The Rescue's Hope

Chapitre 1

4410 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 28/08/2017 00:18

30 Mars, Seireitei, Soul Society.


Tout le monde l’observait attentivement, pendu à ses lèvres dans l’attente d’une réponse de sa part que la plupart d’entre eux espérait positive. Après un long soupir trahissant toute la lassitude dont elle était victime, la jeune femme finit par incliner la tête, les yeux dirigés vers le néant, pour enfin avouer :

–  Je suis vraiment désolée, mais pour le moment, je ne me sens pas la force d’endosser la charge de Capitaine, même provisoirement. Vous devriez chercher quelqu’un d’autre.

Avant que les premières protestations n’aient eu le temps de se manifester, Tsunata Nara se volatilisa dans un shunpo, substituant sa présence par un maigre nuage de poussière. Shûhei Hisagi, qui n’avait rien perdu de la scène, pivota sur lui-même et commença à reprendre sa route. Peut-être était-ce une preuve de pur égoïsme de sa part, mais le fait que la réponse de son ancienne coéquipière à l’invite de la Troisième Division soit négative le fit se sentir plus léger. L’âme en paix, il ne prêta aucunement attention au fait que son Capitaine, Kensei Muguruma, n’avait quant à lui pas bougé le petit doigt, ni même que quelqu’un d’autre – quelqu’un doté d’un reiatsu reconnaissable entre mille autres – s’approchait de lui à grands pas. Avant même qu’il n’ait eu le temps de dire « ouf ! », le ténébreux se vit contraint d’effectuer un demi-tour dans une rapidité vertigineuse. D’abord hébété, il lui fallut quelques précieuses secondes pour enfin identifier la chevelure cuivrée de son opposant, lui arrachant un grognement de consternation.

–  Tiens, Hisagi, ça faisait un bail !

–  Assez longtemps pour que tu en oublies la politesse, apparemment.

–  La politesse, tu dis ? railla Ichigo Kurosaki. C’est marrant, j’arrive pas à me souvenir lequel de tes comportements glorieux mériterait mon respect : peut-être quand, après deux mois de relation fusionnelle avec Tsunata, tu lui as vociféré que tu la détesterais si elle mettait sa vie en jeu pour la tienne, chose qu’elle allait évidemment faire ? Non, encore mieux : peut-être lorsque tu l’as sauvée des griffes de cette folle de Miya et qu’ensuite, alors qu’elle était dans un état critique, tu n’as plus donné signe de vie. Qu’est-ce que t’en dis ? Personnellement, j’adore la deuxième proposition, c’est celle qui me fout le plus en rogne.

–  Cette affaire ne te concerne pas, déclara le Vice-Capitaine en fronçant davantage les sourcils.

–  T’as bouffé du clown au petit-déj’ ou c’est que tes trois neurones ont fini par griller avec le saké ? Quand ça touche Tsunata, ça me touche également.

–  Parce que tu la considères comme ta propre sœur ? Pitié, t’as quel âge, Kurosaki ?

–  L’âge de te carrer mon poing dans ta tronche de merlan frit, Hisagi.

Shûhei réduisit la distance entre son visage et celui d’Ichigo et dit d’un ton menaçant :

–  Dois-je te rappeler que tu t’adresses à un Vice-Capitaine ?

Le remplaçant, aucunement impressionné, singea le brun et ajouta dans la confidence :

–  Dois-je te rappeler le nombre de fois où je vous ai sauvés les miches ?

Le ténébreux au visage balafré bouillonna sur place, mais fit de son mieux pour montrer plus de maturité que le jeune homme roux en conservant un sang-froid de façade. Il se contenta donc de soupirer bruyamment.

–  J’ai mieux à faire que de me chamailler avec un gamin comme toi. Sur ce, bonne journée, Kurosaki.

Alors qu’il lui tourna le dos, Ichigo, fou de rage, attrapa son épaule et le fit pivoter une fois encore.

–  Me semble que j’ai pas fini de te causer, Hisagi.

–  Viens-en au fait, je n’ai pas de temps à perdre.

–  Pourquoi tu t’obstines à la rendre malheureuse ? C’est ton trip de la faire souffrir ? Une nouvelle lubie ?

