Le pilier fragmenté

Chapitre 22 : Adieu

3964 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/12/2021 16:27

Je me réveille tranquillement dans un matin  pluvieux, le bruit de la pluie déferlant sur le toit m’a empêché de continuer mon sommeil. Je me retourne pour m’assurer de la présence de Julien, il n’est pas là. Il commence déjà ce qu’il a à faire de bonheur et c’est une bonne nouvelle qu’il ne se réveille plus trop tôt par manque de sommeil… La vie du tueur à gages personnel et impitoyable du gouverneur de Cuba lui troublait fortement son sommeil, bien qu’il essaye du mieux qu’il peut d’enfouir ses sentiments et fait preuve d’un cruel manque d’empathie… ça reste un être humain avec ses faiblesses. C’était plutôt rare qu’il dépasse les 5h de sommeil et désormais, il dort beaucoup mieux et par conséquent, sa santé s’améliore aussi.


En repensant à cela, j’entends des ricanements d’enfants près de ma porte. Il est temps de se lever, je me redresse en étirant mes bras et me dirige vers la salle de toilette où je me rince. J’attache légèrement mes cheveux et sortit de la pièce, je remarque nos affaires à l’entrée qui étaient encore présent dans le navire hier, les espagnols ont put donc nous les apporter sans problème avec Julien. 


Ça sent le lait chauffé et le pain grillé, tiens,  ça m’étonne qu’ils prennent aussi un petit-déjeuner, c’est rare à leur époque. Les enfants ne sont pas dans le couloir, ils doivent donc sûrement s’amuser dans la chambre parentale.


Je me déplace jusqu’à l’entrée du salon et vit Sophie et ma belle-mère assises sur un fauteuil, Sophie ne mange point en revanche elle nourrit sa mère. Elles remarquent ma présence et me sourient chaleureusement.


  • Bonjour Meryem, souhaites-tu te joindre à ma mère afin de te sustenter un peu ? Me propose gentiment Sophie.


Je suis quelqu’un qui prend un petit-déjeuner mais j’ai honte de me nourrir de leur vivre sachant qu’ils n’ont pas cette habitude et ont besoin de cette nourriture, je n’oserai pas accepter.


  • Bonjour, euh, oh non pas du tout j’ai horreur de me nourrir le matin en me réveillant sinon, c’est très gentil de ta part. Répondais-je timidement.


Mensonge…


  • Alors je vais nous faire du thé de sauge pour toutes les deux. Insiste-elle en se dirigeant vers la cuisine.


Je n’ai pas d’autres choix que d’accepter.


  • Viens, assis toi près de moi ma bru. Me demande faiblement ma belle-mère en tapotant le fauteuil près d’elle


Je m’assoie près d’elle comme une jeune fille timide.


  • J’espère que tu as bien dormi ce soir là, malgré le froid et la pluie. Me demande-t-elle en me caressant les cheveux.
  • Oui, votre fils m’a bien réchauffé. Disais-je innocemment.
  • Elle se mit à glousser de rire. C’est parfait, il faut aussi le réchauffer en retour. Me répond-elle dans un sens contraire à ce que j’insinuais.


Mais je ne parlais pas exactement de ce sujet là ! Je rougis légèrement face à ses propos.


  • Oú est ta famille ? Sont-ils dans ton pays ? As-tu des frères et sœurs ? 
  • Non ils sont tous à Cuba et j’ai une petite soeur, elle s’appelle Nadia.
  • Se portent-ils bien ? 
  • Ils vont bien.
  • Tant mieux…
  • Ma mère est morte en accouchant ma deuxième sœur. Dis-je soudainement.
  • Je suis sincèrement désolé pour ta mère, toutes mes condoléances. J’ai moi aussi perdu mon mari il y’a fort longtemps, après que Julien s’est embarqué en mer avec son oncle… et un fils, leur petit frère. Avouait-elle amèrement.
  • Leur petit frère ? Demandais-je, confuse.
  • Elle hoche la tête de haut en bas. Il est partit trop tôt, il n’avait que deux ans le pauvre… la fièvre a eu raison de lui. Avouait-elle avec une attitude étrangement détendu.
  • Je suis sincèrement désolé… ce devait être un cauchemar...
  • Oui… et c’est pour cela que nous devions toujours nous forcer de ne pas trop nous attacher à nos enfants. Constate-elle fermement. Nous avons été éduquées dans cette optique de génération en génération, la maladie fait beaucoup trop de ravages et les enfants sont si fragiles malheureusement…
  • Je comprend votre point de vue et c’est pareil pour nous en Afrique du Nord cependant, je n’y arriverais jamais. Je ne pourrais pas tenir plus d’une journée sans chérir mon petit être. Ma progéniture qui grandit en moi puis le voir téter mon lait, grandir et s’amuser devant mes yeux c’est impossible de ne pas m’attacher à ma chair, mon sang. 
  • … C’est exactement ce que je ressentais pour mes enfants. Au final, lorsque je vis son corps sans vie près de moi, après l’avoir tant aimé, c’était un effondrement de plus. J’ai mis du temps à faire son deuil…
  • C’est affreux… quel était le nom de ce petit ange ?
  • Il s’appelait Damien… 
  •  Je pose ma main sur son genou. Damien intégrera le paradis et vivra une vie heureuse et éternelle, Mme Du Casse… Consolais-je.


