Avatar, le Maître du feu

Chapitre 4 : Une maîtrise alternative

Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:29

Une maîtrise alternative

Tarik plaça deux de ses doigts sur ses lèvres et produisit un sifflement strident. Aussitôt, Reya, imposant bison volant, atterrit à ses côtés, comme si elle n’avait fait qu’attendre ce signe pour se manifester. Avec un sourire que Zuko ne pouvait que qualifier de triste, il caressa la fourrure soyeuse de son amie, avant d’inviter l’Avatar à prendre place sur la selle qui trônait sur le bison volant. Zuko se montra quelque peu circonspect face à cette proposition, une réaction qui vexa considérablement le jeune moine.

« Quoi ? Tu estimes que ma monture n’est pas assez bien pour ta royale personne, Prince Zuko ? Désolé de ne pas pouvoir te proposer de dragons ou autres moyens de locomotion que son éminente majesté puisse juger digne d’elle !

-Ce que je veux dire, c’est que je ne suis jamais monté sur ce genre d’animaux ! Je n’ai jamais rabaissé ton bison ! »

Zuko poussa un profond soupir. Si toutes leurs leçons devaient se dérouler comme celles-ci, ils n’arriveraient jamais à rien. Mais pourquoi cet imbécile devait-il toujours tout monter en épingle ? A chaque parole qu’il prononçait, Zuko avait l’impression de commettre un crime aux yeux de Tarik. Alors quoi ? Fallait-il qu’il se taise pour espérer tirer quelque chose de cette fichue tête de mule ? Devait-il ravaler sa fierté ?

Jamais.

« Que sa souveraineté se rassure pour son divin postérieur, Reya est tout à fait à même de la transporter sans lui causer le moindre inconfort. Déclara Tarik d’un ton mesquin.

La peau de Zuko se teinta d’un intéressant rouge grenat et le jeune Prince explosa littéralement :

« Tu n’as donc aucune manière ? Espèce de…de rustre ! »

Tarik fixa Zuko d’un regard désabusé. Puis il haussa les épaules en affichant un petit sourire suffisant :

« Quelle répartie, je suis littéralement sous le choc. Tu me laisses quelques instants, le temps de me remettre de cet événement ? »

Zuko ne répondit pas. Instinctivement, des flammèches se matérialisèrent au creux de ses paumes.
Tarik ne parut guère effrayé par cette vue. Au contraire. Il saisit son bâton qu’il avait adossé contre un mur proche et, avec une terrible violence, l’asséna sur la tête de Zuko. Celui-ci, surpris par cette soudaine attaque, n’avait pas eu les moyens de l’éviter. Ses flammes s’éteignirent, des étoiles dansèrent devant ses yeux et une douleur sourde se propagea dans son crâne, tandis que Tarik, d’une voix autoritaire, reprenait :

« Durant mes leçons, pas de maîtrise du feu. Je vais t’apprendre à maîtriser l’air, tu n’as pas intérêt à manifester quoi que ce soit d’autre. Me suis-je fait comprendre ? 

-Tu es cinglé ! Cracha Zuko, une fois remis du choc.

-Jamais prétendu le contraire. Dépêche-toi de monter. Si ton oncle ou Maître Aang nous surprennent, tu peux dire adieu à mes petites leçons. »

L’Avatar, pestant et grimaçant, finit par se hisser sur le dos de l’animal et s’installa sur la selle, massant son pauvre crâne sous le regard railleur de Tarik. Celui-ci émit deux sifflements courts et sa monture s’envola. Un vol dont Zuko n’eut guère le temps de s’émouvoir, trop concentré sur l’affreuse douleur qui continuait à se propager dans sa tête. Il n’y était vraiment pas allé de main morte…Mentalement, Zuko nota qu’il devrait rester perpétuellement méfiant envers Tarik. Il semblait aussi bien se débrouiller sans sa maîtrise de l’air et, en plus d’être imprévisible, il pourrait être un redoutable adversaire. Il était bien éloigné des moines qui habitaient ce temple…

« On y est. Descends et prépare-toi. Je ne compte pas t’attendre jusqu’à ce que la nuit tombe ! »

Zuko acquiesça et s’exécuta, observant avec une certaine curiosité la nervosité qui suait littéralement de son jeune maître. Sautillant d’un pied sur l’autre, jouant à faire tournoyer son bâton entre ses habiles mains, il paraissait empli d’une excitation presque ingérable. Zuko se demanda si son attitude était habituelle ou s’il se montrait ainsi en raison de cette première leçon.
Attendant que Tarik daigne s’exprimer, le jeune Prince en profita pour détailler la place dans laquelle il avait été emmené.
Ils se trouvaient sur une falaise située en amont de celle où le Temple de l’Air Austral avait été construit. Une mince brume les protégeait des regards et l’endroit était suffisamment dégagé pour qu’ils n’aient pas à craindre une avalanche si leur entraînement était trop intense. Zuko ne put que reconnaître le bon sens de son camarade. Tarik avait fait un bon choix.