–  De quoi est-ce que tu parles ? Tsunata va très bien.

–  Oui, et t’as appris ça en discutant avec elle, je me trompe ?

Shûhei buffla en levant les yeux au ciel. Non loin d’eux se tenaient leurs spectateurs, avides de connaître l’ultime rebondissement de ce règlement de compte imprévu.

Une légère brise vint remuer faiblement cheveux et vêtements, tandis que l’azur, se profilant au loin, laissait entrevoir une douce journée de printemps. Sans doute était-ce l’atmosphère réconfortante inspirée par le terme de ce rude hiver qui l’apaisa quelque peu, ou bien une autre raison inconnue, mais le fils Kurosaki finit par employer une mesure proche du calme pour s’adresser au Lieutenant de la Neuvième Division.

–  Ce que je trouve le plus pathétique dans cette histoire, c’est que ça te fait vraiment chier de la voir t’ignorer.

Shûhei, au même titre que les autres Shinigami présents sur les lieux, resta outré : en-dehors de son langage toujours aussi fleuri qu’à l’accoutumée, le lycéen, d’ordinaire si impulsif, arrivait à se contenir alors même que le sujet de la conversation était sa meilleure amie. Ichigo devenait un homme réfléchi, bien plus encore que ce que le ténébreux n’aurait pu le penser.

Le suppléant, loin de se soucier de cela, baissa la tête et dirigea ses iris brûlants dans le vide.

–  Ta vie, dit-il, elle te regarde et je m’en fous. Mais elle, elle en a déjà assez bavé comme ça, tu ne crois pas ? Inutile d’en rajouter une couche avec tes regards en biais et ton mutisme total. Si tu veux mettre un terme définitif à tout rapport avec Tsunata, fais-le dans les règles de l’art : dis-lui les choses en face, ne la laisse pas mijoter dans son coin en se torturant l’esprit pour savoir quelle stupide raison te pousse à agir ainsi. Par ta faute, elle se dévalorise sans cesse et refuse d’avancer. J’aimerais savoir au nom de quoi tu te permets d’avoir encore autant d’emprise sur son avenir, mais je vais m’arrêter là avec les scandales publics pour aujourd’hui. Comme tu le dis si bien, j’ai mieux à faire que de me chamailler avec un gamin comme toi.

Le maître de Zangetsu tourna les talons et s’éloigna du ténébreux qui, abasourdi, n’esquissa pas même l’ombre d’un mouvement de cil. A hauteur d’Izuru Kira, Ichigo lui murmura discrètement :

–  A ta place, je trouverais de bons arguments.

Evasive était un adjectif moindre pour décrire l’énigmatique requête du Shinigami de Karakura, mais le Vice-Capitaine aux cheveux blonds sembla la comprendre et s’imprégner de ce précieux conseil.

–  A vos ordres, affirma-t-il en hochant la tête.

Un demi-sourire plus tard, le rouquin leva son bras droit et salua :

–  A la revoyure, Kensei !

Le sang du Capitaine de la Division de l’oubli ne fit qu’un tour.

–  C’est Capitaine Muguruma, pour toi ! héla-t-il.

–  Mais oui, mais oui.

Un temps agacé par la désinvolture du descendant de l’ancien Capitaine de la Dixième Division, Kensei rejoignit son second, toujours interdit par les propos du meilleur ami de la jeune femme qui avait changé sa vie.

Une main sur l’épaule de Shûhei le ramena finalement à lui dans un soubresaut à peine perceptible. Son supérieur en profita pour insister une dernière fois :

–  Tu vois, Hisagi, je ne suis pas le seul à dire que tu devrais parler à cette gonzesse. Prends tes responsabilités et va la voir, fais honneur à ta Division pour l’amour du Ciel !

–  Je le ferai, Capitaine, souffla-t-il.

–  Pas dans trois semaines.

–  Non, Capitaine.

