Arrancar

Chapitre 2 : La légende du déchu

5592 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 22/04/2017 16:46

« Allez… Allez ! Il faut que j’aille plus vite ! Autrement, Loz va… »

 Criquet allait aussi vite qu’il le pouvait mais il sentait déjà les premiers signes de fatigue. Au loin, Avirama consommait une carcasse.

- Je ne sais pas à quoi tu t’attendais en venant mourir ici mon pote, mais moi, je ne passe jamais à côté d’une carcasse !

 D’un coup de bec, ce hollow ressemblant à un aigle géant se saisit d’un gros morceau de chair qu’il arracha et mangea. Soudain, alors qu’il relevait la tête pour avaler, sa vue extraordinaire lui fit remarquer quelque chose de minuscule se déplaçant à toute vitesse.

- Hé mais c’est Criquet ! Qu’est-ce qui lui arrive ? Il a l’air affolé…

 Le rapace pris son envol et rattrapa son camarade en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

- Il… Il faut vite que je…

- Criquet ?

- Hein ? Avi’ ! Mon frère ! Tu tombes bien !

- Qu’est-ce que tu fais là tout seul, dehors ?

- Regarde par-là, dit l’insecte en désignant la direction d’où il provenait.

- Qu’est-ce que… dit Avirama en tournant la tête. Ah ! Qu’est-ce qui se passe ?!

- ça se présente mal ?

- Très mal, même ! Pourquoi Loz est là-bas ! Il se bat avec quoi ?!

- Ce serait trop long à t’expliquer ! Il faut que tu me conduises au boss !

- Mais attends ! Il a besoin d’aide !

- Loz est un adjuchas pur-sang avec une force largement au-dessus de la moyenne et regarde dans quel état il se trouve ! Qu’est-ce qu’un desnudos moyen comme toi espère changer ? Te jeter tête baissée dans la bataille serait la pire chose à faire. Il n’y a que le boss qui puisse faire pencher la balance !

- Dans ce cas, monte ! On n’a pas de temps à perdre !

Au repère du Boss

- On va t’attraper ! On va t’attraper !

- Hi hi hi ! Non !

 J’arrive et retrouve Nel en train de jouer au loup avec Pesshe et Dondochakka. La vieille Baba est tranquillement installée sur un rocher, surveillant les enfants. Elle me remarque et me sourit.

- Ah, c’est toi, Boss. T’es-tu bien recueilli ?

- Oui Baba. Je te remercie.

 Baba est un hollow de basse extraction. Elle a cependant gardé sa conscience humaine et tient le rôle de la gentille grand-mère au sein de notre famille. Elle était en effet une vieille dame affable qui est morte subitement d’un arrêt cardiaque il y a de cela très longtemps. Grâce à sa petite taille, l’air du Hueco Mundo lui suffit pour subsister et son manque de puissance est compensé par une capacité à se téléporter, elle ou quelque chose qui l’entoure, où elle veut et quand elle le veut. Niveau apparence, elle ressemble à une vieille femme-épouvantail : petite, courbée, un gros chignon gris cachant la moitié de sa tête, de longs poils qu’elle perd sans arrêt et un semblant de couverture en guise de vêtement.

  Comme elle est responsable, je la laisse encadrer ceux qui sont au repère pendant que je ne suis pas là.

- Je vois qu’ils s’amusent bien. Cela fait longtemps qu’ils sont sorti ?

- Je crois… J’ai dû m’assoupir quelques instants.

 Baba a besoin de dormir… Et Nel aussi. D’ailleurs, je vois pendant qu’elle joue qu’elle commence à montrer des signes d’épuisement. Je vais la chercher. En me voyant, la bande me saute dessus, folle de joie.

- Boss !

- Patron ! T’es de retour !

- Hou la, doucement. Et où est BawaBawa ?

 Le gros ver sort de sous le sable et me saute dessus en me faisant la fête. Bêtement, les autres l’imitent.

- Arrêtez de me lécher ! De la part de Bawabawa, c’est normal, mais de la vôtre, c’est bizarre !

- Boss, tu viens jouer avec nous ?

- Cela aurait été avec plaisir, Nel, mais il est temps pour toi d’aller te coucher.

- Mais… Fwahh… Je n’ai pas du tout sommeil.

