Histoires colorées de l'île Panorama

Chapitre 9 : Se libérer par le cri

707 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/10/2020 16:51

Se libérer par le cri

Lorsqu’elle s’était installée sur l’île Panorama, Friga s’était renseignée sur ses voisins, ainsi que sur l’animal qui avait occupé avant elle la maison où elle vivait désormais.

On lui apprit qu’il s’agissait de Pompon, une jeune canne assez excentrique, et très naïve. Sur quelques photos prises lors du festival de fin d’été, affichées à la mairie mais aussi dans quelques maisons – cela avait été un moment particulier pour les habitants apparemment – on la voyait, toute excitée par les feux d’artifice et autres cierges magiques que chacun faisait brûler.

« On dirait pas, lui dit Napoléon alors qu’elle observait attentivement chacun des clichés exposés sur le mur d’entrée du bureau des résidents, mais cette petiote avait de sacrés poumons !

– Qu’est-ce que tu veux dire par là ? Elle te battait au record d’apnée ? » plaisanta le manchot.

L’aigle fit écho à son rire d’un bruit assez fort. Cela lui valut un regard noir de la part de Tom Nook – et de ses gigantesques cernes qui grossissaient de jour en jour visiblement –, ainsi qu’un rappel au silence soufflé timidement par Marie alors qu’elle rangeait des documents dans une étagère à compartiments. Pourquoi ces deux-là conversaient-ils ici, alors qu’ils semblaient ne faire la queue ni pour la voir elle ou son collègue, et encore moins pour retirer de l’argent ou en déposer au distributeur ?

« Elle aurait pu tenter sa chance, ricana-t-il en claquant du bec, mais jamais elle n’aurait pu battre le grand Napoléon !

– Ça, je m’en doute bien ! Nul ne peut te surpasser !

– Peut-être Reynald, en vrai, fit l’oiseau dans un semblant de réflexion, avant de se reprendre. Lui aussi est tenace. Je t’ai parlé de notre concours de muscles ? Ça s’est fini sur une égalité parfaite ! J’enrage encore ! »

Nouveaux regards lourds de reproches de la part des employés de bureau. Friga tira Napoléon hors de là par l’aile, et l’invita à s’asseoir sur un banc non loin de là. D’ailleurs, pourquoi était-elle venue là dans un premier temps ?

« Là, on nous reprochera pas de discuter, glissa-t-elle à son camarade de conversation qui acquiesça. Enfin bon, pourquoi tu dis qu’elle a des poumons d’acier ?

– Parce qu’elle chantait souvent, elle aussi, expliqua-t-il en plissant les yeux. Un peu comme Apollon sur la place du bureau des résidents. Bah elle, elle s’enfermait avec un appareil à karaoke dans sa maison, le son à fond, mais quand je dis à fond, c’est vraiment à fond ! On l’entendait parfois depuis chez Reynald quand les fenêtres étaient ouvertes ! Enfin bon, elle passait les mêmes CD en boucle, et presque toujours les mêmes chansons.

– C’est juste une petite qui aime chanter, répondit une Friga peu convaincue, voire presque désabusée. Je ne vois pas en quoi elle fait preuve d’un souffle fantastique.

– Parce que tu ne sais pas quel type de chansons elle chantait ! »

Napoléon fit tenir le suspense encore quelques instants, avant de révéler le grand secret qu’elle seule ignorait. Apparemment, elle était extrêmement – même ce mot n’était pas suffisant pour exprimer son amour de la musique – friande de heavy metal. Ses groupes préférés – ou plutôt, ceux dont elle passait les disques encore et encore jusqu’à ne plus en pouvoir – étaient la Vierge de Fer, Nœud Coulant ou encore Métallique-A. Que de sons violents que Friga n’oserait jamais écouter de peur d’en perdre des points d’audition.

« Peut-être qu’elle adorait crier, pouffa Napoléon. En tout cas, c’était assez impressionnant à voir et à entendre. Peut-être qu’elle avait des problèmes et ne pouvait se libérer qu’avec le cri, ou encore le chant très puissant de ces groupes ? En tout cas, c’était drôle de l’écouter ! »

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