The Rescue's Hope

Chapitre 15

2705 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/12/2017 13:25

Shûhei haletait, les dents serrées à leur paroxysme, au point même où des crampes commençaient à répandre une vive douleur dans ses mâchoires ; pourtant, il ne quitta pas une seule seconde son adversaire des yeux : celle qui s’apprêtait à lui prendre la vie ressemblait en tout point à sa précieuse coéquipière, celle qui illuminait chacune de ses journées par son simple sourire, la Shinigami du nom de Tsunata Nara.

–  A présent, dit-elle, votre heure est venue, Shinigami.

–  Tsu… Tsunata…

Pour le Vice-Capitaine, aucun doute n’était permis : ce reiatsu était bien trop similaire à celui de la Shinigami qu’il était venu sauver pour qu’un quelconque malentendu puisse subsister.

A l’entente des paroles soufflées par le brun au visage tantôt tatoué, tantôt balafré, la Kurotama arqua son seul sourcil visible et le toisa de son regard pénétrant.

–  Qu’as-tu dit ?

L’acolyte de la blonde détourna son attention de Sotaro pour la concentrer sur les deux autres.

–  J’ai dit… J’ai dit Tsunata.

 La jeune femme – qui, soit dit en passant, n’avait aucun attrait physique propre aux soldats de l’Armée Noire – exécuta un mouvement de recul, sans jamais cesser de détailler le ténébreux.

Sotaro, dont les yeux bleus s’écarquillèrent à mesure que le temps passait, analysa de haut en bas le bourreau de Shûhei. Il murmura d’une voix tremblante :

–  Vice-Capitaine Hisagi, je me souviens, maintenant. Pourquoi sensei en a-t-elle après nous ?

Les deux opposants n’oscillèrent ni l’un ni l’autre, perdus dans un duel de regards, mettant de côté leur allié respectif. C’est alors que Shûhei souffla d’un ton tout juste audible :

–  Je n’en sais rien, Sotaro.

A peine eut-il le temps de terminer que la blonde s’approcha dangereusement de lui et, braquant sa lame plus près encore de sa gorge, elle grogna :

–  Comment connais-tu mon nom, Shinigami ?

Le cœur de Shûhei manqua un battement : son instinct ne l’avait pas trompé, celle qui lui faisait face et le menaçait de son katana noir n’était autre que Tsunata. Cependant, en plus de ne pas reconnaître sa nature de Dieu de la mort, elle ne semblait pas avoir gardé le moindre souvenir de lui.

Une nouvelle goutte de sueur dévala la tempe de Shûhei. Celui qu’il avait reconnu comme étant l’incarnation du zanpakutô de sa coéquipière dit de sa voix grave :

–  Tsunata, nous n’avons pas de temps à perdre.

–  Réponds à ma question, poursuivit-elle, ou ton jeune ami aura pour dernière vision ta tête dévalant cette bute avec ton corps à son côté.

Shûhei ne la quitta pas des yeux, essayant en vain de percevoir cette lueur de vie qui, d’ordinaire, dansait dans son regard.

–  Que je te le dise ou non, Sotaro et moi mourrons.

–  Tsss.

Elle se redressa et, la pointe de son sabre frôlant toujours sa peau hâlée, assura :

–  Si tu me dis ce que je veux entendre, alors je vous épargnerai, toi et le garçon.

–  Tsunata, enfin ! protesta son coéquipier actuel.

–  Ces Shinigami connaissent mon identité, ils savent peut-être des choses sur nous. On ne peut pas prendre le risque de passer à côté d’une occasion pareille.

–  Si le Maître l’apprend, il risque d’ordonner ton exécution !

–  Peu m’importe.

Tsunata observa de nouveau le ténébreux et siffla :

–  As-tu des informations à notre sujet, oui ou non ?

Shûhei hésita longuement, la tête opprimée dans un étau, assourdi par les pulsations sonores de son cœur endolori. Il acquiesça.

–  Prouve-le, ordonna la blonde.

–  Tu… tu t’appelles Tsunata Nara, et celui qui se tient à côté de toi est Tetsuribon. Vous êtes liés l’un à l’autre comme… comme des âmes sœurs.

Cette dernière affirmation eut un arrière-goût amer pour le ténébreux, mais il la savait nécessaire à son argumentation : ce principe d’âme sœur avait le don de le révulser, encore plus que l’instinct protecteur d’Ichigo Kurosaki à l’égard de sa partenaire, mais c’était le seul moyen pour lui de la convaincre.

La Kurotama considéra sérieusement sa victime, tandis que Tetsu alterna successivement son regard rosé entre sa coéquipière et le Shinigami face à elle.

–  Que devons-nous faire, Tsunata ?

Un temps interdite, elle finit par ranger son sabre dans son fourreau situé à la gauche de sa ceinture et dit d’un ton moins menaçant qu’auparavant :

–  On les emmène avec nous.

–  Tu as perdu l’esprit ? s’exclama le gris.

