City Hunter

Chapitre 1 : Prologue

2990 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 21/02/2019 08:34

NB :

Italique : pensées des personnages


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Posté en haut d’un arbre, Ichigo observait tranquillement le manoir qui se dressait trente mètres devant lui. C’était une nuit sombre, sans lune, et la demeure était entièrement plongée dans la pénombre. Seule la lumière traversant les fenêtres de certaines pièces contrastait avoir la noirceur extérieure. L’imposant parc entourant le manoir était dénué de tout éclairage, donnant un air lugubre à la propriété. L’homme regarda sa montre et soupira, passant sa main dans ses cheveux roux dans un geste d’agacement.


« Dix minutes. Kuso*, cet idiot va finir par me mettre en retard… »


Son regard ambré se reporta sur le manoir et ses alentours. Au rez-de-chaussée une pièce était plus éclairée que les autres. Au travers des rideaux, dans ce qu’il semblait être une salle à manger, on pouvait discerner quelques silhouettes en mouvement.

 

Des personnes qui ne devraient plus être là à cette heure…

 

Ichigo reporta son regard sur l’extérieur du bâtiment. A chaque angle se trouvait un garde, plutôt bien armé. Deux étaient postés devant la porte principale, un fusil d’assaut dans les mains. Deux idiots, si on tenait compte du fait que personne n’irait attaquer une maison en passant par l’entrée… La maison était très bien protégée au demeurant. Des gardes à l’extérieur, une alarme reliée à chaque fenêtre se déclenchant à la moindre ouverture, une barrière électrifiée installée sur l’enceinte du domaine, sans parler des gorilles qui ne lâchaient pas les arrières de leur chef. Ichigo rigola jaune intérieurement. Passer l’enceinte avait été un jeu d’enfant, et il s’était occupé de l’alarme des fenêtres plus tôt dans la soirée. Il était prêt. Sauf que sa cible, elle, n’avait pas l’air de vouloir suivre sa routine habituelle, et avait décidé de prendre son temps pour diner… Il maudit Kaien de lui avoir fournir un timing erroné. Ça avait été sa tache de suivre Monsieur Tanaka et d’établir sa routine. D’après lui, la cible respectait toujours le même emploi du temps, les mêmes horaires… il n’était jamais en retard.

 

Sauf, précisément, aujourd’hui… !

 

Ichigo regarda à nouveau sa montre. 21h57, treize minutes de retard. Il jura entre ses dents, frustré. Si le retard continuait à se creuser, son plan ne tiendrait plus. Une légère brise vint chatouiller le cou du jeune homme, lui déclenchant un frisson incontrôlé. L’air était encore frais pour un mois d’avril, mais Ichigo s’était obstiné à ne pas s’habiller trop épais pour ne pas gêner ses mouvements. Et vu qu’il n’était pas censé rester trop longtemps dehors, il ne s’était pas plus posé la question… malheureusement pour lui, son blouson bleu nuit avait beau avoir un col fourré, ce n’était certainement pas assez chaud.


Ça va aller super vite Ichigo.. ! Ça va être du gâteau… Bordel j’aimerais bien t'y voir à ma place, enfoiré.


Il aperçut du coin de l’œil du mouvement dans la salle à manger : les silhouettes venaient de disparaitre, la salle à manger était maintenant plongée dans la pénombre.


« C’est pas trop tôt ! » Ichigo soupira d’agacement et de soulagement. Il allait enfin pourvoir passer à l’action, mais devrait rattraper son retard. Et il savait pertinemment qu’en se précipitant, il s’exposerait à des erreurs.


Le jeune homme s’accroupit, en équilibre sur la branche, et fouilla dans la poche gauche de son blouson pour en ressortir une paire de gant de cuir noir. Il les enfila, remit sa veste en place et se jeta dans le vide. Il atterrit trois mètres plus bas, sa chute étouffée par l’herbe, et s’avança discrètement mais rapidement jusqu’aux arbustes plantés sur le côté de la maison. Dissimulé, il jeta un coup d’œil pour vérifier la position des deux gardes situés au angles Nord et Est. Chacun surveillait une position opposée, séparés d’une distance de 20 mètres. Parfait, mais amateur. Ichigo glissa rapidement sa main dans la poche gauche de sa veste et en sorti un filin fin enroulé qu’il étira des deux mains. Il sorti de sa cachette d’un pas feutré et se dirigea vers le garde le plus près de lui. Lui faisant dos, il n’eut aucun mal à s’approcher.