- Dit-elle les yeux à demi clos et baillant à s’en décrocher la mâchoire.

 Les deux grands derrière elle lui disent :

- On s’est bien amusé, Nel.

- Oui. Repose-toi.

 Je prends la petite dans mes bras puis me rends dans la grotte qui nous sert de foyer. Il s’agit d’une cavité profonde avec des galeries auxquelles j’ai ajouté un éclairage en disposant des pierres provenant des terres brillantes, ces dernières se trouvant non loin de là. L’aversion naturelle qu’ont la plupart des hollows pour la lumière et donc, par extension, pour ce territoire, raréfie les mauvaises rencontres et nous assure une certaine sécurité.

 La grotte est trop petite pour des gros gabarits comme Loz ou Avirama. Ce sont donc surtout Nel, Baba, Criquet, Pesshe, Dondochakka, Bawabawa et moi qui en profitons. Avi’ s’est alors confectionné un nid au-dessus de la roche avec des ossements, des plumes et des arbres secs. Loz, lui, s’est fait son lit en creusant là où le sol était plus mou et donc plus confortable.

 Nel dort dans un matelas avec un coussin et des couvertures confectionnés avec les plumes d’Avirama et les poils de Baba. Criquet a l’habitude de dormir non-loin d’elle sur une pierre plate. Je mets la petite au lit, lui passe la main dans les cheveux et lui dit de bien dormir avant de tourner les talons.

- Attends ! Tu me racontes une histoire ?

- Une histoire ? Quelle histoire voudrais-tu que je te raconte ?

- Celle du déchu et des voix de la vie.

- Encore ? Pourtant, tu la connais bien, celle-là…

- S’il te plaît…

 Son gentil sourire de petite fille ne me donne pas envie de discuter plus longtemps. Je prends le caillou qui sert de tabouret, le pose à côté d’elle, m’installe puis lui raconte l’histoire.

- « Il est dit que l’univers tel que nous le connaissons est comme une balance en équilibre et qu’en son centre se trouve son créateur, le tout-puissant que nous connaissons sous de nombreuses appellations, mais dont la plus connue est celle de « Roi des esprits ».

 Cependant, son altesse n’a pas toujours été là : une légende plus ancienne raconte qu’avant, il y avait les ténèbres, le vide, le néant. Et donc, au milieu de toute cette obscurité, apparurent petit à petit les voies de la vie, telles des fleurs qui bourgeonnent dans un arbres ou des étoiles qui naissent dans l’espace.

 Au départ pourvu d’un esprit de ruche, différentes voies de la vie éveillèrent progressivement des consciences indépendantes les unes des autres et ainsi, elles réalisèrent la portée de leurs pouvoirs et décidèrent de s’en servir pour bâtir. Commença alors l’apparition du monde, de la faune, la flore, puis des humains. Cependant, il leur fallut trouver un moyen d’assurer la prospérité de ce qu’elles avaient bâtit car toute ruche a une reine. Et donc, parmi les voix de la vie les plus évoluées, plusieurs se présentèrent et fut alors élu comme monarque celle qui fut jugée comme étant la plus apte et la plus méritante à remplir cette tâche.

 Cependant, la voix élue réalisa que se préoccuper de la vie ne suffisait pas : il fallait aussi penser à la mort. Les humains avaient beaucoup trop d’émotions et de conscience pour pouvoir simplement disparaître comme le feu d’une bougie que l’on souffle. Le roi des esprits engendra donc le monde des vivants aussi appelé « la Terre », lieu le plus propice à la vie, l’au-delà, où pouvait revivre une petite partie des individus disparus, l’enfer, royaume pénitencier pour les êtres mauvais, puis le Hueco Mundo.

 Le roi des esprits réalisa que pour que la vie prospère, il en fallait autant pour la mort. Il ne put donc permettre la paix et la justice totale et endiguer les maux que sont la guerre, le crime, la maladie… Pour équilibrer ces anomalies furent engendrés le Hueco Mundo et l’enfer, là où vont les êtres profondément mauvais et les pensées les plus obscures pour l’un, et ce qui n’a pas accès à la paix pour l’autre. La principale différence est que l’enfer réuni les auteurs de ces mauvaises choses, donc des coupables, et le Hueco Mundo ceux qui les ont subis au moment de leur mort, donc des victimes.

