Nuits de pleines lunes

Chapitre 7 : Un soir qui tourne au mal

3268 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/08/2018 05:19

Le lendemain, tous les habitants du village se réunirent sur une immense plaine presque toute verte pour célébrer la fête du printemps. Le jour avait été davantage consacré aux préparatifs de la fête. Les participants du spectacle se pratiquaient sur la scène afin que tout soit parfait pour l’occasion.

Après avoir pratiqué sur la scène, Veronika alla rejoindre sa tante sous prétexte qu’elle devait encore l’aider dans ses préparatifs pour la nourriture. Elle avait déjà ressenti le trac alors qu’elle ne faisait que s’exercer sur scène. Elle avait tenté d’éviter les commentaires de tout le monde à la suite de sa prestation. Toutefois, Pénélope fut ravi de revoir sa nièce plus tôt qu’elle ne l’avait pensé. 

-         Te voilà déjà? Ça tombe bien, j’aurais besoin que tu me donne un coup de main pour aller chercher les caisses de pommes qui sont dans le véhicule.

Pénélope semblait débordée par son travail à voir l’état des lieux. Il n’y avait presque rien de prêt ou de déballé. La jeune fille accepta sans hésiter. Sa tante lui montra où était le quad et elle s’y rendit en un instant. Il y avait exactement trois caisses dedans. Elle se sentait bien capable d’en transporter deux et de revenir chercher la troisième après. Toutefois, au moment où elle prit les deux caisses dans ses bras, ses forces l’abandonnèrent et elle fut obligée de les déposer sur le sol. Les caisses étaient bien plus lourdes qu’elle l’avait pensé. En se relevant, elle remarqua que Damian était posté juste à côté d’elle. L’adolescente fut surprise de le voir ainsi.

-         Excuse-moi de te surprendre dans ton travail, dit-il gêné.

-         Ça ne fait rien. Tu cherches quelque chose, demanda-t-elle en reprenant son travail en élevant une caisse pour la mettre sur le véhicule afin de se reprendre dans sa portée.

Damian à son tour prit la seconde caisse et la posa sans difficultés sur le quad. Veronika remarqua qu’il portait un costume amérindien traditionnel et qu’il avait le visage peint de brun et de rouge. Il était couvert d’une fourrure brune sur le dos, le torse nu avec un long pantalon beige du style amérindien. Elle ne s’attendait pas à le voir dans une telle tenue même si elle avait déjà croisé des gens costumés comme lui.

-         Je ne m’attendais pas à te voir comme ça. C’est à peine si je te reconnais.

-         En effet, ce n’est pas mon genre de vêtements.

-         Ce n’est pas si mal je trouve.

Damian la dévisagea étonné de l’entendre dire une telle chose. Il se mit ensuite à rire légèrement.

-         Si mon grand-père t’entendait dire cela, il te vénèrerait, je crois.  

Son commentaire la fit plus rougir que rire. Puis, elle entendit le cri de sa tante qui l’appelait trouvant que son travail était trop long. En se retournant, elle vit sa tante qui lui faisait signe en bas de la côte. Veronika se remis tout de suite au travail et reprit la caisse quelle avait posé sur le quad. Damian décida de l’aider en apportant les deux dernières caisses. Le fait d’avoir un homme fort à ses côtés ne la dérangeait pas trop et même, elle se sentait rassurée. Une fois qu’ils eurent rejoint Pénélope au stand, l’adolescente le remercia de lui avoir prêté main forte. Sa tante ne put pas s’empêcher de complimenter Damian dans son costume.

-         Wow! Tu as une très belle allure dans ton costume!

-          Merci, votre nièce pensait justement la même chose, dit-il en souriant ce qui mit l’adolescente mal à l’aise. Veronika se dépêcha de changer de sujet de conversation.

-         As-tu besoin d’autre chose, ma tante?

Sa tante lui répondit que non et lui autorisa à sortir de la pièce. Damian la suivit et ils commencèrent à marcher ensemble. En chemin, ils croisèrent la famille Cris, tous habillés et maquillés en conséquence. Le docteur s’avança vers la jeune fille.

