The Rescue's Hope

Chapitre 14

2434 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/12/2017 13:21

Le Garganta était aussi périlleux que dans les souvenirs d’Ichigo, à la différence près que le Shinigami en tête de peloton était cette fois le ténébreux de la Neuvième Division, et que celui-ci, malgré son reiatsu instable, produisait devant eux un chemin praticable. Bien que l’étudiant aurait aimé quelqu’un d’autre pour les guider, Shûhei, poussé par la force des sentiments, les distançait de plusieurs enjambées que même lui n’espérait plus rattraper.

En dépit du sang qui lui pulsait dans les tempes, le jeune homme ne cessait d’augmenter sa vitesse : une irrépressible inquiétude le torturait un peu plus chaque seconde, et il savait que celle-ci n’était pas seulement due au fait que sa coéquipière était entre les mains des Kurotama. Un détail revenait inlassablement dans son esprit, celui de la raison qu’avaient trouvée Kisuke Urahara et les autres pour expliquer la soudaine amnésie des membres anciens et actuels du Gotei 13. Toutefois, il préféra se concentrer sur leur objectif commun et continuer de réduire la distance qui les séparait du sombre monde des Hollow.

***

Quelque part, dans un palais noyé de pénombre, un homme se précipita vers deux grandes portes et les ouvrit à la volée. Au seuil de la grande pièce vide qu’elles dissimulaient, il annonça :

–  Votre Seigneurie, ils arrivent.

L’interpelé, le coude appuyé paresseusement contre l’accoudoir de son trône, découvrit ses yeux rouges débordant de noirceur et sourit de toute sa malice :

–  Alors, qu’on leur apporte le comité d’accueil ; ces charmants Shinigami n’ont pas fait le déplacement jusqu’ici pour ne trouver personne à leur arrivée, n’est-ce pas ?

–  Bien, Monseigneur : il en sera fait selon votre désir.

Le subalterne partit, laissant la pièce se gagner une nouvelle fois de ténèbres.

–  J’ai hâte de connaître la tournure des prochains événements, annonça le mystérieux Seigneur pour lui-même.

***

Shûhei, Ichigo, Orihime, Sotaro, Rangiku et Izuru sortirent un à un du passage reliant le sous-sol de l’ancien Capitaine de la Douzième Division au Hueco Mundo.

Lorsque le ténébreux atterrit dans le sable blanc, il s’épousseta et redressa son regard d’argent sur les environs. Dans le ciel trônait cet éternel croissant de lune opalin, dont la lumière éclairait le désert chaotique où tous six venaient d’arriver.

–  Eh bah, fit Ichigo, ça a pas changé, ici.

–  Nostalgique ? lança ironiquement Izuru.

–  Tu fais dans l’humour maintenant, ou c’est encore un coup des Kurotama ?

–  Ha, ha, ha.

Un peu en retrait, dos aux autres, Orihime n’arrivait pas à avancer : serrant ses bras fins entre ses mains, elle grelottait discrètement en analysant avec inquiétude le monde désolé autour d’elle. Ichigo, seul à s’apercevoir du trouble de son amie, s’approcha d’elle et lui saisit les épaules. Avec une voix des plus douces – attitude relativement étonnante venant de sa part –, il demanda :

–  Inoue, ça va aller ?

La jeune femme, légèrement ébranlée, concentra son attention sur le regard ambré du remplaçant et dit d’un timbre vibrant :

–  Oui, c’est seulement que… que je ne pensais plus jamais avoir à remettre les pieds ici.

Sans crier gare, le remplaçant se pencha vers elle et colla son front au sien.

–  Tu n’as pas à t’en faire, Inoue : je te protégerai, quoi qu’il en coûte.

Orihime rougit en souriant, laissant Ichigo renforcer sa prise sur elle en lui caressant affectueusement l’arrière de sa longue crinière auburn. C’est cet instant précis que Rangiku décida d’écourter en se raclant bruyamment la gorge.

–  Pardonnez-moi de vous interrompre, les amoureux, mais on a un sauvetage sur les bras, qui plus est celui de votre meilleure amie ; donc, si on pouvait remettre vos roucoulades à plus tard…

–  Amou… commença Ichigo, rouge jusqu’aux cheveux. Rangiku-san ! Arrête avec ça !

La blonde vénitienne gloussa, fière de son effet, tandis que le ténébreux, Izuru et Sotaro ne cessaient de scruter le désert blanc de leurs yeux alertes.

–  Tu sens quelque chose, Hisagi ? s’enquit son meilleur ami.

–  Rien du tout.

–  C’est comme si d’autres pressions spirituelles masquaient la sienne, remarqua le petit Yoshida. Des reiatsu si puissants qu’ils en deviennent indissociables.

