WILD GOTHAM 2 : LE LEGS

Chapitre 5 : Les traqueurs

1489 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 05/09/2018 19:05

La piste des diligences traversait le comté du nord au sud. Malgré la concurrence écrasante du train elle était encore utilisée de temps à autre. L’homme l’empruntant avec son chariot, était d’allure inoffensive. Il ne portait même pas d’arme. N’était-il pas trop confiant en cette époque violente ? Peut-être que non. Il s’arrêta immédiatement en percevant un éclat lumineux au loin. L’homme se concentra et scruta les environs d’où provenaient ce signal. Il ne vit rien de suspect. La zone était plate et dénuée de toute végétation à part quelques buissons rachitiques. La nervosité avait dû lui jouer un tour. Peut-être le fait d’être si près du but le perturbait-il ? Rassuré il agita les rennes, et le chariot redémarra. Le conducteur d’une prudence excessive, suivait méticuleusement le tracé du chemin. Il l’eut donc sous les yeux sans le savoir.

    

    Les vibrations l’informant que le véhicule venait juste de passer, Batman surgit de terre. Il avait eu le nez fin d’aménager cette cachette avant d’avoir surveillé l’horizon avec sa longue vue rétractable. Sinon il n’aurait pas pu se cacher immédiatement après avoir involontairement signalé sa présence à cause du reflet du soleil dans la lentille. Il savait, qu’il ne pouvait agir qu’avec sa tenue secrète lui offrant différents avantages dont l’anonymat. Toutefois elle ne resterait secrète qu’en apparaissant dans des endroits retirés. Par conséquent Batman jugea plus sage de stopper Double Face avant son arrivée en ville. Ce qui évitait aussi des dommages collatéraux.

    

    Son physique le rendant facilement identifiable, Harvey Dent ne pouvait pas circuler par le train. Ce qui ne laissait que deux accès possibles au comté de Gotham par le nord : le défilé et la piste des diligences. Le chemin du défilé était serré et irrégulier. Or Double Face trainait avec lui un arsenal militaire certainement encombrant. La piste des diligences constituait donc le choix le plus logique. Batman grimpa à l’arrière du chariot sans se faire repérer. Même si le bruit des roues l’y aida grandement, il montrait clairement des aptitudes à la furtivité.

    

    Comment Bruce Wayne fils d’une famille respectable, élevé dans la rigueur et la morale, pouvait-il être doué pour des activités réservées généralement aux voleurs ? Parfois il se demandait si le rôle de Batman ne lui était pas imposé par le destin lui-même.

    

    Dans le véhicule se trouvaient plusieurs coffres et boites, mais rien ne pouvant contenir un homme entier. Harvey Dent ne se cachait pas ici. Toutefois le véhicule contenait un peu trop d’affaires pour un homme seul. Et le conducteur n’avait pas l’allure d’un vendeur itinérant. Qu’est-ce que Batman était-il entrain de faire ? Il était là uniquement pour Double Face, pas pour jouer au détective. La vitesse n’étant pas très élevée il put redescendre du chariot sans trop de difficulté et reprendre sa planque. Sa proie finirait bien par passer.

    

   

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    Le chemin reliant la ville à la concession des Wayne était bien plus modeste, mais à présent plus utilisé que le circuit des diligences. D’ailleurs lui aussi avait droit à son guetteur. A la différence que celui-ci ne se cachait pas. Il se tenait même en travers de la route. L'envie passer dessus avec sa calèche démangeait Alfred. Ce chasseur de prime lui faisait une sale impression. Toutefois ce comportement n’aurait pas été très courtois. Par conséquent il s’arrêta. Bane s’approcha sans rien laisser deviner de ses intentions. Il n’émanait de lui aucune agressivité, ni ressentiment particulier. Il faut dire que son visage l’aidait grandement sur ce point. Alfred délaissa son intuition au profit d’un raisonnement rationnel. Les chasseurs de prime ne s’en prenaient qu’aux criminels. Il n’en était pas un, et n’en connaissait aucun personnellement. Par conséquent il n’y avait rien à craindre.

    

    « Bonjour, monsieur. Puis-je vous être utile ? »

    

    Bane trouva la réplique incongrue au point de marquer une pause avant de répondre.

    

    « Je cherche Bruce Wayne. »

    

    Le serviteur sortit alors l’excuse mise au point au sujet de l’absence de son maitre nécessaire à la surveillance.

    

    « Il est partit dans le nord prospecter des filons de métaux précieux. Il sera de retour dans une semaine ou deux. Je peux lui transmettre un message à son retour, si vous le désirez. »

    

    Alfred avait fait du théâtre dans sa jeunesse. Bane malgré son œil aiguisé ne pouvait pas affirmer avec certitude, qu’il mentait. Dans le doute il préféra sévir. Après tout si le serviteur disait la vérité Bruce était introuvable. Par contre dans le cas contraire il demeurait un espoir à ne pas gâcher.

    

    « Tu vas me dire où il se trouve. » Ajouta le chasseur de prime en s’approchant de plus en plus.

    

    « Je vous ai ...déjà répondu ....sur ce point. »

    

    Pas de doute il inspirait bien de la peur à Alfred. Pourtant il ne parlerait pas. Cette loyauté fit naitre en Bane une solution de rechange ou plutôt une récupération.

    

    « Tu vas parler cabrone ou je te casse en deux. » Dit-il en brandissant un de ses énormes poings.

    

    Bien qu’il ne soit pas un combattant, Alfred ne laissa pas sa crainte l’emporter. Face à l’urgence de la situation il conserva sa rigueur habituelle. En homme organisé et conscient des dangers de l’ouest américain, Alfred avait une parade dans sa poche littéralement parlant. Il s’agissait d’un remington elliot single, un pistolet d’à peine dix centimètres de longueur.

    

    « Reculez immédiatement, je vous prie. » Annonça le serviteur tout en brandissant cette arme à la manière d’un tireur convenable.

    

    Bane décela un léger tremblement. Son adversaire n’avait jamais usé d’une arme sur une cible humaine. C’est pourquoi il répliqua :

    

    « Tu n’oseras jamais tirer gringo. »

    

    « Vous m’en voyez navré. »

    

    Conscient de ses limites, Alfred visa l’épaule droite en espérant que cela suffirait. Bane tressaillit à peine comme face à une piqure de moustique. Alfred sentit sa dernière heure arriver. Le remington ne contenait qu’une seule balle. Jamais il n’aurait le temps de recharger à une si courte distance.

  

    A la place d’un coup fatal du gauche, Bane préféra la parole :

    

    « Vous venez de faire feu sur un homme désarmé. Ça ne va pas plaire au shérif. »

    

    En plus c’était vrai. Ce chasseur de prime ne portait visiblement aucune arme. Alfred venait de se faire posséder. Ce n’était pas finit, du moins le croyait-il en tentant de s’emparer des rênes de son attelage. Seulement Bane le devança. Rien dans tous cela n’était cohérent. Les chasseurs de prime étaient censés n’être que des charognards juste bon à abattre à peine pire qu’eux. Et même un petit calibre à bout portant faisait un minimum de dégât.

    

    « Qu’est-ce qui se passe ? » Parvint à dire Alfred à son ennemi en quête d’explication.

    

    « Je rembourse une dette. » Répondit Bane par respect.

    

    Tant de gens se soumettaient face à un simple regard de sa part. Ce domestique méritait bien ça.

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