-         La nièce de Pénélope n’est-ce pas? Veronika, demanda-t-il en lui serrant poliment la main.

-         Oui, c’est ça.

-         Je suis Edwin, le père de Damian, mais tu l’avais sûrement déjà compris.

L’orpheline approuva d’un coup de tête. Le docteur Cris semblait très amical et très discret. Il ressemblait beaucoup à son fils mis à part la vieillesse et ses yeux. Les yeux miles de son fils étaient beaucoup plus perçant que ses yeux brun foncé.

-         Vous n’avez pas mis votre costume, ma chère, demanda Abi en montrant une certaine déception à son égard.

-          On ne m’a rien dit à propos de cela et puis je ne suis pas Amérindienne, défendit-elle.

-         Une couleur de peau différente ne veut pas dire d’une famille différente. Vous êtes parmi nous ma chère, insista le chaman.

-         Je suis venu avec ma tante sans costume et puis pour la majorité d’entre vous, vous êtes amérindiens, expliquant en insistant sur l’argument de sa race.

Edwin releva la tête et sourit discrètement.

-         Je n’en suis pas si sûr que ça.

Damian et Veronika se retournèrent et reconnurent Pénélope habillé en Amérindienne. L’adolescente s’était alors rendu compte qu’elle s’était fait avoir par ses propres mots. Elle se retourna mal à l’aise vers ses interlocuteurs la tête basse.

Puis, Sébastian arriva accompagné par Sophie costumés tous les deux en amérindien. Sébastian avait l’air d’un vrai fou avec son ruban de plumes et de fourrures qu’il transportait sur sa tête. Il n’était pas maquillé comparativement aux autres.

Quelque peu rejetée de toute la bande puisqu’elle n’avait pas pris conscience des coutumes, l’abandonnée tenta de partir, mais elle fut interpelée par sa tante.

-         Tu ferais mieux d’aller te changer, tu ne crois pas?

-         Où ça? Je n’ai même pas de costume!

-         Dans le stand du restaurant, j’ai mis ta tunique dans un sac près des caisses de pommes que je t’ai fait apporter tout à l’heure. Tu iras voir Madame Fleming une fois que tu seras habillé au stand de coiffure et de maquillage.

Veronika acquiesça et partie immédiatement vers le stand du restaurant à la course.

-         J’aurais aimé le savoir plus tôt. Se chuchota la jeune fille alors qu’elle accourait.

En arrivant sur les lieux, l’orpheline arriva à trouver le sac sans problèmes. En ouvrant le sac, elle y découvrit une tunique presque blanche. Elle était couverte de perles bleues, violettes, noires et grises. Elle se déshabilla et enfila ensuite la tunique en gardant ses bottes de fourrures. Elle fut étonnée du confort du vêtement et elle n’avait pas du tout froid. Elle remit ses propres vêtements dans le sac et se rendit au stand de coiffure et de maquillage.

En arrivant sur les lieux, Veronika n’y retrouva qu’une seule femme qui coiffait et maquillait les personnes. Elle était de petite taille, un peu grassouillette. Il s’agissait sûrement de Mme. Fleming, la mère de Sébastian. La jeune fille ne dit pas un mot et attendit son tour pour se faire coiffer et maquiller.

Quand ce fut son tour, elle s’assit sur la chaise silencieusement et attendit que Mme. Fleming la coiffe. Celle-ci la reconnue tout de suite :

-         Vous êtes Veronika n’est-ce pas?

-         Oui, c’est moi.

-         Penny nous a tant parlé de toi avant que tu arrives. Au moins, nous ne serons plus seuls dans cette communauté à avoir la peau blanche. Ajouta la femme en faisant une blague. L’adolescente se contenta de lui sourire gentiment. Mme. Fleming décida de s’attaquer à ses cheveux tout en lui faisant la conversation. Elle n’arrêtait sans cesse de dire combien elle la trouvait très belle et qu’elle aurait tant voulut que le bon Dieu lui amène une fille. Elle ajoutait des commentaires sur le village, ses amis, sa famille. Ne voyant pas le temps passer, Veronika découvrit à la fin de la séance de coiffure que la dame lui avait fait deux tresses en lui attachant des ornements de fourrures et de plumes dans les cheveux. Mme. Fleming s’attarda ensuite au maquillage.