 Pour que le monde faisant office d’au-delà puisse subsister et remplir la fonction qui lui était prévue, le roi des esprits y engendra une civilisation qu’il nomma « Soul Society » ainsi que des hérauts, les shinigamis. Tout ce que l’on trouve là-bas s’apparente à ce que l’on trouve sur Terre car sa majesté n’eut pas toutes les idées au même moment mais au fur et à mesure et il s’inspira de ce que ses enfants avaient bâti car ce qu’un homme seul peut inventer n’équivaut pas forcément à ce qu’un peuple peut innover en plusieurs générations.

 Le roi des esprits aurait pu être le souverain de tous les êtres vivants. Après tout, il était Dieu et avait le plein pouvoir ! Du moins, c’est ce que tout un chacun aurait pu se dire puisqu’en réalité, nul père ne décide des faits et gestes de ses enfants et le roi des esprits disait que les humains devaient avoir leur libre arbitre car s’ils travaillaient de concert, leurs différents points de vue engendreraient un champ de possibilité plus grand que ce que le roi des esprits ne serait jamais capable de concevoir. Ainsi, il ne se voyait pas comme supérieur aux humains puisqu’il leur était inférieur en termes d’invention et d’innovation.

 Cependant, vint une époque de troubles au cours de laquelle le roi des esprits fit appelle à un héros aux cheveux oranges pour le sauver et maintenir l’équilibre de sa création. Le glorieux héros rempli parfaitement sa mission mais malgré ses exploits, le roi des esprits fut blessé et senti sa dernière heure arriver. Il lui fallait donc choisir quelle autre voix de la vie allait prendre sa succession. Deux d’entre elles se distinguèrent du lot. La première était jeune, mais intelligente et bienveillante tandis que la deuxième était puissante et ambitieuse.

 Le roi des esprits envisageait de choisir la première voix mais, craignant de laisser son affection pour elle entraver son jugement, il demanda conseil auprès des autres voix de la vie et ces dernières entamèrent un débat houleux. Le souverain, agacé et fatigué, appela à un retour au calme et décida que son choix se ferait par un vote : « Que celles qui votent pour cette jeune voix qui m’a assisté depuis sa naissance et qui se propose de poursuivre ce que j’ai engendré se mettent à scintiller ». Quelques voix se mirent à briller comme des lucioles. Le roi fut stupéfait.

 « Que celles qui votent pour cette voix plus âgée qui souhaite engendrer une nouvelle ère se mettent à scintiller à leur tour. » dit-il. Toutes les autres voix brillèrent : la concurrente venait de remporter avec la majorité écrasante. Le roi n’en revenait pas : lui qui s’était toujours appliqué à agir en bonne intelligence voyait que ses camarades ne le suivaient que parce qu’il était le roi des esprits, donc synonyme de puissance, et non pour ses actes et ses idéaux et qu’au lieu d’une voix prête à poursuivre son œuvre bienveillante et appelant leur soutient, les voix de la vie préféraient sans hésiter se ranger du côté de celle qui inspirait la force, quand bien-même était-elle égoïste.

 « Je ne comprends pas… » se disait le monarque à une époque, « J’ai accordé l’intelligence et le libre arbitre. Seulement, qu’ils soient humains, hollows ou shinigamis, les individus doués de raison ne comprennent que la peur et ne respectent que la puissance. En cela, ils ne se distinguent pas des animaux qui ne vivent que selon la loi plus fort ». Cette réalité qui l’intriguait et l’inquiétait le foudroya d’horreur lorsqu’il la vit se réaliser ici : les voix de la vie se révélaient avoir encore moins de bon sens que les humains et il déplora sa naïveté d’avoir cru que ces dernières étaient bienveillantes par nature, réalisant que celles auxquelles ils s’étaient toujours dévoué préféraient enterrer ce qu’il avait façonné et ce, dans l’indifférence totale.

 Le monarque ne voulait pas de la deuxième voix comme successeur : elle lui avait toujours paru égoïste, ambitieuse, bravache… S’il avait accordé le vote, c’était parce qu’il avait foi en l’intelligence et en la raison mais maintenant qu’il avait eu lieu, il réalisait son erreur et la noirceur de celle qui promettait de lui succéder lui parut plus évidente encore, à tel point qu’il se dit : « Non… Non ! Non : je préfère revenir sur ma parole et manquer à mon engagement plutôt que de laisser ce destin se produire ! J’ai consacré une vie extrêmement longue à créer ça et je ne laisserais personne faire table rase de ce qui m’a demandé tant de travail pour laisser place à une autocratie ! ».