C’est ainsi que les deux hommes empruntèrent le chemin menant à leurs quartiers, laissant dans leur sillage la Troisième Division, quasiment au grand complet. Cette dernière resta sur sa fin : les choses avaient-elles évolué, ou ce flot de paroles avait-il été débité en vain ? Sachant pertinemment que le mieux à faire était d’attendre patiemment, les subalternes de l’inconscient Rôjûrô Ôtoribashi décidèrent de suivre l’exemple des deux hommes de la Neuvième et de reprendre leur route. Cependant, Izuru se racla la gorge et annonça :

–  Allez-y sans moi, je vous rejoins au plus vite.

–  Qu’allez-vous faire, Vice-Capitaine Kira ?

–  J’ai une affaire importante à régler.

Une esquisse semblable à un sourire se dessina sur le visage confiant du Troisième Lieutenant.

–  Prenez votre temps.

Izuru sut qu’il avait compris : après tout, les membres de sa Division étaient loin d’être dépourvus de bon sens. Il hocha brièvement la tête, puis se volatilisa dans un shunpo dont la vélocité engendra une légère bourrasque de vent.

–  Bon courage, Vice-Capitaine.


***


Les genoux ramenés contre sa poitrine, la tête posée sur ses bras entremêlés, le visage dépourvu de la moindre émotion, Tsunata contemplait le vide. Réfugiée au sommet d’une bute donnant sur une large prairie verdoyante, elle songeait à ce qui avait bien pu la conduire à devenir quelqu’un d’aussi pathétique : il y eût de cela un peu plus d’un mois, elle respirait le bonheur et communiquait son sourire radieux à tous ceux qui croisaient son chemin. Pourtant, aujourd’hui, elle ne pouvait s’empêcher de broyer du noir, ne se voyait plus capable d’affronter un Hollow de bas-étage à elle seule, et se demandait encore s’il n’aurait pas mieux fallu que sa rivale de toujours, Miya Tanabe, ait réussi son entreprise.

Le simple fait de songer à la défunte Kurotama lui arracha une grimace douloureuse. De son vivant, quoi qu’on en dise, Tsunata n’avait jamais ressenti la moindre haine à l’égard de la jeune femme, pas même après les diverses horreurs qu’elle lui avait fait subir sous prétexte que sa relation avec son frère adoptif était, selon son esprit malade, trop ambiguë. A dire vrai, la blonde en voulait davantage à son aîné de ne pas avoir mis au clair cette situation en temps voulu, et d’ensuite s’être ainsi laissé manipuler. Malgré toutes les tentatives de Tsunata pour convaincre Miya, celle-ci s’était obstinée sur son cas, au point de se suicider pour réduire toute trace de l’existence de l’ancienne étudiante en Chimie à néant, entraînant sa propre disparition définitive.

Tsunata ne se souvenait que de peu de choses de ce fameux incident survenu à Karakura qui lui avait tant coûté : elle se rappelait seulement du froid lancinant lui brûlant la peau, et de la terrible impression que les os de ses poignets étaient peu à peu broyés par les chaînes métalliques qui la suspendaient à plusieurs mètres du sol lugubre. En dehors de ces quelques détails, rien de ce qu’elle et la Kurotama avaient pu se dire – si tant est qu’elles se soient parlé – ne lui revenait en mémoire. D’ailleurs, elle ne se remémorait réellement ni de l’endroit où Miya l’avait emmené, ni comment elle y était parvenue, et encore moins comment elle s’en était réchappée. Tout ce qu’elle en savait à ce sujet restait ce qu’on avait bien voulu lui dire, bien qu’elle ne doutait pas de la sincérité des propos tenus par son amie Rangiku Matsumoto.

Toujours était-il qu’à l’heure actuelle, Tsunata se sentait seule responsable de la mort de Miya. Elle ne pouvait s’empêcher de se convaincre que si elle n’avait jamais existé, si seulement elle n’était jamais venue au monde, cette dernière aurait mené une vie paisible, probablement aux côtés d’Akio, et que jamais elle n’aurait connu le malheur d’être rongée par la haine. Cependant, elle n’y pouvait rien. C’était ainsi que les choses devaient se passer, et elle le savait.

