La vérité n'a pas de prix

Chapitre 5 : Traversons le Jourdain, main dans la main

Chapitre final

10132 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 15/12/2019 23:21

Domicile de Ken Thompson

Aube 5


Brusquement, Brennan se gara dans l'allée à l'arrière de la maison et verrouilla la voiture d'Angela qu'il avait emprunté. Il était sûr que Ken était chez lui et avec beaucoup de chance, il venait à peine de quitter la demeure de son patron vu le chaos médiatique qu'il avait subi. Rapidement, il se précipita aux fenêtres et il trouva Ken au milieu de ses poissons exotiques en train de répandre de l'essence. Brennan était fou de rage. Il prit un gros pot en céramique, brisa net un carreau de vitre avec pour ouvrir de l'intérieur et s’engouffra dans la demeure par le cellier. Bruyamment, il se pressa dans le vestibule pour rejoindre un des salons improvisé en locarium. séparé par un long rideau de velours. Agressif, Brennan le fit claquer pour entrer et pointa Ken du doigt.


- Hey ! Vous croyez quoi ? Je ne vais certainement pas vous laisser détruire des preuves !

- Docteur Brennan ? Quoi ? Quelles preuves ? Je me contente de faire du nettoyage. Et vous n'avez pas à entrer sans autorisation.

- Je ne suis pas flic mais je suis sûr qu'on me pardonnera cet entorse à la loi si je protège une scène de crime.

Brennan mit ses mains dans les poches, l'air faussement détendu, pressant son arme à feu entre ses doigts. Prêt à se défendre même avec de l'alcool dans le sang. Sans quitter son suspect des yeux, il tapa du pied dessus, se fiant à ses oreilles.

- Ah... Revêtement neuf. Vous n'avez pas trouvé mieux pour cacher le ciment imbibé de sang ? Ce même ciment et cette même terre de diatomée pour vos poissons adorés qu'on a retrouvé dans les fragments du crâne de Cléo ?

- Si j'étais vous, j'arrêterais de parler et je partirais. Disons que j'ai décidé de faire un petit barbecue de poissons, plaisanta Ken, l'air serein.

Brennan toisa Ken de tout son long, le regard sombre. Sûr de lui ou désespéré ? Dans les deux cas, il était dangereux mais cela ne calmait pas sa rage. Au contraire. Au fur et à mesure, l'anthropologue sentait qu'il devenait le vrai danger dans cette pièce, prêt à faire bien plus de ravages qu'un coup de coude dans les côtes.

- Pour un gringalet qui fait croire à son patron qu'il est plus bête que lui en ne lui disant pas ce qu'est de la terre de diatomée...je vous trouve bien condescendant. Vous êtes trop lent et trop limité pour oser me défier, se moqua Brennan d'un air mauvais.

Ken sortit de sa poche un briquet, le sourire narquois aux lèvres, triomphant. Bien décidé à prouver que ce consultant orgueilleux avait tort sur toute la ligne. Ses menaces étaient pourtant bien claires.

- Je vous ai dit que vous le regretteriez et vous allez y passer vous aussi...

Il réagissait si vite et si bien. Brennan changea tout de suite d'avis sur son opposant. C'était qu'un petit dans un costume bien taillé qui souhaitait être un grand dans le costume de papa. Doucement, il secoua négativement la tête et sourit de dépit.

Moi et ma grande gueule...

L'air las, déçu, Brennan sortit en un éclair son revolver et tira sur la jambe de Ken. Ce dernier s'effondra au milieu des pots de terre de diatomée, lâchant le briquet éteint. Prudent, Brennan le garda en joue tout en éloignant le briquet d'un coup de pied tout en serrant fort les dents. Malgré l'odeur forte d'essence présente, il inspira un bon coup par le nez et hurla enfin ce qu'il avait sur le cœur.

- Pourquoi l'avoir tuée ?! Vous vous fichiez d'elle ! Ça vous a rien fait qu'elle soit tombée enceinte de votre patron et en dépression ! Ni jalousie, ni passion ! Vous auriez pu simplement la payer ! Je suis sûr que votre patron a bien plus l'habitude de faire sortir des jeunes stagiaires de sa vie qu'elles soient enceintes ou non !

Brennan laissa exploser sa colère. Tout ce qu'il avait vu de la vie de Cléo, il n'y avait aucune réponse à tout ce gâchis, rien qui ne justifie la fin de sa vie malgré les efforts démesurés de la jeune femme pour s'y accrocher.

- C'était une battante au point de vous donner du mal pour la tuer. Elle s'est défendue alors que vous l'avez attaquée par derrière. Elle a du vous surprendre pour la première fois de votre vie... A moi de vous montrer à quel point elle est impressionnante même morte, siffla-t-il entre ses dents devenues douloureuses à force de contracter sa mâchoire.


Soudain, Brennan entendit un bruissement de tissu, capta un mouvement à sa droite grace à sa bonne vision périphérique et braqua son arme en enlevant son doigt de la détente dès qu'il ne vit aucun danger immédiat. Il fixa enfin le visage et reconnut Oliver, pétrifié de peur, les mains en l'air face au canon de son arme.

- ...Thomas...? murmura Oliver de sa voix chevrotante.

- Oliver...? Désolé mais vous allez devoir faire la queue comme tout le monde. Je me fiche de savoir si vous m'avez suivi pour me harceler mais vous allez devoir m'assister en faisant pression sur sa blessure. Booth ne va pas tarder et j'aimerais que l'assassin de Cléo soit en état pour recevoir ses bracelets.

Lentement, les yeux larmoyants d'Oliver glissèrent vers Ken qui était allongé, s'accrochant à sa jambe de toutes ses forces.

- Alors c'est lui...? Il a tué Cléo ? Non...Je refuse qu'il reste en vie...


C'était envisageable. Pendant deux secondes. Non, ce n'était pas à lui de faire justice pour Cléo. A ce moment-là, Booth apparut de derrière le rideau opaque, sans faire de bruit, le pistolet en main et colla le canon sur l'une des omoplates d'Oliver. Il fut tellement surpris qu'il dût se mordre la lèvre pour ne pas crier. Si Brennan n'était pas autant bouleversé, il aurait souri, reconnaissant rien qu'à voir le visage incarnant la droiture, une belle incarnation de sa conscience.

- Si vous voulez qu'il soit jugé pour ses crimes, il faut qu'il reste en vie. Et je n'aimerais arrêter Bones pour meurtre involontaire et vous casser le poignet pour avoir suivi mon partenaire dans le but de le harceler. Alors obéissez, Oliver...

- Et n'hésitez pas à bien appuyer en faisant pression, suggéra Brennan, un brin sadique.

Il était si aisé de manipuler un esprit faible comme celui d'Oliver mais c'était déprimant pour Brennan de constater qu'ils n'étaient pas si différents. A trop s'impliquer, on se brûle. Brennan suivit les gestes d'Oliver du regard pour le surveiller, surtout pour éviter de regarder Booth dans les yeux. Il se sentait déjà assez sale comme ça, autant rester professionnel. Il se détendait peu à peu, gardant l'arme dans sa main droite, les bras ballants, fatigué.

- On sait qu'il est le meurtrier mais...j'ai beau réfléchir, je ne trouve pas de mobile satisfaisant. Aucune...justification pour sa mort.

