American Horror Story Forest

Chapitre 5 : Épisode 05 : Ça ne Craint Rien la Journée

5528 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 07:04

1948, Oregon, États-Unis.

        Il était tard. L'horloge posée sur la cheminée du salon affiché une heure quarante. Ellen était assise sur le canapé, les yeux rouges et gonflés. Elle était droite, elle ne bougeait presque pas. Seule ses épaules se soulevaient à chaque inspiration et se baissaient à chaque expiration. Elle avait essayé de dormir, mais à chaque fois qu'elle avait fermé les yeux, elle avait vu le visage de sa petite fille ensanglanté. Elle s'était levé et dirigé vers la salle de bains. Elle avait passé de l'eau sur son visage, s'était recoiffé, était reparti se coucher, mais elle voyait toujours la même chose. Elle n'osait presque plus cligner des yeux. Alors elle était assise là, attendant que Victor arrive, ou pas. Peut-être attendait-elle qu'on lui annonce sa mort. Ou peut-être attendait-elle de voir le visage de sa petite fille en sang.

        Elle voulait partir, quitter cet endroit et ne jamais y revenir. Laisser ce domestique étrange et menteur. Laisser son mari, ne pas le prévenir. Elle voulait tout quitter et avoir une vie simple. Mais apparemment, ça ne lui était pas permis. De toute façon, elle n'avait jamais été normale, ce n'était pas étonnant que sa fille soit pareille. Mais ça s'était empiré en venant ici.

        On sonna à la porte. Elle sursauta, s'essuya les yeux avec son mouchoir en soie, replaça un peu ses cheveux et se leva. Elle avait peur. Peur de voir qui était derrière cette grande porte en bois. Ellen la déverrouilla, posa doucement sa main sur la poignée et ouvrit la porte. Elle était horrifiée et poussa un cri en couvrant sa bouche de ses deux mains, peut-être pour essayer de faire le moins de bruit possible, ou tout simplement parce qu'elle était choqué de ce qu'elle voyait.

        Victor se trouvait là, totalement trempé, sale, recouvert de boue et d'égratignures. Il se tenait à la colonne en bois à côté de lui, et pour cause, il lui manquait un membre. Au bout de sa jambe ne se trouvait qu'un morceau d'os arraché et du sang. Il avait de grandes cernes et des yeux injectés de sang.

 -Aide-moi, balbutia Victor en lâchant la colonne en bois.

        Il tomba par terre, faisant pousser un nouveau cri de terreur de la part d'Ellen. Elle recula, ses mains couvrant toujours sa bouche. Elle recula jusqu'à ce que son dos se colle à un mur et qu'elle puisse glisser sur ce dernier et se laisser tomber sur le sol. Le tonnerre retentit et le vent faisait toujours plus de bruit.

 

2015, Oregon, États-Unis.

        Ryan frappa un arbre avec son poing. Il le frappa jusqu'à ce que son membre soit couvert de sang. Il hurla, plusieurs fois. Tantôt énervé, tantôt triste, le garçon marchait à toute vitesse, regardant dans chaque recoin, retournant chaque tas de feuilles d'un coup de pied.

 -T'es où ?! Criait-il comme un sauvage.

        Il avait fouillé partout, mais il n'y avait plus aucune trace de Gwendolyn. Ça le mettait en rogne. Il fit encore quelques pas quand il entendit quelque chose craquait derrière lui. Une branche. Il se retourna furtivement pour tomber nez à nez avec le fusil du grand-père de Gwendolyn. Il tourna un peu son visage et aperçut Thomas juste à côté, le visage sévère.

 -Tu ne peux pas être vivant, souffla Ryan.

        Le domestique haussa les épaules. Le grand-père rapprocha son fusil de la tête de Ryan jusqu'à ce que le canon touche son crâne.

 -Où est-elle ? Demanda sévèrement Henry en pressant le canon sur la tête du jeune homme.

        Ryan haussa les épaules.

 -Réponds ! Hurla le vieil homme.

        Les sourcils de Ryan se froncèrent.

 -Va te faire foutre, articula le petit ami.

        Henry jeta un rapide coup d'œil à Thomas qui haussa encore une fois les épaules. Henry compris tout de suite. Il baissa son fusil pour que le canon vise le ventre de l'adolescent. Sans hésiter une seule seconde, il tira. Ryan fut propulsé en arrière, le ventre ensanglanté. Il posa ses mains sur sa blessure, tout en hurlant. Le grand-père donna un coup de crosse dans le crâne de Ryan. Henry soupira.