Comme si ses remords n’étaient pas suffisants, la jolie blonde se sentait affreusement seule. Dire que l’absence de Shûhei la pesait aurait été le plus absurde des euphémismes : elle en était malade. Durant les jours heureux où ils formaient ce désormais célèbre duo, Tsunata s’était sentie plus vivante que jamais, encore plus que pendant les dix-neuf années de sa vie d’humaine. Chaque jour était ponctué de rires et de tendresse en la présence chaleureuse et réconfortante du jeune homme de la Neuvième Division. C’était la première fois depuis le commencement de son existence qu’elle se sentait aussi bien, qu’elle souriait chaque matin en ouvrant les yeux, qu’elle insufflait son bien-être tout autour d’elle, et qu’elle rayonnait encore plus que le soleil lui-même ; et maintenant, alors que la saison froide touchait à son terme et que les plantes commençaient à bourgeonner, l’étoile prenait sa revanche : la Shinigami était vide, dépourvue du moindre enthousiasme. Ses sourires étaient probablement encore plus vides qu’elle-même. Lorsqu’elle s’éveillait, la seule envie qui prenait part de tout son être était de se terrer dans le fond de sa couverture pour n’en sortir sous aucun prétexte. D’ailleurs, comble du profond désespoir dont elle était victime, sa couverture lui rappelait aussi les doux moments passés en la compagnie de son acolyte ténébreux. Bien évidemment, au bout d’un mois, les lavages s’étaient multipliés et avaient fini par totalement effacer les dernières effluves du parfum de Shûhei, mais le simple fait de se rappeler qu’il leur était souvent arrivé de la partager suffisait à rendre son moral un peu plus morose encore.

Et malgré ça, malgré son humeur dépressive, malgré sa peur constante du plus petit affrontement, le Capitaine-Général et l’ensemble de la Troisième Division s’étaient accordés pour s’obstiner à l’avoir comme Capitaine de cette dernière. Etaient-ils devenus complètement fous ? Il était indéniable qu’elle avait réussi avec brio le test d’aptitudes au poste, mais elle attribuait cet exploit à la bonne fortune, rien de plus. Peut-être avaient-ils trafiqué les résultats ? Ce devait probablement être quelque chose comme ça, car elle ne se voyait que trop mal capable de diriger une armée toute entière, ne serait-ce que pour une semaine. Elle priait chaque jour inlassablement pour que le surnommé Rose revienne à lui, ainsi la laisserait-on tranquille avec cette histoire grotesque de promotion ; malheureusement, rien ne se déroulait selon ses plans.

La brise printanière fit tanguer sa longue chevelure dorée. A présent, elle ne se préoccupait même plus de son épi, celui qu’elle détestait plus que tout pour donner à sa frange un aspect débrayé. A qui cela pouvait-il déplaire, de toute façon ? Ichigo, peut-être ? Sûrement, vu sa façon de glousser chaque fois qu’il l’apercevait avec ses quelques mèches de travers ; seulement, ses railleries coupaient court après un coup de poing stratégiquement placé, donc ce n’était pas plus gênant que ça. Quant au reste, en raison de l’étonnante croissance de sa chevelure, elle l’attachait à présent par un élastique, ne laissant que deux mèches retomber de chaque côté de son visage. Rangiku, Izuru et les autres s’étaient étonnés que ce changement lui aille si bien, et ne s’étaient pas privés de le lui faire remarquer, mais Tsunata s’en fichait éperdument.

Les rayons matinaux caressèrent sa peau de pêche. Les feuilles naissantes crépitèrent sous le joug des doux effluves du vent de Mars. Pas un seul nuage ne brouillait le ciel coloré d’un bleu réconfortant. Tout semblait idéal, tout sauf le fait que le soleil de sa vie demeurait aux abonnés absent.

Tandis qu’elle poussa un énième soupir las dont seul le printemps devait être témoin, un reiatsu qu’elle reconnut sans trop de peine se posta derrière elle. La personne s’avança, s’accroupit dans l’herbe à son côté gauche, puis posa délicatement sa main sur l’épaule de la blonde recroquevillée.

–  Comment te sens-tu, Tsunata ? s’enquit Izuru d’une voix des plus douces.

–  Mieux qu’hier, moins bien que demain.

–  Je vais faire comme si tu ne m’avais pas menti.