En même temps, c’est à la portée de n’importe qui…Songea-t-il en refusant d’attribuer la moindre estime à ce dernier.

Tarik frappa fortement le sol de son bâton, provoquant un bruit tonitruant qui sortit le Prince de ses pensées.

« Bien. Maintenant que j’ai toute ton attention, on peut réellement commencer cette leçon. 

-Je suis prêt.

-Tu as intérêt à l’être. Quoi qu’il en soit, il va falloir que je t’explique plus précisément ce en quoi va constituer notre cours…

-Tu m’as déjà dit que mes émotions serviraient de catalyseurs à ma maîtrise. Le coupa Zuko avec impatience. Qu’est-ce que tu comptes ajouter de plus ? »

Tarik haussa un sourcil, passablement énervé.

« Si tu me laissais terminer, je pourrais peut-être te le faire comprendre, Zuzu…

-NE M’APPELLE PAS DE CETTE FAÇON ! »

Le vent se leva soudainement, glacial et mordant, et Tarik fut projeté à terre, désarmé face à cette puissance soudain déchaînée. Une puissance qui cessa de se manifester à l’instant même où Zuko se calma.
Un peu sonné, Tarik se releva, adressant un sourire satisfait à son élève :

« Je n’ai pas même à eu t’expliquer les tournants de cette maîtrise que tu l’exécutes déjà. Je suis sincèrement impressionné, Avatar. »

Zuko ne réagit pas aux compliments de son maître, trop affecté par ce que ce surnom avait éveillé en lui. Des souvenirs…Des souvenirs concernant sa petite sœur, Azula. Jusqu’ici, elle avait toujours été la seule à l’appeler ainsi…Zuzu. Ce sobriquet ridicule avait revêtu une sonorité bien amère aux oreilles du jeune Prince.

« Mais, dis-moi, qu’est-ce qui t’a fait réagir comme ça ? C’était bien la seule et unique fois où je n’essayais pas de t’humilier ou de t’énerver. C’est le surnom ?

-Ca ne te regarde pas. En aucune manière ! Trancha Zuko d’une voix agressive.

-Oh, tout doux, Zuko…Ça aurait pu nous être utile. Pour la leçon, j’entends. »

La remarque de Tarik décontenança quelque peu l’Avatar, un effet que le jeune moine semblait très satisfait d’avoir provoqué.

« Vois-tu, mon cher apprenti, avant que tu ne m’interrompes d’une façon aussi bruyante qu’inutile, j’essayais de te faire comprendre que les émotions étaient la base de la maîtrise de l’air que j’ai développée. Colère, haine et rage seront tes armes pour passer à l’attaque, comme tu viens de le constater. La peur sera le principal composant du bouclier qui constituera ta défense.

-Tu veux donc que je laisse libre cours à tout cela ? S’étonna Zuko.

-Pas exactement. Il va te falloir, certes, les extérioriser mais tu devras être capable de les intérioriser au moment venu. Autrement dit, cette maîtrise de l’air passe d’abord par une maîtrise de soi. »

Les paroles de Tarik agacèrent considérablement l’Avatar, qui répliqua d’une voix hargneuse :

« Je ne vois pas la différence avec la méditation. Tu veux que j’éloigne mes sentiments ? Tu sais très bien que je n’en suis pas encore capable.

-Et tu ne le seras jamais, Zuko. Réfléchis un peu et tu pigeras vite que ce n’est pas ce que j’exige de toi. Je ne te demande pas de t’oublier tes émotions. Je veux que tu les gardes pour toi. Exprime-les avec la force qu’il te faudra…et enferme-les à nouveau dans ton cœur. »

L’incompréhension la plus totale s’affichait sur le visage de l’Avatar, ce qui poussa Tarik à développer un peu plus son raisonnement :

« Vois ça comme une valve. Ouvre-la et laisse tes émotions se déverser comme l’eau le ferait. Ferme-la et tu coinceras l’eau, tes émotions, ta maîtrise. Extériorise puis intériorise. Maintenant, démonstration ! »

