La Ligue des Grands Méchants Anonymes

Chapitre 4 : Mr. O et Lord V. : Serpents & Cie

Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/10/2010 23:11

 

Chapitre III : Mr. O et Lord V. : Serpents & Cie

 

Il y avait un café Starbucks.

Dans ce café Starbucks il y avait une table, et sur la table il y avait une théière.

Ce n’était pas une table tout à fait ordinaire et la théière l’était encore moins. La première faisait partie d’un ensemble antique de bois sombre, chaises, bancs et désertes, gravés de sceaux de contention garantissant l’innocuité de tout aliment ou liquide entrant en leur contact. La théière, elle, était de fonte sombre, en forme de calebasse transpercée par les contorsions torturées d’une vipère, dont l’un des anneaux formait la poignée et la bouche béante le bec verseur.

Orochimaru trouvait que l’ensemble formait un tableau exquis de classe et de raffinement.

 

Bon, évidemment le café situé dans un quartier passant gâchait un peu l’ensemble, mais Kabuto avait eu raison de suggérer un terrain neutre pour la rencontre avec Lord Voldemort. C’était plus sûr pour tout le monde et bien plus pratique puisque ça n’obligeait pas à révéler bases secrètes ou autre retraite machiavélique. Orochimaru avait laissé son bras droit choisir l’endroit, mais avait malgré tout insisté pour apporter mobilier et théière. On avait la classe ou l’on ne l’avait pas après tout, et s’il y avait une chose qu’Orochimaru possédait, en plus d’un merveilleux sens de la mode, c’était bien une classe et un bon goût à toute épreuve.

D’où la table, et la théière.

 

Il jeta un coup d’œil désintéressé au petit troupeau de serveurs en vert rassemblés en masse terrorisée derrière le comptoir. Il ignorait ce que Kabuto avait fait pour vider l’endroit de ses habituels consommateurs, mais ça avait manifestement été très efficace.

« Orochimaru-sama, ils arrivent… » annonça le ninja médical en venant s’immobiliser un pas derrière lui, à sa droite.

Orochimaru se carra confortablement dans son fauteuil, appuya nonchalamment son menton sur son poing gauche, et assista à la plus fascinante technique de téléportation qui lui ait été donné de voir depuis longtemps.

Ils arrivèrent comme deux nuages de fumée noire tourbillonnante et se matérialisèrent dans l’entrée du café, un homme masqué d’argent d’abord, vêtu de robes sombres richement brodées, puis la longue silhouette noire de Lord Voldemort.

 

Il resta en retrait tandis que son chien de garde masqué dégainait un bâton de bois semblable à celui qu’Orochimaru avait entrevu lors de la réunion de la Ligue des Grands Méchants Anonymes et accomplissait ce qui devait être une vérification des lieux. À ses côtés, Orochimaru sentit Kabuto se contracter, mais laissa l’autre finir son examen avant d’étendre une main.

« Lord V. Bienvenu. Je vous remercie encore d’avoir répondu à mon invitation et de m’accorder un peu de votre temps. Si vous voulez vous asseoir ?»

Le type en cape s’immobilisa debout à la droite de son patron tandis que ce dernier s’asseyait, en miroir de la position de Kabuto à ses côtés.

« Je vois que vous n’avez pas emmené votre serpent… » remarqua onctueusement Orochimaru. « Quel dommage ! »

Les yeux sans blanc se plissèrent.

« Nagini à un appétit sans fin pour les moldus, » susurra-t-il finalement avec un regard dégoûté en direction des baristas terrifiée. « J’ai jugé qu’il valait mieux que notre entrevue se déroule sans massacres excessifs.

- C’est sans doute plus sage, » convint Orochimaru. « Bien que j’aurais été ravis de faire sa connaissance. J’ai moi-même une certaine affinité avec les serpents…

- Vous parlez Fourchelangue ? »

Orochimaru était presque certain de la menace implicite sous-tendue dans la question, mais ne se laissa pas démonter.

