La volte-face mélodramatique

Chapitre 5 : Enquête n° 2 - Partie 1

4814 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 30/09/2022 19:34

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12 mars, 9h56

Cabinet d'avocats Wright & Co.

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               « Hung... »

 

J’ouvris difficilement les yeux, sorti de mon sommeil par les rayons lumineux se faufilant entre les stores du cabinet. Oh !...

 

               « Oh non, le procès ! »

 

Ma tête fit un bond en arrière et percuta le bord dur du canapé de cuir. Instinctivement, j’attrapai mes cheveux dans un élan de douleur localisé, puis échappai nettement à mon sommeil en m’asseyant sur le meuble prévu à cet effet. La souffrance s’estompant petit à petit, je revins finalement à moi grâce… à cause de ce réveil brutal dans une étrange sensation de déjà-vu…

 

               « Oh, le procès s’était hier, Phoenix… »

 

Rassuré par la nouvelle provenant de ma propre conscience enfin éclaircie, j’attrapai le téléphone posé sur la table basse. On pouvait y lire en chiffres : « douze mars, neuf heures cinquante-neuf ». Déjà si tard… La veille avait visiblement été un peu trop éprouvante… En tout cas, pas de temps à perdre ! Il me fallait d’abord un café et un journal. J’avais une enquête à mener ! Pas de récurage des toilettes en ce matin de printemps : une entorse au règlement exceptionnelle, mais justifiée par un travail on-ne-peut-plus important. J’enfouis le portable dans ma poche de pantalon, dépliai mes genoux rigides pour aller saisir le portefeuille de cuir sur le bureau, enfilai ma veste de costume bleue et disparus aussi vite dans la cage d’escaliers.

 

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12 mars, 10h06

Devant l'immeuble du cabinet

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En franchissant les portes du bâtiment, je m’apprêtai, comme à mon habitude, à attraper l’un des taxis arrêtés sur le bord de la chaussée. Cependant, une devanture au coin de la rue attira mon œil expert (en café et nuits blanches…). Je ne pus m’empêcher d’être intrigué par la vitrine arborant des figurines et autres accessoires à l’effigie du samouraï d’acier, un héros de série d’adolescents que Maya adorait. Vitrine que je n’avais d’ailleurs jamais remarquée… Il faut dire que, la plupart du temps, je sortais trop tôt et trop vite pour me rendre compte de quoi que ce soit, surtout à une distance à peine visible par l’être humain. J’enclenchai la marche afin de rejoindre ce lieu de mon voisinage plutôt opportun, mais encore inexploré.

 

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12 mars, 10h20

Café Chouchou

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Je poussai la porte vitrée du café, déclenchant une petite sonnette d’accueil typique de ce genre d’établissement. A ma droite, dans le coin de la pièce, trônait fièrement un présentoir à journaux surmonté de quotidiens empilés les uns sur les autres. J’attrapai l’un d’eux par réflexe, avant qu’un jeune homme ne surgisse de derrière le bar situé juste sous mon nez.

 

               « Eh bien, Phoenix ! Je vous sers quoi ? Une pièce à convictions ?! salua le gérant avenant.

 

               — Blake ?! Je ne m’attendais pas à vous voir ici. Vous ne travaillez pas pour le théâtre ?

 

               — Je ne suis qu’un amateur, M. Wright ! J’aime faire sourire mon public, mais mon vrai travail, c’est cet établissement. Alors ! Que puis-je pour vous ?

 

               — Je vous prendrai simplement un café, Blake.

 

               — Et un café pour l’artiste ! »

 

Les tabourets hauts longeant le bar émeraude m’invitèrent instinctivement à m’asseoir, invitation que je ne refusai pas. A ma gauche se tenait un grand rassemblement de tables rondes en inox et de chaises assorties, vides à cette heure de la journée. La peinture très moderne aux teintes vertes et argentées apportait à l’endroit une sérénité bienvenue. Cependant, la curiosité que j’avais envers la décoration n’était rien comparée à celle que j’avais envers le preux chevalier qui venait de déposer ma tasse fumante sur le comptoir.