Le jeune homme tendit l’oreille pour être sûr que rien ne s’agitait autour de lui, s’approcha jusqu’à entendre le souffle de son adversaire, et d’un geste rapide, il passa ses deux mains, poings liés par le filin, devant le visage du garde. Avant qu’il n’ait le temps de réagir et de donner l’alerte, Ichigo ramena ses mains tenant toujours le filin vers lui, emprisonnant la gorge de l’homme et l’empêchant de produire le moindre son. Rapidement, il se retourna dos à lui et tira sur le cordage métallique par-dessus son épaule. Avec son mètre quatre-vingt, il n’eut aucun mal à hisser l’homme du sol. Le câble se resserra autour du cou du garde qui essaya de se débattre comme il put, mais son adversaire étant derrière lui, il ne pouvait qu’agiter ses bras dans les airs. Lentement, et accentué ses gesticulations, le filin s’enfonça dans son cou, comprimant petit à petit ses artères carotides. Le pauvre sentit peu à peu son cerveau se comprimer par le manque d’afflux de sang, il agita désespérément ses mains autour du filin pour essayer de se libérer, ses ongles s’enfonçant au passage dans la chair, le griffant jusqu’au sang. Au fur et à mesure que les secondes s’écoulaient, sa vue se troublait, son esprit s’embrouillait et de faibles sons comme des gargouillis s’échappaient de sa bouche dans un vague espoir d’air. Le filin comprimait malheureusement la trachée du garde qui se voyait dénué de parole.


Ichigo de son côté tenait fermement le câble dans ses mains. Les gants lui permettaient d’avoir une meilleure prise sans se blesser. La strangulation était le moyen le plus silencieux pour neutraliser une personne, et presque le plus rapide. Lors d'un étranglement, le volume d'air qui pénètre dans les poumons à chaque inspiration diminue. A l'asphyxie progressive se substitue l'asphyxie franche, l’individu est contrôlé en quelques secondes. Après une quinzaine de secondes, le sujet devient inconscient, les lèvres et les oreilles violettes, les yeux sont injectés de sang, la vue se brouille, les oreilles bourdonnent et la syncope survient.

Dans son dos, l’individu ne se débattait plus. Ichigo relâcha doucement sa prise sur le filin et le corps inerte du garde atterrit doucement sur le sol. Surveillant que l’autre garde n’avait rien entendu et regardait toujours à l’opposé, il fouilla l’homme à terre jusqu’à mettre la main sur son talkie-walkie accroché à la ceinture. Il le récupéra et le glissa dans la poche de sa veste, puis alla s’occuper de l’autre garde.


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Monsieur Tanaka était en retard sur son planning et il détestait ça. La soirée était déjà bien entamée et il lui restait beaucoup à faire. Cette maudite femme lui avait tenu la grappe au moins vingt minutes au téléphone, à pestiférer ses menaces.


Qu’elle aille au diable, je me débrouillerai tout seul.


Arpentant le couloir menant à son bureau, il soupira. La tâche n’allait pas être simple, Koko-chan organisait toujours tout dans le plus grand secret, il n’y avait jamais de mauvaise surprise avec elle. Mais elle coûtait de plus en plus cher, et commençait à le faire chanter.


Du bluff, elle ne peut rien faire toute seule.


Il ouvrit la porte de son bureau et se faufila rapidement à l’intérieur, un épais classeur sous le bras. L’immense pièce était plongée dans le noir mais cela importait peu, il connaissait les lieux du bout des doigts. Il s’avança d’un pas pressé vers le centre de la pièce jusqu’à un lampadaire qu’il actionna. La lumière produite éclaira faiblement son salon aménagé de canapés et fauteuils et disposés autour d’une estrade de 50 centimètres de haut. Sans perdre de temps, l’homme s’approcha d’un buffet placé le long du mur et y déposa son classeur avant d’appuyer sur l’interrupteur mural juste au-dessus, plongeant toute la pièce dans la lumière.