Apparemment, Brennan avait surestimé sa capacité à rester factuel dans ce genre de situation. Booth s'approchait prudemment de lui. Brennan détestait ça, il avait vu à quel point elle restait méfiante vis-à-vis de lui. Pourquoi lui en vouloir ? Il n'avait pas été agréable lors de leur première enquête, si hautain et égoïste qu'il avait montré toute l'étendue de sa haine envers la médiocrité humaine. En fin de compte, il n'a pas changé en un an contrairement à elle. Il sentait qu'elle cherchait à prendre son arme et se laissa faire mais contrairement à ce qu'il s'attendait, elle ne s'éloigna pas de lui. Il ne vit que la main de sa coéquipière dans son champ de vision, son hésitation à la tendre vers lui. Puis, elle réussit à lui toucher le bras. Cela le réconfortait mais il ne le montrait pas. Emmuré dans sa honte.

- Il voulait simplement sauver son travail. Si le sénateur Bethlehem est mêlé à un scandale pareil, il perd sa carte de visite. Basique. Primaire, murmura Booth d'une voix douce.

- ...j'ai encore du retard à rattraper sur l'actualité politique post révolution industrielle.

- Soyez patient, Bones. Et puis...vous apprenez très vite. Cependant, n'allez plus tout seul appréhender des suspects.

- Pourquoi ? Je sais viser. La preuve.

Brennan sentit que la main de Booth tirait un peu plus sa veste, raffermissait sa prise. Il ne savait pas comment interpréter ce geste en étant perdu à ce point. Tout l'agressait sauf ce contact.

- Soit on fait tous les deux l'effort de bosser en tandem, soit pas du tout. C'est ce qui était convenu. Vous Scully et moi Mulder. C'est bien cela ?


Adouci par ses mots, Brennan osa rencontrer le regard de Booth. Elle n'est pas en colère. Elle avait l'air soulagée. Aussi soulagée qu'elle pouvait le montrer mais à force de la côtoyer, Brennan finit par déceler les expressions subtiles de son visage généralement calme et froid.

- Allez prendre l'air et orientez les renforts. Ils sont en route, Bones.


Moins agité, il obéit en souriant faiblement, lui laissant son arme. Il n'en avait plus besoin.



Extérieur du domicile de Ken Thompson

Aube 5


Après avoir guidé l'agent First et ses hommes, Brennan ferma les yeux en s'éloignant de la porte d'entrée pour ne pas gêner le passage des ambulanciers. Il s'approchait lentement de la voiture d'Angela pour contempler son reflet étiré qui trouva compagnie comme par magie en la présence du reflet de Booth. Elle était sortie pour être sûre qu'il allait bien. L'anthropologue savait qu'elle ne lui en voulait pas mais lire la pitié dans ses yeux était au-delà de ses forces. A voix basse, elle lui demanda de rester près de la voiture le temps qu'elle règle tout avec l'agent First. Brennan se retourna à moitié vers elle pour hocher de la tête, distrait. Pressée d'en finir avec cette histoire, Booth partit d'un pas vif dans la maison de Ken Thompson.


Les couleurs rouges et bleues des gyrophares faisaient moins mal aux yeux avec la lumière du soleil levant que dans la nuit noire. Un petit éclat de beauté qu'il cueilla pour se réchauffer mentalement. L'ambulance prit ses précautions avec leur patient et présumé meurtrier tandis que Booth parlait de nouveau avec l'agent First, toujours pas ravi. Le revêtement enlevé, il y avait bien du ciment et des traces de sang. Le couteau de l'armée avait été retrouvé dans son coffre-fort ainsi que l'étoile de bronze. Deux reliques de guerre, deux pères soldats, l'un absent de la vie de son petit garçon et l'autre surprotecteur envers sa petite fille.

Booth avait fait le lien depuis longtemps, c'était pour cela qu'elle n'avait pas réagi à l'évocation d'Angela sur la possibilité que le père de Cléo soit un suspect. Booth avait une bonne mémoire, un bon instinct et avec l'aide de la science ou pas, sans arme du crime, lieu du crime, mobile et indices, c'était juste une possibilité. Une hypothèse parmi tant d'autres qui s'approchait dangereusement du caractère fictionnel de son livre.

Brennan cligna des yeux lentement, appuyant bien ses paupières. Il avait presque oublié qu'il avait publié un livre.


Ayant enfin terminé sa discussion, Booth s'approcha de Brennan pour le débriefer.

- Tout est envoyé à l'institut pour vérifier qu'il s'agisse bien du sang de Cléo et de l'arme qui a servi pour la tuer. On a envoyé déjà un morceau de ciment et la terre de diatomée.

Fatigué mais attentif, Brennan grattait sa barbe de deux semaines qu'il n'avait pas eu le temps de raser à son retour. Il regardait le soleil se lever péniblement derrière les arbres, le dos contre la portière de la voiture d'Angela. Il s'éclaircit la voix, sentant sa gorge pâteuse et réussit à prendre la parole.

- Il a tout fait pour camoufler l'identité de Cléo. Pourquoi garder l'étoile de bronze et le couteau ?

Cherchant ses mots prudemment, Booth inspira un grand coup et se cala contre la voiture aussi, les coudes contre la carrosserie. Après avoir longuement expiré, elle expliqua à voix basse, respectant l'atmosphère tranquille installé entre eux.

- Ken n'est pas dénué de sentiments, je pense. S'il y a eu de la passion...c'était peut-être parce qu'elle portait une distinction militaire comme un bijou qu'il l'a arraché brutalement et conservé plus tard. Le couteau est aussi un souvenir. Cela m'aurait étonné que cela soit pour détourner notre attention dans deux directions opposées à la fois, entre le père et le harceleur de Cléo. Au moins, je pourrai rendre l'étoile au Major Eller.

A quoi cela servait de dispenser la justice si c'était pour chercher une compensation pour elle aussi ? Brennan se résolut au fait de ne pas comprendre les assassins pas plus que les enquêteurs. Ce n'était pas son monde et il avait tout de même cette envie d'en faire partie. Néanmoins, il avait l'impression qu'il n'avait fait que gêner sa partenaire, que son équipe avait fait un meilleur travail que lui.

- Vous aurez quand même des problèmes, vous êtes entré par effraction chez l'assistant du sénateur, vous l'avez agressé, menacé...

Brennan soupira bruyamment mais ne l'interrompit pas. Il tentait de digérer ça avec dignité.

- ...mais je vous remercie d'avoir tout fait pour protéger une scène de crime. Quelques secondes trop tard et tout aurait été détruit.

- Pas l'arme et l'étoile, rétorqua sèchement Brennan, pas convaincu.

- On ne savait pas si on aurait pu trouver le couteau et la médaille. Je compte sur vous pour ne jamais dire que je vous ai remercié.

- Je vous suis reconnaissant de ne pas avoir dit que j'avais bu à votre collègue.

Booth cligna rapidement des yeux et dévisagea Bones, curieuse.

- Comment vous savez ça ?

- Car Angela vous l'a forcément dit, vous l'avez senti quand vous êtes sortie de la maison loin des effluves d'essence qui avaient saturé le locarium et que vous avez toujours de bonnes intentions.

- L'enfer n'est plus pavé de bonnes intentions, Bones ? railla gentiment Booth.

- Nous sommes en enfer, Booth. Cependant, on s'en sort pas si mal que ça à deux. Enfin, je trouve.


