant son miroir et constata qu'elle portait toujours le collier que sa mère lui avait offert la veille. Elle s'était tellement attachée au bijou la veille qu'elle en avait fait une partie d'elle et avait oublié de l'enlever avant de se coucher. Pour ne pas avoir l'air trop fou devant ses parents, elle décida de l'enlever aussitôt. Elle prit soigneusement le temps de le mettre dans son coffre à bijoux avant de se décider à quitter la pièce. Une fois dans la cuisine, Veronika se dirigea vers le réfrigérateur pour prendre la cruche de jus d'orange et s'en servir un verre. Elle se servit également un bol de céréales. Elle remarqua que son père avait eu à peine le temps de voir la jeune fille entrer dans la pièce vu qu'il était profondément plongé dans sa lecture du journal. L'unique chose qui reteint son attention était l'article vedette du journal du jour. Elle mangea à grande bouchée son déjeuner sans se rendre compte des proportions de céréales qu'elle avalait. Il laissait entendre un drame tragique comme on en entend tous les jours. Il y avait comme photo d'accompagnement à ce grand titre une voiture accidentée inspectée par des policiers. Veronika alla s'asseoir près de son père en ne quittant pas le journal des yeux. Elle put ainsi mieux voir le titre de l'article.

      — Le fou de la nuit... Murmura-t-elle en le lisant. Son père ne put pas s'empêcher de réagir en entendant ces mots.

—       Oui. À ce qu'il paraîtrait, il y aurait eu un accident avec un animal. Il les aurait attaqués alors que la voiture roulait respectivement sur la route hier soir. Expliqua Dominic à sa fille d'un ton serein.

—       Un animal... de quel genre? Demanda sa fille curieuse ce qui fit rire son père presque instantanément. Amanda entra dans la pièce alors qu'elle portait encore sa robe de chambre en flanelle. Elle venait préparer son déjeuner et servir une tasse de café pour elle et son mari.

—       Selon l'article, on dit que l'animal était du type canin, un genre de loup. Répondit vaguement son père. Sa femme posa sa tasse sur la table avant d'intervenir.

—       Voilà un bien drôle discours à tenir devant quelqu'un qui fête son anniversaire aujourd'hui. S'exclama Amanda en signe d'avertissement envers son homme. Dominic détourna ses yeux de sur l'article qu'il lisait pour les poser sur sa ravissante femme.

—       Tu oublies que c'est aussi notre anniversaire. Ajouta celui-ci. Celle-ci alla lui donner un délicieux baiser sur ses lèvres. Veronika sentit qu'elle était au mauvais endroit au mauvais moment. Heureusement, elle avait presque fini ses céréales. Elle se dépêcha à prendre son bol et son verre vide pour les déposer dans l'évier.

—       Bon, je vais vous laisser, je dois y aller! Annonça rapidement celle-ci en quittant la pièce. De toute façon, elle devait se préparer pour l'école.

—       Bon anniversaire, ma chérie! S'empressa de dire sa mère.

           Veronika alla enfiler son uniforme de lycéenne, se fit une queue de cheval et se maquilla légèrement afin de cacher quelques-uns de ses boutons d'acné. Exceptionnellement, elle décida de mettre le cadeau de sa mère dans son cou sous sa chemise blanche pour que personne ne le voie. Il était maintenant temps de s'habiller pour aller prendre l'autobus. Elle vêtit son manteau d'hiver, prit son sac à dos et sortit de la maison.

—       Bonne journée! S'écria-t-elle dans la maison, mais sans réponses comme si tout était vide. Pourtant, c'était déjà arrivé mainte fois. Elle quitta la maison sans trop de remords. Elle emprunta le trottoir jusqu'à son arrêt d'autobus. Le transport arriva peu après de temps afin de venir la chercher.


           Une fois rendue à l'école, Veronika débarqua de l'autobus et se dirigea vers l'entrée principale de l'établissement comme bien d'autres étudiants d'ailleurs. Elle se rendit à son casier pour y déposer son manteau ainsi que son sac à dos. En ouvrant la porte de son casier, elle jeta un œil sur les cours inscrits sur son horaire pour connaître le plan de la journée. Elle ne pouvait pas être encore plus déçue de la journée puisqu'elle commençait en biologie, ensuite, s'en suivait d'un cours de mathématique, de français et d'économie. La jeune fille ne put s'empêcher de se cogner la tête sur sa porte de casier en se sentant malchanceuse d'avoir un horaire pareil.