 -Rapporte-le au manoir, ordonna le grand-père à son domestique. Je m'occupe de retrouver Gwen.

        Sans broncher, Thomas saisit le corps de l'adolescent et pressa le pas pour retourner au manoir. Henry replaça son fusil dans son dos et jeta un coup d'œil à la forêt.

 -Pourquoi il a fallu que tu viennes ici...

 

***

 

        Elle hurla à plein poumons en voyant ce qu'il y avait dans la pièce. Elle se plaqua au mur derrière elle. Malgré sa peur, elle se mit à courir vers les escaliers. Elle ouvrit la trappe et sortit. Elle ne prit même pas la peine de la refermer. Elle courut à toute vitesse à travers la grange, n'essayant même pas de se repérer dans le noir complet. Elle avait vu la chose qui l'effrayer le plus, et elle n'était pas prêt d'effacer cette image de son esprit. Elle la revoyait déjà, l'odeur remonter dans son nez et s'immiscer en elle. L'odeur putride de la décomposition, l'odeur de la mort.

        Elle courait droit, elle heurta bientôt la grande porte en bois de la grange. Elle la poussa, espérant ne pas croiser son petit ami devenu totalement fou. Elle poussa la porte de toutes ses forces et lorsque cette dernière s'ouvrit, Gwendolyn tomba à plat ventre sur le sol. Elle se releva rapidement et ferma la porte de la grange dans un fracas sourd. Elle haletait. Elle s'essuya la bouche, le front, essaya de chasser cette image horrible de son esprit. Et même si elle n'arrivait pas à la faire partir, elle essayait de ne plus y penser. Difficile quand on essaye de chasser quelque chose de sa tête. Elle se précipita vers la forêt, quittant le cimetière.

        Elle venait tout juste d'entrer dans le bois quand un frisson la parcourut. Elle ne fit pas attention, elle continua à marcher, ses bras l'entourant pour ne pas avoir froid. Elle essayait de ne pas faire attention aux ombres qui passaient derrière elle. Pourtant elle fut obligée de se retourner, elles étaient trop oppressantes. Peut-être n'aurait-elle jamais dû se retourner. Des centaines de corps étaient pendus aux arbres. Elle en avait déjà vu tout à l'heure, mais dans la précipitation elle n'avait pas vraiment fait attention. Et cette fois-ci, ils étaient plus nombreux. Son visage se mit à blanchir, il se décomposa. Ses bras se mirent à se balancer dans le vide tandis qu'elle observait avec horreur le spectacle devant elle. Sans s'en rendre compte, elle tomba à genoux dans les feuilles mouillées. Son corps se mit à trembler, ses pensées à s'embrouiller. Elle avait froid, elle avait peur. Mais ce qui l'horrifiait encore plus, c'était les personnes se trouvant en dessous des corps. Les morts.

        Des mains se posèrent sur ses épaules, avec violence. Elle hurla et se retourna pour voir son grand-père.

 -C'est moi, c'est moi, répétait-il.

        Les yeux de la jeune fille étaient écarquillés, rond comme des billes et remplis de peur. Il l'aida à se relever alors qu'elle observait tout autour d'elle. Il n'y avait plus rien. Plus de corps, plus de morts. Seulement le vent.

 

***

 

        Ethan respirait profondément. Il avait un mal de tête épouvantable, mais il devait faire abstraction. Il avait attaché les mains de sa grand-mère avec les lanières de cuir du lit sur lequel elle était précédemment prisonnière. Il la poussait avec méchanceté dans les escaliers remontant vers le hall. La vieille femme avait du mal à marcher, elle gémissait, parler dans une langue incompréhensible, parfois elle levait la tête vers le ciel comme une cinglée et s'arrêter de marcher pour aucune raison.

        Ils arrivèrent bientôt en haut. Ethan regardait de tous les côtés pour s'assurer que personne ne soit là. Il laissa sa grand-mère en plein milieu du hall et s'approcha rapidement des fenêtres. Il aperçut Thomas à l'extérieur, tenant quelqu'un dans ses bras. Il se rapprochait à toute vitesse du manoir.

 -Merde, souffla le blond.

        Il attrapa sa grand-mère, ouvrit rapidement la porte du salon et la jeta à l'intérieur. Il la referma avec fracas et la seconde d'après, Thomas entra dans le manoir. L'individu qu'il portait n'était autre que Ryan, le ventre et le crâne en sang.

