Kenryoku no kari - La chasse aux pouvoirs

Chapitre 3 : Prologue

5513 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 16/07/2019 13:57

Le soleil se couchait. Un homme d’une quarantaine d’année se trouvait dans une prairie, s’occupant de ses vaches. Il regardait le ciel au loin qui petit à petit, se tintait d’une couleur rosée. Ce soir-là, le paysage était magnifique. La journée était terminée et laissait place à une nuit longue et paisible. Jiro Kitahara était un fermier qui vivait à Kasai No Land, le pays du feu. Accompagné de sa femme Emiko, il menait une vie tranquille, sans bouleversements. La routine s’était installée et rien ne pouvait la changer. Jusqu’à ce soir-là. Il était très tard, la nuit s’était installée et le couple venait de dîner quand on frappa à la porte violemment. Surpris, ils se regardèrent avec incompréhension. C’était bien la première fois qu’on les dérangeait en pleine nuit. Emiko n’était pas à l’aise. Elle lançait un regard inquiet à son mari, lui faisant comprendre qu’il se passait quelque chose. Lui ne savait pas quoi faire. Aucuns voisins ne leur parlaient et ces derniers habitaient bien plus loin. Ils étaient complètement seuls ici, alors pourquoi quelqu’un frappait à leur porte. Des questions qui restaient sans réponses pour le couple. Un second bruit se fit entendre, plus faible cette fois-ci. C’est à ce moment-là que Jiro décida d’agir. Il prit un couteau dans la cuisine et s’approcha de la porte d’entrée. Hésitant et tremblant, il mit la main sur la poignée. Il lança un dernier regard à sa femme. Il savait qu’il devait tout faire pour la protéger si jamais quelqu’un leur voulait du mal. Il le savait. Prenant son courage à deux mains, il ouvrit soudainement la porte et se mit en position de défense.

En regardant au sol, il vit une petite fille apeurée, tremblante qui tenait la main de deux personnes allongées par terre. Il lâcha le couteau. Il appela sa femme. On sentait au son de sa voix que la panique s’installait en lui. Emiko comprit qu’il se passait quelque chose, elle passa la porte et étouffa un cri d’horreur en mettant ses mains devant sa bouche. La scène qu’elle venait de voir était effroyable. L’odeur de sang lui monta au nez, lui provoquant la nausée, la vue de ces deux personnes allongées au sol, qui ne bougeaient pas, était abominable. Et au milieu de tout cela, une petite fille étouffait ses sanglots, et murmurait :


« Pa-pa…. Ma-man…. Pa-pa…. Ma-man… Ne me… laissez pas… réveillez-vous… »- dit la petite fille en sanglotant.


Le couple comprit que les parents de la petite fille étaient venus ici dans le but de demander de l’aide. Emiko réagit plus vite que son mari. Elle prit la petite dans ses bras évitant soigneusement de toucher à l’un des parents et l’emmena à l’intérieur. Jiro lui alla chercher de quoi faire des bandages afin d’essayer de soigner les blessures du jeune couple. Toujours tremblant, il prit le nécessaire mais ses jambes ne tenaient plus. La peur l’avait envahie. Il se ressaisit, et s’approcha de nouveau vers les deux corps allongés. Il commença par regarder celui de la jeune femme. Il mit sa main au niveau de son cou tentant de percevoir un quelconque battement. Espérant qu’elle était encore en vie. Mais il ne sentait rien. Ne sachant pas quoi faire il prit sa main essayant de nouveau de trouver un battement. Mais toujours rien. Jiro avait peur. Il ne voulait pas admettre qu’elle n’était plus là. Il essaya de la réanimer. Haletant et apeuré il mit ses mains au niveau du torse de la jeune femme, appuyant dessus doucement mais avec assez de force pour faire repartir son cœur. Au bout de quelques pulsations, il approcha son oreille au niveau de la poitrine. Il n’entendait rien. Il regarda ses mains, tâchées de sang. Elle n’était plus. Il n’avait rien pu faire. Il se maudissait d’avoir hésité à ouvrir la porte dès la première fois. Il culpabilisait. Même s’il n’était pas le coupable de ces atrocités, il aurait pu la sauver s’il avait ouvert la porte plus tôt. Ses pensées dérivaient. Il était perdu. Un son faible le fit sortir de sa tourmente. Il tourna la tête vers le corps du jeune homme, et le vit bouger les lèvres. Il accouru vers lui, mais par précipitation, manqua de tomber. Il s’approcha et entendit faiblement les paroles du père de la petite fille :


« O-ccupez… vous.. de … ma … fille… pro..tégez la… je… vous… en… supplie… - dit faiblement le jeune homme blessé.

