The Rescue's Hope

Chapitre 11

2623 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 12/11/2017 12:03

–  Vous êtes prêts ? demanda Tsunata.

–  Autant qu’on peut l’être, répondit Izuru.

–  Alors, ne perdons pas de temps.

–  On vous suit, sensei !

Le quatuor, faisant face à l’ouverture béante du Senkaimon, franchit d’un commun accord le seuil du Dangai, celui-là même dans lequel Shûhei avait failli perdre la vie, quelques mois plus tôt. Au sujet du ténébreux, il n’avait pas soufflé mot depuis son arrivée sur les lieux avec sa coéquipière blonde, intriguant leurs deux autres compagnons ; néanmoins, ils ne s’en formalisèrent pas, notamment parce que le regard de leur Capitaine, d’un sérieux qui ne lui était pas commun, les en avait dissuadés. Ainsi, ils foulèrent l’entrée du passage entre les mondes.

 Les trois premières minutes de leur traversée se passèrent dans le silence, l’attention à son paroxysme. C’est lorsque la quatrième minute fut entamée qu’une infime perturbation ralentit la course de Tsunata. Inquiet, Shûhei brisa son mutisme.

–  Tsunata, qu’y a-t-il ?

Elle s’arrêta, scruta les environs de ses yeux verts intrépides et se concentra sur les oscillations spirituelles dans le tunnel ; elle ne reconnut que celles de ses amis.

–  On ne devrait pas trop s’attarder ici, suggéra Izuru. On va finir par servir de dîner au Koryu.

–  Tu as raison, confirma Tsunata. Dépêchons-nous.

Ils reprirent leur ascension, plus soucieux que jamais. Alors que leurs pas se firent de plus en plus rapides, ils virent se profiler au loin la pureté de la lumière qui se dégageait de l’ouverture par laquelle ils atteindraient Kagamino, ville où le destin de Tsunata s’était joué, plusieurs mois auparavant.

–  On y est presque ! s’écria Sotaro.

C’est alors que la blonde s’immobilisa brusquement, les cheveux de la nuque dressés, et qu’elle fit apparaître d’un geste vif son zanpakutô.

–  Faites attention ! alerta-t-elle simultanément.

Shûhei s’interrompit à son tour et s’étrangla lorsqu’il vit fondre sur sa coéquipière pas moins de sept Kurotama, armés jusqu’aux dents. Il dégaina son fidèle Kazeshini, scindant sa lame en deux kusarigamas sans même avoir à prononcer le nom de son Shikai, et hurla :

–  Kira !

Izuru et Sotaro s’arrêtèrent eux aussi et s’armèrent avant même de s’être tournés dans la direction de leurs camarades. Le ténébreux bondit fougueusement vers Tsunata, sur qui se dirigeaient toujours plus d’ennemis sortis de nulle part et qu’elle repoussait aussi bien par la force de son sabre que par son insaisissable Souffle Blanc ; toutefois, avant d’avoir eu le temps de réduire de moitié la distance qui les séparait, Shûhei fut pris à son tour dans une embuscade qui, cette fois-ci, avait pour but de sceller le sort des alliés du Capitaine. A eux trois, les Shinigami éprouvèrent un mal fou à rester au plus près de la jeune femme.

Tsunata, voyant que ses amis luttaient de toutes leurs forces pour lui venir en aide, parvint à ordonner entre deux Kurotama pourfendus de sa lame extensible :

–  Ne vous occupez pas de moi ! Battez-vous pour vos propres vies !

–  Tu plaisantes ! riposta son Vice-Capitaine.

Encerclée par les âmes noires, la blonde hurla « Tranche ! » et pivota sur elle-même, faisant disparaître dans un nuage de particules spirituelles ses précédents agresseurs.

–  Je me débrouille très bien toute seule, Izuru !

Le jeune homme sourit de manière contenue, poursuivant son combat contre ses opposants qui, dans l’ignorance la plus complète du pouvoir du zanpakutô du descendant de la famille noble, se laissèrent prendre au piège et s’écroulèrent sous le poids décuplé de leur kurojû.

Sotaro, cible privilégiée des soldats de l’ordre Kurotama, se défendit avec beaucoup d’habilité à la force seule de son katana ; lorsque le nombre d’assaillants dépassa la dizaine, il se retrouva acculé de toutes parts, dans l’incapacité de prendre le temps ne serait-ce que d’invoquer la première forme de libération de son sabre. Néanmoins, il voulut tenter le tout pour le tout et, s’éloignant dans un maigre shunpo, commença à prononcer d’un ton empreint de détermination « Répands-toi », lorsqu’un Kurotama jaillit sur lui, la pointe de son sabre dirigée vers la gorge du garçon.

Il fut persuadé de sentir distinctement la froideur de la lame contre sa peau, mais quelque chose fit obstacle à l’attaque de l’ennemi et projeta au loin son arme ; se posta alors devant lui le Vice-Capitaine de la Troisième Division qui, l’aidant à se relever, s’enquit d’une voix inquiète :

–  Ça va aller ?

–  Oui, merci, Kira-san.