Les trois autres, jusque-là en arrière, s’approchèrent de leurs amis et analysèrent à leur tour le Hueco Mundo, la concentration rivée sur les différentes sources d’énergie spirituelle présentes dans un large périmètre.

–  Comment se fait-il qu’on n’arrive pas à la sentir précisément ? interrogea l’étudiant. Urahara-san nous a pourtant envoyés droit sur l’épicentre du signal qu’il a perçu.

–  Sotaro-kun a raison : les Kurotama camouflent la présence de Tsuna-chan ; mais je suis à peu près sûre que la dimension dans laquelle ils la gardent prisonnière se trouve devant nous.

–  Oui, appuya Rangiku, c’est dans cette direction qu’elle est la plus facile à discerner. Nous devons avancer.

–  Restez prudents, adjura Shûhei. S’ils détiennent Tsunata, alors ils doivent être dotés de capacités supérieures à celles des Kurotama que nous avons déjà rencontrés auparavant.

Chacun s’équipa de son arme et se tint aux aguets.

–  Allons-y, commanda Izuru.

Les six amis se mirent ainsi en route d’un pas méfiant, alternant leurs regards entre la droite et la gauche, le sol et le ciel, l’avant et l’arrière ; tout semblait si calme que cela en devint davantage inquiétant. Pas même l’ombre d’un Hollow ne se devinait au sein de cette atmosphère étouffante. C’en était anormal, et tous le savaient parfaitement. Pourtant, cela n’interrompit en rien leur progression silencieuse.

Une perle de sueur roula le long de la tempe de Shûhei, dont le cœur battait la chamade. Sans qu’il n’en comprenne la raison, sa tête lui tournait affreusement et mettait son équilibre à rude épreuve. Une terrible impression l’angoissait chaque minute un peu plus encore. Ses mains se mirent alors à trembler autour du manche de Kazeshini, attirant aussitôt l’attention de la personne la plus proche de lui.

–  Vice-Capitaine Hisagi, quelque chose ne va pas ?

Il resta muet, alertant les autres qui, comme Sotaro, découvrirent avec horreur le teint livide du second de la Neuvième Division, dont le corps, tétanisé, ne cessait de trembler.

–  Shûhei, qu’y a-t-il ?

Soudain, le sol vrombit dans une fureur déstabilisante. Tous prirent leur posture de combat, et la réalité se fissura en trois parts égales. L’équipe de sauvetage, séparée par binômes, fut envoyée dans différentes parcelles du Hueco Mundo dont les paysages, toujours désolés, jouissaient tout de même de quelques décorations spécifiques.

C’est ainsi qu’Ichigo et Orihime se retrouvèrent pris au piège entre deux falaises de calcaire, où seuls le crâne d’un animal et un rocher de taille imposante reposaient sur le sable grisâtre et semblaient habiller ce sinistre lieu dans lequel les lueurs lunaires avaient grand mal à pénétrer ; Izuru et Rangiku, blottis l’un contre l’autre, découvrirent une forêt d’arbres morts aux branches étrangement aiguisées, dont la hauteur pouvait varier entre celle d’un simple buisson à plusieurs mètres dans les cieux, si bien qu’eux-aussi peinèrent à percevoir le croissant argenté dessiné dans ce tableau d’un noir si profond ; Shûhei et Sotaro, quant à eux, atterrirent au pied de plusieurs dunes de sable, encerclés par quelques troncs d’arbres dont le bois était si vieux qu’il semblait pourrir à vue d’œil. Hébétée par la situation, l’escouade de secours s’en trouva davantage stupéfaite lorsque deux reiatsu oppressants se postèrent devant eux, vêtus d’une grande cape d’un gris plus foncé que celui qui couvrait le sol du monde des Hollow. Les Kurotama – car il s’agissait bien évidemment d’eux – n’oscillèrent pas durant une trentaine de secondes qui parut interminable pour les autres. D’un commun accord, sans même avoir besoin de se concerter, les ennemis fondirent sur les intrus, toutes armes dehors.

Sans savoir pourquoi, Shûhei se vit obligé d’affronter le plus petit des deux Kurotama ; mais il se douta bien vite qu’il devait s’agir d’une technique pour déstabiliser les adversaires que lui et Sotaro représentaient, car son opposant, en deux coups de son sabre d’un noir de jais, mit le ténébreux à l’amende : les mains ensanglantées, le jeune homme au visage balafré recula d’un mètre contre son gré, écrasé par la puissance de celui qui lui faisait face. Sotaro, pour sa part, se retrouva en un contre un avec un Kurotama dépassant largement le mètre quatre-vingts, armé d’un katana à la lame forgée dans un acier magnifiquement blanc. Dans une situation tout aussi délicate que celle de son binôme pour l’occasion, le jeune Yoshida éprouva le plus grand mal à rivaliser contre l’énergie fougueuse de l’âme noire qui le malmenait, constatant dans une grimace d’effroi que son adversaire gardait un calme angoissant et n’utilisait pas le quart de ses capacités réelles ; sentiment partagé par le Vice-Capitaine présent sur les lieux.