-Qu’est-ce qui vous est arrivé ? Votre femme ! Elle… Elle… je n’ai rien pu faire… Mon épouse est avec votre fille ne vous inquiétez pas ! Je vais essayer de vous aider ! Donnez-moi un moment ! – s’empressa de répondre Jiro paniqué.

-C’est… inutile… je… suis… bien… trop… blessé… vous… perdez… - il s’arrêta un moment, et toussa, rejetant le sang qui s’accumulait dans sa bouche- votre… temps… occupez… vous… de ma… fille… »


Le jeune homme ouvrit une dernière fois les yeux. Regardant dans le vide, dans un dernier effort il leva sa main et déposa dans celle du fermier un petit pendentif en forme de glace. Et dans un dernier soupir, le jeune homme ferma les yeux en souriant. Sa fille était en sécurité. Jiro le secoua doucement, et tenta de le réanimer mais il n’était déjà plus. Il se sentit impuissant face à toute cette situation. L’odeur de sang était de plus en plus forte. Les deux parents avaient été emportés, dans l’obscurité. Jiro jeta un dernier regard aux deux corps allongés devant sa maison. Les trous dans la cage thoracique de la jeune femme, et les contusions sur celui du jeune homme lui donnèrent la nausée. Il prit conscience de ce qu’il se passait. Tout laissait entendre que ces blessures avaient été faites par un mage. Et la seule chose qu’il pouvait constater avec certitude, était que deux personnes étaient sans vie sur le palier de sa porte et qu’il n’avait rien pu faire. Les larmes tombèrent une à une sans qu’il puisse les contrôler. Il était impuissant. Serrant le pendentif dans ses mains il entra chez lui, pour rejoindre sa femme et la petite fille.



12 ans plus tard.



Le vent soufflait sur la prairie. Au loin, on pouvait apercevoir une jeune adolescente, debout, des fleurs à la main. Elle se tenait devant deux croix. Elle déposa délicatement les roses blanches qu’elle avait achetées plus tôt au village. Elle toucha du bout de ses doigts les lettres sculptées. Une main serrant son pendentif et l’autre qui balayait les deux tombes. Elle ne pleurait pas. Elle se retenait. Elle ne voulait pas que de là où ils étaient, ils la voient souffrir. Elle s’était fait la promesse 10 ans plus tôt d’être forte. Alors elle le sera. Pour eux.


« Maman, Papa, j’ai 15 ans aujourd’hui. Le vieux Jiro me dit toujours que je ne suis encore qu’une gamine. – elle étouffa un rire- Mais je sais qu’il dit ça car il n’accepte pas que je grandisse. Ne vous inquiétez pas. Je suis très bien ici. Je me suis fait des amis et d’ailleurs ils organisent une fête pour moi ce soir. – elle s’assit entre les deux tombes entourant ses jambes de ses bras, la tête baissé- Je n’aime pas trop fêter mon anniversaire, mais ils ont tellement insisté que je n’ai pas pu refuser. Chizu est tellement têtue que quand elle a une idée derrière la tête, elle ne s’en défait pas ! »


Au loin elle entendit des cris venant de plusieurs personnes en même temps.


« Yuki ! Viens le gâteau est prêt ! -crièrent ces voix en cœur.

-J’arrive ! – répondit-elle – Papa, maman je vous laisse. Je dois y aller, ils m’attendent. – elle donna un dernier baiser sur les deux croix et se leva, tapotant sur sa jupe pour enlever l’herbe qui s’y était accrochée - Vous me manquez beaucoup. »


Serrant une nouvelle fois dans sa main son pendentif, elle se mis à courir vers la petite maison. Quatre adolescents l’attendaient et lui faisaient signe de la main.


Cette soirée-là avait été particulière pour Yuki. Elle était entourée de toutes les personnes qui lui étaient cher à ses yeux. Elle était heureuse. Le mauvais souvenir qu’elle gardait de son anniversaire, de ce soir si tragique, se remplaçait petit à petit en un plus joyeux.

