The Rescue's Hope

Chapitre 4

3726 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 17/09/2017 16:07

Les deux amis parcouraient les nombreux districts de Rukongai depuis un certain temps, maintenant. Tous deux étaient couverts d’une longue cape au coloris kaki conçue par le Bureau de Développements Techniques pour camoufler leur reiatsu anormalement élevé, sans pour autant cacher leur identité de Shinigami.

Tsunata était aussi inquiète que curieuse : depuis son arrivée à la Soul Society, sa plus grande exploration de la ville des âmes errantes s’était arrêtée au dixième district – ce qui, en soit, représentait déjà une importante superficie. Cependant, Shûhei et elle venaient de franchir la frontière entre le cinquante-neuvième et le soixantième. Constater le déclin des richesses et du confort de vie au gré de leur expédition mettait la blonde hors d’elle, notamment car elle se sentait en partie responsable. Ce qui l’impressionnait outre mesure était que ses confrères du Seireitei, parfaitement conscients de cette pauvreté croissante, ne remuaient pas même le petit doigt pour leur venir en aide.

Après tout, comment l’auraient-ils pu ? Agir dans les dix derniers districts qu’ils venaient de traverser avec son ancien coéquipier représentait une charge de travail colossal, et Tsunata n’était pas sans connaître l’histoire tumultueuse des Treize Armées : la trahison de Sôsuke Aizen ; l’apparition des Vizard ; le vol du Hôgyoku, l’attaque des Arrancar ; les Fullbringer ; les Quincy ; sans compter à l’heure d’aujourd’hui les Kurotama. La vie après la mort n’était pas de tout repos, le siècle passé en était la preuve. C’est donc l’esprit préoccupé qu’elle suivait de près le ténébreux dans un silence religieux.

Shûhei, qui l’avait sentie ralentir dans son dos, lui saisit fermement la main.

–  Ne t’éloigne pas.

Les joues rosées, elle lui obéit et le talonna en lui serrant la main à son tour. Ils traversèrent ainsi d’autres districts, de plus en plus confrontés à la misère et à la violence. Tsunata se demandait sincèrement ce que le Vice-Capitaine pouvait bien lui réserver. A part la faire culpabiliser d’être aussi bien lotie qu’elle l’était, elle ne voyait pas l’intérêt d’une telle excursion en milieu hostile. Malgré tout, et en dépit de leurs nombreuses péripéties passées, l’ancienne remplaçante lui vouait une entière confiance. C’est ce qui la décida à se passer de commentaires et à le suivre jusqu’à ce que celui-ci s’arrête.

Le moment venu, elle l’observa avec un grand intérêt : ses yeux étaient hagards, comme perdus dans de profondes pensées. Soudain, sans quitter le néant du regard, il dit d’une voix apaisée :

–  C’est ici que j’ai grandi.

Tsunata tourna la tête. Les premiers rayons du soleil d’Avril se posaient sur ce qu’elle aurait pu qualifier dans le monde réel de bidonville : les bâtisses tenaient à peine sur leurs fondations, des fissures larges comme le poing de Kenpachi Zaraki ravageaient leurs façades, et les portes et fenêtres étaient à l’état de ruine, lorsqu’il y en avait encore. Les gens, assis au milieu de la poussière, étaient couverts de boue sèche et de bleus tandis que leurs pieds, nus, oscillaient entre le marron de la crasse et le rouge bordeaux du sang coagulé.

Dans quel chao était-elle arrivée ? Elle n’en avait pas la moindre idée. Du moment où elle s’était accrochée à Shûhei, son attention s’était détournée de ce qui l’entourait. En s’appuyant sur son environnement, elle estima qu’ils devaient se trouver entre le soixante-dixième et le soixante-quinzième district.

Le jeune homme dirigea son attention sur la petite blonde à sa gauche. Emerveillée ou effarée ? Son visage semblait laisser passer ces deux sentiments à intervalle régulier. Il lui sourit tendrement sans qu’elle ne s’en aperçoive.

Leurs mains se serrèrent synchroniquement. Au même moment, quatre petites silhouettes sortirent des ténèbres pour accourir à leur rencontre.

–  Hé, les gars ! fit l’une d’entre elles. C’est Hisagi-sama !

–  Hisagi-sama ! reprirent les trois autres avec enthousiasme.

