Arthur: La Vraie Malédiction

Chapitre 7 : L'Horreur derrière le Conte

3058 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 12/08/2022 15:50

Surpris au point qu'il faillit en lâcher sa caméra, Valentin réalisa vite qu'il n'hallucinait pas. C'était bien son pote d'enfance Caleb face à lui, habillé tout en sombre, s'étant barbouillé le visage de boue et vivant tel un survivaliste au fond des bois dans la cave d’une cabane en ruine. Plusieurs questions fusèrent dans le cerveau du pauvre Valentin qui, plus le temps passait, plus était perdu face à tout ce qui se passait. Caleb, bien plus calme quant à lui, posait sa lance dans un coin avant de se retourner de nouveau vers son ami.

_ Écoute mec, je sais ce que tu dois penser, et je...

Caleb fut interrompu dans sa phrase par la main de Valentin venant lui coller une mandale dans la joue, n'ayant visiblement pas oublié leur dernière conversation animée au téléphone concernant le tournage. Mais juste après ce coup, Valentin, les larmes aux yeux, attrapa Caleb et vint l'étreindre avec force, ce qui surprit ce dernier sur l'instant pour ce revirement de situation.

_ T'as vraiment une drôle de façon de célébrer des retrouvailles, dit Caleb en lui tapotant le dos.

_ Oh ta gueule, espèce de traître, souffla Valentin dans un rire fatigué, plus nerveux que vraiment en colère.

_ C'est plutôt toi que je devrais engueuler et frapper, ajouta Caleb, lui aussi dans un petit rire triste. Pour être venu ici. Ou sont Lucie et Sacha?

_ Je... ils ont été... à vrai dire je sais même pas ce qui a pu leur arriver et ou ils sont maintenant, tenta d'expliquer Valentin, se sentant encore honteux d'avoir fui et les avoir abandonnés. Caleb... qu'est-ce qui se passe ici bordel? C'est quoi ce putain de cauchemar?

Caleb comprit bien que son ami ai tant de questions sur ce qui se passait ici, et lui proposa de s'asseoir avec lui près de la vieille chandelle, tout en lui conseillant de ne pas parler trop fort, car indiquant apparemment que ces choses dehors étaient dotées d’une ouïe particulièrement fine. Valentin, ressentant les effets de la fatigue après avoir autant couru, mais aussi en raison de l'intense sentiment de peur qui parcourait encore ses veines, s'assied, posant la caméra mais gardant celle-ci allumée afin d'enregistrer et avoir un maximum de preuves. Caleb alla chercher quelques barres énergisantes dans son sac et en proposa une à Valentin, histoire qu'il reprenne un peu de forces. N'ayant pas une faim terrible, il se força tout de même à manger un peu.

_ D'abord, je tiens à m'excuser de t'avoir parlé comme ça au téléphone, Valentin, dit Caleb. Mais si je l'ai fait c'était pour te dégoûter, pour que tu renonces à ce tournage et ne vienne pas ici. Mais visiblement, j'ai sous-estimé ton entêtement.

Pendant qu'il écoutait son ami, Valentin avait rembobiné certaines des séquences enregistrées sur la caméra, en particulier celles montrant la forme de cette créature dans la forêt, mais assez mal visible malgré la vision nocturne en raison du cadrage hasardeux et des tremblements de peur des mains de Valentin.

_ Et tu savais que si tu me disais la vérité, je t'aurais jamais cru à propos de... tout ça, souffla Valentin en regardant vers lui.

Caleb acquiesça en silence.

_ Même en l'ayant vu, j'arrive toujours pas à croire ce qui se passe ici, ajouta Valentin en soufflant lourdement, des frissons le parcourant rien que d'y penser. C'est forcément une putain de mascarade, du genre prank mais ultra élaboré. Ouais, ça peut être réel, n'est-ce pas?

C'est la peur qui le faisait parler ainsi, l'obstinant à ne pas vouloir croire ce qu'il avait vue pour se rassurer, mais Caleb ne se montra pas aussi optimiste par l'air qu'il montra et secoua doucement la tête.

_ Oh si c'est bien réel, malheureusement, même moi j'aimerais croire que c'est juste une foutue blague imaginée par des petits cons histoire de faire le buzz, mais non... Valentin, tu te souviens de l'histoire de la secte du 13ème siècle venue d’Afrique et qui enlevait des gens pour les chasser dans cette forêt?

_ Non, arrête, dit Valentin en devinant bien ou voulait en venir son ami. C'est impossible, ça peut pas être eux. C'était il y a des siècles mec, et c'est qu'une foutue légende urbaine pour faire peur aux gosses.