Chaque adolescent lui avait offert un cadeau, tous différent. Yuki de nature timide, était souriante et riait aux éclats. Elle était heureuse et satisfaite. Chizu, son amie d’enfance depuis très jeune, qu’elle avait rencontré par hasard en descendant au village, lui avait donné une magnifique robe bleu nuit. Une robe de bal très élégante. On apercevait de la dentelle dorée sur le bustier, ce qui la rendait absolument magnifique. Yuki ébahi ne savait pas quoi dire. Elle était mal à l’aise.


« Mais je ne peux pas accepter cette robe ! Elle a vraiment dû te coûter cher… Je ne peux l’accepter…

- Bien sûr que si ! Cette robe est faite pour toi ! Il faut que tu la mettes pour le bal organisé par la mère de Toru. Cela me ferait tellement plaisir de te voir dedans… - exprima Chizu, la regardant avec insistance, lui faisant ainsi comprendre qu’elle devait l’accepter sans rechigner. »


Yuki soupira puis sourit à son amie. La prenant dans ses bras, elle lui murmura un « merci ». Même s’il était difficile pour elle d’accepter un tel cadeau, elle ne fit rien, pour éviter de la contrarier. Elle savait pertinemment qu’elle ne gagnerait jamais contre elle. Les autres garçons lui avaient offert chacun un bibelot ou une peluche qui symbolisaient ainsi leur relation avec elle. Seul Toru n’avait rien donné. Non pas qu’il n’avait rien trouvé, au contraire. Mais il était bien trop timide pour lui offrir ce qu’il lui avait préparé. Il rougissait déjà à l’idée de lui remettre. Yuki ne dit rien, elle n’était pas du genre à réclamer quoi que ce soit. La présence de ses amis était déjà un cadeau pour elle, étant donné les circonstances.

 Ses parents adoptifs apportèrent le gâteau, la pressant de faire un vœu avant de souffler ses quinze bougies. Elle n’aimait pas être le centre de l’attention, et tous les regards posés sur elle dans l’attente de ce fameux acte, la mettait mal à l’aise. Cependant, dans ce bref moment de réflexion, elle plongea son regard dans celui de Toru, et y trouva la sérénité qu’elle cherchait. Elle ferma ainsi les yeux. Sourit. Puis souffla ses bougies.


De l’extérieur on entendait les rires de chaque personnes présentes dans la maison. Ryo, le pitre du groupe racontait ses mésaventures et des histoires complètement inventées que seul lui considérait comme réelles. Il était le noyau du groupe. C’était grâce à lui qu’ils étaient encore ensemble. Il avait rencontré la jeune Yuki le premier et l’avait pris sous son aile au fur et à mesure que celle-ci se dévoilait et lui racontait son histoire. Lui, touché, avait fait en sorte qu’elle se sente bien, l’aidait à maîtriser ses pouvoirs, à savoir les utiliser. Il était la personne qui l’avait le plus épaulé après la mort de ses parents. La seule qui la comprenait. Elle ne faisait aucune différence entre tous ses amis. Mais Ryo était pour elle l’ami sur qui elle pouvait compter à tout moment. Et cela, malgré un début de relation catastrophique avec le jeune prince du Pays du Feu,  rendait jaloux ce dernier. Toru enviait cette relation de confiance que ses deux amis possédaient. Il n’était pas du genre à montrer ses émotions mais parfois il ne pouvait se contenir. Ce soir-là, il ne se retint plus. Ce soir c’était le moment pour lui de tout révéler à la jeune fille. Il prit son courage à deux mains et emmena Yuki dehors. Elle le suivit sans dire un mot.

Assis sur l’herbe, la nuit noire laissait apparaître les étoiles qui inondaient le ciel de cette couleur dorée. Le jeune garçon n’osait pas dire un mot, c’est Yuki qui rompit le silence en commençant à chercher des formes possibles d’objet dans le ciel. Une conversation banale mais qui aida Toru à se relaxer et à prendre confiance. Tout en regardant le ciel, il saisit la main de la jeune fille pour y déposer un présent. C’était son cadeau. Celui qu’il avait peur de donner. Elle ouvrit sa paume et saisit le bijou. C’était un bracelet argenté, avec un pendentif en forme d’éclair. Gêné, le garçon n’osa pas regarder la réaction de Yuki.