 « - Non ! s’écria t’il. Je ne le permettrais pas !

- Que dites-vous ? Sire ?

- Vous êtes aveugles et naïves ! La voix que vous suivez est malveillante et vous conduira à votre perte ! Je veux que celle qui m’a toujours assisté et qui fait ma fierté me succède et il en sera ainsi ! »

 Sa réaction suscita le mécontentement.

« - Sire, vous nous avez accordé le droit de vote !

- Eh bien de toute évidence, c’était une très mauvaise idée ! Je vous croyais capable de raisonner en bonne intelligence mais, de toute évidence, je me suis trompé.

- Sire, dit la voix qui voyait le trône lui échapper, les voix ont voté et c’est moi qui ai été élu ! Vous avez pris un engagement et vous devez vous y tenir !

- JE suis votre roi ! Je décide et vous obéissez ! Et puisque vous n’avez pas fait un bon usage de ce que je vous ai accordé, je vous le reprends et annule cet engagement ! Je suis votre roi, je suis l’autorité, j’autorise et je puni ! Voix élue, Tu es indigne du trône que tu revendiques et jamais je ne permettrais que tu y accèdes ! J’aime encore mieux mourir que de donner les rennes de l’univers à un être qui ne veut pas l’entretenir mais s’en emparer ! »

 Sa réponse mis la voix de la vie dans une colère noire. Elle se mit alors à grossir jusqu’à finalement prendre l’apparence d’une ombre immense.

« - Misérable ! Tu oses me refuser ce qui me revient de droit ?!

- Cette noirceur… Qu’as-tu fais ?!

- Imbécile que tu es ! Crois-tu vraiment que les âmes que les Quincy éliminaient disparaissaient pour de bon comme ça, sans détails ?

- Que… Que veux-tu dire ?

- Moi aussi, je peux intervenir dans tes créations ! Il me suffit d’agir dans ton angle mort. Dis-moi plutôt, « roi des esprits » : cela ne t’a pas paru bizarre que ceux que tuaient les Quincy ne se rendent pas dans l’au-delà alors que tu n’avais pas commis d’erreur de conception ?

- Ce… C’était ton œuvre ?!

- Tu étais tellement convaincu que ton pouvoir n’était pas absolu que tu as accepté cette réalité, aussi pénible puisse-t-elle être !

- Mais… Mais je ne comprends pas…

- Cela ne fait pas cinq minutes mais une vie entière que j’ambitionne de te prendre le trône ! Alors j’ai fait ce qui s’imposait pour tirer mon épingle du jeu. Vois-tu, les âmes emportées par les Quincy ont fini dans un espace que je t’ai caché et sont aujourd’hui venus accroître ma puissance ! Je t’ai laissé une chance de me donner le trône afin qu’il me soit plus facile de le conserver mais si tu t’y refuse, j’emploierais la force !

- Voler des vies pour accomplir un objectif aussi misérable qu’acquérir du pouvoir… Comment as-tu pu faire quelque chose d’aussi bas ?! D’aussi… D’aussi ignoble ! Tu es indigne de ton statut de voix de la vie !

- TU es indigne du pouvoir qui t’a été confié, roi de pacotille ! Tu disposes des dons les plus extraordinaires qui soient et tu t’en sers à peine ! Tu es Dieu et pourtant, tu ne fais rien ! Aux yeux de la plupart de ceux que tu as engendré, tu n’es qu’un mythe, une légende, un conte, une superstition… Une supposition ! Et c’est intolérable ! »

 L’ombre se mit à grandir et à engloutir d’autres voix de la vie.

« - Je ne permettrais pas que cette absurdité se déroule plus longtemps ! Je réunirais tous tes mondes pour n’en faire qu’un seul sur lequel je règnerais en maître et où je serais craint et vénéré !