Booth sourit doucement et contempla le soleil se lever, contente de constater qu'il relativisait déjà la situation.

- Je vais tenter de convaincre le directeur adjoint Cullen de se montrer indulgent...encore une fois. Je ne promets rien. En attendant, je vous raccompagne chez vous.

- Attendez. Et la voiture d'Angela ?

- Donnez-moi les clefs, je vais la confier à un agent. Il y a encore des preuves à envoyer à l'institut. Je vais appeler Angela. Histoire de la rassurer.

Brennan sortit les clefs de la voiture, péniblement, les tendit pour que Booth s'en empare. A ce moment-là, leurs regards se croisèrent, pressant une question fâcheuse contre les lèvres fines de l'anthropologue. Booth le tira hors de son dilemme en glissant ses doigts entre ceux de Bones pour qu'il lâche sa prise et hocha la tête en guise de promesse qu'elle l'écouterait une autre fois. Les deux partenaires s'échangèrent les clefs de voiture et se séparèrent. A peine assis sur le siège passager de la voiture de Booth, Brennan s'endormit comme une masse. Il ne se réveilla qu'une fois arrivé chez lui.



Bureau du secteur de Washington

Bureau Fédéral d’Investigation

Matin 5


Booth ne perdit pas de temps. Après s'être assurée que Bones était rentré chez lui, elle retourna directement au bureau. Elle allait devoir s'expliquer auprès de son supérieur et elle comptait le faire le plus tôt possible. Avant même de franchir le seuil de son bureau personnel, un agent vint à sa rencontre pour lui faire part d'une convocation immédiate. Sobrement, elle remercia l'agent visiblement surpris par son calme. Booth n'avait pas à s'inquiéter. Un blâme pour poursuivre et trouver enfin le meurtrier de Cléo Eller n'était pas cher payé. C'est tout ce qu'elle voulait. Son seul regret était d'avoir mal maîtrisé le duo entre elle et Bones. Il n'avait pas l'air de mieux s'en sortir qu'elle, c'était sa seule source d'inquiétude. Elle alla rapidement vérifier ses mails pour noter les derniers résultats pour en faire part au directeur adjoint.


D'un pas sûr, Booth entra dans le bureau du directeur adjoint Cullen et jeta de rapides coup d’œil, assez surprise de le voir seul. Elle s'attendait à toute l'équipe contre elle mais non. Cullen lui fit signe de s'asseoir, à quoi elle obéit, en faisant le moins de bruit possible, droite et attentive.

- J'écoute votre rapport, ordonna Cullen, placide.

- Les premières analyses de l'institut concernant les indices recueillis chez Ken Thompson révèlent qu'il s'agit bien du lieu du meurtre de Cléo Eller. Le sang est bien le sien et le couteau appartenant au suspect correspond aux coups reçus de la victime. Les analyses du ciment et de la terre de diatomée ne vont pas tarder. Je confierai tout à l'agent responsable de l'enquête.

- Ne jouez pas ce jeu-là, agent spécial Booth, réprimanda Cullen d'une voix sombre.

Ce qu'elle détestait ce genre d'insinuation. Booth n'était pas dénuée d'ambition mais ses priorités étaient strictes. La justice avant l'ambition. Cependant, elle n'était pas naïve au point de prétendre faire partie de la majorité. Autant jouer les ingénues pour le forcer à dire les choses le plus directement possible. Elle aurait de quoi se défendre à armes égales.

- Sauf votre respect, monsieur, je ne vois pas de quoi vous parlez.

- L'agent First a été bien clair, vous lui avez coupé l'herbe sous le pied.

- Le croyez-vous, monsieur ?

Booth étrécit ses yeux d'incrédulité. Elle voulait être sûre de ce qu'il pensait d'elle. De ce qu'il attendait d'elle. Elle n'était plus dans l'armée, dans un monde où la dimension politique était réduite à néant. La politique était pourtant tout aussi cruelle et omniprésente qu'on la cache ou qu'on compose avec comme le faisait Sam Cullen quotidiennement.

- Absolument pas. Je n'ai pas besoin de voir vos médailles pour savoir de quoi vous êtes capable. Vous avez beau être très stricte, vous savez comment parler à des hommes de terrain et faire en sorte que le travail soit fait efficacement. C'est pour cela que je comptais vous confier le commandement de l'équipe. Le reste du temps, vous agissez seule. Je ne pensais jamais trouver un partenaire pour vous. Manque de chance, le meilleur que vous ayez trouvé vous désobéit, deux fois, durant la même enquête.

- Monsieur...

- Je n'ai pas fini, agent Booth.

Booth ferma les yeux un instant pour les ouvrir de nouveau. Elle hocha la tête et écouta de nouveau son supérieur.

- Je compte porter plainte au nom du FBI contre le Docteur Brennan et il aura intérêt à payer son dû avant de penser à travailler avec vous de nouveau. Il y a des règles et elles valent aussi pour les consultants. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?


Pendant un instant, le regard de Booth s'illumina, visiblement heureuse de cette nouvelle au point d'avoir du mal à contenir sa joie.

- Limpide, monsieur, répondit Booth, le plus sérieusement possible.

- Vous avez un dossier à classer, je n'accepte pas le travail bâclé. Et avant de vous en aller, j'ai une question à vous poser...

Booth souleva légèrement le menton, intriguée. Elle joignit les mains sur ses genoux, patiente.

- Pourquoi le Docteur Brennan ? Il y a d'autres fouines aussi compétentes que lui.

Booth ne put retenir son sourire léger naître sur ses lèvres. Elle avait une idée toute trouver pour rétorquer mais elle avait trop de respect envers la hiérarchie et elle ne savait pas parler français comme Bones.

- Il ne s'agit pas que de compétences, monsieur. Il y a un an, ma première collaboration était une catastrophe...et à la fois une excellente expérience. A présent, l'expérience est en réalité toujours aussi bonne, avec la même équipe qui s'est appliquée, s'est adaptée pour répondre aux besoins des investigations criminelles. Il faut reconnaître que cette enquête était difficile pour une seconde tentative...même pour moi. Je dois l'admettre. Ce qu'il faut retenir est qu'ils apprennent très vite. S'ils arrivent à m'aider à arrêter un assassin dans ces conditions au deuxième essai, imaginez ce qu'il se passera quand ils seront réellement rodés ? Ils ont besoin de mon aide pour cela.

- Pourquoi vous précisément ?

- Car je suis visiblement la seule dans le secteur à avoir suffisamment de patience et de curiosité pour avoir à faire à des fouines.


Booth réussit à arracher un petit sourire à Cullen qui se renfrogna derechef.

- Toujours sous votre responsabilité ?

- Parfaitement, monsieur.


Cullen se contenta de faire un geste pour qu'elle dispose. Ce qu'elle fit en inclinant légèrement la tête pour le remercier.



Bureau de Booth

Matin 5


Booth était éreintée mais satisfaite d'avoir terminé son dossier. Elle aurait voulu le faire avec Bones mais il était sûrement le plus exténué des deux et il était hors de question d'attendre davantage. A cette vitesse, elle pourrait rapidement confier le corps de la jeune femme à ses parents. Zack était venu pour remettre les dernières analyses et tirages du scénario final sur les circonstances de la mort de Cléo Eller. Dans un coin, la télé diffusait les images sans le son de la remise de diplôme de Cléo. Même ce moment de joie semblait faire sourire l'assistant robotique de Bones. Au moins, cela confirmait qu'il avait des sentiments.