 -Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda Ethan avec une fausse inquiétude.

 -Un animal sauvage l'avait attrapé, ton grand-père à mal visé, répondit le domestique tout en montant les escaliers. Je l'emmène dans une chambre, il a besoin de soin.

        Sans plus d'explication, Thomas emprunta un couloir et disparut du champ de vision du frère de Gwendolyn. Ce dernier soupira doucement et ouvrit la porte du salon. Heureusement, sa grand-mère était toujours là. Elle se tenait droite, observant l'horizon par la grande vitre devant elle. Il l'attrapa et la tira sans vraiment faire attention à elle. Il ouvrit doucement la porte du hall, un sourire victorieux sur le visage et il la referma avec précaution pour que le domestique n'entende rien.

 

1948, Oregon, États-Unis.

        Victor Spicer était allongé sur un lit, le visage pâle et en sueur. Son pied était enroulé dans un bandage tâché par le sang. Il respirait doucement, il avait l'air calme. À part un pied manquant, il n'avait aucune blessure grave, seulement quelques égratignures qui lui parsemaient le visage et le corps. Ellen avait le regard posé sur lui, elle était inquiète.

 -Il ira bien, ne vous inquiétez pas madame Spicer, affirma un homme au ventre rond et à la moustache blanche parfaitement taillé.

        Elle releva son visage pour fixer le docteur se trouvant de l'autre côté du lit.

 -Votre mari est un homme fort. Et son système immunitaire est incroyable. Beaucoup auraient succombé.

        Après de brèves salutations, le docteur quitta le manoir Spicer. Ellen s'assit sur le lit, posant sa main sur celle de son mari. Elle la frotta doucement puis décida de quitter la pièce. Elle observa une dernière fois le corps endormi de Victor. Sur sa cheville droite, elle vu quelque chose trembler. Son ton devint plus sévère et elle s'approcha une nouvelle fois du brun. Elle regarda attentivement sa cheville, mais plus rien ne bouger. Il ne s'y trouvait qu'une piqûre. Ellen n'osa même pas approcher sa main. Elle se tourna vers la porte derrière elle et quitta la pièce avec un pas assuré.

 

***

 

        Thomas se trouvait dans la cuisine. Il frottait vigoureusement un meuble de cuisine pour qu'il soit le plus propre possible. Ellen entra dans la pièce avec la même démarche que celle qu'elle avait quittée plus tôt. Le domestique aperçut bien vite la femme arriver, il s'arrêta et leva la tête, sachant très bien qu'elle venait pour lui.

 -Oui ? Déclara l'homme à l'intention de la propriétaire.

        Elle s'approcha lentement, se tenant à seulement quelques centimètres du brun. Elle pointa son index en direction du visage de Thomas.

 -Que s'est-il passé lors de votre partie de chasse avec Victor ? Demanda sévèrement la femme. Et cette fois n'avisez pas de me mentir. Je sais que vous cachez des choses, depuis le premier jour, je le sais.

 -Il ne s'est absolument rien passé. Faites-moi confiance Ellen.

 -Justement, c'est impossible de faire confiance à quelqu'un comme vous. Vous mentez en permanence, et je ne peux pas le tolérer.

 -Je ne vous croyez pas aussi autoritaire, répondit le domestique avec amusement, un léger sourire se dessina sur son visage. Vous allez me faire quoi ? Me retirez mon salaire ?

 -Et pourquoi pas ?

 -Je n'ai aucunement besoin d'argent si vous voulez tout savoir. Alors allez-y... menacez-moi, lança doucement le domestique alors qu'il s'approchait dangereusement de la femme.

        Pendant quelques secondes, le regard d'Ellen, habituellement autoritaire et imperturbable fut troublé par celui du domestique. Elle resta droite comme un piquet, ne sachant pas vraiment quoi dire. Ses lèvres essayaient d'articuler quelque chose mais rien ne sortait. Après quelques secondes, elle repoussa son domestique. Elle reprit ses esprits, passa une main dans ses cheveux et se dirigea vers le hall. Avant de quitter la pièce, elle se retourna vers Thomas.

 -Vous gardez des secrets bien trop dangereux. Je suis la propriétaire de ce manoir, il m'appartient, et je compte bien découvrir ce qu'il s'y cache. À l'intérieur, ET à l'extérieur.

