Une larme de buée

Chapitre 1 : Douleur

Chapitre final

1064 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 13/11/2016 22:33

Un bureau, un fauteuil, une silhouette. Face à la fenêtre, Ciel est assis. Le même air glacial que d'ordinaire et aussi déchiré intérieurement que d'ordinaire, il fixe la buée que son souffle a déposé sur le carreau. Tout son être crie, griffe, hurle, pleure mais il se contente de dessiner du bout de l'index sur la vitre. Il dessine une larme, celle que ses yeux se refusent à laisser couler.


•♦•


Il est parti, Lui qui comptait tant. Il a laissé le Contrat inachevé, et sa marque violette dans l'iris de Ciel. Il avait accompli la vengeance de son Maître, égorgeant ses tortionnaires d'un sourire carnassier. Couvert de sang, Il s'était alors incliné devant son Contractant. Le jeune Comte L'avait alors fixé de son bel œil bleu.


"Alors, qu'attends-tu ? Tue-moi."


Il avait secoué la tête, faisant voleter ses cheveux d'un noir de jais. Un fin sourire désabusé étirait Ses lèvres.


"Je ne peux pas, Jeune Maître.

-Comment ?! Que me chantes-tu là, c'est là la finalité du Pacte...

-J'en suis incapable, avait-Il déclaré, amer."


Sans plus d'explications, Il avait tourné les talons. Ciel ne voyait pas le chagrin purement humain qui s'était peint sur Ses traits pendant qu'Il s'éloignait.


"Sebastian, tue-moi ! avait-il élevé la voix"


Il avait ralenti sans pour autant obéir, mais avait tendu l'oreille en percevant la détermination de Son Maître. Pourtant sûr de faire le bon choix, Il avait continué à s'éloigner.


"Sebastian ! Prends mon âme, notre Contrat est terminé ! Je n'ai aucune raison d'être maintenant ma vengeance accomplie..."


La voix du jeune homme s'était affaiblie, sa fierté légendaire flanchait, mais Il ne répondait pas.


"Prends mon âme, c'est un ordre."


Alors seulement Il avait daigné se retourner. L'expression de Son visage avait prit Ciel au dépourvu. En effet, le démon au premier abord indifférent lui avait en réalité semblé... Triste. Résigné, Il s'était avancé vers le Comte d'une démarche souple. Des volutes noires avaient commencé à l'entourer et la pièce avait été plongée dans l'obscurité. La seule chose que le jeune Maître voyait était la lueur violette de Ses prunelles. Flamboyante, elle s'approchait de lui au rythme du claquement de Ses bottes sur les dalles.


L'adolescent fut alors saisi d'angoisse. La lumière dansait, s'approchait. Toujours plus près, toujours plus brillante. Toujours plus menaçante. Soudain une main griffue l'avait attrapé par la hanche. Il se sentit plaqué contre le torse de celui qui avait prit une place beaucoup trop importante dans sa vie. C'était aussi pour cela qu'il voulait mourir ce soir. Pour ne plus avoir à souffrir des caprices de son cœur. Il était promis à une autre, qui lui était insupportable, mais était forcé de vivre au quotidien aux côtés de l'objet de son désir. Déchiré entre son devoir et son attirance, sa fierté préférait y mettre fin.


Il s'était alors relâché, comme soulagé de savoir sa fin si proche. Dans les ténèbres il se laissait hypnotiser par Ses yeux violets. Il espérait que ça soit douloureux, que toute la frustration contenue dans son corps puisse se déverser dans son dernier hurlement. Dans une torpeur étrange il avait senti Son souffle tout contre sa bouche. Ciel avait frissonné, tant de peur que de désir.


Il s'était soudain senti pressé encore plus près de Lui et avait senti Sa main s'emmêler dans ses cheveux bleutés. Soudain, Sa voix lui avait fait doucement à son oreille, presque douloureusement :


"Je ne peux pas, Jeune Maître."


Il avait alors pris délicatement le visage de Son Contractant entre Ses mains et avait déposé sur ses lèvres un léger baiser. Un baiser au goût de sang et de larmes, d'amour et de haine. Quand la lumière était revenue, Il était parti.


•♦•


Assis dans son fauteuil, le Comte regardait le parc. Il Le voyait dans toutes les ombres, L'imaginait marchant dans l'allée et revenir. Lui servir son thé. Il le hantait, et le hanterait toujours. Ciel Phantomhive avait beau encore posséder son âme, il n'était plus guère qu'une enveloppe sans vie. Le peu de sentiments qui lui restaient s'étaient enfuis avec Lui, le laissant hagard, un goût de sang sur les lèvres. Il souffrait. Tous les jours Son souvenir lui déchirait le cœur, et ses larmes refusaient d'évacuer sa douleur.


Sans Lui il n'était plus rien. Il ne pouvait cependant se résigner à mettre fin à ses jours car il gardait l'espoir ténu qu'un jour Il reviendrait. Et ce désir irréel le consumait jour après jour un peu plus. Chaque matin où il se levait sans Sa présence à ses côtés, chaque fois qu'il boutonnait sa chemise ou buvait son thé. Il Le revoyait partout, partout où Il n'était plus. Il l'avait abandonné.


Il effleura ses lèvres du bout des doigts et sentit un nouveau gouffre ouvrir son cœur déjà lacéré au souvenir de ce jour qui fut à la fois le plus merveilleux et le plus horrible de toute son existence. Il se remémorait régulièrement la sensation exquise de Ses lèvres contre les siennes. Douce et horrible torture.


Il se leva, affichant un visage toujours aussi fier et hautain. Dans deux mois il devrait se marier avec Elizabeth Midford. Cela lui était égal. Tout lui était égal. Il sortit de la pièce.


Sur la fenêtre, des lettres recouvraient la buée. Autour de la larme s'étalait toujours le même nom, comme une prière silencieuse.


Sebastian




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N.D.A : Je suis la deuxième auteure sur ce compte, et c'est ma première fanfic ici.

J'espère que je vous aurai fait pleurer :3

Plus sérieusement, je voulais remercier ma collègue (je voulais mettre consœur mais ça fait un peu trop secte) de m'avoir choisie pour écrire avec elle. J'aime beaucoup son travail et je lui suis très reconnaissante de ce qu'elle a fait pour moi.

N'hésitez pas à me laisser une note ou un commentaire afin de me faire savoir ce que vous pensez de cette première fic !

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