Tsunata, arrachée à ses rêveries, lâcha la main de son ancien partenaire juste à temps lorsqu’elle vit le quatuor s’élancer sur ce dernier.

Shûhei parvint miraculeusement à conserver son équilibre. Il leur frotta affectueusement leur chevelure qui, à elles quatre, formaient un parfait camaïeu de brun.

–  Comment allez-vous ? leur sourit-il.

Les garçons piaillèrent dans une joyeuse cacophonie qui arracha un gloussement amusé à leur unique spectatrice.

–  Qui sont ces enfants, Shûhei ?

Lesdits enfants se tournèrent comme un seul homme dans sa direction. Les yeux ronds comme des billes et la bouche entrouverte, ils papillonnèrent un temps avant que l’un d’entre eux – une petite créature aux yeux si foncés qu’ils paraissaient noirs – réussit à balbutier :

–  Regardez, c’est la fiancée d’Hisagi-sama !

Les concernés rougirent l’un comme l’autre sans avoir besoin de se concerter tandis que des murmures tels que « Oh, ce qu’elle est jolie ! » ou encore « Il a de la chance ! » se faisaient entendre.

Shûhei, écarlate jusqu’aux cheveux, tenta de rétablir la vérité.

–  Euh, non, bafouilla-t-il, ce n’est pas… Enfin, elle et moi, on…

Tsunata éclata de rire en voyant son ancien coéquipier mettre autant d’efforts pour se faire comprendre, en vain.

Des étoiles plein les yeux, les quatre garnements s’extasièrent d’un « Ouah ! » lorsqu’ils virent le visage de la belle jeune femme aux longs cheveux blonds s’illuminer comme si la grâce des anges venait de lui être accordée.

L’inconnue s’approcha d’eux, se mit à leur niveau et leur sourit :

–  Salut ! Moi, c’est Tsunata ! Et vous ?

A l’instant où les trois syllabes de son prénom se répandirent dans la ruelle, quelqu’un – dont l’identité était dissimulée par une cape aussi mystérieuse que miteuse – se retourna sur elle. Ni Tsunata ni Shûhei ne s’en aperçurent, trop occupés à prêter leur attention aux quatre trublions qui leur faisaient face.

–  Je m’appelle Kyuso, répondit le plus âgé de la bande. Voici Mabuchi, Yutaka et Sachio.

–  Enchantée de faire vos connaissances, messieurs.

Un clin d’œil plus tard, tous étaient sous le charme. Le Vice-Capitaine se racla la gorge pour expliquer :

–  Ce sont des jeunes qui vivent dans le quartier.

–  Hisagi-sama nous a sauvés d’un vilain monstre une fois ! s’exclama Sachio de sa voix enfantine.

–  Il a fait ça ? sourit Tsunata en essuyant une trace de terre sur sa petite joue rebondie de plus en plus rouge.

Le garçon hocha timidement la tête.

–  Je vais te confier un secret.

Elle s’approcha de l’oreille du cadet et chuchota suffisamment fort pour que les autres l’entendent :

–  C’est parce qu’en réalité, Shûhei est un super héros.

Alors que le sujet de la conversation n’avait jamais été aussi rouge, l’enfant se recula légèrement, les yeux pétillants d’émerveillement.

–  Je le savais ! assura-t-il. C’est pour ça qu’il a toujours une cape !

Elle lui ébouriffa ses cheveux déjà en pagaille, lorsqu’il fut soudain victime d’une question primordiale.

–  Mais alors, murmura-t-il, ça veut dire que toi aussi, tu es un super héros ?

Tsunata plaça son index devant sa bouche et sourit dans un clin d’œil :

–  Oui, mais ne le répète à personne.

Sachio mima une fermeture éclair le long de ses lèvres et se débarrassa du curseur invisible pour lui signifier qu’il saurait tenir sa langue.

L’étranger camouflé, lui, observait toujours la scène de loin, lorsque la Shinigami farfouilla dans une poche de son hakama et en sortit une petite bourse en toile de jute, ainsi qu’un sachet transparent au contenu intriguant fortement la fratrie devant elle. Dans un énième grand sourire, elle leur tendit.

–  Tenez, fit-elle, c’est pour vous.

