Destins liés
J'avais toujours les yeux posés sur cet homme qui m'avais fait découvrir de bien bonnes sensations la nuit dernière mais je ne comprenais pas son comportement. Il se montrait doux et sensible et la seconde d'après il se comportait comme un véritable connard. J'avais du mal à le cerner et je ne savais pas quelle attitude avoir en sa présence. Mais ce qui m'énervais le plus, c'était mon cœur qui battait la chamade à chaque fois que je le voyais. Je n'étais pas amoureuse de lui. Je ne pouvais pas être amoureuse de lui alors pourquoi sa simple présence suffit pour que mon cœur s'emballe ?
Mon regard se détourna bien vite en voyant Tiago arriver. J'affichais un rictus amusé en voyant celui-ci toujours de mauvaise humeur. C'est d'ailleurs pour cette raison que tout le monde l'appelle "Mr.Grognon".
Je jetais un dernier coup d'œil au militaire avant de partir avec mon ami d'enfance.
Tiago m'emmena à la plage. Nous nous baladions côte à côte, marchant sur le sable fin. Aucun de nous ne disait un mot. Mes pensées étaient dirigées vers Evan, qui hantait mon esprit. C'est alors que je sentis des mains fermes se poser sur ma taille. D'un seul geste, Tiago me ramena à lui et nos corps étaient à présent coller l'un à l'autre.
Les souvenirs d'y il y a quatre ans me reviennent subitement. C'était l'année où Lysandre m'avait quitté, je m'étais rendu dans la ville voisine pour me ressourcer. A l'hôtel où je séjournais, j'étais tombé sur Tiago, qui était seul comme à son habitude. Je ne sais pas trop ce qui s'est passé ensuite, en un éclair, je m'étais retrouvé dans la chambre du brun.
L'embrassant langoureusement jusqu'à me retrouver nue dans son lit. Nous avons couché ensemble tout le week-end, certainement parce qu'on se sentait seul tous les deux.
Une fois le week-end terminé, nous avons repris nos routes et nous nous sommes plus revu jusqu'à aujourd'hui. Je n'avais parlé de ça à personne, même pas à Viktor, surtout pas à Viktor, il le prendrait très mal de savoir que sa meilleure amie s'était offerte à son cousin qu'il détestait.
-Tu penses à cet idiot qui était avec toi avant que j'arrive ou à notre week-end mouvementé ? Me demanda-t-il avec son regard naturellement arrogant posé sur moi.
-Arrête tes conneries Tiago ! On s'était mis d'accord pour ne plus reparler de ce week-end !
Tiago s'éloigna de moi, un rictus aux lèvres.
-J'imagine que cet enfoiré de Viktor n'est pas au courant de ton petit moment d'égarement et je suppose que c'est lui qui t'appelle. Mon téléphone s'était mis à sonner et effectivement c'était Viktor qui m'appelait. Ça ne doit pas lui plaire de te savoir avec moi. Tant mieux, je compte te garder près de moi le plus longtemps possible.
Il accompagna ses paroles par une caresse sur ma clavicule. Je le regardai, les sourcils froncés, comprenant son petit manège.
-Je ne suis pas un instrument que tu peux manipuler à ta guise ! Et ne m'utilise pas dans ta petite guéguerre avec Viktor ! Je soupirai bruyamment avant de continuer. Vous me saoulez tous les deux, vous ne pouvez pas mettre votre fierté de côté et faire la paix ?
-Ferme là espèce de petite dinde. C'est comme ça et ça ne changera pas. Tu m'as saoulé, dépêche toi que je te ramène.
-Je préfère encore rentrer à pied.
Les bras croisés contre ma poitrine, j'attendais que Tiago s'excuse mais au lieu de ça, il était parti en soupirant, me laissant seule sur la plage. Ce mec était vraiment insupportable. Ce n'était plus le Tiago de mes souvenirs, c'était carrément une autre personne. Pourquoi est-il devenu comme ça ? Avant c'était un petit garçon qui respirait la joie de vivre mais depuis qu'il était rentré de Sicile, où il était allé en vacances avec ses parents, il est devenu une personne aigri qui détestait tout ce qu'il l'entoure.
Sur la route pour rentrer chez moi, des éclats de voix se firent entendre dans une petite ruelle. Je reconnu mon ancienne camarade du lycée Mélody et la silhouette d'un homme qui s'en aller. En se retournant, Mélody, les yeux larmoyants, remarqua ma présence.
-Est-ce que ça va Mélody ?
-Comme d'habitude Charlie Woods se mêle de ce qui ne la regarde pas. Ça fait longtemps que tu nous écoutes ?
Mélody et moi nous nous sommes jamais appréciés et ça n'avait visiblement pas changé en quatre ans.
-Prend pas ce ton avec moi et non je n'ai rien entendu je viens d'arriver ! Et puis t'as qu'à te démerder.
Sur ces derniers mots, je m'en allai laissant Mélody seule dans cette ruelle. Ils se sont tous donné le mot pour m'énerver aujourd'hui.
En passant la porte de l'appartement, je vis Viktor sur le balcon, en train de fumer une cigarette. Cette vision m'énerva davantage. Je m'avançai furieusement vers lui et arriver à sa hauteur, d'un geste je fis tomber sa cigarette du haut du balcon.
-Putain Charlie ! S'écria mon meilleur ami.
-Ton médecin a pourtant été clair, ce poison est à proscrire ! Fais gaffe à tes poumons bon sang !
-Qu'Est ce que j'en ai à foutre de son avis. Au moins comme ça je rejoindrai rapidement ma mère et tu pourras passer plus de temps avec ton Tiago.
Viktor prononça le prénom de Tiago avec une once de dégoût dans la voix. Lorsqu'on a appris que Viktor souffrait d'une malformation des poumons et qu'à tout moment il pouvait y laisser la vie, mon monde s'était écroulé. Viktor était mon âme sœur, mon univers, il était tout pour moi et je ne supporterais pas de vivre sans lui. Il avait déjà tenté de se donner la mort lorsque sa mère décéda dans un accident de voiture. Quand il prononça ces mots, je n'ai pu retenir ma main qui s'est violemment cognée à la joue de mon meilleur ami.
-Ne redis plus jamais ça. Ma voix était tremblante et mes yeux humides.
Viktor se leva, le regard triste et vint me prendre dans ses bras en s'excusant. Il plongea son regard profond dans mes yeux émeraudes et, comme si nous étions que des pantins qu'on manipule, nos lèvres se touchèrent, laissant rapidement place à un baiser passionné.