Nuits de pleines lunes

Chapitre 9 : Plus que ses restes

2304 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/08/2018 05:24

Des cris assourdissants émanaient de partout sur la colline. Des gens affolés courraient dans tous les sens poursuivis par des créatures étranges au poil long, grisé et hérissé avec des mâchoires imposantes qu’une seule morsure pourrait vous arracher le bras en un clin d’œil. La seule et unique solution est de fuir, mais où? La vallée est entourée d’une épaisse forêt noire. Néanmoins, rester sur place n’est pas une solution surtout lorsque le danger est partout. La jeune fille s’activa enfin à se terrer dans les bois. Peut-être qu’en grimpant dans un arbre, elle pourrait leur échapper. Savaient-ils grimper aux arbres? Il n’est pas vraiment convenable de se poser la question actuellement. Ses jambes s’élancèrent dans une course folle et elle se retrouva au cœur de la forêt plus vite qu’elle ne le crue. Elle semblait enfin à l’abri. Elle n’entendait plus les cris ni les grognements assassins de leur assaillants. C’était le calme plat. On n’entendait plus que le chant des oiseaux nocturnes et des grillons. Puis, Veronika se retrouva dans une situation familière. L’air se fit de plus en plus lourdes et le brouillard se leva. Elle ne voyait plus à dix mètres devant elle. Par où aller maintenant? Que faire maintenant? Tant de questions lui parcourait et si peu de réponses… Soudain, un souffle, une respiration se fit entendre derrière elle. En se retournant, elle rencontra la chose qui lui inspira le plus de terreur en cet instant même. Elle avait tant espéré que ces gros loups velus ne la retrouve pas. L’adolescente se figea, terrorisée. Son corps ne lui obéissait plus. Elle était coincée dans sa terreur et se mis à pleurer outrageusement. La bête fit un pas discret devant elle, puis un deuxième et ce, jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’à quelques brins d’herbes de son visage. La créature la dévisagea de ses yeux jaunes, ses iris aussi gros que des billes et aussi sombres que l’obscurité. Sans crier garde, le loup se jeta sur la fille la gueule grande ouverte prête à n’en faire qu’une bouchée.

Veronika se réveilla en sueur dans son lit. Avait-elle criée? Pourtant ce rêve semblait si réel. Puis en se retournant vers sa fenêtre, elle aperçu un loup qui l’observait. Son seul et unique réflexe était de se cacher. L’adolescente, encore dans l’émotion de son rêve, sortie de sa chambre à la hâte pour fuir le monstre. En refermant la porte derrière elle, elle se retrouva nez à nez avec sa tante Pénélope et ne pu s’empêcher de hurler en la voyant. Sa tante serra ses avant-bras en espérant calmer la jeune fille.

- Voyons Veronika, mais que ce passe-t-il? Lui demanda Pénélope inquiète de voir sa nièce dans un tel état. Entre deux souffles, la jeune fille eu le temps d’articuler.

- Il… y a… un loup… à ma fenêtre!

La dame ouvrit la porte de sa chambre et s’approcha de la fenêtre discrètement. La jeune fille la suivie de loin encore sous le choc de ce qu’elle venait de voir. Cependant, elle sentie que les choses avaient repris leur cours normal, que mystère avait disparu pour laisser place à la réalité bien cohérente qu’elle connaissait bien.

- Il n’y a aucun animal à ta fenêtre. Tu as probablement fait un cauchemar. Je t’avais entendue crier et c’est pour cette raison que je suis venue te voir dans ta chambre, répliqua Pénélope à la jeune fille qui commençait à peine à reprendre des couleurs. Finalement, Veronika avait crié dans son sommeil comme elle le craignait. Elle voulait bien croire qu’elle avait fait un cauchemar terrifiant, mais une part d’elle était absolument certaine de ce qu’elle avait vu au travers de la vitre. Comment néanmoins expliquer tout le contraire à sa tante alors que tous les indices laissaient croire que ce loup ne pouvait être que le produit de son imagination. Elle se résigna à rester silencieuse et à se convaincre des propos de sa tante. Cette dernière continue à la dévisager avec inquiétude. Devait-elle s’approcher pour la consoler? Devait-elle se contenter de la laisser seule pour la laisser en paix? Elle n’avait aucune idée comment s’y prendre avec l’adolescente.

