La Ligue des Grands Méchants Anonymes

Chapitre 3 : Interlude : Pendant ce temps-la, dans l'antichambre de la LGMA.....

Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 03:57

Interlude : Pendant ce temps-là, dans l’antichambre de la LGMA
 
Kabuto essaya tant bien que mal de rester concentré sur la lecture de son traité de toxicologie -seul exemplaire survivant d’une édition rarissime sur les techniques et les mélanges des empoisonneurs du Sable.
Leur réputation d’efficience dépassait les frontières des cinq Pays et n’était égalée que par celle de leur efficacité à conserver leurs secrets (ce n’était pas pour rien que de toutes les personnes ayant eu le malheur de tenir l’ouvrage entre leurs mains depuis quinze ans, Kabuto était l’unique survivant).
Pour la cinquième fois en l’espace de quatre minutes, sa lecture fut interrompue par l’une des créatures avec lesquelles il partageait l’espace bien trop restreint de la salle d’attente de la LGMA.
 
Cette fois-ci ce ne fut pas un ricanement hystérique de la créature grise d’aspect canin qui occupait un coin de la pièce qui l’interrompit. (C’était, pensait-il, une hyène -il en avait lu la description dans un manuel-, et celle-ci était de plus probablement épileptique s’il se fiait à ses yeux roulants dans leurs orbites et aux quantités industrielles de bave dégoulinant de sa mâchoire totalement laxe.)
Non. Cette fois-ci ce fut le rat de laboratoire assis sur la chaise en plastique orange à droite de la sienne qui tira le tissu de sa tunique pour attirer son attention, et lui adressa un sourire niais.
« Hé, salut. T’es qui ? Moi j’accompagne Cor- enfin Mr. C hein, il m’a dit que je ne devais pas dire son nom parce que ça pouvait compromettre son plan, mais je me disais… Je comprends pas, parce que comment on va faire pour récolter des infos si on a pas de panier pour les mettre et de sécateur ? »
 
Kabuto enleva soigneusement ses lunettes, les nettoya avec le petit chiffon doux qu’il gardait dans une poche secrète pour cet usage spécifique, replia proprement ce dernier et le remit dans ladite poche, puis massa ses tempes douloureuses. Il fallait qu’il résiste. Cela ne se faisait pas d’ajouter le bras droit d’un autre grand méchant à sa collection personnelle de dissections de rongeurs. Pas du tout.
Il fallait qu’il se concentre et qu’il oublie la tentante présence de son scalpel caché dans sa sandale droite. Il remit ses lunettes.
« Narf, Moi c’est Minus, et toi ? T’es qui toi ? Tu lis des livres, ça veut dire que t’es savant, mais je suis sur que tu sais pas  autant de trucs que Cor- que Mr. C, et est-ce que toi aussi tu veux conquérir le monde ? »
 
Qu’est-ce qui exactement lui avait fait penser que venir dans ce- cet… endroit était potentiellement une bonne idée ? Il n’arrivait plus à se souvenir.
Le ramassis de… de créatures présentes ne pouvait certainement pas être les sous fifres de Grands Méchants dignes de ce nom. En tout cas pas la hyène, et certainement pas le rat.
Et probablement pas non plus le grand type décharné entouré d’un nuage de tabac qui se faisait frire quelque chose sur un réchaud portatif. Ni le petit type falot et larmoyant qui jetait des regards traqués autour de lui (mais dont la main droite luisait étrangement sous le tissu de sa manche, étrange…)
Les seuls en dehors de lui-même qui semblaient valoir quoi que ce soit étaient un type en armure encapuchonnée de noir qui était tellement immobile qu’il aurait tout aussi bien pu être mort sur sa chaise, et un chevalier noir casqué dont la respiration asthmatique et profonde faisait un vacarme de tous les diables, mais qui dégageait une aura de menace assez impressionnante. Il avait clamé par sa seule présence la possession de tout un côté de la salle d’attente, et nul n’avait semblé disposé à le contester.
 
 
Ce bruit de respiration mécanique lui mettait les nerfs à vif. Il ne pouvait pas lire dans ces conditions…
La hyène pithiatique ricanait de nouveau, ses éclats éraillés couvrant à peine les réflexions sans queue ni tête du rat blanc attardé mental (l’examen de son cerveau atrophié serait probablement intéressant… ou au pire il pouvait l’utiliser pour nourrir les serpents…) Et c’était sans compter que la fumée dégagée par le grand type empestait un mélange de tabac et de graisse de friture des plus nauséabonds.
Il remonta ses lunettes sur son nez, et se prit à prier pour qu’Orochimaru-sama sorte de là au plus vite, et lui donne l’autorisation d’égorger la ménagerie… Une ligue de Grands Méchants comportant des maniaques de la friture, des hyènes et des rats n’intéresserait certainement pas son maître, n’est ce pas ?
N’est-ce pas ?
 
Avec un grincement à présent familier la porte s’ouvrit enfin, (ô soulagement !) et un flot de GM divers et variés s’échappa de la salle de réunion.
La hyène tituba avec enthousiasme vers un grand félin à la robe cuivrée et la crinière noir qui partait sans un regard pour elle, et le rat débile se précipita vers un autre rat plus petit à la boite crânienne hypertrophiée qui le fit taire –malheureusement pas pour longtemps- d’un regard jaune et irrité.
Dans un envol objectivement fort intimidant de capes noires, l’asthmatique casqué se dressa et rejoignit son maître d’un pas lourd, un vieil homme appuyé sur une canne, enveloppé dans une bure noire et dont le visage exsudant la malveillance par tous les pores était ridé au-delà des ravages que pouvait infliger la vieillesse. À eux deux, ils faisaient une paire plutôt impressionnante…
De manière étrange, l’homme à la friture s’éloigna seul, mais il semblait en pleine discussion avec quelqu’un se trouvant à ses côtés… Un maître invisible peut-être ?
Il suivit un instant du regard une amazone courtement vêtue dont la crinière sombre et frisée retombait sur ses épaules et qui s’éloignait en discutant à mi-voix avec une femme blonde qui dissimulait derrière un éventail une beauté gracile mais venimeuse. Ce n’était jamais bon signe quand les femmes se mettaient à discuter entre elles, et encore moins lorsque les femmes en question étaient des Grandes Méchantes, sans doute.
Déjà, quand c’était des kunoïchis les choses se passaient rarement bien –il se souvenait encore avec terreur des quelques rencontres entre Karin et Tayuya, lorsque cette dernière était encore en vie… Orochimaru-sama avait fini par les séparer de force en envoyant Karin à la porte Est… Mais alors, si les femmes en questions étaient dignes du titre de Grandes Méchantes…
Il ne voulait même pas y penser.
 
D’une manière qu’il espérait nonchalante et dépourvue de hâte, Kabuto marqua sa page, referma son livre, se leva.
Après avoir prudemment zigzagué entre les GM émergeant par petits groupes de la salle de réunion, et fait un fort large crochet autour d’une créature extraterrestre à l’air particulièrement mauvais et affamé –on était jamais trop prudent-, il rejoignit son propre maître d’un pas lent et digne, en priant pour ne jamais avoir à revenir dans ce lieu. 

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