♠ ♦ Alice in Wonderland ♥ ♣

Chapitre 36 : ♠ ♦ Quand l'orage se rapproche ♥ ♣

1922 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 04/02/2017 17:33

Attachant à ma cuisse et à mon mollet droits des sangles de cuir noir ornées d'étuis à pistolets, je suis complètement perdue dans mes pensées. C'est enfin le jour tant attendu des Rebelz : la revanche des Résistants, la nouvelle Guerre du Wonderland. Les deux camps attendent leur revanche depuis ce maudit conflit du 14 Juin... Plaçant des flingues dans ces étuis, je frissonne un peu. J'ai peur, très peur. Les souvenirs de la Première Guerre que j'ai malheureusement dû voir sont très durs à avaler... Au fond de moi, je ne veux pas qu'un nouvel éclat de violence meurtrière frappe le Pays des Merveilles, mettant à nouveau mes amis en danger. J'aimerais que tout aille pour le mieux... Seulement voilà, maintenant que j'ai recouvert la mémoire, je ne vais pas profiter du fait de me rappeler de mes amis, ni me prélasser dans l'immense Château de Pique en m'accommodant de tout ce que j'ai appris au sujet de ma famille et de mon propre passé, mais je vais me retrouver aux côtés des Rebelz sur le champ de bataille. C'est triste, quand on y pense... Les yeux baissés, je ne parviens pas à verser une seule larme. Pourtant, ce n'est pas l'envie qui m'en manque.

« Alors, ma Alice, t'es prête ? On va pas tarder à y aller ! »

Je me tourne vers ma Moitié qui vient de faire son apparition. Blottie dans les bras de mon Chapelier Fou préféré, la tête baissée et ma mèche faisant de l'ombre à mon regard marron, je reste silencieuse. Edge passe sa main dans ses cheveux, sentant mon mal-être.

« Oulah, tu vas pas très bien à ce que je vois... Murmure-t-il en se dégageant doucement de l'étreinte afin de mieux voir mon visage, soulevant délicatement mon menton.

-Non... ça ne va pas vraiment... j'suis très inquiète ! J'dirais même que j'ai peur, dis-je les poings fermement serrés.

-Mais enfin, t'as pas à stresser, lance-t-il avec son sourire de gamin, montrant la chaînette dépassant des pans de ma robe. Tu possèdes le pouvoir de l'Immortalité ! Il ne t'arrivera rien, y a aucun soucis à te faire.

-Edge, sois pas con ! Quand bien même je n'avais pas cette montre, je serais terrifiée. Ce n'est pas pour moi que je flippe, mais pour vous ! Après l'avoir tristement regarder quelques instants, je baisse les yeux vers mes bottines. Je n'accepterais pas qu'il vous arrive quoi que ce soit... Vous êtes ma famille...

-Alice, sois pas conne ! S'exclame-t-il en me faisant un clin d'œil malicieux. Tant qu'on est tous ensemble, rien ne peut nous arriver et tu le sais ! »

J'esquisse un petit sourire, pour lui faire plaisir, mais je tremble toujours de tous mes membres. Agon et Unsui rentrent soudainement dans ma chambre, afin de m'apporter de nouvelles armes. Tout comme le Chapelier, les Tweedle sont armés jusqu'aux dents. Un pistolet dans la sangle à leurs cuisses, des fusils solidement attachés dans leurs dos, sans oublier toutes leurs munitions cachées dans leurs poches. Edge conclut, alors qu'Unsui me tend quelques munitions et qu'Agon me refile un tout nouveau pistolet, décoré de rubans bleus et de résilles : « On va la gagner cette guerre, fais-moi confiance ! »




Réunis dans le vestibule, les Rebelz établissent les derniers préparatifs. Chacun d'entre nous est debout, et récupère une bonne dose de munitions et de poudres malfaisantes, plaçant également leurs armes au mieux. Togano est le seul assis, écrivant une dernière lettre à Kotaro avant notre arrivée pour encore plus brouiller les pistes.