La jeune femme esquissa un triste sourire.

–  Tu veux en parler ? demanda-t-il.

–  Il n’y a rien à ajouter, Izuru : Shûhei a pris sa décision, en parler n’y changera rien.

–  C’est à cause de cet imbécile que tu refuses de devenir l’une des nôtres ?

Un nouveau soupir passa la barrière de ses lèvres.

–  Je ne refuse pas d’être l’une des vôtres. Seulement, je ne me vois pas endosser la responsabilité de votre Division toute entière.

–  Tu en as les capacités, affirma le blond.

–  Tout comme toi, rétorqua-t-elle.

–  Je n’ai pas éveillé mon Bankai, je ne peux techniquement pas prétendre à ce poste. Et puis, je te l’ai déjà dit : ce serait trop compliqué si je venais à être nommé Capitaine de substitution.

L’ancienne remplaçante resta muette, ce qu’Izuru vit comme une nouvelle opportunité.

–  Je serai là pour t’épauler, Tsunata. J’ai vécu assez de changements de Capitaine pour parvenir à en seconder un nouveau. De plus, pour la première fois de ma vie, j’aurai enfin un supérieur sur lequel je suis sûr de pouvoir entièrement compter. Mes camarades n’en pensent pas moins, ils sont impatients que tu prennes les rennes. C’est sûrement grâce au respect que tu imposes, mais quand on nous a demandé quel Shinigami serait le plus à même de remplacer le Capitaine Ôtoribashi, c’était toi et personne d’autre.

–  Le respect que j’impose ? reprit Tsunata. On me confondrait avec une loque échappée d’un asile psychiatrique si on me croisait dans la rue sans me connaître.

Izuru ne put s’empêcher de rire : les comparaisons et métaphores employées par la blonde étaient plus étranges les unes que les autres, mais elles n’en étaient pas moins amusantes.

–  Je ne sais pas où tu vas chercher tout ça, confessa-t-il, mais ce que je dis est la vérité.

–  Ce n’est pas la peine d’insister, Izuru.

–  Tu n’as plus la moindre confiance en toi, pas vrai ?

Son silence fut suffisant pour appuyer sa thèse.

–  Hisagi s’en mordra les doigts, tu sais. En attendant, ne t’arrête pas de vivre pour lui. Tu es sans doute la Shinigami la plus talentueuse que j’ai eu l’honneur de rencontrer, Tsunata, et ça, je ne suis pas le seul à le penser : même le Capitaine Soi Fon aimerait t’avoir dans son escouade, pour te dire.

–  Je suis aussi discrète qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine, gloussa-t-elle, je me vois mal jouer les ninjas des services secrets.

–  Là-dessus, on est d’accord. Tu serais bien mieux dans une Division telle que la nôtre.

–  Oui, bien sûr : une Division spécialisée dans le kidô alors que je ne sais même pas me servir des techniques de base.

–  Je te les apprendrai.

Elle soupira une fois encore.

–  Tu sais à quoi correspond notre Division ? interrogea le jeune homme.

–  Au désespoir, si mes souvenirs sont bons, dit-elle en haussant les épaules.

–  Ils le sont. Malheureusement pour nous, entre nos derniers Capitaines, notre insigne s’est révélée être une véritable prophétie. Après la disparition d’Ichimaru, j’étais complètement déprimé : je restais seul, je ne parlais pas beaucoup aux autres, j’étais un vrai poison pour le moral des troupes. Tu sais depuis quand je vais de l’avant ?

Elle le considéra silencieusement avec un intérêt croissant.

–  Depuis que tu es apparue, petite tête blonde.

Tandis qu’il lui ébouriffa les cheveux, Tsunata s’empourpra.

–  Moi ? fit-elle.

–  Bien sûr. Au-delà du fait que, grâce à toi, Rangiku et moi nous sommes rapprochés, je pense sincèrement que tu as un don pour redonner espoir à ceux qui t’entourent.

Elle posa de nouveau sa tête entre ses bras croisés.

–  Je suis incapable de me faire violence pour me ressaisir, souffla-t-elle. Comment pourrais-je avoir un tel impact sur les autres ?