« Fourchelangue ? Vous voulez dire ce sifflement étrange que vous avez employé l’autre jour pour communiquer avec votre serpent ? Non, non… rien de semblable j’en ai peur. Mes reptiles sont d’un genre un peu différent. Voulez-vous du thé ? Ou autre chose d’ailleurs, cet endroit à de quoi faire je crois…

- S’il faut boire, du thé fera l’affaire. Mais il est hors de question que des gens de notre qualité touchent au moindre… jus… concocté par ces moldus, je suis certain que vous en conviendrez.»

Orochimaru n’avait aucune idée de ce qu’étaient des moldus, mis à part que son vis a vis avait employé le terme pour désigner les serveurs civils, et que ce n’était probablement pas un compliment. Il acquiesça avec énergie.

« Bien sûr que non. Kabuto s’en chargera si vous le voulez bien. Ou votre homme de main, si vous préférez ? »

À ce terme, l’homme masqué s’agita légèrement et Orochimaru lui adressa un regard reptilien qu’il savait assez glaçant, sourcil nonchalamment levé dans une question silencieuse.

« Paix, Lucius, » ordonna Voldemort sans se retourner. Puis, à Orochimaru : « Mes mangemorts tendent à se trouver au-dessus de telles tâches. Servir est un acte d’elfe ou de moldu. Votre homme fera l’affaire. Non pas que je vous fasse confiance pour ne pas essayer de m’empoisonner bien entendu, mais j’ai certaines… garanties à ma dispositions, vous vous en doutez.

- Bien sûr, bien sûr. Préparation est mère de sûreté. Mais je n’aurais rien à gagner et tout à perdre en m’en prenant à vous maintenant, n’est-ce pas ? Aucun stratège digne de ce non ne se lancerait dans ce genre de traquenard sans une motivation impérieuse… que je n’ai pour l’instant pas. Mais a toutes fins utiles sachez que j’ai moi aussi des garanties en place. Kabuto ? Occupe toi du thé, veux-tu ? Le… genmaïcha du Pays du Vent devrait faire l’affaire, je pense. » À Voldemort, sourire onctueux toujours fermement en place : « C’est une saveur tout à fait originale, subtile et légèrement fumée... Une belle trouvaille, je dois dire. 

- Vous êtes un homme raffiné, Mr. O…

- La Grand Méchanceté n’empêche pas de cultiver le bon goût, au contraire. Ce n’est qu’un élément de plus nous différentiant de nos pathétiques adversaires. Si je ne me trompe pas, votre combat est idéologique c’est bien cela ? »

 

Pendant que Kabuto s’occupait du thé, ils discutèrent à mots détournés des banalités de la profession, tout en sous-entendus et en menaces subtiles cachées au détour d’une tournure de phrase, parlant sans rien dire mais exprimant beaucoup à la fois. Les serveurs civils avaient finalement été mis dehors, désorientés et passablement choqués, sous le regard hargneux du garde du corps masqué, mangemort,comme l’avait appelé son maître, un choix de nom frappant et relativement efficace, même si un peu grandiloquent…

D’une manière générale, Orochimaru trouvait Voldemort excessivement grandiloquent, il se prenait bien trop au sérieux, sans la moindre miette d’amusement ou de recul sur ses activités maléfiques. C’était bien entendu un défaut général à la profession, dont même le très intelligent Kira ne semblait pas indemne. Orochimaru lui même s’y laissait parfois aller, dans des mesure bien sûr très raisonnables… Mais tout de même, il aurait pensé que quelqu’un travaillant avec les serpents aurait eu plus de souplesse dans sa manière de penser, moins d’intransigeance rigide… Comme quoi…

La conversation tendue mourut un instant lorsque le ninja médical revint vers eux, portant sur un plateau rond la théière serpent accompagnée de deux tasses de fonte laquées de noir et d’une assiette de cookies.