        Elle partit, ne laissant que l'écho du bruit perçant de ses talons sur le plancher résonnant dans les oreilles du domestique.

 

2015, Oregon, États-Unis.

        Ethan n'arrêtait pas de regarder nerveusement derrière lui. Il poussait avec méchanceté sa grand-mère, qui avait parfois du mal à éviter les obstacles devant elle, telles que les arbres, les buissons ou encore les rondins de bois qui jonchaient le sol humide du bois. Elle pouvait malgré tout s'orienter, et Ethan essayait de mémoriser le chemin vers lequel sa grand-mère le conduisait. Malgré la lampe torche de son portable, il avait un peu de mal à s'y retrouver. Il avait parfois l'impression d'être perdu, de ne pas savoir ce qu'il faisait ici, ou de ne pas savoir pourquoi il faisait ça. Mais ça ne durait que quelques secondes. Il avait l'impression de ne plus avoir froid, de ne plus avoir soif, de ne plus avoir faim. C'était comme si toutes ses émotions, tout ce qui faisait de lui un humain, avaient disparu. Même s'il ne se considérait pas vraiment comme un humain, plutôt comme un être exceptionnel et doué de talents que personne d'autre à part lui ne pouvait posséder. C'était pour ça qu'il détestait sa sœur, il avait toujours l'impression qu'elle le rabaissait. Pourtant, c'était lui qui avait le plus d'amis, les meilleurs résultats. Il n'avait pas besoin d'aller voir un psychologue toutes les semaines. Mais voilà ce qui l'énervait, sa sœur était tellement étrange que tout le monde se préoccupait d'elle. Il avait parfois l'impression que ses parents aimaient plus Gwendolyn que lui. En même temps, il était l'aîné. Les parents préfèrent toujours les plus jeunes dans une fratrie. Dans un sens, il n'avait pas envie de se préoccuper de ses parents et de l'importance qu'ils accordaient à sa sœur, mais dans un autre, ça le rongeait. Ça lui faisait mal. Et il ne pouvait pas s'empêcher d'y penser. Pourquoi avait-il autant l'impression de perdre la tête ? Et surtout pourquoi était-il torturait autant intérieurement depuis son arrivée en Oregon ?

        Sa grand-mère se stoppa quelques secondes, toucha lentement un arbre et commença à cracher des mots incompréhensibles. Malgré tout, Ethan réussit à comprendre le mot "Ici" sortir de la bouche de sa grand-mère. Il comprit également la phrase "Je viens pour toi.". Il ne s'en préoccupa pas trop, après tout, sa grand-mère n'était qu'un moyen d'atteindre cet endroit, qui semblait d'ailleurs étrangement banal.

 -C'est ici ? Demanda agressivement l'adolescent en lâchant sa grand-mère pour commençait à regarder dans tous les sens.

 -Ici ! Hurla-t-elle.

        Il soupira. Elle avait l'air complètement folle. Il fouilla pendant quelques minutes. Il observa chaque recoin, chaque buisson, chaque tronc, mais il n'y avait absolument rien.

 -T'es sûr que c'est ici ?! Hurla le garçon.

        Sa seule réponse, fut le bruit du vent dans les feuilles.

 -Grand-mère ? Appela Ethan.

        Toujours rien. Il revint sur le dernier emplacement où il l'avait vu. Elle n'était plus là, et il n'entendait plus ses gémissements.

 -Merde... souffla le blond. Merde, merde, merde ! Continua-t-il en hurlant et en donnant un bon coup de pied dans un arbre.

 

***

        Thomas posa délicatement Ryan sur le lit. Il regardait avec attention le corps endormi du garçon.

 -Je n'ai aucune envie de te soigner, crois-moi, lança doucement le domestique. Mais ce pauvre garçon n'a rien fait, et pour lui, je vais le faire.

        Un sourire se dessina sur les lèvres de Ryan, et ses yeux s'ouvrirent d'un coup ce qui provoqua un petit sursaut à Thomas. Le visage de Ryan se tourna à s'en briser la nuque, pourtant, un sourire arborait toujours ses lèvres.

 -Tue-moi Thomas. Tue-le ! Hurlait le corps alors que ses yeux commençaient à devenir noire.

 -Nan, répondit doucement le domestique en se dirigeant vers la salle de bains.

        Il entendit Ryan toussait. Une toux grasse et rauque, comme s'il avait quelque chose de coinçait dans la gorge. Après cela, l'adolescent se mit à rire avec une voix beaucoup plus grave que celle de d'habitude.