- Comment va le Docteur Brennan ? Enfin...si vous savez, tenta Zack, mal à l'aise.

La mine de Booth s'assombrit. Elle aurait voulu aussi le savoir mais elle ne pouvait pas le laisser sans réponse. Qu'aurait-il dit à son assistant ? Elle n'avait même pas eu le temps de bien comprendre jusqu'où allait leur complicité. Ni celle avec Angela ou même Hodgins. En réalité, Booth se sentit petite, pas plus avancée que ceux qui le jugeait à travers une simple quatrième de couverture. Puis, elle se souvint du crâne avec lequel il avait voyagé, sa façon de mettre en avant ses compétences, sa passion, ses efforts, sa colère, sa honte...et sa surprise. Tout cela pour rétablir un équilibre, une identité, la vérité et l'humanité d'une victime. Venant d'un meurtre ou d'un génocide. Apporter la paix aux morts autant qu'au vivant.

- Il n'aurait pas dû y aller seul mais il a protégé la vérité. Quand il se souviendra de ça, il se sentira mieux. Bones a besoin de repos surtout. Cette enquête l'a épuisé.

- Il revenait du Guatemala, vous vous attendiez à quoi ? Vous l'avez piégé avec votre ami, cet agent de la sécurité du territoire, accusa Zack en gardant une voix neutre.

- C'est Bones qui vous l'a dit ?


Les lèvres entrouvertes, Zack acquiesça. Il était brave mais nerveux et heureusement pour lui, Booth ne voulait certainement pas aggraver la situation. Rejoindre Bones dans le club des gens au sommeil instable semblait être une meilleure option. Tout-à-coup, elle eut une idée. Elle n'eut pas à chercher longtemps et tendit le livre de Bones à Zack qui l'examina aussitôt.

- Je n'ai pas eu le temps de retirer l'étiquette. Je l'ai acheté à l'aéroport. Il est vrai que je me suis renseignée sur la date de retour de Bones mais il s'est bel et bien fait arrêté pour avoir transporté un crâne illégalement. Vous n'êtes pas sans savoir à quel point la sécurité est devenue une priorité après les attentats du onze septembre. La seule chose que j'ai demandé est d'être informée à temps. La liste des passagers étant enregistrée des heures avant le vol. Je voulais simplement lui parler...jusqu'à la découverte d'un possible corps le matin même.

Zack semblait assimiler les informations et les accepter. Après avoir vérifié l'étiquette, il posa le livre, le titre bien en évidence.

- Pourquoi ne pas lui avoir dit tout ça ?

- La priorité était l'enquête. Il était sur les nerfs à ce moment-là. Même si j'avais présenté la situation comme je viens de le faire, il ne m'aurait pas crue, soupira Booth avec une pointe de regret.

- Ça, vous n'en savez rien.

- Le jeu n'en valait pas la chandelle. Je ne peux plus me permettre de jouer sur des probabilités de cette façon. Je le fais déjà au travail, je n'ai pas envie de faire la même chose avec lui. Je ne veux pas jouer mais collaborer avec cet homme.

- Assembler des compétences pour avoir de meilleurs résultats.

- Avoir des réponses, la vérité, la justice. Peu importe le nom, nous cherchons la même chose.

Zack fit de nouveau sa tête de fouine, plus aussi certain sur la définition des termes employés. Soudain, le téléphone de Booth vibra. Elle remercia Zack et l'invita à partir pour vérifier tranquillement : un message de Brennan...qui lui proposait un café non loin du mémorial de Lincoln. Les yeux étrécis et agités, l'agent spécial se redressa sur son fauteuil et tenta de se souvenir si elle n'avait pas révélé qui était son président favori. Non, ce n'était qu'une coïncidence cette fois. Ce n'était pas possible autrement...


Booth répondit à l'affirmative et admira une dernière fois le visage souriant de Cléo embrassant sa mère. Elle se promit d'aller voir la famille avant l'enterrement.


Elle éteignit le moniteur, rangea le livre dans un tiroir et se dépêcha de rendre le dossier au bureau de la secrétaire de Cullen.



Mémorial de Lincoln

Midi 5


- Vous en avez mis du temps ! cria Bones pour signaler sa présence.

Alertée, Booth se retourna en secouant sa tête et le rejoignit sur un des escaliers de la place où affluaient des touristes en tous genres. Elle aurait voulu présenter ses hommages près de la statue de Lincoln mais elle détestait les foules où sa prudence se transformait rapidement en paranoïa.

- Vous ne voulez pas aller ailleurs, Bones ?

- Je pensais que ça vous ferait plaisir, dit-il, un peu déçu.

- Pas au milieu d'autant de monde. Il y a moins de touristes que d'habitude mais...


Bones n'attendit pas la suite de la phrase et l'entraîna par la main avec deux gobelets encastrés dans un support en carton dans l'autre. Sur un banc libre éloigné de la place, il relâcha la main de Booth pour la laisser prendre place et lui tendit une des deux boissons.


- Noir avec un sucre.

- Je le bois sans, vous savez ?

- J'ai mis un sucre car je pense que vous en avez besoin.

Ils leur manquaient clairement une bonne hygiène de vie pour qu'ils se comprennent à ce point. Au moins, Bones avait l'air reposé. Du moins physiquement. Elle se résolut à ne pas attendre pour le mettre au courant des derniers évènements.

- C'est très gentil. Par contre, j'ai...une bonne et une mauvaise nouvelle. Enfin, deux bonnes et une mauvaise.

- Quel ascenseur émotionnel ! Commencez par la mauvaise pour voir ?

- La mauvaise est que le FBI va porter plainte contre vous malgré ce que vous avez fait.

- On savait que cela allait arriver. Les deux bonnes ?

- Je suis toujours responsable de l'enquête. Je la classerai moi-même. Elle doit être revue par le directeur adjoint Cullen.

Brennan leva son verre avec une sincérité timide. Booth fut d'un coup soucieuse, elle s'attendait à un peu plus d'enthousiasme. Néanmoins, elle poursuivit.

- Et quand vous aurez payé ce que vous devez, vous pourrez travailler avec moi de nouveau. Enfin...si vous le désirez toujours.


Le visage de Bones sembla s'éclaircir un brin, chose qui déçut quelque peu Booth. Elle but une gorgée de café pour remonter son moral, reconnaissante envers son partenaire pour avoir ajouté un sucre. Inquiète de son mutisme, elle jeta un coup d’œil vers Bones. Il était en train de la dévisager, la mine grave, ses yeux bleu-gris étaient agités par l'anxiété. Le fier anthropologue détourna le regard, blessé dans son orgueil et prit le temps pour briser ce silence pesant. Plus calme, Bones fit de nouveau face à Booth en inspirant par le nez lentement.

- Et vous ? Vous le désirez toujours ? s'enquit l'anthropologue, la voix basse et solennelle.

Les épaules de Booth s'affaissèrent, elle venait de comprendre la vraie question.

- Thomas...

- En fait, appelez-moi Bones, c'est mieux, se résigna-t-il en souriant en coin.

Booth répondit à son sourire et se concentra de nouveau sur ses mots, n'ayant pas l'envie de briser quoi que ce soit entre eux, aussi fragile soit ce lien et ce moment.