–  Sois vigilant, ne les laisse pas t’avoir.

–  Je ferai de mon mieux.

Ainsi, les deux complices repartirent au combat, frappant frénétiquement l’acier qui leur faisait face.

De son côté, Shûhei s’évertuait davantage à tenter d’approcher sa coéquipière, repoussant çà et là les quelques misérables qui osaient lui barrer le chemin de ses kusarigamas furieux ; il n’aurait su l’expliquer lui-même mais, bien que conscient des capacités de la jeune femme, une solide impression que les choses n’étaient pas ce qu’elles semblaient être lui noua l’estomac. Ainsi, rusant par moments de techniques de nécromancie, il parvint à réduire progressivement la distance qui le tenait éloigné de Tsunata.

Celle-ci, en étant aisément à son vingtième soldat de l’armée noire, garda un œil attentif sur l’ascension de Shûhei. Assaillie par toujours plus de Kurotama, elle ne doutait pas un seul instant qu’aider le ténébreux dans sa quête serait impossible pour elle ; aussi, Tsunata s’était résolue à éliminer le plus d’opposants possible, de sorte à permettre au jeune homme une avancée moins périlleuse vers elle ; car, s’il était une chose dont elle était certaine, c’était que tenter de faire renoncer Shûhei serait une perte de temps considérable, au risque de mettre sa vie et celle des autres en danger de façon inutile. C’est ainsi qu’elle continua inlassablement d’ajuster la lame de son sabre, de broyer sous son toucher ceux qui avaient le malheur de se tenir trop près, ou encore de brûler dans son souffle ardent les plus éloignés d’entre eux.

Les minutes passèrent, et le nombre de Kurotama ne faiblissait pas ; pire encore, des Hollow apparaissaient à tour de bras et venaient se mêler aux festivités. Comme un fait exprès, tandis que les forces des Shinigami s’amenuisaient peu à peu, celles de l’équipe adverse ne cessaient de croître. Depuis peu, les pressions spirituelles d’autres membres du Gotei 13 avaient fait leur apparition dans le Dangai, mais personne n’était encore arrivé à la rescousse des quatre mis à mal. Alors qu’il donna un énième coup de katana, Sotaro, à bout de force, perdit l’équilibre et s’écroula lourdement au sol. Un Kurotama aux cheveux bleus et aux yeux violets saisit l’occasion et abattit avec hargne son arme sur le garçon ; sûrement était-ce dû à la précipitation de son attaque, mais la partie du corps atteinte ne fut autre que la jambe gauche du garçon, lui arrachant une plainte désastreuse qui tint interdits les trois autres Shinigami dans un moment d’hébétude alarmant.

Izuru, les yeux écarquillés, se tourna mécaniquement vers le protéger de sa Division et, tandis qu’il hélait son nom et usait d’un shunpo pour s’assurer de son état de santé, le blond se fit électriser par un éclair surgi du kurojû d’un ennemi à la longue chevelure rose et aux iris d’un blanc inquiétant, tombant comme une pierre contre le sol lugubre du passage entre les mondes.

–  Sotaro ! Izuru ! s’écria la blonde.

–  Qu’est-ce que l’équipe de secours fout, bordel !

–  Shûhei, derrière toi !

Le ténébreux jeta un œil par-dessus son épaule et, d’un geste aussi habile que rapide, interrompit brutalement l’offensive dressée à son encontre en abattant la seconde partie de son zanpakutô déployé sur l’agresseur.

–  Merci, Tsuna…

Au moment où il pivotait dans la direction de sa coéquipière, une vision d’horreur le saisit : après qu’une quantité de sang conséquente ait jailli de l’épaule de la jeune femme, le brun de la Neuvième Division découvrit, la gorge serrée, un objet ressemblant à s’y méprendre au dard d’un insecte gigantesque traverser sa clavicule droite, un liquide jaunâtre sortant de son extrémité. Les yeux verts de Tsunata furent bien vite encadrés de gros cernes noirs creusés, son corps se mit à chanceler dangereusement, et du sang s’écoula abondamment par la commissure de ses lèvres vibrantes de sommeil.

–  Tsunata ! s’époumona le Vice-Capitaine.

–  Shû… Shûhei…

Ses jambes se dérobèrent. Elle heurta le sol rugueux dans un bruit sourd, puis redressa péniblement son visage vers son coéquipier. Tsunata leva son zanpakutô tremblant vers lui et prononça d’une voix à la limite de l’inaudible :

–  Ban… kai…

Sa lame éclata en de nombreux rubans roses scintillants qui fondirent derrière le ténébreux et l’épargnèrent de l’attaque sournoise d’un Kurotama dissimulé par son imposante carrure. Cependant, ce que ni la jeune femme ni Shûhei n’avaient prévu, c’était qu’un autre ennemi se cachait dans l’ombre du précédent, et celui-ci asséna au Shinigami un coup qui le mit à terre. Tsunata, les yeux saturés d’émotions, tendit la main vers son coéquipier et hurla de toutes ses forces dans un cri désespéré ce nom qui signifiait tant pour elle.

