The Rescue's Hope

Chapitre 9

3128 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 30/10/2017 11:14

Encerclé par les onze monstres, Sotaro, pris de panique, alterna successivement son regard sur chacun de ses agresseurs, puis jeta un coup d’œil désespéré sur son sabre à terre.

Comme s’il venait de lire les intentions du jeune garçon par les fenêtres de son âme, le Hollow qui le dominait de face lança un cero sur le zanpakutô et l’éloigna davantage encore, réduisant à néant toute possibilité pour la nouvelle recrue du Gotei 13 de s’en emparer et de renverser la tendance.

–  Tu es vraiment trop naïf, se moqua le masqué. Savais-tu que ton monde et le nôtre étaient en guerre, petit ?

Puis il éclata d’un rire gras. Sotaro grimaça et, tandis qu’il grognait, il tenta une esquive par la gauche. Avant même qu’il n’ait eu le temps d’effectuer trois enjambées, un des autres Hollow qui l’entouraient le stoppa net dans une gifle surpuissante qui, en plus d’une marque rouge et boursoufflée, lui légua une large entaille horizontale sur la joue droite.

Sous l’effet du coup, le Shinigami fut projeté en arrière et atterrit lourdement au sol. Le visage dans la poussière, il redressa un regard de jais sur l’ennemi à la tête de cette embuscade au cœur même du Seireitei.

–  Allons bon, où tu croyais aller comme ça ? On n’en a pas fini avec toi.

–  Qu’est-ce que vous me voulez ? cracha le brun.

–  Ce n’est pas évident ? Tu es un Shinigami, cette raison est largement suffisante pour t’éliminer.

Sotaro, les mains contractées sur le parterre, articula dans un grognement :

–  Je ne suis pas comme eux.

Les onze Hollow éclatèrent d’un rire diabolique.

–  Comme c’est pitoyable ! Les nouvelles recrues de la Cour n’ont aucun honneur ! Nous craignent-ils au point d’accepter parmi leurs rangs le pire des lâches ?

Puis le monstre claqua des doigts, ce que Sotaro interpréta comme étant le signal ordonnant à un de ses subordonnés d’attaquer lorsqu’il vit sur sa droite accourir dans sa direction une créature masquée qui lui administra un coup de pied sans égal dans l’estomac. Le jeune Yoshida, impuissant, s’écrasa brutalement trois mètres plus loin, persuadé d’y avoir laissé quelques côtes au passage. Dans un râle de souffrance, il cracha un filet de sang et lorgna ses ennemis d’un regard aussi épuisé qu’emprunt de défi.

–  Je ne suis pas… un lâche. Je suis…

N’attendant pas la fin de sa réplique, un autre Hollow, de son bras gigantesque, le ramassa sans effort et le souleva dans les airs, avant que Sotaro ne s’étale de nouveau contre les pavés du Seireitei, d’horribles douleurs et des ecchymoses naissant çà et là sur l’intégralité de son mètre quarante-cinq.

Tandis que sa tête lui tournait affreusement, il jeta un regard désespéré dans la direction du sabre que la Vice-Capitaine du hippie lui avait confié un peu plus tôt dans la journée : celui-ci ne se trouvait pourtant pas si loin de lui, mais les décharges électriques qui lui traversaient l’échine l’immobilisèrent au point où ne serait-ce que crisper ses doigts égalait un véritable supplice.

Le souffle court, il songea à la fois où Akio l’avait sauvé des brigands qui le traquaient dans tout Inuzuri, la première nuit de Décembre. Alors que sa vue se brouillait peu à peu, il espéra secrètement que son frère adoptif apparaisse comme par miracle pour l’extirper une fois encore d’une situation plus que périlleuse. Cependant, sa raison le persuada de ne pas trop y croire, car le jeune homme était retourné à Rukongai après qu’il eut passé et réussi le test de capacités en compagnie du borgne et du balafré.

Cette pensée lui arracha un rire jaune : les deux soldats avaient assuré qu’il serait un vrai plus au sein de leur armée, alors qu’il n’arrivait pas même à faire face à une bande de Hollow ; bien évidemment, les monstres du Hueco Mundo formaient à eux onze une élite de haut niveau, mais il n’en restait pas moins qu’il aurait dû leur tenir tête, à en croire les dires de ses examinateurs.