- Tu as tourné le dos à la lumière ! Tu n’es plus que folie et cruauté ! Jamais je ne te laisserais t’emparer de mon trône ! »

 L’ombre continua de grossir et d’engloutir les autres voix de la vie. La réalité autour d’elle commença à se fissurer et à se briser. Des éclats volèrent à droite et à gauche et on pouvait y voir des fragments de l’histoire. L’ennemi attaqua le roi affaibli et, uniquement armée de son courage, la petite voix qui avait toujours soutenu son altesse s’interposa et parvint à retenir son attaque. « Ote-toi de mon chemin, vermine ! » s’écria la voix noire. La petite voix résista tant qu’elle put puis le roi prit la relève, puisant dans ses dernières forces.

« - Enfant que je n’ai jamais eu, tu t’es montré plus digne et valeureux qu’aucune autre voix de la vie ne l’avait jamais été avant toi. Vis et perpétue ce que j’ai créé. »

 Le roi puisa dans ses dernières forces puis récolta de l’énergie dans les éclats d’histoire tombés, puis dans l’univers entier qu’il avait bâti avant d’en recevoir encore venant des autres voix de la vie.

« - Que fais-tu ?... Arrête ! Tu devrais être épuisé ! Tu ne peux pas me résister !

- Pourtant c’est ce que je fais !

- C’est impossible !

- Je respecte trop la vie pour mettre fin à la tienne mais sache que l’éternité qui s’offre à toi ne sera que pénitence ! Je te scelle à tout jamais !

- Non !

- Tu es indigne ! Tu es mauvais ! Tu es DECHU !

- Aaaaaaaah !!! »

   Le roi scella cette voix maléfique et disparu. « Où êtes-vous, Altesse ? » appela désespérément la petite voix qui l’avait suivi, « Où êtes-vous ?! Vous avez encore tellement de choses à accomplir !... Ne partez-pas… Cela n’aurait pas dû se terminer comme ça… », Dit-elle en pleurant. Les autres voix, qui avaient compris leur erreur, se joignirent à elle et elles pleurèrent ensemble, endeuillées. La petite voix dû alors reprendre le rôle du roi mais constata qu’une partie de l’histoire avait disparue, comme la bande d’un film qu’on aurait découpé ! Elle tenta de tout réparer mais hélas, elle n’était pas son prédécesseur et il lui était impossible et inconfortable de reproduire la même chose. Elle se contenta de faire de son mieux et conclu qu’à défaut d’être son ancien souverain, elle pouvait en être un autre tout aussi bienveillant. Fin. »

 Nel était ravi.

- J’adore cette histoire !

- Je sais. Moi aussi.

- Mais… Et la voix déchue, alors ? Qu’est-elle devenue ?

- Eh bien… Cette voix fut emprisonnée par le roi des esprits. Néanmoins, tel un animal capable de faire passer ses griffes entre les barreaux de sa cage, elle parvint quand même à se manifester quelques fois, bien que cela restait dans une moindre mesure de ce qu’elle avait pu faire auparavant.

- Et du coup ? Cette méchante entité a depuis été oubliée ?

- Bien au contraire Nel, bien au contraire ! Cet ennemi a changé de forme et de nom au travers des âges, mais cet être déchu reste vénéré et adulé par de nombreuses sectes qui ne souhaite qu’une chose : qu’il revienne et détrône le roi des esprits une bonne fois pour toute et d’après une certaine légende, si un individu brise les chaînes de la voix maléfique et se révèle lui être compatible, il deviendra son hôte et acquerra ainsi des pouvoirs extraordinaires qui feront de lui l’égal d’un dieu !

- Boum ! Et qu’est-ce qu’il fera après ?

- Eh bien… Je suppose qu’après s’être vengé, il effacera ce que l’ancien roi des esprits a bâti pour construire à la place un monde immense sur lequel il règnera en maître incontesté et où ceux qui l’ont adulé jouiront de privilège…

- ça veut dire quoi, « jouir » ?

- Comment se fait-il que tu aies remarqué ce verbe ?

 Nel rit.

- Mais dit, Boss… Ce serait une mauvaise chose que le déchu obtienne ce qu’il veut ? Je veux dire… Tu ne crois pas que cela serait juste différent et pas forcément mauvais ?...

- Crois-moi, Nel : quelqu’un qui ne respecte pas la vie est bien la dernière personne à qui il faut donner du pouvoir. Ensuite, nous aurions tout à perdre puisqu’il n’est jamais agréable de vivre au sein d’un peuple oppressé et que ce n’est pas correct d’agir dans le non-respect des autres. Et puis, tu sais Nel : c’est normal de se défendre face à de mauvaises personnes et il faut s’imposer pour que les bonnes choses puissent avoir lieu et ne soit pas englouties par les mauvaises.