- Bones... Quand je vous dis que vous apprenez vite, ce n'est pas pour vous flatter. Vous tous, vous avez fait un pas de géant, vous vous êtes adaptés et vous n'êtes pas les seuls. Je sais que je vous refroidis à cause de mon comportement mais vous avez vu que cela ne peut pas rester comme ça. J'ai évolué aussi, assura Booth avec conviction.

- Vous avez arrêté de jouer.


Booth devint livide et contracta sa mâchoire, gênée. Puis la pâleur laissa place au rouge de la honte. Elle ferma les yeux pour faire disparaître le monde entier, inspira puis expira longuement.

- C'est le Docteur Saroyan qui vous l'a dit, n'est-ce pas ?

Cela faisait un an qu'elle n'avait plus entendu ce nom. Elle était médecin-légiste à New-York et aidait les forces de l'ordre avec une rigueur étonnante...jusqu'à ce qu'elle décide de ne pas aider Booth, lui reprochant son manque d'efficacité à cause de son ancienne dépendance aux jeux. En tous cas, elle était responsable de la rencontre entre Brennan et elle-même. Cela valait des remerciements qu'elle gardait dans sa tête.

- Oui. Pas à la fin de notre première enquête mais avant que j'aie accepté de vous aider.

Brennan regarda Booth dans les yeux, il lit enfin de la reconnaissance mêlée à de l'incrédulité. D'un coup, il éclata de rire, la boule qui était restée coincée dans son ventre fondit comme neige au soleil.

- Vous avez cru que vous étiez la seule à tester l'autre ? Non ! Vous m'avez épaté ! Même si ça s'est mal terminé, j'ai aimé travailler avec vous. Et j'apprécie que ma compagnie ne vous déplaît pas malgré mes travers. ...par contre, ils ne vont pas disparaître comme ça.

- Si l'homme moderne a pris du temps pour en arriver là, nous avons de la marge, non ?

- Exactement. A l'évolution.


L'anthropologue se félicita intérieurement. Il se sentait plus libre, moins angoissé et pouvait profiter de cet instant et de la présence de Booth. Brennan trinqua joyeusement avec elle et savoura sa tasse de cappuccino. Elle était de nouveau imperturbable mais ses épaules et ses jambes étaient relâchés, elle était bien plus détendue.

- Donc...vous voulez toujours travailler avec moi mais à condition que je sois patient le temps que votre méfiance disparaisse, vérifia Brennan.

- C'est cela.

Brennan hocha d'un air entendu et sourit à Booth, apaisé. Il but une autre gorgée de son cappuccino en se mettant à l'aise sur le banc, dans une expression neutre, sereine. En pleine ataraxie.


La première absence de trouble qu'il eut en dehors de sa salle d'examen à lire dans les os. Il devait tant à cette femme en si peu de temps. Ils savouraient ce silence d'or, en toute simplicité.



Appartement de Booth

Aube 8


Comme chaque matin, je me lève. Je regarde avec tendresse l'homme de ma vie qui deviendra un homme quand je l'aurai décidé car il ne sait pas encore que l'enfance est précieuse. Lui qui veut déjà courir dans mes pas avant de marcher d'un pas sûr devant lui.

Je ne sais pas à quoi je ressemble quand je regarde cette photo d'anniversaire mais lui dirait que je suis la plus belle femme du monde. Ça ne sera pas toujours ainsi. Il changera. J'espère que j'en ferai autant.


Je me lève et j'ouvre la fenêtre de ma chambre pour aérer. Je laisse le vent fouetter ma peau, s'engouffrer à travers mes narines, gonflant ma poitrine, ne formant que des petites vagues blanches sur mon t-shirt sans manches. Même pendant ma grossesse, elle n'avait pas beaucoup pris de poids. J'ai laissé tomber l'idée d'avoir des formes. Je préfère me concentrer sur ma musculature sèche qui me demande un entraînement quotidien.

Après m'être lavé le visage et brossé les dents, je commence mon entraînement dans ma chambre. Je n'ai qu'un appartement pour deux personnes et je déteste courir dans la rue ou les parcs pour aller nulle part ou aller dans des salles de sport bondées. Ma chambre est grande, elle n'est que pour moi seule, spartiate. Elle révèle peu au cas où si j'amène un homme ici. Ce qui arrive rarement. J'ai mon bureau personnel pour mettre mes trophées de sport, mes fanions des Phillies datant de mon enfance. Ici, je prépare mes affaires pour le lendemain, je dors, je fais mes séries d'abdos et pompes. C'est tout.

Après cela, je file sous la douche que j'essaie toujours d'écourter. Trop de mauvais souvenirs dans des endroits confinés et humides. Si je n'ai pas le choix, je me concentre sur les bons. Cette fois, ma tête décide de se souvenir de Bones. Tout particulièrement quand je l'avais conduit chez lui alors qu'il dormait dans la voiture. J'avais même fait un détour pour le bercer. C'était la première fois que je le voyais aussi innocent. Il passe trop de temps à regarder les gens de haut, comme un prédateur sûr de lui. Nous sommes des humains, un prédateur cache forcément quelque chose de plus triste. Même face à ce constat, je reste méfiante. Vaut mieux prévenir que guérir. A ce moment-là, je n'avais pas à maintenir ma garde. Lui non plus.


Je n'ai pas eu de nouvelles de la part de Bones. Angela non plus. Il avait demandé du repos auprès du Docteur Goodman qui s'était empressé de rassurer le FBI : oui, il allait payer son amende et son absence ne durerait que trois jours. Je ne peux pas lui en vouloir. A peine avait-il foulé le sol américain que je l'avais embarqué dans une autre enquête. Pour être honnête, j'imaginais qu'il serait plus catégorique sur son refus. Je ne sais pas quoi en penser. Il m'a dit que je l'avais impressionné, qu'il aimait travailler avec moi.


J'ai peur que ça ne soit que des mots.


J'en aurai le cœur net pendant l'enterrement de Cléo Eller.

Il y a deux jours, j'ai pu leur confier le corps de leur fille mais je n'avais pas encore l'autorisation de leur rendre la médaille de bronze jusqu'à hier soir. Je pourrai la remettre aujourd'hui.

Alors que je m'habille dans le froid de ma chambre, je serre le poing à force de penser qu'aux morts d'hier et celle à enterrer aujourd'hui. Je ferme les yeux, inspire profondément pour laisser passer mon souffle entre mes lèvres. Quelque part, je suis jalouse de Thomas.

Comment fait-il pour continuer à sourire ? Il m'a même surprise. La dernière fois que je l'ai vu, nous étions pas loin du Mémorial de Lincoln. Après une agréable discussion, nous étions restés côte à côte sans rien dire. Il souriait paisiblement, regardant dans le vague. J'ai tenté de l'imiter mais mon regard se focalisait sur trop de passants, de mouvements, sur le vent, la luminosité.

S'il veut toujours travailler avec moi...pourrai-je sourire comme lui ?


Sur le lit, je mets mes chaussettes noires, puis mes pieds bien à plat sur le parquet pour les regarder. Je fais face à mon reflet sur le miroir taille humaine, dans un coin de ma chambre et soupire pour me motiver à partir travailler.

Je ne suis qu'un agent en noir et blanc qui voit le monde en noir et blanc.


Soudain, je vais me saisir de mon téléphone qu'il s'allume et vibre.

Un message.

C'est Bones qui me propose d'aller à l'enterrement avec, je cite, "vos fouines".