 

               « Merci, Blake.

 

               — Alors, Phoenix, comment vous vous en sortez ?... Le procès hier, je ne pensais pas que… Enfin, vous voyez quoi.

 

               — Oui, je pense qu’on a tous été surpris.

 

Moi le premier !

 

               — Je ne pensais pas Alice capable d’une telle chose, pour être honnête, confia-t-il en passant sa main dans sa tignasse blonde.

 

               — Et…

 

J’hésitai un instant à dévoiler sans filtre mes intentions… Cela dit, à part dans les procès, ce n’était pas mon genre d’y aller par quatre chemins.

 

               — … Vous avez une idée de ce qui aurait pu la pousser à faire ça ?

 

               — Non, pas vraiment... Une barquette de frites ? Un hamburger ?!

 

               — Je ne pense pas que ce soit ça, Blake.

 

               — Oui, c’était pour… Ah, laissez tomber. Je ne connais pas Alice plus que ça, à vrai dire. A la base, j’ai rejoint la troupe car j’étais ami avec Ophélie...

 

               — Hm, je vois… Mes condoléances, M. Debale.

 

               — Merci, Phoenix. Ecoutez, si vous voulez me rendre un service, trouvez qui a fait ça. Et je vous ferai du café gratuitement jusqu’à la fin de votre carrière… ou de sa peine !

 

               — C’est bien ce que je compte faire. »

 

J’attrapai ma tasse, maintenant à température ambiante, tandis que Blake reprit le nettoyage méticuleux de son établissement dans l’expectative de l’heure de pointe. Profitant de ce moment de répit, je tournai avec ma main inoccupée les pages du journal qui révélaient, pour la plupart, de bien piètres ou mauvaises nouvelles. Soudain, l’un des titres me prit de cours : « La fraude du cabinet Wright & Co. continue : affaire de meurtre au théâtre Wasabi. » On pouvait y lire la manière dont j’avais soi-disant détourné l’attention du public d’une vérité évidente vers un récit sans queue ni tête, jusqu’à obtenir la remise du procès à une nouvelle séance. Je ne pouvais pas rejeter la faute sur le journal d’avoir saisi un scoop facile… Et quitte à avoir mon nom dans la presse, je comptais bien aller jusqu'au bout et leur donner tort.

 

Je déposai ma tasse fraîchement terminée sur le comptoir, enfouis l’article dans mon costume, puis décollai du tabouret rembourré.

 

               « Merci pour le café, Blake. Je reviendrai !

 

               — Merci à vous ! Oh, au fait...

 

               — Oui ?

 

               — Si vous voulez découvrir la vérité… Vous devriez chercher du côté de Hamburg et Régis. Ils se connaissent depuis longtemps avec Alice. Et cette fois, je ne rigole pas !

 

               — Hm… Merci du conseil, je n’y manquerai pas. A plus tard. »

 

La remarque de Blake n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd... Même s’il n’avait, d’après ses dires, pas de lien avec l’affaire, il faudrait aussi que je revienne le voir lorsque j’en saurai plus. Pour le moment, il y avait un point que je voulais éclaircir avant tous les autres… Ce qui impliquait d’inspecter une nouvelle fois la scène du crime.

 

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12 mars, 11h00

Théâtre Wasabi

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J’arrivai à nouveau devant la feuille de wasabi rouge. Rien ne semblait avoir changé depuis ma dernière visite… Je pénétrai dans le bâtiment entrouvert et me dirigeai directement vers la scène principale. A ma grande surprise, je fus vite arrêté par un inspecteur qui se trouvait devant le petit escalier menant à l’arrière.

 

               « Excusez-moi monsieur… Wright, c’est bien ça ? Une enquête complémentaire est en cours, l’accès aux coulisses est interdit.

 

               — Ah ! Mais j’ai une autorisation du commissariat !