Les tasses cliquetèrent légèrement l’une contre l’autre quand Kabuto déposa le plateau sur la table avant de se retirer en silence. Un mince filet de vapeur s’échappait de la bouche ouverte de la vipère prête à mordre.

« Un choix intéressant de vaisselle… » chuinta Voldemort d’un ton faussement désintéressé tandis que Kabuto versait le liquide fumant dans les deux petites tasses assorties à la théière. Une longue main blanche et osseuse émergea des replis de la robe sombre pour caresser le relief gravé de la tasse la plus proche, et Orochimaru contempla avec une stupeur savamment dissimulée s’animer les gravures serpentines qui tenaient lien de décoration.

 

Les serpents miniature se déroulèrent en arabesques sinueuses, et sur un ordre murmuré par Voldemort dans le même langage sifflant que précédemment, l’un deux quitta l’extérieur de la coupe pour son intérieur rempli de thé. Il disparut dans la tasse, sous le niveau du liquide ambré, avant de réapparaître quelques instants plus tard et de siffler quelque chose au sorcier. Après quoi il rejoignit ses pareils, et l’entrelacs décoratif de serpents s’immobilisa de nouveau, dans l’exacte disposition qu’ils avaient avant l’intervention de Voldemort.

Ce dernier se laissa aller en arrière dans son fauteuil avec une décontraction calculée et un mince sourire sur ses lèvres exsangues.

« C’est un tour élégant... » convint Orochimaru avec bonne grâce tout en récupérant sa propre tasse. Sous des doigts les serpents étaient inertes. « Etait-ce réel ou un genju- une illusion ?

- Tout aussi réel que vous et moi cher Mr. O. Juste une précaution afin de confirmer l’innocuité du thé. Vous ne m’en tiendrez pas rigueur, je l’espère.

- Bien sûr que non, c’est bien naturel. Comme je vous l’ai dit, j’ai moi-même des précautions en place…» Certes pas aussi subtilement menaçantes que celle dont Voldemort venait de faire preuve, mais bon, il valait toujours mieux garder des atouts dans sa manche n’est-ce pas ? Il n’était pas là pour essayer d’impressionner son homologue, se répéta-t-il mentalement. Tant pis pour Voldemort s’il roulait des mécaniques métaphoriques et révélait certains de ses pouvoirs à Orochimaru. Il l’aurait bien cherché… Mais en attendant il était temps de relancer la conversation, et peut-être de l’aiguiller pour donner l’impression qu’il faisait des confidences, afin de pousser l’autre… homme à se dévoiler à son tour.

 

« Dites-moi, Lord Voldemort, qu’avez-vous pensé de l’intervention “Autrefois j’étais l’Elève, maintenant je suis le Maître » lors de la dernière réunion ? J’ai personnellement trouvé que c’était une analyse ma foi fort intéressante des relations entre Mentors et Elèves, et la manière dont nos anciens professeurs se dressent avec une régularité irritante sur la route de notre Grand Méchanceté…

- Une intervention qui ne manquait pas de finesse, je dois le concéder.

- Moi-même j’ai été obligé de tuer récemment mon professeur savez-vous… » Il accorda une pensé nostalgique au Troisième Hokage. « Ce fut un combat… coûteux, si j’ose m’exprimer ainsi. Mais le vieux singe était un obstacle majeur, c’était une issue inévitable.

- Je vois tout à fait ce que vous voulez dire. Ma situation est quelque peu différente, mais j’ai également dû faire face à un de mes anciens professeurs… Non pas que j’ai jamais été son élève favori cela dit… Je pense qu’il a toujours su que j’étais différent, destiné à de plus grandes choses, destiné à briser les petites règles étriquées auxquelles il s’accrochait, tout puissant soit-il. Il ne m’a jamais enseigné tout ce qu’il savait. Il avait peur.