–  Pas le moins du monde. Je n’ai qu’une parole : je ne les exécuterai pas. En revanche, on ne peut pas prendre le risque de mener un interrogatoire ici, alors que le Maître pourrait nous apercevoir. Ils viennent avec nous, la discussion s’arrête là.

Tetsu rangea à son tour son sabre dans l’étui qui lui était réservé, non sans émettre un grognement haineux en gratifiant les soldats de la Soul Society d’un regard lourd de reproches. Tsunata s’approcha de Shûhei et lui tendit sa main ; le ténébreux, interloqué, observa la peau de cette dernière qu’il savait si douce et si chaude avec un sentiment de nostalgie. Constatant l’intérêt du brun, la jeune femme aux cheveux dorés fronça les sourcils.

–  Tu comptes l’admirer le cul par terre encore longtemps ?

Le Vice-Capitaine sursauta, hébété par cette voix aussi froide que son langage, avant d’accepter l’aide de la blonde et d’être relevé en grande partie par ses soins. Tetsu, quant à lui, en fit de même avec le garçon aux cheveux châtains. Lorsque les combattants du Gotei 13 se tinrent enfin sur leurs jambes, les Kurotama couvrirent de nouveau leur tête de cette cape terne.

–  Ne traînons pas, adjura Tsunata. Suivez-nous, ou vous mourrez.

La blonde leur tourna le dos sans plus de cérémonie et se mit en route, suivie de près par son acolyte aux yeux roses. Sotaro regarda Shûhei d’un air que le tatoué comprit aussitôt ; il hocha positivement la tête pour le rassurer, et emboîta le pas de la Kurotama grâce à qui tous deux pouvaient encore jouir de chaque bouffée d’oxygène qui parvenait à leurs poumons endoloris.

La marche fut longue, et pour cause : les deux alliés de l’ordre ennemi emmenaient les Shinigami à l’écart, là où personne ne pourrait venir interrompre l’interrogatoire qu’ils s’apprêtaient à mener. Ajouté à cela, une tempête de sable se leva dans la partie du monde des Hollow où Shûhei et Sotaro avaient eu le loisir d’atterrir, ralentissant davantage leur progression. Tsunata, consciente de la lenteur des hommes du Gotei 13, se retourna à leur adresse tout en grognant de consternation ; quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle constata le piteux état dans lequel tous deux se trouvaient. Les particules du sol du Hueco Mundo fouettaient leur visage et les égratignait tandis que ni l’un ni l’autre ne parvenait à respirer, suffoquant dans cette épaisse nuée meurtrière ; et il ne fallait pas non plus oublier le traitement que les Kurotama leur avaient infligé peu auparavant.

Quand le garçon tomba à genoux, elle leva les yeux au ciel et soupira, affligée. Elle glissa la main sous sa cape et, après une rapide mais néanmoins minutieuse recherche, en extirpa un grand morceau de tissu dans des tons similaires à celui qui la protégeait des aléas du désert aride. Lorsqu’il fut complètement sorti, Tsunata le lança au visage du ténébreux et, alors qu’il s’en saisissait, elle grommela :

–  Morts, vous ne me serez d’aucune utilité. Couvrez-vous.

Bien qu’il aurait souhaité la secouer de toutes ses forces pour qu’elle cesse de se comporter de la sorte à son égard et qu’elle recouvre la mémoire, Shûhei parvint à se convaincre que garder son calme serait la meilleure voie à emprunter et se contenta d’opiner, puis il partagea la cape entre les épaules de Sotaro et les siennes plus larges.

Parvenue à ses fins, la Kurotama aux cheveux blonds pivota de nouveau sur elle-même et entreprit le chemin menant à leur destination, sous le regard inquiet de Tetsuribon qui, pour sa part, se demandait sérieusement ce qui pouvait prendre à sa partenaire pour être aussi clémente en ce jour, surtout à l’égard de deux Shinigami. Sans prendre la peine de formuler sa question, il démarra à son tour et tous quatre parcoururent d’un même pas la distance les séparant du repère des deux Kurotama qui, auparavant, se tenaient dans leurs rangs.

Malgré la tempête cinglante qui ralentissait chacun de leurs mouvements, les quatre arrivèrent à leur but en un laps de temps relativement restreint. Lorsqu’ils sentirent les soldats de l’Armée Noire ralentirent devant eux, Shûhei et Sotaro redressèrent leur visage et découvrirent au-delà des bourrasques ensablées ledit repère de leurs détracteurs : une petite bâtisse ensevelie aux trois-quarts et au toit de biais, de la même couleur morne que les paysages désolés du Hueco Mundo. Après avoir tous deux marqué un arrêt sous la surprise, ils emboîtèrent le pas à Tetsu et Tsunata. La jeune femme aux cheveux dorés devança son coéquipier et ouvrit d’un coup de pied la porte dont les gonds rouillés semblaient l’immobiliser. Toutefois, la force mise par Tsunata sembla suffisante tandis qu’elle claqua dans un grand vacarme et que le sable commença à pénétrer l’habitat de fortune.

–  Dépêchez-vous d’entrer ! cria Tsunata pour couvrir le brouhaha.