« Je ne savais pas quoi t’offrir… J’ai vu ce bracelet l’autre jour, et j’ai pensé à toi en le voyant. L’éclair symbolise bien ton pouvoir, alors je te l’ai pris… - dit-il en essayant de cacher son malaise.

-Il est absolument magnifique Toru ! – elle le regarda en souriant- Peux-tu me le mettre ? »


Surpris, il hocha la tête, il avait enfin décroché un sourire, chose qu’il n’avait pas fait depuis qu’ils étaient sortis. Il entoura le poignet de la jeune fille avec le bracelet et ouvrit le fermoir pour ensuite le refermer. Il avait enfin eu le courage de lui remettre. Il s’était tellement donné de mal pour lui trouver quelque chose qui lui ferait plaisir, que le doute l’avait envahi au dernier moment. C’était pour cette raison qu’il avait attendu d’être seul avec elle. Il aurait voulu dévoiler tout ce qu’il ressentait pour elle. Mais considéra que ce n’était pas encore le bon moment. Touchée par l’attention qu’il lui avait portée, Yuki embrassa sa joue, lui montrant ainsi son affection et à quel point ce présent lui avait fait plaisir. Après un long moment de discussion, les deux adolescents, revinrent à la maison. La soirée touchait à sa fin, et avait été un succès.


               

               Le sol tremblait. Le bruit des sabots qui martelaient la terre provoquaient des vibrations. On distinguait cinq personnes à cheval, probablement en train de faire une course. Le premier était brun, suivi de près par une jeune femme aux cheveux châtains. Les trois autres au coude à coude les talonnaient. Toru lançait des regards de temps à autre pour voir si son amie le rattrapait. Il souriait déjà à l’idée de gagner cette course. Mais il avait tort de ne pas se méfier des autres. Ryo était aussi sur ses talons, ne l’ayant pas vu, le prince du pays du feu était surpris ce qui ralentit le rythme de son cheval. Il lui était passé devant. Il ne devait pas le laisser gagner. Surtout pas. Sa fierté en prendrait bien un coup. Tout en utilisant sa voix, Toru fit accélérer son cheval pour essayer de rattraper le jeune garçon. Yuki les suivait toujours difficilement. Les deux adolescents arrivèrent à l’entrée de la forêt, la seule qui existait au Pays du feu. L’arrivée était au bout du chemin, vers la cascade. Dans un dernier effort, les chevaux des deux garçons accélérèrent jusqu’au point d’arrivée.

Ryo avait gagné. On l’entendait déjà rire aux éclats tout en se félicitant d’avoir vaincu un prince. Toru lui ne répondait pas et feignit l’ignorance, malgré sa défaite. Yuki et les autres arrivèrent peu de temps après. Le seul endroit paisible de cette forêt était là où se situait la cascade. Depuis déjà leur tendre enfance, ils se retrouvèrent ici pour passer du temps ensemble. C’était aussi leur lieu d’entrainement, qui leur permettait de maîtriser leur magie. C’était ici que Yuki avait découvert pour la première fois ses deux pouvoirs. Elle faisait partie des exceptions qui avaient la capacité de posséder deux magies sans être pour autant de sang royal. Apeurée au début par cette découverte, c’était Ryo qui lui avait appris à s’en servir, sans blesser autrui lui faisant comprendre que si elle avait hérité de cette capacité, c’était pour répandre le bien et défendre ceux incapables de le faire seuls. Elle avait donc décidé ce jour-là de se consacrer à la maîtrise de sa magie pour éviter des événements tragiques comme celui où elle avait perdu ses parents. Elle savait que la cause de leur mort était dû à une attaque de mages. Ses parents adoptifs lui avaient révélé la vérité sur son arrivée à la ferme. C’était pour cette raison qu’elle avait peur de ses pouvoirs. Mais Ryo l’avait convaincu et l’avait aidé à les contrôler.