—       Je sais que parfois tu peux avoir l'air vraiment stupide, mais là tu en fais un peu trop. Entendit Veronika par une voix qui lui semblait bien familière. Elle constata qu'effectivement sa meilleure amie venait à peine d'arriver près d'elle, mais que celle-ci avait eu le temps de voir le grand spectacle.

—       La journée de mon anniversaire en plus. Continua de pleurnicher la jeune fille.

—       Ah bien, bonne fête! S'empressa de dire Stephany à son amie. Veronika sortit finalement de sa désolation pour faire la remarque à sa copine.

—       Tu ne t'en étais pas souvenue, c'est ça? Demanda-t-elle à celle-ci, convaincue. Stephany se sentit alors très mal à l’aise quant à l'explication qu'elle devrait lui donner pour s'excuser.

—       Euh... oui désolé. S'excusa Stephany à voix basse gênée.

—       Ça ne fait rien, je me dis que ça pourrait être pire. Accepta Veronika sans trop se morfondre dans la solitude. Son amie de cœur changea de sujet et elle commença à lui faire la conversation, mais la jeune fille ne portait pas vraiment une attention à ce que celle-ci lui racontait, car elle était en train de fixer quelqu'un d'autre. Le garçon de tous les rêves de Veronika faisait son entrée dans l'école et s'orientait vers son casier, qui était environ à une dizaine de casiers plus loin du sien. Il avait les cheveux d'un blond reluisant comme les rayons d'un lever de soleil durant un matin d'automne. Il avait les yeux d'un brun noisette délicieux si profond qu'on pourrait s'y perdre pendant des heures sans voir le temps passer. Le grand jeune homme portait un chic manteau de cuir brun par-dessus une chemise bleu grisé avec des jeans bleus. Ses épaules larges étaient la chose qui faisait le plus frémir la jeune fille. Jason lui faisait penser à un valeureux guerrier marginal et courageux. Elle ne pouvait oublier la première fois où leur corps s'était touché alors qu'il était nouveau au lycée. Alors que Veronika traversait la rue de manière imprudente, Jason s'était pratiquement jeté sur elle pour l'attraper et le ramener vers lui afin de l’empêcher de se faire frapper par une voiture qui déambulait la rue à toute vitesse. Elle avait pratiquement atterri dans ses bras et avait plongé dans son regard si mystérieux. Depuis qu'ils avaient échangé leur premier regard, Veronika était restée éblouie par lui et ne put s'empêcher de tomber amoureuse de lui. Malheureusement, ils ne s'étaient pas vraiment reparlé depuis ce jour qui était probablement tombé dans l'oubli pour lui et donc, elle n'avait jamais pu lui dévoiler ses sentiments. Elle s'était toujours dit qu'elle aurait été complètement folle devant lui. Il valait mieux conserver le secret. C'était mieux pour lui et pour elle également. Veronika était totalement dans les nuages en le regardant presque en bavant. Stephany finit par s'en rendre compte et elle commença à secouer son amie pour la faire redescendre sur Terre.

—       Vero! Vero! S'écria Steph en la réveillant de ses rêveries.

—       Désolé. S'excusa-t-elle une fois rétablie. Steph jeta un œil sur Jason puis sur Veronika.

—       Tu sais que si tu ne vas pas lui parler tu ne pourras jamais sortir avec lui. Conseilla-t-elle à son amie. Veronika fut quelque peu outrée par cette remarque.

—       Laisse tomber, tu veux! De toute façon, il est trop bien pour moi. Répliqua la jeune fille toute déçue de ne pouvoir avoir la force et les habiletés pour le charmer. Soudain, Stephany remarqua son collier malgré le fait qu'il était bien caché.

—       Wow! J'adore ton collier! S'exclama en l'effleurant avec ses doigts, tout enjoués.

—       Mon cadeau d'anniversaire. Dis simplement la belle.

—       Tu crois qu'il est en argent pur... Commença Stephany avant de se faire interrompre par la cloche des cours.

—       Il faut y aller sinon on va être en retard. Insista Veronika qui voulait arriver à l'heure à ses cours même si celui-ci ne l'enchantait guère.


La journée passa tranquillement ou plutôt trop lentement selon la jeune fille. Une fois que la cloche annonçant la fin des cours sonna, Veronika respira plus adéquatement et savoura sa liberté. Beaucoup parmi les étudiants étaient contents que la journée soit terminée. Toutefois, une pluie avait commencé à tomber. Heureusement pour Veronika, elle avait toujours un parapluie de secours qui traînait dans sa case. Elle se dépêcha de prendre son autobus afin de se rendre jusqu’à chez elle.