Je souris légèrement.

C'est un début.



Institut Jefferson

Après-midi 8

Toujours affublée de son costume de travail, Booth avait rejoint l'équipe pour aller à l'enterrement de Cléo tous ensemble. Bones courut vers sa voiture en ajustant quelque chose dans ses poches, suivi de Zack. A contre cœur, Booth accepta l'assistant revêche à l'arrière. Elle nota le coup d’œil de son partenaire et le bruit de papier froissé venant de la poche de sa veste.

- Quelque chose ne va pas ? J'ai un faux pli quelque part ?

Brennan ouvrit la bouche pour parler, visiblement ennuyé à ne pas trouver les mots et sourit en coin tout en secouant la tête négativement.

- Vous êtes parfaite. Zack ? Ta ceinture.

Booth étrécit ses yeux, s'interrogeant sur le comportement de Bones. Elle attendit que tout le monde boucle sa ceinture pour partir en chef de file, suivie de la voiture d'Angela, celle-ci, accompagnée de Hodgins et en dernier, le Docteur Goodman dans son propre véhicule.


Durant le trajet, les deux scientifiques parlaient tranquillement, visiblement de livres qui ne concernaient pas que leur domaine d'expertise. Mathématiques, sciences physiques, astronomie, l'agent du FBI se sentait petite face à ces deux géants de la connaissance. Pourtant, ils avaient l'air d'être deux enfants parlant de leurs jouets préférés. La barbe en moins, Bones avait l'air d'être un jeune adulte. Seuls ses yeux plissés révélaient son âge. Bienveillante, Booth ne chercha pas à les empêcher de discuter, concentrée sur la route. Arrivés à un feu rouge, elle vérifia de nouveau ses poches et reconnut la forme d'étoile dans une pochette plastique.


Pendant ce temps, deux yeux de renard suivaient ces gestes mais ses babines restèrent scellées.



Funérailles de Cléo Louise Eller

Après-midi 8


Arrivés au cimetière, l'équipe traversa la pelouse et les tombes afin de rejoindre la famille du défunt. Consterné, Brennan vit la silhouette d'Oliver et sentit une main sur son bras. Il tourna la tête, et sourit doucement à Booth pour la rassurer, entendant bien rester digne pour ne pas troubler l'évènement. Ils s'approchaient sans dire un mot.

"...laisse-moi être un instrument de paix, Seigneur."

Tout y était. Le cercueil orné de lys blancs où trônait une photo de Cléo, souriante, la plus proche famille et eux. Brennan n'arrivait pas à croire que les Ellers fussent assez généreux pour laisser un harceleur se recueillir avec eux. Cependant, en faisant davantage attention à Oliver, une fois plus près de l'assemblée, il semblait réellement accablé par la mort de la jeune femme.

"...là où il y a la haine, je ferai régner l'amour."

Brennan changea d'avis, en espérant que les mots du prêtre pourraient l'apaiser autant que les autres venus dire une dernière fois au revoir à une femme aimée.

"...là où il y a le mal, le pardon."

L'anthropologue se sentait mal à l'aise, il détestait les enterrements, malgré son respect des coutumes, peu importait leur provenance. S'il avait pu, il aurait fui mais Angela était convaincante : sûre que Booth allait venir, elle avait insisté qu'ils se revoient, c'était peut-être l'occasion de s'ouvrir à l'autre. En dehors de ce dernier détail, Angie avait raison. Ils devaient tous être soudés même dans la douleur. Le rôle des leaders de groupe était de servir d'exemple, même Goodman s'était plié à cette règle. Parfois, le fou devait imiter le roi pour mieux remettre en question ses choix les plus douteux. De plus, il n'avait pas cherché à joindre Booth. Il avait besoin de temps pour lui, chose qu'on lui a "gentiment " refusé pendant quasiment plus de deux mois. Cela ne voulait pas dire qu'elle n'en avait pas besoin non plus. Après tout, il savait qu'il n'était pas facile à vivre, s'il avait été à sa place, il aurait eu besoin d'air, le plus tôt possible.

Il aurait voulu la revoir plus tôt. Pour être sûr qu'elle n'avait pas changé d'avis une fois la pression retombée. L'adrénaline pouvait fausser beaucoup de résultats, en amour comme en partenariat.


Solennel, Brennan prit une rose blanche pour la poser sur le cercueil, y posa sa main, se souvenant de chaque aspérité, chaque coupure, cassure, reconstitution du squelette qui regagnait sa dernière demeure. Enfin, il examina la photo de Cléo, radieuse, souriante, gracieuse. Brennan sourit tristement. Sa façon de dire qu'il avait été ravi de la connaître même de son gisant. Il quitta l'assemblée sans se retourner, choisissant l'option de se recueillir seul.

Du côté de l'équipe de l'institut Jefferson, Booth observa Brennan s'éloigner en écoutant Angela prendre la parole.

- Vous croyez que le FBI va retirer les charges contre Brennan ?

- Après tout, il a tiré une fois, dans la cuisse. Y'a pas mort d'homme, soutint Hodgins sombrement.

- Il a tiré sur un homme sans sommation. Les charges sont légères mais il est important de rappeler que personne n'est au-dessus de la loi, expliqua Booth de sa voix monotone.

- C'était sa première fois. Je sais que le Docteur Brennan s'évertue à s'appliquer quoi qu'il fasse mais nous sommes forcés de reconnaître que cela ne peut pas toujours être un coup de maître, philosopha Goodman.

- En tant que sniper, ça m'étonnerait que vous en faisiez beaucoup, des sommations...

Cette réplique ne vint pas de Hodgins mais de Zack. Un par un, les membres de l'équipe se tournèrent vers lui sans que ça ne le choque. Booth détacha un des boutons de sa veste pour rejoindre le Major Eller, non sans se retourner vers le jeune assistant à l'air débraillé pour jeter un regard étrange. Non glacial comme elle avait pris l'habitude de le faire mais de pitié. Il valait mieux une démonstration plutôt que des discours aussi creux que les siens. Même pour défendre son mentor, dans un moment de recueillement, ce comportement était inacceptable.


"...là où il y a le doute, la confiance."

Booth se tint droite, telle une soldate mais sans le saluer, souhaitant rester sobre. Prudemment, elle tira de sa veste une pochette en plastique pour le serrer entre ses doigts.

- Major, madame. Au nom du FBI, je tiens à vous transmettre toutes mes condoléances.

Seul Ted Eller hocha la tête, sa femme pleurait sa fille sans que sa fatigue ne l'en empêche, faisant fi de la présence de l'agent.

- Je tiens à vous dire quelque chose...quelque chose que vous devez savoir sur Cléo. Vous m'avez demandé la vérité, Major mais nous savons vous et moi...que ce n'est pas vrai. Tout n'est pas bon à savoir. Pourtant, il y a une chose que je tiens à vous transmettre...

Assaillie d'émotions, Booth mit du temps à desserrer ses doigts à force de tenir fermement la pochette. Elle l'ouvrit et sortit la médaille pour la tendre à Sharon Eller. Instantanément, ses sanglots se tarirent, ses yeux se voilèrent de précieux souvenirs.

- ...rien de ce que je pourrai dire n'atténuera votre chagrin. Cléo n'a pas eu une fin de vie tranquille, je ne peux pas vous mentir...car elle s'est battue. Elle a souffert mais elle voulait tellement vivre de toutes ses forces qu'elle s'est défendue contre son agresseur. Cette médaille n'est pas qu'un souvenir de sa vie mais le témoin de son courage. Elle s'est battue.