« Bonsoir Mr Tanaka »


L’homme désigné sursauta et se retourna vivement vers son bureau, surpris d’entendre quelqu’un alors qu’il devrait être seul. Monsieur Tanaka découvrit un jeune homme confortablement installé dans son fauteuil en cuir, les jambes croisées, le menton reposant sur son bras accoudé, et aux cheveux teints en un roux flamboyant.


« Qu’est-ce que… ! »


Cet homme, Monsieur Tanaka ne le connaissait pas. Pris de panique, il se rua sur le téléphone mural accroché à deux mètres, manquant de trébucher sur l’un des tapis au passage. Il lui suffisait d’appuyer sur une simple touche pour alerter ses gardes du corps. Sa main n’était plus qu’à quelques centimètres du combiné mais une gêne, suivie d’une douleur aiguë l’arrêta net. Il porta son regard sur sa main droite où un poignard venait de se loger, la transperçant de part en part. Sur le coup, le sang ne coula pas tout de suite, mais la douleur devint vite insupportable. Le visage contracté par la souffrance, Mr Tanaka ne pût contrôler un cri et s'effondra sur ses genoux en se tenant sa main blessée. La plaie ne tarda pas à saigner, le liquide chaud s’écoulant lentement le long de la lame et venant tomber, goutte par goutte, sur la moquette bientôt rougie. Le malheureux reporta son regard sur son agresseur dans un mélange de colère et de peur. Le jeune homme était toujours assis dans son fauteuil, mais il n’avait plus les jambes croisées. Son visage était indéchiffrable, fermé. Mais qui était-il pour rester aussi calme alors qu’il venait de le poignarder ?! Tout s’est passé si vite, et pourtant à voir la posture de l’agresseur, c’est comme si rien ne s’était passé…


Le jeune homme se releva soudainement du fauteuil et s’avança vers Monsieur Tanaka qui eut un sursaut en le voyant approcher. Arrivé à sa hauteur il s’accroupi face à lui et fit claquer plusieurs fois sa langue de mécontentement.


« Tt tt tt, allons Monsieur Tanaka. Il n’y a pas de raison de s’inquiéter, je veux juste discuter avec vous. »


Le ton de l’individu était presque joyeux, mais Mr Tanaka resta cependant sur la défensive. Il ne savait pas ce que voulait cet individu, et ne devait pas perdre la face. Etre blessé et à genou devant lui n’allait pas l’aider, il devait trouver le moyen de le distraire et prévenir la sécurité…


« Vous plantez souvent un poignard dans la main de ceux avec qui vous discuter ? » Ce qui décrocha un sourire à son agresseur. Il continua « je ne sais pas qui vous êtes ni ce que vous voulez, mais il ne vous reste que quelques secondes avant que mes gardes n’arrivent avec le cri que j’ai poussé tout à l’heure. »


« Ah ». Le rouquin n’avait guère l’air inquiet, et ses yeux se plissèrent même d’amusement tandis qu’il échappa un rictus. « Voyons ça ».


D’un coup, l’homme saisit la main blessée de Monsieur Tanaka et lui arracha le poignard resté logé. Avec la vitesse, le sang présent sur le couteau gicla un peu plus sur la moquette tandis que la plaie maintenant bien ouverte saignait abondamment. La douleur était encore pire sans le poignard, la chair ouverte et meurtrie brûlant au contact de l’air comme si des milliers d’entailles étaient tracées au cutter dans la peau. Monsieur Tanaka ne pût contrôler un second hurlement, plus violent que le premier, et s’effondra complètement au sol, la manche de sa chemise maculée de sang. Le front humide de transpiration, le souffle saccadé, son cri se transforma lentement en gémissements. Au bout de quelques secondes, il prit une profonde inspiration et tenta de se relever du sol à l’aide de sa main indemne. Son agresseur qui n’avait jusque là pas bougé d’un pouce se releva, dominant la victime de toute sa hauteur et certainement pas l’air inquiet. Il sait… ?