 

Je commençai fièrement à sortir la lettre de ma poche de costume…

 

               — Je vous arrête tout de suite, passage interdit ! On ne s’appelle pas tous Tektiv. Qui plus est, le procureur de l’affaire a été remplacé et les autorisations d’enquête modifiées. Personne ne passe.

 

               — Hm… Très bien, je repasserai plus tard. Acquiesçai-je sans plus de choix. »

 

Visiblement, ce n’était pas ce jour-là que la chance commencerait à me sourire. Je repartis, déçu de ma visite, à la recherche de la seconde option : il s’avérait qu’on allait faire plaisir à Blake plus tôt que prévu… J’empoignai mon téléphone pour composer le numéro de notre technicien attitré, puis levai mon pouce au-dessus l’icône verte. Ma chance se dévoila alors, comme si elle se moquait de moi, lorsque surgit au coin de la rue un camion aux motifs de burgers, qui vint s’arrêter devant l’entrée du théâtre. Je réfléchis un instant, rangeai l’appareil dans ma poche et marchai jusqu’au conducteur encore assis.

 

Le temps que je me rapproche, Hamburg s’était déjà échappé à l’arrière de son véhicule, dans le but de déplier le volet. Il ne manqua toutefois pas de me remarquer en premier.

 

               « Mon p’tit Phoenix ! Comment vas-tu ? Un p’tit hamburger de bon matin ?

 

               — Ah ! Je ne dirais pas non, mais j’ai une enquête à terminer.

 

               — Hum, certes… Alors passe me voir avec la p’tite Maya dès que ton enquête est finie !

 

               — Ce sera avec plaisir, Hamburg… Est-ce que je peux vous poser quelques questions à ce sujet ?

 

               — Tout ce que tu voudras, « Nick » !

 

               — Erf, ne m’appelez pas comme ça… Bref, que faisiez-vous, le soir du crime ?

 

               — J’ai commencé par préparer un sacré snack pour toute la p’tite équipe ! Je crois qu’ils en ont eu pour leurs estomacs. Aux alentours de sept heures et demie, quand tous les chenapans étaient au dessert, j’ai nettoyé le camion de fond en comble, qu’il soit fin prêt pour le lendemain ! Ça a dû me prendre trente minutes. Et après… J’ai accueilli le public, donc j’étais à l’entrée du théâtre jusqu’au début de la présentation. Et voilà, si ça a pu t’aider !

 

               — Hm, je vois…

 

Son résumé collait avec le témoignage d’Alice : rien à signaler de ce côté-là.

 

               — Vous n’avez rien remarqué de suspect ce soir-là ? ajoutai-je.

 

               — Ah ah ah ! Ça se saurait si je trouvais les gens suspects !

 

               — Monsieur Astrit…

 

               — Oui, pardon… Eh bien, Maya s’est effectivement absentée au moment du repas, comme l’a dit Alice, mais enfin une grosse envie, c’est une grosse envie ! Il me semble que… Ah !

 

               — Oui ?

 

               — A un moment donné, j’ai vu Blake et Ophélie sortirent du théâtre.

 

               — A quel moment ?!

 

               — Hm… Quand j’étais à l’accueil.

 

               — Donc après huit heures. Vous connaissez bien Blake et Ophélie ?

 

               — Ah ! Notre p’tite directrice, c’est le moins de le dire ! Ça fait bien cinq ans qu’on se connait ! Et je dois vous avouer, c’est même grâce à elle que !...

 

Un silence soudain s’installa dans le véhicule professionnel qui se laissait jusqu’à présent choyer et organiser en vue d’accueillir les premiers clients. Même le gérant se figea.

 

               — Que ?... répétai-je.

 

               — Oh ! Que j’ai rencontré ma femme, monsieur Wright. Une vraie déesse, bouhahaha !

 

               — Votre… quoi ?!

 

Ce géant à moitié chauve avait une famille ?! Première nouvelle ! Les hamburgers, ce n’était pas juste pour lui, alors.

 

               — Est-ce que vous accepteriez de me parler d’elle ?...