Tarik raffermit sa prise sur son bâton. Il ferma les yeux, prenant une longue inspiration. Lorsqu’il les rouvrit, Zuko vit planer dans ses pupilles une colère noire, bien plus intense qu’il ne lui avait jamais été donné d’apercevoir dans le regard du jeune moine. Avec un cri de rage, Tarik fit tournoyer son bâton entre ses mains. Une violente tornade commença à se former aux pieds de Zuko, qui n’eut que le temps de faire un pas sur le côté avant que celle-ci ne gagne en puissance. La tempête s’éleva sous l’impulsion du mouvement de Tarik, soulevant un véritable nuage de poussières et de petites roches. D’instinct, Zuko protégea ses yeux, évitant ainsi d’être aveuglé. Ses cheveux volaient en tout sens, fouettant avec force le visage du jeune Prince. Puis Tarik abattit son bâton sur le sol et la tornade se volatilisa.
Couvert de sueur, le souffle court, l’apprenti Maître n’était pas dans la meilleure des formes. Il fut obligé de s’appuyer sur son bâton pour ne pas s’écrouler au sol.

« Tss…Je faiblis. Pas bien… »

Sous l’œil à la fois intrigué et inquiet de Zuko, Tarik finit par se remettre. Sa respiration devient plus régulière et il n’eut bientôt plus aucun mal à se tenir debout.

« Je n’avais plus pratiqué à cette intensité depuis longtemps. C’est…éprouvant… »

Un sourire malin s’étira sur ses lèvres.

« Enfin, l’Avatar lui-même ne devrait pas être épuisé par ce genre de choses. Allez. A ton tour ! On va commencer par l’attaque. »

Zuko hocha la tête, décidant de ne pas titiller l’étrange Maître de l’air sur son état. La lueur qu’il avait pu apercevoir dans les prunelles du jeune homme ne l’avait guère inspiré, pas plus que l’attaque qu’il avait évitée. Si Tarik ne s’était pas arrêté, et si lui-même ne s’était pas écarté, il aurait probablement été précipité en bas de ces falaises. Une perspective qui lui donnait des frissons…
Cependant, il lui restait une chose à demander. Zuko savait qu’il ne le devait pas, qu’il n’aurait aucune réponse si ce n’est le dédain ou, pire, la colère, mais il ne put empêcher ces mots de glisser sur ses lèvres :

« A quoi avais-tu songé ? »

Le sourire qu’affichait Tarik s’effaça immédiatement. D’un ton sec, il se contenta de répondre :

« Exerce-toi. »

Malgré sa curiosité, Zuko décida d’obéir. Il ne devait pas perdre de temps. Plus vite apprendrait-il la maîtrise de l’air, plus tôt pourrait-il quitter ce temple et envisager l’apprentissage d’autres maîtrises. Il pourrait également se débarrasser de Tarik, si ce dernier mettait sa menace à exécution et les poursuivait, lui et son oncle.
Un coup de bâton dans les côtes tira Zuko de sa rêverie et une plainte lui échappa :

« Je n’ai pas accepté d’être ton Maître pour te regarder bailler aux lémuriens. Vas-y. Attaque ce rocher. Ajouta-t-il en montrant une pierre, d’une taille raisonnable, qui leur faisait face. »

Zuko grommela, appréciant peu le traitement que l’on lui réservait. Puis il se concentra. Comme Tarik, il ferma les yeux.

Un souvenir qui m’inspire de la colère…

*

C’était il y a cinq années de cela. La famille royale et la Nation du feu toute entière étaient en ébullition après avoir découvert que l’Avatar n’était autre que l’héritier du trône, le Prince Zuko. Partout, les langues autrefois perfides vantaient à présent les mérites du jeune homme, qui vivait difficilement ce soudain intérêt qu’on lui manifestait. Du moins, un intérêt plus particulier que celui dont il jouissait déjà…
Il n’avait pourtant pas l’impression que quoi que ce soit ait changé. Il ne se sentait pas plus puissant ni plus intelligent. « Avatar », ce n’était rien d’autre qu’un titre aux yeux du jeune garçon. Mais un titre qui lui avait offert l’attention et l’amour de son père, une chose qu’il n’espérait plus depuis déjà longtemps.
Après une entrevue avec son père, qui serait prochainement couronné Seigneur du feu une fois que le Seigneur actuel connaîtrait la mort, Zuko s’était donc retrouvé seul.
Dans le jardin, un livre à la main, celui que sa mère, lorsqu’il était petit, lui lisait pour l’aider à dormir, Zuko essayait de parer à l’ennui qui l’envahissait peu à peu. Une voix sournoise et dure l’interrompit dans sa tentative :

« Encore en train de bouquiner tes trucs de bébé ? Tu fais vraiment pitié, Zuzu. »

Zuko ne prit même pas la peine de se détourner de son livre pour s’intéresser à sa sœur. Ils ne s’étaient jamais entendus. Elle était bien trop mauvaise, bien trop folle pour qu’il puisse seulement envisager de l’aimer.