« Ah toi tu poses carrément ton cul, tranquille ? Lance Edge en éclatant de rire.

-C'est pour bien m'appliquer comme sur les autres lettres, explique Togano avec un sourire tout en frissonnant, sûrement agréablement angoissé au sujet de cette bataille. Si j'l'avais écrite debout, mon écriture aurait trahi mon empressement et il se douterait ainsi de quelque chose. »

Togano se lève ensuite une fois le courrier rédigé, envoie le fidèle hibou blanc livrer cette lettre, et se rapproche du groupe afin de s'armer à son tour. Jumonji lui tend la hache qu'il possédait étant enfant. Elle est noire et argentée, décorée d'arabesques jaunes :

« La voilà. Je l'ai toujours gardée car je n'ai jamais cessé d'espérer ton retour. Dit Jumonji avec un doux sourire.

-Oh... merci Ju' ! Répond Togano tout ému en récupérant sa hache. »

Ça fait vraiment plaisir de le voir dans une tenue non-ornée de cœurs et de rouge. Soudain, Hiruma apparaît près de moi, dépose un bisou sur ma joue, son fidèle sourire malicieux éclairant son visage. Il demande à Jumonji et Blue :

« Au fait, c'quoi l'plan d'attaque, Fuckin' enfoirés ?

-Ah oui, c'est vrai, on ne vous l'a pas dit, du coup ! Lance Jumonji en chargeant son fusil.

-Bah en fait, le plan, c'est qu'y a pas de plan. Lâche Blue avec un sérieux désarmant. 

-Heeein ?! Hurle Kuro en remuant ses oreilles. Vous voulez dire que vous avez pas trouvé d'idée ?! Si on est pas organisés, on va perdre !

-Ne dis pas de connerie, dit Marshall posément, une clope entre les lèvres, comprenant où Blue et Jumonji veulent en venir. Nos familles aussi n'avaient pas de plan d'attaque...

-Justement, on sait comment ça a fini... Continue Kuro la tête baissée.

-Cela s'est très bien terminé ! S'écrie L, haussant un peu le ton, ce qui est peu habituel chez lui. Nous avons certes perdu tous nos proches. Mais à l'heure actuelle, nous, nous sommes là. C'est leur imagination instinctive qui les a guidé. Et ils ont vaincu, puisque Kyokai a été tué ! Alors nous allons en faire de même, et suivre notre folie. »

L tourne son regard cerné vers Jumonji, qui lui rend un sourire bienveillant, signe que l'homme-loir a parfaitement résumé leurs intentions. Pour conclure, le Roi de Pique dit :

« Très bien. Il est l'heure de nous rendre au Château de Cœur. Nous allons rejoindre le reste des Résistants à la frontière des deux Royaumes pour leur distribuer la Poudre d'Invisibilité, car ils n'en possèdent pas tous. Mais sachez que dans cette bataille, c'est comme si il n'y avait que nous onze face à Kotaro... C'est notre Guerre ! Longue vie aux Rebelz ! »

Jumonji arrange sa couronne avant d'effectuer notre fameux geste. Le reste du camp le fait aussi, en ricanant, en hurlant la devise, ou simplement en acquiesçant avec un sourire en coin. Tenant nos armes avec fierté, nous sortons du Château de Pique. Jumonji ferme les grandes portes avec la sublime Clef de Pique, et la range au fond de sa poche. Marchant d'un rythme rapide et assuré aux côtés de mes alliés, je me tourne quelques secondes vers le palais au bout de plusieurs mètres. J'ai très peur pour mes amis. Mais je me dis à moi-même :

« Nous allons les battre. Car lorsque les Rebelz sont ensemble, rien ne peut les arrêter ! »