Encore une fois, Caleb resta on ne peut plus sérieux et secoua la tête pour affirmer la véracité de ses propos et reprit la parole.

_ Quand je suis arrivé sur place, j'ai été à la bibliothèque de la ville la plus proche pour faire des recherches approfondies sur l'histoire de la région, et surtout du domaine de la maison. La secte, les disparitions, les sacrifices humains... tout était vrai, mec. Tout. Mais c'est plus tard que j'ai réalisé qu'on venait de foutre les pieds dans une saloperie de traquenard.

_ Comment ça? dit Valentin avec confusion et enregistrant ces explications avec la caméra.

_ Les gens dans le coin, ils sont au courant de ce qui se passe, révéla Caleb. Mais ils disent rien, ils gardent ce putain de secret, de générations en générations, et tu sais pourquoi? Parce que certains d'entre eux font partie de cette secte, et parmi eux, le gérant du gîte ou ont étaient censés se retrouver avant d'aller à la maison.

Le proprio du gîte Liseclaire? Celui à qui ils avaient parlé et leur avaient dit que Caleb était reparti? Valentin fut choqué de cette révélation et vit très bien que Caleb ne déconnait pas du tout, et d'ailleurs qu'il n'avait aucune raison de lui mentir là dessus.

_ Le fils de pute, souffla Valentin en réalisant la chose.

_ C'est comme ça qu'ils procèdent: le gîte n'est qu'un immense piège, pour appâter toujours plus de rats. Quand j'y suis arrivé, j'ai vite réalisé qu'il se passait un truc pas normal: d'abord la disparition des clés de ma voiture, et aussi ma carte d'identité et ma carte bancaire. Je suis aller me plaindre au gérant pour ces vols, et il m'a dit qu'il préviendrait les gendarmes, mais je voyais qu'au fond il était pas serein. Et je me retourne à peine que cet enfoiré essaye de me choper par derrière et de me couper le souffle pour me faire perdre conscience. J'ai réussi à me dégager et à me barrer d'ici, et ce bâtard a même essayé de m'avoir au fusil alors que j'atteignais la forêt. J'ai ensuite vu que ma voiture avait été embarquée par d'autres pourris, et qu'ils étaient à ma recherche. Et depuis plusieurs jours maintenant, je me cache ici, à survivre comme je peux et à essayer de trouver un moyen de m'échapper de ce piège, mais pas moyen. Ces enfoirés ont des membres absolument partout dans le coin.

Valentin n'avait pas perdu une miette de l'explication, et tout était enregistré sur la caméra maintenant. Quelle histoire de fou, pensa-t-il au début, mais il faisait assez confiance à Caleb pour savoir qu'il ne mentait pas. Il ne savait pas trop comment réagir à ça, entre rire, pleurer, hurler de colère…

_ C'est du délire? Pourquoi? Pourquoi est-ce qu'ils font ça? demanda Valentin.

_ C'est là que ça devient encore plus dingue, et même totalement surréaliste, renchérit Caleb, loin d'en avoir fini avec les révélations. Cette secte d’Afrique se fait bien appeler les Bogo Matassalai. Ouais, comme la tribu dans les films, mais il y a pas que ça. Au 13ème siècle, quand la secte a fuie l'Afrique pour venir se réfugier ici... Ils ont amenés quelque chose avec eux... Quelque chose de pas humain...

Un frisson de grand effroi parcourut l'échine de Valentin, qui jeta à nouveau un regard sur l'image en pause de sa caméra, montrant la forme humanoïde aux oreilles pointues et aux yeux brillants dans l'arbre, regardant droit vers l'objectif. Quelque chose de pas humain? Ayant revu le premier film il y a quelques jours, Valentin se souvenait que, dans l'histoire, les Bogo Matassalai étaient liés aux Minimoys et vivaient en harmonie avec eux, et que ce fut le grand-père d'Arthur qui les ramena avec lui d'Afrique... Ce n'était là que le scénario d'une histoire pour enfants, mais et si, dans la réalité... Valentin n'arrivait pas à croire ce qu'il était en train de penser, mais tout était déjà tellement partie en vrille que dans le fond ... Il rebaissa son regard choqué vers l'image de la chose, avant de se retourner vers Caleb.

_ Tu... t'es vraiment en train de me faire comprendre que... ces trucs là dehors, ce sont des...

Il n'osa même pas dire le nom tant cela paraissait improbable.