« Tu devrais faire des trucs plus utiles. Regarde, alors que tu sais à peine allumer un feu, je sais déjà maîtriser la foudre. Papa sera plus fier de moi qu’il ne l’est de toi et il t’ignorera ! »

Zuko se décida finalement à poser son livre, fixant sa sœur d’un air supérieur :

« Menteuse. Tu as essayé ce matin et t’as pas réussi. Tu n’y arriveras pas. Père et Oncle Iroh sont les seuls à pouvoir le faire.

-Ah oui ? Eh bien, regarde ! »

Azula se concentra, effectuant une série de mouvements aussi souples que gracieux. Une extrême tension se lisait sur son visage. Zuko l’observait, prêt à se moquer d’elle lorsqu’elle échouerait. Ce qu’elle ne fit pas. Des éclairs commencèrent à l’auréoler, suivant les mouvements de ses bras et de ses mains, sous les yeux médusés et un peu effrayés du prince héritier.
Elle acheva son action en pointant son index et son majeur vers son frère. L’éclair qui s’était créé fondit sur Zuko et arrêta sa course sur le livre qu’il tenait devant lui. Celui-ci se réduisit en cendres dans les mains tremblantes du jeune prince, un exploit qu’Azula souligna d’un rire hautain. Furieux, Zuko se leva, empoignant sa petite sœur :

« C’était le livre de Maman ! T’avais pas le droit !

-Tu ne comprends pas ? J’ai tous les droits. Je suis Azula, l’enfant le plus puissant de la famille royale. Qu’ils aient dit que t’étais l’Avatar n’y change rien. Je suis toujours la plus forte de nous deux. Je vais le montrer à Papa. Il va comprendre que tu ne vaux rien et que je suis la meilleure de ses enfants ! »

Azula se détacha de la prise de son frère, qui s’exclama :

« Tu vas voir ! »

Zuko commença à imiter sa sœur. Mais tout ne se passa pas comme prévu. La maîtrise de la foudre lui échappa et les éclairs qui avaient commencé à se former le frappèrent de plein fouet, le projetant dans la mare.
Sous le rire d’Azula, qui s’éloignait peu à peu, Zuko dût patauger jusqu’à la terre ferme. Il effleura de ses doigts les cendres, seuls restes de ce qui avait été son talisman, cet objet qui lui avait permis de ne jamais être vraiment seul parmi tous ces gens qui ne le connaissaient ni ne l’aimaient vraiment.
De rage, de honte et de tristesse, le jeune Prince se mit à hurler. Ce jour-là, Zuko comprit qu’il ne pourrait jamais rien ressentir d’autre que la haine la plus pure envers sa sœur.

*

Zuko s’était finalement imprégné de ce souvenir. Il rouvrit les yeux et, avec un cri bestial, déversa sa colère. Quelques secondes passèrent. Une feuille s’éleva et alla se poser sur le front de Tarik. Puis plus rien.
Zuko et Tarik se concertèrent du regard pendant un certain moment. Puis Tarik leva son bâton et l’asséna sans pitié sur le crâne de son apprenti. Etourdi, le prince déchu put toutefois sentir un filet de sang s’écouler sur son front.

« Qu’est-ce qui te prends, Tarik ?

-Ce n’était pas assez fort. Tu as à peine réussi à faire bouger une feuille. Et encore, je ne suis même pas sûr que ce ne soit pas un vent naturel qui l’ait ainsi entraîné. Recommence !

-Je ne voulais pas faire de dégâts inutiles. Alors, j’ai choisi un souvenir…un peu faible. »

C’était vrai. Ce souvenir, quoique frustrant et honteux, n’avait pas pour réel impact que de déchirer son cœur, comme d’autres réminiscences y parvenaient aisément. Mais Zuko avait craint que songer à un de ces souvenirs ne vienne à provoquer une catastrophe. Il ne connaissait pas l’étendue de ses pouvoirs mais il se doutait qu’ils étaient puissants…très puissants.