Ted Eller fondit en larmes silencieusement, derrière son couvre chef et sa main. Sharon Eller se saisit de la médaille d'une main tremblante, se pressant contre son mari. Booth partit sans attendre de réponse.


"Où il y a du désespoir, l'espérance."

Ironiquement, elle avait l'impression que c'était la première fois qu'elle reportait la mort d'un soldat décoré et tombé au combat. Les yeux vers le sol, elle se remémora des noms tout en s'éloignant puis s'arrêta dans sa liste funèbre dès qu'elle aperçut l'ombre de Bones sur la pelouse, remarquant qu'elle suivait les traces de pas qu'il avait laissé derrière lui pour le retrouver.

"...et dans les ténèbres, la lumière."

L'anthropologue se retourna et lui sourit. Il l'attendit pour continuer la marche ensemble et percuta sur le souvenir d'un détail important.

- Je rêve ou on a complètement oublié le pari que nous avions lancé au stand de tir ? Il y a trois jours ?

- Un pari ? Vous savez que je ne joue plus pourtant.

- Un pari sans mise.

- Cela reste une activité à risque.

- Je retiens. Justement...

Brennan réfléchit puis réussit à rire.

- ...vous savez quoi ? Le résultat n'a pas d'importance. Le plus intéressant est que vous aviez complètement oublié ça. Exemplaire, Booth, encouragea Brennan, sincère.

Un brin timide, Booth sourit doucement. Cette aisance et cette bonne humeur entre eux leur avaient manqué. Quelques secondes plus tard, l'ex soldate secoua son index et se dérida, espiègle.

- J'en connais un qui a oublié autre chose. Vous qui êtes si fier de vos capacités, j'hésite entre être déçue ou étonnée. Vous savez que vous êtes sur la liste des best sellers du New York Times ?

Brennan fit quelques foulées sur le côté pour faire face à Booth, abasourdi.

- C'est...vrai ? Mais...je n'étais pas au courant ! C'est génial ! Attendez. Je suis placé où sur la liste ?

- Troisième le premier jour des ventes. Attendez que la nouvelle se répande...

- ...et je serai premier ! Tout en haut ! ...bien que cela soit trivial. Je suis content que vous me l'ayez appris !

Brennan pétillait de joie, réussissant la performance de ne pas trop se mettre en avant.

- Cela m'étonne que votre agent ne vous ait rien dit, douta Booth.

- Parce que j'en n'en ai pas, tout simplement. Ça vous laisse tout le crédit d'être l'oiseau de bon augure. Félicitez-moi plutôt de ne pas en avoir.

- Je ne vais pas vous féliciter pour ne pas avoir d'agent, Bones. Il vous en faut un pour gérer votre affaire.

- Du calme, Booth. Ma vraie "affaire" est en qualité d'anthropologue judiciaire. J'ai écrit ce bouquin pour m'amuser, pas faire carrière, dit-il en reprenant la marche normalement.


Ce fut au tour de Booth d'être surprise. "Anthropologue judiciaire" ? Elle se pencha sur le côté pour le dévisager, voulant être sûre d'avoir bien compris ce qu'il insinuait.

- Vous voulez donc toujours travailler avec moi, Bones ?

En guise de réponse, Brennan fixa Booth avec beaucoup de bienveillance et reporta son regard vers le cercueil au loin. Son sourire s'estompait peu à peu. Booth prit place près de lui pour observer la scène sans dire un mot.


"Là où il y a des déserts, des prairies à l'infini et là où règne la tristesse, je ferai régner la joie... Ô divin maître, fais que je ne sombre pas trop pour que je puisse consoler mon prochain, que je puisse comprendre mon prochain, que je puisse aimer et être aimé..."

Sharon Eller tint entre ses mains l'étoile, accompagné de son mari et tous deux déposèrent leur rose blanche sur le bois verni, espérant que leur fille soit dans un monde meilleur. Booth fit face à Brennan, tiré de sa contemplation, scrutant le visage impassible de sa partenaire. Et pourtant, ses yeux criaient sa déférence et sa compassion.

- Ce que vous avez fait est inestimable, Bones. Sans vous, je n'aurais jamais pu leur permettre le deuil. Sans vous, jamais ils n'auraient su pour leur fille.

Gêné, Brennan respira lentement, jetant un rapide coup d’œil sur ses chaussures, puis le ciel, les arbres mais il finit par être happé par ces yeux partageant la couleur et la profondeur de la terre, pour ne plus s'y échapper.

- La vérité n'a pas de prix. C'est ce que vous m'avez appris.

- J'étais à leur place. Vous vous rendez compte Booth ? Deux ans sans nouvelles. Vous avez trouvé le mot juste : une torture. Je sais ce qu'ils ont enduré et je le subis encore... Quand j'avais douze ans, mes parents ont disparu et je n'ai toujours rien...

Sans le quitter des yeux, Booth pressa ses lèvres, tentant de former un mince fil de chair, sans succès avec des lèvres aussi charnues que les siennes.

- Quand j'étais tireuse d'élite...j'ai causé la mort, j'ai tué beaucoup de gens. Je ne crois pas en Dieu ou à l'au-delà mais j'espère retrouver une sorte d'équilibre en moi. Que je puisse être libérée de ce poids dans mon ventre, dans ma conscience. Peut-être qu'en arrêtant autant de criminels que de personnes que j'ai tué, j'y arriverai.

Brennan décrocha son regard pour mieux réfléchir. Il doutait. Etait-ce une bonne idée d'en parler ? Autant lui donner ce qu'il avait à offrir, Booth était assez grande pour faire le tri toute seule.

- La rédemption.

- Bones...je vous l'ai dit, je ne suis pas religieuse.

- Vous savez ce que c'est au moins, rassurez-moi ?

- C'est religieux. Donc inintéressant pour moi.

- On parle de la Bible. Vous parlez de moi dans la liste des best sellers mais vous ignorez tout du meilleur best seller de tous les temps ?

Booth cligna des yeux, un peu perdue. Néanmoins, elle attendit patiemment de plus amples explications.

- La rédemption est effectivement le rachat des péchés mais je veux surtout vous parler de la purification de la culpabilité. C'est ce que vous cherchez à atteindre. Une paix intérieure.

Booth acquiesça en regardant Brennan dans les yeux, le remerciant sans un mot.

- C'est une noble cause, Booth. J'aimerais participer à ce combat. Suis-je dans la liste cette fois ?

Booth répondit par un sourire, bien plus enthousiaste.

- A condition que vous n'alliez plus appréhender un suspect sans moi. Imaginez ce qui aurait pu arriver s'il avait réussi à tout brûler ?


Alors elle était réellement inquiète pour lui. Brennan n'avait pas l'habitude venant de Booth. Tout vient à point à qui sait attendre. Avec le temps, peut-être qu'il apprécierait cette douceur enrobée de froid. Une promesse de printemps dans la neige.


Comme un seul homme, ils décidèrent de quitter les lieux en parlant et souriant sans se soucier des ombres qui s'étiraient avec le crépuscule sous leurs pieds.



Mémorial Lincoln

Soir 8


Après avoir été invité par Booth à manger chez Sid, un restaurant asiatique géré par une de ses connaissances, Brennan proposa un café à emporter pour le boire au Mémorial Lincoln. La nuit tombait, il y aurait forcément moins de monde pour profiter de l'endroit.


