Un noël dans les lueurs mortes

Chapitre 1 : Un noël dans les lueurs mortes

Chapitre final

3365 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 11/12/2018 13:08

Ce texte a été écris dans le cadre du défi « NOËL HORRIFIQUE ». Il s'agissait d'écrire un texte ayant comme thème ce titre. La difficulté imposée était de faire apparaître 15 mots de vocabulaires imposés que j'ai souligné afin de les repérer facilement.

Je vous souhaite à tous une bonne lecture en espérant que mon écrit vous plaira.


UN NOËL DANS LES LUEURS MORTES


Veille de noël à Derry | Décembre 2012


Mr et Mme Sparks, des parents stricts mais aimants, ont emménagé à Derry dans le Maine durant l’été. Ils ont une fille âgée de 12 ans qui s’appelle Nelly. La jeune fille lit un livre sur son lit, lorsqu’elle entend une voix l’appeler. Une voix sinistre et malicieuse, lui demandant de se rendre dans le grenier. Du haut de ses 1m50, elle se convainc que cela vient de son imagination et continue sa lecture.


En début de soirée, en se rendant à sa chambre, Nelly s’arrête presque malgré elle devant la porte menant au grenier. Elle la contemple tout en se rappelant de la voix qu’elle a entendu dans la matinée. Sa curiosité étant plus forte que son appréhension, elle décide de s’y rendre.

En ouvrant la porte, un courant d’air rapide l’assaille faisant brièvement voltiger ses jolies boucles blondes. Aussi violent et furtif que l’air qui s’échappe lorsqu’on débouche une bouteille de champagne. Emplit d’un mauvais pressentiment, elle ne peut cependant s’empêcher d'aller voir ce qu'il y a en haut.

Elle monte les marches de ses jambes plutôt maigrelettes, quittant peu à peu la lumière rassurante qu’offre l’embrasure de la porte, pour s’aventurer dans la pénombre. La pièce étant dans un noir total, elle se demande alors d’où a pu provenir le courant d’air qu’elle a ressenti plus tôt. N’aimant pas l’obscurité, elle s’empresse avant tout de trouver un interrupteur pour éclairer l’endroit. Elle s’avance à tâtons, longeant ainsi le mur fait de bois à sa gauche, tout en causant le grincement du plancher à chacun de ses pas, jusqu’à atteindre le dispositif.

L’éclairage offre à ses yeux des tonnes et des tonnes de cartons, qui n’ont pas encore été déballés par la famille. Cependant, un objet attire son attention. C’est un livre, enfin plutôt un grand carnet, posé négligemment sur le sol poussiéreux. Intriguée, elle s’en empare et au moment où elle l'ouvre, un frisson lui parcourt l’échine. Ne voulant pas rester un instant de plus dans cette pièce, elle retourne dans sa chambre.

Ce que Nelly lit dans ce carnet est très troublant. Il appartient à un certain Mike Hanlon et raconte en quelques sortes des événements historiques concernant la ville de Derry ainsi que sa propre vie. Seulement, tous les faits dont elle prend connaissance sont tragiques.

Il y a d’abord eu la disparition de 300 colons entre 1740 et 1743. Ensuite, un homme a empoisonné sa famille avant de se suicider, en 1851. En 1904, un bûcheron a assassiné sur un coup de folie les clients d’un bar et en 1906 l’usine sidérurgique de Kitchener a explosé, causant ainsi la mort de 108 personnes, dont 88 étaient des enfants participants à la chasse aux œufs de pâques.

Elle se dit dans un premier temps, que l’auteur a été un fan d’histoire, qui a aimé sa ville et qui a voulu y consigner différents bouleversements importants, mais plus elle avance dans sa lecture et plus elle constate que ce ne sont vraiment que des drames qui y sont inscrit. Voilà qu’en 1929, les citoyens de Derry abattent un groupe de gangster et qu’en 1930, une légion du Ku Klux Klan brûle un bar afro-américain. La page se finit et elle se dit que la suite sera peut-être moins glauque mais non. En 1957, une tempête inonde la ville et un enfant du nom de Georgie meurt atrocement mutilé suivi d’autres disparitions d’enfant.