Nous voici arrivés sur la petite colline qui marque la frontière entre les deux royaumes. Certains d'entre nous (notamment moi) sont essoufflés de marcher en portant tout cet armement. D'autres sont poussés par l'excitation de combattre. Un grand groupe de Résistants nous fait face. Enfin, je dis ''grand''... mais après notre p'tit séjour au Château de Cœur, j'ai l'impression qu'ils sont très peu nombreux en comparaison avec les Cavaliers Rouges et autres fidèles serviteurs de Kotaro Red. Tous sont aussi armés que nous, hommes et femmes, et la détermination se lit dans leurs yeux. Évidement, aucun enfant ne va se battre à nos côtés, suite à la citation d'Azur qui consiste à les protéger.

Jumonji esquisse un beau sourire à leur intention alors qu'Hiruma, L et les Tweedle distribuent à chacun une bourse remplie de Poudre d'Invisibilité. Le Roi de Pique murmure : 

« Merci à vous tous d'avoir répondu à l'appel. Votre aide nous sera précieuse. Sachez que vous serez cachés au quatre coins du château et que vous ne devrez attaquer qu'en cas de force majeure, telle que l'arrivée des Cavaliers Rouges en renfort. Compris ? »

Tous les membres du groupe hurlent un ''Compris'' à l'unisson en brandissant leurs armes.

Soudainement, Togano fait une grand sourire et s'approche de la masse.

Plusieurs hommes lui serrent la main en le saluant avec amitié. Des femmes lui frottent le dos amicalement. Et une jeune fille en armure aux cheveux violets rasés sur les côtés se blottit dans ses bras. Je ne savais pas que Togano était aussi connu des Résistants, lui qui a longtemps été au service du Royaume de Cœur en tant que Valet.

« Loan ! Tu m'as manqué, lance Togano en caressant les cheveux de cette dernière.

-Toi aussi, j'arrive pas à croire que tu sois revenu chez les Rebelz ! Répond-elle émue.

-Serait-ce une vieille connaissance ? Lance Kuro avec un sourire taquin, voyant que les deux amis sont rougissants l'un face à l'autre. Mais bien sûr, nous connaissons tous Loan, une résistante de naissance et collègue d'enfance.

-Il faut savoir que Togano a sauvé de nombreux prisonniers du Château de Cœur, continue Loan. Il m'a notamment aidé à m'évader. »

Tous les Rebelz se tournent vers l'intéressé, qui baisse les yeux. On est tous choqués.

« Mais, t'es un héros en fait... Dit Marshall mollement en fumant.

-Tu jouais les méchants, mais t'as toujours eu le cœur sur la main ! Hurle Edge.

-Je pouvais pas les laisser crever dans leurs cellules... Vous en auriez fait de même. »

Togano sourit en se grattant la nuque, alors que Loan recule un peu pour se mêler de nouveau à la foule. Je n'en reviens pas : Togano n'a jamais cessé d'être un Rebelz, et a aidé des prisonniers à s'échapper au péril de sa vie. Il est extraordinaire.

« Bon, ne perdons pas de temps, lâche Blue en tirant sur son narguilé.

-Avant de partir, regardez ce que nous avons préparé pour vous, lance Loan avec une intonation mystérieuse et malicieuse, ornée d'un sourire en coin. »

Soudain, plusieurs drapeaux sont hissés par les Résistants. Tous sont décorés du même emblème. Un R est mêlé à un Z en majestueuse écriture attachée, sous un haut-de-forme à plume, et au-dessus d'un sourire en forme de croissant de Lune. Sur le côté droit, un pique, un carreau et un trèfle sont représentés, aux couleurs du chapeau. Les Résistants ont créé un logo rien que pour nous. Jumonji en a les larmes aux yeux, sûrement très fier de ses sujets. Nous mettant enfin en route, sous un ciel gris qui laisse entendre quelques tonnerres exploser au loin, nous crions en effectuant le geste du camp : « Longue vie aux Rebelz ! » 


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