Kyuso, Mabuchi, Yutaka et Sachio contemplèrent, ébahis, l’offrande de la jeune femme – qui plus est, une Shinigami. Enfants ou non, dans les bas-fonds de Rukongai, l’entre-aide et la générosité n’étaient pas monnaie courante.

Shûhei, quant à lui, oscillait entre la stupéfaction et le désespoir : Tsunata ne pouvait s’empêcher de voler au secours de ceux qu’elle croisait, et ce, au péril de son propre bien-être. Car, si le Vice-Capitaine était fier de la savoir aussi altruiste, il savait surtout qu’elle leur offrait sur un plateau d’argent l’intégralité de sa paie du mois à venir, en plus de ses quelques friandises de secours qu’elle emmenait partout avec elle, au cas où. Etait-il en droit de s’interposer ? La réponse était on-ne-peut-plus évidente : ces garçons avaient besoin de cet argent. Il se résigna en repensant à la « punition » dont il était victime, et se dit que dans le pire des cas, il serait là pour l’aider financièrement.

Ce qui le travaillait davantage, en revanche, était qu’elle se sépare de sa drogue aussi facilement.

–  Tsunata ? s’inquiéta-t-il. Tu es sûre de ce que tu fais ?

Alors que Yutaka, hésitant, finit par se saisir des biens qu’elle leur tendait, la jeune femme pivota vers lui, un sourcil arqué.

–  Ils ont besoin d’argent pour se nourrir.

–  Je ne te parle pas de ça.

Tsunata regarda ce qu’il lui indiquait avec le menton, puis dit comme s’il s’agissait d’une évidence :

–  J’en ai d’autres à la maison, je ne vois pas où est le problème.

Shûhei repensa aux nombreuses fois où, bien qu’elle possédait une réserve digne de l’arrière-boutique d’un grossiste, sa camarade avait farouchement refusé de partager son trésor avec d’autres que lui, engageant quelques fois des bagarres sans queue ni tête avec des soldats tels qu’Ikkaku Madarame ou encore Renji Abarai. Il poussa un soupir consterné en se remémorant les cuisantes défaites de ces derniers tandis que la jeune femme, fière d’elle, partait d’un air triomphal en savourant ses mets sucrés.

Le Capitaine de la Troisième Division s’adressa de nouveau à ses interlocuteurs en arrangeant le col du kimono de Mabuchi.

–  Ce n’est pas grand-chose, mais j’espère que ça pourra vous aider.

–  Merci mille fois, mademoiselle.

–  Tsunata, rectifia-t-elle.

–  Tsunata-sama, répéta Mabuchi. C’est beaucoup plus que nous n’en avons jamais eu.

–  Arrête d’être aussi formel, rit-elle. Trouvez un endroit agréable et sécurisé, mangez à votre faim et, qui sait, peut-être qu’un jour, vous aussi vous deviendrez des héros.

Un large sourire fendit le visage des quatre garnements, et ils entourèrent la jeune femme de leurs petits bras amaigris. Shûhei s’assura de graver cette image dans sa mémoire jusqu’à la fin de ses jours. Soudain, il fut pris d’une étrange impression de déjà-vu, un sentiment de douceur qu’il avait ressenti autrefois lorsque, lui aussi, luttait pour survivre dans ces rues hostiles malgré son jeune âge.

Les Shinigami finirent par se remettre en route. Le ténébreux montra à son invitée la bâtisse dans laquelle il avait passé une partie de son enfance : une sorte de maison abandonnée aux vitres poussiéreuses et à la porte en bois moisi trouée comme ce fromage qu’elle appréciait tant. Les toiles blanchâtres suspendues çà et là lui arrachèrent une grimace de dégoût lorsque Tsunata identifia leur origine, s’outrageant au passage que de telles calamités vivent aussi à la Soul Society.

Si la jolie blonde était comblée par cette surprise de Shûhei, elle n’en demeurait pas moins mal à l’aise : elle savait que son passé n’était, lui aussi, pas des plus glorieux, mais être ainsi confrontée à sa réalité renforça ses convictions à son sujet. Shûhei Hisagi était quelqu’un de merveilleux, un exemple à suivre aux antipodes de l’être méprisable qu’il pensait être.

En proie à son émotion grandissante, Tsunata attrapa la main du ténébreux et la serra tendrement. Shûhei, interloqué, lui jeta un regard trahissant sa surprise, les joues en feu.