- C’est jolie.

 La petite bailla puis ferma lentement ses yeux. Mon masque me privant de lèvres, je ne pus l’embrasser. Comme à mon habitude, je lui fis une caresse au visage et m’en alla, la laissant dormir. Au moment où je m’apprêtais à sortir, elle m’interpella une dernière fois.

- Boss ?

- Oui, Nel

- Si le déchu essai de me faire du mal, tu me sauveras ?

- Mon enfant : si le déchu ou qui que ce soit d’autres s’en prend à ma famille, soit sure que je lui ferais regretter de ne pas être sceller pour toujours dans un endroit inaccessible.

 Puis elle s’endormi. Je sortais prendre l’air et retrouver les autres quand je perçu Avirama arriver à vive allure. Mon ami volant atterri en catastrophe.

- Boss ! Dieu soit loué, tu es là !

 Criquet surgit de son plumage. Son énergie minuscule l’avait rendu invisible à mon radar.

- Boss ! C’est terrible ! Terrible !

- Qu’est-ce qui se passe, Criquet ?

- C’est Loz… Loz est en train de se faire massacrer !

- Quoi ?! Qu’est-ce qui s’est passé ?!

- Snif… Tu… Tu te rappelles de Nnoitra et du vasto lorde vide et sans bouche dont je t’ai parlé, autrefois ?…

 Je couru jusqu’au petit point d’eau qu’il y avait par ici et y plongeais mes mains. Il se trouvait qu’Herb m’avait transmis une partie de ses pouvoirs dont, parmi eux, celui qui lui donnait la capacité de voir par les yeux des autres hollows et d’exercer un contrôle mental sur eux. Malheureusement, ce pouvoir n’est pas aussi bien développé chez moi et je ne peux voir qu’à travers les yeux des hollows à proximité. Quand ils sont plus loin, j’ai besoin d’un point d’eau ou de l’aide de Baba pour y arriver.

 Je me tourne vers le point d’eau car ce que je verrais apparaîtra dans l’eau et mes amis qui le veulent pourront suivre. Autrement, il n’y aurait que Baba qui aurait été obligé de voir et c’est quelque chose que je ne veux pas lui imposer.

 Je me concentre et lentement, apparait dans l’eau ce que voit Loz. Toute ma famille regarde par-dessus mes épaules. Mon ami agonise pendant que son bourreau rigole.

- Arhg…

- Mais c’est qu’il s’accroche, le gros lard.

 Je sens que Loz est allongé sur le dos et tellement blessé qu’il lui est impossible de bouger. L’homme qui parlait est un type borgne dont l’œil droit est caché par un bandeau blanc. Il est grand, mince et a de longs cheveux noirs. Un autre homme au regard vide et à la peau blanche comme de la porcelaine s’approcha.

- Tu ne crois pas t’être suffisamment amusé, Nnoitra ?

 Voilà donc le fameux Nnoitra.

- Je fais ce que je veux ! J’ai le droit de le tourmenter et si cela te gêne…

 Il lui lança un terrible regard.

- Eh bien je te mets au défi de m’arrêter.

- J’en suis capable.

- Ah ouais ?!

- Silence ! Le vasto lorde nous voit, dit-il en pointant son doigt dans ma direction.

 « Impossible ! », me disais-je, « Il peut me voir ? ».

- Oui, je te vois, ajouta-t-il en me regardant dans les yeux.

 Je me mis à parler.

- Loz ?

- Boss ? C’est toi ?

 Mon ami venait de réaliser ma présence dans son esprit.

- Mon dieu, Loz… Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ?...

- Je suis désolé, Boss… J’ai fait tout ce que j’ai pu…

 Nnoitra s’approcha autant que possible.

- Sérieux ? Je l’entends mais je ne le vois pas ! T’es là, vasto lorde ?

- Ecarte-toi, dit l’autre homme. Bonjour, vasto lorde… Boss… Ou quel que soit ton nom. Je me nomme Ulquiorra. Je viens de la part de mon chef, Aizen, pour t’enrôler au sein de notre armée.

- Et si je ne suis pas intéressé ?