-         Quel est ton totem? À moins que tu ne le saches pas.

-         Le loup.

Cette réponse avait suffi à la dame pour débuter le maquillage. La jeune fille resta immobile le temps qu’elle se fasse maquiller. Quand ce fut fini, la mère de Sébastian lui offrit un miroir afin qu’elle puisse voir son visage peint. Elle avait des motifs couleur lilas et blanche ressemblant au maquillage de Damian. Veronika remercia la coiffeuse et se dépêcha d’aller rejoindre ses amis sur la colline.

Tous les habitants s’étaient réunis sur la colline pour assister à la cérémonie d’ouverture de la fête du printemps. L’orpheline parvint à rejoindre Sébastian qui lui faisait signe de le rejoindre au loin. De là où ils étaient, ils pouvaient tout voir.

Des hommes arrivèrent en dansant allumer les torches et les feux de joies dans le but de s’harmoniser à la vie qui venait de naître. Le chaman Abi Cris était parmi eux. Il appelait les esprits dans une sorte de langue étrangère tout en chantant. La jeune fille trouvait cela autant mystérieux qu’intéressant. Elle remarqua Damian avec son père. Celui-ci posa son regard sur elle pendant un moment. Leurs regards se croisèrent à travers le feu et la fumée. Cette connexion fut rompue à cause de Sébastian qui la fit sortir de ses rêveries. La cérémonie s’en suivit avec une alliance avec la nature en jetant de la terre dans le feu de joie afin que les cultures soient bonnes et que cette nouvelle vie puisse se répandre dans l’air. Tous les habitants jetèrent alors une poignée de terres dans le feu. C’est ainsi que le début des festivités commencèrent.

Le reste de la journée défila sous un air traditionnel. Les adolescents avaient hâte que le show commence. Quant à Veronika, elle avait trop le trac pour y penser puisqu’elle passait en premier.

Vers 19h00, on appela les élèves faisant le show à venir se préparer. Les participants prirent le temps de se changer pour mettre une tenue plus décontracté. La nouvelle décida de porter les mêmes vêtements que dans la matinée. Elle enleva les ornements qu’il y avait dans ses cheveux, mais elle décida de garder ses deux tresses. Elle apporta sa guitare avec elle. Elle remarqua que le soleil était en train de se coucher. Il ne restait que dix minutes avant le début du spectacle. Sébastian prit également le temps de lui dire merde pour le show. Veronika avait de plus en plus le trac. Elle fut toutefois surprise de ne pas voir Damian sur les lieux car après tout il passait le deuxième. Il s’était complètement volatilisé. Le professeur décida quand même d’annoncer sa première présentation. Au pire, Damian n’aurait pas sa chance. Le spectacle avant tout. L’équipe technique plaça un petit banc en plein milieu de la scène. Il fut illuminé par une lumière d’éclairage. Le micro fut placé et ajusté telle que voulu. En entrant sur scène, la jeune fille remarqua que tous les gens du village la regardaient avec la plus grande curiosité qui soit. Ce moment la terrorisa, mais elle surmonta son angoisse et décida de commencer sa chanson. Au fur et à mesure qu’elle chantait, sa peur s’estompait. La foule aimait sa voix et sa musique. Tous se mirent à l’applaudir une fois sa prestation terminé. Elle se sentit enfin soulagée que le terrible moment soit terminé.

Tout-à-coup, les applaudissements furent envahit par des cris effroyables venant de la colline. Des bêtes sortirent de la forêt et s’attaquèrent aux gens de la colline. Tous furent terrifiés et s’enfuirent des lieux pour trouver un endroit sécuritaire. Voyant que tout le monde couraient dans tous les sens, l’affolée décida de prendre la fuite à son tour. Elle se dirigea vers la forêt en espérant trouver une maison dans laquelle elle pourrait s’y cacher. La jeune fille courut du plus vite qu’elle put.