- À qui en parlez-vous ! De nous trois j’ai toujours été le meilleur, le plus puissant… Mais il désapprouvait certains de mes intérêts les plus… ésotériques dirons-nous.

- Nous avons cela en commun alors. Je regrette n’avoir pu le tuer moi-même, mais c’est après tout à cela que serve les sbires après tout. Sa mort était la touche finale à un plan au long terme.

- Mais même après être mort ce vieux croûton a laissé derrière lui tout un héritage, d’autres élèves près à reprendre le flambeau avec ce ridicule Esprit du Feu ! Laissez-moi rire. Je l’ai vaincu lui, ce n’est pas une bande de sous-disciples mettant toute leur foi en un gamin aussi doué soit-il qui m’arrêteront…

- Tout à fait ! Ce n’est qu’un gamin, et peu importe ce que cette maudite prophétie a à dire là-dessus. Je suis plus puissant qu’il ne pourra jamais l’imaginer ! Pourquoi le craindrais-je ?

- Pourquoi les craindrais-je ? J’ai à ma disposition le corps le plus délicieux qu’on puisse imaginer ! Ses capacités alliées à mon expérience et mon propre pouvoir… Je serai invincible !

- …

- … »

Les deux homme se regardèrent un instant inconfortable dans la blanc des yeux. Hum. Ils s’étaient quelque peu laissés emporter, songea Orochimaru.

Bon, au moins il n’était pas le seul à s’être laissé entraîner dans un tel cœur ouvert. Avec un peu de chance, Voldemort prendrait la référence à un corps délicieux à sa disposition au sens premier du terme.

« Mais laissons là les affaires qui fâchent, voulez- vous ? Le modèle Disciple Maléfique qui défie et abat le Maître n’est pas toujours valable, bien entendu, ni à prendre au pied de la lettre.

- Hum, oui. J’ai trouvé intéressantes les divers variations. Quelle stupide erreur, cette affaire de Mr. Al Ghul qui a lui-même entraîné l’homme qui a fini par le défaire. Et penser qu’il était ce qu’il y a plus proche de l’immortalité dans son univers…

- Il est vrai que dépendre de mécanismes ou de concoctions extérieurs comme c’était le cas pour lui n’est pas des plus pratique… » convint Orochimaru en pensant avec un peu de gêne qu’il était lui même tributaire de ses corps d’emprunt, de leur résistance et leur disponibilité… Ce n’était pas une pensée plaisante.

« Non seulement cela, mais également prendre un élève, c’est lui donner les armes pour s’élever contre soi. Une notion ridicule. À quoi bon encourager le talent qui pourrait un jour nous défier ?

- Ou nous servir, » objecta Orochimaru. Le jeune Uchiha avait certes le potentiel de le défier un jour, mais il aurait son corps bien avant cela. « Les hommes talentueux, ceux qui ont du potentiel… on n’a rien a gagner à simplement les exterminer. Mieux vaut se les attacher le plus tôt possible, et leur apprendre à utiliser leurs talents latents pour soi plutôt que de les laisser tomber entre d’autres mains. Un lieutenant fidèle et des hommes compétents sont la plus grande des forces.

- Bien sûr. Tant qu’ils ne sont pas trop compétents. La loyauté a son utilité. La peur aussi. N’est-ce pas Lucius ? »

Derrière Voldemort le mangemort masqué d’argent se raidit brièvement avant de répondre d’une voix grave et onctueuse :

« Ma loyauté vous est acquise à la cause mon Seigneur, vous le savez. Je suis et j’ai toujours été votre humble serviteur.  Mes talents et mes maigres connections sont vôtres si vous daignez les utiliser.