Elle me sourit légèrement en retour et noie sa conscience en observant la pluie par la fenêtre. Quant à moi, je me lève en emportant le reste de son petit déjeuner et m’en vais rejoindre ma belle-sœur dans la cuisine. Je la vois chauffer l’eau et sortir de la sauge d’un placard ou s’y trouve quelques épices et des plantes sèches. Je dépose les restes de pain sur la table et remets le restant d’huile d’olive dans sa bouteille en verre, je récupère ensuite la vaisselle pour la laver.


  • Tu es marié à un charpentier, n’est-ce pas ?
  • En effet, d’ailleurs il est sûrement entrain de travailler à l’heure qu’il est. Dit-elle en ajoutant la sauge dans la théière. Mon frère est-il assez… avenant avec toi… ? Ne se montre-t-il pas violent ou quoi que ce soit ? Se soucie-t-elle.
  • Les conflits sont naturels dans un couple et plutôt récurent. Il a certes fait preuve de violence mais n’a jamais levé la main sur moi, ni même méprisé. Avouais-je honnêtement.
  • Tu me rassures. Cela montre qu’il a beaucoup de respect à ton égard…
  • L’avez-vous connu plus violent ? Demandais-je, curieuse.
  • Elle soupire… Disons que oui. Son plus gros défaut est qu’il perd très rapidement patience et il est facilement irritable, avant qu’il parte, il était très instable envers nous…


Je l’écoute attentivement.


  • C’était très éprouvant pour nous sachant qu’il était notre seul « espoir » pour qu’on s’en sorte, bien que ma mère a perçue tout l’héritage de notre père, on avait besoin de lui… Heureusement qu’il nous aidait malgré tous les dégâts causés après son décès.
  • Je sais que Julien a vécu cette période difficilement… surtout lorsqu’il était réticent de son service envers son pays. Soyez en sûr qu’il tient fortement à vous, il ne vous a jamais oublié. Confortais-je.
  • J’en suis consciente et je n’en ai jamais douté, j’avais juste peur qu’il soit le même qu’auparavant.Avouait-elle en ajoutant l’eau bouillante dans la théière. C’est une heureuse nouvelle qu’il se soit apaisé et qu’il soit un père de famille désormais. Bien qu’il se confiait rarement sur ses relations de cœur, je croyais que son cœur était dur et que c’était peu probable qu’il ait cette vie là… il a réussi à me prouver le contraire. Ajoute-elle, souriante.


Je sens que je ne vais pas me défaire de son sourire. Je comptais pas non plus lui faire du mal en lui avouant que la stabilité mentale de Julien s’est dégradée lorsqu’il a déserté, et tant mieux qu’elles ne se sont pas rendus compte, elles n’ont pas à le savoir.


Nous nous installons sur le fauteuil du salon et sirotons notre thé, ma belle-mère s’est allongée sur l’autre fauteuil, la pauvre… elle est si faible. Pendant que nous discutions, les enfants se mirent à courir et se présentent face à nous, la plus grande demande à leur mère s’ils peuvent jouer dehors.


  • C’est non, Hélène. Il fait beaucoup trop froid, vous allez tombés malade. Saluez la femme de votre oncle. Ordonne-t-elle en posant sa main sur mon épaule.
  • Bonjour madame. Me saluent-ils de manière forcée.
  • Tu t’appelles Hélène ? Demandais-je à la plus grande.
  • Oui. Répond-elle en hochant la tête de haut en bas.
  • Et toi, comment t’appelles-tu ? Demandais-je à la cadette.
  • Lucie. Répond-elle timidement.
  • Et le petit garçon, comment s’appelle-t-il ?
  • Il s’appelle Florent. Répond Hélène, ne sachant pas encore s’exprimer le petit.
  • Que vous êtes beaux tous les trois, attendez moi ici, j’ai un cadeau pour vous.