–  Ça, je l’ignore. Mais, même en ce moment, tu donnes envie aux autres de se battre pour avancer. Tu serais un véritable souffle de vie pour notre Division, celle qui changerait la donne et briserait la malédiction qui sévit depuis si longtemps chez nous.

–  Qui te dit qu’au contraire, je ne l’alimenterai pas ?

–  Toi ? Insuffler le désespoir ? A moins d’être un Kurotama, ça me semble impossible.

La jeune femme opprima un gloussement. Son précieux ami avait peut-être dit les mots justes, elle n’en savait trop rien, mais une faible lueur qu’elle pensait disparue à tout jamais se mit à vaciller de nouveau dans son for intérieur.

–  Tsunata, je t’en prie, reconsidère la question et donne-moi une réponse. Uniquement lorsqu’elle sera positive, cette fois.

Le lieutenant de la Troisième Division entreprit de rebrousser chemin, mais une main le retint par la manche de son kosode et l’empêcha de s’éloigner davantage.

–  Izuru…

Celui-ci se tourna doucement et observa son interlocutrice.

–  Oui ? fit-il.

La jolie blonde, à présent debout, ne quitta pas le sol du regard et balbutia par-delà ses joues rosées :

–  Je… En admettant que j’accepte, toi et moi, on sera toujours amis, pas vrai ?

–  Bien sûr, quelle question ! assura le Vice-Capitaine dans un large sourire.

–  Très bien.

Tsunata ne prononça que ces deux mots, laissant Izuru en suspens.

–  Très bien quoi ? s’enquit-il.

–  Si ça peut t’aider autant que tu le prétends, je ne vois pas de quel droit je refuserais.

Le visage du blond aux yeux bleus s’imprégna de lumière.

–  Alors, c’est oui ?

Elle redressa son minois et sourit à son tour :

–  Bien entendu.

Izuru ne put se retenir plus longtemps et la prit dans ses bras. Surprise, Tsunata rougit davantage.

–  Il y a cependant une condition, annonça-t-elle.

Le meilleur ami de Shûhei ouvrit les yeux en grand, inquiet d’entendre la prochaine requête de la jeune femme.

–  Si je deviens ton Capitaine, je t’entrainerais au Bankai.

Il s’écarta faiblement de Tsunata et la gratifia d’un regard interrogateur.

–  Pourquoi ça ? demanda-t-il.

–  Parce que tu mérites plus que quiconque d’être un jour promu au rang de Capitaine. Si l’occasion venait à se représenter, je voudrais que ce soit à toi qu’on offre ce poste.

–  Tsunata, rougit le blond, mais je…

–  Soit tu acceptes, soit je refuse : la décision t’appartient.

Après un instant de profonde hébétude qu’il passa à la détailler, il soupira :

–  Vos désirs sont des ordres, Capitaine.

L’ancienne remplaçante s’esclaffa et resserra l’étreinte de son ami, avant qu’elle n’emprunte une voix jalousée par le diable lui-même pour menacer :

–  Vouvoie-moi une fois de plus, et je te le ferai regretter.

–  J’en prends note, déglutit-il bruyamment.


***


Un peu plus tard, dans le Seireitei, des papillons de l’enfer apparurent simultanément. Alertés, tous les Shinigami présents sur les lieux cessèrent leurs occupations et prêtèrent une oreille attentive à l’annonce que l’on s’apprêtait à divulguer.

–  Ici le Commandant Shunsui Kyôraku, pouvait-on entendre. J’ai une information de la plus haute importance à vous communiquer : dans l’attente du réveil de Rôjûrô Ôtoribashi, une personne a été nommée pour occuper ses fonctions. Aussi, le Capitaine de la Troisième Division sera à compter de ce jour Tsunata Nara. Je répète, la Troisième Division a pour Capitaine Tsunata Nara. Merci de votre attention.

Et alors que les papillons se volatilisèrent, les Shinigami s’écrièrent de joie en se sautant mutuellement dans les bras. Le Seireitei était en fête, à l’exception d’une personne qui, pour sa part, se sentait submergée par une vague de remords.




Laisser un commentaire ?