–  Merci pour ce cadeau, répondit-elle à son interrogation silencieuse.

–  Tu plaisantes, ce n’est rien de bien important.

–  Du moment que ça te concerne, ça le devient pour moi.

Le cœur de Shûhei rata un battement. Même s’il s’était conduit comme le plus parfait des goujats pendant un mois avec elle, Tsunata n’avait pas changé le moins du monde. Elle restait douce, patiente, attentionnée… parfaite. Alors qu’il entremêlait leurs doigts, il se demanda par quel sortilège il avait bien pu tenir si longtemps sans l’avoir à ses côtés.

Le sujet de ses pensées, tourmentée par les mêmes questions, remarqua qu’une étrange conversation prenait part non loin d’eux.

–  Dis, Shûhei ?

–  Oui ?

–  Tu entends comme moi ?

Le Vice-Capitaine aux trois balafres lui lança un regard interrogateur. Sans perdre davantage de temps, Tsunata s’avança à pas de loup vers la source de ses intrigues. Suivie de près par Shûhei, tous deux s’arrêtèrent derrière un mur pour tendre l’oreille.

–  Tu es sûr qu’on peut lui faire confiance ? interrogea un homme.

–  Bien évidemment ! appuya un autre. Ils sont contre les Shinigami, comme toi et moi !

–  Les Arrancar et les Quincy l’étaient également, et ce n’est pas pour autant qu’ils souhaitaient notre bien.

Les deux espions échangèrent un regard suspicieux.

–  Je t’assure qu’il nous suffit de suivre les recommandations du Maître, et tout sera en ordre.

Tsunata fronça les sourcils.

–  Le Maître ? reprit-elle dans un murmure.

–  Qu’y a-t-il, Tsunata ? s’inquiéta son camarade.

La jeune femme plaqua violemment ses mains contre ses tempes et perdit l’équilibre dans une grimace de douleur insupportable pour Shûhei. Celui-ci la prit dans ses bras et les éloigna de plusieurs dizaines de mètres dans un shunpo.

Lorsqu’ils furent sortis du soixante-quinzième district, il la déposa dans l’herbe et se pencha vers elle, prit d’une panique de plus en plus palpable.

–  Tsunata, qu’est-ce qui se passe ?

La blonde souffrait visiblement bien trop pour répondre quoi que ce soit. Tout autour d’elle se mettait à tourner, des bouffées de chaleur se répandaient dans chaque parcelle de son corps, et sa tête lui faisait un mal de chien !

Au comble de l’affolement, tandis qu’il la voyait suffoquer en se tordant de douleur, Shûhei, impuissant, la saisit par les épaules et commença à la secouer avec vigueur.

–  Hé ! Réponds-moi !

« Le Maître m’est apparu. »

Le sourire bestial de Miya, l’air glacial dans l’entrepôt, les chaînes gelées qui lui broyaient les os, le sang, la douleur…

–  Le… Le Maître…

–  Quoi ? perdit son sang-froid le brun.

–  Miya…

–  Qu’est-ce que tu racontes, bon sang ?

La crise de Tsunata commença à se calmer. Elle ôta ses mains tremblantes de ses tempes et se tourna vers Shûhei.

Celui-ci ne put retenir un hoquet lorsque le regard apeuré de la blonde se planta dans le sien. Avant qu’il n’ait eu le temps de bouger le moindre cil, elle déclara d’une voix à peine audible :

–  Le Maître, l’homme dont parlaient les deux âmes errantes, c’est celui qui a poussé Miya à se suicider pour devenir une Kurotama.

–  Je te demande pardon ?

–  Elle… Elle me l’a dit, ce soir-là.

Le ténébreux écarquilla les yeux.

–  Tu te souviens de ce qu’il s’est passé ? s’empressa-t-il.

–  Pas de tout, non. Mais je suis certaine que c’est ce qu’elle a dit, Shûhei.

Il l’observa attentivement.

–  Ces hommes, reprit-elle, ils voulaient s’allier aux Kurotama. Si on permet quelque chose d’aussi grave, on condamne l’avenir de la Soul Society.

–  D’accord, mais que veux-tu faire pour les en empêcher ?