Crachant du sang dans des râles douloureux, Shûhei redressa la tête. Les dents serrées à leur paroxysme par-delà ses yeux mi-clos, il souffla :

–  Tsu… Tsunata…

Ses lèvres s’étirèrent dans une grimace traduisant ses maux lorsque ses doigts se crispèrent sur le sol et qu’il commença à ramper vers la jeune femme ; comprenant son intention, Tsunata entreprit le même exercice et, de son seul bras valide, entama une ascension vers le ténébreux blessé.

Des bruits de pas résonnèrent bientôt, et plusieurs techniques de kidô et de sons métalliques fusèrent ici et là dans le Dangai alors que les Kurotama s’apprêtaient à clore leur mission sur plusieurs assassinats.

–  Capitaine Nara ! Vice-Capitaine Hisagi !

–  Là-bas ! Je vois le Vice-Capitaine Kira et Sotaro Yoshida !

–  Equipes 2 et 5, occupez-vous du Shûnata ! Equipes 3 et 4, chargez-vous des deux autres ! Equipes 1, 6 et 7, on leur ouvre le passage ! Bougez-vous !

Les sept escouades de Shinigami se séparèrent sous ce schéma, au moment où les deux partenaires plaçaient tous leurs efforts dans leur lutte respective pour s’approcher un peu plus de l’autre ; parvenus à une distance satisfaisante, tous deux tendirent dans un dernier espoir leur bras et, les yeux dans les yeux, alors que leurs mains se frôlèrent, Shûhei Hisagi sombra brutalement dans un gouffre noir et profond.

***

Un tintement régulier agressa ses oreilles fatiguées. Un rayon de soleil caressait son visage au teint blafard. A en juger par la chaleur qui régnait dans la pièce, le petit matin devait être passé depuis une heure ou deux. Ses paupières vrombirent, tandis qu’un tiraillement dans le dos lui arracha une grimace désagréable. Ses poings se refermèrent sur les draps qui recouvraient son corps endolori, et ses yeux s’ouvrirent avec précaution.

–  On dirait qu’il se réveille, constata Isane.

–  Shûhei ! s’écria Rangiku.

–  Ça va, mon vieux ? s’enquit Izuru.

–  Vice-Capitaine Hisagi, vous nous avez fait une sacrée peur bleue ! ajouta Sotaro.

Sa tête lui tournait affreusement, mais cela ne l’empêcha pas d’analyser successivement les visages penchés au-dessus de lui : autour de son lit se trouvaient ses camarades tels qu’Izuru Kira, Rangiku Matsumoto, Sotaro Yoshida, Renji Abarai, Rukia Kuchiki, Kensei Muguruma, Isane et Kiyone Kotetsu, Tetsuzaemon Iba et Shunsui Kyôraku. Tous l’observaient avec un intérêt trahissant l’angoisse qui venait de les quitter pour laisser place à un soulagement palpable.

–  Qu’est-ce que… Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

–  Apparemment, tu as voulu jouer les héros et tu en as payé le prix fort, dit son Capitaine en croisant les bras.

–  On vous a récupéré dans un sale état, avoua Kiyone. Votre vie ne tenait plus qu’à un fil.

–  Quoi ? fit-il, incrédule. Mais j’ai… j’ai seulement été blessé dans le dos…

–  En effet, confirma Isane, mais la lame qui t’a infligé ça était imprégnée d’un poison incroyablement perfide et efficace. Sans l’aide du Capitaine Kurotsuchi, tu ne serais pas là pour en discuter.

–  Kurotsuchi ?

–  Ouais, c’est pas commode de lui être redevable, hein ? N’empêche que sans lui, tes petites fesses bordées de nouilles se trouveraient confortablement installées entre quatre planches.

–  Renji… soupira Rukia.

Alors que celui-ci haussait les épaules d’un air de dédain, le ténébreux blêmit davantage encore, réalisant qu’il manquait au tableau des retrouvailles un détail de grande importance.

–  Ça va pas, Hisagi ? s’inquiéta Tetsuzaemon.

–  Où est… Où est-elle ? Comment va-t-elle ?

–  Enfin, mon vieux, de qui tu parles ? demanda le blond.

–  C’est pas le moment de plaisanter, je suis sérieux !

Les Shinigami échangèrent un même regard incompris.

–  On l’est aussi, Shûhei, avoua Rangiku. On ne voit pas à qui tu fais allusion.

–  Mais à Tsunata, évidemment ! (Puis, pris de panique, il commença à s’agiter nerveusement.) Où est-elle ? Je veux la voir !

–  Hisagi-san, calme-toi, je t’en prie ! s’affola Isane. Tu vas rouvrir tes blessures !

–  Il y avait quelqu’un d’autre avec vous ? questionna Kiyone.

–  Non, non, confia Izuru, nous n’étions que tous les trois.

–  Où est Tsunata !

–  Tsunata qui ? demanda Sotaro.

–  Tsunata Nara ! cracha Shûhei.

Tous froncèrent les sourcils et se jaugèrent avec le même souci.

–  Je suis vraiment navré, Shûhei-san, mais nous ne connaissons personne de ce nom-là, confessa Shunsui.




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