Les enfants semblent excités et un sourire se dessinent immédiatement sur leur visage. Je cherche dans mes affaires déposés à l’entrée et sors leur jouets. Ils se ruent dessus et commence déjà à y jouer, ils n’oublient pas de me remercier. Nous les contemplons tout en ricanant puis Sophie me remercie aussi pour les cadeaux…


Les heures passent et Julien est revenu avec des hommes pour monter notre lit dans notre chambre, et un médecin pour un diagnostique sur la santé de sa mère. Il l’a prévenu sur les symptômes qu’elle présentait depuis quelques temps et Julien vient de me confier avec amertume que c’est inquiétant. Les enfants embêtent les “monsieurs qui bricolent” et ils ne semblent pas dérangés, loin de là. De notre côté, nous nous asseyons au salon et observons les vérifications du médecin.


  • Alors, monsieur ? Demande Julien.
  • … Son coeur ne bat pas correctement et sa température est anormalement haute. La fièvre pourra s’estomper d’ici quelques semaines avec le traitement qu’elle suivra, en revanche, pour son cœur… je crains que ses poumons soient trop affaiblis et empêchent donc le bon fonctionnement de celui-ci. Ces jours sont peut-être comptés. Admet-il sans filtre.
  • Oh mon Dieu… Se morfond Sophie dans les bras de son frère.
  • Malheureusement… je ne peux rien faire pour cela. Admet sobrement le médecin.
  • Il devrait sûrement y avoir un moyen ?! S’exclame Julien, désespéré.
  • Mes excuses, mais je ne peux guérir cette maladie. C’est au delà de mes moyens.


Leur mère attrape leurs mains en essayant de les rassurer.


  • Mes enfants, faites preuves de retenue et ne vous morfondez pas devant votre mère je vous en prie. Si je ne devrais pas vivre plus longtemps, soit, c’est le Seigneur qui a choisit ainsi. Docteur, je vous remercie pour vos informations et votre travail et je reconnaît votre incapacité. Dit-elle franchement.
  • Maman… dit Sophie d’un ton enfantin. Ne dites pas cela, que serons nous sans vous ? Demande-t-elle en pleurant.
  • Chut. Sophie. Par pitié, ne me rends pas triste à mon tour alors que j’ai lutté pour avoir cette sérénité et accepter mon sort. S’il advienne que je parte plus tôt que prévu, je veux au moins vous voir avec un sourire et épanoui avec vos familles et non avec des pleurs. Rendez moi ce dernier servi… sans même avoir put terminer sa phrase, elle se mit à tousser violemment.
  • Couchez la. Ordonne le médecin.


Julien exécute.


Le médecin pose un tissu sur la bouche de leur mère. Elle s’arrêta de tousser et le médecin nous montre le tissu: des taches de sang. Son état se dégrade considérablement… 


  • Je vous donne le traitement qu’elle devrait prendre tous les matins, après chaque réveil. Conseille-t-il en tendant un bocal dont une substance étrange de couleur violette s’y trouve à l’intérieur.


Julien, silencieux, récupère le bocal.


  • Tout ce que je pourrais vous conseiller de plus est de prier notre Seigneur pour sa guérison. Seul lui a une influence sur notre destin.


Sophie hoche de la tête en retenant ses larmes, par respect pour ce que lui a fait comprendre sa mère. Quant à Julien, il reste toujours silencieux et je sens qu’il est dévasté.


  • Je vous souhaite un bon rétablissement, madame. Dit-il en quittant la maison


La mère semble flotter entre la conscience et l’inconscience tellement elle paraît faible. Sophie cache son visage sur la poitrine de son frère, en lâchant secrètement ses larmes. Et moi qui essaye de la réconforter… Je n’ai jamais connu mes vrais parents, ce qu’ils ressentent doit être inimaginable. Ce n’est pas ma mère et je ressens une profonde tristesse, la voir ainsi, souffrante, me rend si mélancolique… j’aimerais qu’elle vive beaucoup plus longtemps. Qu’elle puisse connaître mon fils et mes futurs enfants et surtout… que Julien puisse profiter à ses côtés et rattraper le temps perdu.