Le passage suivant attire plus particulièrement son attention :

« C’est l’année d’après que nous avons réussi à vaincre Ça Enfin c’est ce que nous avons cru. Il y a quelques mois, soit 27 ans plus tard, trois homophobes ont jeté un homosexuel du pont traversant la Kenduskeag, ce qui a déclenché une nouvelle vague de disparition d’enfant. Ça s’est réveillé, Ça est revenu, nourrit de toutes ces tragédies et plus fort que jamais. Ça veut que nous revenions… »

Ça est utilisé comme un nom. Mais qui est ce « Ça » dont il parle ?, se dit-elle lorsque sa mère tape à sa porte et lui dis de commencer à préparer ses affaires pour la soirée du réveillon. Dans un sursaut, elle ferme le livre sur le champ, le dépose sur son bureau et ouvre son armoire pour préparer sa tenue de fête. Seulement, la voix se fait de nouveau entendre. Inquiétante et mielleuse, elle lui demande de venir ouvrir le livre. Paniquée, elle dépose lentement ses affaires sur son lit, scrutant la pièce de ses grands yeux bleus, guettant ainsi le moindre mouvement suspect.

Même si elle pense toujours que cela fait partie de son imagination, elle décide malgré tout d’obéir. Assise à son bureau, elle reprend la lecture où elle s’est arrêtée, mais à peine après avoir lu quelques mots, elle constate que l’encre se met peu à peu à couler, rendant les phrases de plus en plus illisibles. Elle regarde plus attentivement et se rend compte que l’encre a laissé la place à du sang. Horrifiée, elle tombe de sa chaise et s’éloigne de son bureau, tout en contemplant le liquide se répandre lentement, imbibant les pages ainsi que la couverture du livre. Aucun son ne veut sortir de sa bouche, elle est totalement pétrifiée de terreur. Ensuite des ballons de toutes les couleurs sortent du livre, ils envahissent le plafond et la pièce entière tandis que la voix, plus malveillante cette fois, lui susurre aux oreilles :

« Regarde comme ils flottent Nelly ! Viens flotter toi aussi ! Car ils flottent tous en bas ! Ils flottent tous en bas !»

Cette phrase résonne dans toute la chambre de plus en plus vite et de plus en plus fort. La jeune fille recroquevillée sur elle-même, retrouve un peu sa mobilité pour se boucher les oreilles. Elle secoue sa tête de gauche à droite tout en suppliant la voix de se taire et d’arrêter. En guise de réponse, tous les ballons éclatent un à un dans un brouhaha chaotique, tels des coups de feu lancés sur un champ de bataille. Nelly crie alors de toute ses forces, à chaque intonation elle a l’impression désagréable que son cœur va exploser, jusqu’à ce que son père suivit de sa mère entrent en trombe dans la pièce redevenue soudainement silencieuse, comme si rien ne s’était passé.

« Qu’y a-t-il Nelly ?, demande le père inquiet.

- Le sang ! Les ballons ! La voix !, crie-t-elle hystérique.

- Nelly !, intervient sa mère en s’agenouillant près d’elle. Il n’y a rien voyons ! Regarde ! »

Les oreilles encore bourdonnantes, elle est tout de même rassurée par le câlin et la bienveillance de sa mère. Elle lève la tête mais découvre stupéfaite, que les morceaux de ballons gisent bien sur le sol et que le livre baigne encore dans le sang. Elle ne comprend pas pourquoi ses parents ne voient rien, elle-même a les mains et les vêtements tâchés. Serait-ce vraiment dans son imagination ?

Ses parents finissent par la laisser, seule et démunie ne comprenant pas ce qu’il s’est passé, puis lui demande de se préparer pour le réveillon. Sa mère insiste pour qu’elle porte le bijou qu’elle lui a offert, un collier avec un pendentif en cœur, où il est inscrit « A mon Choubidouminou tant aimé ». Ce surnom est transmis de génération en génération. Elle n’a jamais avoué à ses parents qu’elle le trouve ridicule.

Derry est une petite ville située dans le Maine, qui peut paraître adorable quand on ne sait pas tous les drames qui s’y sont produit depuis sa construction. Récemment, le lycée de la ville a explosé suite à une fuite de gaz, causant la mort d’une cinquantaine d’étudiants. Depuis cette catastrophe, de nombreux enfants ont disparu sans laisser de trace. Cependant, la ville tient à fêter Noël pour rendre hommage aux victimes. Les habitant étant très croyant, ils espèrent ainsi avoir la grâce de Dieu afin qu’il les aide à retrouver les enfants. La soirée commencera par une marche silencieuse, continuera par un délicieux festin dans la grande salle de la mairie et s’achèvera avec la collecte de divers dons pour les familles endeuillées.

Durant la marche, Nelly ne quitte pas ses parents d’une semelle, les considérant plus que jamais comme un trésor inestimable, mais la voix vient à nouveau à ses oreilles. Sceptique, elle regarde les gens autour d’elle et constate une nouvelle fois qu’elle est la seule à l’entendre. Elle sent soudain quelque chose de très proche, ou plutôt quelqu’un. Tellement proche, qu’elle peut sentir son souffle sur sa nuque. Par réflexe, elle se retourne mais regrette aussitôt son geste car elle se retrouve nez à nez avec un clown.