Quand celle-ci fut rentrée dans sa demeure, elle ne put pas s’empêcher de constater le terrible silence qui envahissait les murs de la maison. Elle alluma d’abord la salle de séjour, se déshabilla et alla ensuite faire sécher ses vêtements mouillés dans la buanderie. Son instinct lui dicta de se rendre par la suite vers la cuisine pour se prendre un goûter. La première chose qu’elle remarqua une fois rendue dans la pièce, c’était le magnifique gâteau d’anniversaire que sa mère lui avait fait durant la journée et avait placé à vue sur la table. Une carte d’anniversaire lui étant adressée se trouvait tout près de cette succulente sucrerie. Elle lut le contenu de la carte dans son for intérieur et fut très heureuse de cette attention. Veronika prit le soin de conserver sa carte dans son bureau, là où se trouvaient toutes les autres cartes d’anniversaire précédentes.

Le reste de la soirée se passa paisiblement. Veronika avait fait ses devoirs, prit le temps de manger son souper et de se prendre une part de son bon gâteau au chocolat. Elle se permit de manger son gâteau dans le salon tout en écoutant la télévision, sous sa chemise de nuit. Elle ne se coucha pas trop tard pour être évidemment en forme à l’école le lendemain.

Le sommeil fut pénible pour la jeune fille, car son cauchemar était des plus étranges. C’était la pleine lune, puis à un accident de voiture tragique survenait en pleine pluie battante. Elle entendit le conducteur demander à la passagère si elle n’avait pas été blessée au cours de cet accident. Soudain, une effroyable grosse bête commença à s’attaquer à la voiture. Des hurlements s’en retentirent de la part des victimes. Les yeux jaunâtres et luisants de la créature affamée la fixaient. Elle se mit à entendre des chants indigènes et la résonnance de tambours qui ensorcelaient encore plus ce phénomène étrange. Soudain, Veronika entendit une sonnerie qui la réveilla. Le son du téléphone continua de sonner alors que la jeune fille tentait de se remettre de son cauchemar. Elle se précipita vers l’appareil en trébuchant à maintes reprises, mais malheureusement, elle ne put pas savoir qui appelait chez elle si tard dans la nuit. Veronika se dirigea ensuite vers la cuisine afin de voir l’heure sur le micro-ondes, 2 h 30. Par la fenêtre, elle constatait qu’il pleuvait toujours des cordes. Soudain, elle entendit quelqu’un sonner à sa porte. Elle se demandait bien de quoi il s'agissait. Elle hésita même à ouvrir la porte au visiteur à une heure pareille. Deux policiers se trouvaient derrière la porte. Ils étaient trempés jusqu’aux os. L’un d’eux s’adressa à la jeune fille.

— Bonsoir, Mademoiselle. En entendant ses mots, elle leur fit signe de la tête.

— Que se passe-t-il, Monsieur l’agent? Demanda-t-elle, étonnée.

— Pouvons-nous entrer? Demanda poliment ce dernier. Veronika ouvrit davantage la porte afin de les laisser entrer.

— Je vais faire venir mes parents. Prévient-elle en sachant très bien qu’elle n’avait nulle affaire avec eux. Elle commença à monter l’escalier en se disant que ses parents étaient bel et bien rentrés de leur soirée trépidante. Ils n’allaient sûrement pas aimer de se faire réveiller par leur fille à une heure pareille, mais la visite de telles gens était pourtant une raison valable pour se lever.

— Attendez mademoiselle! Insista le policier en tentant de la rejoindre, mais il parvint à la rejoindre une fois arrivé dans la chambre maître des parents qui était vide de présence humaine.

— Ils ne sont pas rentrés! S’étonna la jeune fille à voix basse en constatant la pièce. Un terrible malaise s’empara de Veronika qui devint chavirée en temps de le dire. Le policier employa un ton calme pour ne pas la brusquer.

— Mademoiselle Clerk, asseyez-vous, je vous en prie. Je vais tout vous expliquer. Commença sagement le policier en l’aidant à s’asseoir sur le bord du lit. Veronika avait comme l’impression que ce qu’elle allait apprendre n’était pas de bonne envergure.

— Vos parents ont eu un grave accident de voiture en fin de soirée. Avoua finalement le policier. La jeune fille ne pouvait pas en entendre plus. Elle fondit en larme en silence et s’exclama lorsque le policier lui dit à contrecœur:

— Je suis navré, mais ils n’ont pas survécu. À peine sortait-elle d’un rêve de son imaginaire, elle allait connaître le vrai cauchemar.



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