Julien s’approche de sa mère et porte délicatement son corps dans ses bras avec facilité… c’est maintenant que je distingue clairement son corps, elle est maigre et fragile. Malgré son surplus de vêtements, ces détails n’échappent pas. Il l’a ramène dans la chambre parentale… où son défunt père se reposait aussi près d’elle. Il l’allonge avec douceur et elle bouge difficilement ses yeux pour le regarder. Sophie la recouvre de couvertures et lui fait boire une gorgée d’eau, elle dépose une serviette sur son front et elle quitte la pièce avec son frère en fermant la porte. Ses enfants, inquiets et muets, les observent. Se demandant ce qu’il s’est passé avec leur grand-mère.


  • Ça ne s’améliore pas. Elle n’est pas que fiévreuse ! S’énerve Sophie en montrant le remède donné par le médecin.
  • Que pouvons-nous faire de plus ? Sa maladie qui lui provoque cette toux a eu le temps de s’aggraver. En souffrant ainsi sans arrêt, la mort serait peut-être son meilleur rem-
  • Comment oses-tu… c’est de ta mère que tu parles Julien ! Aies un peu d’humanité !
  • C’est toi qui ne veut pas entendre Sophie. Ma lucidité n’est pas une forme de cruauté, si elle peut surmonter cela c’est tout ce que je souhaite… malheureusement mère nous montre que ce n’est plus possible.
  • Tu préfères donc qu’elle succombe ? Demande amèrement Sophie.


Julien ne répond pas mais son avis est clair.


  • Monstre. Cracha Sophie en fuyant dans la cuisine.


Je fixe Julien, je lui fais comprendre en un regard qu’il a merdé. Je rejoins Sophie dans la cuisine et la prend dans mes bras.


  • Permet moi de m’excuser pour ses paroles, il n’aurait jamais dû dire cela. Murmurais-je avec empathie.
  • Il… il a raison. Dit-elle en essayant de ravaler ses larmes. Notre mère ne fait que souffrir…


Je ne réponds pas… je me contente de la réconforter physiquement.


  • Elle s’est deja confié à moi… qu’elle n’avait plus la force de continuer et qu’elle aimerait… quitter ce monde… 
  • Alors il faudrait se mettre à sa place. Dis-je, calmement. Il a certes été très cru dans ses mots mais ce qu’il souhaitait dire c’est que si tu étais à sa place, aurais-tu préféré vivre dans ces conditions si… dures ?


Ses larmes coulent à flots.


  • J’ai… très bien compris où il voulait en venir. Ma mère est tout ce que j’ai. C’est la personne qui m’a le plus soutenu et elle est celle en qui j’ai trouvé refuge lorsque j’étais seule. Je ne voudrais tellement pas qu’elle parte… et c’est tellement égoïste de ma part que je m’en veux désormais… Elle peine à retrouver son souffle.
  • Non, absolument pas Sophie, c’est tout à fait normal.
  • Je te remercie de m’avoir épaulé… j’aimerais me retrouver seule un instant… le temps que… je retrouve mes esprits.
  • Bien sûr, n’hésite pas si tu as besoin de quoi que ce soit.


Je sors de la pièce et vit Julien et les bricoleurs près de la porte d’entrée. Il les payaient et écoutait en même temps notre conversation avec un regard vide…


  • Au revoir et bon rétablissement pour votre mère, que Dieu la garde. Disent-ils en quittant la maison.


Julien prend ma main soudainement et m’emmène dans notre chambre. Il ferme la porte, mon dos est collé au mur et je le vois s’effondrer au sol, évitant mon regard… dans une position d’imploration. Je ne l’ai jamais vu, dans toute notre relation, dans un état pareil, s’abaisser au point de s’agenouiller à mes pieds. Ses genoux au sol, son dos courbé et son front en face de mon ventre, il me serre fortement les mains.


  • Meryem… je t’en supplie en m’agenouillant… il relève son visage et me fixe dans les yeux, les yeux rouges et désespéré. Utilise ton pouvoir.


Que j’utilise mon pouvoir ? Mais… je n’ai plus mon pouvoir.


  • Soigne la comme tu m’as soigné lorsque j’ai été assassiné par l’usurpateur. Il me serre plus fortement les mains. Je n’ai jamais imploré ton aide, bien que tu sois différente… Je t’ai toujours considéré comme une personne normale et n’ai jamais eu la mauvaise intention de me servir de ton pouvoir.