 

               — Oh, oh, mon p’tit Phoenix ! Si vous voulez me la piquer, il faudra me passer sur le corps !

 

               — Non, ce n’était pas…

 

Il se plaça au-dessus de son comptoir, le biceps sec de vingt centimètres de diamètre en évidence. Je repris ma phrase, méthodiquement, les pores de ma peau dilatés par la transpiration.

 

               — On pourra toujours… en parler une autre fois, je suppose.

 

               — Ah ah, je préfère ça ! Allez, mon p’tit Phoenix, vous avez un meurtre à élucider !

 

               — Oui, c’est certain. Une dernière question, si vous me le permettez. Est-ce que vous connaitriez une certaine Amy ?

 

Avant même de répondre, ces yeux marron me fixèrent sauvagement. J’avais l’impression qu’il allait me sauter dessus et m’arracher les membres sans que j’ai le temps de faire quoi que ce soit… Il me faisait en somme un peu peur.

 

               — Pas le moins du monde ! reprit-il. Une connaissance à vous, mon p’tit ? Des conseils en amour ?!

 

               — Mais non ! C’est… Alice qui m’en a parlé.

 

               — Alice… Je suppose que c’est de son âge, Wright ! Allez, j’ai des burgers à préparer. Bon courage pour le procès de demain !

 

               — Merci, monsieur Astrit… Bonne journée à vous. »

 

Et nul doute qu’on se retrouverait au procès, Hamburg. Une femme… Blake et Ophélie ?... Un repas, une représentation… Cette troupe n’avait pas fini de me livrer ses secrets. Je ne pus que me retourner vers la rue passante puis m’éloigner du camion, saisissant simultanément mon téléphone portable pour reprendre l’action que j’avais laissée en suspens. Il me restait une personne à interroger… Le régisseur travaillait actuellement dans l’équipe technique d’un studio de tournage. Il m’indiqua quelle route suivre, afin de le rejoindre à sa pause déjeuner, seul moment de disponibilité que nous avions aujourd’hui. Je raccrochai et montai dans le premier taxi venu.

 

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12 mars, 12h04

Global Studios, Parc

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Le studio était quasiment le même que lors de mes dernières pérégrinations ici… C’est dans cet endroit qu’avait été tournée la série télévisée du samouraï d’acier, dont étaient issues les figurines du café de Blake. Du théâtre au cinéma, je faisais néanmoins un bond technologique… Contournant le portail de sécurité des lieux de tournage, je m’enfonçai dans la forêt dégagée à la recherche du salarié qui m’intéressait. Les chemins blancs s’entrecoupaient les uns les autres entre deux bosquets parfaitement entretenus, d’où dépassaient parfois des statues grandeur nature de héros télévisés ou cinématographiques. En tout cas, aucun d’eux ne me disait quoi que ce soit… Suivant les instructions de Régis, je parvins finalement à un énième croisement éloigné qui cachait, parmi les arbres, une table de pique-nique dont le bois était usé par le temps. Un jeune homme, arborant une casquette noire, mangeait son déjeuner au coin du banc. Je m’empressai bien entendu de le saluer et de le rejoindre.

 

               « Régis !

 

               — Oh, Phoenix ! Comment vas-tu ? Assieds-toi donc.

 

J’acceptai volontiers l’offre et regrettai, presque aussitôt, de ne pas avoir pris un burger à Hamburg…

 

               — Bonjour, Régis. Et vous, comment allez-vous ?

 

               — Ah, je t’en prie Phoenix ! On a travaillé tout un mois ensemble, tu peux me tutoyer.

 

               — Oui, c’est vrai. Déformation professionnelle… Pour répondre à ta question, ça pourrait aller mieux, mais mon enquête progresse. Depuis combien de temps travailles-tu au studio ?

 

               — Oh, depuis sept ans maintenant ! En fait, on peut dire que j’ai toujours travaillé dans la technique des sons & lumières. Les évènements de Global Studios m’ont mis au chômage technique un moment mais… Je suis le meilleur ! Ils ne pouvaient pas se passer de moi. »

 

Une sombre affaire de vengeance, de réputation et de meurtre, qui avait arrêté net la diffusion de la série du samouraï… Une affaire habituelle du cabinet Wright & Co., en somme. Mais ce n’était pas celle pour laquelle j'avais fait le déplacement.

