Retrouve moi
Amélia Williams, ce nom sonnait en écho dans sa tête. C'était le sien, pourtant il lui était comme étranger. L'avait-on déjà appelé ainsi ? Bien sûr que oui. Elle fixé le miroir devant lequel elle se tenait. Et s'ils ne la reconnaissaient pas ? S'ils la haïssaient même ? Était-elle assez forte ?
Prise d'une pulsion soudaine elle frappa le miroir de son poing. Celui-ci se cassa sous le coup et des petits morceaux tombèrent. Voilà il était brisé... Comme elle.
Elle soupira et sortit de la salle de bain, sa serviette toujours enrouler autour de sa taille. Ses longs cheveux ébène pendaient tristement dans son dos, elle les sécha en les brossant. Elle prit ensuite une tenue au hasard et s'habilla rapidement. La jeune fille jetât un coup d'œil à sa montre, elle était dans les temps. Elle enfila ses chaussures, repassa par la salle de bain sans se soucier de marcher sur les bouts de verres et fixa son reflet fendu une dernière.
- Comment pourraient-ils me reconnaître, je ne me reconnais plus moi-même, dit-elle à la glace.
Sur ces mots elle attrapa sa valise, sa veste et quitta la chambre d'hôtel. Vingt minutes de taxis plus tard elle arrivait devant l'université « Anteros » de Sweet Amorie.
- Tout va bien se passer, se répétait-elle.
Malgré le stress une sensation qu'elle n'avait pas ressentie depuis longtemps fit place dans sa poitrine, l'impatience.
- A..Amélia ?..
La brunette fit volte-face à l'entente de son nom. Devant elle se trouvait une magnifique jeune femme de son âge, ses cheveux coupés en un carrée dégradé d'un blond presque blanc voltaient porté par le vent et ses yeux noisette mordorés fixaient notre héroïne avec incompréhension.
- Rosalya, souffla-t-elle doucement
- Tu... C'est vraiment toi ?
La jeune femme se rapprocha de la brune et Amélia remarqua qu'elle était certainement sur le point de pleurer.
- Je..., commença-t-elle
Mais Rosalya la coupa en la prenant dans ses bras. Amélia écarquilla les yeux de surprise, elle s'attendait à ce qu'il vient, ce sentiment qui la bouffait jours après jour. Mais rien, aucune panique ne monta dans sa gorge, aucune peur, elle se sentait bien. Alors doucement, prudemment elle répondit à cette étreinte.
- Rosalya...
- Pourquoi t'as pas appelé ? Pourquoi t'as coupé les pond ?
- Je suis désolé... Ce n'était pas vraiment voulu.
Ou si ? Non, ce n'était pas de sa faute.
La jeune femme blonde se détacha de son ancienne amie et l'observa. Quelque chose avait changé chez elle s'était indéniable, mais quoi ? Son regard bleu avant si pétillant s'était ternie elle semblait comme éteinte et ça lui serra le cœur. Pendant 4 ans, elle avait oscillé entre l'inquiétude et la colère comme un peu près tous ceux qui tenaient à cette fille. En vérité personne ne savait ce qu'elle était devenue, ils étaient dans le flou pendant trop longtemps et la vie continuait. Cependant à cet instant précis, Rosalya sut, elle sut que tous ces mois à se ronger les sangs et à pleurer son amie n'était pas futile. La personne qui se tenait devant elle n'était plus que l'ombre de celle qu'elle avait connu. Quelque chose était arrivé, quelque chose de grave.
Elle respira un coup et agit de la meilleure façon qu'elle put trouver. Elle sourit et lui saisit le bras en l'entraînant avec elle.
- Tu vas à la fac toi aussi ?! Allez viens ! Ah tu m'as tellement manqué ! T'as loupé plein de truc je te raconterais ! Il paraît qu'il y a des profs vachement sexy ici, j'ai hâte de voir ! Me regarde pas comme ça, je sais j'ai Leigh mais regarde n'a jamais fait de mal !
Elle avait enchaîné tout ça à une telle vitesse qu'Amélia se demanda comment elle faisait pour respirer. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres, c'était bien sa Rosa.
Du coin de l'œil, la blonde vis ce sourire. Voilà c'est comme ça qu'elle l'aidera, comme ça qu'elle comptait retrouver son amie. Bien sûr les questions fourmillaient dans sa tête mais ce sera pour une autre fois, car cette fois-ci elle ne la laissera plus partir.
En entrant dans la faculté, elles croisèrent deux filles. L'une était un peu typée avec de beaux cheveux bouclés bien noir. Elle s'en prenait à l'autre, l'insultant à cause de son look branché gothique.