Sombrant seconde après seconde dans l’inconscient, Sotaro Yoshida parvint tout de même à entendre le chef des Hollow s’extasier de sa voix cadavérique :

–  Finissons-en avec cette larve ! Il est tout juste bon à regarder crever.

Et il claqua de nouveau ses doigts livides, avant que les dix autres se jettent d’un commun accord sur le Shinigami brun atterré.

Il ferma les yeux, prêt à succomber aux coups des masqués, en laissant toutefois s’échapper deux larmes alors que ses mâchoires se serrèrent à leur paroxysme.

Il sentit ses bourreaux s’approcher de lui à grande vitesse, et sa gorge se noua : quelque chose l’oppressait sans même le toucher, une puissance hors norme l’empêchait de respirer. Là, il entendit un son :

–  Tsss.

Sotaro voulut ouvrir les yeux pour mieux comprendre, mais alors qu’il entreprenait son geste, une voix lui ordonna :

–  Reste à terre !

Il écarquilla ses yeux océan en s’aplatissant de son mieux contre les pavés poussiéreux du Seireitei, les mains sur la tête : devant lui, tandis que les Hollow semblaient s’être ravisés dans leur attaque groupée, se tenait une silhouette troublée par l’émission d’un souffle puissant qui soulevait tout autour d’elle.

Face à la créature à l’origine de cette opération, son sauveur – ou du moins, par le timbre glacial qu’il avait entendu, sa sauveuse – sortit un sabre d’on-ne-sait-où et le braqua sur lui.

–  Qui t’es, toi ? interrogea le masqué.

Sotaro n’en vit rien – l’inconnue lui tournant le dos – mais il ressentit toutefois l’impression qu’un rictus provocateur étirait ses lèvres avant qu’elle ne prononce distinctement :

–  Tranche, Tetsuribon.

Là, quelque chose se mit à tournoyer dans une vélocité incroyable tandis que la lame de son zanpakutô s’allongeait pour ensuite transpercer de part et d’autre le Hollow à la carrure humanoïde sans même qu’il n’ait eu le temps de bouger un cil. Dans une vitesse similaire, la Shinigami se tourna sur elle-même et faucha les dix autres en retrait avec une puissance ahurissante.

Tandis que ses oreilles vrombirent sous l’effet de l’onde de choc, Sotaro ouvrit de nouveau les yeux, son corps endolori tremblant de toutes parts. Les waraji du soldat de la Cour martelèrent les pavés du Seireitei dans sa direction, laissant planer une atmosphère aussi lourde que menaçante. Lorsque la nuée poussiéreuse se dissipa, il lui fut possible de distinguer un peu mieux les contours de celle qui venait de lui sauver la vie in-extremis ; il n’en fut pas soulagé pour autant, car son aura laissait présager le pire.

Dans des râles sonores, l’ancienne âme errante déglutit péniblement alors que la Shinigami arriva enfin face à lui, son identité masquée tant par les vestiges de son attaque que par la pénombre omniprésente dans cette partie du Seireitei.

Il ferma de nouveau les yeux, prêt à mourir pour de bon. Car s’il était une chose dont Sotaro était certain, c’était que le Hollow n’avait pas eu tort en le traitant de lâche. Un pareil comportement, même dans Rukongai, était susceptible d’apporter le plus grand des déshonneurs. Non seulement il venait de bafouer son image à tout jamais, mais par la même occasion, il avait entraîné dans sa honte le nom des Yoshida ; jamais plus il ne pourrait faire face à son mentor après cette injure. Ainsi, il se rassura en se persuadant que le châtiment qu’il s’apprêtait à recevoir ne serait pas si terrible que ça.

Résolu à respirer ses dernières bouffées d’oxygène, le garçon se sentit plus léger, en oubliant presque les maux qui le torturaient. C’est alors qu’il sentit la Shinigami s’abaisser à son niveau, sûrement pour le regarder dans le blanc des yeux au moment fatidique où son zanpakutô le pourfendrait.

–  Est-ce que ça va ?

Sotaro sursauta dans un hoquet de surprise : avait-il bien entendu ? Pris au dépourvu, il écarquilla ses grands yeux bleus et considéra celle qui lui faisait face de son air le plus hébété. Une fois qu’il l’eut identifiée, il inspira bruyamment, bouche bée, incapable de prononcer le moindre son.