-Assez de flatterie Lucius. » ordonna Voldemort qui avait pourtant l’air assez satisfait de lui-même. Le mangemort fit un pas en arrière en inclinant la tête avec obéissance. Son maître joignit ses longues mains osseuses devant lui et tourna de nouveau sa pleine attention vers Orochimaru ;

 

« Si je puis me permettre Mr. O., je pense que prendre un disciple n’est que s’exposer a de cruelles désillusions, tendre le bâton pour se faire battre, » murmura-t-il. Sa voix était basse, mais contenait une force de conviction, une véhémenced’autant plus frappante et mortellement efficace qu’elle était tout en retenue. « Et surtout c'est admettre que l’on sera un jour vaincu ,admettre que l’on ne peu échapper à l’entropie : c’est le point de vue des faibles, de penser que laisser son savoir à un élève, former des successeurs, est la seule manière de prétendre à l’immortalité ! C’est un manque de vision, une vue désespérément étroite de la vie, et une négation odieuse de ce que le vrai pouvoir peut apporter, des sommets qu’un homme au-dessus de tout cela peut atteindre.

- En effet… » murmura Orochimaru, l’esprit momentanément tourné vers Anko. Elle avait été importante pour lui, à un moment de son existence. Avant qu’il ne prenne sa décision, ne franchisse les limites au-delà desquelles il n’y avait nul retour possible pour se lancer à corps perdu –ha !- dans ses expériences. « Mais je trouve néanmoins de nombreux avantages à avoir des subordonnés compétents, aussi génial soit-on. Et les former soi-même, du moins en partie, permet de s’assure qu’ils aient… ha… les bons réflexes, dirons nous. J’ai toujours constaté que la loyauté était une attache bien plus puissante que la peur. Un sain mélange des deux est une bonne chose, bien entendu, mais une allégeance volontaire est un atout sans comparaison. Le vrai stratège ne peut perdre de vue la possibilité d’une déroute momentanée, aussi courte soit-elle. » Si ce n’avait pas été le cas, Kabuto l’aurait abandonné lorsqu’il était au plus bas.

L’expression reptilienne de Voldemort se durcit, se fit plus froide. « Je suis à la tête de plusieurs centaines d’hommes Mr.O. Ne prétendez pas m’apprendre comment mener mes serviteurs, ou m’attacher leur loyauté. Ils croient en mon pouvoir, en la Cause que je représente et en la supériorité des Sang Purs. Ils ont beaucoup à gagner en me suivant, et tout à perdre dans le cas contraire.

- L’idéalisme politique comme l’intérêt personnel sont effectivement des entraves des plus solides, » convint poliment Orochimaru, avant de prendre une gorgée mesurée de thé. Il avait apparemment touché un point sensible, pour provoquer une réaction si violente de son homologue. Auriez-vous de menus problèmes de loyauté dans vos rangs, Lord V. ? « Mais tous les hommes n’y sont pas sensibles, et c’est à ce point que la peur bien appliquée peut faire des merveilles. Et je ne sais pas pour vous, mais les serpents tendent à ajouter une aura supplémentaire de… hé bien de Grand Méchanceté si on peut dire, qui est particulièrement efficace sur les esprits faibles.

- En effet. Mais ceux qui sont principalement motivés par la peur sont de toute manière les esprits faibles, les larbins. Peu importe leur puissance en tant que sorcier, si l’esprit ne suit pas ils ont aussi malléables que de la glaise, aussi impressionnables que des enfants et tout aussi facilement gagnés à la cause par l’application judicieuse de menues faveurs et de peur. C’est leur nature  même que de se ranger derrière ceux qui leur sont supérieurs, qui ont de la vision. »

Et de la modestie, ajouta mentalement Orochimaru avec un sarcasme soigneusement absent de son expression.