« Vos hommes n’ont pas l’air décidés à venir vous sauver… ». Il s’éloigna de Monsieur Tanaka et se dirigea lentement vers l’entrée du bureau. « Ou peut-être n’avez-vous pas crié assez fort. Une chance pour moi que vous ayez fait insonoriser votre bureau. »


Il savait donc que la pièce était insonorisée… qui diable était cet homme ? Comment était-il entré ? Les gardes, l’alarme… sa maison était bien surveillée, chaque porte, chaque fenêtre était reliée à un système de surveillance. Il avait dépensé des millions des yens pour ça !


« Pour vous faire plaisir, on va faire comme ci je n’étais pas au courant et prendre mes précautions ».


Il lança un clin d’œil à sa victime et tourna le loquet de la porte, la verrouillant. Il sorti ensuite de son blouson un énorme magnum 357 dont il utilisa la cross pour casser la poignée qui tomba mollement sur la moquette. Toujours l’arme en main, il revint vers Monsieur Tanaka qui se raidit à sa vue.


« Que voulez-vous ? »


« Je suis là car votre mère ne vous a pas appris les bonnes manières »


«Que-… quoi ? »


« Il paraitrait que vous avez un penchant pour les jeunes femmes. Encore que, c’est le propre de beaucoup d’hommes je ne pourrai pas vous le reprocher. Il est normal que les humains s’attirent, c’est dans nos gènes. Mais vous savez, toutes les femmes n’ont pas envie de coucher, certaines essayent juste de gagner leur vie comme elles peuvent, sans qu’on vienne les harceler »


Alors c’est de ça qu’il voulait parler ? Des putes qu’il embauche… ?!


« Enfin, ce sont des foutaises ! toutes ces femmes sont payées, et même gracieusement ! »


« Vous embauchez qui vous voulez, du moment qu’elles sont consentantes. Vos petites soirées, ce que vous faites dans ce bureau insonorisé ne me regarde pas. Par contre vous venez de perdre votre carte de fidélité au Nian’s Club. A vie. Je vous interdis de vous y approcher, d’emmerder les filles qui y bossent ou ne serait-ce même que les regarder. Si j’entends que vous avez à nouveau essayé de toucher une femme sans son consentement, n’importe laquelle, c’est pas votre main qui y passera… »


Pour schématiser sa pensée, le rouquin apposa lentement le canon de son magnum sur le front de Monsieur Tanaka dont les pupilles se dilatèrent sous la peur. Son visage perdit ses couleurs et son corps se mit à trembler nerveusement.


« Pit-pitié… d’accord, d’accord, je n’irai plus dans ce club… mais par pitié, ne tirez pas ! »


Le jeune homme le fixa sans rien dire un long moment, sans abaisser son arme. Une minute, cinq, 30 secondes… le temps devenait flou pour Monsieur Tanaka. Sa main était lancinante, la douleur remontait jusqu’à l’épaule et la peur de se faire tuer l’empêchait de penser clairement. Allait-il mourir comme ça ? Juste parce qu’il avait fait des avances à cette fille ! Mais enfin, qui était cet homme ? Et son regard transperçant qui ne le quittait pas…


Une sonnerie vint briser le silence pesant. Le son semblait provenir de l’arme du jeune homme dont les sourcils froncés se relâchèrent. Il descendit son regard sur son poignet où sa montre attachée ne cessait de bipper. D’un coup, il abaissa son arme et la rangea dans son blouson. Monsieur Tanaka se surprit à expirer bruyamment. Avait-il retenu son souffle tout ce temps ?


« Bon, maintenant qu’on a mis les choses au clair, je peux vous laisser ».


Soudain, on entendit derrière eux du remue-ménage, des hommes parlant fort puis le bruit d’une poignée qu’on essaye vainement de tourner. Miracle ! Ses gardes étaient enfin là ! S’ensuivit un bruit sourd provenant de la porte que les hommes tentaient de défoncer. De son côté, l’agresseur se releva.


« N’oubliez pas ce que je vous ai dit, je ne vous quitte pas des yeux »


« Mais qui êtes-vous à la fin ?! »


L’homme sourit. « Ichigo Kurosaki. City Hunter. »


La dernière chose dont se souvînt Monsieur Tanaka fût le violent coup qu’il reçut sur le crâne ainsi qu’un bruit de verre brisé, avant qu’il ne perde connaissance.


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kuso 糞 = merde !

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