_ C'est pas leur vrai nom, avoua Caleb. Un nom comme ça, ça peux pas exister. Minimoys, ça fait gentillet, féerique, ça plaît aux enfants. Pareil pour la taille de 2 millimètres, car qui irait craindre des machins pas plus grand qu'un pouce? Encore un bon moyen de masquer ce qui se cache vraiment derrière la vérité. Les Bogo Matassalai vivent pas du tout en symbiose avec ces... créatures... ils les vénèrent, et ils sacrifient des humains à leur gloire... En les espionnant, je les ai même entendus les appeler les... Shetani.

Shetani? Valentin dut reconnaître qu'il n'avait aucune idée de ce que ça pouvait être. Il aurait bien voulu faire une recherche internet sur son téléphone, mais le réseau était si inexistant que ça ne valait même pas le coup d'essayer. Caleb en ayant fini avec le gros des révélations, Valentin se laissa tomber en arrière sur le vieux matelas merdique, se passant le visage dans les mains. Il souhaitait tellement que ce soit le cauchemar le plus long et tordu de toute sa vie et qu’il allait se réveiller d’un instant à l’autre dans son appart à Paris. Il avait l’impression de perdre la tête et qu’il finirait à l’asile de fous. Il avait envie de pleurer, de gueuler, mais savait que ça ne servirait à rien de se lamenter.

_ Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda le jeune homme en se redressant et en étant parvenu plus ou moins à accepter l’horrible vérité de cette situation.

_ On doit procéder par ordre, répondit Caleb en reprenant sa lance en main, arme qu'il avait sûrement à piquer à ces enfoirés. Sans réseau, impossible d’appeler à l’aide. On peut pas non plus se barrer d'ici à pied comme j'ai dit, ils ont des complices absolument partout autour des bois, on fera dix pas hors de la forêt sans se faire chopper. Donc, en attendant, on va aller chercher Lucie et Sacha et les tirer de leurs sales pattes, et ensuite on avisera.

_ Que... Quoi? Mais, on sait même pas s'ils sont encore vivants, haleta Valentin.

_ Je pense qu'ils le sont, rétorqua Caleb, plus convaincu. Cette nuit c'est la pleine nuit, et c'est généralement ces nuits qu'ils font des sacrifices. Ils les voulaient vivants, c'est sûr et certain. Mais on doit se grouiller si on veut espérer les tirer de là à temps.

Caleb attrapa un couteau, encore quelque chose qu'il avait sûrement réussi à piquer à ces psychopathes et le passa à Valentin, pour le cas où ils auraient à se défendre. Mais alors qu'ils se préparaient, leurs coeurs bondirent de peur et de surprise à l'entente de bruits de pas et de voix en approche. Vite, Caleb se dépêcha d'éteindre la chandelle, se plongeant avec Valentin dans l'obscurité la plus opaque de la cave, et tous deux se figèrent, ralentissant même leurs respirations. Valentin, malgré la trouille qu'il éprouvait, garda son calme et réactiva la vision nocturne de la caméra. Des filets de poussière se mirent à tomber sur leurs têtes alors que les planches de bois laissaient entendre leurs craquements sourds. Ils étaient juste au dessus d'eux.

_ Mais bordel, ou est-ce qu'il peut être? pesta l'un des hommes avec fureur, mentionnant Valentin.

_ Ferme ta gueule et continue à chercher, intervint un autre. Si on revient encore bredouille, c'est nous que le chef va sacrifier aux maîtres.

_ Oh bordel, j'en ai marre, grogna le premier. J'te jure, dès que je retrouve ce petit bâtard, je lui coupe les pieds!

Valentin frissonna et déglutit d'horreur à cette phrase. Mais soudain, un grognement strident et monstrueux résonna, et le plancher de la cabane trembla sous le brusque atterrissage d’une paire de pieds, indiquant l'arrivée d'une troisième présence dans la cabane abandonnée. Valentin et Caleb écoutèrent, constatant tout de suite que les voix des deux hommes avaient perdus de leur agressivité, pour devenir craintives.

_ Je... pardonnez-nous, m... maîtresse... mais nous... Nous n'avons toujours pas réussi à retrouver le deuxième garçon...

Un autre grognement inhumain fusa, exprimant apparemment de la colère, et un violent bruit de coup claqua, suivit du gémissement de douleur d'un des hommes et du bruit de son corps tombant à la renverse sur le plancher.

_ Pitié, laissez-nous une chance, supplia l'autre homme. Nous le trouverons, et la cérémonie aura lieu comme prévue, vous avez notre parole.

La chose laissa entendre ses sifflements et ses grognements malsains et stridents, faisant grincer les planches sous ses pas lents.