L’opposant de Shûhei exécuta sur lui-même un tour complet, se conférant de la sorte l’élan nécessaire pour envoyer le jeune homme au tapis, lui faisant percuter de plein fouet un des fameux troncs d’arbres dépérissant à plusieurs mètres de là. Tandis qu’un filet de sang se fraya un chemin par la commissure de ses lèvres tirées dans une grimace douloureuse, le jeune Sotaro subit à peu de choses près le même châtiment que lui, atterrissant à son côté dans un râle plaintif lorsque sa colonne vertébrale heurta dans un bruit sourd le bois mort.

Les deux Shinigami haletèrent bruyamment, le visage trempé de sueur, le corps endolori par un tel traitement en un laps de temps si restreint. Lorsque les deux ennemis arrivèrent face à eux dans une technique ressemblant à s’y méprendre à celle du shunpo, le ténébreux dressa sur eux un regard enragé ; en effet, conscient que son heure était probablement arrivée, Shûhei ne cessait de songer à sa belle coéquipière qui, actuellement, se trouvait encore entre les viles mains de ces créatures à l’étroite frontière entre les Hollow et les Plus, et que lui-même ne pourrait plus rien faire pour lui venir en aide.

Ainsi, il l’abandonnait encore, lui qui avait promis de ne plus jamais commettre une pareille erreur. Pourtant, grâce à leur manque de vigilance à tous, il allait de nouveau briser la promesse à laquelle il tenait plus que tout, condamnant par la même occasion sa coéquipière.

Les sabres se braquèrent vers leur gorge dans des gestes parfaitement coordonnés, comme s’ils venaient d’être exécutés par des marionnettes dirigées d’une même main. Le plus grand des deux Kurotama dit de son timbre glacial :

–  Les intrus doivent être supprimés.

–  Nous ne sommes pas des intrus ! s’écria Sotaro dans un dernier élan de courage. Nous voulons seulement retrouver notre amie !

Un détail frappa brusquement l’esprit de Shûhei ; sûrement fut-ce cela qui le poussa à ordonner de son ton le plus autoritaire :

–  Avant de nous tuer, déclinez-nous votre identité.

Le plus grand éclata d’un rire exagéré qui ne fut pas suivi par l’autre Kurotama, stoïque au possible.

–  Et en quel honneur ferait-on une chose pareille, Shinigami ?

–  Le dernier vœu d’un condamné, celui de connaître le nom de son bourreau.

–  Nous ne te devons rien. Peut-être es-tu Vice-Capitaine dans ta précieuse Soul Society, mais…

–  Il suffit, interrompit le deuxième Kurotama. Qu’importe le fait qu’ils découvrent nos visages, tous deux seront morts d’ici moins d’une minute.

Alors que Shûhei s’étrangla en entendant son adversaire s’exprimer – un adversaire féminin –, son acolyte se tourna vers elle et demanda, surpris :

–  Tu es sûre ?

–  Certaine.

Le ténébreux écarquilla ses prunelles argentées.

–  Qu’il en soit ainsi, soupira le plus grand.

Le Kurotama à la lame blanche ôta son capuchon gris foncé et dévoila un visage qui laissa bouche bée le Vice-Capitaine de la Neuvième Division : des cheveux mi-longs de la couleur de l’acier, une frange déstructurée encadrant son regard transperçant les deux Shinigami de ce rose glacial semblable à celui des pétales de cerisier en fleurs.

Shûhei haletait, les yeux dilatés à l’extrême, les doigts tétanisés sur le sable blanc, au gré où les souvenirs de Sotaro reprenaient peu à peu leur place d’origine dans sa mémoire.

L’autre Kurotama suivit le mouvement de son camarade, dévoilant ses cheveux dorés dont une longue mèche couvrait son œil gauche, ne laissant visible que le droit d’un vert si intense qu’il suffit à convaincre le ténébreux que son hypothèse improbable s’avérait exacte.

La pointe de leur sabre toujours dirigée vers la gorge des Shinigami, la jeune femme décréta de son ton haineux et impartial :

–  A présent, il est temps de mourir, Shinigami.

–  Tsu… Tsunata…




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