 -C'est ça ton problème Thomas ! Tu n'as pas de couilles ! Tu prétends protéger ces personnes, mais tu n'es même pas capable de tuer un monstre qui peut tous les décimés ! Continua à hurler le garçon sur le lit.

        Thomas revint bien vite dans la chambre. Il regarda avec fureur l'adolescent qui souriait à pleines dents.

 -Va te faire, rétorqua le domestique en lui enfournant un bout de tissu dans la bouche pour qu'il se taise.

        Il n'y avait plus que des gémissements incessants et bien agaçants aux oreilles de Thomas. Même si l'adolescent semblait lui lancer des injures, il ne bougeait pas et le domestique put rapidement soulever son tee-shirt pour regarder la blessure de plus près. Quelques secondes plus tard, l'adolescent avait perdu connaissance. Le visage de Thomas s'assombrit, il s'approcha rapidement du jeune homme pour essayer de sentir son pouls. Mais plus rien.

 

***

 

        Ethan regardait partout, ne sachant pas quoi faire. Il était complètement perdu. Entre délire et réalité. Il ne savait plus ce qu'il faisait là. Il avait l'impression d'avoir perdu connaissance pendant plusieurs heures pour finalement se retrouver ici, en pleine forêt.

 -Ethan ?! Appela une voix familière.

        Le garçon se retourna et se retrouva face à son grand-père, des yeux remplis de peur. Sa sœur était là aussi. Elle avait l'air terrifiée.

 -Qu'est-ce que tu fais là ? Demanda amèrement son grand-père.

        L'ado était complètement paumé. Il n'arriva même pas à articuler une réponse, il se contenta d'haussait les épaules. Son grand-père se précipita vers lui. Il attrapa les épaules de son petit-fils et commença à le secouer.

 -Réponds-moi ! Cria le vieil homme.

        Une vision remonta à l'esprit du blond. Un visage.

 -Grand-mère, articula-t-il.

        Les yeux de son grand-père s'écarquillèrent. Il lâcha son petit-fils.  La blonde se mit à trembler. Henry tourna son visage vers le cimetière qui se trouvait juste à côté que Gwendolyn fixait avec de gros yeux. Il courut vers ce dernier et ne tarda pas à trouver sa femme. Cette dernière avait l'air d'avoir du mal à ouvrir la porte de la grange qu'avait trouvée Gwendolyn plus tôt. C'était hors de question pour elle d'y retourner. Il enjamba les tombes et se précipita vers la vieille femme qui hurlait pour qu'on lui ouvre la porte.

 

1948, Oregon, États-Unis.

        Ellen se tenait sur le porche de la maison, regardant le soleil se levait. Elle avait toujours trouvé ça magnifique, ça l'aidait à penser. Il était encore tôt. Elle était encore en robe de chambre et le vent frais du matin venait souffler sur son visage et s'immiscer dans son cou pour laisser des frissons parcourir tout son corps. Elle ferma les yeux. Mais quelque chose vint chasser son humeur pensive. Des bruits de pas, juste derrière elle. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle découvrit avec surprise son domestique, déjà coiffé et habillé. Elle posa son regard sur lui pour finalement détourner le visage vers le ciel.

 -Il y a des choses que vous ne devriez pas savoir Ellen. Pour votre propre sécurité, et celle de votre fille, commença le brun très formellement.

        Elle soupira longuement.

 -Vous avez probablement raison Thomas. Mais vous savez, je n'ai jamais été en sécurité, répondit doucement la femme.

 -Qu'est-ce que vous voulez dire ?

        Elle tourna lentement son visage vers lui, qui la regardait à son tour.

 -Ma fille voit des choses. La nuit, elle ne veut pas s'endormir parce qu'elle a peur que les morts viennent la réveiller. Même si Victor ne veut pas l'admettre, il n'est pas très net. Je le connais depuis assez longtemps pour savoir qu'il est comme sa fille. Mais il ne veut pas l'avouer, à cause de sa fierté et à cause de l'image qu'il veut donner à moi et à notre enfant. Et moi-même, je commence à perdre la raison, du moins j'en ai l'impression. Il m'arrive de regarder par la fenêtre le soir et de voir des choses qui m'observent dans les bois. Ou que j'aille, je ne serais pas en sécurité.

        Elle se mit à fixer ses pieds.