Rosalya fronça les sourcils et s'apprêta à remette à sa place la petite peste quand celle-ci fit mine de pousser la gothique. Et c'est alors que tout naturellement Amélia lui fonça dedans, littéralement. Elles tombèrent toute deux devant la stupéfaction de tous.
- Ça fait quoi d'être celle qui prend ? lui cracha Amélia
- Mais t'es tarée !
Rosalya vient alors à son secours en la relevant puis elle adressa un regard dédaigneux à la harceleuse.
- Je serais toi je partirais en faisant profil bas. Les personnes qui rabaissent les autres ne vaut généralement pas la peine d'être entendues, lui dit-elle en passant son chemin traînant derrière elle son amie fraîchement retrouvée.
Une fois qu'elles furent assez loin la bonde éclata de rire.
- Oh la vache tu me surprendras toujours toi ! Qu'est-ce qui t'as pris ?
- Je ne sais pas..
Mensonge.
- Dit Rosa, ils sont devenue quoi les autres ? Y en a beaucoup à la fac ?
Ladite Rosa tiqua à son surnom, elle ne l'avait pas oubliée, ça faisait du bien.
- Oh euh, à la fac il y a Mélodie, Priya, Alexy, Nathaniel y est inscrit je crois mais ne t'attends pas à le voir. Il a disons beaucoup changé, personne ne l'avais vu venir celle-là d'ailleurs. Je te raconterais.
Et, elle hésita, il ne vient pas souvent non plus mais il y a Castiel.
La jeune femme frémit à l'entente de ce nom, Castiel. Jamais elle ne pourra le regarder dans les yeux après ça... Non, non elle ne devait pas y repenser. Le docteur Smith avait dit qu'elle devait avancer, elle avait déjà fait beaucoup de progrès. Elle serra les poings et se focalisa sur son amie qui était repartie pour un monologue.
- Tu vas loger où en fait ?Demanda Rosalya en pointant sa valise
- Je vais prendre une chambre sur le campus.
-Ah mais il faut que t'aille voir le référent alors qu'il te donne tes clefs et ton numéro de chambre.
- Je ne savais pas, souffla-t-elle
- Fais pas cette tête je vais t'accompagner.
- Merci Rosa, fit-elle avec un sourire
Ils étaient fugaces mais ils étaient là ses petits sourires et cela redonnait de plus en plus d'espoirs à la blonde.
- Tiens c'est ici, dit-elle en pointant un bureau, faut que tu parles à ce type.
Le type en question, légèrement ventripotent, semblait vouloir être partout sauf à sa place. Il parlait avec une lassitude alarmante.
Lorsqu'Amélia pénétra dans le bureau il ne releva même pas la tête.
- Nom, prénom, cursus?
- Williams Amélia, en 5ème année d'arts.
Il examina sa liste puis se tourna vers un panneau rempli de clefs et chercha celle de la jeune fille.
- Chambre 206, dit-il, et non vous ne pourrait pas changer de colocataire pas la peine de revenir dans 20 minutes.
Il saisit une clef et il la juta sans force sur le bureau.
- Il y a une erreur je devais avoir une chambre personnelle car je viens d'un programme spécial.
Il relava les yeux vers elle et la regarda pour la première fois.
-Ah c'est vous la réinsertion je suis désolé mais suite à un manque de place il n'y a pas de chambre individuelle cette année. Voulez-vous tout même garder la chambre ?
Non.
- Oui je n'ai pas le choix apparemment.
Elle prit la clef et rejoignit son amie sans vraiment regarder devant elle et se cogna à ce qui devait être un torse. Finalement centaine chose ne changeait pas. Elle releva la tête et se retrouva confrontée à un homme plutôt jeune aux yeux vert avec la peau légèrement basanée. Un apollon grec, voilà ce qu'elle pensa. Elle recula rapidement ne supportant pas la proximité d'un homme qui plus est inconnu.
- Pardon je ne vous avais pas vu.
- Ce n'est rien mademoiselle. Je suis Rayan Zaidi votre professeur d'art moderne et contemporain, ravi de vous rencontrer.
-Comment savez-vous que je suis en arts?
- Je l'ai déduit à votre façon de vous tenir et votre habilité à marcher.
- Pardon ?
- Je l'ai surtout entendu tout à l'heure, dit-il avec un clin d'œil avant de la contourner et de rentrer dans le bureau.
Devant elle se tenait à présent Rosalya avec des étoiles dans les yeux.
- Il est trop craquant celui-là !
- Je ne cherche personne en ce moment.
- Ça ne coûte rien de tester !
- Mais c'est un prof.
- Et alors ? fit-elle avec malice ce qui fit rire son amie
Rire, ça faisait longtemps se dit Amélia, finalement elle avait bien fait de revenir. Avec Rosalya elle se sentait plus légère, plus apte à oublier.
Oui c'était vraiment une bonne chose.