- Je veux des explications, Bones. Je ne sais que je ne vous ai pas dit que j'aimais ce monument.

Brennan savait : s'il disait la vérité, Booth l'abandonnerait ici sans qu'il sache à quel point elle souffrirait. Contrairement à ce qu'elle croyait, Brennan n'était pas un extraterrestre qui pouvait lire les pensées. Ç’aurait été pratique la concernant ; entre Angela et Booth, c'était le jour et la nuit. Il pouvait non seulement lire en Angie comme dans un livre ouvert mais elle faisait peu cas de son intimité. Ce qui était rafraîchissant. Booth préférait ne rien dire plutôt que mentir. Se cacher pour ne jamais être à découvert. Rentrer dans le rang pour devenir invisible.

L'ancienne soldate ne pouvait plus l'être aux yeux de l'anthropologue.

- Au début, je pensais que votre président préféré était JFK mais votre sens de la justice me pousse vers Lincoln, un symbole d'égalité entre les hommes. Donc pour la défense des opprimés, abolisseur de l'esclavage. Même s'il en a découlé la Guerre de Sécession, il n'était pas pro guerre et défendait déjà farouchement l'anti esclavagisme avant de devenir président. Je pense même que c'est le seul avocat que vous aimez, exposa Brennan avec un soupçon d'humour pour que cela soit plus digeste.

Booth s'étrangla en buvant son café, la remarque était non seulement vraie mais irrésistible. Hilare, Brennan lui vint en secours en lui tendant sa serviette en papier. Au même moment, Booth vit un morceau de papier cadeau sortir de la poche de la veste de Brennan. Rapidement, elle regarda Brennan dans les yeux qui arrêta de rire, déçu d'avoir gâcher la surprise.

- Ç’aurait pu être un autre président mais je valide vos observations, renchérit Booth, faisant comme si de rien n'était.


Ce n'était pas du jeu s'il faisait tous les efforts dans son coin sans le soutenir. Elle était déjà tellement reconnaissante qu'il n'aborde pas le sujet qui fâche. Bones savait pour Lincoln car elle est une descendante de John Wilkes Booth, le meurtrier du président Lincoln, le premier chef d'état de ce pays a avoir été assassiné. Pour son plus grand malheur. Booth déglutit lentement et baissa la tête, emmurée dans un silence glacé par la honte de son héritage. Rapidement, ses prunelles sombres rencontrèrent des motifs de bande dessinée pop art, le papier cadeau était abîmé, ayant été plié plusieurs fois.

- Ce n'est pas grand chose mais quand j'ai vu ça, j'ai tout de suite pensé à vous. Je ne connais pas votre animal préféré mais c'est l'intention qui compte, dit Brennan, enjoué.

Et dire qu'il avait mis tout ce temps pour le lui offrir. C'était ridicule, ce n'était pas grand chose. Pourtant, l'anthropologue regardait attentivement Booth déballer le petit cadeau avec minutie alors que le papier était en mauvais état. Cela fit sourire Brennan, attendri. Il reprit son air flegmatique avant qu'elle ne le regarde de nouveau.

Booth découvrit une boucle de ceinture, en métal, orné d'une sorte de lion ailé qui rugissait, légèrement cambré sur ses deux pattes arrières.

- Vous vous souvenez quand je vous ai parlé des organisations paramilitaires qui font tout pour effacer les individualités ? Je me disais que porter une boucle de ceinture serait une bonne façon de vous distinguer du groupe.

- Et si je ne le souhaite pas ? demanda Booth dans un murmure.


Préoccupé, Brennan s'approcha de Booth et chercha à ancrer son regard en baissant la tête au niveau de son champ de vision. Aussitôt, Booth répondit en haussant la tête mais elle fuyait les yeux bleu-gris de son partenaire, tentant de cacher un malaise. C'était si tentant de se saisir de son menton pour s'évertuer à la rassurer mais il avait déjà usé de cette méthode il y a un an. Il n'avait pas du tout envie de la plonger dans des souvenirs pénibles qu'ils partageaient. Même si ce n'était pas son genre, Brennan prit son mal en patience jusqu'à ce qu'elle cesse d'éviter le contact visuel. Une belle victoire, elle ne chercha pas à reculer, décidée à l'écouter jusqu'au bout.

- Et si vous l'essayiez pour savoir si vous le souhaitez réellement ? demanda-t-il d'une voix chaude et conciliante.

Cherchant une réponse, Booth caressa la gravure du lion ailé avec délicatesse, traçant les ailes du bout de ses ongles bien taillés, pas trop longs, ni trop courts, dépourvus de vernis. Brennan soupira en buvant son café au lait et réfléchit de son côté mais guère longtemps.

- Cela ne sert à rien de vous cacher derrière des vêtements en noir et blanc, Booth. Cette affaire est une preuve de plus que vous êtes plus rebelle et meneuse d'hommes que vous ne le montrez. Cette boucle de ceinture est comme une médaille qui témoigne pour vous. Vous la méritez amplement.

Booth leva de nouveau les yeux, Brennan en était tellement soulagé qu'il peinait à garder son air décontracté. Il avait vraiment peur qu'elle le prenne mal. Faire un cadeau, parler, passer simplement un moment intime, c'était un gros challenge pour lui. Il fallait au moins cela pour assurer l'avenir de leur duo.

- Merci beaucoup, Bones.


Elle avait l'air sincère. Bluffer était une seconde nature dans son travail mais en dehors, elle se mettait à couvert derrière un masque d'impassibilité. C'était rassurant de voir qu'elle s'en passait de temps en temps à son contact, assez pour qu'il sourit, très enthousiaste.

- Par contre, je suis sûre que ce n'est pas un animal réel, plaisanta Booth.

- Ah non ! Je voulais dire que si j'avais su votre animal favori, j'aurais choisi en conséquence.

- Et vous n'êtes pas près de le savoir !

- Tôt ou tard, je le saurai. Ce n'est qu'une question de temps et d'observation, chantonna Brennan, sûr de lui.

- Donc l'animal représente quoi au juste ? Ce n'est pas un sphinx ?

- Par contre, vu que vous ne me dites rien sur votre animal préféré, je ne vais rien vous révéler.

- Je ne vais pas porter en boucle de ceinture un animal que je ne connais pas.

- Faites vos recherches si vous êtes si curieuse !

- Je vais me gêner !

Mine de rien, Booth posa la boucle de ceinture sur la classique qu'elle portait. Fier de lui, Brennan était heureux d'avoir trouvé la bonne taille.

- Le plus important, c'est qu'elle vous plaise.

Booth hocha la tête avec ses yeux rieurs et s'amusa à glisser la boucle entre ses doigts.

- A votre succès et à mon côté indomptable secret.

Ils trinquèrent alors qu'ils avaient bientôt fini leur gobelet. Booth rangea la boucle de ceinture et le papier cadeau plié, puis, ils admirèrent le monument en silence.


Feignant l'insouciance, Brennan examina le visage de Booth.

Il n'y avait pas que la vérité qui avait un prix.

Le mensonge aussi.

Elle était calme, arborant un sourire léger, ses yeux observaient le temps passer.

Elle était en paix. Pour un temps seulement. Elle en profitait en sa présence.


C'était tout ce qui comptait.

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