WILD GOTHAM 5 : OMBRES ET LUMIERES

Chapitre 11 : Intronisation

2042 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/12/2018 18:19

Théâtralité et simplicité se mélangeaient. Le campement des frères de la lumière et de la ligue des ombres était plutôt modeste : des tentes en toile sommaires, et quelques chariots également rustiques. Au milieu de ce décor humble se tenait Ra’s al Ghul bordé par deux rangés de personnes brandissant des flambeaux. Tous ces gens impassibles et parfaitement alignés procuraient un coté très cérémonieux voir mystique à la scène. Toujours sur le qui-vive Batman tout en marchant observa l’assemblée du coin de l’œil.


    Hommes, femmes, blancs, noirs, orientaux... Ces gens se tenaient côte à côte sans le moindre gêne. Alors que Lucius Fox malgré sa longue et exemplaire carrière à la mine demeurait toujours un citoyen de seconde zone dans le comté. Ce spectacle aurait dû être émouvant. Mais un malaise persistait. Déjà ils portaient tous le fameux habit noir. Et surtout il y avait cette attitude inflexible se reflétant sur chacun des visages. C’est comme si leurs individualités avaient été gommé.

    

    « Bienvenue chez vous. » Annonça alors Ra’s al Ghul. « Car avant même que nos chemins se croisent, vous étiez déjà des nôtres. »

    

    Ces grandes tirades ne portaient plus Batman. Il était trop avide de réponses.

    

    « Qui êtes-vous ? »

    

    Si le ton évitait l’agressivité, par contre de l’impatience en émergeait. Ra’s al Ghul le comprit immédiatement.

    

    « Nous sommes des gens, qui rendent la justice dans l’ombre tout comme vous. Je parle évidemment de la vraie justice, pas celle restreinte par des textes de loi. »

    

    Enfin un peu de clarté se profilait. Mais ça ne suffisait toujours pas à Batman.

    

    « Et vous voudriez que je me joigne à vous ? »

    

    « Pas exactement. Vos actions sont déjà similaires à celles que nous entreprenons. Ça n’aurait donc aucun intérêt de faire de vous un simple membre de notre confrérie.

    J’ai une vision bien plus ambitieuse pour quelqu’un ayant votre potentiel. Ma fille et vous allez perpétuer mon œuvre et ma lignée. »

    

    Batman surpris jeta à un coup d’œil en direction de Talia. Elle aussi affichait de la stupeur.

    

    « Allons. » Dit Ra’s al Ghul cette fois à l’attention de sa fille. « Tu sais bien que tu ne peux rien me cacher. Et je ne t’en tiens pas rigueur. Tu ne pouvais pas faire un meilleur choix. »

    

    Ça devenait de plus en plus malsain.

    

    « Vous n’avez pas à décider pour nous ! »

    

    Bien que les mots étaient lancés violemment, Ra’s al Ghul conserva son calme en argumentant.

    

    « Je ne décide de rien. Je ne fais que constater l’évidence. Tout comme vous le ferez à votre tour. Il suffit que vous réalisiez toutes les possibilités que nous vous offrons ma ligue et moi. »

    

    Suite à ses paroles, il leva la main droite. L’une des rangées s’ouvrit en son milieu. Deux membres de la ligue en émergèrent entrain de pousser deux personnes ligotées et bâillonnées. Il s’agissait de Montoya et d’Oswald. Batman aurait dû venir à leurs secours du moins à celui de la shérif-adjoint. Sauf qu’il venait de subir un combat éprouvant, et surtout il y avait tous ces membres de la ligue. Par conséquent il préféra la prudence à l’audace. Malgré toutes leurs différences les deux prisonniers affichaient la même attitude insoumise. Leurs regards bouillonnaient de rage. Ils trainaient des pieds, et s’agitaient. Cela indiquait qu’ils n’étaient pas trop mal en point. Les deux prisonniers furent poussés tant bien que mal juste devant Batman. Ra’s al Ghul les suivit, puis passa devant eux.

    

    « Voilà ce que la ligue des ombres peut vous apporter. Ce corrupteur se jouant de la loi. Et cette femme censée défendre la dites loi, et qui s’adonne à des actes de luxure avec une autre femme. »

    

    Suite à ses mots Ra’s al Ghul tendit à son invité une des lames courbes de la ligue.

    

    « Que voulez-vous ? » Dit Batman choqué face à cette proposition.

    

    « Et vous ? Vous voulez que cette justice inepte leur permette de continuer à sévir impunément. Alors qu’un simple geste suffirait à y mettre fin. Pensez au comté de Gotham et à toutes les existences, qui vont s'en trouver soulagées. »

    

    Perdue dans ses pensées Batman laissa Ra’s al Ghul lui glisser la lame dans la main avant de reculer. Il regarda Oswald et songea aux gens, qu’il avait ruiné par le jeu ou transformé en alcoolique. Et ce n’était que la partie immergée de l’iceberg. Le tenancier avait protégé Victor Szaz, engendré en partie le Joker, engagé Edward Nigma, Waylon, et Floyd. Il était la source de tellement de mots. Ra’s al Ghul avait raison. Sa mort serait une bénédiction.