Sans réfléchir plus longtemps, les prisonniers se hâtèrent d’un commun accord vers l’intérieur, suivis de près par Tetsuribon avant que la coéquipière de ce dernier ne s’y engouffre à son tour et referme avec poigne le panneau de bois. L’ancien zanpakutô alluma quelques chandelles, dévoilant à Shûhei et Sotaro le contenu de la pièce dans laquelle ils se trouvaient : une table de chêne poussiéreuse trônait au centre, entourée de quatre chaises usées par le temps, tandis qu’une ouverture donnait sur le semblant de cuisine qui paraissait de l’autre côté de la cloison, un espace bien plus précaire que la kitchenette improvisée par Tsunata à son arrivée au Seireitei. Une sorte de barre en bois verticale se trouvait sur leur gauche, enfoncée dans le coin de la pièce ; les Shinigami attribuèrent son rôle à celui d’un porte-manteau lorsqu’ils virent Tetsu y accrocher la cape qui dissimulait jusque-là son accoutrement de Kurotama : un tee-shirt aux manches trois-quarts blanc dont l’ouverture au col était nouée à la va-vite par un laçage noir, en accord avec le pantalon sombre près du corps qui finissait sa course dans de longues bottes de cuir masculines, probablement très utiles pour pouvoir se déplacer dans un tel désert de sable aride.

Tetsu se plaça face à eux, les bras croisés, et les toisa de ses yeux roses menaçants, attendant que sa coéquipière finisse de barricader leur seule protection de la tempête destructrice au-dehors. Une fois qu’elle eut fini, Tsunata gronda de sa voix étonnamment froide :

–  Asseyez-vous.

Ils s’exécutèrent sans broncher. La jeune femme se dirigea à son tour de l’autre côté de la table et, d’un geste souple, ôta sa longue cape grise qui atterrit agilement sur celle de son acolyte aux cheveux argentés. Si Shûhei rougit discrètement en apercevant du coin de l’œil le creux des reins de la blonde à découvert, lui et Sotaro s’empourprèrent de la tête aux pieds lorsqu’elle plaqua rageusement ses mains contre la table, face à eux : vêtue d’un jean noir serré et de hautes bottes de cuir, comme son partenaire, son ventre était mis à nu, ayant pour seul haut un veston blanc lacé de bas en haut par une cordelette onyx, sans manches, dont le décolleté prononcé hanterait probablement les deux hommes du Seireitei jusqu’à la fin de leurs jours.

–  Dites-moi ce que je veux savoir : qui êtes-vous, et comment nous connaissez-vous ?

Hébétés, ni l’un ni l’autre ne parvinrent à prononcer le moindre son, la bouche coincée dans une position entrouverte tandis que leurs yeux ne cessaient de s’écarquiller à mesure où l’image de la jeune femme se gravait dans leur tête.

Agacée, Tsunata réduisit la distance entre le ténébreux et elle.

–  Je ne t’ai pas sauvé la vie pour que tu me fasses perdre mon temps, Shinigami. Ou tu parles, ou c’en est fini de vous. Au passage, mes yeux sont plus haut.

Elle se redressa et les domina de toute sa grandeur, les bras croisés sous sa poitrine, l’air plus menaçant qu’il ne l’eut jamais été. Shûhei secoua vivement la tête, comme pour chasser les multiples songes qui naissaient peu à peu dans son esprit, et prit un ton étrangement sérieux.

–  Nous étions six, dit-il.

–  Je te demande pardon ?

–  Au total, nous étions six, six personnes venues pour vous retrouver, toi et Tetsuribon.

–  Qu’est-ce que ça peut me faire ? Tes amis sont probablement tous déjà morts à l’heure qu’il est.

Sotaro frappa la table de son poing et hurla :

–  C’est faux !

Avant que le ténébreux n’ait eu le temps d’intervenir, une lame glissa sous la gorge du garçon, si près que la froideur du sabre lui procura un effroyable frisson dans tout le corps.

–  On se détend, gamin.

–  Tetsu, laisse-le, ordonna sa partenaire.

Le gris la considéra avec intérêt : même si son regard ne se détachait pas du Shinigami brun, il sentit toute la détermination dont elle s’imprégnait. Après un dernier coup d’œil glacé vers le jeune soldat du Gotei 13, Tetsu rengaina sa lame immaculée et le toisa de toute sa haine.

Tsunata soutint le regard de Shûhei et tenta de le traduire : la flamme qui vacillait au fond de ses prunelles argentées lui fit ressentir un étrange désagrément, sans qu’elle ne laisse rien paraître. Voyant qu’il ne la quitterait pas des yeux, elle dit d’un ton neutre :

–  Qu’est-ce que tu veux ?

–  Tu ne vas quand même pas traiter une nouvelle fois avec eux ? s’insurgea l’autre Kurotama.

–  Ça dépend de ce qu’il demandera. De toute façon, on n’est plus à ça près, Tetsu. Maintenant réponds, Shinigami : qu’attends-tu de nous en échange de vos informations ?

–  Sauvez nos amis, lâcha-t-il. Une fois que nous serons tous réunis, je vous révélerai votre véritable identité.




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