 

               « Hum, tu connais parfaitement ton métier, donc. Ça te dérange si je te pose quelques questions ?

 

               — Ah, tu me soupçonnes ?

 

               — Non, ce n’est pas ce que…

 

               — Si ça peut faire avancer l’enquête, ça ne me dérange pas. Maya ne doit pas rester en prison. Mais dépêche-toi, j’ai un tournage à finir !

 

               — Merci, ça ne devrait pas prendre longtemps, Régis. D’abord, le soir du meurtre, tu as mangé avec le reste de la troupe. Où étais-tu jusqu’à la représentation ?

 

               — Eh, tu n’aurais pas la mémoire courte ?! Je suis sorti de table vers sept heures quarante-cinq, j’ai préparé la scène et, après, nous étions tous les deux jusqu’au début du spectacle.

 

               — Oh, euh… Oui, ah ah.

 

J’esquissai un sourire embêté, remettant en cause mon… existence ?

 

               — Et tu n’as pas vu Blake et Ophélie ?... ajoutai-je par manque d’idées.

 

               — Non, pas du tout. Pourquoi cette question, Phoenix ?

 

               — Ils ont disparu pendant la soirée… Je me disais que ça pourrait être lié à l’affaire.

 

               — Blake ? Il ne ferait pas de mal à une mouche. Enfin, désolé, je ne peux pas t’aider !

 

               — Ca ne fait rien, Régis, merci. Et…

 

Au vu de la dernière réaction suscitée, j’appréhendais un peu d’aborder le sujet qui avait fait le tour de la troupe aujourd’hui… Mais Régis n’avait pas autant de muscles que notre cher cuisinier !

 

               — Et, Phoenix ? me reprit-il.

 

               — Est-ce que tu connais une certaine... Amy ? lâchai-je la sueur au front.

 

Le régisseur me fixa de ses yeux noirs et me perfora d'une sensation de déjà-vu malaisante. Mais monsieur Stair n’avait pas vingt centimètres de biceps à sa disposition…

 

               — Est-ce que tu la connais ? répétai-je avec insistance. »

 

Il se tut encore un peu, secouant sa casquette d’une main dans un long soupir, ce qui révéla presque le dessus de son crâne. Finalement, il la reposa fermement pour me donner un regard des plus directs.

 

               « Qui vous a parlé d’elle, monsieur Wright ?

 

               — Alice.

 

Un nouveau soupir vint interrompre les morsures répétées que Régis infligeait à son sandwich.

 

               — Alice, hein… Très bien. Amy… est ma sœur, Phoenix.

 

               — Vous… Tu as une sœur ?!

 

               — Oui… C’est un sujet délicat.

 

               — Est-ce que vous… Tu crois que tu pourrais me dire comment la contacter ? Pour Maya, Régis !

 

               — J’ai bien peur que ce soit impossible.

 

               — Pourquoi ?! Je dois lui parler !

 

               — Oublie ça ! Elle n’a rien à voir dans cette affaire !

 

Je restai interloqué face à la colère inattendue de mon interlocuteur.

 

               — Mais si tu y tiens…

 

Il leva furtivement sa casquette, en sortit un bout de papier blanc. Il dévoila de sa combinaison de travail un simple stylo usagé. Puis, à l'aide de ces deux objets, sa main commença un griffonnage dont l'exécution aisée reflétait une habitude non dissimulée.

 

               — Voilà son adresse, Phoenix.

 

               — Mer !... »

 

Je m’interrompis, réalisant ce que contenait le mot écrit à la va-vite : « neuf rue des tournesols, cimetière Hullere. » La clé de cette affaire, qui était également la sœur de Régis, se nommait Amy Stair. Je venais de découvrir, en même temps que son nom, sa mort.

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