    

    Puis ses yeux se portèrent sur Montoya. Il se rappela de son éducation religieuse, des pervers de Sodome et Gomorrhe. Dieu lui-même les avait punit pour leurs fornications. Batman leva le couteau. Soudain une autre femme lui vint en tête. Elle aussi était sensée être damnée. Parce que c’était une catin. Et pourtant Sélina n’était pas une mauvaise personne, juste quelqu’un refusant le rôle que la société lui imposait injustement. Même si ce que la shérif-adjoint faisait avec les femmes le choquait, elle avait combattu courageusement au coté de Gordon, et veillait à la sécurité du comté avec zèle. Faisant fi de ses valeurs inculquées dès l’enfance Batman admit, qu’il ne s’agissait pas non plus d’une mauvaise personne.

    

    La lame trancha donc les liens au lieu de la gorge. Puis vint le tour des liens d’Oswald comme une sorte de dernier défi envers ce faux prophète, qui avait voulu le transformer en meurtrier. Ensuite Batman laissa volontairement tomber cette arme afin que son refus soit complet. Le temps s’arrêta. Même Ra’s al Ghul fut prit de court.

    

    En toute logique les personnes les plus forcées à se contenir, réagirent les premières. Montoya ramassa le couteau offert à Batman, et planta l’homme derrière elle. D’un habile déplacement des hanches Oswald percuta de tout son poids l’autre membre de la ligue. Qui aurait cru que cet adepte de la manipulation, disposait également de talents en corps à corps ! Les autres réactions suivirent rapidement.

    

    « Tuez-les ! » Ordonna Ra’s al Ghul avec de la tristesse dans la voix.

    

    Mais de qui parlait-il ? Seulement des prisonniers ou aussi de son invité ? Apparemment Talia avait une idée de la réponse. Puisqu’elle cria avec crainte : « Bruce ! »

   

    Alors que les assassins de la ligue dégainaient leurs lames, Batman se reporta sur la meilleure de ses armes : son intelligence. Même avec ses deux alliés, il ne viendrait jamais à bout d’un tel nombre. Il jeta sa boule de fumée, puis entraina par les épaules la shérif-adjoint et le criminel. Grâce à ses lunettes il parvenait à s’orienter dans ce nuage contrairement à ses adversaires. Malheureusement ce leurre échoua sur l’un d’eux.


    « Ils tentent de s’enfuir. » Annonça Ra’s al Ghul en désignant du doigt la sortie du camp la plus proche.

    

    Tous se ruèrent dans cette direction à une exception près. Talia hésitait encore. Jamais elle ne trahirait la cause de la ligue des ombres. Mais était-ce juste de s’en prendre à un homme comme Batman œuvrant lui aussi pour le bien ? Le trio venait de tout juste quitter le camp lorsque des bruits de pas s’approchèrent dangereusement. Même si Batman usait de son boomerang, ça ne suffirait pas. La foulée d’Oswald était bien trop réduite. Ils ne pourraient jamais les semer. Une solution subsistait. Seulement Batman oserait-il aller jusque là ? Non ce sacrifice demeurait trop lourd à ses yeux. Il préférait encore faire un autre don à la place. Alors que ses deux compagnons couraient, lui s’arrêta, et fit face. Son boomerang fracassa la tête la plus proche avant de lui revenir dans les mains. Ce ne serait que le premier à tomber avant qu’il ne cède. D’autres viendraient.

    

    Brusquement Montoya constata l’absence de son sauveur à ses cotés. Elle pivota à son tour, et le vit s’apprêter à faire face à la charge d’une douzaine de personnes. Seul un miracle était en mesure de le sauver. Et justement un miracle arriva. Un tir retentit. Un front explosa. Un autre tir suivit ainsi qu’une autre tête transpercée. Puis deux détonations s’entremêlèrent, les morts allant avec. Les assassins se trouvaient totalement à découvert au milieu de cette plaine, et sans arme à feu. La fuite constituaient l’unique solution. Montoya regarda vers la direction des coups de feu. Deux cavaliers approchaient. Malgré l’obscurité elle distingua l’éclat de l’étoile de shérif-adjoint sur l’un de ses sauveurs. L’autre arborait une chevelure rousse très familière. Elle descendit de sa monture le fusil à la main, le visage amoché, et la fureur du combat dans le regard. Jamais Montoya n’avait trouvé Kate aussi belle.

    

    « Tu vas bien ? » Demanda-t-elle à Montoya les larmes lui montant aux yeux.

    

    « Je vais bien moi aussi. Je vous remercie. » Rétorqua cyniquement Oswald.

    

    Les deux femmes ne l’écoutaient pas. Elles venaient enfin de réaliser ce qu’elles représentaient l’une pour l’autre. Qu’importe la présence des autres, elles s’embrassèrent.

    

    Oswald émit un soupir de dégoût à quoi répliqua Jason :

    

    « Vous devez la vie à cette femme. »

    

    Effectivement Kate avait remarqué le profil oriental de son agresseur. Or les étrangers étaient rares dans le comté. A vrai dire ils se limitaient actuellement aux frères de la lumière dont le porte-parole était également de type oriental. L’ancienne soldate exposa cette théorie à Jason, qui accepta de jeter un coup d’œil au campement en sa compagnie. En fait elle s’était plus imposée qu’accepté. Au final ils se trouvaient tous sur un champ de bataille. L’amoureuse s’éclipsa alors rapidement chez Montoya, qui regarda en arrière. Il ne restait plus que quelques cadavres.

    

    « Où est l’homme masqué ? » S’interrogea-t-elle à haute voix.

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