- Veux-tu que je reste ici le temps que tu te rendormes? Lui demanda-t-elle indécise. Veronika refusa en agita nonchalamment la tête. Elle voulait simplement se recoucher et oublier tout de ce malentendu. Avec hésitation, Pénélope sortie de la pièce et retourna à sa chambre. Veronika se contenta de se recoucher et de nouveau retomber dans l’univers des songes.

Elle se réveilla sous un jour radieux. La lumière du soleil emplissait chaleureusement les murs pâles de la chambre de la jeune fille. Ce qui avait été froid et lugubre pendant la nuit avait maintenant disparu laissant place à un endroit aussi joyeux que possible étant donné les circonstances. Veronika quitta son lit sans trop de mal, s’habilla et se brossa les cheveux pour ensuite les ramener en queue de cheval. Elle descendit ensuite les escaliers de la maisonnée pour se rendre à la cuisine pour déjeuner. En se faisant griller deux tranches de pain dans le grille-pain, elle remarqua la présence de Pénélope en train de manipuler son appareil photo qui était franchement d’une qualité étonnante. Un long silence se fit entre les deux personnes suivant le malaise de la veille qui était survenu. Il aurait été un peu inconvenant de poser la question : « Bien dormi?» parce que la vérité n’en serait pas aussi joyeuse qu’on pourrait l’espérer.

- Tu vas prendre des photos? Posa la jeune fille à sa tante le temps de patienter sur ses toasts.

- Oui, il fait un temps superbe dehors. De plus, je dois m’assurer de donner des clichés de la région régulièrement pour m’assurer d’avoir un portfolio à jour, expliqua la femme tout en continuant à vérifier que son matériel était en bon et du forme pour la séance. C’était bien la première fois que Veronika entendait Pénélope se confier sur son métier.

- T’as réussi à vendre quelques uns de tes clichés depuis le début de ta carrière? S’intéressa Veronika qui était un peu réjouis de voir Pénélope se livrer à elle de façon plus naturelle.

- Oui! J’ai déjà vendu quelques clichés au National Geographic pour leurs magazines, répondit Pénélope avec enthousiasme et fierté. Tout-à-coup, le détecteur de fumée se mit à crier ce qui fit sursauter les deux femmes en même temps. Oh non! Les toasts, ils sont en train de brûler se dit la jeune fille en se précipitant vers le grille-pain pour en faire sortir illico presto les tranches de pains qui avaient commencé à noircir sur les extrémités pendant que sa tante se résolu à fermer le clapet de l’alarme du détecteur de fumée. Bon, les tranches de pain n’étaient pas grillées à la perfection, mais elles seraient mangeables pareilles pensa Veronika. Après cet autre moment embarrassant, les deux femmes se dévisagèrent pendant un instant jusqu’à ce que Pénélope casse la glace.

- Ça te dit de m’accompagner? Je pourrais te montrer comment faire des bons clichés, proposa-t-elle à l’adolescente en se disant par la suite que le principe même de prendre une photo se résume à appuyer sur le bouton du clic pour immortaliser ensuite l’image dans une carte mémoire. Veronika accepta toutefois sa proposition. Ravie, elle proposa à la jeune fille de leur préparer des sandwichs pour la journée. Cela se résumerait en une randonnée dans les bois à la recherche de bons sujets à photographier. Après avoir bien vérifié tout le matériel, paqueté les sandwichs et préparé des vêtements de rechange, les deux femmes sortirent de la maison. La température ne trahissait pas les rayons chaleureux du soleil qui pénétraient la maison. Il faisait suffisamment chaud pour se sentir parfaitement à l’aise de se promener avec de légères couches de vêtements sur soi.

Pendant leur expédition, il arrivait à Pénélope et à Veronika de papoter un peu entre deux clichés. Il leur arrivait de s’arrêter de temps en temps pour faire une pause, regarder l’environnement et se concentrer sur des éléments qu’elles trouvaient intéressantes à exploiter. Aussi étonnant soit-il, elles ne croisèrent personne du village au cours de leur randonnée. Veronika trouvait cette sensation de solitude à la fois étonnante et apaisante.