Assises près de la cascade, les deux jeunes filles du groupe observaient les garçons essayant de pêcher. L’eau était si claire qu’il était possible de voir les galets ainsi que son propre reflet. C’était l’endroit rêver pour se détendre. Chizu et Yuki étaient en pleine conversation tandis que les trois autres adolescents commençaient de nouveau une compétition pour savoir qui attraperait un poisson en premier. La seule règle était de ne pas utiliser sa magie. Durant une dizaine de minutes, aucun des trois n’arrivaient à en capturer un. Perdant patience, Takiji remua l’eau d’un coup de pied, ce qui fit fuir les quelques poissons présents. Ses deux autres amis en pleine incompréhension décidèrent de se venger en tentant de l’arroser. Les deux jeunes filles assistant à cette scène riaient. C’est à ce moment-là que Yuki eut une idée. D’un mouvement lent, elle passa la main dans l’eau faisant des cercles invisibles. Elle ferma les yeux et se concentra. Puis, elle ouvrit les yeux et tendit son bras vers les trois garçons encore en train de se chamailler. Chizu savait ce qu’elle faisait et essayait tant bien que mal de ne pas éclater de rire. La jeune fille sourit. Elle ouvrit la paume de sa main, et de là, jaillit une énorme sphère d’eau qui se dirigeait très rapidement vers ses trois amis. Ils avaient fini complètement trempés. La jeune blonde s’esclaffait et ne se retenait plus. Eux, étaient abasourdis et ne comprenaient pas ce qui leur était arrivé, jusqu’à ce qu’ils virent le visage de Yuki souriant encore le bras tendu vers eux. Ils finirent par rire de la situation et tous les cinq commencèrent une bataille d’eau à n’en plus finir.


Cependant, après s’être calmés et posés près de la cascade, un bruit étrange se fit entendre. Personne ne l’avait perçu à part Ryo. Il se retourna mais ne vit absolument rien. Se disant que c’était sûrement le bruit d’un animal il ne prêta pas plus d’attention que cela. Pourtant il aurait dû. Un autre bruit étrange plus audible cette fois-ci stoppa toutes conversations. Aucun des cinq adolescents ne prononça un mot. Tous se jaugèrent du regard pour savoir ce qu’il fallait faire. Ryo se leva et se plaça devant la petite troupe. En position de combat, il fit apparaître de sa main gauche une épée de métal. Il fit passer son autre main sur son arme en la faisant glisser sur la lame. Un léger filament doré commençait à naître. Il réussit à combiner ses deux magies en une seule arme. Telle était sa spécialité. Le léger fil que l’on pouvait apercevoir se transforma en des éclairs dorés. La foudre entourait maintenant sa lame de métal. Toujours dans la même position, ses deux autres amis, Toru et Takiji firent de même se positionnant devant les adolescentes pour les protéger. L’héritier du trône du pays du feu utilisa ses deux magies dans chaque main simultanément. L’une était recouverte de glace, et l’autre d’une épaisse flamme rouge orangé. Takiji lui fit apparaître de ses deux mains deux bourrasques de vent. Les poings dirigés vers la zone où le bruit avait été entendu. Peut-être était-ce une réaction exagérée. Peut-être qu’il n’y avait rien d’anormale. Mais l’instinct du jeune Ryo lui disait le contraire. Il était persuadé que quelque chose ou que quelqu’un se trouvait derrière ces arbres à les surveiller. Les deux jeunes filles, elles, ne bougèrent pas. Prise de panique, Yuki ne savait comment réagir. Chizu, elle, essayait de garder son calme et de réfléchir à un moyen d’appeler de l’aide, dans le cas où quelqu’un leur voudrait vraiment du mal.

L’intuition du jeune garçon avait été malheureusement bonne. Un groupe d’hommes armés, habillés d’un uniforme militaire sombre venait de sortir de l’obscurité. Ryo avait reconnu les tenues. C’était l’armée de Kakuzu No Land, le pays de l’ombre. Un autre homme plus grand, qui portait une tenue différente, plus distinguée sortait de sa cachette. Son air menaçant, ses cheveux noirs, et son allure imposante firent trembler Takiji. Toru essayant de garder son sang-froid, avait aussi reconnu l’armée du pays ennemi au sien. Il savait que leur présence n’annonçait rien de bon. Ryo prit la parole le premier.


« Qu’est-ce que vous faites ici ? Ceci ne fait pas parti de votre territoire.

- Je ne pense pas te devoir une quelconque réponse. Cependant, je cherche quelque chose, ou plutôt, quelqu’un qui se trouve ici même. – s’exprima l’homme qui venait d’apparaître.

-  Tu viens en territoire ennemi, pour chercher quelqu’un ? Tu sais que l’armée va te poursuivre en sachant ta présence ici ? – répondit Toru.