Essoufflée par sa course, Veronika s’arrêta et regarda les environs. C’était sombre et le brouillard était présent, comme dans un film d’horreur. Aucunes directions ne semblaient débloquer vers un endroit sûr. C’était le noir et une infinie d’arbres. Elle entendait les oiseaux de nuit et sa propre respiration. Un tel bruit était effrayant. Elle était angoissée par ce qu’elle était en train de vivre. Elle avait peine à croire ce qu’elle avait vu sortir des bois pour s’attaquer aux villageois. La jeune fille resta sur place en s’interrogeant jusqu’à ce qu’elle se rende compte que ce n’était pas le bon endroit où se cacher des monstres. Elle décida donc de marcher tout droit en espérant trouver une issue. En chemin, elle croisa une bête ressemblant à un loup, mais avec une corpulence bien plus normale que la normale. Il avait le pelage grisé et les yeux d’un jaune reluisant comme s’il y avait une lune dans chaque œil. Celui-ci remarqua la présence de la jeune fille sur les lieux. Un appétit semblait l’envahir. Un long coulis de baves blanchâtre coula de sa gueule donnant l’impression qu’il avait la rage.

La jeune fille décida de s’enfuir en espérant que la bête ne la suive pas. Ses espérances furent anéanties lorsque la bête se mit à la poursuivre. Elle était effectivement bien plus rapide qu’elle. Elle la rattrapa en peu de temps et la contourna pour se retrouver face à la jeune fille. Étonnée, Veronika trébucha et tomba par en arrière. Elle était immobilisée et sans défense. Elle crut alors qu’elle allait y laisser sa peau. Elle observa les faits et gestes de son futur agresseur. La bête semblait savourer le moment. Elle se léchait les babines en observant la jeune fille couchée immobile sur le sol. Elle s’étonna encore plus de voir l’imposante posture de la créature et combien elle était musclée. Ses pattes étaient dotées de longues griffes coupantes. Sa mâchoire était massive avec des crocs acérés. La bête avait de longues oreilles pointues.

Soudain, la créature lui attrapa le bras de la victime de manière furtive et tenta de le mettre dans sa gueule. La jeune fille tenta de se débattre, mais la bête était beaucoup trop forte pour qu’elle puisse se défendre.

Puis, une autre bête bondit ai dessus d’elle pour s’attaquer à son agresseur. Cette dernière la relâcha et elle put s’enfuir de là. Elle se cacha derrière un arbre. Les deux créatures commencèrent à se battre férocement. Elles se ressemblaient beaucoup à l’exception que la seconde bête qui avait le poil brun et qui était plus petit que l’autre. Veronika était terrorisé à voir les créatures se battre ainsi, mais une partie d’elle espérait que son sauveur l’emporte. La bête grise semblait pourtant bien mener le combat au début par sa force et sa dextérité, mais la seconde l’emporta grâce à sa rapidité. Finalement, la bête grise décida d’abandonner le combat en fuyant. L’autre créature se retourna vers la jeune fille qui la regardait avec stupeur. Celle-ci se sentit presque rassurée en sa présence. Elle lui semblait un peu familière. Elles s’observèrent pendant un moment. L’humaine était stupéfaite par la couleur de ses yeux miels. Elle ne semblait pas agressive, même elle semblait trop calme pour un loup normal. Elle lui fit signe de tête en la guidant vers une direction qui semblait être une colline. Ensuite, elle quitta les lieux à la course et disparue dans les bois. Étrangement, Veronika entreprit la voie que la bête lui avait suggérée. Une partie d’elle se disait de lui faire confiance. En montant la colline, elle se rendit compte qu’il y avait une maison éclairée juste derrière. C’était la maison du chaman. Elle se dit qu’il y avait sûrement quelqu’un à l’intérieur qui pourrait l’accueillir. Peut-être que soient le chaman ou le docteur Edwin ou encore Damian étaient présents dans la maison. La loyauté de la bête ne faisait aucun doute désormais. Ce qui comptait maintenant pour elle était de se retrouver en sécurité et échapper à l’horreur qu’elle avait croisée en chemin dans la nuit.

   


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