Agenouillée devant lui, illuminée par la lumière opaline du clair de lune, se tenait celle qu’il méprisait le plus dans toute la Soul Society : le Capitaine provisoire de la Troisième Division, Tsunata Nara. Déjà stupéfait par le fait qu’elle venait de le sauver, son sentiment d’incompréhension fut décuplé par la voix douce et inquiète qu’elle avait adoptée pour s’adresser à lui. De plus, son regard – qu’il pensait jusque là glacial – était en fait imprégné de chaleur, comme s’il lui était permis d’insuffler un air de réconfort par le biais de ses yeux verts.

Voyant qu’il ne répondait pas, Tsunata se permit d’insister :

–  Sotaro-kun ?

Il se mit à papillonner, interdit par ce retournement de situation incongru. Il détourna son regard de la jeune femme pour le poser sur son zanpakutô ; comprenant que Tetsuribon l’effrayait, l’ancienne remplaçante le dirigea dans son dos et le fit disparaître de la même manière dont il s’était manifesté à elle.

Davantage impressionné, Sotaro se redressa sans réfléchir et s’écroula en hurlant de douleur, rattrapé par la blonde avant de retrouver le sol.

–  Holà, doucement ! Tu vas aggraver tes blessures si tu continues de t’agiter comme ça.

A bout de souffle, le protégé d’Akio balbutia :

–  Qu’est-ce que ça peut faire ? Dans tous les cas, vous allez me tuer.

Tsunata arqua un sourcil.

–  Te tuer ? Pourquoi ferai-je une chose pareille ?

–  Parce que j’ai déshonoré les Shinigami… avoua-t-il honteusement.

Le Capitaine l’aida à s’assoir, puis le gratifia d’un regard interrogateur avant d’éclater d’un rire mélodieux.

Hébété une fois de plus, Sotaro vociféra en sentant ses joues rougir :

–  Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle !

Après avoir essuyé une larme qui perlait à la commissure de son œil droit, Tsunata observa le jeune garçon d’un air attendri et, tout en lui ébouriffant affectueusement les cheveux, elle lui sourit :

–  Moi, ce ne que je ne vois pas, c’est en quoi tu as pu nous déshonorer.

–  J’ai jeté mon sabre et je leur ai dit que je n’étais pas comme vous ! s’écria-t-il, les joues de plus en plus rouges.

–  On ne t’a pas demandé de te frotter à onze Hollow de catégorie supérieure dès le premier jour, Sotaro-kun. Non seulement tu as encaissé leurs coups, mais en plus tu ne les as pas suppliés de t’épargner ; là, d’accord, ça aurait été une injure envers les Treize Armées ; mais tu ne l’as pas fait, tu es resté courageux du début à la fin. Et puis d’abord, je ne sais pas où tu as été chercher qu’on pouvait tuer un de nos semblables pour si peu : au pire, tu aurais été un sujet de railleries pendant quelques temps, mais ça se serait arrêté là.

Constatant qu’il restait interdit, la blonde poursuivit d’une voix plus douce encore :

–  C’est ton premier jour ici, et Akio doit te manquer. Je comprends parfaitement que tu aies jeté ton sabre. Tu te sens abandonné, n’est-ce pas ?

Il acquiesça timidement.

–  Ne t’en fais pas, tu n’es pas seul, Sotaro.

–  Vous… vous ne me détestez pas ?

Après un bref mouvement de recul, Tsunata le considéra de ses sourcils froncés.

–  Te détester ? Pourquoi ?

–  Je suis le frère d’Akio, et vous le détestez aussi !

–  De deux choses l’une : la première, cesse de me vouvoyer car c’est quelque chose qui pourrait vraiment m’énerver ; la deuxième, non seulement je ne déteste pas Akio, comme tu pourrais le penser, mais en plus de ça, lui et toi n’avez rien à voir. Nos histoires passées ne te concernent en rien, alors je ne vois pas pourquoi je t’en tiendrais rigueur.

Elle approcha sa main du visage de l’adolescent et caressa de son pouce l’entaille qui scindait sa joue gauche ; alors qu’il s’était raidi en s’imaginant la douleur qui allait en résulter, Sotaro s’étonna de sentir une chaleur nouvelle l’imprégner, avant de constater, effaré, que le visage de la blonde s’appropriait peu à peu sa blessure sanguinolente.

Tandis que celle-ci se refermait presque simultanément, Tsunata lui sourit :

–  Je t’ai laissé une sacrée impression la dernière fois, dis-moi : en t’écoutant, on pourrait croire que je suis un tyran.