-  Oh. Ne t’en fais pas. Je n’en aurais pas pour longtemps. On m’avait dit qu’elle se trouvait dans une ferme non loin d’ici. Mais ceux qui y résidaient n’ont pas voulu répondre à mes questions. Par chance j’ai pu vous suivre jusqu’ici, un de mes soldats vous avait repéré. – l’air toujours menaçant, l’homme observa chacun d’eux.– Je cherche une jeune fille, vous ne m’êtes d’aucune utilité tous les trois. Si vous ne voulez pas finir comme ceux de la ferme, je vous conseille de vous retirer. »


La ferme non loin d’ici dont parlait l’homme à la chevelure sombre appartenait aux Kitahara. Yuki comprit qu’il leur était arrivé quelque chose. Elle se posa milles et une questions à la fois. Tout en espérant que rien ne leur soit arrivé. Elle passa devant son amie et rejoignit les trois garçons. Toujours tremblante, elle prit la parole.


     « Qu’avez-vous fait aux propriétaires de cette ferme ? Ils ne vous ont rien fait que je sache.

-   Ils ont hébergé une petite fille qui est recherchée par mon royaume. Vous n’avez pas besoin d’en savoir plus.

-   Qu’est-ce que vous leur avez fait ?! – cria Yuki paniquée. Toru la poussa derrière lui, la tenant de sa main où il fit disparaître la glace présente un peu plus tôt, afin d’essayer de la calmer.

-   Comme tous ceux qui aident des criminels, le seul jugement qu’ils méritent est la mort. – répondit l’homme à l’air menaçant. »


C’était impossible. Yuki était sous le choc. Ses pensées dérivaient, imaginaient le pire. Le pire qui était devenu réalité. A l’entente de ces mots, ses yeux s’agrandirent. Le regard livide, elle tomba à genoux. Elle prit la tête entre ses mains se répétant mainte et mainte fois que ce qui était en train de se passer n’était qu’un mauvais rêve. Un cauchemar dont elle allait se réveiller. Elle n’arrivait pas à assimiler toutes les informations. Les larmes tombèrent une à une. Elle regardait le sol, complètement effondrée, brisée. Sa seule famille qui lui restait, qui l’avait accueillie, qui s’était occupée d’elle après la mort subite de ses parents 12 ans plus tôt, avait été assassinée par cet homme. C’est comme si le cycle reprenait. Ses parents. Puis la famille Kitahara. Elle ne pouvait pas le supporter. Chizu s’approcha de son amie pour essayer de la calmer, mais rien ne pouvait la consoler. Elle était la cause de leur mort. Celle de ses parents, et celle de sa famille d’accueil. La situation devenait désespérée. Les trois garçons encore abasourdis par ces révélations ne savaient plus comment réagir. Pourtant, ils n’eurent pas le temps de réfléchir à quoi que ce soit, les soldats avancèrent dans leur direction dans le but de les attaquer. L’homme avait compris au vu de la réaction de la jeune adolescente, que c’était elle qu’il recherchait depuis des années. 

Les trois adolescents se défendirent tant bien que mal, ces soldats ne maîtrisaient pas la magie, seulement les armes de combat au corps à corps. Il leur était plus facile de les repousser. Yuki était toujours sous le choc et ne bougeait pas, sa tête toujours baissée, les larmes impossibles à contrôler. Les trois jeunes garçons continuaient de se défendre, tout en protégeant leurs deux amies derrière eux. Il ne fallait surtout pas qu’ils cèdent. Takiji n’hésitait pas une seconde à utiliser sa magie du vent pour envoyer les soldats plus loin et ainsi les repousser. Toru lui combinait feu et glace pour les immobiliser tandis que Ryo spécialisé dans le corps à corps, utilisait son épée de foudre pour attaquer les assaillants. Cependant, l’homme toujours en retrait intervint. Ses soldats qui tombaient un à un face à la puissance magique de ces jeunes, le décida à agir. Une ombre noire apparu au sol et parcourait toute la zone où les cinq adolescents se situaient. Incapables de bouger, ils se retrouvèrent tous immobilisés. L’homme dont l’identité était encore inconnue s’avança vers la jeune fille encore à genoux. Yuki ne réalisait absolument pas ce qu’il se passait. Elle ne voyait absolument rien, le regard plongé dans le vide, elle était perdue. Lentement, il leva la main vers elle. Une sphère invisible mais perceptible étant donné sa puissance, se formait autour de sa main. Toru toujours immobilisé se maudissait de ne rien pouvoir faire. Il essayait de faire apparaître sa magie, mais il en était incapable. Il était épuisé par les combats précédent, et la magie noire qui les bloquait, devait aussi empêcher l’usage de leur magie. Il était impuissant. Les autres étaient dans la même situation. Voyant qu’il s’approchait de plus en plus de son amie, Toru commençait à hurler pour sortir Yuki de son état de choc. Mais il n’y parvint pas. Tous commençaient à avoir peur pour elle qui ne pouvait se défendre et qu’ils ne pouvaient défendre. L’homme s’arrêta à quelques mètres de la jeune fille. La main toujours levée vers le ciel.