« Tu veux flotter Nelly ? », susurre-t-il avec une douceur diabolique à son oreille avant de disparaître aussitôt.

Elle hurle de peur, alertant ainsi sa mère. Voyant qu’il n’y a rien de particulier, elle la réprimande et lui somme de rester tranquille au moins pendant la marche. La jeune fille ravale difficilement sa salive tout en continuant d’avancer, mais jette tout de même un regard en arrière. Le clown, dans sa salopette jaune à gros pompons oranges, est en plein milieu de la foule qui le contourne sans le voir, et fait un gentil mais inquiétant coucou à Nelly de sa main gantée.

Les habitants de la ville sont à présent arrivés à la mairie. La grande salle qui est habituellement utilisée pour les mariages, possède une grande cheminée où les flammes dansent chaleureusement entre les bûches de bois. Un énorme sapin se dresse à ses côtés, grand et majestueux, il émerveille ainsi petits et grands de par ses magnifiques guirlandes et boules colorées. Un ange règne en maître sur l’arbre et une sublime crèche avec tous les personnages emblématiques est également dressée à ses pieds. Tout est réunis pour atténuer au mieux la douleur causée par tous les drames qui se sont produit.

Nelly adore noël car c’est la période idéale pour manger des sucres d’orge, mais aujourd’hui son cœur n’est pas du tout à la fête alors que cette sucrerie si tendre au goût, se trouve par centaine devant ses yeux. Elle repense au clown qui en apparence est tout à fait ordinaire : Le visage peint de blanc, chauve avec une touffe de cheveux rouges crépues entourant son crâne. Le fidèle nez rouge ainsi que le sourire étiré jusqu’aux joues lui donnant cet air malicieux adoré des enfants. Seulement cette façon niaise et sournoise de parler est loin d’être choupinet. Chaque mots paraissent flotter dans les airs, leur donnant ainsi une sonorité presque fantomatique, et c'est cela qui lui inspire de l’angoisse. Elle est tirée de ses pensées par deux mains qui lui pincent les hanches. Si ce n’était pas une voix familière qui accompagnait ce geste, elle aurait été morte de trouille.

« Hé petite tête ! », dit un garçon amusé.

Elle devine immédiatement que c’est son ami et voisin Dan, mais son visage reste quand même blafard, malgré ses efforts pour se redonner une contenance. Le jeune garçon brun aux yeux bleus qu’elle trouve secrètement trop mignon, remarque tout de suite son trouble.

«Qu’est ce qu’il y a ?, demande-t-il.

- Il m’est arrivé quelque chose d’horrible aujourd’hui. Je ne peux pas en parler à mes parents car ils n’ont pas vu ce que j’ai vu, lui chuchote-t-elle à l’oreille.

- Mais qu’est ce que tu as vu ?

- Tu me promets de ne pas rire ?

- Bien sûr ! »

Contre toute attente, au fur et à mesure de son récit, son ami devient aussi livide qu’elle. En lui demandant ce qu’il a, elle apprend que lui aussi a vécu une expérience bizarre aujourd’hui. Il lui raconte :

« Je jouais à mon jeu vidéo, Dead or Alive. Et lors d’un de mes combats, mon personnage s’est retrouvé face à un adversaire qui n’existe pas dans la liste des combattants à choisir.

- Ne me dis que c’était un clown !

- Et bin si ! Alors j’ai continué à jouer et il a évité tous mes coups en faisant des cabrioles. Au début ça me faisait rire et c’était presque chou de voir comme ce clown s’amusait et riait aux éclats, mais une fois qu’il a mis mon personnage à terre, il s’est jeté sur lui et l’a dévoré !»

Tenue en haleine, Nelly l’écoute sans l’interrompre, son sang se glaçant au fur et à mesure que l’histoire avance.

« Le sang qui a giclé avait l’air tellement réel ! Il a même déchiqueté tous ses membres, qu’il a envoyé valser vers moi, j’ai presque cru qu’ils allaient traverser l’écran ! J’étais mort de peur et c’était impossible pour moi de bouger ni de crier. Par contre dès qu’il s’est mis lui-même à sortir de l’écran, j’ai réussi à prendre mes jambes à mon cou et je me suis enfermé à clef dans ma chambre jusqu’à ce que mes parents rentrent. »

Nelly n’en revient pas. Elle se demande alors si tous les enfants de la ville ont vécu une expérience similaire. Soudain, le clocher de la ville sonne les douze coups de minuit ainsi qu’un pendule à coucou qui fait douze fois sortir et rentrer des minis personnages représentant des lapinous. Cela l’aurait beaucoup amusé, si ça n’avait pas été dans une telle condition.