 -Peut-être que... commença Thomas

        Ellen le coupa :

 -J'ai pris une décision Thomas.

 -Laquelle ?

 -Nous allons quitter le manoir. Rien de bon ne se passe ici.

        La bouche de Thomas s'ouvrit. Il était prêt à dire quelque chose, mais absolument rien n'en sortit. Il baissa la tête.

 -Peut-être que c'est ce qu'il y a de mieux, souffla-t-il.

 -C'est ce qu'il y a de mieux, assura Ellen en regardant l'horizon.

 

2015, Oregon, États-Unis.

        Ethan ouvrit doucement la porte d'entrée du manoir. Les quatre individus pénètrent à l'intérieur de la bâtisse. Étonnement, Abigail Spicer, la grand-mère d'Ethan et de Gwendolyn, s'était endormie. Le jour commençait tout juste à se levait. Henry, qui portait sa femme, la déposa doucement sur le canapé du salon tandis que Gwendolyn et Ethan s'assirent sur un autre. Thomas ne tarda pas à pénétrer dans la pièce, le visage pâle. Tous le fixèrent.

 -Gwendolyn, commença-t-il. Ton grand-père et moi avons retrouvé Ryan dans les bois. Il était très mal en point et un animal l'avait blessé...

 -L'avait ? Répéta la jeune fille doucement.

        Thomas baissa son visage.

 -Il est... Il est mort, s'efforça-t-il de dire.

        Il n'y avait plus aucun bruit. Pendant quelques secondes la forêt s'était tu. Gwendolyn se mit à fixer quelque chose, elle ne savait pas vraiment quoi. Elle fixait le vide probablement. Elle voulait que des larmes inondent son visage, mais rien ne sortait. Ses yeux restèrent sec. Elle sentit la main de son frère se poser sur son épaule, mais d'un léger mouvement, elle lui fit comprendre qu'elle voulait qu'il la retire et c'est ce qu'il fit. Henry envoya un triste regard à son domestique qui lui rendit. Gwen se leva, poussant Thomas sans s'excuser. Elle ouvrit doucement la porte d'entrée et sortit à l'extérieur. Son frère la rattrapa bien vite. Il attrapa vivement son poignet.

 -Gwen ?! Qu'est-ce que tu fais ?

        Elle se retourna, son frère lâchant son emprise.

 -Ça ne craint rien la journée. Il n'y a rien dans cette forêt... la journée.

        Il la laissa partir. Il la laissa s'engouffrer dans les bois alors qu'elle ne voulait pas y aller. Mais il n'y avait que ça qui pouvait lui faire penser à autre chose.

 

***

 

        Il était tard, mais Henry ouvrit la porte menant au sous-sol. Il n'avait pas encore été voir son petit-fils pour le sermonner d'avoir libéré sa grand-mère. En même temps, l'adolescent n'était pas sorti de sa chambre de toute la journée. Il laissa Thomas pénétré dans les escaliers avant lui. Il ferma la porte derrière lui.

        Abigail était une nouvelle fois attachée à un lit, elle semblait être endormie. Il était tard, alors c'était normal. Thomas ouvrit une porte se trouvant dans la cave. Elle était plus ou moins dissimulée derrière un meuble à chaussures. Henry posa un premier pied dans la pièce sombre et avant même que Thomas n'allume la lumière, il savait ce qui se trouvait ici.

        La lumière fit découvrir au grand-père un jeune adolescent qu'il avait d'ores et déjà croisé. Ryan.

 -Alors ? Comment il a survécu ? Demanda avec curiosité le vieil homme en s'approchant de l'adolescent endormie.

        Thomas l'avait vêtu d'un simple tee-shirt gris et d'un vieux jogging un peu trop grand. Ses poignets étaient attachés à des chaînes reliées au mur sur lequel l'adolescent était adossé. Thomas croisa les bras.

 -La possession n'a pas que de mauvais effets, répondit le brun.

        Le grand-père prit une mine inquiète. Il détailla attentivement le jeune homme.

 -Très bien, souffla Henry. Commençons.

Note de l'auteur :

Merci beaucoup d'avoir lu ce chapitre, sûrement, encore une fois, bourré de fautes :/ Mine de rien, l'histoire commence à avancer et je pense que vous pouvez d'ores et déjà comprendre certaines choses. Vous pouvez laisser un commentaire (une critique si elle est constructive) et je vous dis à bientôt :D

Bisous :*

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