En marchant hors du sentier, la jeune fille remarqua un amoncellement d’insectes derrière des fougères.

- Woo! Ça sent le mort par ici! S’écria sa tante en se pinçant le nez. Elle n’avait pas tord. On pouvait facilement sentir l’état de décomposition d’une chair déchiquetée en morceaux. Veronika ne pu s’empêcher d’avoir un haut le cœur en réalisant la chose. Elle n’était pas végétarienne ni une fervente défenseuse des droits des animaux, mais une chose qu’elle ne pouvait supporter était d’assister à une scène d’abattoir. Elle savait que la viande qu’elle mangeait provenait de l’élevage. Cependant, elle ne voulait pas savoir ce qui se passe entre le moment où les animaux sortent de leur enclos pour se rendre à l’abattoir et le moment où sa chair se retrouvait dans son assiette.

Penelope, qui avait un estomac plus résistant que sa nièce, s’approcha du nuage de mouches pour inspecter le cadavre qui s’y trouvait. Ce qu’elle découvrit l’étonna au plus au point. Il y avait certes un animal mort, mais Penny s’était attendu qu’il ne reste pas grand-chose du lièvre. Elle n’y voyait que les traces de morsures sur le corps pétrie de l’animal qui provenait de son prédateur. Ce dernier n’avait même pas pris la peine de déguster son repas. Il avait simplement tué le rongeur et laissé sa carcasse pourrir dans la nature. Penelope fut surprise de faire cette constatation. Pendant ce temps, Veronika marcha un peu plus loin en espérant pouvoir contrôler ses hauts le cœur en pensant à autre chose. Soudainement, elle remarqua quelque chose d’anormal tout près d’un immense tronc d’arbre où on pouvait y voir des traces de griffes qui avait abimé l’écorce du chêne. Sur le sol y était étalé des morceaux de vêtements, ceux d’un garçon probablement, en raison notamment d’un chandail du groupe Guns and Roses. Veronika découvrit également un pendentif sur le sol, un corbeau perché sculpté dans le bois. Elle ne pu s’empêcher de le prendre dans ses mains pour le scruter. Puis, Penny arriva derrière elle, mais l’adolescente eu tout juste le temps de cacher le pendentif au creux de sa main.

- Probablement un couple qui a voulu s’envoyer en l’air, dit sa tante en constatant les vêtements jonchés sur le sol. Veronika admet que cette horrible idée ne lui avait pas traversée l’esprit. Elle grimaça en pensant à une chose aussi dégoutante et se releva pour s’éloigner de l’endroit.

- Il n’y aurait donc pas un endroit dans le secteur qui ne pourrait pas me donner envie de vomir? Demanda Veronika encoure dégoûtée de l’hypothèse de Penelope sur la présence de vêtements sur le sol de la forêt.

- Désolé. Je n’avais pas l’intention de te faire peur en disant cela. J’aurais dû m’abstenir de parler. Je me doute que tu n’es pas encore familière avec «la chose». S’excusa Penelope bien que la façon dont elle a formulée son excuse ne soit pas la plus convenable pour une pucelle de 16 ans. Veronika ne pu s’empêcher d’exprimer son dégoût par un son de sa bouche. Sa tante se rendit compte de son erreur à nouveau.

- Excuse-moi encore. Je n’aurais pas dû dire les choses de cette façon. C’est juste que je ne sais pas trop comment aborder la sexualité avec une adolescente et… expliqua Penelope qui tentait en vain de rattraper le coup sans le rattraper réellement. Veronika intervint avant qu’elle ne s’emporte dans d’autres détails gênant.

- Et si on rentrait? Proposa-t-elle spontanément en fixant sa tante d’un regard plus que décontenancée. Sa tante se tut, ouvrit la bouche, puis la referma aussitôt pour finalement réaliser que plus elle parlait, plus elle s’enfonçait dans ses propos. Elle reconnu que le plus préférable était de passer à autre chose.

- C’est d’accord, répondit-elle sans ajouter un mot de plus. C’est alors qu’elles reprirent dans un silence gênant le chemin du retour vers la maison.



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