Tsunata s’accorda quelques secondes de réflexion. Aux grands remèdes, les grands moyens ! Si elle ne voulait courir aucun risque, il fallait qu’elle trouve une menace d’une ampleur suffisante pour les tenir éloignés des quatre-vingt districts de la ville des âmes errantes. La jeune femme mit à contribution sa matière grise, encore embrouillée par sa précédente crise, et étudia toutes les possibilités qui s’offraient à elle quand, soudain, une idée lumineuse lui apparut telle une révélation divine.

–  Et si on reformait le Shûnata ? suggéra-t-elle.

–  T’es sérieuse ? rougit brutalement le Vice-Capitaine.

–  Tu crois que c’est le moment de se lancer des vannes ? gronda la blonde.

–  Je te signale que tu es Capitaine, maintenant. On ne peut plus travailler ensemble.

–  Le Commandant nous a dit lui-même qu’on formait la meilleure équipe que la Soul Society n’ait jamais connue. Toi et moi, on peut arrêter l’invasion des Kurotama par Rukongai, j’en suis persuadée !

–  Et je peux savoir ce que tu fais de nos devoirs envers nos Divisions respectives ?

–  La défense de la Soul Society en fait partie intégrante !

–  A la limite, le Commandant acceptera sûrement que tu effectues ce genre de mission avec Kira, mais pas avec moi, Tsunata. Je n’ai été que ton instructeur, rien de plus. Je ne représente rien pour toi.

Les sourcils au moins aussi froncés que ceux de son meilleur ami, elle réduisit la distance entre leur visage et fit gravement :

–  Qu’est-ce que tu racontes ? Tu étais et resteras toujours mon coéquipier, Shûhei. Toutes ces missions, toutes ces victoires, c’est avec toi que je les ai partagées. Pas avec Izuru, ni Ichigo, ni qui que ce soit d’autre, seulement toi. C’est quand nous sommes réunis que nous gagnons.

Le Vice-Capitaine s’empourpra de la tête aux pieds. Cependant, le poids de la culpabilité lui fit baisser la tête et avouer dans une faible mesure :

–  Je suis aussi celui qui t’a abandonnée, Tsunata.

Sans crier gare, sa joue droite fut l’hôte d’une gifle. Une petite, certes, mais qui eut au moins le mérite de lui faire redresser son visage hébété vers l’auteure de cet acte qui, pour sa part, était plutôt satisfaite de son effet. Toutefois, elle n’en dit rien et conserva le plus grand des sérieux.

–  Tu l’as fait, d’accord, et après ? On ne va pas disserter là-dessus pendant des décennies. Tu avais tes raisons, et je t’ai dit que je te pardonnais. Tu veux quoi de plus, à la fin ? Que je te le mette par écrit ?

Complètement éberlué, il se contenta de répondre par deux clignements d’yeux rapides.

–  Le principal est que tu sois revenu. Le reste, c’est de l’histoire ancienne. Arrête de t’en vouloir.

Puis, retrouvant la douceur qui la caractérisait, elle guida sa main vers la joue qu’elle venait de maltraiter et la caressa délicatement.

–  Très bien, lâcha-t-il.

Shûhei agrippa les bras de Tsunata et s’exclama dans un sourire assez étrange :

–  On va reformer le Shûnata !

La jeune femme lutta de toutes ses forces contre un terrible fou-rire, et échoua lamentablement.

–  Qu’est-ce qui te fait rire ?

–  Tu l’as dit, Shûhei !

–  J’ai dit quoi ?

–  Le Shûnata !

Puis elle repartit de plus belle dans son hilarité, devant un Shûhei aussi désabusé qu’honteux d’avoir finalement prononcé cet acronyme qui le perturbait tant.

***

De son côté, le mystérieux inconnu ayant pris un peu plus tôt en filature les deux Shinigami franchit le seuil d’une vieille cabane délabrée, à l’écart des regards indiscrets.

Dans un coin de la seule pièce poussiéreuse qu’elle contenait était recroquevillé un jeune garçon, les genoux ramenés contre son torse. Lorsqu’il entendit l’autre entrer, il se dressa d’un bon et accourut vers lui.

–  Qu’est-ce que ça a donné ? s’enquit-il.

–  J’ai réussi, Sotaro. J’ai trouvé la personne qu’il nous faut.




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