« Accepteriez-vous de m’en dire plus sur votre organisation et vos mangemorts Lord.V. ? Je suis moi-même en train de considérer une expansion, et si j’ai bien compris, vous avez une longue expérience derrière vous, ce qui est loin d’être mon cas, je dois l’avouer… » mentit-il avec suavité. Les autres approches avaient été moyennement couvertes de succès, mais l’humilité doublée d’une flatterie savamment dosée et utilisée à bon escient pouvait parfois faire des miracles. Et si ses déductions sur la personnalité de Voldemort était un tant soit peu juste –elle l’était-, il était tout à fait le type à apprécier qu’on reconnaisse sa supériorité, tant que c’était fait de manière subtile.

 

Malheureusement, sa nouvelle tactique fut interrompue avant d’avoir pu porter ses premiers fruits quand derrière Voldemort apparu soudain en plein air la forme éthérée et vaporeuse d’un ragondin ( ?!) grandeur nature.

Orochimaru se retint soigneusement de suivre son premier instinct, qui était de sauter sur ses pieds et d’envoyer trois kunais dans la créature, et resta parfaitement immobile. À sa droite Kabuto n’avait pas à se soucier de faire preuve d’autant de retenue, et deux courtes lames étincelaient dans ses mains.

Mais le ragondin ne fit aucun mouvement dans leur direction. D’une petite voix crissante il s’adressa au mangemort de garde : « La brigade des Aurors vient d’être  prévenue de la présence de charmes repousse-moldu dans le quartier où vous vous trouvez. Deux équipes sont en routes. »  Et sur ses mots il disparu.

Lucius se tourna vers son maître, raide et en apparence parfaitement calme, même si aux yeux exercés d’Orochimaru, il était évident que sa prise sur son bâton de bois s’était instantanément faite plus crispé.

« Seigneur, un rapport de notre contact au Ministère-…

- J’ai entendu Lucius, » coupa Voldemort avec un calme flegmatique en agitant une main dédaigneuse. Il se tourna de nouveau vers son homologue en Grand Méchanceté et repris une gorgée de thé avec une lenteur délibérée,

« Des problèmes ? » demanda Orochimaru.

« Il semblerait que nous soyons sur le point d’êtres interrompus, mais rien de bien grave, rassurez-vous Mr.O.

- Intéressant moyen de communication que vous avez là.

- Pardon ? Oh, le Patronus. »  Si hausser les épaules avec dédain n’avait pas été si peu conforme à l’image lugubre qu’il se donnait manifestement du mal pour projeter, Orochimaru était sûr que Voldemort l’aurait fait. « C’est un sort qui a son utilité, j’en conviens.

- Fascinant. Il faudra que vous m’expliquiez comment ça marche. Dans ces conditions, je suppose que notre entretien touche à sa fin ? Bien que je serais plus que ravi de vous assister pour régler le cas de ces “aurors”, si vous le jugez opportun. Appelez ça de la curiosité scientifique.

- Votre proposition vous honore cher collègue, mais votre assistance ne sera pas nécessaire. Un affrontement en pleine ville avec les Aurors ne figure pas dans ma stratégie à court terme. J’ai trouvé notre entretien des plus… enrichissants.

- Moi de même Lord V., moi de même. Ce fut un plaisir de discuter avec vous. Si vous n’avez pas besoin de mes capacités, je vais vous laisser à vos affaires. » Avec regret cela dit, il aurait bien aimé voir de quoi étaient capables ces bouts de bois auxquels les sorciers tenaient tant dans une situation de combat. Mais peut-être serait-il possible de se téléporter dans un bâtiment proche et d’observer la suite de l’action… Hm. « J’aurai plaisir à poursuivre notre discussion une prochaine fois. »

Il se leva tandis que son vis à vis  faisait de même et inclina poliment la tête vers lui.

« Kabuto ? »

Avec une efficacité silencieuse, Kabuto déroula les parchemins et récupéra mobilier, service à thé et théière an une démonstration remarquable de célérité, d’efficacité et de jutsus de stockage.

« Nous nous reverrons a la prochaine réunion de la LGMA je suppose ?

- Je le pense, oui. »

Et j’ai hâte d’y être.

 Ah, que tout cela était excitant.

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