_ K'zarh lork'zer v'aag!

Valentin et Caleb furent traversés d'un frisson d'horreur au résonnement de cette voix féminine inhumaine, prononçant ces mots incompréhensibles et n'appartenant à aucun dialecte connu.

_ Non, pitié, non! NON!

L'un des hommes supplia encore et encore de sa voix tremblante, jusqu'à se mettre à hurler brièvement, sa voix laissant place à un son affreux de chair arrachée violemment, d'os brisé et d'éclaboussures de sang et finalement l’effondrement d'un corps au sol, mais aussi celui de quelque chose de rond roulant sur le bois. Valentin et Caleb se couvrirent la bouche pour ne pas crier, et par la vision nocturne de la caméra, purent voir des filets de sang se mettre à couler à travers le plancher.

Des bruits écœurants de chair dévorée et mâchonnée voracement furent entendus, tandis que l'autre homme de la secte, apeuré, supplia encore pour le pardon de la chose qui était apparemment en train de dévorer son pote. Finalement, les pas rapides de l'homme se firent entendre, ce dernier choisissant de prendre la fuite, déclenchant un rugissement de la part de la créature, qui abandonna son repas pour s'éloigner à son tour, se lançant à la poursuite de l'autre enfoiré dans les bois. Quelques minutes passèrent, et une fois sûrs d'êtres à nouveau seuls, Valentin et Caleb se risquèrent hors de la cave, soulevant très lentement la trappe. À peine furent-ils sortis qu'ils constatèrent effectivement la présence du cadavre d'un de ces gars habillés en indigène, gisant sur le plancher dans une mare de sang encore frais, la tête arrachée à mains nues et ayant été jetée dans un coin, et le bide complètement lacéré, les entrailles extirpés, répandues par terre et à moitié dévorée. Valentin ne put en supporter plus et dégobilla dans un coin, soutenu par Caleb qui lui tapota le dos tout en se couvrant le nez à cause de l'épouvantable odeur de sang. Il prit néanmoins sur lui et se risqua à approcher du corps pour ramasser sa machette gisant à côté de lui.

_ Tout aide est bonne à prendre, dit-il.

_ Hé, vous! Ne bougez plus! clama tout à coup une voix, alors que le faisceau lumineux d'une lampe torche surgit de l'obscurité et les aveugla à moitié.

Bondissant de surprise mais aussi de peur, se protégeant les yeux à cause de la lumière, Valentin et Caleb remarquèrent qu'il s'agissait d'un homme en uniforme de gendarme, un taser à la main, et les braquant avec sa lampe, l'air méfiant. Si Caleb ne le reconnut pas, ce fut le cas pour Valentin. C'était le brigadier qui se trouvait au gîte et qui parlait au gérant, et qui avait failli s'en prendre à Sacha.

_ S'il vous plaît monsieur, aidez-nous, commença à dire Valentin en suppliant, mais fut aussitôt coupé par la voix brute du gendarme.

_ Toi la ferme! Et toi, lâche cette machette tout de suite, je le dirai pas deux fois! ordonna-t-il, se tournant ensuite vers Caleb.

_ Monsieur, écoutez nous putain, faut pas rester ici, essaya à son tour de dire Caleb.

Tout se passa très vite. le brigadier tira, les fils du taser projetés à pleine vitesse venant se coller sur la poitrine de Caleb, qui se retrouva paralysé et électrocuté, laissant tomber la machette avant de s'écrouler à son tour sur le tapis meuble de la forêt, tout ça sous le regard horrifié de Valentin.

_ Mais... mais putain, qu'est-ce qui vous prend? Ça va pas?!

Le visage du gendarme changea alors d'expression et se tourna vers Valentin et sa caméra, passant de méfiant à un regard et un sourire tordu, laissant voir l'étincelle d'une folie morbide et se mit à parler sur un ton malsain tout en s’emparant de sa matraque à sa ceinture

_ Vous nous avez vraiment donner du mal, sales petits merdeux, mais maintenant, la cérémonie va pouvoir avoir lieu comme prévue.

_ Oh merde, haleta valentin qui se mit à reculer, tremblant de tous ses membres, les yeux exorbités de peur devant ce changement brutal d'attitude.

Cet enculé faisait aussi partie de la bande! Valentin voulut s'enfuir en courant le plus vite possible, mais à peine s'était-il retourner qu'une autre silhouette surgit des ténèbres devant lui et qu'un violent coup sur la tête l'envoya au pays de l'inconscience sans même qu'il se sente toucher le sol, sa caméra tombant à côté de lui.


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