C’est vrai que sur ce point là, il est irréprochable. Et il m’a surpris car dans ma précédente vie, je n’existais que pour servir mes supérieurs. Mais lui… il est le seul qui ne me voyait pas de cet œil là et ne m’a jamais utilisé. Hélas… j’ai perdu mon pouvoir il y’a peu.


  • J’ignore absolument pas cela et au contraire mon amour, je vous en suis très reconnaissante. Je vous ait raconté comment j’ai eu ce pouvoir… de manière étrangement naturelle. Et là… je vous le jure devant Dieu Julien… je n’ai plus mon pouvoir. Enfin… je ne le sens plus en moi.
  • Je te demande pardon ? Demande-t-il, contrarié.
  • Je l’ai perdu depuis la naissance d’Alexandre. Petit à petit, tous les sens qui constituaient mon pouvoir ce sont dissipés… au meilleur des cas, il pourrait qu’il se soit dissimulé mais j’en doute fortement…


Il se lève et me tourne le dos, la main qui frotte son front. Il a l’air complètement déçu.


  • Tu ne m’as rien dis… Murmure-t-il avec une voix rauque.
  • J’ai fauté… j’aurais dû vous le dire… 
  • Si ton pouvoir a un lien avec les artefacts de l’ancienne civilisation… re-fonctionnera-t-il lorsque nous accéderons à l’Observatoire ?
  • Je ne peux pas vous le garantir mais, il y’a des chances.
  • Le ciel… me montre qu’il n’y a aucune issue pour ma mère. Annonce-t-il, sombrement.


Je crois que je devrais retenter, essayer de l’aider et peut-être réveiller mon pouvoir s’il est enfoui. 


  • Je vais faire tout mon possible pour l’aider. Venez avec moi.


Je lui prends la main et me dirige vers la chambre à sa mère. Je ferme la porte et Julien s’assure à ce que personne n’entre et nous surprend.


Je m’assoie près d’elle, elle est souffrante et suante, elle respire difficilement. Je touche sa main, je lui donne du réconfort en caressant sa main et elle serre sa main sur la mienne, elle me fait confiance. Je baisse la couverture et pose mes mains sur sa poitrine. La première chose que j’essaie de faire c’est de raviver mon pouvoir et la soigner, je ferme les yeux et le cherche, je traque cette force qui m’envahissait tant. Julien s’agenouille près de nous et nous observe attentivement, ayant aussi cette lueur d’espoir. 


Rien n’y fait. Je suis impuissante et mon pouvoir est inexistant… Attend… Je ressens une chose étrange. Quelque chose dans son corps me titille. Cette chose qui interpelle mes sens, j’essaie d’interagir avec… ses poumons. J’arrive à sentir le fonctionnement complet de cet organe, des espèces d’obstruction empêche son bon fonctionnement. Je peux donc sentir à présent mais l’autre partie de mon pouvoir, qui pouvait changer les choses, est absent. 


J’arrête donc et relève mes mains, je lui remets la couverture et lui explique tout.


  • … Je te remercie. Tu as perdu une partie de ton pouvoir et cela est probablement un signe… signe que nous devons accepter le destin. Admet-il.
  • Grâce à vous, j’ai pu récupérer une partie de mon pouvoir… j’ai bien fait de vous écouter et essayer.


La journée passe et se termine dans une ambiance mélancolique. Julien et Sophie ont été silencieux tout au long de la journée, leur mère ne pouvait sortir de sa chambre et même les enfants ce sont abstenus de s’amuser. Je me couche sur notre lit fraîchement monté, Julien semble toujours préoccupé, étendu sur le lit, le regard au plafond. J’affaisse mon corps sur lui, le réconfortant. Il reste perdu dans ses pensées, son cœur bat anormalement, preuve qu’il est vraiment préoccupé. Je le serre à moi et il me répond avec sa main qui se pose sur la mienne. Il m’observe et finit par fermer les yeux…


Un cri terrifiant nous réveille soudainement, J’entends des pleures et Julien quitte rapidement son lit pour rejoindre la source de ce cri. J’enfile ma robe de chambre et le suit… je redoute le pire. La porte de la chambre de leur mère est grande ouverte et je vois Sophie qui pleure sur sa mère… qui paraît sans vie, la peau bleue et le regard fixé au plafond. Mes larmes montent et je ne sais pas quoi faire face à cette tragédie. J’observe Julien qui… qui pleure. Il approche le corps de sa mère, l’enlace et sa voix se hausse…


Clémence du Casse s’est éteinte cette nuit, le 19 Novembre 1717.


À suivre…


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