Un violent coup de vent ferme ensuite toutes les portes et bloque les loquets. Les enfants crient de surprise tandis que les adultes ne se rendent compte de rien. Leur esprit est trop mature pour imaginer un dixième de ce qu’il est en train de se produire. Et Ça le clown ou encore Gripsou le clown le sait. De toute façon, les gens de la ville ont toujours fermés les yeux sur les faits étranges qui sont arrivés à Derry, même si certains se sont déjà douté que ces drames et ces disparitions, sont l’œuvre d’une énergie mystique et maléfique.

« Je vous souhaite à tous un joyeux noël les enfants !, crie alors l’entité accoudé au buffet. Servez-vous à manger ! », nargue-t-il en utilisant la nourriture comme projectile.

Nelly, Dan et les autres enfants constatent avec horreur que les petits fours sont remplis d’asticots, les oursons au caramel qui ornent une magnifique bûche géante explosent en morceaux de verres, le foie gras est parsemé d’excréments et de plumes de canard, le liquide présent dans les coupes de champagne est d’un aspect gluant et filandreux, et tout ça en plus d’être propulsés sur les enfants, sont mangés goulûment par les adultes qui ne se rendent vraiment compte de rien.

Le ricanement sinistre de Ça donne froid dans le dos. Il est mélangé à la musique « Jingle Bell » qui se met en route simultanément par la chaîne hi-fi offrant un mix totalement malsain. Voyant qu’il n’y a aucune échappatoire, les enfants se réunissent les un contre les autres pensant ainsi se protéger. Ils se retrouvent démunis, apeurés et impuissant dans cet espace complètement loufoque et horrifique. Un clown malveillant au milieu d’adultes qui mangent, rient et chantent entre eux, un soir de noël.

Complètement désemparés, Nelly et Dan se contentent de se donner la main pour se soutenir et de prier pour que tout ceci s’arrête. Mais c’est loin d’être fini. Un des enfants est entouré de grosses racines et aspiré dans le sol, un autre s’étouffe à cause d’araignées qui le parcourent de la tête aux pieds, rentrant et sortant de ses narines et de sa bouche, une fillette se voit perdre ses cheveux. Plus les enfants ont peur et plus les désastres se multiplient.

« Toute cette terreur me fait grandir ! Ayez peur les enfants, vous serez de plus en plus appétissants ! »

Ça se met soudain à léviter, les bras écartés dans un halo de lumière aveuglante. Comme gonflé à bloc, ses yeux brillent et ses dents deviennent tranchantes. Rentré dans un état de transe, il rend les enfants catatoniques et les attire vers lui comme des aimants, les faisant ainsi disparaître dans ce qu'il appelle, les lueurs mortes. Nelly et Dan n’y échappent pas et deviennent dès lors, les nouvelles victimes de « Gripsou » le clown.

Ça désormais parti, tout est remis en place et les adultes reprennent conscience. Mme Sparks cherche Nelly pour lui souhaiter un joyeux noël et lui faire un bisou mais elle ne l’a trouve pas. Elle demande à son mari mais il est incapable de lui répondre. L’angoisse monte progressivement en elle au fur et à mesure qu’elle contemple la salle sans apercevoir le magnifique sourire de sa petite fille qui reste introuvable. Son regard s’attarde sur le pendentif qui règne sur le sol, comme un adieu que lui aurait adressé Nelly avant de disparaître. Elle s’effondre de douleur sur l’objet, réalisant que c’est tout ce qu’il reste de son enfant, tandis que d’autres parents sont aussi dans le désarroi car les leurs ont également disparu.

Les festivités et les joies qu’apportent habituellement noël ont laissé la place à de l’incompréhension et de la panique. Les pleures et les cris de douleur envahissent soudain toute la salle lorsque les parents comprennent qu’à présent, cette soirée et leurs enfants font également parti des histoires tragiques de Derry.


Ça | Décembre 2012


Billy le bègue et son club des paumés avaient réussi à vaincre Ça, il y a 27 ans… Seulement Mike, l’a fait revivre malgré lui, grâce à son carnet. Et la peur que Ça a eu vis à vis de ce groupe d'enfant et qui l'affolait jadis n'est plus, puisque aujourd'hui, ils sont tous morts et enterrés. Ça est immortel car il y aura toujours des enfants. Et les enfants ont toujours des peurs. Ça se nourrit de la peur. Il est arrivé sur terre bien avant que l’homme ne soit crée. Et tant qu'il y aura de la vie Ça vivra...


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