- Je crains qu’il n’y ait méprise : c’est un ordre et non une offre. Ton consentement n’est pas requis.

- Et comment tu comptais me convaincre, hein ? En massacrant mon frère ?!

- Je ne suis pas responsable de Nnoitra. Ton ami est, je le reconnais, une très bonne prise mais il m’a été demandé de ramener un vasto lorde et non un adjuchas pur-sang. Par conséquent, tout ce qui peut lui arriver m’indiffère. Cependant, je consens à l’emmener avec nous si tu nous accompagne bien gentiment.

- Et qu’est-ce qui me prouve que tu ne lui feras aucun mal.

- Je n’ai rien à te prouver. De plus, grâce à la connexion, je viens d’obtenir ta position. Je peux maintenant venir te chercher.

- Ha ha ha ! Tu parles comme si tu étais en position de force.

- C’est le cas.

- Certainement pas : vois-tu, pour me capturer, tu dois venir me chercher et tu ne connais que ma position actuelle. Si je m’en vais, tu devras expliquer à ton chef comment tu m’as laissé m’échapper et ça, je pense qu’il ne va pas aimer. Quant à moi, j’ai aussi eu le temps d’identifier ton énergie, ce qui fait que je peux te détecter à des kilomètres à la ronde et ainsi t’éviter. Lance-toi à ma poursuite, et je te garantis que tu ne me retrouveras jamais !

-…

- Tu ne voudrais pas que ton maître soit contrarié ?

- Hm… Bon. Qu’est-ce que tu proposes ?

- Laissez Loz tranquille et retirez-vous. Vous me laisser le soigner et lui permettez de rentrer chez nous et, à cette condition, j’accepterais d’écouter ce que vous avez à dire.

- Soit. C’est d’acc…

 Nnoitra, exaspéré, dégage son partenaire, lève le bras et crève un œil à Loz.

- Aaaaaah !!!

- Loz ! Mais qu’est-ce qui t’a pris ? Espèce de sale…

- Ta gueule !

 Nnoitra approche son visage autant que possible.

- Tu as l’air de te prendre un peu trop au sérieux, vasto lorde, alors permets-moi de remettre les pendules à l’heure : celui qui ne doit pas être contrarié, ici, c’est MOI ! Et crois-moi, je n’ai qu’une envie, c’est de faire de toi une chair à pâté encore plus sanglante que celle en laquelle j’ai réduit ton pote alors je vais te dire ce qui va se passer : toi, tu vas venir ici et ton copain, comme il m’a bien diverti, il a droit à un peu de répit mais dès que je commence à m’ennuyer, je l’épluche comme un fruit mûr !

- Tu te fous de moi ?!

- J’ai l’air de plaisanter ?

 Non. Il est tout ce qu’il y a de plus sérieux.

- Je te traque, vasto lorde. Je suis après toi depuis longtemps et cela ne me dérange pas d’ajouter encore quelques cadavres à mon sillage. Je vais te trouver : tu peux partir où tu veux, je serais toujours à ta poursuite et tôt ou tard, je te rattraperais !

 Ulquiorra redit un mot.

- Pour des raisons qui m’échappent, tu tiens plus à ce hollow que ce que tu veux nous faire croire. Si tu tiens tant à le sauver, tu ferais mieux de saisir ta chance. Moi aussi, je serais à ta poursuite et comme je te l’ai dit, la vie de ton camarade m’indiffère et je ne suis pas responsable des actes de Nnoitra. La balle est dans ton camp.

 Je sens la colère monter et dit à Nnoitra :

- Touche à encore un cheveu de Loz et tu regretteras d’avoir souhaité croiser ma route !

 Il me fusil du regard.

- Alors bouge ton cul !

 Puis il crève le deuxième œil, coupant la communication. Je me relève. Pesshe pose sa main sur mon épaule.

- Boss… Qu’est-ce que tu vas faire ?

- Sauver Loz et régler un compte ou deux.

- Mais cela sent le piège à plein nez…

- Etre fort et faire peur son deux choses très différentes. Ils me soupçonnent d’être fort mais trouvent que je ne leur fait pas peur ?

 Je me retourne.

- Quand ils verront l’étendue de ma force, je leur inspirerais une telle peur qu’il sera déjà trop tard lorsqu'ils réaliseront enfin leur bêtise !


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