« Erreur, Zuko. Un souvenir « faible », comme tu le dis, ne suffira pas à déchaîner ta maîtrise. Tu estimes peut-être être suffisamment en colère mais tu ne l’es absolument pas. Tes pouvoirs ne se manifesteront que dans le cadre d’une fureur sincère, que ni le temps ni une quelconque prise de conscience ne seront parvenus à réprimer.

-Qu’est-ce que je dois faire ? »

Zuko essuya le sang qui avait souillé une partie de son visage, l’amertume lui gonflant le cœur. Il pensait que ce serait suffisant, qu’il y parviendrait rapidement…Mais…
Tarik observa son élève quelques instants. Puis il poussa un soupir :

« Ok, j’ai pigé le truc. T’as besoin d’un petit temps d’introspection. Je te le laisse. On va plutôt passer à la défense.

-Très bien. »

Un « merci » avait failli lui échapper, mais ce n’était pas le genre de Zuko. Montrer de la gratitude à un ennemi ? Jamais il ne s’abaisserait à pareille chose. Jamais.

« Pour la défense, tu vas avoir besoin d’un souvenir effrayant. Un truc auquel tu te raccrocheras chaque fois que tu auras besoin de te défendre avec l’air. Quelque chose de suffisamment terrifiant pour que ta maîtrise ait à se manifester pour te protéger du danger. Avant que tu ne le demandes, je ne te dirais pas quel genre de souvenirs me permet cela. Ça ne t’aiderait pas. »

Zuko en doutait mais il décida de respecter le jardin secret de Tarik. Du moins, pour le moment…

« Tu vas d’abord te concentrer sur ton souvenir. Une fois fait, tu me le signales et je passe à l’attaque. Vas-y. »

Zuko s’exécuta. Une nouvelle fois, il se prépara à une nouvelle incursion à travers ses souvenirs…

Quelque chose qui m’effraie…Assez fort pour que cela me protège…

Il y avait bien un souvenir, mais celui-là, il refusait d’y penser. Non, il ne pouvait pas. C’était…trop fort. Insupportable. Zuko réfléchit. Puis la réponse s’imposa à lui, d’une simplicité désarmante.
Lorsqu’il rouvrit les yeux, l’Avatar sut qu’il était prêt.

« Attaque-moi, Tarik. »

Ce dernier n’eut pas besoin d’autant de temps qu’auparavant pour passer à l’offensive. Probablement manifestait-il moins de puissance dans ce coup…
Une bourrasque s’éleva, sous l’impulsion du jeune moine. Celui-ci pointa son bâton vers Zuko et la rafale se précipita vers l’Avatar, qui l’attendait de pied ferme. Sous ces gestes, le vent s’atténua fortement et le prince déchu eut à peine à souffrir de l’attaque. Tout au plus trébucha-t-il avant de rétablir son équilibre.
Tarik hocha la tête d’un air satisfait :

« Voilà qui est mieux, mon cher apprenti ! On est encore loin de la perfection, mais au moins, tu pourras te défendre contre des attaques mineures. Pas mal. »

Zuko hocha la tête, pensif. Une question lui trottait en tête :

« Tarik… ?

-Ouais ? »

Le prince hésita quelques instants, avant de se décider à déclarer :

« Pour la défense…Je n’ai pas vraiment utilisé un souvenir. Est-ce que c’est grave ? »

Tarik réfléchit un petit moment, puis secoua la tête :

« Pas vraiment, puisque ça a marché. Pourquoi ? A quoi est-ce que tu pensais ? »

Un silence s’installa entre les deux hommes, que Tarik brisa d’un neutre :

« Tu n’es pas obligé d’en parler. Après tout, peu importe ce à quoi tu as songé, puisque…

-…Mon avenir. J’ai pensé à mon avenir. En tant qu’Avatar. »

Tarik s’interrompit dans son raisonnement et resta coi, ne sachant quoi ajouter après cette confidence. L'atmosphère devient pesante.

« Je voudrais rentrer. Murmura Zuko, les yeux dans le vague. »

Tarik hocha la tête. Sans mot dire, il se contenta de siffler Reya, qui revint aussitôt à leurs côtés et ils retournèrent au Temple.

*

Ce soir-là, Tarik ne dormit pas. Il n’y arrivait pas. Le regard fixé au plafond, allongé sur son matelas froid, il ne pouvait qu’écouter ce bruit qui déchirait la nuit, qui raisonnait dans cette chambre qu’il partageait avec Zuko.
Et, bien que celui-ci soit son ennemi et que Tarik s’était juré de le tuer, le jeune homme ne put empêcher son cœur de se serrer face à ce son qu’il ne pensait ni ne voulait entendre : les sanglots de l’Avatar...

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