C’était en effet l’image qu’il s’était fait d’elle à l’occasion de leur première rencontre ; cependant, actuellement, celle-ci venait de s’effondrer littéralement : la Tsunata Nara qui se tenait devant lui ce soir était aux antipodes de la personne froide et impassible à laquelle il avait eu affaire une semaine auparavant.

Alors qu’il restait complètement pantois, la jeune femme lui dit dans un sourire plus large que le précédent :

–  Tous les deux, on est partis sur de mauvaises bases, pas vrai ? Laisse-moi me présenter à nouveau : je suis Tsunata Nara, enchantée de faire ta connaissance !

En disant cela, elle lui tendit la main ; Sotaro l’observa avec intérêt et, les pommettes rouges au possible, il s’en saisit dans une grimace douloureuse.

–  So… Sotaro Yoshida.

Lorsqu’il sentit son mal le quitter peu à peu, il écarquilla les yeux et analysa la Shinigami face à lui : son corps s’accaparait les nombreuses plaies et ecchymoses héritées du passage à tabac orchestré par la horde de Hollow.

Du sang passa la barrière de ses lèvres quand Tsunata lui sourit une dernière fois :

–  Bienvenue au Gotei 13, Sotaro.

***

Le lendemain matin, alors que sa précieuse coéquipière n’avait pas daigné rentrer de la nuit, Shûhei parcourait le Seireitei de long en large en quête de traces de son passage. Lorsqu’il s’était éveillé aux alentours de six heures du matin chez la jeune femme et qu’il avait constaté son absence, le ténébreux s’était rendu dans sa garçonnière, là où Tsunata l’attendait parfois. Mais une fois la porte ouverte, seul le silence l’avait accueilli. Il était alors allé vérifier dans les bureaux de la Troisième Division si un de ses nombreux dossiers ne lui avait pas servi d’oreiller pour la nuit : rien. Son inquiétude grandissant, il avait couru jusqu’à la fontaine, puis la plaine, puis les vendeurs ambulants de denrées diverses et variées, sans jamais la trouver.

Il était à présent huit heures. A court d’idées sur l’endroit où la jolie blonde pouvait se trouver, Shûhei arpentait les allées animées du Seireitei, à l’affût du moindre vacillement de reiatsu de sa camarade ; seulement, comme il en était question chaque fois qu’elle ne combattait pas, la pression spirituelle de Tsunata était à la limite de l’imperceptible.

Soudain, il reconnut au loin deux têtes familières et se pressa d’aller à leur rencontre.

–  Kira ! Rangiku !

Les deux se tournèrent comme un seul homme vers leur ami.

–  Salut, Shûhei !

–  Qu’est-ce qui t’arrive ? demanda Izuru. T’as vraiment sale mine.

–  Vous n’auriez pas vu Tsunata ?

–  On l’a croisée il n’y a pas dix minutes, avoua Rangiku. Pourquoi ?

Le brun tiqua : elle ne lui donnait pas signe de vie à lui, mais en ce qui concernait les autres, elle ne s’en privait pas.

Mettant sa frustration de côté, le Vice-Capitaine de Kensei s’enquit :

–  Où est-elle, maintenant ?

–  Il se passe quoi, Hisagi ?

–  Elle n’est pas rentrée depuis hier soir.

–  Ah ! maintenant que tu le dis, c’est vrai qu’elle était plutôt en charmante compagnie. Elle a peut-être passé la nuit avec lui ?

Izuru lança à sa compagne un regard désespéré : Rangiku ne ratait jamais une occasion de jeter de l’huile sur le feu. Le pire, se disait-il, était sans doute que son meilleur ami tombait systématiquement dans le panneau.

Tanguant entre rage et jalousie, le ténébreux fulmina :

–  Par où sont-ils allés ?

–  La Première Division, répondit le blond.

–  Elle va sûrement demander au Commandant de faire équipe avec ce délicieux jeune homme, qui peut savoir ?

Sans prendre la peine de répondre à cette nouvelle provocation, Shûhei disparut dans un shunpo. Izuru considéra d’un air affligé la jeune femme qui jubilait à ses côtés.

–  T’es pas croyable, Rangiku.

–  Il est trop mignon quand il s’inquiète pour elle, encore plus quand il est jaloux.

Le Vice-Capitaine de Tsunata soupira, puis ils reprirent leur route.




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