« Il va bien falloir que tu payes pour les crimes de ton pays. Mais avant ça, tu seras jugée. Tu vas donc devoir me suivre. -s’exprima l’ennemi. »


Yuki leva la tête vers la personne en face d’elle. Toujours tremblante et apeurée. En un instant, l’homme baissa sa main vers elle. Elle savait qu’en ne faisant rien elle protègerait ses amis. Elle ne voulait plus perdre personne. Elle attendit le coup et ferma les yeux par réflexe. Mais il ne vint pas. Elle ouvrit les yeux. Devant elle se trouvait Ryo. Les bras étendus, debout. Il tourna la tête et lui sourit avant de disparaître soudainement. Il n’était plus là. En un instant, elle venait de perdre un autre être qui lui était chère. Les larmes montèrent de nouveau et cette fois-ci, elle perdit le contrôle. Littéralement. Sa magie jaillit de son corps. Une sphère d’eau se formait et continuait de croître au fur et à mesure que ses larmes tombèrent. L’homme recula de quelques mètres. Il ne devait pas rester ici, surtout si elle devenait incontrôlable. Ses soldats qui étaient derrière lui étaient effrayés. En effet, la sphère continuait de prendre forme et avait absorbé ses amis. De minces filaments électriques apparaissaient tout autour. Comme si c’était une bombe à retardement. Yuki ne contrôlait absolument plus rien. Ses émotions avaient pris le dessus, et sa magie s’exprimait. Ses amis débloqués de l’emprise de la magie noire de l’homme inconnu, s’approchèrent de Yuki pour essayer de la calmer. Mais elle était dans un état de transe. Il était impossible de la stopper. La sphère continuait de grandir et menaçait d’exploser tout ce qui se trouvait à l’extérieur de celle-ci.


« Roi Heizo, nous devons vite partir d’ici ! Ou on y restera et vos plans resteront inachevés. – lui dit un des soldats.

- Allons-nous en. J’ai vu ce que je souhaitais et obtenu un cadeau en prime. Notre présence n’est plus nécessaire ici. – l’homme tendit sa main vers la forêt et fit apparaître une sphère comme celle précédente, mais cette fois-ci bien visible, les soldats y entraient un par un, avant de partir, il se retourna vers les adolescents- J’oubliais, retenez bien mon nom. Heizo Kanefusa, je suis le nouveau roi du Pays de l’ombre. Et nous serons amenés à nous rencontrer de nouveau. »


 Ils avaient réussi à s’enfuir. Yuki toujours incontrôlable, continuait de faire croître cette sphère destructrice qui combinait ses deux magies. Ses amis tentèrent de la calmer mais ils n’y parvinrent pas. Soudain, tout s’arrêta. La sphère disparut en un instant. La fatigue l'accabla. Elle avait le regard vide, les mains posées sur ses genoux. Elle tomba sur le côté et ses paupières lourdes, la forçait à fermer les yeux petit à petit. Elle était de nouveau seule, sans famille. Son ami le plus chère s’était sacrifié devant elle pour la protéger. Elle sombra dans un sommeil lourd et revivait dans ces cauchemars chaque moment qui venaient de se passer. Elle entendit de faibles voix lointaines, appelant son prénom. Mais n’avait pas la force de répondre.


               L’armée de Kasai No Land qui avait repéré sur leur territoire l’ennemi arriva peu de temps après leur départ. Mais le mal avait été fait. Et les pertes, lourdes de conséquences. 


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